1 2 L’OICRM est un groupe de recherche interdisciplinaire, interuniversitaire et international qui travaille sur les thématiques générales de la création et de la recherche en musique. Ce groupe réunit des chercheurs et des étudiants québécois, canadiens et étrangers. En partenariat avec: 3 Remerciements Aïda Aoun, directrice générale - Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) Madeleine Bédard, directrice aux affaires publiques et adjointe au doyen – développement, Faculté de musique – Université de Montréal Yannick Bélanger, webmestre de l’OICRM - id fix communication Sébastien Besson, technicien au secteur production, Faculté de musiqueUniversité de Montréal Patrick Félix, technicien en électroacoustique, Faculté de musique Université de Montréal Hélène Gagnon, coordonnatrice des événements spéciaux aux affaires publiques, Faculté de musique – Université de Montréal François Gaudette, coordonnateur des services informatiques, Faculté de musique – Université de Montréal Stephen Graham, responsable du service à la clientèle aux affaires publiques, Faculté de musique – Université de Montréal Sophie Lavoie, webmestre de l’OICRM - id fix communication L’équipe du Cercle de musicologie, association étudiante, Faculté de musique - Université de Montréal Pierre-Luc Ménard, responsable à la production aux affaires publiques, Faculté de musique – Université de Montréal Jason Milan Ghikadis, graphiste de l’affiche officielle du colloque, Faculté de musique – Université de Montréal Stéphane Pilon, conseiller en communication aux affaires publiques, Faculté de musique – Université de Montréal Myke Roy, coordonnateur au secteur électroacoustique, Faculté de musique – Université de Montréal 4 Mot de bienvenue Qu’en est-il du goût musical dans le monde du XXIe siècle? Cette question, nous l’avions à la fois balisée et laissée ouverte: balisée en cherchant à y répondre en posant des questions sur le vocabulaire, sur les critères du jugement esthétique, sur l’analyse comparative du goût, et sur les rapports entre l’esthétique musicale et l’homme d’aujourd’hui; ouverte en élargissant la discussion à toutes les cultures musicales. Le résultat s’avère passionnant et révélateur. Il n’y aura pas forcément des réponses précises à toutes ces questions. Mais réfléchir sur le goût musical dans des contextes culturels aussi diversifiés que ceux proposés par les conférenciers (Asie, Afrique, Amérique, Europe) permet d’envisager non seulement un retour à l’esthétique musicale comme une discipline intellectuelle essentielle à l’étude de la musique, mais aussi la découverte de certaines constances dans l’exercice du jugement de goût au-delà des mots et des modes d’évaluation. Ce colloque est aussi l’occasion de réunir musicologues et ethnomusicologues à l’assaut d’une seule et même question. Là aussi, nous sommes devant un heureux mélange d’expériences de terrain, de méthodes et de résultats. Nous sommes heureux que ce colloque soit également le lieu de collaborations internationales solides, effectives depuis longtemps et qui contribuent non seulement à l’avancée des connaissances, mais aussi à la formation des futurs chercheurs. Nous tenons à remercier tous les participants d’avoir accepté de relever le défi intellectuel posé par ce colloque. Nous remercions, tout spécialement, les membres du comité de sélection dont les avis experts ont été précieux pour l’élaboration de ce programme. Nos plus sincères remerciements à Ariane Couture, coordonnatrice générale de l’OICRM, et Caroline Marcoux-Gendron, coordonnatrice de ce colloque. Merci aussi à l’équipe de la Faculté de musique qui a grandement facilité l’organisation de l’événement. Un merci tout spécial aux musiciens (le duo Duval-Boulanger accompagné de Michael Ayles) qui animeront la soirée du vendredi 1er mars. Nathalie Fernando et Michel Duchesneau 5 Qu’en est-il du goût musical dans le monde au XXIe siècle ? Colloque en esthétique musicale 28 février – 2 mars 2013 Faculté de musique, Université de Montréal Le questionnement sur l’esthétique musicale proposé par ce colloque n’est pas sans lien avec un paradoxe qui se traduit d’une part, par ce qui pourrait être considéré comme une crise de l’esthétique dans le domaine de la création et, d’autre part, le retour général de l’esthétique et de la réflexion philosophique au sein des disciplines artistiques. De nombreux ouvrages publiés au cours des 20 dernières années ont ainsi réintroduit l’esthétique au cœur de la réflexion sur l’art (Berthet, Les défis de la critique d’art, Dufour-Kowalka, L’art et la sensibilité, Dampierre (dir.), Une esthétique perdue, During, Quelque chose se passe, Jimenez, Qu’est-ce que l’esthétique?, Rancière, Le partage du sensible, Schaeffer, L’art de l’âge moderne : L’esthétique et la philosophie de l’art du XVIIIe siècle à nos jours, pour n’en citer que quelques-uns). Comme en témoigne le collectif Perspectives de l’esthétique musicale, publié par Alessandro Arbo en 2007, ou encore Éléments d’esthétique musicale sous la direction de Christian Accaoui, qui joue le rôle de dictionnaire de l’esthétique (de 1600 à nos jours), la musique ne fait pas exception à la règle. Si l’esthétique occupe donc un espace à nouveau conséquent dans les études sur la musique, elle est convoquée à plus d’un titre. Il s’agit, par exemple, de s’interroger sur l’art moderne pour sa réhabilitation, «la crise de l’art stimulant la réflexion sur l’art» (Jimenez, p. 15). Dans d’autres cas, il s’agit de retracer les fondements d’un système spéculatif autour de l’œuvre d’art actuelle et d’interroger la construction d’un discours esthétique de plus en plus discret sur la question du jugement (esthétique) au profit de questions apparemment plus objectives, celles par exemple du langage ou de la réception, cette dernière réduite presque systématiquement d’ailleurs à des considérations plus sociologiques qu’esthétiques. Cependant, il demeure de nombreuses pistes d’investigations possibles au travers de toutes les ramifications que sous-tend le concept d’esthétique. 6 C’est pourquoi, au-delà de la «crise» de l’art moderne occidental, la réflexion sur l’esthétique musicale que nous suggérons devrait se pencher sur des questions qui permettront de dépasser ce paradigme et d’ouvrir un débat croisé sur des musiques de différentes cultures, styles et époques: Quels sont les critères du jugement esthétique? Quel en est le vocabulaire contemporain? Quels sont les rapports avec l’esthétique entretenus par l’homme aujourd’hui en fonction de ses origines culturelles? Peut-on à cet égard déceler des similitudes ou au contraire distinguer des comportements et des conceptions bien divergentes? Que peut alors nous apporter l’analyse comparative du jugement de goût dans la compréhension des pratiques musicales tant occidentales que non occidentales? Que fait-on de l’esthétique dans un contexte de commerce international de la musique où les frontières culturelles ont tendance à disparaître, où les styles et les genres finissent par se (con)fondre voire se dissoudre dans des standards parfois prédéterminés qui vont formater l’objet musical? On pourrait poser une seule grande question qui permettrait de réunir ces interrogations: Qu’en est-il du goût musical dans le monde au XXIe siècle? Car cette problématique recouvre tant les modalités et stratégies de «fabrication» d’une musique, que les choix qui guident sa performance, sa diffusion ou encore l’évaluation qualitative de sa réception. Ce colloque souhaite donc réunir des musicologues, des ethnomusicologues, des compositeurs, des musiciens et des critiques musicaux qui aborderont cette question en fonction de questionnements méthodologiques et théoriques sur l’esthétique musicale d’un point de vue contemporain et critique. 7 Comités Comité scientifique Michel Duchesneau, professeur titulaire, Faculté de musique, Université de Montréal Nathalie Fernando, professeure agrégée, Faculté de musique, Université de Montréal Alessandro Arbo, maître de conférences, département de musique, Université de Strasbourg Claude Dauphin, professeur retraité, département de musique, Université du Québec à Montréal Jean During, directeur de recherche au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), laboratoire du CREM, Paris Martin Kaltenecker, maître de conférences, Université Paris Diderot-Paris 7 Jean-Jacques Nattiez, professeur émérite, Faculté de musique, Université de Montréal Comité organisateur Michel Duchesneau, professeur titulaire, Faculté de musique, Université de Montréal Nathalie Fernando, professeure agrégée, Faculté de musique, Université de Montréal Ariane Couture, coordonnatrice de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique, Faculté de musique, Université de Montréal Caroline Marcoux-Gendron, assistante à la coordination générale de l’OICRM, Faculté de musique, Université de Montréal 8 ! ! ! !"#$%&'(&)*+,%",&'-./&& )0123&42&56&76552&856942:8;6<=6>?2&& (&@&--& & ABB92C5&2D&%?7B3C=DC0?&& E6552&E23>2:F636?D&GH:I(IJ& "#$%&'()*!'(!%$+),(!-!.&,/(0!12,/(%)(+2! 