UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE Année 2007 N°31 THESE Pour le DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Qualification en Médecine Générale Par Stéphanie VASSEUR Née le 21 mars 1976 à Challans (85) Présentée et soutenue publiquement le 2 octobre 2007 L’OBESITE ET SON TRAITEMENT CHIRURGICAL : DONNEES ACTUELLES ET PRISE EN CHARGE PAR L’EQUIPE MULTIDISCIPLINAIRE Président : Monsieur le Professeur KREMPF Michel Directeur de thèse : Monsieur le Docteur LETESSIER Eric 1 TABLE DES MATIERES INTRODUCTION 15 I. DEFINITION DE L’OBESITE 16 1. IMC: Indice de Masse Corporelle 1.1. Définition de l’obésité par l’OMS 1.2. Classification de l’excès de poids et évaluation du degré de risque pour la santé par l’OMS 1.3. Limites de la définition de l’obésité par l’IMC 2. Autres définitions 2.1. Définition de l’obésité morbide 2.2. Evaluation de la perte d’excès de poids 2.3. L’obésité: une pathologie hétérogène dans sa présentation 3. Que mesurer lors du bilan ? 3.1. Rapport taille/hanches 3.2. Morphotypes et obésité 3.2.1. adiposité androïde 3.2.2. adiposité gynoïde 3.2.3. adiposité mixte 3.3. En pratique clinique 4. Données étiologiques 4.1. Facteurs comportementaux 4.1.1. Comportement alimentaire normal a. Définition du comportement alimentaire b. Les sensations alimentaires c. La séquence comportementale d. Des fonctions interdépendantes 4.1.2. Troubles du comportement alimentaire a. Conditions d’apparition b. Notion d’hyperphagie c. Syndrome d’hyperphagie incontrôlée d. « Sweat eating » 4.1.3. Comportement alimentaire des obèses a. Troubles du rythme alimentaire b. Pulsions alimentaires c. Préférences alimentaires 4.2. Facteurs génétiques 4.2.1. Interaction gènes-environnement 4.2.2. Obésités monogéniques a. Obésités isolées b. Obésités avec retard mental 4.2.3. Obésités communes 4.2.4. Arguments en faveur d’une prédisposition génétique de l’obésité 4.2.5. Syndrome de Prader-Willi a. Clinique du syndrome de Prader-Willi b. Etude génétique dans le syndrome de Prader-Willi c. Prise en charge du syndrome de Prader-Willi 16 16 18 18 19 19 20 20 21 21 22 22 23 23 23 24 25 25 25 26 27 28 29 29 29 31 32 32 32 33 33 33 33 34 34 34 35 36 37 37 38 39 2 II. DONNEES DEMOGRAPHIQUES CONCERNANT L’OBESITE 40 1. Prévalence 1.1. Résultats des enquêtes françaises 1.2. Prévalence selon le milieu socio-économique et socio-culturel 1.3. Prévalence selon l’origine ethnique 1.4. Prévalence et facteurs environnementaux 2. Variations dans le temps 2.1. Enquêtes françaises nationales 2.1.1. Enquêtes INSEE 2.1.2. Enquêtes ObÉpi a. Enquêtes ObÉpi 1997, 2000 et 2003 b. Enquête ObÉpi 2006 2.2. Enquêtes françaises régionales 3. Autres pays 4. Coût pour les systèmes de soins de la prise en charge de l’obésité 4.1. Etudes françaises 4.2. Etudes internationales 4.3. Conclusion des études médico-économiques 40 40 III. DONNEES DE SANTE PUBLIQUE CONCERNANT LA CHIRURGIE DE L’OBESITE 52 1. En France 1.1. Enquête Oberlin : méthodologie 1.2. Observatoires régionaux de santé 2. Les autres Pays 2.1. Obésité dans le monde 2.2. Enquête SOS (Suède) IV. FACTEURS DE RISQUES LIES A L’OBESITE 1. La surmortalité 2. Les comorbidités 2.1. Définition 2.1.1. Risque vital associé à l’obésité 2.1.2. Autres facteurs de risque de l’obésité 2.2. Le syndrome métabolique, syndrome X ou « obésité maligne » 2.2.1. Définitions (OMS et NCEP) 2.2.2. Diagnostic du syndrome métabolique a. L’ « obésité maligne » b. Autres anomalies du syndrome métabolique 2.2.3. Evolution du syndrome métabolique 2.2.4. Traitement du syndrome métabolique a. Prévention b. Traitement du syndrome métabolique constitué 2.3. Le diabète de type 2 2.3.1. Epidémiologie 2.3.2. Physiopathologie 40 41 41 42 42 42 42 42 44 48 48 48 48 51 51 52 52 57 58 58 59 60 60 62 62 62 62 63 63 65 65 65 66 66 66 67 68 68 68 3 2.3.3. Données cliniques 2.4. Le Syndrome d’apnées du sommeil (SAS) 2.4.1. Retentissement respiratoire de l’obésité 2.4.2. Définition du SAS 2.4.3. Prévalence du SAS chez l’obèse 2.4.4. Symptomatologie clinique 2.5. L’hypertension artérielle 2.6. Le risque vasculaire 2.6.1. Le rique vasculaire absolu 2.6.2. Evaluation en pratique du risque vasculaire 2.6.3. Stratégies thérapeutiques 3. La fréquence augmentée de certains cancers 3.1. L’excès pondéral est responsable de 5% des cancers en Europe 3.2. Physiopathologie 3.3. En pratique V. POURQUOI TRAITER L’OBESITE ? 1. Diminuer la surmortalité ? 2. Améliorer les comorbidités 2.1. Données générales 2.2. Traitement médical et comorbidités 2.3. Traitement chirurgical et comorbidités 2.4. Traitement spécifique des comorbidités 2.5. Données spécifiques suivant les comorbidités 2.5.1. Traitement de l’HTA associée à l’obésité 2.5.2. Traitement spécifique du SAS associé à l’obésité 2.5.3. Traitement spécifique du diabète associé à l’obésité 2.5.4. Traitement spécifique de l’arthrose associé à l’obésité 2.5.5. Traitement spécifique de la stéatose associé à l’obésité 3. Prévenir l’apparition des comorbidités ? 4. Améliorer la qualité de vie 5. Permettre la réinsertion professionnelle VI. TRAITEMENT MEDICAL DE L’OBESITE 69 69 69 69 70 70 72 72 73 73 73 76 76 76 76 77 77 78 78 78 80 82 83 83 83 84 86 86 87 88 89 90 1. Recommandations actuelles 1.1. Objectifs du traitement 1.2. Méthodes thérapeutiques 1.3. En pratique 1.3.1. IMC compris entre 25 et 29,9 kg/m2 1.3.2. IMC supérieur à 30 kg/m2 90 90 90 91 91 91 2. Evaluation clinique pré-thérapeutique 3. Le conseil nutritionnel 3.1. Différentes modalités de diminution des apports caloriques ont été proposées 3.2. Répartition des macronutriments 91 92 92 92 4 4. L’activité physique 5. L’approche cognitivo-comportementale 6. Traitements médicamenteux 6.1. Recommandations 6.2. Traitements abandonnés 6.3. Médicaments du futur 6.3.1. Agents ayant une action sur les centres nerveux 6.3.2. Molécules d’origine digestive 6.3.3. Molécules agissant sur les dépenses basales, la thermogénèse VII. TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OBESITE 1. interventions chirurgicales 1.1. Les interventions de réduction gastrique 1.1.1. La gastroplastie verticale calibrée 1.1.2. Les gastroplasties par anneaux 1.1.3. La sleeve gastrectomy 1.2 Les interventions mixtes 1.2.1. Le court-circuit gastrique ou by-pass gastrique 1.2.2. La dérivation bilio-pancréatique 1.2.3. Le duodénal switch 1.3. Autres techniques 1.4. Coût de la chirurgie 2. Complications des techniques chirurgicales 2.1. Mortalité opératoire 2.2. Complications des différentes techniques chirurgicales 2.2.1. La gastroplastie verticale calibrée 2.2.2. Gastroplastie par anneau modulable 2.2.3. Le by-pass gastrique 2.2.4. La sleeve gastrectomy 2.2.5. La diversion bilio-pancréatique type Scopinaro 2.3. Conséquences nutritionnelles de la chirurgie de l’obésité 3. Indications des techniques chirurgicales en fonction de l’IMC : options et standarts 4. Bilan décisionnel de la chirurgie de l’obésité 4.1. Principes 4.2. Bilan décisionnel 4.2.1. Equipe multidisciplinaire 4.2.2. Bilan pré-opératoire a. Consultation chirurgicale b. Consultation endocrinologique c. Consultation psychiatrique et/ou psychologique d. Consultation diététique e. Consultation anesthésique 4.3. Conclusion de l’évaluation pré-opératoire 5. Résultats du traitement chirurgical 5.1. Remarques méthodologiques 5.2. Etudes rétrospectives 93 93 93 93 94 95 95 95 96 96 96 96 97 98 100 100 100 102 103 104 105 106 106 107 107 108 109 110 111 111 114 118 118 118 118 119 119 120 120 120 121 121 121 122 122 5 5.2.1. Séries rétrospectives concernant les anneaux 5.2.2. Séries rétrospectives concernant les by-pass 5.2.3. Séries rétrospectives concernant les techniques de malabsorption (DBP-DS et by-pass calibré) 5.3. Etudes de cohortes : l’étude SOS 5.3.1. Méthodologie 5.3.2. Résultats concernant la perte de poids 5.3.3. Résultats concernant les comorbidités 5.3.4. La qualité de vie 5.4. Etudes randomisées 5.5. Méta-analyses 5.6. Conclusion de l’analyse de la littérature 6. Les recommandations 6.1. Indications de la chirurgie de l’obésité 6.2. Contre-indications 6.3. Recommandations pour la prise en charge péri-opératoire 6.4. Conditions de mise en œuvre de la chirurgie 122 125 126 128 128 128 130 131 132 134 136 137 137 138 138 139 VIII. DISCUSSION 141 IX. EN PRATIQUE 146 1. Le bilan initial 1.1. Consultation d’endocrinologie 1.1.1. Interrogatoire et bilan clinique a. Définition de l’obésité b. Histoire de l’obésité c. Consommation calorique quotidienne d. Recherche de troubles du comportement alimentaire e. Evaluation de l’activité physique f. Etudes des facteurs familiaux g. Composition corporelle 1.1.2. Recherche de comorbidités associées à l’obésité a. Examens biologiques b. Les comorbidités 1.1.3. Recherche de causes d’obésité secondaire 1.2. Consultation chirurgicale 1.2.1. Examen clinique 1.2.2. Information au patient 1.3. Consultation psychologique 1.4. Consultation diététique 1.5. Consultation d’anesthésie 2. Pour quels patients ? 3. Les acteurs 3.1. Rôle de l’endocrinologue ou du médecin nutritionniste 3.1.1. Avant l’intervention 3.1.2. Après l’intervention 3.2. Rôle du psychiatre 3.3. Rôle du médecin traitant 146 146 146 146 147 147 147 147 147 147 147 147 148 148 148 149 149 149 149 150 151 152 152 152 153 154 155 6 3.4. Rôle de la diététicienne 158 3.5. Rôle du chirurgien 159 4. Le suivi 160 4.1. Sa justification 160 4.2. Ses grands principes 160 4.3. Les acteurs 161 5. Evaluation des résultats 165 5.1. Analyse des habitudes alimentaires 165 5.2. Le BAROS 165 5.3. Autres questionnaires de qualité de vie utilisés dans la chirurgie de l’obésité massive 169 5.3.1. Le SF-36 169 5.3.2. Le GICLI 169 5.3.3. Le SIP 170 5.3.4. Le IWQOL-Lite 170 5.4. Les questionnaires psychiatriques 170 5.4.1. Les hétéro-questionnaires 170 a. L’échelle de dépression de Montgomery et Asberg ou MADRS 170 b. L’échelle brève d’anxiété de Tyrer 170 5.4.2. Les auto-questionnaires 171 a. The bulimia test ou le Bulit 171 b. Le profil de la qualité de vie subjective ou PQVS 171 5.4.3. L’échelle de gêne pour les actes de la vie quotidienne 171 6. Lettre d’information en vue d’une gastroplastie 171 7. Lettre d’information en vue d’un by-pass 171 CONCLUSION 172 ANNEXE 1 : Lettre d’information en vue d’une gastroplastie ANNEXE 2 : Lettre d’information en vue d’un by-pass ANNEXE 3 : Chartre du traitement chirurgical de l’obésité du Service d’Endocrinologie du CHU de Nantes ANNEXE 4 : Bilan annuel prescrit par le médecin traitant d’un patient ayant subi une intervention de chirurgie bariatrique ANNEXE 5 : Prescription de la supplémentation vitaminique pour un patient ayant subi une intervention de chirurgie bariatrique 176 179 GLOSSAIRE 185 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 187 182 183 184 7 INDEX DES TABLEAUX Tableau 1 : Classification de l’obésité et risque de comorbidités 18 Tableau 2 : Valeurs de tour de taille associées à une augmentation du risque métabolique aux Pays-Bas 22 Tableau 3 : Anthropométrie et risque cardiovasculaire 22 Tableau 4 : Les différentes phases du comportement alimentaire 28 Tableau 5 : Gènes impliqués dans des obésités monogéniques. Symptômes associés à l’obésité phénotype 34 Tableau 6 : Gènes impliqués dans la régulation de la masse grasse. Le phénotype associe des modifications de l’appétit, de l’activité. Travaux réalisés chez les rongeurs 36 Tableau 7 : Mutations de certains gènes impliqués dans la régulation de la masse grasse induisant une résistance à l’obésité chez les rongeurs 36 Tableau 8 : Critères d’Holm modifiés 38 Tableau 9 : Prévalence de l’IMC ≥ 27,3 kg/m2 chez les femmes américaines 41 Tableau 10 : Evolution du tour de taille depuis 1997. Données de l’enquête ObÉpi-Roche 2006 47 Tableau 11 : Nombre de décès liés à l’obésité en France en 1992 (d’après Levy et al.) 49 Tableau 12 : Coûts directs (milliards d’Euros) de l’obésité et des maladies associées en France en 1992 (d’après Levy et al.) 49 Tableau 13 : Risque relatif et prévalence de différentes pathologies chez les sujets obèses adultes (IMC>30 kg/m2) par rapport aux sujets non obèses (18,5<IMC<25) (d’après Detournay et al.) 50 Tableau 14 : Comparaison des dépenses annuelles moyenne de santé par personne, suivant l’IMC (d’après Detournay et al.) 50 Tableau 15 : Estimations de l’impact économique de l’obésité (coût annuel et pourcentage relatif des dépenses de santé) dans différents pays, suivant l’année estimée et l’IMC 51 Tableau 16 : Evolution de 1997 à 2003 du nombre annuel de séjours pour chirurgie de l’obésité selon le sexe (données du rapport Oberlin) 52 Tableau 17 : Prévalence de l’obésité par ZEAT en 2002-2003 (en%) 55 Tableau 18 : Analyse de la prévalence de l’obésité par groupes de régions 57 8 Tableau 19 : Prévalence de l’obésité chez les 15 ans et plus, dans les Pays de Loire et France métropolitaine (1997-2006) 57 Tableau 20 : Prévalence (%) de l’obésité (IMC ≥ 30 kg/m2) dans différentes régions du monde lors de la première (1979-1989) et de la seconde (1989-1996) étude MONICA chez des hommes et des femmes agés de 34 à 65 ans 58 Tableau 21 : Syndrome métabolique selon l’OMS 64 Tableau 22 : Syndrome métabolique selon le NCEP 64 Tableau 23 : Signes cliniques diurnes et nocturnes du SAS 70 Tableau 24 : Echelle de somnolence d’Epworth 71 Tableau 25 : Bénéfices théoriques d’une perte de poids de 10 kg d’après le Scottish Intercollegiate Guidelines Network 80 Tableau 26 : Traitement des comorbidités (d’après l’OMS) 82 Tableau 27 : Evaluation médico-économique de l’obésité morbide par anneau gastrique ajustable suédois versus la prise en charge médicale conventionnelle 105 Tableau 28 : Proposition de choix des techniques chirurgicales en fonction de l’IMC 114 Tableau 29 : Résultats à long terme des gastroplasties par anneau 123 Tableau 30 : Etudes rétrospectives concernant les anneaux de gastroplasties: Lap-Band (LAGB) et Obtech band (SAGB). 