
INTRODUCTION
Le terme de laïcité a été défini par Ferdinand Buisson prix Nobel de la paix en 1927 et proche
de Jules Ferry. La notion laïcité de l’hôpital public pourtant concernée par la loi de 1905 de
séparation de l’église et de l’état est restée assez marginale jusqu’au début des années 2000.
Le débat s’est ranimé avec les travaux de la commission Stasi de 2003 portant sur le port de
signes religieux à l’école et conduisant à la loi du 15 mars 2004. Les témoignages de
professionnels de santé suscités par la commission Stasi et les nombreux rapports ultérieurs
sur les entraves religieuses de plus en plus fréquentes aux principes de laïcité ont été
largement médiatisés: refus de mixité (refus de femmes d’être examinées par des hommes),
coutumes vestimentaires (accouchements en burqa) [dépêche AFP 21 octobre 2003 rapportant
les témoignages du directeur et d’une sage femme de l’hôpital intercommunal de Montreuil] ,
dysfonctionnements des soins (horaires de prières) [tribune de 5 professeurs de gynécologie
obstétrique, Libération 22 avril 2004] concernant tout particulièrement les services
gynécologie obstétrique, d’urgence, et de réanimation. Le Haut Conseil à l’Intégration
identifie alors trois catégories de problèmes : les « difficultés liées à l’accueil des patients
pouvant récuser le praticien qui les accueille », les difficultés d’ordre éthique, résultant de
choix thérapeutiques » et les « difficultés attachées à la vie quotidienne au cours d’un séjour à
l’hôpital ». L’activité accrue du législateur sur les principes de la laïcité depuis 10 ans semble
répondre en échos à l’émergence des ces nouvelles difficultés religieuses:
- loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé [1]
- circulaire du 2 février 2005 sur les établissements de santé [2]
- charte de la personne hospitalisée en 2006, actualisant celle de 1995 [3]
- charte de la laïcité dans les services publics du 13 avril 2007 [4]
- loi d’interdiction du port du voile intégral dans les espaces publics du 20 octobre 2010 [5]
Ainsi la circulaire de 2005 sur la laïcité dans les établissements de santé précise les limites du
libre choix du médecin, droit fondamental de la législation sanitaire [Article L.1110-8CSP]:
« Ce libre choix du malade ne permet pas que la personne prise en charge puisse s’opposer à
ce qu’un membre de l’équipe de soins procède à un acte de diagnostic ou de soins pour des
motifs tirés de la religion connue ou supposée de ce dernier ». La charte de la laïcité dans les
établissements de santé répond au problème vestimentaire et de dysfonctionnement des soins :
« le malade doit accepter la tenue vestimentaire imposée compte tenu des soins qui lui sont
donnés ». Face à l’activisme du monde médiatique et politique qu’en est-il de la mobilisation
des médecins hospitaliers ? Si les principes de la laïcité semblent si fortement intriqués aux
soins et à la relation médecin-malade, quels sont les repères qui guident le praticien au