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Dans les dernières décennies, l’ontologie s’est efforcée de les faire ressortir. On s’est néanmoins demandé si une telle enquête était utile à qui se propose d’expliquer les appréciations que nous portons sur les œuvres dont nous faisons l’expérience. Nous entrerons dans ce débat en nous focalisant d’abord sur la notion de jugement esthétique. Nous soulignerons qu’un tel jugement, enraciné dans l’expérience, peut être défini à partir d’un plaisir et d’une conduite identifiable à un niveau anthropologique général. Si, pour expliquer une telle réponse, le rôle joué par la recherche ontologique est à première vue accessoire, il ne l’est plus dès que nos jugements sont utilisés pour construire un discours critique susceptible de faire émerger les aspects saillants des œuvres. C’est alors qu’une analyse des manières d’être des artefacts musicaux se révèle primordiale pour éclairer les préférences dont ils font l’objet dans un contexte culturel donné. Biographie Alessandro Arbo est enseignant chercheur au département de Musique de l’Université de Strasbourg. Membre du laboratoire d’excellence GREAM (Groupe de recherches expérimentales sur l’acte musical), il est auteur de nombreux essais et monographies sur l’esthétique et la philosophie de la musique. Il a dirigé, entre autres, Le corps électrique : voyage dans le son de Fausto Romitelli (Paris, 2005), Perspectives de l’esthétique musicale: entre théorie et histoire (Paris, 2007), Wittgenstein and Aesthetics: Perspectives and Debates (avec M. Le Du et S. Plaud, Frankfurt, 2012). Parmi ses travaux plus récents, Archéologie de l’écoute. Essais d’esthétique musicale (Paris, 2010), Entendre comme. Wittgenstein et l’esthétique musicale (Paris, 2013). 15 1954 Paul Bazin Université McGill, Canada Résumé Jean Vallerand (1915-1994) a été un important chroniqueur et musicographe – voire musicologue. Aussi compositeur, ses écrits et ses propos sur la musique ont parfois été teintés par le double prisme de ses occupations: à l’objectivité habituelle requise par ses fonctions d’informateur, d’éducateur du public, se sont parfois ajoutées de ces considérations plus personnelles, de ces préjugés esthétiques ayant davantage participé de sa carrière de créateur. En 1954, alors que la musique européenne encaisse le choc du séisme sériel, Vallerand rédige un article dans lequel cette nouvelle musique est, pour ainsi dire, mise à mal. Mais il est un jeune compositeur du nom de Serge Garant pour remettre en question les prémisses d’une telle pensée. L’analyse des écrits de Vallerand permet de nuancer une position en filigrane de laquelle se dessine une conception du rôle du compositeur empreinte d’ascétisme moral. Des échanges virulents ont émergé de ce choc des Titans. Quelles conclusions peut-on tirer de ce court échange de tirs à la lumière d’une théorie de l’ascèse dans la démarche compositionnelle ? Biographie Détenteur d’une maîtrise en analyse de l’Université de Montréal (François de Médicis, 2012) et d’un baccalauréat en interprétation du chant classique de l’Université de Sherbrooke (2010), Paul Bazin amorce présentement des études de doctorat sur l’application de la méthode microtonale d’Ivan Wyschnegradsky dans la musique de Bruce Mather (Université McGill, Steven Huebner et Christoph Neidhöfer). Depuis 2009, il assiste le musicologue Jean Boivin dans ses recherches sur la création musicale contemporaine au Québec, et ses plus récents travaux ont porté sur l’évolution du langage de jeunesse du compositeur Serge Garant. Il a été chroniqueur pour la Société de musique contemporaine du Québec en 2011 et, lorsque le temps et l’inspiration l’y autorisent, il se consacre à la composition. 16 Citation et emprunt de matériaux anciens dans l’œuvre contemporaine Liouba Bouscant (avec Ofer Pelz) Université de Montréal, Canada Résumé Comment expliquer l’appropriation esthétique et le réinvestissement sémiotique de matériaux anciens dans l’œuvre contemporaine? L’ancien revêt-il un sens esthétique nouveau par l’alchimie créatrice ou est-il uniquement l’objet d’un processus de réception historique par le compositeur? Est-ce un simple hommage, un point de départ compositionnel ou bien y a-t-il une recréation de la valeur esthétique de ce matériau musical, en fonction de nouveaux points de références et de nouveaux horizons d’attentes? Cette réflexion s’ancre dans le niveau poïétique. Elle interroge les œuvres des compositeurs Michel Gonneville (Canada), Marielle Groven (Canada) et Ofer Pelz (Israël). Nous montrerons que ce processus d’appréhension esthétique de l’ancien dans le contemporain dépasse le courant postmoderne et que le matériau ancien gagne une valeur esthétique nouvelle à travers un regard objectif et kaléidoscopique. Biographie Liouba Bouscant est agrégée de musique, diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris en Analyse, Histoire de la musique et Esthétique, et docteur en musicologie. Elle effectue actuellement un stage postdoctoral à la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur les rapports entre musique et politique au XXe siècle ainsi que sur la signification musicale. Elle a consacré des travaux notamment à la rhétorique et à l’herméneutique musicales. 17 Paysage(s) et grands espaces comme enjeux de la stéréotypie esthétique en musique Claudine Caron (avec France St-Jean) Université du Québec à Montréal, Canada Résumé Depuis longtemps, nature, musique et peinture se (re)croisent sur le chemin de la création. On pense notamment au compositeur Luc Marcel s’inspirant de tableaux de Riopelle, ou à Michel Gonneville et à Yves Daoust réalisant des compositions dans le cadre des symposiums d’art in situ à la fondation René-Derouin, celles-ci s’inscrivant de facto dans la foulée du landart, mouvement artistique par lequel la nature n’est plus un sujet de représentation, mais le matériau même par lequel l’art se crée. Or, la recherche d’une correspondance ou, parfois, d’une adéquation entre la musique et le paysage soulève nombre de questions, tant théoriques, méthodologiques, qu’esthétiques et ontologiques. Cette communication propose une analyse discursive de l’écriture musicale et du paysage canadien réunis dans l’édition de disques compacts. Nous verrons que le paysage – même le paysage canadien – est polysémique (Bergé et Collot 2008). Éphémère dans la réalité, il se fixe dans l’imaginaire pour la définition d’un lieu. Sous ce signifiant ancré, parfois dans des formes anachroniques relativement au répertoire présenté, se laisse pourtant entendre un répertoire inventif transcendant la stéréotypie liée à la géographie et à la culture du pays. Biographie Spécialiste de l’histoire de la musique du Québec et du Canada, Claudine Caron est chercheure postdoctorale au Laboratoire international d’étude multidisciplinaire comparée des représentations du Nord (UQAM) où elle poursuit ses recherches sur l’imaginaire du Nord dans la musique des XXe et XXIe siècles. Parallèlement à son travail à la Fondation Arte Musica (MBAM), elle est rédactrice en chef des Cahiers de la SQRM et membre du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises et de l’OICRM. Elle a notamment fait paraître des articles et des recensions dans Circuit, musiques contemporaines, Études d’histoire religieuse, Intersections, Paroles gelées (UCLA) et Revue de BAnQ, de même qu’elle a collaboré à l’ouvrage Les 100 ans du Prix d’Europe (PUL, 2012). 18 La nostalgie du romantisme chez Ernest Chausson Sylvain Caron Université de Montréal, Canada Résumé Tout au long de sa vie, Chausson a été partagé entre nostalgie du romantisme et désir de modernité. Quelle idée se faisait-il du Romantisme? Qu’est-ce qui rendait cet idéal à la fois si attachant et si inaccessible? Pour répondre à ces questions, des écrits de Chausson seront mis en relation avec les stratégies de composition dans deux mélodies : le Poème de l’amour et de la mer (sur un poème de Bouchor) et «Oraison» (sur un poème de Maeterlinck). Nous démontrerons que l’unité de l’art – plus particulièrement entre musique, peinture et poésie – est un postulat romantique implicite dans sa production, alors que son «refus du thème» traduit son souci d’une expression discrète et spiritualisée, conformément à l’idéal alors moderne des symbolistes. Biographie Sylvain Caron est professeur titulaire à la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Ses domaines de recherche touchent à la musique française sous la 3e République (1871-1939), à la musique religieuse et aux rapports entre analyse et interprétation. Son enseignement se partage entre l’harmonie, le contrepoint, la fugue, l’étude du répertoire de musique française, les relations entre musique et symbolisme, et l’approche comparative entre musique et beaux-arts. 19 Le ma japonais : une esthétique de l’intersubjectivité Bruno Deschênes Chercheur indépendant, Canada Résumé La pensée esthétique traditionnelle du Japon est encore méconnue en Occident. Cette pensée considère que le beau n’est pas dans l’œuvre achevée, mais dans ce que le connaisseur ressent. Le beau ne peut exister en soi, il est ressenti intersubjectivement, entre l’artiste et le connaisseur. Cette vision a été largement influencée par le bouddhisme. La notion de ma, terme qui est traduit autant par «espace» que par «intervalle de temps» (qui sont considérés indissociables), est représentative de cette appréhension du beau. Je donnerai un aperçu sommaire de l’esthétique ainsi que des notions du temps et de l’espace de la pensée japonaise. Je terminerai en montrant comment le ma, principalement dans son emploi en musique, est une notion esthétique par laquelle le temps et l’espace sont ressentis intersubjectivement en tant qu’espace-temps. Biogrphie Bruno Deschênes est ethnomusicologue, compositeur, musicien et journaliste (spécialisé en musiques du monde). Son champ de recherche premier est la pensée esthétique de la musique traditionnelle japonaise, plus particulièrement du répertoire solo du shakuhachi, flûte dont il est interprète. Un deuxième champ de recherche est le phénomène de la «transmusicalité», soit ces musiciens qui optent pour la musique d’une culture dont ils ne sont pas natifs. Sa plus récente publication est «La métaphore dans l’esthétique traditionnelle japonaise», dans Métaphores et cultures. En mots et en images (Paris, L’Harmattan, 2012). 