LE RÉSERVISTE de Thomas Depryck Antoine Laubin / De Facto (BE) création version longue du 03 au 14 février 2015 au Théâtre de la Vie Avec Angèle Baux Baptiste Sornin Renaud Van Camp Et les intervenants d'un soir : Mateo Alaluf, Laurence Rosier, Thomas Berns, Henri Houben, Kenneth Bertrams, Christine Mahy, Jean Blairon, Anne-Emmanuelle Bourgaux, Frédéric Bourlez Texte de Thomas Depryck (Lansman – L'L - CED-WB, 2013) Conception et mise en scène Antoine Laubin Dramaturgie Thomas Depryck Lumières et direction technique Gaspard Samyn Assistanat à la mise en scène Axel Cornil Production Cora-Line Lefèvre Diffusion Habemus papam Une création de De Facto En coproduction avec le Théâtre de la Vie Avec le soutien du Théâtre National et de L'L – Lieu de recherche et d'accompagnement pour la jeune création (Bruxelles) De Facto reçoit l'aide du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Service du Théâtre Une première version du Réserviste (25 min) a été présentée en 2013 au Festival XS du Théâtre National, à L’L – Lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création (Bruxelles) et à l'Intime Festival du Théâtre de Namur. Trois acteurs donnent voix et corps à un homme qui a choisi de se mettre sur le côté du marché de l’emploi, avec la conviction de rendre service à la société en faisant ainsi partie de la « réserve » (comme à l’armée). Entre présentation, récit et jeu, Le Réserviste dresse le portrait improbable de ce « parasite ». Une figure à la fois libératrice et pathétique, sinon consternante, pour une parabole en forme de pied de nez sur la place que l’on donne au mot « travail » aujourd’hui, et sur le système qui s’articule autour de lui… Chaque soir, les acteurs convient, au cœur même de l’histoire racontée, un invité différent issu des sciences humaines (sociologie, anthropologie, philosophie, histoire, …) pour se confronter en direct et sans filet à son regard particulier sur l’inactivité. (c) Alice Piemme/AML Rire, désespoir, alternatives / Note du metteur en scène Le texte de Thomas Depryck fait saillir les absurdités d'un système profondément assimilé. En apparence, nous nous en amusons. Mais le rire proposé ici est iconoclaste et libératoire : nous rions pour ne pas pleurer, tant l'injustice sociale nous désespère et nous semble chaque jour un peu plus au coeur des fonctionnements contemporains. Nous rions aussi comme une ébauche de réponse : l'esquisse d'un « être ensemble » se déploie dans toutes les salles de théâtre du monde, même si partout autour le monde nous isole, nous confine, nous renvoie à une fonction de consommateur docile. Puisque d'autres, plus qualifiés que nous, réfléchissent au quotidien aux alternatives possibles, nous avons convié sur scène, avec nous, dix invités qui, soir après soir, viendront apporter un éclairage particulier sur le sujet que nous traitons. Nous les remercions chaleureusement. À sa manière et avec ses moyens propres (ceux de l'imaginaire, du sens, du rassemblement des individus), le théâtre lutte. En ouvrant la scène du Réserviste à d'autres disciplines, nous souhaitions (nous) rappeler qu'il n'est pas le seul et que d'autres modèles de société sont possibles. Antoine Laubin 1 : C'est l'histoire d'un mec qui cherche une alternative au modèle qu'on lui propose. 2 : C'est l'histoire d'un mec qui s'oppose à la proéminence cancéreuse de la "valeur travail" dans nos civilisations. 1 : C'est l'histoire d'un mec qui se sent inadapté. 2 : C'est l'histoire d'un taré qui ne parvient pas à se conformer au monde dans lequel il vit. 1 : C'est l'histoire d'un feignant qui rêve de glander. 2 : C'est l'histoire d'un type qui se noie petit à petit. 