124 Résultats en termes de perte d’excès de poids (d’après O’Brien) Tableau 31 : Etudes rétrospectives concernant les by-pass. Résultats en termes de perte d’excès de poids (d’après O’Brien) 125 Tableau 32 : Etudes rétrospectives concernant les by-pass avec une anse alimentaire longue. Résultats en termes de perte d’excès de poids (d’après O’Brien) 126 Tableau 33 : Etudes rétrospectives concernant les diversions bilio-pancréatique avec duodénal switch. Résultats en termes de perte d’excès de poids (d’après O’Brien) 127 Tableau 34 : Etudes rétrospectives concernant les by-pass calibrés. Résultats en termes de perte d’excès de poids (d’après O’Brien) 127 Tableau 35 : Evolution de l’IMC, comparaison entre le groupe chirurgie et le groupe contrôle dans l’étude du SOS 130 9 Tableau 36 : Fréquence des comorbidités chez les patients de l’étude SOS ayant bénéficié du traitement conventionnel ou du traitement chirurgical, 2 et 8 ans après l’inclusion (d’après Sjöström) 131 Tableau 37 : Perte de poids après chirurgie bariatrique. Moyenne des résultats obtenus suivant les techniques dans les essais contrôlés, d’après Maggard 133 Tableau 38 : Perte de poids après chirurgie bariatrique. Moyenne des résultats obtenus suivant les techniques dans la littérature d’après Maggart 145 Tableau 39 : Calendrier de suivi postopératoire 164 Tableau 40 : BAROS : Evaluation de la perte de poids 166 Tableau 41 : BAROS : Evaluation des comorbidités 167 10 INDEX DES FIGURES Figure 1 : Outil de calcul de l’indice de masse corporelle 17 Figure 2 : Evolution de l’IMC entre ObÉpi 1997 et ObÉpi 2003 43 Figure 3 : Prévalence de l’obésité chez les plus de 18 ans en France de 1980 à 2006 43 Figure 4 : Evolution de la prévalence de l’obésité en fonction de la profession de l’individu 44 Figure 5 : Evolution de l’IMC depuis 1997. Données de l’enquête ObÉpi-Roche 2006 46 Figure 6 : Répartition de la population masculine et féminine par niveau d’IMC depuis 1997. Données de l’enquête ObÉpi-Roche 2006 46 Figure 7 : Prévalence de l’obésité en fonction de l’âge et du sexe en 2006. Données de l’enquête ObÉpi-Roche 2006. 47 Figure 8 : Evolution de 1997 à 2003 des taux de recours à la chirurgie de l’obésité selon le sexe (données du rapport Oberlin) 53 Figure 9 : Evolution de 1997 à 2003 de la prévalence de l’obésité et du taux de recours à la chirurgie de l’obésité (données du rapport Oberlin) 53 Figure 10 : Prévalence de l’obésité et recours à la chirurgie par ZEAT en 2003 (données du rapport Oberlin) 56 Figure 11 : Evolution de la prévalence de l’obésité chez les hommes dans différents pays à partir d’échantillons nationaux 59 Figure 12 : Risque de mortalité en fonction de l’IMC 60 Figure 13 : Courbe de mortalité en fonction de l’IMC dont la valeur idéale se situe entre 21 et 25 kg/m2 61 Figure 14 : Risque vasculaire absolu obtenu par l’équation PROCAM d’un patient obèse âgé de 50 ans et présentant un syndrome plurimétabolique, comparé à un sujet contrôle, et résultats des effets d’un traitement combiné (hypolipémiant et hypotenseur) ou d’un amaigrissement modéré de 10% du poids initial 74 11 Figure15 : Une étude de 6 ans montre la glycémie et la perte de poids moyenne de 105 patients obèses morbides et diabétiques de type 2 qui ont subi une BPD/DS 81 Figure 16 : Gastroplastie verticale calibrée selon Mason 97 Figure 17 : Gastroplastie verticale calibrée modifiée selon Mac Lean 97 Figure 18 : L’anneau gastrique 98 Figure 19 : Anneau BioEnterics 99 Figure 20 : Anneau Héliogast® 99 Figure 21 : Anneau Gastrique Ajustable Suédois (SAGB ) 99 Figure 22 : La Sleeve Gastrectomy 100 Figure 23 : Le by-pass gastrique 101 Figure 24 : La dérivation bilio-pancréatique 102 Figure 25 : Diversion bilio-pancréatique avec « switch duodénal » 103 Figure 26 : sites d’absorption des vitamines et nutriments au niveau du tube digestif, d’après Bloomberg 112 Figure 27 : Variations de poids parmi les sujets d’une étude SOS sur une période de 15 ans 129 Figure 28 : BAROS : Evaluation de la qualité de vie (traduction française du test original validé par Nini et Slim) 168 12 INTRODUCTION L’obésité est un problème de santé publique. La chirurgie de l’obésité ou chirurgie dite bariatrique est une donnée récente restant en cours d’évaluation en ce qui concerne ses résultats à long terme et ses indications. La chirurgie bariatrique ne peut s’envisager que dans le cadre d’une prise en charge multidisciplinaire. Son recours a été précisé dans des recommandations. Le but de ce travail est de faire un rappel des données cliniques et épidémiologiques de l’obésité, de définir les particularités de la prise en charge médico-chirurgicale des patients candidats à une chirurgie et de préciser le rôle des différents acteurs de soin dans le suivi péri-opératoire. 13 I. DEFINITION DE L’OBESITE 1. IMC : Indice de Masse Corporelle 1.1. Définition de l’obésité par l’OMS L’obésité est définie par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) selon l‘International Obesity Task Force (IOTF), comme un excès de masse grasse entraînant des conséquences néfastes pour la santé [180]. En 1997, l’OMS tenant compte du développement épidémique mondial de l’obésité et de ses conséquences, a décidé de classer l’obésité parmi les maladies car elle met en cause le bien-être physique, psychologique et social de l’individu. Définir médicalement l’obésité suppose, que l’on soit en mesure d’évaluer la masse grasse, qui représente de 10 à 15% du poids corporel chez l’homme jeune et de 20 à 25% chez la femme jeune [72]. Or la masse grasse ne peut être mesurée avec une précision satisfaisante que par des méthodes sophistiquées (mesure de densité corporelle, évaluation par absorptiométrie, tomodensitométrie, résonance magnétique), trop coûteuses pour être disponibles en routine. En pratique clinique, l’obésité est définie à partir d’un indice de corpulence. La surcharge pondérale et l’obésité sont définies grâce au calcul de l’index de masse corporelle (IMC) ou indice de Quételet ou en anglais Body Mass Index (BMI) [180]. Celui-ci est calculé comme le rapport du poids en kilogrammes sur la taille en mètres au carré, soit : IMC=poids (Kg)/taille (m2) Pour un adulte de 70kg mesurant 175 cm, l’IMC est de 70/1,752, soit 22,9 kg/m2. L’IMC fournit une évaluation satisfaisante de l’importance de la masse grasse pour les besoins de la clinique. Il est devenu la référence internationale dans la pratique clinique et épidémiologique. Il suffit de deux mesures simples pour le calculer: celles du poids et de la hauteur du patient. Une toise et une balance sont nécessaires et suffisantes. Il 14 ne faut pas se contenter du poids ou de la taille rapportés par le sujet, il faut les mesurer. Pour simplifier la mesure de l’IMC, des abaques dispensent du recours au calcul. Cet outil, dont une version est présentée sur la figure 1, a été diffusé à l’ensemble des personnels de santé dans le cadre du Programme National Nutrition Santé. Figure 1 : Outil de calcul de l’indice de masse corporelle. Chez l’adulte, selon la classification retenue par l’OMS et internationalement acceptée, les seuils d’index de masse corporelle permettant de définir le surpoids et l’obésité sont de : Maigreur lorsque l’IMC est inférieur à 18,5 kg/m2, 15 Normalité lorsque l’IMC est compris entre 18,5 et 24,9 kg/m 2, Surcharge pondérale lorsque l’IMC est compris entre 25 et 29,9 kg/m2, Obésité lorsque l’IMC est supérieur à 30 kg/m2. Selon cette même classification, l’obésité est divisée en 3 classes : la classe I entre 30 et 34,9 kg/m2 : obésité modérée ou commune, la classe II entre 35 et 39,9 kg/m2 : obésité sévère, la classe III supérieur ou égale à 40 kg/m2 : obésité massive ou morbide [180]. Dans la littérature chirurgicale, on définit également : patient « super-obèse » lorsque l’IMC est supérieur à 50 kg/m2, patient « super-super-obèse » lorsque l’IMC est supérieur à 60 kg/m2. Toutes ces définitions s’appliquent chez la femme comme chez l’homme jusqu’à 65 ans. Après 65 ans, il y a débat sur la définition de l’obésité. 1.2. Classification de l’excès de poids et évaluation du degré de risque pour la santé par l’OMS Risque de comorbidités Description IMC (kg/m2) Poids normal 18,5-24,9 Bas Surcharge pondérale 25-29,9 Moyen 30-34,9 Elevé 35-39,9 Elevé ≥ 40 Très élevé Obésité de classe I (modérée) Obésité de classe II (sévère) Obésité de classe III (très sévère) (risque pour la santé) Tableau 1 : Classification de l’obésité et risque de comorbidités. 1.3. Limites de la définition de l’obésité par l’IMC Cette définition a un intérêt en termes de santé publique pour définir des populations à risque et des stratégies préventives et thérapeutiques collectives. Mais son caractère normatif risque d’enfermer la réflexion 16 médicale dans le cadre arbitraire du « poids idéal théorique ». Il importe de prendre en compte l’âge de constitution de l’obésité et son ancienneté, la composition corporelle, la répartition du tissu adipeux, qui sont susceptibles de modifier la relation IMC- morbidité. Pour un même IMC, la composition corporelle peut être très différente d’un individu à l’autre en fonction de la musculature et du sexe. Il ne remplace certainement pas l’examen clinique, qui permet d’apprécier l’importance et la distribution de l’adiposité. Un même IMC peut correspondre à des masses grasses très différentes d’une population à l’autre. Les références d’IMC sont basées sur les données épidémiologiques concernant le risque vasculaire et prennent peu en compte la relation de la corpulence avec le cancer, les maladies respiratoires et ostéoarticulaires. Il y a d’importantes différences interpopulations (pour les Chinois, le seuil de 23 au lieu de 25 a été proposé pour définir le surpoids). Il peut être légitime de conseiller une perte de poids en l’absence d’obésité chez des sujets atteints de maladies cardiorespiratoires, métaboliques ou ostéo-articulaires. A l’inverse, une authentique obésité peut être tolérée sur le plan somatique et psychologique. Au cours du vieillissement, le ratio masse grasse sur masse maigre augmente, même si l’IMC se maintient. 2. Autres définitions 2.1. Définition de l’obésité morbide L’obésité morbide (OM) est définie par : un IMC ≥ 40 kg/m2 et/ou un excès pondéral de 45 kg ou plus, par rapport au poids idéal. Lorsque l’obésité devient morbide, la surcharge pondérale met en jeu le pronostic vital. L’OM, parfois appelée obésité massive, est une affection à vie chronique en partie génétique. La fréquence de l’OM en France (enquête ObEpi 2006) est de 0,2% chez les hommes et de 0,5% chez les femmes. L’OM est la plus susceptible de s’accompagner de graves pathologies médicales appelées comorbidités : hypertension artérielle, diabète, maladies 17 coronariennes, insuffisance respiratoire entre autres. L’OM altère la qualité de vie et raccourcit l’espérance de vie. Le seul moyen d’empêcher l’aggravation de l’OM est d’obtenir une perte de poids à long terme. 2.2. Evaluation de la perte d’excès de poids Parmi les critères d’évaluation et de comparaison de l’amaigrissement, le plus pertinent est le pourcentage de perte d’excès de poids, par rapport à un poids idéal théorique qui est donné par « la formule de Lorentz ». Poids idéal : formule de LORENTZ-VANDERVAEL Femmes : poids idéal en kg=50 + ((taille en cm-150) x0,6) Hommes : poids idéal en kg=50 + ((taille en cm-150) x0,7) Dans la littérature chirurgicale, certains auteurs se réfèrent pour calculer la perte d’excès de poids à un poids de référence correspondant à un IMC de 25 (ou 22) kg/m2. Dans notre étude, on considère un « IMC idéal » à 25 kg/m2. 2.3. L’obésité : une pathologie hétérogène dans sa présentation L’obésité n’existe pas en tant que telle, si ce n’est dans le cadre de sa définition chiffrée à travers l’IMC; on devrait parler « des » obésités tant cette situation recouvre des situations étiopathogéniques différentes. Leurs caractéristiques communes : Une maladie chronique évolutive. Un handicap : elle entraîne une gêne dans la vie quotidienne, sociale et relationnelle, aboutissant souvent à une véritable discrimination. Un problème de santé publique et de société, car ses conséquences et son traitement représentent un coût pour la santé publique, et sa prévention requiert des mesures autant politiques que sanitaires qui regardent l’ensemble de la société. Un facteur de risque en relation avec une augmentation de la morbidité et de la mortalité précoce. 18 3. Que mesurer lors du bilan ? Les mesures importantes sont le poids, la taille et le périmètre abdominal. 3.1. Rapport taille/hanches Les risques de l’obésité dépendent non seulement de l’importance de la masse grasse mais aussi de sa répartition. La présence d’une accumulation graisseuse au niveau du tronc est un facteur de risque métabolique et cardiovasculaire indépendant de la surcharge pondérale globale. Le compartiment graisseux déterminant dans l’apparition de ce risque est la graisse viscérale et abdominale. On parle d’adiposité ou d’obésité abdominale ou androïde quand les dépôts adipeux sont localisés au niveau du tronc (en situation intraabdominale) [23]. Elle est définie par le rapport de la circonférence de la taille sur celle des hanches: rapport taille/hanches (RTH) strictement supérieur à 1,0 chez l’homme et 0,85 chez la femme. La mesure du tour de taille associée à l’IMC a prouvé être le meilleur indicateur d’obésité et de risques associés pour la santé. En pratique, la mesure du tour de taille (périmètre abdominal) est l’indice anthropométrique qui reflète le mieux l’importance des dépôts adipeux abdominaux et qui est le mieux corrélé au risque cardiovasculaire. Le tour de taille (en centimètres) est mesuré à mi-distance entre le rebord costal inférieur et l’épine iliaque. La définition de l’obésité abdominale retenue est un tour de taille ≥ 88 cm chez la femme et ≥ 102 cm chez l’homme. Le risque cardiovasculaire (indépendamment de l’IMC) est accru pour un tour de taille supérieur à 94 cm chez l’homme (H) et supérieur à 80 cm chez la femme (F), et très accru respectivement au-delà de 102 et 88 cm. Le tour de taille ne distingue pas les dépôts adipeux sous-cutanés et viscéraux : seul le scanner abdominal permettrait d’étudier la graisse intra-abdominale mais c’est un examen invasif. 