20 Pour une esthétique de la violence en musique Georges Dimitrov Université Concordia, Canada Résumé La conférence proposée a pour objectif d’amorcer une réflexion esthétique sur le rôle de la violence au sein de la musique, examinant d’un côté le rôle poïétique de la violence et sa présence au niveau immanent de l’œuvre, et de l’autre les questions touchant à la transmission de cette violence à l’auditeur (esthésique). L’objectif est de poser les bases épistémologiques préalables à l’acte de penser la violence en musique, en abordant les problématiques de la définition philosophique du concept de violence appliquée à la musique, de la légitimité esthétique de la violence, et des spécificités du discours musical au niveau sémiologique. Ensuite, il s’agit de se questionner sur la manière dont cette violence est reçue (assimilée, refusée ou même ignorée) au début du XXIe siècle, en tenant tout particulièrement compte des différents modes d’écoute aujourd’hui disponibles et de l’opposition sociale entre musiques dites «savante» et «populaire». Biographie Georges Dimitrov est un compositeur et artiste montréalais, œuvrant dans les domaines de la musique contemporaine, de la musique de film et de la musique électronique. Il est depuis trois ans professeur adjoint à l’Université Concordia, où il est présentement en charge du secteur composition. Il a également à son actif six années d’enseignement et un doctorat en composition à l’Université de Montréal où il a étudié sous la direction d’Isabelle Panneton et de Jean-Jacques Nattiez. 21 L’esthétique musicale dans la presse musicale française (1900-1950) Michel Duchesneau Université de Montréal, Canada Résumé Ce panel est l’occasion de présenter certains des travaux amorcés dans le cadre d’un programme de recherche sur l’histoire de l’esthétique musicale en France entre 1900 et 1950. Grâce à un dépouillement systématique de quelques-unes des revues musicales les plus importantes et les plus représentatives de l’époque, les membres de l’équipe ont relevé tous les textes qui abordent d’une façon ou d’une autre la question d’esthétique musicale. L’objectif est de constituer une typologie lexicale caractérisant la réflexion sur l’esthétique de la musique en fonction de la nature de l’approche éditoriale (article de fond, critique de concert, éditorial). L’analyse de cette typologie permet d’identifier avec précision les enjeux esthétiques qui dominent le milieu tout en associant clairement termes, concepts et musiques aux questions de goût musical, de valeur de l’œuvre et de jugement critique selon des critères beaucoup plus riches que ceux qui ont conduit à la création des étiquettes en «isme» tant prisées par l’histoire de la musique. Biographie Titulaire de la chaire en musicologie de l’Université de Montréal, Michel Duchesneau est l’auteur du livre L’avant-garde musicale en France et ses sociétés de 1871 à 1939 (Mardaga, 1997), coéditeur des collectifs Musique et modernité en France (PUM, 2006), Musique, art et religion dans l’entre-deuxguerres (Symétrie, 2009), et il signe des articles et des conférences sur la musique française de la première moitié du XXe siècle. Appuyé par une subvention du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH), il a réalisé deux volumes consacrés aux écrits du compositeur et pédagogue français Charles Koechlin (Mardaga, 2006 et 2009). Depuis 2002, il dirige l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM). En 2012, il a reçu la Médaille Dent pour souligner sa contribution exceptionnelle à la musicologie. 22 De la médication à la délectation. Conceptions de l’effet de la musique dans le monde musulman ancien et moderne Jean During CNRS, France Résumé A partir des conceptions anciennes de l’efficacité thérapeutique de la musique dans les cultures musulmanes se développent des connexions de plus en plus complexes entre le système des modes (maqâm) et les types d’auditeurs. Au fil des siècles et avec la circulation des traités arabes, persans et turcs, les correspondances deviennent incohérentes et le souci thérapeutique passe à l’arrière-plan. On revient à des conceptions plus classiques centrées sur les demandes de l’âme ou de l’esprit, proches de la notion moderne de musique d’art. Malgré ce changement de perspective, l’usage de la musique comme médication, suivie de constructions systématiques connectant les mélodies à différents classes et registres du monde visible, peut se comprendre comme un ambitieux projet passant de l’esthésique à l’esthétique. Biographie Prof. Jean During est directeur de recherche au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS, Paris). Après des études de philosophie, il s’est établi en Iran où il a vécu entre 1971 et 1981 et où il se consacra à l’étude pratique et théorique de la musique traditionnelle. Plus tard, il a séjourné cinq ans en Ouzbékistan. Il est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages, d’une centaine d’articles sur les musiques de l’Asie intérieure, leur forme et leur contexte culturel, en particulier dans leurs rapports avec la société, la pensée et la mystique musulmane. Ses publications comprennent aussi près de cinquante disques, sur une aire s’étendant de la Turquie jusqu’au XinJiang. Quatre de ses ouvrages ont été traduits en persan, deux en italien, un autre en anglais, et un en espagnol. Un double CD de ses «compositions persanes» a été publié en 2012 à Téhéran. 23 « C’est pas parce qu’est croche qu’est belle, mais c’est pas parce qu’est dret’ qu’est belle » : asymétrie et appréciation esthétique chez les musiciens traditionnels québécois contemporains Jean Duval Université de Montréal, Canada Résumé Le répertoire de musique traditionnelle québécoise est constitué environ au tiers de pièces asymétriques (PA), familièrement appelées «tounes croches» par les musiciens traditionnels. Une enquête réalisée auprès de seize de ceux-ci en 2010 a permis d’explorer les enjeux esthétiques reliés au jeu de ce type de pièces. La différence, la surprise, une logique musicale alternative et la nostalgie qu’elles évoquent sont des éléments qui ressortent du discours des musiciens sur l’appréciation esthétique des PA. Ceux qui les aiment ont tendance non seulement à valoriser des PA traditionnelles dans leurs performances mais aussi à en composer de nouvelles. Au contraire, ceux qui ne les apprécient pas ont tendance à éviter d’en jouer ou même à les corriger pour qu’elles respectent la carrure. Il semble que le fait de jouer des PA est en voie de devenir un marqueur identitaire et stylistique important dans la musique traditionnelle du Québec contemporain. Biographie Jean Duval détient une maîtrise en ethnomusicologie de l’Université de Montréal (2008) et poursuit actuellement ses études doctorales dans la même institution sous la direction de Monique Desroches et de Nathalie Fernando. Son mémoire de maîtrise portait sur les compositeurs contemporains de musiques traditionnelles québécoise, irlandaise et écossaise. Son projet de doctorat porte sur les pièces asymétriques dans la musique traditionnelle du Québec. Il est lui-même un musicien traditionnel et un compositeur actif depuis une trentaine d’années. 24 De la variabilité et ou de la permanence des jugements de goût dans les cultures du monde Nathalie Fernando Université de Montréal, Canada Résumé Sur la base de plusieurs recherches menées sur le terrain, les ethnomusicologues du laboratoire Musicologie Comparée et Anthropologie de la Musique (MCAM) aborderont des questions destinées à ouvrir un débat comparatif sur des musiques de différentes cultures avec, en toile de fond, les questions suivantes: quels sont les critères utilisés par les membres d’une culture donnée pour apprécier une musique ou une performance musicale? Quelles sont les motivations, les raisons sous-jacentes aux orientations esthétiques choisies? Comment ces dernières sont-elles verbalisées au sein de la culture et quel est le système de valeur qui leur est attaché? Comment s’inscriventelles dans l’ensemble du système symbolique de la communauté? Quelle est la part de l’émotion musicale dans l’appréciation esthétique d’une musique et comment se traduit-elle? Quelles stratégies socioculturelles les jugements de goût révèlent-ils au sein du monde contemporain? À travers quels processus le goût musical se forge-t-il, se transmet-il et se transforme-t-il? Audelà des problématiques rencontrées au sein de chaque culture se pose plus largement la question des similitudes ou des différences, des conduites esthétiques propres ou non à telle ou telle communauté. L’équipe du MCAM a donc fonctionné sur le principe de la comparaison et d’une grille de critères dont il convenait d’évaluer la validité auprès de chaque culture, mettant en exergue un certain nombre de principes communs. Biographie Nathalie Fernando est titulaire de la chaire de recherche du Canada en ethnomusicologie. Fondatrice du laboratoire Musicologie Comparée et Anthropologie de la Musique (MCAM), elle est auteure et coauteure de plusieurs disques sur les musiques d’Afrique centrale (collections OCORA et Inédit), a récemment publié Polyphonies du Nord-Cameroun et son DVD Rom interactif (SELAF, 2011), et a édité l’ouvrage Simha Arom. La boîte à outils d’un ethnomusicologue (PUM, 2007). 