l`inegalite des chances selon bourdieu et boudon

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L'INEGALITE DES CHANCES SELON BOURDIEU ET BOUDON
Les sociétés des pays développés à économie de marché sont traversées par de multiples
inégalités sociales. L'accès aux différents stades de la scolarité en est une. Depuis la fin du
XX siècle, le système scolaire fait l'objet de controverses quant au fonctionnement qu'il
remplit. Le projet d'une école laïque et républicaine, donnant à tous les élèves une égalité des
chances, s'est heurté à des obstacles majeurs, analysés selon des points de vue très
divergents par Pierre Bourdieu et Raymond Boudon. Le système scolaire contribue-t-il à
atténuer l inégalité des chances ? L'aggrave-t-il au contraire ? Quels sont les facteurs
extrascolaires qui déterminent cette inégalité des chances ?
I) L'analyse de Pierre Bourdieu
a) Le personnage
Né en 1930 dans un milieu modeste.
Études brillantes (normalien et agrégé de philosophie) => prof à la fac de Lille.
Il fait une analyse originale de l'espace sociale en termes de CAPITAUX.
Difficilement classable, il emprunte des notions au déterminisme de Durkheim et la notion de classe
sociale et de bipolarisation à Marx.
Il est de tradition HOLISTE : « le tout l'emporte sur les parties »
Ex : pour comprendre le fonctionnement de l'école, il faut analyser l'ensemble du système scolaire et non
pas partir des choix des individus.
Dès 1964, avec Passeron, il montrait dans Les héritiers, les inégalités des chances d'accéder à
l'enseignement supérieur pour les fils de cadre et les fils d'ouvrier.
En 1970, dans La reproduction, il insiste à nouveau sur les inégalités de chance, de réussite sociale, et
dénonce même une tendance à la « reproduction » des catégories sociales.
b) Une approche en terme de reproduction sociale
PRINCIPE : l'école est un instrument de reproduction sociale au service des classes dominantes !
EXPLICATION : Selon Pierre Bourdieu, de génération en génération, les individus ou les groupes
d'individus cherchent à maintenir ou à améliorer leur position sociale : c'est le principe de la reproduction
sociale.
Ex : Dans les sociétés traditionnelles, les stratégies matrimoniales permettaient d'assurer la reproduction
sociale.
Ex : Dans notre société, le diplôme est le passeport indispensable à l'obtention d'un emploi.
=> Les stratégies de reproduction doivent alors évoluer => mise en place d'une nouvelle stratégie de
reproduction qui va passer par l'école
=> Les inégalités scolaires sont liées au fonctionnement de l’institution scolaire.
c) Des inégalités liées au fonctionnement de l’école
Pour Bourdieu, la réussite scolaire des enfants des classes dominantes ne s'explique pas par leur talent
(leur don) mais par leur héritage culturel.
Pour Bourdieu, chaque participant au jeu social dispose de ressources, largement léguées par les
parents. Ces ressources sont assimilables à des CAPITAUX.
PARENTS ========================================== > ENFANT
CAPITAUX (culturel, éco, social)
CAPITAL CULTUREL : ce sont les connaissances comme la maîtrise de la langue (« le choix du mot
juste ») l'amour de l'Art
=> Cela est utilisable principalement à l'école.
CAPITAL ECONOMIQUE : Ce sont l'ensemble des ressources matérielles (Rev + Pat) Ex : la
transmission de l'outil de travail CAPITAL SOCIAL : C'est l'étendue des relations sociales Ex : « on hérite
d'un carnet d'adresse », les clubs fréquentes...
Les familles transmettent à leurs enfants un capital culturel que l'école va valoriser car les savoirs être et
faire de la classe dominante sur aussi ceux exigés à l'école (culture libre, langage, mode de
raisonnement...).
L'école en privilégiant des qualités comme l'expression l'orale ou écrite, la possession d'une culture
extrascolaire est conforme à la culture dominante.
Qui plus est, l'HABITUS des enfants des classes dominantes est en affinité avec celui des enseignants
(même valeurs, même goûts culturels...).
CSQ : Ecole va jouer un rôle très important dans la REPRODUCTION SOCIALE d'une génération à
l'autre
=> L'école ne FAVORISE PAS l'égalité des chances mais RENFORCE, voire JUSTIFIE les inégalités
=> Elle n'est pas NEUTRE
=> C'est une instance de reproduction aux mains de la CLASSE DOMINANTE
Les familles transmettent à leurs enfants un capital culturel que l'école valorise alors que les enfants de la
classe dominée connaissent des problèmes d'acculturation (difficultés pour assimiler une autre culture).
=> La socialisation de la famille est complémentaire de la socialisation scolaire pour la CLASSE
DOMINANTE et opposée pour la CLASSE DOMINEE !
Ex : Les étudiants sont en fait « des héritiers » de la classe dominante.
De plus, le système RUSE !
Il donne l'impression de l'égalité des chances, tout en faisant de l'école un instrument de sélection
sociale.