19 Tour de taille Risque augmenté Très augmenté Hommes ≥ 94 cm ≥ 102 cm Femmes ≥ 80 cm ≥ 88 cm Tableau 2 : Valeurs de tour de taille associées à une augmentation du risque métabolique aux Pays-Bas [3]. Tour de taille (cm) Rapport taille/hanches H < 94 94-102 > 102 < 0,95 F < 80 80-88 > 88 < 0,80 0,95- > 1,00 1,00 0,80- > 0,85 0,85 Androïde Abdominal Normal Intermédiaire Gynoïde Risque cardiovasculaire Risque Mixte métabolique Diabète Tableau 3 : Anthropométrie et risque cardiovasculaire [3]. Abréviations : Hommes (H), Femmes (F). 3.2. Morphotypes et obésité L’analyse de la répartition du tissu adipeux chez un individu permet de distinguer 3 modèles appelés morphotypes : androïde, gynoïde et mixte. La distribution corporelle de la graisse, outre sa corrélation avec les risques cardiovasculaires, est un élement pronostique à l’amaigrissement. 3.2.1. Adiposité androïde L’adiposité androïde (abdominomésentérique et tronculaire) se divise en tissu adipeux sous-cutané et intra-abdominal, périviscéral. Cette répartition de la graisse, plutôt masculine, se rencontre tout de même chez la femme, le plus souvent après la ménopause (elle est due à la diminution de la sécrétion de la progestérone). Le tissu adipeux dans cette localisation est très sensible à la lipolyse, ce qui facilite la mobilisation des acides gras aux 20 dépens des triglycérides de réserve. C’est un argument pronostique favorable à la cinétique de l’amaigrissement. 3.2.2. Adiposité gynoïde L’adiposité gynoïde (fessio-crurale) a une répartition sous-ombilicale. Elle constitue des graisses de réserves dont les sites privilégiés sont les fesses et les cuisses. Ce morphotype, plus volontiers féminin, est favorisé par la progestérone et inhibé par la testostérone. Cette répartition des graisses est peu sensible à la lipolyse. La relative inertie adipeuse est un élément pronostique péjoratif d’amaigrissement. 3.2.3. Adiposité mixte L’adiposité mixte réalise une combinaison des types précédents avec les mêmes caractéristiques de lipolyse sur les deux types de répartition de l’adiposité. La mesure du rapport taille/hanches permet d’apprécier avec une bonne approximation la répartition relative de ces tissus adipeux chez un individu. L’approximation découle de l’impossibilité à discriminer la graisse sous-cutanée de la graisse périviscérale lors de la mesure du tour de taille ; or le tissu adipeux périviscéral est encore plus sensible à la lipolyse que le tissu adipeux sous-cutané. 3.3. En pratique clinique En pratique clinique quotidienne : on a recours aux méthodes anthropométriques d’usage plus facile, assurant une reproductibilité suffisante pour le suivi des patients. La simple pesée est insuffisante car elle n’est pas corrigée par la taille de l’individu, l’indice de corpulence ou IMC définit l’importance de la surcharge graisseuse, l’évaluation de la surcharge graisseuse abdominale se fait par la mesure du diamètre péri-ombilical, la mesure des plis cutanés (plutôt utilisés en recherche clinique) est basée sur le fait que l’épaisseur de la graisse sous-cutanée est le reflet 21 de la masse grasse totale de l’organisme. Elle s’effectue à 4 niveaux de plis : bicipital, tricipital, sous-scapulaire et supra-iliaque. Cette méthode ne prend pas en compte le tissu adipeux pelvien et des membres inférieurs sous-estimant ainsi l’obésité gynoïde et viscérale. 4. Données étiologiques L’obésité est une pathologie multifactorielle résultant de l’accumulation d’un excédent de graisses suffisante pour nuire à la santé. Elle ne résulte pas simplement d’une suralimentation. Il s’agit d’un trouble complexe qui englobe la régulation de l’appétit et le métabolisme énergétique. Le poids corporel d’un individu est déterminé par 4 ordres de facteurs : les dépenses énergétiques (dont l’activité physique), les apports énergétiques (alimentation), les déterminants psychologiques, sociaux et culturels, et les facteurs génétiques. L’obésité témoigne d’une mise en échec du système de régulation des réserves énergétiques par des facteurs externes (mode de vie, environnement) ou internes (psychologiques ou génétiques). Les causes de l’obésité comprennent : Des facteurs génétiques Des facteurs environnementaux : l’obésité est fortement influencée par l’environnement. Celui-ci englobe le comportement relatif au mode de vie comme l’alimentation et le niveau d’activité physique d’un individu. Des facteurs psychologiques : de nombreux individus mangent en réponse à des sensations négatives telles que l’ennui, la tristesse ou la colère. L’obésité est souvent considérée comme le résultat d’un manque de volonté, une faiblesse ou un « choix » de mode de vie : le choix de se suralimenter et de ne pas faire suffisamment d’exercice. Des troubles physiques : certaines maladies peuvent entraîner une obésité ou un gain de poids : l’hypothyroïdie, le syndrome de Cushing, la dépression et certains problèmes neurologiques qui peuvent conduire à une suralimentation. 22 4.1. Facteurs comportementaux 4.1.1. Comportement alimentaire normal a. Définition du comportement alimentaire On désigne ainsi un ensemble de comportements, de schémas cognitifs et émotionnels destinés à remplir 3 fonctions : Une fonction d’apport d’énergie et de nutriments : rôle biologique Une fonction hédonique (ressenti d’un plaisir) : rôle affectif et émotionnel Une fonction symbolique : rôle psychologique individuel et interindividuel (culturel et relationnel) Il est destiné à assurer un bien-être physique, psychique et social (définition de l’état de bonne santé par l’OMS). Il n’existe de comportement alimentaire pathologique qu’à partir du moment où il a des conséquences néfastes sur l’état de santé. Tout comportement est une réponse à une situation sous la dépendance de « programmes », déclenchés dans certaines circonstances par des stimuli qui sont : Les sensations alimentaires Les émotions D’autres cognitions (aspect socio-culturel, idée du « manger sainement »…) Un comportement alimentaire normal est sous le contrôle prépondérant des sensations alimentaires, facteur le plus fragile. Tout sujet a une alimentation influencée par ses émotions. Cela ne devient pathologique qu’à partir du moment où la santé de l’individu est menacée par la persistance de cet état. Dans les troubles du comportement alimentaire (et certainement dans l’obésité), on observe une prédominance des émotions et des cognitions dans le contrôle de la prise alimentaire au détriment des sensations. 23 b. Les sensations alimentaires 1. La faim La faim correspond au besoin physiologique de manger sans orientation vers un aliment précis et se manifeste par un ensemble de sensations provoquées par la privation de nourriture qui incite l’individu à rechercher des aliments. Elle répond à la question « y a-t-il quelque chose à manger ? ». L’évaluation clinique de la faim consiste à faire décrire par le sujet une expérience subjective : « pouvez-vous décrire ce que vous ressentez quand vous faim ? », « vous avez faim ? », « comment arrive-t-il de manger savez-vous sans faim ? ». que vous avez Toute formulation témoignant d’un « besoin », d’un « creux », de « crampes » épigastriques, souvent accompagnée d’un geste évocateur, atteste la sensation de faim. On distingue les sujets qui connaissent et reconnaissent la faim et ceux pour lesquels l’initiation du repas est déclenchée par d’autres stimuli. La faim correspond à un fléchissement de la glycémie de 6% ressenti par les neurones qui induisent des manifestations désagréables et informe l’organisme de la nécessité d’apporter de l’énergie. 2. L’appétit L’appétit est l’envie de manger un aliment spécifique indépendamment du besoin en énergie (et donc de la sensation de faim) mais dont on attend du plaisir. Il correspond à la question « qu’est ce que je veux manger ? » ou « quel aliment me ferait plaisir ? » et participe à la sélection des aliments. 3. Le rassasiement Le rassasiement est la sensation éprouvée lors du processus d’établissement de la satiété. Il se manifeste par une baisse du plaisir gustatif. Il détermine la quantité d’aliments nécessaires en contrôlant le volume et la teneur énergétique des aliments ingérés. 24 Il existe deux systèmes régulateurs du rassasiement : La distension gastrique : - donne une sensation de plénitude et de confort mais, si elle s’accentue, provoque des sensations désagréables à type de lourdeur et de douleur, - régule le volume des ingestats indépendamment de la teneur calorique. Le système sensoriel agit via 3 composantes : - l’alliesthésie alimentaire négative : agit au bout de 15-20 minutes, correspond à une diminution du plaisir de manger indépendamment de la nature des aliments au fur et à mesure que les calories sont absorbées, - le rassasiement sensoriel spécifique : agit au bout de 2 minutes, correspond à une diminution du plaisir de manger un aliment spécifique sans incidence sur la consommation des autres aliments, - Le rassasiement conditionné : l’organisme garde en mémoire les effets métaboliques de chaque aliment déjà ingéré. Il induira un rassasiement une fois les modifications métaboliques escomptées atteintes. 4. La satiété La satiété est la disparition du besoin physiologique de l’organisme de manger. Ellle se manifeste par une sensation de plénitude gastrique et informe l’organisme que la prise alimentaire a couvert les besoins physiologiques pour une période donnée (jusqu’à ce que la glycémie se réinfléchisse). Son évaluation se fonde sur des questions telles que : « avezvous encore faim à la fin du repas ? », « pouvez-vous continuez à manger alors que vous n’avez plus faim ? ». c. La séquence comportementale La faim et l’appétit sont les principaux stimuli de la prise alimentaire : 25 la faim marque le début de la phase pré-ingestive et indique l’imminence nécessaire de la prise alimentaire, l’appétit oriente la recherche et la préparation des aliments, d’autres cognitions et émotions agiront sur le rituel de cette prise alimentaire : le cadre, les compagnons de repas, l’horaire. La phase ingestive débute avec la première bouchée : s’établissent alors les composantes du processus de rassasiement : rassasiement spécifique et conditionné peu de temps après le début de consommation de l’aliment, alliesthésie alimentaire négative 15-20 minutes après apport calorique (d’où la nécessité de ne pas manger trop vite ), distension gastrique en dernier recours. La phase post-ingestive débute après la dernière bouchée et dure tant que dure la sensation de satiété. Phases Pré-ingestive Ingestive Post-ingestive Comportements - état d’éveil - recherche de la nourriture - stockage des aliments - début de la prise alimentaire - choix des aliments - arrêt de la prise alimentaire - état de bien-être, somnolence Sensations - faim : besoin de manger - appétit : envie de manger - appétit : perception du plaisir - rassasiement - satiété - plénitude - satisfaction Tableau 4 : Les différentes phases du comportement alimentaire [25]. d. Des fonctions interdépendantes Les fonctions du comportement alimentaire (nutritionnelle, hédonique et symbolique) ont un rôle homéostatique au sens large : équilibre biologique, psychologique, adaptation du sujet au sein de son environnement. Les conduites alimentaires sont déterminées par une série de facteurs (métaboliques, neuro-hormonaux, psychophysiologiques, socio-économiques et culturels) qui agissent en interaction les uns avec les autres. Chez l’individu en « bonne santé », ces facteurs s’intègrent harmonieusement, les uns 26 compensant éventuellement les distorsions des autres, aboutissant ainsi à un comportement adapté. Un comportement pathologique peut résulter d’un défaut d’intégration ou d’une anomalie non compensée d’un ou de plusieurs de ces facteurs. 4.1.2. Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) a. Conditions d’apparition Elles sont au nombre de trois : Rupture significative avec les habitudes alimentaires des individus vivant dans le même environnement socio-culturel et nutritionnel, conséquences néfastes aussi bien sur le plan physique (obésité, dénutrition) que sur le plan psychologique (dépression, sentiment d’anormalité ou d’exclusion), existence d’un (ou plusieurs) facteur(s) étiologiques : souffrance psychologique ou lésion organique du système de régulation de la prise alimentaire. b. Notion d’hyperphagie Les épisodes récurrents d’hyperphagie (hyperalimentation) sont caractérisés par la prise, en une courte période de temps (moins de 2 heures), d’une quantité de nourriture dépassant ce que la plupart des personnes mangent dans le même temps et les mêmes circonstances. La personne n’a pas l’impression d’avoir le contrôle de sa prise alimentaire. Les anomalies prandiales observées lors d’une hyperphagie prandiale sont : - le contexte de la prise alimentaire : convivialité, solitude, occupations conjointes (télévision), - l’abondance d’un repas structuré, - une tachyphagie (rapidité de la prise alimentaire), - la survenue de prises alimentaires impulsives à tel ou tel moment du repas, - une consommation excessive de boissons caloriques, 27 - l’exagération de la faim et /ou de l’appétit, le recul du rassasiement ou l’absence de satiété. Les anomalies extraprandiales (i-e en dehors des repas) observées sont : - Le grignotage (« nibbling » des anglosaxons) : consommation répétitive, sans faim, sans envie, de petites quantités d’aliments facilement accessibles. Il peut être réservé et limité à des circonstances et horaires spécifiques de la journée ou constituer une activité alimentaire pratiquement ininterrompue. Il s’associe à une sensation d’ennui. Il est facilement admis par les patients car ne s’accompagne pas spécifiquement d’un sentiment de culpabilité. Sa quantification est souvent difficile. - L’envie ou le besoin impérieux de manger (« craving » des anglo-Saxons) : sensation suivie ou non de la consommation d’aliment. - La compulsion alimentaire se caractérise par la consommation impulsive, d’un aliment donné, en dehors d’un repas. La compulsion simple est déclenchée par une envie de manger et non par une sensation de faim, et s’oriente vers un aliment apprécié. Elle