25 Les enjeux esthétiques et identitaires des musiques évangéliques maale (Sud-ouest éthiopien, de 1960 à nos jours) Hugo Ferran Université de Montréal, Canada Résumé La transnationalisation des musiques évangéliques soulève des problèmes esthétiques et identitaires qu’il convient d’analyser à l’échelle locale. Chez les Maale du Sud-ouest éthiopien, l’évangélisation protestante a débuté dans les années 1960, sous l’impulsion de missionnaires Wolayta, leurs voisins du Nord. Les premiers Maale convertis au protestantisme se sont appropriés les hymnes Wolayta avant de créer leurs propres musiques évangéliques, les Maale zamuro. Si les zamuro des années 1960-70 se distinguent des musiques dites «traditionnelles», on assiste à une «maaléisation» progressive des chants évangéliques Maale depuis les années 1980. Bien que les évangéliques aient conscience de cette évolution, ils soutiennent que leurs musiques «spirituelles» (amano) se sont toujours différenciées des musiques «terrestres» (alamo) des traditionalistes. La mise en regard des discours des musiciens et des résultats de l’analyse révélera ainsi des enjeux esthétiques et identitaires qui opposent les Maale évangéliques et traditionalistes depuis cinquante ans. Biographie Hugo Ferran est titulaire d’un doctorat en anthropologie sociale et ethnologie (EHESS, 2010) portant sur les musiques maale du Sud-ouest éthiopien. Actuellement boursier du CRSH et stagiaire postdoctoral à l’Université de Montréal au sein du MCAM, il étudie la transnationalisation musicale des mouvements évangéliques en Éthiopie et dans sa diaspora, de la fin du XIXe siècle à nos jours. Son travail a fait l’objet de plusieurs articles, disques et films ethnographiques. Il a enseigné l’ethnomusicologie dans les universités de Saint-Étienne, d’Addis-Abeba et à l’Université de Montréal, ainsi qu’au Pôle d’Enseignement Supérieur de la Musique de Dijon. 26 Les logiques du fonctionnement du discours esthétique chez les chanteurs paysans du Salento : une exégèse inachevée Flavia Gervasi Université de Montréal, Canada Résumé Une fréquentation prolongée et intense entamée depuis 2008 auprès d’un groupe restreint d’anciens chanteurs paysans du Salento (région au sud de l’Italie) a persuadé qu’ils possèdent une esthétique de leur chant, bien que celle-ci ne soit jamais explicitée. Toutefois, dégager une conception, voire un système de pensée qui relève de l’esthétique et ce, en l’absence d’un discours direct qui porte sur cette dimension et en l’absence de théorisations, constitue une entreprise compliquée. Notre travail ethnographique se concentre ainsi sur l’observation et l’analyse de toutes sortes d’attitudes linguistiques – tautologies, tentatives d’échapper aux questions du chercheur, etc. – qui, bien qu’apparemment détachées d’un discours proprement esthétique, cachent un bagage de valeurs nous expliquant la dimension endogène du beau et du plaisant chez les chanteurs paysans du Salento. Biographie Flavia Gervasi a obtenu un doctorat en musicologie à l’Université de Montréal sous la direction de Jean-Jacques Nattiez. Sa thèse est une étude comparative qui porte sur l’esthétique de tradition orale de deux groupes de chanteurs (paysans et revivalistes) du sud de l’Italie (Salento). En 2012, elle a poursuivi ses recherches sur la phonostylistique de la voix dans le cadre d’un stage postdoctoral à l’Université Laval (Québec) supervisé par Serge Lacasse. En janvier 2013, elle devient postdoctorante au département d’anthropologie de l’Université de Montréal, subventionnée par une bourse de l’OICRM. Flavia Gervasi participe au programme de recherche CRSH «Étude comparative des critères d’évaluation esthétique et du jugement de goût» (2010-2013), dirigé par Nathalie Fernando. 27 A plusieurs voix. Modalités d’exécution et d’appréciation de la danse kaikkottukali (Kerala, Inde) Christine Guillebaud CNRS / Université Paris Ouest Nanterre La Défense, France Résumé Dans les descriptions ethnographiques des folkloristes du début XXe, la ronde kaikkottukali est présentée comme une danse féminine effectuée principalement par les brahmanes et les Nayar (caste dominante du Kerala). Si, en effet, la pratique de cette danse est très répandue parmi les hautes castes, elle est aussi exécutée dans les mêmes contextes par les castes de plus bas statut. Cependant, à l’échelle de la société kéralaise, ces dernières ne sont pas reconnues comme «expertes» en chant et en danse. Plus remarquable, le fait même qu’elles pratiquent le kaikkottukali est souvent méconnu des femmes de hautes castes qui ne leur reconnaissent aucune légitimité en la matière et perçoivent négativement leur posture corporelle, leur manière de réaliser les gestes et d’entonner les chants. Cette présentation consistera à identifier les contrastes très marqués des normes d’exécution - chants, postures, gestes - en fonction des groupes de danseuses. Il s’agira d’analyser comment se construisent les formes d’autorité sur le savoir musico-chorégraphique, de rendre compte des logiques à l’œuvre dans l’appréciation esthétique de cette ronde et de mettre en lumière les intérêts culturels divergents dont elle fait actuellement l’objet. Biographie Chercheure au CNRS, Christine Guillebaud est membre du Centre de recherche en ethnomusicologie (CREM-LESC) de l’Université Paris Ouest Nanterre. Spécialiste des musiques du Kerala (Inde), elle est l’auteure du livre Le chant des serpents. Musiciens itinérants du Kerala (CNRS Editions, 2008), prix Coup de cœur de l’Académie Charles Cros, et co-éditrice du volume La Musique n’a pas d’auteur (Gradhiva, 2010). Elle coordonne actuellement le programme de recherche MILSON «Pour une anthropologie des MILieux SONores» (Fondation Fyssen) dédié à l’étude des environements sonores dans leur contexte socioculturel de production et de perception. 28 De la structure musicale au dispositif sonore Martin Kaltenecker Université Paris Diderot-Paris 7, France Résumé Cette conférence partira de l’idée qu’il existe depuis l’avènement de l’esthétique un enlacement de deux discours : l’un «esthésique» (à partir de l’aisthèsis mise à l’honneur par Baumgarten), l’autre esthétique, qui confronte l’art, et la musique en particulier, à une métaphysique et/ou à une politique, à l’Idée et/ou à la communauté. Cette alternance (dont on observe des moments de bascule par exemple à partir de 1850, ou autour de 1920) a conduit progressivement, dans le dernier tiers du XXe siècle, à une approche «esthésique» qui vise à fonder la musique dans le Son. De multiples effets (des «effets de pouvoir» au sens de Foucault, amenant la création d’institutions, de structures, de projets de recherche, etc.) en découlent, parmi lesquels j’étudierai tout particulièrement le démantèlement de la notion d’œuvre, les discours proliférants sur l’écoute, conçue comme parachèvement actif, et le «recyclage» théologisant d’une phénoménologie du son, tout cela formant constellation. Biographie Membre fondateur de la revue de musique contemporaine Entretemps (1985-1992), Martin Kaltenecker a longtemps été producteur à France Musique. Ses recherches ont porté sur des questions d’esthétique transversales aux musiques du XIXe et XXe siècles, et, plus récemment, sur une généalogie des théories de l’écoute musicale, auxquelles il a consacré un ouvrage écrit au Wissenschaftskolleg de Berlin. Il a collaboré à plusieurs reprises avec le compositeur Gérard Pesson pour des livrets d’opéra (Pastorale, 2007) et des «mises en texte» de transcriptions vocales de musiques instrumentales. Il travaille actuellement à un projet autour des écritures mélodiques dans la musique savante de la seconde moitié du XXe siècle, soutenu par la «Bourse des Muses» (SACEM / Fondation Singer-Polignac). 