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Revue internationale: Éditoriaux et Chroniques
Banque des Brics: "le Brésil
n'a aucun intérêt à s'éloigner
du FMI" (Roussef)
En marge du sixième sommet annuel
des Brics, la présidente de la
septième puissance économique
mondiale a rappelé que son pays,
désormais indépendant du FMI, en
réclame surtout la démocratisation.
Avec les autres puissances
émergentes des Brics (la Russie,
l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud),
le géant émergent d'Amérique du
Sud vient tout juste de créer une
nouvelle banque de dévelopement
censée constituer, avec un fonds de
réserves flambant neuf, la première
pierre d'une nouvelle architecture
financière face à l'hégémonie
occidentale. Mais par ce biais, le
Brésil n'a pas l'intention de s'écarter
du Fonds monétaire international, a
assuré mercredi la présidente du
pays, Dilma Rousseff.
A Brasilia, en marge du sixième
sommet annuel des Brics qui
s'achève mercredi, elle a
déclaré:"Nous n'avons aucun intérêt
à nous éloigner du FMI. Au
contraire, nous avons intérêt à le
démocratiser, à le rendre le plus
représentatif possible". S'estimant
sous-représentés au sein du FMI, le
Brésil et les Brics dans leur
ensemble réclament notamment une
réforme des institutions financières
multilatérales, comme ils l'ont
souligné au dernier sommet du G-20,
a rappelé Dilma Roussef.
"La distribution des quotas au sein
du FMI ne reflète pas le pouvoir ni
les corrélations entre les forces
économiques", a-t-elle insisté. La
présidente de la septième puissance
économique mondiale a par ailleurs
tenu à souligner l'indépendance de
son pays: "Le Brésil ne dépend pas
du FMI. Il a déjà remboursé sa dette
et depuis lors n'a jamais plus
dépendu de lui et cette institution n'a
jamais plus dirigé la politique
(économique) brésilienne", a-t-elle
observé."Notre relation avec le FMI
est passée de celle de pays endetté à
celle de contributeur. Pendant la
crise de l'euro, nous avons contribué
au pare-feu financier pour éviter que
la situation n'empire. Notre relation
avec le FMI est une relation d'indé-
pendance", a ajouté Dilma Roussef.
Quant à la nouvelle banque, dont le
siège sera à Shanghaï et qui est
destinée à financer les grands
travaux d'infrastructures, la
présidente de gauche a affirmé
qu'elle aura une posture différente de
celle du FMI envers les pays en
développement, sans pour autant
renoncer à la rigueur financière. La
banque sera dotée d'un capital initial
de 50 milliards de dollars, avec une
force de frappe potentielle de 100
milliards. Dilma Roussef a par
ailleurs nié que le Brésil ait cédé en
acceptant que le premier président de
la nouvelle banque des Brics soit un
Indien, alors que Brasilia briguait
aussi ce poste.
Feu vert du parlement
européen à l’entrée de la
Lituanie dans le zone euro
Strasbourg a ratifié la décision déjà
prise par les dirigeants européens: à
compter du 1er janvier 2015, la
république balte sera membre de la
zone euro. La décision avait déjà été
approuvée par la Commission et
laBanqu Centrale Européennes au
début de juin, puis par le Conseil
européen. Mercredi, le Parlement
européen l'a entérinée, par 545 voix
pour, 116 contre et 34 abstentions : à
compter du 1er janvier 2015, la
Lituanie deviendra le 19e pays
membre de la zone euro.
L'avis du Parlement sur la question
était néanmoins purement
consultatif, et l'ensemble des États
membres de l'Union devra encore
donner son feu vert le 23 juillet. Pour
adopter l'euro, un pays doit, entre
autres, avoir une dette publique ne
dépassant pas 60% du PIB, un déficit
budgétaire inférieur à 3% du PIB,
une inflation basse et une monnaie
stable face à l'euro. Or, la Lituanie
affiche une dette et un déficit
budgétaire de, respectivement,
39,4% et 2,1% du PIB et une
inflation s'élevant à 0,6% sur une
période de référence allant de mai
2013 à avril 2014.
Pays balte de 3 millions d'habitants,
membre de l'Union européenne
depuis 2004, la Lituanie rejoint ainsi
ses voisines l'Estonie et la Lettonie,
déjà dotées de l’euro depuis
respectivement 2011 et 2014. Pour
Vilnius, l'euro est notamment un
rempart contre la Russie. La nouvelle
risque toutefois de ne pas susciter
d'enthousiasme dans l'opinion
publique. Interrogés en mai 2013, les
Lituaniens étaient 52% à ne pas
vouloir d'une entrée de leur pays
dans la zone euro contre 40% d'avis
favorables et 8% d'indécis.