procure habituellement un plaisir initial. Après coup, le sujet peut éprouver une certaine culpabilité. La quantité d’aliments consommés est variable: parfois limitée (une pâtisserie, un chocolat), elle peut atteindre des valeurs caloriques importantes (une tablette de chocolat). Les interdits alimentaires risquent d’augmenter paradoxalement la consommation des aliments prohibés. Dans la « compulsion grave », le sujet perd le contrôle sur son comportement alimentaire. Il ingère des quantités d’aliments souvent plus importantes dans un contexte de forte contrariété. - L’accès boulimique se définit par des épisodes au cours desquels le sujet consomme sans faim et avec gloutonnerie, d’importantes quantités de nourriture [64, 83]. Cette ingestion s’effectue au-delà de toute satiété, sans autre limite que la contenance gastrique du sujet. La fin de la crise peut être marquée par des douleurs abdominales, parfois par des vomissements spontanés ou provoqués. Il 28 est impossible pour le sujet de réprimer la crise ; celle-ci s’accompagne de honte. La présence des vomissements fausse l’évaluation des données quantitatives des enquêtes alimentaires. La notion de perte de contrôle est essentielle. - Les prises alimentaires nocturnes : « night eating syndrome » [168] peuvent se faire sur un mode compulsif ou boulimique [6]. Il s’agit d’un besoin impérieux de manger au cours de la nuit : l’individu se réveille et ne peut se rendormir qu’après avoir absorbé une copieuse collation, souvent ingurgitée dans un demi-sommeil. Le lendemain matin, il ne lui reste que des souvenirs imprécis de ce qu’il aura consommé. On peut comprendre cette conduite comme un abandon du contrôle favorisé par un relâchement nocturne. Toute la journée, l’individu contrôle son comportement alimentaire ; ce contrôle se trouve mis en échec durant la nuit. c. Syndrome d’hyperphagie incontrôlée Le syndrome d’hyperphagie incontrôlée ou « Binge eating disorder » [166] est un trouble caractéristique du sujet obèse. Les éléments sémiologiques les plus importants en sont : Une prise alimentaire importante associée à une sensation de remplissage, c’est la notion de frénésie alimentaire (Binge eating), la perte de contrôle de l’acte alimentaire. Ce syndrome est caractérisé par la survenue récurrente de crises de boulimie. Ces crises associent : l’absorption, en une période de temps limitée, d’une quantité de nourriture largement supérieure à ce que la plupart des gens absorberait en une période de temps similaire et dans les mêmes circonstances, un sentiment d’une perte de contrôle sur le comportement alimentaire pendant la crise (ne pas pouvoir s’arrêter de manger ou ne pas pouvoir contrôler la nature ou la quantité des aliments consommés). 29 Dans le syndrome d’hyperphagie incontrôlée, les crises de boulimie doivent être associées à au moins 3 des caractéristiques suivantes : manger beaucoup plus rapidement que la normale, manger jusqu’à éprouver une sensation pénible de distension abdominale, manger de grandes quantités de nourriture en l’absence d’une sensation physique de faim, manger seul parce que l’on est gêné de la quantité de nourriture que l’on absorbe, se sentir dégoûté de soi-même, déprimé ou très coupable après avoir trop mangé. Le comportement boulimique, source d’une souffrance marquée, survient au moins 2 jours par semaine pendant 6 mois. Il n’est pas associé au recours régulier à des comportements compensatoires inappropriés (vomissements provoqués, emplois abusifs de laxatifs, diurétiques, jeûne, exercice physique) et ne survient pas exclusivement au cours d’une anorexie mentale ou d’une boulimie. d. « Sweat eating » Il s’agit de fringales impérieuses d’aliments exclusivement sucrés, qui s’apparenteraient à une toxicomanie (recherche d’une augmentation du taux de sérotonine cérébrale obtenue en ingérant du saccharose). 4.1.3. Comportement alimentaire des obèses a. Troubles du rythme alimentaire Les troubles du rythme alimentaire observés chez l’obèse sont : une absence de petit déjeuner plus fréquente (or il conditionne les prises alimentaires suivantes), un repas du soir qui prédomine avec les deux tiers de la ration ingérée entre 16 heures et 22 heures (cela accroît les apports et réduit la thermogénèse alimentaire du fait de son caractère nocturne), des consommations extra-prandiales deux fois plus fréquentes que chez les non-obèses. 30 b. Pulsions alimentaires Elles sont quatre fois plus fréquentes chez les femmes consultant pour un problème de poids, observées dans 40% des cas. Une véritable boulimie est constatée dans un 1% des cas. Il s’agit d’un véritable syndrome de restriction associé à un état dépressif avec culpabilité. c. Préférences alimentaires Comparativement aux non-obèses, les obèses sélectionnent davantage les aliments riches en lipides, mais c’est la combinaison gras-sucré qui induit le plus de plaisir. Chez les obèses amaigris, la sélection alimentaire se porte sur des aliments plus gras que chez les non-obèses, mais plus sucrés que chez les obèses non amaigris. Les super-obèses (IMC>50 kg/m2) choisissent des aliments peu sucrés mais riches en graisses. Chez les obèses restreints, une précharge lipidique ne réduit pas l’apport alimentaire ultérieur, les lipides induisent moins de rassasiement que chez les non-obèses. Certains travaux sont en faveur de la perte de l’alliesthésie négative (perte du frein de la prise alimentaire). 4.2. Facteurs génétiques 4.2.1. Interaction gènes-environnement La génétique détermine une susceptibilité à l’obésité. Certains facteurs environnementaux peuvent se manifester uniquement sur certains génotypes : certains individus peuvent être susceptibles du fait de leur génotype aux effets de la sédentarité, d’autres aux effets de l’alimentation hyperlipidique. L’obésité tend à être présente dans certaines familles, ce qui suggère une origine génétique. De nombreux arguments plaident en faveur d’une transmission génétique de cette affection : son héritabilité familiale est confirmée par de multiples enquêtes bien qu’on ne puisse écarter le rôle joué par la transmission intrafamiliale d’habitudes alimentaires. L’héritabilité est la différence observée dans la prévalence d’un trait donné, par exemple l’IMC, dans des groupes sociaux choisis comme modèles (jumeaux, familles 31 d’obèses) par rapport à une population de référence. Des analyses concluent que l’héritabilité de l’IMC dans de vastes échantillons est de l’ordre de 25 à 40%. Le risque d’être obèse est plus élevé dans les familles de sujets obèses que dans celles qui ne le sont pas (70% des obèses ont au moins un parent obèse). 4.2.2. Obésités monogéniques Le trait phénotypique qu’est la surcharge pondérale est associé à la mutation d’un gène unique. La transmission se fait sur un mode mendélien. Les formes cliniques sont variables, la surcharge pondérale pouvant être isolée ou accompagnée par d’autres anomalies (tableau 5). Les gènes déterminent le code des hormones qui jouent un rôle important sur le métabolisme, l’appétit et la régulation de la satiété. Les hormones produites par les cellules de l’estomac et des intestins agissent sur le cerveau. Ces hormones régulent le poids du corps en contrôlant l’appétit (ghréline), la satiété (peptide YY, cholécystokinine) et le métabolisme corporel (leptine, mélanocortine). Gène Leptine et son récepteur Pro-opiomélanocortine Récepteur 4 de la mélanocortine Sim 1 Phénotype Hypogonadisme Hypogonadotrohique Anomalies de la régulation de la TSH Hyperinsulinisme Retard de croissance Insuffisance corticosurrénale Pigmentation anormale Hyperinsulinisme Boulimie Tableau 5 : Gènes impliqués dans des obésités monogéniques. Symptômes associés à l’obésité phénotype. a. Obésités isolées Il s’agit de formes majeures et familiales. Les gènes concernés sont ceux du récepteur de la mélanocortine, de la pro-opiomélanocortine, de la dopamine, de la leptine. 32 b. Obésités avec retard mental Le syndrome de Prader-Willi Il associe une obésité sévère avec un retard intellectuel, un hypogonadisme, une hypotonie, une acromicrie (petitesse des extrémités et de la tête). Il comporte une délétion sur la région 15q11-q13 [138]. Le syndrome de Bardet-Biedl (SBB) [95] Il associe une obésité massive, un retard mental, une pigmentation rétinienne, une polydactylie, un hypogonadisme et des malformations cardiaques. Des délétions de cinq régions chromosomiques sont démontrées: 11q13, 16q21, 3p13-p12, 15q22-3-23 et 2q31. Le syndrome de Carpenter Une acromicrie, une polydactylie, un retard mental, un hypogonadisme, des anomalies cardiaques, des dysmorphies faciales et une obésité le caractérisent. La dystrophie d’Albright Elle est définie par une obésité, un faciès arrondi, un hypostaturisme, une brachydactylie, des calcifications sous-cutanées avec des mycoses unguéales, une hypocalcémie, une élévation de la parathormone. 4.2.3. Obésités communes Elles représentent une faible fraction de la population en excès pondéral. Une liaison entre le phénotype obèse et plus de 70 gènes a été observée. Des recherches ont mis en évidence des gènes de prédisposition : celui de la leptine dans certaines familles et de l’adiponectine. Un site obésitogène serait localisé sur les chromosomes 5p, 6p, 7p, 10p, 11p, 17p12, 20q11-q13 ; ces divers gènes peuvent exercer une influence sur la masse corporelle et la masse grasse par suite d’une variation de la séquence d’ADN. La prédisposition génétique semble plutôt dépendre de l’association de plusieurs gènes qui auraient une importance plus ou moins grande dans la constitution de l’obésité. Cela expliquerait l’existence de formes cliniques très hétérogènes, certaines fortement dépendantes de l’hérédité évoluant vers une obésité rebelle à la diète, d’autres moins dépendantes seraient plus 33 sensibles aux mesures hygiénodiététiques. Les recherches actuelles n’ont pu mettre en évidence un génotype caractéristique pour cette affection. 4.2.4. Arguments en faveur d’une prédisposition génétique de l’obésité Ils sont issus de recherches conduites chez l’animal qui reposent sur des études de liaison entre certaines régions du génome et le trait pondéral quantifié. Des races animales riches ou pauvres en graisses ont été obtenues en recourant à des manipulations génétiques (transgénèse). Mutations avec excès de masse grasse Récepteur de tyr-3 de la bombésine [131] Leptine et son récepteur [45] Cocain and amphetamine regulated transcript Pro-opiomélanocortine Récepteur aux mélanocortines de type 3 Cholecystokinine A [148] Tableau 6 : Gènes impliqués dans la régulation de la masse grasse. Le phénotype associe des modifications de l’appétit, de l’activité. Travaux réalisés chez les rongeurs [in Delaveau P., Jaffiol C. Expliquez-moi l’obésité… comprendre, prévenir, traiter. Parathèmes éditions, 2005]. Mutations avec réduction de la masse grasse Dopamine transporter Diacylglycerolacyltransferase Human menopausal gonadotrophin [8] Proteinkinase A [137] TNF-alpha [178] Tableau 7 : Mutations de certains gènes impliqués dans la régulation de la masse grasse induisant une résistance à l’obésité chez les rongeurs. Ces recherches ouvrent d’intéressantes perspectives pour une meilleure compréhension de l’obésité et de sa transmission génétique. Une grande prudence s’impose pour étendre ces résultats à la pathologie humaine. 34 4.2.5. Syndrome de Prader-Willi a. Clinique du syndrome de Prader-Willi L’obésité apparaît secondairement vers l’âge de 2 ans et peut être prévenue si le diagnostic est fait précocément. La fréquence du syndrome est évaluée de 1/10 à 1/15000 naissances, et l’âge moyen du diagnostic est d’environ 5 ans, âge auquel l’obésité est installée. Or 97% des enfants naissent avec une hypotonie néonatale sévère et sont hospitalisés en néonatologie (en moyenne 10 jours). Une des clés du diagnostic précoce est de considérer que: toute hypotonie néonatale est un syndrome de PraderWilli jusqu’à preuve du contraire. Chez le nouveau-né et le nourrisson, c’est l’hypotonie qui domine le tableau clinique, très sévère, axiale et périphérique, et qui explique les difficultés d’alimentation et la difficulté à prendre du poids. La prise en charge est surtout la kinésithérapie, le nursing pour favoriser l’alimentation (les ORL et orthophonistes doivent guider les parents dans cette démarche éducative). Les parents doivent rencontrer précocément des spécialistes du syndrome qui sont les endocrinologues pédiatres et/ou les généticiens, pour préparer au mieux l’avenir de ces enfants qui nécessitent une prise en charge multidisciplinaire et une participation parentale importante afin d’optimiser leur développement psychomoteur, l’insertion scolaire et sociale et prévenir l’obésité. Secondairement, le tableau est marqué par l’obésité qui est rapidement importante et devient massive si le diagnostic n’a pas été fait ou s’il n’y a pas de prise en charge adaptée. L’enfant développe dès la troisième année un appétit féroce avec des prises alimentaires compulsives et incongrues : consommation de la nourriture du chien ou du chat, compulsions nocturnes… L’obésité est associée à un retard statural (dans environ 50 à 80% des cas), des troubles d’apprentissage et parfois des troubles du comportement (difficultés à obéir, attitudes destructrices tournées vers autrui ou vers soimême). Trente pour cent des patients ont une débilité mentale légère, d’autres signes existent : retard pubertaire (petite taille), troubles sévères du 35 comportement qui restent rares avec agressivité, colères, souvent du fait de frustrations liées à l’alimentation, et syndrome dysmorphique (visage allongé, yeux en amandes, nez fin, lèvre supérieure fine) associé à une acromicrie (mains étroites avec ongles caractéristiques). Il existe un score clinique d’Holm utile pour le diagnostic (tableau 8) [79]. Critères majeurs d’Holm (1 point) : hypotonie néonatale ; hypotrophie/ trouble de la succion ; gain de poids rapide après l’âge d’un an ; dysmorphie faciale caractéristique ; hypogonadisme ; micropénis- cryptorchidie ; retard pubertaire ; hyperphagie, recherche