29 Pour une analyse informée esthétiquement : le cas des «danses» de Messiaen Federico Lazzaro Université de Montréal, Canada Résumé À partir des années 1980, la musicologie développe une attitude d’historicisation de l’analyse – qu’on pourrait appeler «analyse informée historiquement» – s’appliquant surtout à la musique du XVIIIe siècle. En étudiant la musique du XXe siècle, les catégories «de l’époque» sur lesquelles il est possible de modeler notre regard analytique sont, plus souvent, des catégories qui changent d’un compositeur (ou d’un groupe de compositeurs) à l’autre; l’analyse musico-historique sera donc plus précisément une analyse «informée esthétiquement». Le cas d’étude proposé se base sur le corpus de «danses» composées par Messiaen dans les années 1930, et vise à éclaircir par l’élaboration d’une stratégie analytique ad hoc les liens entre les écrits du compositeur et sa musique. Cela montre une des tâches possibles de l’esthétique musicale au XXIe siècle: développer des méthodes analytiques puisant aux déclarations poétiques des compositeurs pour mieux saisir les spécificités de leurs choix compositionnels. Biographie Federico Lazzaro a étudié en Italie (universités de Milan et de Pavie) et en France (Université de Strasbourg). Après la soutenance de sa thèse sur le concept de «renouveau» dans la musique française des années 1930, il a entamé un deuxième doctorat à l’Université de Montréal (bourse de la chaire de musicologie) avec un projet de recherche sur l’«École de Paris». Il a publié des articles sur la réception de la musique ancienne au XXe siècle et sur la musique française de l’entre-deux-guerres; il a aussi collaboré à l’édition critique du Sigismondo de Rossini. 30 Sens et esthétique des épopées karakalpakes à partir de la terminologie vernaculaire Frédéric Léotar Université de Montréal, Canada Résumé Les bardes karakalpaks sont les musiciens qui ont certainement conservé le plus riche fond épique d’Asie centrale. Malgré la période soviétique et la modernisation des modes de vie qui en a découlé, il n’y a pas eu de rupture dans la transmission de cet art vivant, depuis le père fondateur Aqymbet (XIXe siècle) jusqu’aux générations actuelles. Dans une société où les épopées sont transmises oralement par le maître considéré par ses étudiants comme le modèle à suivre, qu’en est-il de l’esthétique musicale telle qu’elle est exprimée par les tenants de la tradition en termes de jugement de goût? Cette communication aura pour objet de mettre en lumière les modalités selon lesquelles l’esthétique des bardes karakalpaks peut être caractérisée à partir de critères verbalisés formant un tout homogène. Au-delà de ce nécessaire état statique de critères servant de référence pour établir des jugements de goûts musicaux en un temps donné, nous examinerons également en quoi ces critères s’intègrent dans une dynamique de continuité et de rupture. Biographie Ethnomusicologue, Frédéric Léotar a obtenu son doctorat à l’Université de Montréal en 2004, sous la direction de Jean-Jacques Nattiez. Il a ensuite effectué des recherches postdoctorales sous la supervision de Regula Qureshi (University of Alberta), financées par une bourse du CRSH. Chargé de cours à l’Université de Montréal, il est aussi membre actif du MCAM, laboratoire où il développe des projets de recherche en lien avec l’esthétique musicale, l’interdisciplinarité et l’ethnomusicologie computationnelle. Son expertise de l’Asie centrale l’a amené à participer à des projets de sauvegarde et de restauration d’archives sonores (Académie des Sciences de l’Ouzbékistan) et de mise au point de protocoles d’enquêtes (UNESCO). La steppe musicienne est son premier ouvrage (à paraître aux éditions Vrin). 31 La France et les musiques orientales au tournant du XXe siècle : la position esthétique des musicologues et celle des compositeurs Florence Leyssieux Université de Montréal, Canada Résumé Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, l’orientalisme occupait une place non négligeable dans la vie musicale française. Cependant, la construction de l’image idéalisée d’un Orient mal défini géographiquement instaurait un filtre entre les représentations occidentales et la vérité des cultures orientales. Toutefois, les Expositions universelles ont joué un rôle conséquent dans la découverte des musiques asiatiques en abolissant la distance entre l’évocation et la réalité. Source d’inspiration pour les compositeurs ou objet d’intérêt scientifique pour les musicologues, les musiques orientales entendues à l’Exposition de 1889 constituaient pour beaucoup d’entre eux une expérience esthétique et culturelle inédite. Cette communication s’intéressera plus particulièrement aux témoignages que Julien Tiersot et Claude Debussy ont laissés sur la musique javanaise et sur celle du théâtre annamite, afin d’observer et d’analyser leur réception des musiques asiatiques et la position esthétique qu’ils ont adoptée. Biographie Florence Leyssieux réalise un doctorat en musicologie, sous la direction de Michel Duchesneau, à la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Membre de l’équipe de sociomusicologie de l’OICRM et auxiliaire d’enseignement, elle est également réviseur pour la revue Intersections. Ses intérêts de recherche portent sur la réception des musiques non occidentales en France au début du XXe siècle, le développement de public en musique au Québec, la professionnalisation des jeunes musiciens québécois (sujet sur lequel elle a publié un article), ainsi que l’intégration socioculturelle et professionnelle des interprètes immigrants au Québec (problématique ayant fait l’objet de plusieurs communications). 32 Panel de critiques musicaux Renaud Machart Le Monde / Radio France, France Résumé Dans le cadre du panel de critiques musicaux où sera posée la question «En quoi l’exercice de la critique musicale participe-t-il aujourd’hui à l’édification du goût musical des lecteurs-auditeurs?», Renaud Machart proposera notamment un parallèle entre ses activités de critique musical et de producteur de radio. Il expliquera en quoi, selon lui, la radio est plus opérante dans la transmission vers le public. Biographie Après des études en musicologie (Université de Tours), Renaud Machart devient chanteur professionnel en 1982 et se produit dans le domaine de la musique ancienne (avec, notamment, la Chapelle royale de Paris et le Collegium Vocale de Gand). Directeur de festivals, fondateur et directeur de la collection de disques d’archives «Ina, mémoire vive» à l’Institut national de l’audiovisuel (1992-2009), il est devenu producteur à Radio France en 1992. Il anime actuellement l’émission hebdomadaire «Le Matin des musiciens» sur France Musique. Journaliste au quotidien Le Monde depuis 1994, il a occupé la fonction de critique musical jusqu’en septembre 2012. Depuis, il collabore au supplément «Culture et Idées» et signe une chronique quotidienne consacrée à la télévision. Spécialiste de Francis Poulenc, il a établi l’édition critique du Journal de mes mélodies (Cicero, 1993) et présenté un essai biographique (Seuil, 1995). L’un des experts français de la musique nordaméricaine, il a consacré des essais à John Adams (2004), Leonard Bernstein (2007) et Stephen Sondheim (sortie avril 2013) chez Actes Sud. Il est l’un des contributeurs à The Proust Project (Farrar, Straus and Giroud, New York, 2004) ainsi qu’à The John Adams Reader (Amadeus Press, 2006). 33 Crédits : Marion Kalter Orientalys et le Festival du Monde Arabe : le goût musical selon le contexte festivalier Caroline Marcoux-Gendron Université de Montréal, Canada Résumé Sur la base de terrains effectués lors des événements Orientalys et le Festival du Monde Arabe (FMA) en 2012, une étude comparative sera proposée à propos des critères du goût musical des festivaliers, et même, plus globalement, de la façon dont l’activité festivalière développe ce goût. Mis sur pied par la même organisation, ces deux festivals se veulent des espaces de rencontres entre culture arabe et traditions culturelles du reste du monde. Chacun induit une relation distincte à l’objet musical, Orientalys étant un événement estival, extérieur et gratuit, par opposition au FMA qui est présenté en salles et exige donc l’achat de billets. Une question qui se pose est notamment de savoir si ces différents dispositifs festivaliers permettent d’ancrer un intérêt réel pour la musique. Nos premiers résultats tendent vers l’idée que ces deux expériences ne sollicitent pas le goût musical de la même manière. Ainsi, les effets de la fréquentation d’un festival sur le développement du goût musical renvoient directement à l’environnement dans lequel ce goût peut s’enraciner et se développer. Biographie Caroline Marcoux-Gendron détient un baccalauréat en musicologie de l’Université de Montréal et effectue présentement une mineure en anthropologie. Elle se consacrera à l’ethnomusicologie aux cycles supérieurs pour investiguer les pratiques musicales de la communauté arabe de Montréal. Membre de l’équipe de sociomusicologie de l’OICRM, elle s’intéresse aux enjeux identitaires et à la question de la professionnalisation chez les musiciens migrants à travers l’exemple du groupe Constantinople. Elle prend également part au projet de développement de public en musique au Québec (DPMQ) grâce à un terrain auprès du Festival du Monde Arabe. Auxiliaire d’enseignement, elle agit également à titre d’assistante à la coordination générale de l’OICRM depuis septembre 2011. 