/ Vous venez de prendre la barre
de l’ENSM. Quels seront vos chantiers
prioritaires ?
L’école s’est engagée dans la voie
de la modernisation avec la mise en
œuvre de son projet d’établissement
construit sur les valeurs séculaires des
Hydros (ouverture d’esprit, solidarité,
polyvalence, promotion sociale…),
et la rénovation de l’enseignement
dans un établissement unique
mais multisites, qui doit se donner
les moyens de son développement.
Depuis 2010, des bouleversements
profonds ont provoqué du doute en
interne et des inquiétudes chez nos
partenaires, les armateurs en particulier.
L’urgence est de se poser pour
observer les premiers résultats concrets
des réformes menées tambour battant
sous la pression des évènements.
Le premier grand chantier est de
stabiliser l’existant. Il faut faire
travailler ensemble les quatre sites,
et consolider nos relations avec
nos partenaires, qu’il s’agisse du
partenariat stratégique signé avec
Armateurs de France ou du Conseil de
perfectionnement pour mettre en place
l’écoute client au sens de la qualité.
Le déménagement sur le campus de
l’École Centrale, actuellement à l’étude,
présente de multiples avantages de
qualité de vie, de travail et d’économies
pour tous.
La création de l’observatoire
de la formation et de l’insertion
professionnelle, dont la première
enquête va évaluer l’employabilité
des élèves, est attendue par ceux qui
veulent s’orienter vers une carrière
d’ocier de la marine marchande.
La réalisation d’un exercice 24 heures
au Ship-in-school du Havre avec
le « groupe des jeunes ociers »,
la création du centre d’ingénierie
pédagogique numérique, le
renforcement des enseignements
en langue anglaise, la féminisation
de la profession, la rediusion
sur les quatre sites d’un cycle
de conférences donnant aux élèves
une culture générale maritime
au-delà des obligations STCW, et la
rationalisation des processus qualité
pour les activités de formation sont
autant de sujets à traiter cette année.
Pour renforcer l’attractivité
des formations de l’école et recruter
les meilleurs étudiants, il est nécessaire
de s’ouvrir en nouant des partenariats,
nationaux et internationaux,
en développant l’enseignement
par la recherche et en accroissant
le nombre de doctorants.
Dans le cadre des nouvelles formations
d’ingénieurs, des partenariats sont
recherchés avec d’autres universités
européennes. De premiers contacts pris
pourraient rapidement déboucher des
réponses communes à des appels à
projets de l’Union européenne.
Une dizaine de projets de recherche
sont en cours. Ils impliquent des
acteurs académiques et industriels
dans les domaines de la sécurité et
la sûreté des navires et des équipages,
la protection de l’environnement,
la production d’énergie et l’ecience
énergétique.
Comme tous les opérateurs de l’État,
l’ENSM est fortement incitée
à s’autofinancer. Un des leviers est
la formation continue.
Diérentes pistes sont à l’étude,
comme l’ouverture sur le paramaritime
notamment pour la maintenance
des fermes d’éoliennes, et le
projet CESAME 2 à Saint-Malo.
La professionnalisation de la formation
continue passera vraisemblablement
par la recherche de partenaires
extérieurs, établissements de formation
agréés et armateurs.
/ L’ENSM et Armateurs de France
viennent de signer un partenariat
stratégique. Pouvez-vous nous en dire
quelques mots ?
Le partenariat stratégique signé
entre Armateurs de France et l’ENSM
poursuit un double objectif : mieux
répondre aux besoins des armateurs
français et favoriser l’insertion
professionnelle des élèves, et
au-delà, participer au développement
de l’économie et de l’emploi maritimes.
L’accord porte plusieurs points
concrets dont :
• La constitution d’un réseau
d’excellence dans le transport
maritime en adossant les projets
de recherche de l’ENSM aux
compétences des armateurs et en
mobilisant les ressources de l’ENSM
sur des projets répondant aux
attentes d’Armateurs de France
• La constitution de groupes de
travail communs en vue d’anticiper
l’évolution de la réglementation et
le renforcement de partenariats
pédagogiques et financiers pour
l’acquisition et l’exploitation de
certains matériels pédagogiques
tels que les simulateurs
• L’organisation d’embarquements
et de stages industriels pour
le personnel enseignant de l’ENSM
ainsi que la mise à disposition de
plans et documentation techniques
• Une implication d’Armateurs de
France dans la formation initiale
par une contribution au suivi des
référentiels, la proposition de sujets de
mémoire et de projet aux élèves, une
contribution à l’évaluation des étudiants
en remplissant les fiches d’appréciation
des élèves embarqués, l’animation de
conférences et visites de navires
• L’amélioration de l’ore de
formation continue de l’ENSM pour
l’adapter au mieux aux besoins du
marché et la développer, permettant
ainsi d’améliorer les capacités
d’autofinancement de l’établissement
• Le renforcement du corps
professoral en instaurant des
passerelles permettant aux ociers
d’une compagnie de passer quelques
années comme enseignant
• La facilitation de l’embarquement
des élèves pour satisfaire aux
exigences réglementaires.
Au-delà des exigences STCW, l’ENSM
a besoin de recruter des professionnels
issus du milieu maritime en raison
de la spécificité de sa formation.
La possibilité de détacher des ociers
comme enseignants pendant des
durées plus ou moins longues serait
un atout inestimable pour l’ENSM et
tout sera mis en œuvre pour que cela
se concrétise.
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Latitudes LA LETTRE D’ARMATEURS DE FRANCE
N°07
JUIN
2016
Interview de Patrice LAPORTE, Directeur général
de l’École nationale supérieure maritime (ENSM)
/ L’INVITÉ DU MOIS
Patrice LAPORTE,
Directeur général de l’École nationale
supérieure maritime