agressive de nourriture ; retard du développement psychomoteur. Critères mineurs d’Holm (1/2 points) : troubles du comportement ; perturbation du sommeil-apnée ; retard de croissance ; hypopigmentation ; strabisme/myopie . Points requis pour le diagnostic de Prader-Willi dans le score d’ Holm : 4 points venant des critères majeurs chez les enfants âgés de 3 ans et moins ; 8 points chez les enfants âgés de plus de 3 ans avec au moins 5 points dans les critères majeurs. Tableau 8 : Critères d’Holm modifiés [79] b. Etude génétique dans le syndrome de Prader-Willi Il existe une anomalie de l’empreinte génomique parentale : cette affection est due à l’absence physique ou fonctionnelle de la région 15q11- 36 q13 d’origine paternelle (microdélétion sur le chromosome paternel ou nonreprésentation paternelle avec disomie maternelle). Le diagnostic est avant tout clinique et confirmé par la génétique : un conseil génétique est donné. c. Prise en charge du syndrome de Prader-Willi Elle est multidisciplinaire, évolue en fonction de l’âge des enfants, en partenariat avec la famille et le médecin traitant et n’est optimale que si l’enfant a été diagnostiqué très tôt. Elle doit être coordonnée par un spécialiste du syndrome : le plus souvent, un pédiatre endocrinologue, mais également un neuropédiatre (au moins pour les 3 premières années de vie) ou un généticien. Elle a été transformée depuis quelques années par l’utilisation de l’hormone de croissance qui est efficace sur un grand nombre de symptômes : elle augmente la taille, permet le contrôle du poids en association avec une prise en charge diététique adaptée, elle modifie la composition corporelle en augmentant la masse musculaire et en diminuant la masse grasse essentiellement abdominale, elle modifie favorablement les conséquences métaboliques liées à l’obésité [29, 171]. Ces enfants ont un déficit en hormone de croissance dans 50 à 80% des cas. Dans la littérature, il existe peu de séries concernant des patients opérés. Il n’y a pas de recommandations actuelles concernant les indications chirurgicales dans le syndrome de Prader-Willi. La chirurgie est discutée lorsque les comorbidités deviennent préocupantes (le risque chirurgical est majoré par l’existence de compulsions alimentaires). 37 II. DONNEES DEMOGRAPHIQUES CONCERNANT L’OBESITE 1. Prévalence 1.1. Résultats des enquêtes françaises Les premières données sur échantillon représentatif national utilisant la définition internationale de l’obésité (IMC≥ 30 kg/m 2) sont issues des enquêtes décennales de l’INSEE de 1980 et 1991 [102]. La prévalence de l’obésité chez l’adulte était estimée à 6,1% en 1980 et 6,5% en 1991. Plus récemment, les enquêtes ObÉpi la situent à 8,5% en 1997, 10,1% en 2000 et 11,2% en 2003. Elle est en général voisine dans les deux sexes. Par contre, le surpoids est beaucoup plus fréquent chez les hommes où il atteint 38,3% contre 23,5% chez les femmes. La prévalence de l’obésité augmente régulièrement avec l’âge pour culminer dans la tranche d’âge 5564 ans. En France, 62% des hommes obèses et 75% des femmes obèses ont plus de 50 ans. Les différentes enquêtes nationales retrouvent des prévalences maximales dans le Nord et l’Est de la France. Les différences régionales sont explicables par des différences socio-économiques et d’habitudes alimentaires. La prévalence du surpoids et de l’obésité, a été estimée dans trois études récentes: les études INCA (enquête individuelle et nationale sur les consommations alimentaires) et ObEpi, l’étude menée par l’Institut de veille sanitaire et le ministère de l’Education nationale. La prévalence de l’obésité est respectivement de 13,3 ; 13 et 16,3% [34, 36]. 1.2. Prévalence selon le milieu socio-économique et socio-culturel Toutes les études dans les pays occidentaux (Espagne, Finlande, Belgique, Suède…) indiquent que la prévalence de l’obésité est beaucoup plus élevée en cas de niveau socio-économique bas. L’influence du milieu dans lequel on vit, joue un rôle majeur, témoignant du facteur environnement (alimentaire, familial, social). La discrimination sociale dont sont l’objet les obèses commence par un statut social souvent inférieur (tableau 9). A New York on retrouve 4% d’obèses parmi les classes 38 sociales élevées et 30% dans les classes sociales basses. L’OM est plus fréquente dans les familles aux revenus les plus bas. Niveau socio- Niveau socio- économique bas économique élevé 25-34 ans 30,8 18,4 35-44 ans 49,1 23,7 45-54 ans 54,1 30,3 55-64 ans 44,1 35,5 > à 65 ans 46,1 37,0 Tranche d’âge Tableau 9 : Prévalence (résultats en pourcentage) de l’IMC ≥ 27,3 kg/m2 chez les femmes américaines [in Lecerf JM. Poids et obésité. John Libbey Eurotext, Paris, 2001]. En France, la prévalence de l’obésité augmente pour les catégories socio-professionnelles moins aisées (SOFRES). L’effet des revenus est encore plus net, passant de 4,5% pour ceux ayant un revenu supérieur à 35000 Francs/mois à 12,9% pour ceux ayant des revenus inférieur à 6000 Francs/mois (SOFRES). 1.3. Prévalence selon l’origine ethnique Aux Etats-Unis, l’obésité est plus fréquente chez les femmes de race noire que chez les femmes de race blanche ; cela peut interférer avec le niveau socio-économique. L’environnement joue le plus grand rôle ainsi qu’en atteste l’absence de différence concernant l’IMC entre les indiens Pima et les autres Méxicains, alors que l’IMC est beaucoup plus élevé chez les indiens Pima d’Arizona aux Etats-Unis. 1.4. Prévalence et facteurs environnementaux L’augmentation récente de la prévalence de l’obésité est sans doute en relation avec des modifications de la société comportant à la fois une diminution de l’activité physique et une augmentation des prises alimentaires. L’augmentation de la prévalence de l’obésité ne peut s’expliquer par la génétique et survient dans des groupes socio-économiques préférentiels. 39 L’étude de Christakis publiée en 2007 avait pour but de corréler la fréquence de l’obésité avec les liens sociaux et/ou familiaux unissant un groupe de patients [44]. La cohorte étudiée, de 1973 à 2003, était la cohorte dite de Framingham [9]. Elle concernait 12067 patients. Les conclusions de ce travail sont: - une personne a un risque augmenté de 57% de devenir obèse pendant une période donnée si un de ses amis devient obèse dans la même période de temps ; - parmi les enfants de même parents, si un enfant devient obèse, le risque que son frère ou sa sœur devienne obèse est augmenté de 40% ; - si un conjoint devient obèse, le risque que l’autre le devienne est augmenté de 37%. 2. Variations dans le temps L’accroissement de l’obésité est confirmé en France et dans le monde par de nombreuses études épidémiologiques. Ce phénomène connaît une accélération dans la dernière décade [37]. 2.1. Enquêtes françaises nationales 2.1.1. Enquêtes INSEE Deux enquêtes sur la consommation des ménages ont été menées en 1980 et en 1991. Les résultats indiquent un taux d’obésité de 6,1% en 1980 et de 6,5% en 1991. 2.1.2. Enquêtes ObÉpi a. Enquêtes ObÉpi 1997 [34], 2000 [35] et 2003 Les personnes concernées vivaient en logement individuel, constituant un échantillon représentatif en termes d’âge, de sexe, de répartition régionale, de catégorie socioprofessionnelle et de taille de l’agglomération où elles résidaient. Leur objectif est de préciser, à partir du calcul de l’IMC, la prévalence du surpoids et de l’obésité et celle de la surcharge adipeuse abdominale, à partir de la valeur du tour de taille mesuré par les sujets euxmêmes. 40 70% 63,3% 61,0% 58,4% 60% Surpoids 30,3% Obésité 11,3% 50% 40% ObEpi 1997 ObEpi 2000 ObEpi 2003 30,3% 28,5%29,4% 30% 20% 7,9% 10% 9,2% 10,7% 0,3% 0,4% 0,6% 0% Pas de surpoids Surpoids Obésité modérée Obésité massive Figure 2 : Evolution de l’IMC entre ObÉpi 1997 et ObÉpi 2003. (source : Institut Roche de l’obésité) [36]. La progression de l’obésité est confirmée : 8,5% en 1997 ; 10,1% en 2000 ; 11,3% en 2003. L’IMC moyen passe de 24,1 4,1kg/m2 en 1997 à 24,4 4,2 en 2000 et 24,7 4,5 en 2003, soit un accroissement de 0,1 kg/m2/an. 20% ObEpi 1997 10% INSSEE 1980 6,1% 0% 1975 1980 INSSEE 1991 ObEpi 2000 ObEpi 2006 ObEpi 2003 11,3% 12,4% 10,1% 8,5% 6,5% 1990 1995 2000 2005 2010 Figure 3 : Prévalence de l’obésité chez les plus de 18 ans en France de 1980 à 2006. 41 L’augmentation relative de l’obésité est de 6,3% depuis 6 ans. Le surpoids affecte 28,5% des sujets en 1997, 29,4% en 2000 et 30,3% en 2003. Toutes les catégories professionnelles sont concernées, en priorité les inactifs et les couches sociales défavorisées (figure 4). 18% 16,1% 16% 15,5% 14% 13,8% 13,4% 13,2% 12,7% 12,0% 11,7% 12% 10,4% 10,0% 9,5% 10% 9,8% 8,6% 8% 9,5% 8,2% 7,7% ObEpi 1997 ObEpi 2000 ObEpi 2003 8,3% 8,0% 7,0% 6,0% 6% 5,7% 4% 2% 0% Artisants commercant Agriculteur Ouvrier Employé Profession intermédiaire Cadre sup. Profession lib. Retraité Figure 4: Evolution de la prévalence de l’obésité en fonction de la profession de l’individu [17]. Dans les deux sexes, on observe une augmentation de la prévalence du surpoids et de l’obésité avec l’âge. Mais entre 2000 et 2003, l’augmentation concerne plus particulièrement les jeunes. La répartition géographique de l’excès pondéral affecte principalement la région parisienne, le Nord et l’Est de la France. b. Enquête ObÉpi 2006 [37] Cette quatrième enquête épidémiologique sur l’obésité et le surpoids en France évaluait : la prévalence de l’obésité et du surpoids en 2006 et leurs évolutions depuis 1997, la prévalence des facteurs de risque cardiovasculaires associés à l’obésité. 42 On observe une augmentation de la prévalence de l’obésité : en 2006, l’obésité concernait 12,4% de la population (soit plus de 5,9 millions de personnes) contre 11,3% en 2003 (soit une augmentation relative de 9,7%) et 8,2% en 1997. L’obésité était plus importante chez les femmes (13%) que chez les hommes (11,8%). Depuis 1997, on compte 2,3 millions d’obèses en plus. De 2003 à 2006, on a pu constater une ébauche de ralentissement de l’augmentation de l’obésité. Mais dans cette même période, la fréquence des formes graves a connu une franche augmentation : la prévalence des obésités morbides est passée de 0,6% en 2003 à 0,8% en 2006. L’obésité survient plus tôt dans la vie : à un âge donné, les jeunes générations ont un IMC supérieur à celui de leurs aînés au même âge. La prévalence de l’obésité reste inversement proportionnelle au niveau de revenus des foyers. La fréquence du surpoids n’augmente pas : en 2006, 29,2% de la population, soit 13,9 millions de personnes, est en surpoids. Les hommes présentent plus souvent un surpoids que les femmes : 35,6% d’entre eux sont en surpoids contre 23,3% des femmes. L’augmentation relative de la prévalence de l’obésité entre 1997 et 2006 est plus rapide et plus importante chez la femme (+64%) que chez l’homme (+40%). Le tour de taille moyen de la population augmente, passant de 84,6 cm en 1997 à 88 cm en 2006, soit + 3,4 cm au total en 9 ans (87,2 cm en 2003). En 2006, 35,8 % des femmes avaient un tour de taille supérieur à ce seuil contre 27,1% en 2003. En France, on comptait 19,81 millions de personnes en surpoids ou obèses en 2006. 43 % de la population 60% 58,30% 56,4% 53,6% 53,5% 50% 40% 1997 2000 2003 2006 30,3% 29,4% 29,2% 28,50% 30% 12,4% 20% 11,6% 10,7% 9,2% 7,90% 10% 5% 4,6%4,8%4,9% 0,30%0,4%0,6%0,8% 0% Maigreur Référence Surpoids Obésité Obésité massive Figure 5 : Evolution de l’IMC depuis 1997. Données de l’enquête ObÉpi-Roche 2006. 60% 60% 50% 50% 40% 40% 30% 35% 36,70% 36,7% 37,40% 37,4% 35,60% 35,6 % Homme Surpoids 30% Homme Obésité Femme Surpoid Femme Obésité 35,3% 20% 20% 10% 22,3% 22,3 % 22,7% 22,7% 23,7% 23,7 % 23,3% 23,3 % 11,3%% 11,3 13,0% 13 % 2003 2006 10% 8,4% 8,4 % 9,8% 9,8 % 11,4% 11,4 % 11,8% 1997 2000 2003 2006 11,8% 0% 7,9%% 7,9 9,5% 9,5 % 0% 1997 Hommes 2000 Femmes Figure 6 : Répartition de la population masculine et féminine par niveau d’IMC depuis 1997. Données de l’enquête ObÉpi-Roche 2006. 44 Tour de taille des Tour de taille des hommes (en cm) femmes (en cm) 1997 90,5 79,2 2000 91,7 81,1 2003 92,5 82,3 2006 92,9 83,7 Années Tableau 10 : Evolution du tour de taille depuis 1997. Données de l’enquête ObÉpiRoche 2006. L’augmentation du tour de taille de 1997 à 2006 a été de 2,4 cm chez les hommes et de 4,5 cm chez les femmes. La prévalence de l’obésité reste inversement proportionnelle au niveau de revenus des foyers (18,8% pour des revenus de moins de 900€ ; 9% pour des revenus entre 3000 et 3800€). 18,7% 17,9% 17,1% 16,0% 14,90% 14,8% 14,7% 11,5% Homme Femme 9,80% 7,6% 3,80% 2,1% 15-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65 ans et plus Figure 7 : Prévalence de l’obésité en fonction de l’âge et du sexe en 2006. Données de l’enquête ObÉpi-Roche 2006. 45 2.2. Enquêtes françaises régionales Les enquêtes ObÉpi ont confirmé la progression de l’obésité sur l’ensemble de la France avec une prévalence plus importante dans certaines régions. Les enquêtes dites MONICA ont concerné des sujets âgés de 35 à 64 ans, représentatifs de la population de trois départements : HauteGaronne, Nord et Bas-Rhin. Les résultats font apparaître une très nette progression de l’obésité dans les deux derniers départements, évaluée respectivement à 9,14% et 22% chez les hommes et 11,19 et 23% chez les femmes. 3. Autres pays L’obésité a progressé de 10 à 40% au cours des dix dernières années (au Royaume-Uni : sa prévalence a doublé avec un taux d’obésité entre 10 et 20% chez les hommes et 10 à 25% chez les femmes). Aux Etats-Unis, la prévalence de l’OM est passée de 2,9 à 4,7%. De nombreux pays d’Amérique du Sud sont concernés par l’excès pondéral : Colombie (40%), Brésil (35%), Méxique (43%). L’obésité est très importante dans les populations insulaires du pacifique concernant 50% des sujets aux Iles Samoa et Nauru. 4. Coût pour les systèmes de soins de la prise en charge de l’obésité Les études de coûts concernant la prise en charge de l’obésité par les systèmes de soins sont anciennes (tableaux 11, 12, 13, 14 et 15). Des données récentes ont permis de préciser l’intérêt médico-économique de la prise en charge chirurgicale de l’obésité [1, 120]. 