34 Panel de critiques musicaux Anne Midgette Washington Post, États-Unis Résumé Dans l’écosystème musical florissant de la Vienne du XVIIIe siècle, alors que toute musique était forcément «nouvelle», les critiques musicaux guidaient leurs lecteurs vers les dernières tendances — et défendaient souvent le statu quo contre l’avant-garde. Aujourd’hui, pour beaucoup d’auditeurs de musique classique, le statu quo est vieux d’un siècle ou deux, toute nouvelle musique est d’«avant-garde» et considérée avec suspicion, et un critique désirant aborder une œuvre nouvelle doit même souvent commencer par tenter de convaincre son lectorat que cette musique a droit de cité et mérite d’être écoutée. Alors que la musique nouvelle connaît une profonde transformation aux États-Unis, où de plus en plus de sensibilités indie-rock bouillonnent dans un métissage fécond, les critiques qui veulent écrire sur cette musique en s’adressant à un large public sont souvent contraints de choisir entre deux options: faire œuvre de prosélytes, ou se limiter consciemment à un lectorat spécialisé. Biographie Anne Midgette est critique de musique classique pour le Washington Post. Diplômée de l’université Yale, elle a été collaboratrice régulière en musique classique et en théâtre au quotidien The New York Times pendant sept ans. Elle a également écrit à maintes reprises pour de nombreuses publications telles que The Wall Street Journal, Opera News, The Los Angeles Times et Town & Country. Anne Midgette est coauteure de l’ouvrage The King and I (Doubleday, 2004) qui traite de la carrière de Luciano Pavarotti (en collaboration avec Herbert Breslin, impésario de l’artiste). Elle signe également My Nine Lives: A Memoir of Many Careers in Music (Knopf Doubleday Group, 2010) portant sur le pianiste Leon Fleisher. 35 Tensions et symbioses dans l’univers religieux congolais : histoire, mémoire et esthétique dans la musique chrétienne à Kinshasa David Nadeau-Bernatchez Université Laval / EHESS, Canada / France Résumé Le christianisme fut le bras droit de l’entreprise coloniale. Pourtant, en ce début de XXIe siècle, sa vitalité dans l’Afrique contemporaine force à en repenser la signification et la «pertinence culturelle» au-delà de la violence assimilatrice. C’est à travers le présent et le passé de la musique religieuse congolaise, catholique plus particulièrement, que nous chercherons à en réfléchir certains mécanismes de confrontations et d’échanges esthétiques. Après une présentation générale de l’évolution des musiques catholiques en écho aux autres répertoires chrétiens (protestant, kimbanguiste et néo-pentecôtiste), c’est à partir d’un retour sur quelques perspectives développées par Tempels, Senghor et Kagamé, notamment par une problématisation du concept de force vitale - depuis son évolution dans la pensée allemande du XIXe siècle jusqu’à son rôle dans la construction de l’africanité au XXe siècle - que nous voudrions interroger le paradigme esthétique du «devenir autre en soi-même». Biographie Chercheur, cinéaste et musicien, David N. Bernatchez a débuté ses recherches au Congo-Kinshasa en 2004. À la fois anthropologique et historienne, sa thèse propose un parcours chronique et diachronique au sein des différentes catégories de la musique urbaine congolaise. Elle repose, d’une manière plus générale, la question de l’anthropologie musicale dans une perspective comparative: celle de l’étude du fait musical comme rapports aux temps (social et symbolique; historique et mémoriel; musical; performatif). Récemment diplômé, David travaille actuellement comme cinéaste et professionnel de recherche en anthropologie. 36 Ce que l’essai de Hume sur la norme du goût (1757) peut nous apprendre encore aujourd’hui Jean-Jacques Nattiez Université de Montréal, Canada Résumé Il est certain que, dans un colloque consacré au goût, il est profitable de retourner à ce que David Hume écrivit sur le sujet, d’autant que l’ouvrage de Gérard Genette, L’œuvre de l’art (1997), a contribué à renouveler l’intérêt pour cet essai, en faisant de son auteur le précurseur du relativisme esthétique qui domine aujourd’hui. Mais cette communication tentera d’examiner si la pensée de Hume peut être ramenée à la seule défense de la subjectivité du jugement de beau. On y décèlera la légitimité de la quête de critères esthétiques universels et la possibilité de définir une norme et d’identifier des êtres plus capables que d’autres de témoigner d’un goût sûr, tout en expliquant le pourquoi de la diversité des jugements de goût. On montrera que l’on trouve, au travers de son raisonnement, la présence d’angles d’attaque qui ont été thématisés par la théorie sémiologique dite de la tripartition. On tirera de cet examen quelques conclusions pour la recherche sur les critères esthétiques en musicologie et en ethnomusicologie. Biographie Professeur émérite de musicologie à la Faculté de musique de l’Université de Montréal, Jean-Jacques Nattiez est considéré comme pionnier de la sémiologie musicale (Fondements d’une sémiologie de la musique, Musicologie générale et sémiologie). Il a appliqué ses concepts à la pensée musicale de Pierre Boulez, aux œuvres de Wagner (Wagner androgyne), à la musique des Inuit, des Aïnou, des Baganda, et aux relations entre musique et littérature (Proust musicien). Il a été le directeur général de Musiques. Une Encyclopédie pour le XXIe siècle (publiée en italien chez Einaudi et en français, chez Actes Sud). Paraîtra en 2013 Du conflit des analyses musicales à l’interprétation. L’exemple du solo de cor anglais du Tristan et Isolde de Wagner, tandis qu’un Traité de musicologie générale est actuellement en cours. 37 Panel de critiques musicaux André Péloquin Journal Voir, Canada Résumé Parmi les nombreuses problématiques relatives à la critique musicale de nos jours, André Péloquin abordera notamment la question de la relation entre le critique et les nouvelles mouvances du Web telles que les réseaux sociaux, les blogues, le journalisme citoyen, les plates-formes musicales de type «Bandcamp», les agrégateurs de critiques comme «Metacritic», etc. Ainsi, est-ce que le critique conserve encore une certaine «autorité»? Comment son rôle a-t-il évolué alors que l’expression “everybody’s a critic” n’a jamais été aussi vraie? Biographie Natif de Sorel-Tracy, maître ès littérature comparée, chef de la section Musique de l’hebdomadaire Voir, journaliste, réalisateur et chroniqueur indépendant (notamment pour Urbania et Fun-Jouer-Jeux.ca), André Péloquin entretient des réflexes développés lors de son passage à l’Université de Montréal, où il a obtenu un baccalauréat en études cinématographiques et littérature comparée suivi d’une maîtrise. Il s’emploie notamment à tisser des liens - souvent judicieux, parfois douteux - entre différentes pratiques, influences et formes d’art lorsqu’il se livre à l’exercice critique. À défaut d’avoir signé un premier roman, il a tout de même livré un mémoire de maîtrise particulièrement nerd sur l’évolution du médium encyclopédique allant de Diderot jusqu’à Wikipedia. Oh, et il est sagittaire. 38 Citation et emprunt de matériaux anciens dans l’œuvre contemporaine Ofer Pelz (avec Liouba Bouscant) Université de Montréal, Canada Résumé Comment expliquer l’appropriation esthétique et le réinvestissement sémiotique de matériaux anciens dans l’œuvre contemporaine? L’ancien revêt-il un sens esthétique nouveau par l’alchimie créatrice ou est-il uniquement l’objet d’un processus de réception historique par le compositeur? Est-ce un simple hommage, un point de départ compositionnel ou bien y a-t-il une recréation de la valeur esthétique de ce matériau musical, en fonction de nouveaux points de références et de nouveaux horizons d’attentes? Cette réflexion s’ancre dans le niveau poïétique. Elle interroge les œuvres des compositeurs Michel Gonneville (Canada), Marielle Groven (Canada) et Ofer Pelz (Israël). Nous montrerons que ce processus d’appréhension esthétique de l’ancien dans le contemporain dépasse le courant postmoderne et que le matériau ancien gagne une valeur esthétique nouvelle à travers un regard objectif et kaléidoscopique. Biographie Ofer Pelz est né à Haïfa (Israël) en 1978 et vit à Montréal. Compositeur, il a remporté de nombreux prix nationaux et internationaux. Sa musique est jouée aussi bien en France qu’en Italie, en Allemagne, en Corée du Sud, aux Pays-Bas et en Israël par des ensembles tels que Ensemble Meitar, Ensemble Cairn, The Israel Contemporary Players, Quatuor Ardeo, El Perro Andaluz, Nouvel Ensemble Moderne. Pelz a travaillé par ailleurs avec de nombreux réalisateurs et chorégraphes, notamment avec le choréographe François Raffinot. Il a effectué ses études supérieures à l’Académie de Musique et de Danse de Jérusalem. Il a perfectionné ses études de Composition et de Composition électroacoustique au Conservatoire de Blanc-Mesnil avec Philippe Leroux, Thierry Blondau et Gilles Racot, et a reçu une année de formation au CNSM de Paris. Il est actuellement doctorant en Musique à l’Université de Montréal, supervisé par Ana Sokolovic, Caroline Traube et Robert Normandeau. 