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précises sur la limitation du pouvoir politique, il existait déjà certains ingrédients d’une
limitation du pouvoir des gouvernants en Grèce ou à Rome.
Richesse de la pensée constitutionnelle antique
La pensée antique : Platon et Aristote se sont penchés sur des questions d’ordre politique sous
l’angle de la justice. À Rome, on note la mise en place d’institutions précises et techniques et
l’existence de règles juridiques précises pour l’élection des magistrats. Le Moyen Âge a
beaucoup puisé dans le matériau que lui offraient les périodes précédentes. La période au cœur
du Moyen Âge est très riche en inventions techniques (11e siècle), d’institutions qu’il faut
sauvegarder et voit l’apparition du mécanisme de délibération. Il existe des pouvoirs puissants
pour éviter l’abus de pouvoir. On a parlé d’un « proto-Constitutionnalisme ».
Sur toute la période médiévale, on peut remarquer de très nombreuses techniques
constitutionnelles ainsi que d’innombrables textes dont l’objet est de mener une réflexion sur la
limitation du pouvoir des gouvernants. Entre les 12e et 16e siècles, la monarchie va se
consolider, mais certaines idées germent dans les esprits : des idées qui critiquent les
hiérarchies sociales, des idées qui critiquent le pouvoir personnel et enfin des idées visant à
promouvoir la participation des sujets aux décisions qui les concernent : « celui qui préside doit
être élu par tous ». Le principe délibératif veut que dès lors que quelqu’un est concerné par une
décision, celui-ci doit y prendre part. Par ailleurs, il existe dans certains milieux laïques ou
ecclésiastiques une critique très sévère de la monarchie de droit divin, et l’idée défendue à
l’époque est celle selon laquelle le droit suprême est détenu, non pas par le droit, mais par le
peuple et la nation elle-même. Ce qui revient à dire que les gouvernants eux-mêmes sont
également soumis aux lois. Des voix se sont élevées, favorables à un partage des pouvoirs, au
sein de nombreuses corporations. Il existe donc, dès le Moyen Âge, des techniques
constitutionnelles extrêmement précises. C’est la raison pour laquelle en 1789 on s’est tourné
vers ces corporations pour écrire la Constitution.
Héritage et esprit de continuité
La mobilité des personnes et des idées fait que l’existence d’une même technique ne signifie
pas forcément qu’on soit en présence d’une filiation historique. Il est donc difficile de distinguer
l’invariance de l’influence historique. Mais il est possible de constater qu’il existe des strates
liées les unes aux autres. Les institutions ont beaucoup voyagé. Il y a une mobilité du personnel,
une mobilité des individus, qui permet le voyage des institutions.
L’héritage du passé démontrerait qu’il existe une confiance chez le citoyen dans la vertu du
dialogue : une décision prise par plusieurs est plus juste qu’une décision prise par un seul (goût
pour la modération du pouvoir et critique de l’absolutisme).
Apparition et caractère du Constitutionnalisme moderne
Constitutionnalisme moderne et État moderne
Bien des auteurs ont insisté sur la continuité entre temps anciens et modernes, mais il faut
souligner que dans l’intervalle est né l’État moderne, puisque depuis les 17e et 18e siècles,
nous sommes entrés dans une période nouvelle. Auparavant, les sphères publiques et privées
n’étaient pas délimitées très clairement. Le Constitutionnalisme moderne se caractérise par
l’existence d’un État stable, structuré, et maintenu debout par une Constitution. À l’époque de
l’Ordre ancien, les gouvernants sont la plupart du temps mis à leur fonction par une volonté
extérieure au corps politique (droit divin) ; alors que plus tard, les monarques vont conserver, au
moins jusqu’à la fin du 18e siècle, la faculté d'interpréter les lois. On assiste à la mise en place
d’un État qui ne tient plus debout par le fait d’une volonté extérieure, mais en raison de la
constitution d’un contrat. L’État moderne est indissociable d’une certaine laïcisation du pouvoir.
Les fondements mêmes de l’État ont bougé durant cet intervalle. Cette justification n’est pas du
tout la même entre la période d’Aristote et la période de Locke.