Critique de roman
par Dominyk Grenier,
Enseignante de français
de 3e secondaire
Le quatrième mur
par Sorj Chalandon
Une page couverture assez sobre, un titre
intriguant et la mention «Prix des libraires
du Québec : roman hors Québec 2014», voi-
là ce qui m’a d’abord airée vers le roman Le
quatrième mur de Sorj Chalandon, un jour-
naliste et écrivain français dont la plume a
été récompensée à quelques reprises pour
ses diérentes œuvres dont Une pro-
messe et Retour à Killybegs. L’histoire de
Georges, ce protagoniste français désireux
de réaliser le rêve fou d’un ami mourant,
soit celui de mere en scène la pièce culte
Antigone de Jean Anouilh en plein cœur
de Bérouth avec des acteurs provenant de
camps ennemis, nous transporte dans une
dure réalité qu’est la guerre civile au Liban.
Cela a certainement été une lecture dérou-
tante au départ, car les lieux, les person-
nages et le contexte sociohistorique sont as-
sez loin de notre vie nord-américaine. Or,
prise au piège par la qualité de l’écriture de
Chalandon, dure et réaliste, par l’évolution
psychologique du personnage principal
brillamment construite et par l’intrigue ha-
bilement celée, je me suis laissée empor-
ter par cee tragédie. L’espoir, la terreur,
la rage, l’amour et l’injustice… tout y était!
À un certain moment, on a même l’impres-
sion de vivre l’histoire à travers Georges,
ce qui démontre tout le talent de l’auteur.
Ainsi, une fois imprégnée de cet univers, il
a été dicile de me détacher de ces pages.
Il va sans dire que je recommande cee lec-
ture qui m’a permis de rééchir à la dure
réalité vécue dans certains pays.
C’est malaisant d’entendre malaisant
Vous avez certainement entendu ce mot autour de
vous dernièrement : malaisant. Il se glisse si facilement
dans une conversation : J’ai vécu une situation si ma-
laisante que j’ai voulu pleurer. Pourtant, cet adjectif a
sans doute causé un malaise à vos oreilles. Vous avez
été mal à l’aise pour celui qui l’utilisait parce que vous
saviez qu’il s’éloignait du bon usage. Même s’il n’est
pas considéré comme correct pour l’instant dans la
langue française, il semble tout de même remplir un
vide lexical puisqu’aucun autre adjectif n’existe pour
le remplacer ecacement. Nous sommes devant un
cas intéressant du français; comme il est utile et qu’il
comble un manque réel peut-être qu’à force d’usage
ce mot deviendra acceptable, surtout qu’il n’est pas
un anglicisme. L’introduction ocielle de ce nouveau
terme pourrait se faire si son utilisation devient très ré-
pandue. Du coup, il ne serait plus malaisant de dire
malaisant.
Si le sujet vous intéresse, vous pouvez lire l’article dé-
taillé de Ludmila Bovet «Malaisant» : intrus ou reve-
nant dans la revue Québec Français # 172.
A. M.