demande des équipes soignantes, de
la famille ou du médecin traitant »,
rappelle le Dr Vautier. À titre d’exem-
ple, le médecin coordonnateur peut
intervenir au domicile du patient pour
réévaluer une prise en charge, notam-
ment par rapport à la famille (épuise-
ment de la famille). Le Dr Vautier se
félicite de la qualité de la collaboration
et des échanges – sur le terrain et lors
des réunions pluridisciplinaires – avec
les autres professionnels de santé,
notamment les infirmières. « En plus
d’une compétence technique de haut
niveau, largement équivalente à celle
de l’hôpital, les infirmières ont une
grande capacité à gérer seules les
situations difficiles au
domicile » s’en-
thousiasme le Dr Vautier.
La relation est
plus intime puisqu’elle se déroule
chez le patient dont la vie sociale et
familiale doit être prise en compte ; ce
qui exige une certaine souplesse
d’adaptation car cela ne va pas sans
introduire une certaine complexité
dans l’organisation des soins.
Dossiers de soins
Les infirmières de l’HAD sont habilitées
à faire les entrées, c’est-à-dire à expli-
quer le fonctionnement de l’HAD au
patient. « Nous avons une grande auto-
nomie dans notre pratique et une res-
ponsabilité accrue à domicile et une
hiérarchie moins importante qu’à l’hô-
pital. De plus, étant donné l’éventail
des soins, le travail n’est jamais
routinier », résume Christine Dalahaye,
infirmière de jour. Il y a aussi l’attrait de
rencontrer le patient à son domicile car
son comportement n’est pas le même
qu’à l’hôpital. Bien entendu, les infir-
mières effectuent les mêmes soins qu’à
l’hôpital, à savoir les soins techniques
(perfusions, seringues électriques, PCA,
pansements complexes), les soins de
confort (toilette, prévention d’escarres),
mais aussi des soins relationnels (bilan
régulier avec le patient sur son état, sa
douleur, sa situation psychologique).
« Les relations soignant/ soigné sont
les mêmes qu’à l’hôpital. Si ce n’est
qu’en HAD, il faut gagner la confiance
du patient et le rassurer car les soins
sont complexes, explique Mme Dela-
haye. C’est pourquoi on demande une
bonne expérience professionnelle aux
infirmières et une capacité certaine
d’autonomie ». Notre infirmière rap-
porte, par ailleurs, qu’au démarrage de
l’HAD, le patient et la famille éprouvent
une inquiétude importante quant à la
mise en œuvre des soins : inquiétude
qui tend à s’estomper par la suite.
« Nous devons gagner leur confiance »,
insiste l’infirmière. Dans sa pratique
quotidienne à domicile, l’infirmière
consigne par écrit dans un dossier de
soins tout le contenu des soins prati-
qués, toutes les ordonnances, ainsi que
les transmissions aux autres soignants.
La réunion pluridisciplinaire hebdoma-
daire sert aussi à partager et à trans-
mettre les informations entre les
équipes afin d’optimiser les soins. Sur le
terrain, l’infirmière est équipée d’un
téléphone portable pour pouvoir joindre
les autres soignants, le cadre de secteur,
le médecin coordonnateur et le méde-
cin traitant. Selon Christine Delahaye,
l’une des difficultés récurrente dans la
pratique à domicile est de pouvoir assu-
rer à la demande du patient des
horaires de passage fixes, ce qui est
clairement
impossible en raison de
certains soins aux horaires priori-
taires. « Cette contrainte est souvent
mal perçue par le patient et sa
famille, qui doivent attendre le soi-
gnant », regrette Mme Delahaye.
Cette
dernière évoque également le cas
des patients dépendants pour lesquels
la présence d’un entourage familial se
révèle indispensable afin qu’ils accè-
dent à une prise en charge en HAD. Il
arrive souvent qu’infirmière et aide-soi-
gnante exercent en binôme pour la
mobilisation des patients douloureux
(corpulents) et se retrouvent ensemble
au domicile du patient.
Soins délégués
L’aide-soignant dispense les soins
délégués par l’infirmière, essentiel-
lement les soins d’hygiène et les
pansements simples. « Le moment
de la toilette est important pour
signaler tout changement de l’état
général du patient à l’infirmière ou
au médecin », avance Mme Chris-
tine Rochet, aide-soignante de
l’équipe de jour. Selon elle, la rela-
tion avec le patient est plus riche à
domicile. Les échanges sont plus
approfondis qu’à l’hôpital, ce qui
permet de déceler certains pro-
blèmes sociaux ou des angoisses
liées à la maladie. Dans leur rela-
tion quotidienne avec certains
patients, les aides-soignants peu-
vent se trouver confrontés à la bar-
rière de la langue. « On arrive tout
de même à communiquer »,
assure Mme Rochet. Les aides-soi-
gnants veillent alors à ce que les
prescriptions médicales (traitement
et mobilité du malade) soient bien
comprises et suivies par le patient
et son entourage.
Ordonnance du 4 septembre
À tout seigneur, tout honneur,
Raphaël Viollet, en gestionnaire avisé,
fait le point sur cette année 2003.
Ainsi, le budget 2003 de l’HAD Croix
St-Simon était de 11 millions d’euros
pour un objectif annuel de
69 000 journées de prises en charge.
La structure est financée par dotation
globale. Le directeur de la structure se
montre volontiers circonspect quant à
l’impact des réformes introduites par
l’ordonnance du 4 septembre. «La
suppression du taux de change n’a
pas d’impact sur notre structure, car
on n’a pas de projet de développe-
ment à court terme. L’ordonnance
devrait certes faciliter les créations de
places mais le problème majeur
reste le
financement de ces places
autori
sées »,
explique le directeur. Ce
dernier se félicite cependant de l’avè-
nement des groupements de coopé-
ration sanitaire qui devrait permettre
à sa structure d’établir des coopéra-
tions étroites avec d’autres établisse-
ments, notamment dans les domaines
pharmaceutiques et logistiques.
Le développement de l’HAD est une
voie d’avenir, notamment grâce à la
mise en place de certains dispositifs
d’aide financière. Car les limites du
maintien à domicile ont souvent un
caractère social.
François Cohen
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 53 • mars 2004
Soins Libéraux 35