Des mesures d’accompagnement plus contraignantes
Le projet de mise en œuvre de l’article 121a de la CIP-N est correct parce qu’il part d’une analyse cor-
recte. L’immigration en Suisse est en premier lieu une immigration visant le marché du travail. La vota-
tion populaire approuvant à une courte majorité l’initiative contre l’immigration de masse le 9 février
2014 a montré que l’immigration doit être contrôlée, voire réduite, d’une part, mais que les intérêts de
l’économie dans son ensemble doivent être pris en compte, d’autre part. Ce vote ne doit en aucun cas
être interprété comme une opposition aux accords bilatéraux conclus avec l’UE. Par conséquent, il est
impératif que l’économie renonce à se précipiter à l’étranger pour en faire venir la main-d’œuvre dont
elle a besoin. C’est là que les mesures d’accompagnement de la libre circulation des personnes ont un
rôle décisif à jouer. Ce sont elles, et elles seules, qui permettent d’appliquer le principe qui veut qu’en
Suisse, ne soient valables que les salaires et les conditions de travail suisses. Si ce principe est res-
pecté, on ne verra pas les employeurs trouver des avantages économiques à engager de la main-
d’œuvre bon marché à l’étranger. Les mesures d’accompagnement sont efficaces mais le dumping sa-
larial et le non-respect des conditions de travail restent à l’ordre du jour. Travail.Suisse considère donc
comme une nécessité politique de travailler constamment à optimiser et développer les mesures d’ac-
compagnement pour s’assurer de l’adhésion des travailleurs à la libre circulation des personnes.
Véritable promotion du potentiel indigène
Il s’agit ensuite de mieux exploiter le potentiel de main-d’œuvre indigène. C’est une obligation incon-
tournable, ne serait-ce qu’à cause de l’évolution démographique des prochaines années, qui peut aussi
aider à réduire l’immigration à la quantité nécessaire à l’économie. C’est là que l’initiative visant à com-
battre la pénurie de personnel qualifié pourrait jouer un rôle important, mais la première rencontre au
sommet nationale sur le personnel qualifié en Suisse, le 12 septembre 2016, a malheureusement mon-
tré une fois de plus que la volonté de promouvoir le potentiel indigène est assez faible chez les em-
ployeurs et les politiques. Au lieu d’arrêter des mesures concrètes permettant de mieux concilier travail
et famille (comme une allocation pour les proches qui assurent la garde des enfants ou des tarifs abor-
dables quand cette garde est effectuée à l’extérieur de la famille), de simplifier la formation continue (en
réduisant par exemple les obstacles financiers pour les travailleurs), de conserver la capacité de se
maintenir sur le marché du travail ou la mobilité sur ce marché des travailleurs d’un certain âge (par le
biais d’une offensive de formation continue financée par un crédit spécial), l’initiative sur la main-
d’œuvre qualifiée en reste au soutien de mesures déjà en place, dont l’efficacité n’est guère évidente.
Après la première rencontre au sommet nationale déjà, cette initiative apparaît comme un instrument
de marketing du DEFR plutôt qu’un programme efficace de promotion du potentiel indigène..
On a besoin d’une politique fiable
Le projet de la CIP du Conseil national est le premier document de mise en œuvre de l’article 121a de
la Constitution fédérale déposé sur la table, qui soit compatible avec les accords bilatéraux. C’est un
premier pas vers une politique fiable. Lors de la première étape, le Conseil fédéral doit prendre des me-
sures pour que soit mieux exploité le potentiel de main-d’œuvre indigène. C’est seulement si les béné-
fices de la libre circulation des personnes sont répartis de manière plus équitable et que les chances
des travailleurs sur le marché du travail restent intactes, que sera conservée l’adhésion à la libre circu-
lation. Au cours des dernières années, la compatibilité entre le travail et la famille ne s’est améliorée