4.1. Etudes françaises D’après l’enquête de Lévy et al. [14], le traitement de l’obésité et des pathologies associées entraîne un ensemble des coûts directs estimé à 10 milliards d’Euros. Le coût attribuable directement à l’obésité est de 0,88 milliard d’Euros si l’on retient un IMC égal à 30 kg/m2 [96]. 46 Mortalité Femmes Hommes Total Hypertension artérielle 3898 2295 6193 Infarctus du myocarde 22564 26724 49288 Insuffisance cardiaque 19319 12255 31574 Accident vasculaire cérébral 24723 15693 40416 Thrombose veineuse 882 543 1425 Cancer colo-rectal 7725 8035 15760 Cancer du sein 10173 0 10173 Cancer génito-urinaire 8515 14368 22883 Total 97909 80023 177932 Tableau 11 : Nombre de décès liés à l’obésité en France en 1992 (d’après Levy et al. [96]). % attribuable à un Pathologie Soins ambulatoires Hôpital Obésité 0,12 0,06 1,24 Hypertension artérielle 1,89 0,23 1,46 Infarctus du myocarde 0,57 1,07 0,61 Angor 0,15 0,60 0,42 Accident vasculaire 0,28 0,98 0,94 Thrombose veineuse 0,65 0,19 0,16 Diabète de type 2 0,02 0,29 0,39 Dyslipidémie 0,61 ND 0,12 Goutte 0,02 ND 0,01 Ostéo-arthrose 0,17 0,18 0,11 Lithiase biliaire 0,01 0,36 0,14 Cancer colo-rectal 0,01 0,46 0,05 Cancer du sein 0,03 0,26 0,02 Cancer génito-urinaire 0,07 0,50 0,13 IMC> ou = à 30 cérébral Fractures de la hanche 0,07 (coût évité) Total 4,60 5,18 Tableau 12 : Coûts directs (milliards d’Euros) de l’obésité et des maladies associées en France en 1992 (d’après Lévy et al. [96]). Abréviation : ND : non disponible. 47 D’après la seconde étude par Detournay et al. [56], les coûts directs de l’obésité sont de 0,64 milliard d’Euros, soit 0,7% des dépenses de santé. Pathologie Risque relatif (IC 95 %)* Prévalence (%) Maladies Ostéo-articulaires 1,25 (1,1-1,4) 32,6 Coronaropathies 1,50 (1,1-2,0) 8,5 Diabète de type 2 3,80 (2,7-5,3) 9,8 Complications gastriques ** 1,20 (1,03-1,5) 15,9 Hyperuricémie, goutte 3,70 (2,5-5,5) 7,2 Hypertension artérielle 2,40 (2,2-2,8) 42,1 Dyslipidémie 1,50 (1,2-1,8) 15,2 Pathologie veineuse 1,20 (1,1-1,4) 28,0 Lithiase Biliaire 1,70 (1,2-2,2) 8,3 Tableau 13 : Risque relatif et prévalence de différentes pathologies chez les sujets obèses adultes (IMC> 30 kg/m2) par rapport aux sujets non obèses (18,5<IMC<25) (d’après Detournay et al. [56]). Abréviations : *ajusté selon l’âge, le sexe et le niveau d’éducation, ** Dont ulcère, gastrite et dyspepsie. L’obésité représente 85% du coût total de traitement du diabète de type 2 et 45% de celui de l’hypertension. IMC (18,5-25) ** =30 Risque relatif * Hôpital 493 € (44,1 %) 487 € (38,7 %) 0,98 Soins ambulatoires, dont : 625 € (55,9 %) 771 € (61,3 %) 1,23 - consultations 121 € (10,8 %) 149 € (11,9 %) 1,24 - soins paramédicaux 58 € (5,2 %) 91 € (7,3 %) 1,56 - pharmacie 251 € (22,4 %) 388 € (30,9 %) 1,55 - soins dentaires 143 € (12,8 %) 81 € (6,4 %) 0,57 - imagerie 30 € (2,6 %) 26 € (2,0 %) 0,86 - biologie 23 € (2 %) 35 € (2,8 %) 1,56 Total 1118 € (100 %) 1257 € (100 %) 1,12 Tableau 14 : Comparaison des dépenses annuelles moyenne de santé par personne, suivant l’IMC (d’après Detournay et al. [56]). Abréviation : * Dépenses des sujets obèses/dépenses des sujets de poids normal, ** Appariement sur l’âge le sexe et le niveau d’éducation. 48 4.2. Etudes internationales Coût annuel Dépenses (milliards) de santé (%) 27 1,81 € 2,0 Etats-Unis 29 51,6 US$ 5,7 1995 Etats-Unis 30 70,0 US$ 7,0 Swinburn 1991 Nouvelle- Zélande 30 135,0 NZ$ 2,5 Birmingham 1997 Canada 30 1,8 CAN$ 2,4 Pereira 1996 Portugal 30 46,2 PTE* 3,5 Auteurs Année Pays IMC Lévy [96] 1992 France Wolf [183] 1995 Colditz Tableau 15 : Estimations de l’impact économique de l’obésité (coût annuel et pourcentage relatif des dépenses de santé) dans différents pays, suivant l’année estimée et l’IMC, d’après Chevallier JM et Pattou F [In Chirurgie de l’obésité, monographie de l’association française de chirurgie. Rapport présenté au 106 ème congrès français de chirurgie. octobre 2004]. Abréviation : * Escudos portugais. 4.3. Conclusion des études médico-économiques L’obésité est responsable de 5,7 à 7% des dépenses de santé aux EtatsUnis et de 2 à 3,5% environ en Europe. Son impact économique occupe une part croissante des dépenses de santé qui devrait s’aggraver. L’inclusion des dépenses liées au surpoids augmenterait le coût de la seule obésité (les sujets en excès pondéral dépensant beaucoup de médicaments liés au traitement de la surcharge pondérale et à ses complications). La chirurgie est efficace en termes d’économie de santé, pour la prise en charge du diabète de type 2 associé à l’obésité (BMI ≥ 35kg/m2) avec un recul de 5 ans, dans 3 pays : la France, l’Allemagne et la Grande Bretagne [1]. Une politique axée sur la prévention et le traitement de l’obésité peut être une source d’économies. En Suède, Sjöstrom & alii ont suivi 1743 hommes et femmes obèses dont un groupe traité chirurgicalement avec une perte de poids de 30 à 40 kg. La prévalence du DNID chute de 68% contre 16% chez les témoins. Le risque d’HTA a été divisé par 4 ou 5. Cette étude extrapolée à la France et aux Etats-Unis, permet de conclure qu’en tenant compte seulement du DNID, les coûts totaux de l’obésité pourraient être diminués de 31% et 20% [120]. 49 III. DONNEES DE SANTE PUBLIQUE CONCERNANT LA CHIRURGIE DE L’OBESITE 1. En France 1.1. Enquête Oberlin : méthodologie Cette étude a précisé l’évolution de la chirurgie de l’obésité en France de 1997 à 2003 [125]. Les résultats de cette étude concernent la prévalence de l’obésité et le recours à la chirurgie de l’obésité. On observe dans cette étude une première période d’augmentation du nombre d’interventions continue jusqu’en mars 2002, suivie d’une diminution brusque (tableau 16). Les causes de cette évolution sont dues à la facilité de mise en place des anneaux, à l’efficacité attendue de ce type de traitement et surtout à l’absence de contrôle des indications. 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2700 4800 7500 10500 17400 17500 10300 85,6 86,8 88,0 87,1 87,3 86,5 85,3 39,4 39,2 39,2 39,2 39,2 39,3 39,2 Nombre total de séjours Proportion de femmes Age moyen des deux sexes Tableau 16 : Evolution de 1997 à 2003 du nombre annuel de séjours pour chirurgie de l’obésité selon le sexe (données du rapport Oberlin). On observe dans cette étude de fortes variations du taux de recours à la chirurgie, comparativement à l’augmentation continue de la prévalence de l’obésité (figure 9). 50 Taux standardisés (1) de recours pour 100 000 habitants 70 60 50 40 Hommes Femmes Deux sexes 30 20 10 0 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Figure 8 : Evolution de 1997 à 2003 des taux de recours à la chirurgie de l’obésité selon le sexe (données du rapport Oberlin). La décroissance secondaire du recours à la chirurgie est liée au contrôle par la CNAMTS [46] des indications retenues. Le recours à la chirurgie après une période de 3 ans (2000-2003) s’est maintenant stabilisé, ce qui est une particularité française (figure 9). Taux brut de recours à la chirurgie de l'obésité pour 100 000 obèses Taux brut de prévalence de l'obésité en % 400 -12 350 -10 300 -8 250 -6 200 150 -4 100 -2 50 -0 0 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Figure 9 : Evolution de 1997 à 2003 de la prévalence de l’obésité et du taux de recours à la chirurgie de l’obésité (données du rapport Oberlin). 51 L’âge moyen des patients opérés est compris entre 39,2 et 39,4 ans. La chirurgie en France concerne surtout des femmes (87% des opérés) âgées de 25 à 54 ans. Les hommes qui y recourent sont, en moyenne, un peu plus âgés que les femmes. On assiste à un accroissement du nombre d’établissements pratiquant ce type d’interventions et une augmentation de l’activité dans les établissements « précurseurs ». Davantage d’interventions sont maintenant pratiquées dans les Centres Hospitaliers Régionaux (CHR). Il existe une diffusion progressive de la chirurgie de l’obésité à un nombre croissant de régions. Dans un premier temps, les actes chirurgicaux ont été concentrés en Rhône-Alpes (plus de 40% des interventions en 1997) et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur (33% des interventions). L’Île-de-France, qui ne réalisait en 1997 que 7,5% des interventions, en totalise 25% depuis 2000. Les régions Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur ne concentrent plus que le quart de l’activité en 2003. Le Languedoc-Rousillon et le Nord-Pas-decalais ont vu les interventions réalisées sur leur territoire augmenter régulièrement : ces deux régions totalisent 14% de l’activité en 2003 contre 3% en 1997. Les taux standardisés de recours à la chirurgie de l’obésité des résidents des différentes ZEAT (Zones d’étude et d’aménagement du territoire) n’apparaissent pas corrélés avec la prévalence de l’obésité par zone géographique (tableau 17). La ZEAT Ouest est la seule où taux de recours à la chirurgie de l’obésité et prévalence de l’obésité sont tous deux inférieurs à la moyenne nationale. Dans le Nord et dans l’Est, les taux de recours à la chirurgie sont respectivement inférieurs de 40 et 60% à la moyenne nationale, alors qu’il s’agit des ZEAT présentant les plus fortes prévalences d’obésité. Le Bassin Parisien est une ZEAT où le taux de recours est faible (-12%) alors que la prévalence de l’obésité est élevée (+20%). 52 Prévalence de l’obésité (%) Hommes Femmes Les deux sexes 7,9 10,3 9,2 Bassin Parisien 14,1 13,6 13,9 Dont Champagne-Ardenne 14,3 14,9 14,6 Picardie 13,5 14,9 14,2 Nord (Nord-Pas-de-Calais) 14,3 17,6 16,0 Est 13,9 14,9 14,4 Ouest 10,9 10,1 10,5 Sud-ouest 9,5 9,8 9,7 Centre-est 9,4 9,9 9,7 Méditerranée 9,3 8,0 8,6 Dont Provence-Alpes-Côte- 8,5 8,1 8,3 10,9 11,4 11,2 Région parisienne (île-de-France) d’Azur France métropolitaine Tableau17 : Prévalence de l’obésité par ZEAT en 2002-2003 (résultats en pourcentage). Champ : France métropolitaine, population des 18 ans ou plus. Source : Enquête santé 2002-2003, Insee. 53 180 Recours à la chirurgie de l’obésité 160 140 Méditérranée 120 100 80 Centre-est 60 Région parisienne 40 20 Sud-ouest 0 Bassin parisien -20 Nord -40 Ouest -60 Est -80 -100 Prévalence de l’obésité -30 -20 -10 0 10 20 30 40 50 Figure 10 : Prévalence de l’obésité et recours à la chirurgie par ZEAT (1) en 2003 (données du rapport Oberlin). Taux standardisés dans les deux sexes. Ecarts par rapport à la France métropolitaine(en %). (1) : Zone d’Etude et d’Aménagement du Territoire ; elles correspondent à des regroupements de régions administratives. Les techniques de gastroplasties sont majoritairement utilisées (plus de 95% des interventions). Cependant, les CHR utilisent plus souvent des techniques complexes : by-pass gastriques, dérivations bilio-pancréatiques. 54 1.2. Observatoires régionaux de santé L’Ouest de la France est une région de faible prévalence de l’obésité et de faible taux de recours à la chirurgie (tableaux 17, 18 et 19 et figure 10). Prévalence de l’obésité (%) Régions françaises 1997 2000 2003 2006 Nord 12,8 13,5 15,3 18,1 9,2 11 12,8 13,4 Est 8,2 11,4 11,3 14,1 Sud Est 8,2 8,8 10,1 10,7 Sud-Ouest 7,7 8,7 10,3 11,3 Méditerranée 7,5 9,8 10,9 11,9 Ouest 6,9 7,6 9,7 11,1 6,7 8,6 11,4 11,5 Bassin Parisien Région parisienne Tableau 18 : Analyse de la prévalence de l’obésité par groupes de régions [37]. Il y a des disparités au sein des groupes de régions. Le Nord est la région qui a la plus forte prévalence d’obésité en 2006. Suivent l’Est (14,1%) et le Bassin Parisien (13,4%). Les régions subissant les plus fortes évolutions de l’obésité depuis 1997 et 2006 sont l’Est avec +5,9% et la région parisienne avec +4.8%. Selon l’enquête ObEpi 2006, la prévalence de l’obésité dans les Pays de Loire est de 11,5% pour la population de plus de 15 ans. Elle a pratiquement doublé depuis 1997 (6,6%). Pays de Loire France métropolitaine Evolution 1997 2000 2003 2006 6,6 % 7,2 % 9,5 % 11,5 % +74,2 % 8,2 % 9,6 % 11,3 % 12,4 % +51,2 % 1997-2006 Tableau 19 : Prévalence de l’obésité chez les 15 ans et plus, dans les Pays de Loire et France métropolitaine (1997-2006). Source : Enquête ObEpi. INSERM-Institut RocheSOFRES. 55 2. Les autres pays 2.1. Obésité dans le monde Selon l’OMS, 300 millions d’adultes sont obèses dans le monde [52, 75]. L’obésité est le problème nutritionnel le plus fréquent dans les pays occidentaux industrialisés touchant 20 à 30% de la population adulte. Malgré une augmentation généralisée de la prévalence du surpoids et de l’obésité, il existe des disparités importantes dans les différentes régions du monde. A l’échelle des pays, la prévalence de l’obésité est très liée à la valeur du produit intérieur brut par habitant jusqu’à un certain seuil, estimé à 1500 US$ (valeur de 1992) par habitant. Au-delà de ce seuil, elle varie en fonction des différences socioculturelles. Pays-Région Chine - beijing Belgique - Gent France -Toulouse Etats-Unis - Standford Italie - Brianza Grande Bretagne - Glasgow Islande Suisse - Vaud-Fribourg France - Lille Russie -Moscou Allemagne -Ausburg ville Pologne - Varsovie Tchécoslovaquie Hommes Etude 1 Etude 2 3 4 9 10 9 13 10 20 11 14 11 23 12 17 12 16 13 17 14 8 18 18 18 22 22 22 Femmes Etude 1 Etude 2 6 8 11 11 11 10 14 23 15 18 16 23 14 18 12 9 17 22 33 21 15 21 26 28 32 29 Tableau 20 : Prévalence (%) de l’obésité (IMC ≥ 30 kg/m2) dans différentes régions du monde lors de la première (1979-1989) et de la seconde (1989-1996) étude MONICA chez des hommes et des femmes agés de 34 à 65 ans [114]. 