Dans ces conditions, les enfants des classes populaires acceptent leur élimination et la considèrent
comme normale.
Or les enfants et leur famille ne maîtrisent pas réellement leur destin scolaire.
=> La domination d'une classe sociale sur l'autre est donc toujours d'actualité et la différence ne se fait
plus uniquement sur des critères économiques.
d) La lutte contre l’inégalité des chances
Selon Bourdieu, l'école est une INSTANCE DE REPRODUCTION au service des classes dominantes et
tant que l'école traitera de la même manière des enfants aux atouts différents, elle ne fera que reproduire
les inégalités sociales.
=> Il faut donc selon lui traiter différemment les élèves selon l'origine sociale.
L'égalité des chances ne pourra être assurée qu'au prix d'une transformation radicale de l'école.
Ex : Il faut que les enseignants changent leurs pratiques pédagogiques en partant du fait que les enfants
des classes dominées souffrent d'un handicap culturel. Ils doivent également modifier leurs méthodes
d'évaluation en n'interrogeant les élèves que sur ce qu'ils leur ont enseigné.
EX : mesures spécifiques pour les Z.E.P ; soutien scolaire ; effectifs moindres.
II) L'ANALYSE DE RAYMOND BOUDON
a) Le personnage
Né en 1934
Chef de f ile de l'individualisme méthodologique. ( on part de l'individu et pour avoir l'ensemble des
individus, on fait la somme des comportements individuels s'inspirant ainsi de Max Weber)
Ex : Pour comprendre l'école, il faut partir de la stratégie des individus.
=> Il existe un HOMO SOCIOLOGICUS, c'est un dire un individu rationnel, libre de ses choix et qui fait
donc la vie sociale (il est actif, acteur et non pas passif ^ Bourdieu).
Comme Bourdieu, il constate qu'il existe dans notre société une « inégalité des chances » selon l'origine
sociale mais, son explication est différente de celle de Bourdieu.
Inégalité des chances 1973
b) Des inégalités scolaires liées au libre choix des familles
PRINCIPE : l'école est neutre ! les inégalités scolaires ne sont que le résultat de stratégies individuelles
qui sont différentes selon l'origine sociale.
EXPLICATIONS : En effet, selon Boudon, l'école est caractérisée par tout un ensemble de points de
bifurcation (choix de la langue, des options au collège, seconde à option, choix des filières en première,
choix post-bac : fac ou grandes écoles).
Or, à chaque point de bifurcation, ils existent des stratégies individuelles qui varient selon l'origine sociale.
En effet, les élèves et leur famille comparent les coûts et avantages de leurs choix à chaque décision.
Coût = Temps perdu, effort financier consenti, rupture avec la culture du milieu familial, risque d'échec...
Avantage = diplôme => salaire élevé + niveau social plus élevé.
Tant que les avantages sont supérieurs au coût => on continue ses études.
Or les familles issues de milieu modeste surestiment le coût et sous-estiment les avantages du diplôme
alors que c'est le contraire pour les enfants issus de milieu privilégié
CSQ : un élève issu d'un milieu modeste choisira plus facilement de s'arrêter au bac (c'est déjà une
réussite par rapport aux parents) ou des filières courtes (rentabilité immédiate) alors qu'un élève issu d'un
milieu aisé s'arrêtera rarement au niveau bac (coût psychologique trop important de l'arrêt des études).
=> Ainsi, les inégalités scolaires et donc sociales s'expliquent par les actions, les stratégies individuelles
des familles dans le système scolaire et non pas par le fonctionnement de l'école !
c) La lutte contre l’inégalité des chances
Pour restaurer l'égalité de chances, il faut combattre les effets pervers des stratégies.
En limitant les choix d'orientation, on pourrait limiter les inégalités mais dans ce cas, l'école ne serait plus en
adéquation avec les besoins professionnels.
L'augmentation des bourses permettrait de limiter les coûts des études.
Mais pour Boudon, la meilleure solution serait de lier la carrière scolaire aux résultats des élèves, les
professeurs orientant les élèves en fonction de leurs résultats.
RMQ : Pour Boudon, la démocratisation de l'enseignement ne permettra pas une égalité des chances, car il n'y a
pas selon lui « congruence » (adéquation) entre la structure sociale et la structure scolaire (répartition des
individus par niveau de diplôme). En effet, si grâce à la démocratisation de l'enseignement (80% au bac), on
compte de plus en plus de diplômés, ça n'est pas pour cela que les postes qualifiés vont être occupés par les
enfants issus de milieu modeste. On risque en effet d'avoir plus de diplômés que de postes qualifiés dans la
société (non congruence entre structure sociale et structure scolaire), si bien que les enfants favorisés
risquent de continuer à occuper les positions sociales élevées, alors que les enfants issus de classes
moyennes ou modestes risquent d'être victimes d'une déqualification de leurs diplômes (malgré des diplômes,
occuper une position sociale peu élevée dans la hiérarchie, car pas suffisamment de postes).
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