39 Le goût suspendu. Goût, fadeur, notoriété en Chine François Picard Université Paris-Sorbonne, France Résumé L’esthétique musicale chinoise telle qu’elle est connue et documentée est écartelée entre deux univers: l’un, classique, se réclame de la fadeur; à l’opposé, l’univers populaire du Jingxi (opéra de Pékin) met en avant le goût wei comme appréciation et le savoir du goût comme critère d’interreconnaissance des connaisseurs. Où situer alors la musique d’ensemble et les réunions entre amis où le jugement esthétique apparaît comme suspendu? Finalement, le principal critère de jugement d’un artiste ne tient en Chine pas compte de sa prestation, mais de la notoriété ming de l’interprète. Les deux stratégies étudiées, éloge de la fadeur et suspension du jugement de goût, sont alors à saisir comme une réponse à cet impératif oppressant. Biographie Depuis 1998, François Picard est professeur d’ethnomusicologie analytique à l’Université Paris-Sorbonne et depuis 2010, il agit comme directeur de l’équipe «Patrimoines et Langages Musicaux». Il a été l’organisateur principal de deux conférences internationales: «Chime» et «Luoshen fu arts et humanités» et le co-organisateur des rencontres internationales annuelles des doctorants d’ethnomusicologie (2011 et 2012). Il est membre de diverses associations scientifiques et participe à des groupes de recherche en sinologie, musicologie, études théâtrales et anthropologie religieuse. Il a assuré la direction artistique d’une trentaine de disques. François Picard joue de la flûte xiao, de l’orgue à bouche sheng et de quelques hautbois (guanzi, suona) au sein de l’ensemble Fleur de Prunus qu’il dirige, collaborant avec des compositeurs contemporains (Tehercisen, Bernard, Lévy) et l’ensemble XVIII-21 Le baroque nomade. 40 « Les danses de possession ne sont pas des danses » : le nondit et la critique comme système chez les Gnawa du Maroc? Jean Pouchelon Université de Montréal / Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Canada / France Résumé La danse est de trois types dans le rituel de la communauté des Gnawa du Maroc: danses liminaires des musiciens puis danses de possession auxquelles les femmes prennent part et dont mes informateurs démentent qu’elles soient des «danses» au titre que c’est un esprit qui mène les possédés. Au sein de ces danses de possession, je distinguerai celles qui sont le fait d’ «experts» (qui ne tombent pas) et celles qui sont le fait de «malades» (qui tombent pendant leur danse). Après avoir livré une comparaison de ces types de danse, je m’attarderai à certaines collusions entre celles-ci. À ce titre, toutes sont sujettes à un jugement de goût. En conclusion, je m’interrogerai sur la possibilité de valider certains résultats dans une culture où l’implicite a une place notoire. Mon hypothèse est que le non-dit et la critique forment les deux faces de la même médaille dans une confrérie où règnent la compétition et le souci de préserver sa spécificité. Biographie Jean Pouchelon travaille chez les Gnawa du Maroc depuis une dizaine d’années. Dans son travail de maîtrise (2001), il s’est intéressé au répertoire et à l’identité chez les Gnawa de Fès et d’Essaouira. À partir de 2003, il a commencé à apprendre les instruments et les danses au sein de la diaspora parisienne. Il joue actuellement dans plusieurs troupes en région parisienne et à Montréal. Dans le cadre de ses travaux de doctorat, il mène à Marrakech des recherches sur les rapports entre la danse et la musique tels qu’ils évoluent au fil du rituel de possession des Gnawa, depuis les danses des musiciens jusqu’à celles des possédés. Parallèlement, Jean Pouchelon s’intéresse au jazz et en particulier à la modélisation des procédés rythmiques et contramétriques tels que ceux que l’on rencontre chez le pianiste Erroll Garner (2009) sur lequel il a commencé à travailler dans le cadre de son DEA (2003). 41 La voix comme mentor Béatrice Ramaut-Chevassus Université Jean Monnet, France Résumé Alors qu’un renouveau du goût pour l’opéra perdure depuis les années 1990, il s’agit d’interroger la capacité remarquable de la voix à générer l’empathie. L’interrogation est menée autour de trois axes: - Ontologique / ontique? La voix, tout comme l’art, n’est plus une affaire de révélation ontologique comme le sous-entendait la théorie spéculative de l’art. Elle n’est pas non plus liée à la seule dimension ontique. Elle articule immédiatement les deux. - Bruit de fond / de forme? La voix contient l’un et l’autre: bruit de fond comme condition de toute émission vocale mais aussi bruit de forme, timbre. - Drame / stase? Si la voix contribue à un devenir intense des matériaux et les élève à l’état d’affect, elle ne se limite pas à cela. La voix allie deux régimes, ceux du drame et de la stase. Du familier à l’inouï et vice versa, la voix est un mentor. Biographie Professeure de musicologie à l’Université Jean Monnet (Saint-Étienne, France) et membre du Centre Interdisciplinaire d’Etudes et de Recherches sur l’Expression Contemporaine, Béatrice Ramaut-Chevassus est spécialiste d’histoire, d’analyse et d’esthétique des musiques «savantes» de 1970 à nos jours. Auteure de Musique et postmodernité (1998), elle a dirigé plusieurs volumes collectifs: Composer un opéra aujourd’hui (2003), Miroirs, fragments, mosaïques: Schèmes et processus de création dans l’art du XXe siècle (2005, avec J.P. Mourey), Musique et schème: Entre percept et concept (2007), Art et Ville contemporaine. Rythme, flux, corps (2012, avec J.P. Mourey). Elle est responsable du master «Arts» de l’UJM, co-habilité avec l’ENS de Lyon. 42 Discours esthétique et crise compositionnelle : Anton Reicha et Ludwig van Beethoven entre 1808 et 1822 Alban Ramaut Université Jean Monnet, France Résumé Il s’agit d’étudier un moment particulier de l’histoire du premier XIXe siècle européen articulé autour de deux événements symboliques, la mort de Haydn à Vienne (1809) et celle de Méhul à Paris (1817). Ce temps est replacé sous l’autorité de deux musiciens, Beethoven et Reicha. Beethoven traverse alors la phase complexe qui joint sa deuxième période à la troisième; Reicha se trouve quant à lui dans l’attente à Paris d’un poste officiel qu’il obtient en 1818. Les textes et les partitions qui accompagnent ce moment formulent des questions dont il convient d’observer aussi bien les convergences que les divergences. Biographie Ancien élève du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, Alban Ramaut est professeur de Musicologie au département de Musicologie de l’Université Jean Monnet (Saint-Étienne, France). Chercheur titulaire à l’UMR LIRE (Saint-Étienne), il travaille dans les axes «Littérature et Arts» et «construction des savoirs» sur la chronologie du romantisme musical. Il a publié dernièrement, en collaboration avec Olivier Bara, Généalogies du romantisme musical français (Vrin, 2012), puis avec Hervé Audéon et Herbert Schneider, Antoine Reicha, Écrits inédits et oubliés vol. 1 (Olms, 2011). Le second volume est à paraître en 2013. 43 Critères du goût musical des paysans de la presqu’île de Tanjung Bunga (Île de Flores, Indonésie) Dana Rappoport CNRS, France Résumé Sur la presqu’île de Tanjung Bunga (Flores, Indonésie), la musique, presque exclusivement vocale, se pratique en groupe de duos, lors des travaux agraires qui rythment la culture du riz sur essarts. Les paires de chanteurs se constituent selon différentes façons, par affinités locales, affectives, familiales mais surtout esthétiques. Que les deux voix sonnent bien ensemble constitue une des conditions minimales pour chanter. Dans le choix du partenaire, les chanteurs opèrent un jugement de goût implicite que cette recherche entend expliciter, à partir de l’étude comparative du goût musical dans deux villages voisins, aux stylistiques différentes. Bien que les appréciations esthétiques varient d’un chanteur à l’autre et d’un village à l’autre, des constantes sont mises à jour: loin d’être déterminé exclusivement par des critères sonores, le goût musical est forgé selon différentes classes de critères: musicaux, émotionnels, littéraires. Biographie Dana Rappoport (1968) est ethnomusicologue au Centre National de la Recherche Scientifique. Ses recherches portent sur les musiques austronésiennes de l’archipel indonésien, étudiées à la fois sous l’angle de la musicologie formelle, de l’anthropologie de la religion et de l’organisation sociale. Elle a mené successivement des enquêtes de longue durée sur deux terrains de recherche, chez les Toraja de l’île de Sulawesi (1991-2005), et depuis 2006, chez les Lamaholot d’Indonésie orientale (Flores, Solor, Adonara, Lembata). 