56 25 20 EU ALL FIN GB ESP SUE PB FRA 15 10 5 19 78 19 79 19 80 19 81 19 82 19 83 19 84 19 85 19 86 19 87 19 88 19 89 19 90 19 91 19 92 19 93 19 94 19 95 19 96 19 97 19 98 19 99 20 00 0 Figure 11 : Evolution de la prévalence de l’obésité chez les hommes dans différents pays à partir d’échantillons nationaux [65, 87]. EU : Etats-Unis (25-29 ans) ALL : Allemagne (25-69 ans) GB : Grande-Bretagne (16-64 ans) FIN : Finlande (20 -75 ans) ESP : Espagne (20-64 ans) FRA : France (≥ 18 ans) PB : Pays-Bas (≥ 20 ans) SUE : Suede (16-84 ans) 2.2. Enquête SOS (Suède) Il existe peu de registres d’obésité et/ou de chirurgie d’obésité (Italie, USA). En fait, on ne dispose en termes de santé publique que d’études de cohortes. L’étude prospective suédoise SOS (Swedish Obese Subjects) est le seul essai comparatif non randomisé entre traitement conventionnel en centres de soins primaires et traitement chirurgical effectué par diverses équipes et selon le souhait du patient [156], permettant d’apprécier à long terme les résultats de la chirurgie bariatrique. Il s’agit en fait d’une étude de cohortes. Deux mille sujets obèses (IMC> 34 et 38 kg/m 2, respectivement pour les hommes et les femmes) ont été inclus dans chaque groupe avec un suivi prévu sur 10 ans [9, 87]. 57 IV. FACTEURS DE RISQUES LIES À L’OBESITE 1. La surmortalité L’excès de poids est responsable d’une surmortalité essentiellement d’origine cardiovasculaire. La relation entre la mortalité et l’index de masse corporelle (IMC) suit une courbe en forme de J ou de U. Le risque relatif de mortalité précoce double, dans les deux sexes, lorsque l’on passe d’un IMC de 20 kg/m2 (normal) à 30 kg/m2 (obésité modérée) (figure 11). Au-delà de 30 kg/m2, le risque de mortalité croît plus rapidement pour atteindre 2,5 pour un IMC à 35 kg/m2 [184] ; ce qui a fait envisager l’IMC comme un facteur prédictif indépendant de mortalité précoce. Ainsi, l’espérance de vie serait réduite de 10 à 15 ans au cours de l’OM [59]. Risque relatif X 3 3 Risque faible Risque modéré Risque élevé 2,5 2,5 2 Risque relatif X 2 1,5 1,5 1 1 0,5 0,5 IMC 0 0 0 20 0 25 20 30 25 35 30 35 Figure 12 : Risque de mortalité en fonction de l’IMC [165]. Les troubles métaboliques ou cardiovasculaires ou respiratoires associés à l’obésité sont des facteurs importants de cette relation entre IMC et mortalité. Cependant, même en l’absence de pathologie, l’augmentation de la mortalité en fonction de la corpulence reste significative. 58 Aux Etats-Unis, la Nurses’ Health Study retrouve une relation presque linéaire entre l’IMC et la mortalité, chez 115195 femmes adultes (figure 13). En excluant les fumeuses, les femmes maigres (IMC< 22 kg/m2) ont le plus faible taux de mortalité. Taux de mortalité 21 IMC en kg/m² 25 Figure 13 : Courbe de mortalité en fonction de l’IMC dont la valeur idéale se situe entre 21 et 25 kg/m2 [in Delaveau P., Jaffiol C. Expliquez-moi l’obésité… comprendre, prévenir, traiter. Pharmathèmes éditions, 2005.] L’American Institute conclut que les femmes avec un IMC entre 18 et 25 kg/m2 ont le taux le plus faible de décès. Chaque année, 320000 personnes meurent en Europe de causes directement liées à l’obésité. Plus l’IMC augmente, plus le risque de mourir prématurément d’un grand nombre de maladies s’accroît. Les taux de mortalité sont multipliés par 2 pour les hommes et les femmes qui dépassent de 50% leur poids moyen. Pour les individus diabétiques qui dépassent de 50% leur poids moyen, les taux de mortalité sont multipliés par 5 pour les hommes et par 8 pour les femmes. Pour ceux qui dépassent de 50% leur poids moyen et qui souffrent de maladies du tube digestif, les taux de mortalité sont multipliés par 4 pour les hommes et par 3 pour les femmes. 59 2. Les comorbidités 2.1. Définition Il existe de nombreuses complications liées et/ou associées à l’obésité. 2.1.1. Risque vital associé à l’obésité Selon l’OMS, les pathologies associées à l’obésité entraînant un risque vital peuvent être regroupées en 3 catégories : les pathologies cardio-vasculaires : - l’hypertension artérielle ; - les accidents vasculaires cérébraux ; - l’insuffisance coronarienne ; - les insuffisances ventriculaires droites et gauches hypertrophiques ; les cardiomyopathies ; - maladie thrombo-embolique profonde et embolie pulmonaire ; le diabète de type 2 : 93 fois plus fréquent pour un IMC à 35 kg/m2. certains cancers : chez l’homme (prostate, colo-rectal, voies biliaires) et chez la femme (endomètre, voies biliaires, col utérin, ovaire, sein, colo-rectal). 2.1.2. Autres facteurs de risque de l’obésité Les pathologies associées n’engageant pas le pronostic vital mais source de handicaps comprennent : les pathologies respiratoires : - le syndrome d’apnée du sommeil (SAS): 10 fois plus fréquent pour un IMC > 40 kg/m2 - l’asthme, dont la prévalence est de 30% chez les enfants obèses les troubles digestifs : - le reflux gastro-oesophagien (prévalence de 37 à 72% chez les patients obèses) - la stéatose hépatique (pour un IMC à 35 kg/m2, le risque relatif de présenter une altération des fonctions est de 5) - la lithiase biliaire 60 les troubles métaboliques : - insulinorésistance - hypercholestérolémie - hypertriglycéridémie - diminution du HDL-cholestérol - hyperuricémie les pathologies ostéo-articulaires : - l’arthrose du genou - la lombarthrose - la coxarthrose les troubles de la fertilité (syndrome des ovaires polykystiques [OPK]) : - dysovulation - hypogonadisme - hyperandrogénie - infertilité - hirsutisme les complications obstétricales : - diabète gestationnel - toxémie gravidique le retentissement psychologique et social : - altération de la qualité de vie - perte d’autonomie - discrimination - préjudices socio- professionnels - syndrome anxio-dépressif 2.2. Le syndrome métabolique, syndrome X ou « obésité maligne » 2.2.1. Définitions (OMS et NCEP) Le syndrome métabolique est une pathologie au cours de laquelle la résistance à l’insuline, l’hypertension et la dyslipidémie se produisent ensemble. 61 L’OMS propose une définition basée sur au moins 2 facteurs de risque (tableau 21) avec une hyperinsulinémie à jeun ou un diabète sucré. Facteurs de risque Tension artérielle Limites de normalité ≤ 140/90 mm Hg Obésité abdominale (rapport taille/hanche) - Hommes < 0,90 - Femmes < 0,85 Obésité (IMC) < 30 kg/m2 Dyslipidémies - Triglycérides ≤ 1,7 mmol/L - HDL cholestérol - Hommes ≥ 0,9 mmol/L - Femmes ≥ 1 mmol/L Microalbuminurie ≤ 20 microgrammes/min Tableau 21 : Syndrome métabolique selon l’OMS. Le National Cholesterol Education Program (NCEP) fonde le diagnostic sur 3 facteurs de risque (tableau 22). Facteurs de risque niveau Hypertension artérielle ≥ 130/85 mmHg Obésité abdominale Tour de taille - Homme ≥102 cm - Femme ≥ 88 cm Dyslipidémie -Triglycérides Au moins 150 mg/dL - HDL cholestérol - Hommes ≤ 40 mg/dL - Femmes ≤ 50 mg/dL Glycémie élevée à jeun ≥ 110 mg/L Tableau 22 : Syndrome métabolique selon le NCEP. 62 2.2.2. Diagnostic du syndrome métabolique a. L’ « obésité maligne » Elle se caractérise par la répartition topographique de la surcharge graisseuse au niveau de l’abdomen plus que par son importance, mesurée par le tour de taille dont les valeurs ne doivent pas dépasser 102 cm chez l’homme et 88 cm chez la femme. De nombreux arguments confirment la toxicité métabolique et cardiovasculaire de l’excès de graisse abdominale. A l’opposé, l’excès de graisse périphérique à topographie pelvicrurale ne s’accompagne pas de troubles lipidiques, ni de risque cardiovasculaire. b. Autres anomalies du syndrome métabolique Leur association à l’obésité abdominale constitue le syndrome lorsque 3 composantes au moins existent. Hypertension artérielle Diabète sucré de type 2 (glycémie supérieure à 1,25 g/l) Le diabète de type 2 est la conséquence d’un défaut de l’insulinosécrétion aussi bien à jeun qu’en post-prandial (baisse du pic précoce d’insuline) et d’une résistance à l’insuline (défaut de captation hépatique de l’insuline avec hyperproduction de glucose et résistance périphérique à l’insuline, notamment musculaire). Insulinorésistance Elle est confirmée par divers index tels l’indice HOMA (Homeostasis Model Assessment) calculé selon la formule : Insulinémie à jeun (mU/L) x glycémie à jeun (mmol/L) HOMA= 22,5 Une valeur élevée dans le quartile supérieur des chiffres permet de retenir l’existence d’une insulinorésistance. La résistance des tissus cibles pour capter le glucose sous l’action de l’insuline est l’élément de base de ce syndrome. C’est elle qui va entraîner une élévation compensatoire et proportionnelle de l’insulinémie pour maintenir la glycémie normale. L’insuline a des actions, métaboliques 63 (captation du glucose, des acides aminés, inhibition de la lipolyse) et de stimulation de la synthèse protéique. La résistance à l’insuline portant préférentiellement sur la captation du glucose, l’hyperinsulinémie compensatoire freine la lipolyse et favorise la prise de poids. Il pourra sur des ovaires prédisposés favoriser le développement d’une sécrétion accrue d’androgènes, caractérisant le syndrome des ovaires polykystiques. Dyslipidémie : Elle associe une élévation des triglycérides plasmatiques, une diminution du HDL cholestérol, une augmentation des acides gras libres. Le taux de LDL-cholestérol est généralement normal, mais les particules sont plus athérogènes. 2.2.3. Evolution du syndrome métabolique En l’absence de traitement, il évolue vers l’athérosclérose et son cortège de complications génératrices d’accident vasculaire cérébral et de nécrose myocardique. La stéatose hépatique est la conséquence de l’excès de triglycérides synthétisés par le foie à partir de l’afflux d’acides gras provenant de la masse adipeuse intra-abdominale. Une évolution vers la cirrhose hépatique peut s’observer. Le syndrome des ovaires polykystiques associant polykystose ovarienne, spanioménorrhée, stérilité, hyperandrogénie, acanthosis nigricans est fréquent chez les femmes atteintes d’un syndrome métabolique. 2.2.4. Traitement du syndrome métabolique a. Prévention Deux facteurs annoncent le risque : un périmètre abdominal excessif, des antécédents familiaux de syndrome métabolique. La prévention repose à ce stade sur des mesures hygiénodiététiques : réduction calorique glucidolipidique et exercice physique. La perte de poids améliore presque toujours la sensibilité à l’insuline et le profil lipidique. 64 b. Traitement du syndrome métabolique constitué Au premier plan : les règles hygiéno-diététiques La pratique de l’exercice physique doit tenir compte de l’état cardiovasculaire qu’il faut évaluer. L’exercice physique régulier améliore l’hypertension artérielle, la dyslipidémie et l’intolérance au glucose. Un exercice d’endurance modéré ou même intense, 3 à 5 fois par semaine d’une durée de 45 à 60 minutes, améliore au mieux la sensibilité à l’insuline. On peut se contenter de proposer 20 à 30 minutes d’activité physique modérée (marche rapide) tous les jours. Un régime limitant les apports de graisses saturées et de sucres à index glycémique élevé. Les médicaments Les agents insulinosensibilisateurs ; Au premier plan : les biguanides : la metformine: elle entraîne une perte de poids, une diminution de la glycémie à jeun et de l’insulinémie. Les glitazones réduisent l’insulinorésistance mais augmentent la graisse souscutanée; leur usage est contre-indiqué en cas d’insuffisance cardiaque et hépatique. Le benfluorex augmente l’utilisation périphérique du glucose. Le traitement des symptômes associés est essentiel. - Le choix des antihypertenseurs privilégie les inhibiteurs de l’enzyme de conversion. - Les statines réduisent le taux des LDL. Un excès de triglycérides incomplètement contrôlé par le régime nécessite le recours aux fibrates. La perte de poids, l’exercice physique sont utiles pour compléter l’action des agents pharmacologiques. 65 2.3. Le diabète de type 2 Il est très fréquemment associé à l’obésité, aggravant les risques cardiovasculaires. 2.3.1. Epidémiologie Le risque s’accroît avec l’IMC : 9,10% pour un IMC de 29 kg/m2 et 26,2% pour un IMC de 37 kg/m2. Chaque kilogramme de poids supplémentaire acquis chaque année pendant 10 ans augmenterait le risque de diabète de 49%. A l’opposé, chaque kilogramme perdu annuellement le réduirait de 33%. La persistance de l’excès de poids est diabétogène mais l’excès de graisse viscérale est le facteur essentiel (corrélation très significative entre la graisse abdominale et le degré d’insulinorésistance). 2.3.2. Physiopathologie Trois facteurs expliquent son développement: L’insulinorésistance Le muscle est la cible privilégiée de l’insuline qui permet l’utilisation optimale du glucose pour fournir l’énergie nécessaire à sa contraction. Plusieurs anomalies du métabolisme du glucose ont été confirmées, impliquant la synthèse du glycogène et le transport du glucose. L’excès d’acides gras libres est un facteur reconnu d’insulinorésistance. Le tissu adipeux joue un rôle à travers les multiples protéines qu’il sécrète : la leptine, le tumor nécrosis factor alpha, l’interleukine-6, la résistine, l’adiponectine. L’augmentation de la production hépatique de glucose Il y a un débit glucosé hépatique à jeun anormalement élevé malgré des valeurs de glycémie et d’insulinémie augmentées. Les acides gras paraissent stimuler la néoglycogénèse. La défaillance du pancréas endocrine Elle est secondaire à la diminution progressive de la sécrétion insulinique du pancréas. La résistance à l’insuline du muscle sous l’effet d’une accumulation des acides gras libres est le facteur qui va conduire au diabète sucré. 66 2.3.3. Données cliniques L’excès de graisse abdominale est corrélé à un degré plus élevé d’insulinorésistance hépatique et musculaire. Avant l’apparition d’un état diabétique typique, caractérisé par une glycémie à jeun supérieure à 1,26 g/l, il est fréquent d’observer des anomalies de la glycorégulation qui précèdent durant de nombreuses années le diabète confirmé. Leur dépistage peut se faire par la mesure de la glycémie à jeun, pathologique lorsqu’elle est comprise entre 1,10 et 1,26 g/l. L’hyperglycémie provoquée orale peut révéler soit une glycémie maximale qui dépasse la valeur de 1,5 g/l tout en restant inférieure à 2 g/l, soit une hypoglycémie tardive parfois très basse, inférieure à 0,60 g/l. 2.4. Le syndrome d’apnées du sommeil (SAS) 2.4.1. Retentissement respiratoire de l’obésité Les retentissements cliniques respiratoires, à obésité égale en termes d’IMC, sont variables et dépendent de nombreux facteurs : âge, sexe, répartition androïde ou gynoïde des graisses, présence d’une pathologie respiratoire ou cardiaque sous-jacente associée. La dyspnée d’effort est le symptôme clinique le plus fréquent. Les autres symptômes recherchés par l’interrogatoire du patient et de son conjoint, décèlent une ronchopathie, une hypersomnolence diurne, des pauses respiratoires nocturnes, des réveils répétés, une polyurie nocturne. 