1 : C'est l'histoire d'un type qui prétend pouvoir échapper aux contraintes. 2 : Un naïf quoi. 1 : Ou un parasite. 2 : Mais ça ne marche pas. 1 : Il va l'avoir dans l'os, à tous les coups. 2 : Un jour, on lui a dit : 1 : Tu dois gagner ta vie. 2 : Faire quelque chose de ta vie. 1 : Prendre tes responsabilités. 2 : Te rendre utile. 1 : Devenir quelqu'un. 3 : Et moi, au début, j'ai rien compris. 1 : Rien du tout. 3 : J'ai répliqué : 2 : Mais tous les jours, je gagne ma vie ! Je me branle huit fois par heure, je suis bourré comme toute la Pologne la moitié de la semaine, je lis tout ce que je trouve, je regarde tous les films que je peux, et je réfléchis toute la saine journée… que faut-il faire de plus ? 1 : Et alors ? 3 : Et alors ? Si c'est pas gagner sa vie ça, je sais pas ce que c'est, ni où est le problème ? 1 : Le con ! 3 : Mais non, tu dois TRAVAILLER on lui a dit. 2 : Gagner de l'argent, louer un appartement, souscrire une assurance, trouver une femme, faire des enfants, penser utile. 1 : Acheter ta télé, ton ordinateur, ta voiture, ton grille-pain, ton lave-linge. 3 : Etre autonome, prendre le métro, raconter des blagues à tes collègues (...) Extrait du Réserviste de Thomas Depryck (Lansman – L'L – CED/WB, 2013) Antoine Laubin / conception et mise en scène Né en 1980, Antoine Laubin s’est fait connaître par son spectacle Les Langues paternelles. Créées en 2009, grand succès du festival off d’Avignon en 2010 (au Théâtre des Doms), Les Langues paternelles ont été jouées plus de cent vingt fois à travers la francophonie et au-delà et ont récolté partout un grand enthousiasme public et critique (« Meilleure Découverte » aux Prix de la critique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, « Coup de cœur » du Club de la Presse au festival Off d’Avignon). Entre 2008 et 2013, il mène trois résidences à L’L (lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création, Bruxelles), en collaboration avec l’auteur et dramaturge Thomas Depryck : Dehors, créé au Théâtre de Namur en octobre 2012, sélection au Festival Impatience (Théâtre du Rond-Point, Paris) en mai 2013, lauréat du Festival Fast Forward (Braunschweig, Allemagne) en novembre 2013 et sélection au Festival Premières (Maillon, Strasbourg) en juin 2014, Le Réserviste (création de la version courte au festival XS en mars 2013) et L.E.A.R. (d’après King Lear de Shakespeare, création en octobre 2013 dans les quatre Centres dramatiques de la Fédération WallonieBruxelles : Théâtre de Namur, Théâtre Varia, Théâtre de Liège, Manège.mons). Durant la saison 2014-2015, trois nouveaux spectacles seront créés : Démons me turlupinant d’après le roman de Patrick Declerck au Rideau de Bruxelles, la version longue du Réserviste au Théâtre de la Vie et Szenarios d’après le texte de Jean-Marie Piemme au Staatstheater de Braunschweig (Allemagne). Combinant écriture de plateau et travail du texte (théâtral ou non, littéraire ou non), Antoine Laubin développe un théâtre-récit à la fois ludique et noir. Ses dispositifs de mises en scène s’attachent à métaphoriser les impasses des systèmes sociaux contemporains et à cristalliser les points de rupture entre normes collectives et individus. Par ailleurs, il intervient comme conférencier en dramaturgie et en art dramatique à Arts² (École supérieure des arts à Mons) et est membre du groupe de lecture du Théâtre de Namur. Depuis 2008, il est membre du comité de rédaction de la revue Alternatives théâtrales, dont il est actuellement en charge du nouveau projet éditorial (nouvelle formule en janvier 2016). Il écrit régulièrement des textes critiques consacrés au théâtre