44 Ironie et modernité musicale : d’une ironie ludique à une ironie de crise, et retour Anne Roubet Université Paris-Est / CNSMDP, France Résumé Dans Ironie et modernité (1997), Ernst Behler développait l’idée «d’une relation entre l’ironie et la conscience de la modernité littéraire». Explorant dans mon doctorat l’hypothèse d’un lien entre l’émergence de l’ironie dans la musique instrumentale au XIXe siècle et celle de la modernité musicale, en particulier à travers la mise en crise du langage tonal, je souhaite ici ouvrir la réflexion sur les liens pouvant s’établir entre l’évolution de l’ironie musicale au cours du XIXe siècle et l’esthétique de certains compositeurs d’aujourd’hui. De Beethoven à Mahler se dessine une évolution d’une ironie ludique à une ironie de crise, «question posée au langage par le langage» (Barthes), mettant en question la tonalité. Une courbe inverse ne se dessinet-elle pas aujourd’hui, d’une ironie interrogeant la possibilité même du discours musical chez Sciarrino ou Pesson, à la «ludicité» (Genette) jubilatoire d’un Mantovani par exemple? Biographie Anne Roubet, agrégée de musique, ancienne élève de l’École Normale Supérieure (Ulm), est professeure associée en histoire de la musique, esthétique et méthodologie de la recherche au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP). Elle est également chargée de cours à l’École Polytechnique. Ancienne Allocataire-moniteur à l’Université de Tours, elle termine actuellement son doctorat, intitulé «Spirales du sens: l’ironie et la crise de la tonalité dans la musique instrumentale, de Beethoven à Schoenberg», sous la direction de Geneviève Mathon (Université de Paris-Est). Mezzo-soprano, elle est membre de la Chapelle Rhénane et se produit en soliste avec divers ensembles. 45 Paysage(s) et grands espaces comme enjeux de la stéréotypie esthétique en musique France St-Jean (avec Claudine Caron) Commissaire indépendante, Canada Résumé Depuis longtemps, nature, musique et peinture se (re)croisent sur le chemin de la création. On pense notamment au compositeur Luc Marcel s’inspirant de tableaux de Riopelle, ou à Michel Gonneville et à Yves Daoust réalisant des compositions dans le cadre des symposiums d’art in situ à la fondation René-Derouin, celles-ci s’inscrivant de facto dans la foulée du landart, mouvement artistique par lequel la nature n’est plus un sujet de représentation, mais le matériau même par lequel l’art se crée. Or, la recherche d’une correspondance ou, parfois, d’une adéquation entre la musique et le paysage soulève nombre de questions, tant théoriques, méthodologiques, qu’esthétiques et ontologiques. Cette communication propose une analyse discursive de l’écriture musicale et du paysage canadien réunis dans l’édition de disques compacts. Nous verrons que le paysage – même le paysage canadien – est polysémique (Bergé et Collot 2008). Éphémère dans la réalité, il se fixe dans l’imaginaire pour la définition d’un lieu. Sous ce signifiant ancré, parfois dans des formes anachroniques relativement au répertoire présenté, se laisse pourtant entendre un répertoire inventif transcendant la stéréotypie liée à la géographie et à la culture du pays. Biographie France St-Jean détient un doctorat en histoire de l’art de l’UQAM. Spécialiste de l’iconographie des rébellions bas-canadiennes et de son utilisation dans la mise en mémoire des patriotes de 1837-1838, elle poursuit des recherches sur diverses représentations visuelles, notamment celles de l’habitant. Elle a publié et prononcé plusieurs articles et conférences sur le sujet, notamment dans la revue Mens, le Journal de la Société pour l’étude de l’architecture au Canada et au Centre d’études canadiennes de l’Université de Groningen aux Pays-Bas.On lui doit également l’exposition «Les Rébellions patriotes dans l’imaginaire des artistes» présentée à la Maison nationale des Patriotes du 28 avril au 30 septembre 2012. 46 Le goût musical en situation festivalière : quand l’environnement dicte les modalités d’appréciation Danick Trottier Université de Montréal, Canada Résumé La présente communication fait état des résultats recueillis dans le cadre d’une recherche réalisée au Festival de Lanaudière à l’été 2012. Ce festival a la particularité de se tenir en plein air en conviant les mélomanes dans un environnement naturel. Une dizaine de concerts ont été ciblés en fonction de trois moments précis: l’avant-concert, le concert et l’après-concert. Cette expérience festivalière, selon les résultats recueillis durant les observations menées, délimite un goût particulier, qui doit s’analyser en contexte estival et selon le décor bien particulier qu’offre le site. Les attitudes et les attentes des mélomanes ne sont pas orientées de façon aussi protocolaire que dans un concert en lieu fermé. Il sera en outre démontré que l’appréciation du concert renvoie directement aux dispositifs à travers lesquels celui-ci est reçu, ces dispositifs étant en continuité ou en rupture avec l’expérience esthétique du festivalier. C’est pourquoi le goût musical en situation festivalière se définirait par une recherche de plaisir et de socialisation qui a à voir avec l’environnement particulier dans lequel le concert est projeté. Biographie Danick Trottier est chargé de cours à la Faculté de musique de l’Université de Montréal et agent de recherche à l’OICRM, où il codirige l’équipe de sociomusicologie. Détenteur d’un doctorat en musicologie (Université de Montréal/ EHESS), il a finalisé en 2010 un stage postdoctoral à l’université Harvard. De 2006 à 2010, il fut responsable des recensions francophones à la revue Intersections. Il a publié dans des revues telles Argument, Circuit, Filigrane et Les Cahiers Debussy. Ses recherches portent sur la professionnalisation en musique, le développement de public et la critique musicale de l’entre-deuxguerres, de même que sur les logiques commémoratives, les processus de canonisation et les œuvres hommages en musique du XXe siècle. 47 Time, Tune, Expression : l’esthétique tripartite de Michael O’Brien, musicien irlandais Damien Verron Université Jean Monnet / Université de Montréal, France / Canada Résumé L’expression endogène du jugement de goût offre à la connaissance scientifique des faits musicaux un ensemble de données hétérogènes pouvant être appréciées selon deux positions complémentaires. Celle, en premier lieu, d’une ethnographie dont l’usage nécessairement relativiste invite à distinguer, au cœur d’un groupe humain arbitrairement isolé, un ensemble de conduites esthétiques reposant sur des principes a priori irréductibles à d’autres cultures. Ensuite celle, plus polémique, d’une anthropologie visant à interroger ce qui, «derrière l’écorce des coutumes particulières» (Molino, 1972, p. 253), procède d’une expérience esthétique dont certaines caractéristiques peuvent être généralisées à l’ensemble de l’espèce humaine. À travers l’examen d’une conception esthétique tripartite de la musique instrumentale à danser irlandaise, obtenue auprès de musiciens du nord-ouest de l’Irlande, une réflexion est entreprise autour de la possibilité d’un élargissement à d’autres cultures, de critères esthétiques repérés dans le cadre d’un fait musical préalablement isolé: les sessions. Biographie Après avoir suivi un cursus universitaire général en musicologie à l’Université Jean Monnet (Saint-Étienne, France), Damien Verron réalise un Master de recherche en 2008, suivi, en 2009, d’une thèse qu’il termine en quatre ans, et pour laquelle il obtient la mention «très honorable, avec les félicitations unanimes du jury». Affilié au Centre Interdisciplinaire d’Etudes et de Recherches sur l’Expression Contemporaine (CIEREC), ainsi qu’à l’OICRM, il est également membre du laboratoire Musicologie Comparée et Anthropologie de la Musique (MCAM). Ses recherches portent sur les rapports entre structure musicale et contexte, étudiés à partir d’une conceptualisation tripartite du fait musical, pris en tant que forme symbolique. 48 Concours Montréal / Nouvelles Critiques Le Festival international Montréal / Nouvelles Musiques (MNM) et l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM) sont heureux de s’associer pour lancer le concours de critique musicale Montréal / Nouvelles Critiques. Ouvert aux étudiants en musique des Université Concordia, Université Laval, Université McGill, Université de Montréal, Université du Québec à Montréal et Université de Sherbrooke (tous programmes et niveaux d’étude confondus), ce concours invite les candidats à soumettre des critiques de concerts présentés dans le cadre du Festival MNM du 21 février au 3 mars 2013. Les participants pourront proposer jusqu’à deux textes d’une longueur de 1000 mots tout au plus et ce, dans un délai de vingtquatre heures suivant la tenue du concert en question. Toutes les critiques soumises seront publiées sur le site du colloque international en esthétique musicale de l’OICRM (esthetiquemusicale. oicrm.org). Un comité d’évaluation sera convoqué pour déterminer le meilleur texte qui sera récompensé par un prix de 1000$ remis conjointement par la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) et l’OICRM. Critères de présentation : fichier Word contenant le titre du concert, la date, le programme détaillé, le nom des artistes, le texte de critique et une courte biographie de l’auteur (150 mots). Pour plus d’informations, ou pour soumettre vos critiques : [email protected] 49 Concerts 28 février 2013, à 19 h 30 à la salle Claude-Champagne L’Atelier d’Opéra de l’Université de Montréal sous la direction de Robin Wheeler ainsi que l’Orchestre de l’Université de Montréal sous la direction de Jean-François Rivest présenteront l’opéra Dialogue des Carmélites de Francis Poulenc. 1er mars 2013, à 17h30 à la salle Serge-Garant (B-484) Une soirée de musique traditionnelle québécoise sera présentée par le duo Duval-Boulanger auquel se joindra le guitariste Michael Ayles pour l’occasion. Cette performance sera précédée d’une conférence de l’ethnomusicologue et musicien Jean Duval à propos des «tounes croches» du répertoire traditionnel québécois. 50 51 52