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IV
Morpholexicologie
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3
A. Présentation
Nous avons jusqu'ici considéré le signe linguistique sous un aspect
purement formel, comme une suite de phonèmes. Il convient maintenant de
l'observer à un niveau supérieur en le décomposant en unités minimales dotées
cette fois d'un sens, les morphèmes
1
. Ceci devrait nous permettre de dégager
quelques caractéristiques de la langue familière sur le plan de la ologie
formelle.
La lexicologie, que l'on peut définir sommairement comme la description
des structures du vocabulaire
2
, la science des unités de signification et de leurs
combinaisons en unités fonctionnelles
3
, comporte deux disciplines fondamentales,
la sémantique et la morpholexicologie (ou morphologie lexicale). Cette
dernière étudie la structure de la partie invariable des mots, décrit leur forme selon
certains critères, en fonction notamment de leur statut grammatical (leur fonction),
de leur signification, et, bien entendu, du système linguistique auquel ils
appartiennent.
1
Ou monèmes selon la terminologie d'André MARTINET (Eléments
de linguistique générale, 1986, p. 16).
2
Cf. H. MITTERAND, Les mots français, 1963, p. 118.
3
Selon le Petit ROBERT de 1990.
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4
Toute langue vivante, au fil de son histoire, élimine naturellement ses mots
tombés en désuétude et en crée de nouveaux:
De même qu'un organisme sain fabrique sans cesse
des globules rouges, de même une langue qui veut
rester vivante fabrique sans cesse, spontanément,
de nouveaux mots (J. CELLARD et M. SOMMANT, 500
mots nouveaux définis et expliqués, 1979, p. 5).
Cette affirmation, extraite d'un ouvrage consacré à l'étude de quelques
néologismes du français en 1979, concerne la langue standard. Mais la tendance
au renouvellement permanent est peut-être encore plus nette dans la langue
familière:
Nos encontramos con nuevos cauces del vocabulario
en la llamada subliteratura o paraliteratura. Ahí
nos tropezamos con un léxico de una capacidad
renovadora asombrosa (M. ALVAR EZQUERRA, Proyecto
de lexicografía española, 1976, p. 127).
En Espagne comme en France, de nombreux linguistes s'accordent ainsi pour
reconnaître cette vitalité, même si chacun l'explique à sa façon:
En rendant la langue à la parole, le populaire
libère des sources de création et de renouvellement
(P. GUIRAUD, Le français populaire, 1986, p. 60).
La lengua hablada y popular siente el don precioso
de la libertad, en que todo es permitido, desde
llamar las cosas por sus nombres hasta inventar lo
que dé de sí la inteligencia o el humor
4
.
4
V. GARCIA de DIEGO, "Los malos y buenos conceptos de la
unidad del castellano", Presente y futuro de la lengua
española - Actas de la asamblea de filología del primer
congreso de instituciones hispánicas, 1964, p. 5.
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5
La langue populaire se caractérise donc par une tendance particulière à
renouveler ses signes, et ce, la plupart du temps, en déformant des vocables
qu'elles possédait déjà. Quoi qu'il en soit, si on trouve en argot
5
, en langage
populaire ou familier une densité remarquable de créations/déformations, aucune
de celles-ci ne les caractérise en propre. Tout ce qui est pittoresque n'est pas
argotique, populaire ou familier. D'ailleurs la langue commune a aussi ses
troncations: géo pour géographie
6
, bac pour baccalauréat, etc.
Sauf exception, nous retrouverons donc en langue familière les
phénomènes habituels aux questions de néologie formelle. Tout comme chez
Albert BELOT
7
, le but recherché ici n'est pas tant la description de ces
mécanismes, très connus et communs au français et à l'espagnol, que leur
illustration à l'aide de multiples exemples qui nous permettront peut-être de
dégager les tendances, les préférences spécifiques au niveau de langue qui nous
intéresse.
Dans ce chapitre, nous examinerons essentiellement une série de
formations ayant en commun l'altération de la forme d'un mot, mais ni celle de sa
fonction, ni celle de sa signification
8
. De manière générale,
la création suit le processus connu de la
préfixation, ou de la suffixation, ou de la
5
Cf. D. FRANCOIS-GEIGER, "Argots: la cohabitation", Europe
n° 738, 1990, p. 31.
6
Cf. D. FRANCOIS-GEIGER, "Argots: la cohabitation", Europe
n° 738, 1990, p. 31.
7
Cf. A. BELOT, L'espagnol aujourd'hui. Aspects de la
créativité lexicale en espagnol contemporain, 1987, p. 9.
8
La seule modification subie par le mot est de caractère
subjectif (Cf. M. SECO, Arniches y el habla de Madrid, 1970,
p. 102).
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