contemporain, est l'auteur d'un recueil d'entretiens avec Jean-Marie Piemme ( Voyages dans ma cuisine, 2008) et est également l’un des huit membres fondateurs du groupe de travail Conseildead, constitué lors de la mobilisation du secteur des arts de la scène de Belgique francophone à l’automne 2012. Il participe activement à la réflexion en cours sur les politiques culturelles menées en Fédération Wallonie-Bruxelles. Le site de sa compagnie : www.defacto-asbl.be. Thomas Depryck / texte et dramaturgie En 2005 il participe à la fondation du collectif De Facto, dont la première création (adaptation – dramaturgie), Les langues paternelles, d’après le roman de David Serge (mise en scène d’ Antoine Laubin) a eu lieu en décembre 2009 au Centre culturel Jacques Franck (repris au Théâtre des Doms en juillet 2010). Il est l’auteur ou co-auteur de divers textes théâtraux : Dehors (créé et mis en scène par Antoine Laubin au Théâtre Royal de Namur en octobre 2012, publié aux éditions La Muette en 2012, réédition à paraître fin mars 2013 dans la collection Lansman/L’l/CED) Le Réserviste (création, sous forme abrégée, au festival XS en mars 2013, à paraître fin mars 2013 dans la collection Lansman/L’l/CED), Ballade en mondes mineurs (Maelström, collection booklegs « Bruxelles se conte », 2010), Et maintenant on fait quoi avec tout ce merdier ? (De Facto Festival 2010), etc. Il a écrit quelques articles, un pour la Revue Études théâtrales, deux pour le BdA (Maison des auteurs). Il collabore également parfois à la revue Marginales (nouvelles). (c) Alice Piemme Revue de presse Ca y est, le théâtre se réveille ! (...) Après les sans abris dans "Dehors", c'est sur les sans emploi que se concentre Antoine Laubin à la mise en scène du "Réserviste", forme courte de 25 minutes où il déploie un même souci de théâtre rudimentaire, sans décor, sans artifice, basé simplement sur le jeu. Trois comédiens (Angèle Baux, Baptiste Sornin et Renaud Van Camp) endossent un même personnage comme pour mieux faire ricocher son étrange parcours. "Que se passerait-il si tout le monde avait un travail ?", s'interroge le bonhomme. Les entreprises ne pourraient plus engager, ce serait le chaos. Donc, il faut une réserve. Une mission faite pour notre personnage. (...) On a aimé la mise en scène inversant les rôles pour placer les spectateurs sur le plateau et les comédiens au milieu des gradins, enjambant les sièges comme autant de haies dans cette course d'obstacles qu'est la recherche d'un emploi. On a aimé la simplicité de cette bande blanche, délimitant l'espace de jeu tout en évoquant les files de chômeurs. Mais on a surtout aimé le texte de Thomas Depryck, formidable contre-pied au mépris généralement porté aux chômeurs dans une société qui a érigé le travail en valeur absolue. "Si t'es pas content, t'as qu'à prendre la porte, y en a dix qui attendent derrière !", semble être le slogan de l'époque (...) Des thèses que Thomas Depryck effleure avec un humour irrésistible. Plus on martèle que le travail est rare et précieux, plus le travailleur sera de "bonne volonté". C'est un fait, les entreprises cessent d'engager au moment où, le chômage étant tellement bas, les négociations salariales deviennent plus dures pour les patrons. Il restera donc toujours un chômage structurel lié au besoin de pouvoir pressurer la main d'oeuvre. Alors, envie de faire partie de la réserve ? (Le Soir, Catherine Makereel, mars 2013) Contact HABEMUS PAPAM Accompagnement en production et Cora-Line Lefèvre et Julien Sigard Rue de l'Automne 39 BE – 1050 Bruxelles +32 473 53 18 23 +32 498 43 95 93 [email protected] www.habemuspapam.be diffusion