Scepticisme de rigueur
Le concept du Conseil fédéral suscite le scepticisme de Travail.Suisse. En effet, Travail.Suisse
estime que les accords bilatéraux sont indissociables des intérêts économiques globaux de la
Suisse sur lesquels doit se fonder la gestion de l’immigration selon le nouvel article 121a de la
Constitution fédérale. D’où son étonnement de voir le Conseil fédéral proposer un concept qui ne
tient pas compte de ce principe. L’expérience montre que les contingents ne réduisent en rien
l’immigration. Au cours des périodes économiques favorables, l’immigration contingentée était
aussi élevée que ces dernières années. Dans le même temps, l’admission généreuse de
saisonniers et l’absence de contrôle des salaires se sont répercutées négativement sur le marché
du travail et sur le développement économique. Avec à la clé son lot de pression sur les salaires,
de conditions de travail misérables, de maintien de structures, de faible augmentation de la
productivité et du chômage de longue durée chez les immigrés. C’est pourquoi pour Travail.Suisse
la protection des salaires, l’opposition à un nouveau statut de saisonnier et le maintien des accords
bilatéraux doivent rester au centre des préoccupations de tout plan d’application de l’initiative
« contre l’immigration de masse ».
L’économie dans le bourbier des contingents
Dans le débat en cours, les associations économiques ne font pas bonne figure. Elles semblent
avoir pour seule préoccupation de pouvoir continuer à recruter de la main-d’œuvre facilement et à
bas coût et s’épuisent en querelles stériles pour savoir si les titulaires d’une autorisation de séjour
de courte durée doivent pouvoir travailler en Suisse sans contingentement pendant six ou douze
mois (voire trois ans comme le suggère l’Union patronale) au point d’oublier les effets négatifs des
précédents contingents et, en particulier, du statut de saisonnier. Ce qui est proprement
incompréhensible.
Ceux qui avaient espéré que le vote négatif du 9 février déclencherait dans l’économie des
réflexions de fond sur le développement économique et social de la Suisse vont être déçus. Un
silence de plomb règne sur des sujets comme une répartition équitable, la protection des salaires,
le renforcement du partenariat social, la sécurité de l’emploi pour les plus de 50 ans, les avantages
fiscaux visant à attirer les entreprises étrangères, la politique des caisses vides, la formation des
adultes et la formation continue pour tous, etc. Alors que ce sont justement ces sujets-là qui seront
déterminés par le futur comportement électoral de la population suisse.
Réduire l’immigration, oui – mais pas à n’importe quel prix
Pour Travail.Suisse non plus, l’immigration n’est pas une fin en soi, mais la prudence lui semble de
mise. En Suisse, un tiers du travail est aujourd’hui effectué par des étrangers. Et le besoin de
main-d’œuvre ne va pas aller en diminuant compte tenu de l’évolution démographique – il y aura
plus de départs à la retraite que d’entrées sur le marché du travail. Une réduction de l’immigration
ne touchera pas seulement l’économie. Les nombreux étrangers qui travaillent dans les hôpitaux et
dans le domaine des soins, dans le bâtiment, dans la restauration et l’hôtellerie ainsi que dans le
commerce de détail prendront eux aussi leur retraite et devront être remplacés. Ceux qui se