2.4.2. Définition du SAS Il se définit par la présence de troubles respiratoires nocturnes répétés à type d’apnées et d’hypopnées induisant une désorganisation du sommeil et des troubles cardio-respiratoires dont les conséquences peuvent mettre en jeu le pronostic vital du patient. Les apnées se traduisent par un arrêt du flux naso-buccal pendant plus de 10 secondes et sont la conséquence d’une obstruction complète au niveau des voies aériennes supérieures. Les hypopnées se définissent par une diminution de 50% de la ventilation associée à une désaturation artérielle d’au moins 4%. Tous ces événements respiratoires se terminent, lors de la reprise ventilatoire, par un éveil. Le SAS se 67 définit par la survenue de plus de 10 évènements respiratoires par heure de sommeil (polysomnographie) associée à une symptomatologie clinique évocatrice. 2.4.3. Prévalence du SAS chez l’obèse Chez l’obèse, la prévalence du SAS est estimée, entre 20 et 50% ; elle augmente avec le poids et est plus fréquente chez l’homme que chez la femme en raison de la répartition graisseuse de type androïde. D’autres facteurs peuvent accentuer sa prévalence: le tabagisme et les pathologies obstructives comme la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), certaines pathologies endocriniennes (hypothyroïdie, syndrome de Cushing). 2.4.4. Symptomatologie clinique L’hypersomnolence diurne est la conséquence de l’insuffisance de sommeil liée aux éveils nocturnes. Les signes cliniques sont précisés dans le tableau 23. La sévérité du SAS peut être évaluée par l’utilisation de l’échelle d’Epworth (tableau 24). Le score d’Epworth est considéré comme pathologique quand il est supérieur ou égal à 11. Signes cliniques diurnes Signes cliniques nocturnes Hypersomnolence (à chiffrer par Ronflements l’échelle d’Epworth) Fatigue matinale Pauses respiratoires Céphalées matinales Sommeil agité Troubles de la mémoire et de la vigilance Réveils nocturnes répétés Troubles de l’humeur Polyurie, énurésie Chute de la libido, impuissance Hypersudation Endormissement pendant la conduite automobile Tableau 23 : Signes cliniques diurnes et nocturnes du SAS. 68 Situation Chance de s’endormir* Assis en train de lire En train de regarder la télévision Assis, inactif dans un lieu public (cinéma, théatre, réunion…) Comme passager d’une voiture roulant sans arrêt pendant 1 heure Allongé l’après-midi lorsque les circonstances le permettent Etant assis en parlant avec quelqu’un Assis au calme après un déjeuner sans alcool Dans une voiture immobilisée depuis quelques minutes TOTAL Tableau 24 : Echelle de somnolence d’ Epworth [84]. Le score est considéré comme pathologique quand il est ≥ 11. Abréviation: * Dans les 8 situations suivantes, nous vous demandons de chiffrer votre risque de vous endormir dans chacune des situations proposées : 0= ne somnole jamais ; 1= faible chance de s’endormir ; 2= chance moyenne de s’endormir ; 3= forte chance de s’endormir. Les complications cardio-respiratoires ne sont pas rares chez les patients obèses: l’HTA est plus fréquente chez les patients obèses avec SAS que chez les patients obèses sans SAS, avec un risque relatif de respectivement 3,9 et 2,7. La polysomnographie (enregistrement nocturne simultané de paramètres cardio-respiratoires et du sommeil) est l’examen de diagnostic de certitude, souvent de réalisation indispensable en pré-opératoire. 69 2.5. L’hypertension artérielle Elle est la plus fréquente des complications de l’obésité. De multiples études confirment la corrélation entre l’IMC et l’hypertension systolo-diastolique. Les obèses présentent un risque accru d’HTA par rapport aux sujets minces. L’étude NHANES II (Etats-Unis) confirme que l’HTA est 2,9 fois plus fréquente chez les adultes en excès de poids. Dans l’enquête ObEpi 2006 [37], l’HTA affecte 14,8% de la population adulte ; 7,8% dans le groupe avec un IMC ≤ 24,9 kg/m2; 21,5 % dans celui avec 25 ≤ IMC ≤ 29,9 kg/m2 et 33,1% chez les obèses avec un IMC> 30 kg/m 2. L’HTA est donc 3 fois plus fréquente en cas de surpoids et 4 fois plus en cas d’obésité. La Framingham Heart Study suggère que l’obésité est responsable de l’HTA chez 75,8% des hommes et 75% des femmes. Elle est plus fréquemment associée à l’obésité androïde. Le risque d’HTA en fonction de l’augmentation du poids est modulé par l’âge et la répartition du tissu adipeux. D’après les données fournies par le registre d’Amsterdam, la prévalence de l’HTA s’élève au-dessus de 12% lorsque le tour de taille dépasse 90 cm chez la femme et 1 mètre chez l’homme. 2.6. Le risque vasculaire Dans l’étude de Framingham, l’obésité est le troisième paramètre prédictif d’accidents vasculaires coronariens ischémiques, en particulier chez la femme, après l’âge et les dyslipidémies [80]. Le risque est plus grand avant 50 ans et peut être évalué par la mesure du périmètre abdominal. En effet, la répartition abdominale de l’excès adipeux est un des critères permettant de détecter les patients les plus exposés. Cette répartition est appréciée par la mesure de la circonférence abdominale ou le rapport taille/hanches. Il est également possible de calculer le risque de présenter un accident coronaire ou vasculaire sur plusieurs années en fonction de différents paramètres cliniques et biologiques en utilisant des modèles mathématiques. 70 2.6.1. Le risque vasculaire absolu Le risque vasculaire absolu est défini par la probabilité de présenter un accident vasculaire coronarien ou cérébral sur une période donnée (en moyenne 10 ans). Il va dépendre des facteurs de risque traditionnels du patient et des antécédents familiaux. Le calcul est effectué à partir d’un modèle mathématique décrit par Framingham [9,10]. L’équation de Framingham a été obtenue à partir d’une étude de cohorte aux Etats-Unis. Cette équation tient compte de 5 facteurs : âge, cholestérol total ou LDL-cholestérol, HDL-cholestérol, pression artérielle, présence ou non d’un diabète sucré de type 2 et d’une insuffisance ventriculaire gauche. En pratique la détermination du risque vasculaire absolu peut être un indicateur de sélection des patients à haut risque. 2.6.2. Evaluation en pratique du risque vasculaire La méthode la plus simple est d’utiliser des calculettes spécifiquement dédiées ou des programmes informatiques. Il est plus facile de se connecter au site Internet (www.hbroussais.fr) qui propose ce calcul. 2.6.3. Stratégies thérapeutiques Plusieurs recommandations internationales proposent d’intervenir avec des médicaments puissants dès que le risque cardiovasculaire absolu dépasse 20% sur 10 ans [61]. Le principe est de chercher à corriger les différents facteurs de risque afin d’abaisser ce risque cardiovasculaire global. Un exemple de l’appplication en pratique clinique de la détermination du risque vasculaire est donné par Krempf [91]. La mise en place d’un traitement antihypertenseur peut permettre d’espérer ramener les chiffres tensionnels à 130/140 mm Hg de pression systolique. Dans ce cas, le risque est ramené à 34%. La prescription d’un hypo-lipémiant sans traitement antihypertenseur pourrait permettre de ramener le LDL-cholestérol à 1,30 g/l, le HDL-cholestérol à 0,40 g/l et les triglycérides à environ 2 g/l. le risque cardiovasculaire absolu est alors abaissé à 14,5%. Si les deux médicaments, 71 anti-hypertenseur et hypo-lipémiant sont combinés, le risque sera de 9,5%. L’arrêt du tabac permet de le normaliser à 3,8%. Une alternative est de convaincre le patient de perdre du poids avant toute introduction de médicament. Une perte de 10 à 15% peut être obtenue si le patient adhère aux conseils diététiques et si des traitements anti-obésité lui sont associés. En référence aux études ayant utilisé de l’Orlistat ou de la Sibutramine, il est raisonnable d’espérer une réduction des paramètres lipidiques à 1,60 g/l pour le LDL-cholestérol, 1,70 g/l pour les triglycérides et une augmentation à 0,45 g/l pour le HDL-cholestérol [163]. Dans un même temps, la tension artérielle devrait être abaissée à environ 140 mm Hg pour la systolique. Dans ces conditions, le risque vasculaire est ramené à 12,3%. Si le patient accepte l’arrêt du tabac, le risque est alors à 5,13% et il est pratiquement normalisé. Cela souligne l’intérêt d’une perte de poids compte tenu des effets importants qu’elle va avoir sur les différents facteurs de risque. 45 45 40 35 30 25 RCVA 20 15 11 7,5 10 2,2 5 0 Obèse Bithérapie Réduction du poids Contrôle Figure 14 : Risque vasculaire absolu (RCVA) obtenu par l’équation PROCAM d’un patient obèse âgé de 50 ans et présentant un syndrome plurimétabolique, comparé à un sujet contrôle, et résultats des effets d’un traitement combiné (hypolipémiant et hypotenseur) ou d’un amaigrissement modéré de 10% du poids initial [91]. Une réduction pondérale modérée chez un patient obèse avec de multiples comorbidités permet d’obtenir un bénéfice pratiquement identique à celui d’un traitement combiné avec des médicaments. 72 Un exemple de l’intérêt de la chirurgie bariatrique pour diminuer le risque vasculaire est donné par la mise à jour de l’étude SOS publiée par Sjöstrom en 2007 [159]. A la date de point, l’étude concernait 4047 patients obèses soit 2010 patients opérés et 2037 patients appareillés ayant eu un traitement conventionnel médical. Les résultats concernaient la mortalité globale avec un délai moyen de suivi de 10,9 années (patients perdus de vue : 3 patients, soit 0,1%). Les auteurs notaient 101 décès dans le groupe chirurgie et 129 décès dans le groupe contrôle avec une différence significative. Les principales causes de décès étaient l’infarctus du myocarde (25 décès dans le groupe contrôle et 13 dans le groupe chirurgie) et le décès par cancers (47 dans le groupe contrôle et 29 dans le groupe chirurgie). Ce travail concernait un groupe hétérogène de techniques chirurgicales (by-pass : 32%, VBG : 25%, anneau : 20%). Cependant les résultats à 10 ans observés en matière de mortalité étaient obtenus avec des pertes de poids limitées (by-pass : 25%, VBG : 20%, anneau : 14%). Un tel travail souligne l’intérêt de registres. Bien évidemment, la chirurgie ne pourrait s’envisager pour diminuer un risque vasculaire que si les risques de mortalité péri-opératoire sont minimalisés. Cependant, l’étude publiée par Adams en 2007 tend à justifier une chirurgie agressive de type bypass [2]. Cet auteur a étudié la mortalité à long terme (de 1984 à 2002) observée dans une cohorte de 9949 patients opérés d’un by-pass. Les patients opérés ont été appariés à un groupe de 9628 patients obèses issus d’une base de données de candidats au permis de conduire. Avec un suivi moyen de 7,1 années, Adams notait une mortalité, quelle qu’en soit la cause, diminuée de 40% dans le groupe chirurgie par rapport au groupe contrôle. Les causes de mortalité par pathologies coronariennes, par diabète, et par cancers étaient diminuées respectivement de 56%, 92% et 60%. Cependant, les causes de décès par accidents ou suicides étaient augmentées de 58% dans le groupe chirurgie. 73 3. La fréquence augmentée de certains cancers 3.1. L’excès pondéral serait responsable de 5% des cancers en Europe, soit 27000 cas par an chez l’homme et 45000 cas chez la femme. L’excès de poids augmente les risques de cancers du sein après la ménopause, du cancer colorectal, de l’endomètre, peut-être également du rein, de la prostate, du pancréas, de la vésicule biliaire [185]. En cas de cancer de l’endomètre, l’odds ratio passe de 1,5 pour les patientes ayant un IMC compris entre 28 et 30 kg/m2, à 3 pour celles à l’IMC entre 30 et 34 kg/m2, et 6 pour un IMC supérieur ou égal à 34 kg/m2. En cas de cancer du sein, le risque relatif est de 1,8 entre IMC à 17 kg/m 2 et IMC à 37 kg/m2. Le surpoids apparaît comme un facteur de mauvais pronostic du cancer du sein. L’augmentation de la prévalence de l’adénocarcinome de l’œsophage est corrélée à l’augmentation de prévalence de l’obésité. 3.2. Physiopathologie Les mécanismes expliquant les relations entre obésité et risque de cancer font intervenir l’insuline, l’IGF-1, la leptine, et des modifications hormonales. L’obésité pourrait être associée à un relargage de plus grandes quantités de carcinogènes liposolubles. Certaines cellules cancéreuses possèdent des récepteurs à l’insuline, qui agit comme stimulant de la prolifération cellulaire. L’hyperinsulinisme augmenterait les risques de cancer du côlon, du pancréas, de l’endomètre et peut-être du sein. La leptine, hormone sécrétée par les adipocytes blancs, est impliquée dans les mécanismes liant l’obésité au risque de cancer. L’obésité est associée à une leptinémie élevée. Elle aurait un effet de stimulation de la prolifération des cellules leucémiques ainsi qu’un effet anti-apoptotique. 3.3. En pratique : Le contrôle du poids apparaît comme un élément important de la prévention des cancers. Les conseils de prévention devraient insister sur le maintien d’une activité physique régulière. La prise en charge du problème pondéral devrait s’axer sur une réduction des calories et des graisses, en remplaçant les aliments riches en graisses par des aliments riches en fibres (fruits et légumes). Le contrôle du poids après cancer est important pour améliorer la survie. 74 V. POURQUOI TRAITER L’OBESITE ? 1. Diminuer la surmortalité ? L’obésité est une maladie sévère entraînant une haute mortalité. Les facteurs augmentant ce risque sont la gravité de l’obésité, une répartition « androïde » du tissu adipeux et des antécédents familiaux de surpoids. Si la relation entre surmortalité, apparition des complications et obésité est bien établie, la logique voudrait que la perte de poids s’accompagne d’une disparition des comorbidités et de cette surmortalité. Cependant, l’étude de la littérature médicale ne permet pas de tirer de conclusions aussi formelles. Des études épidémiologiques à long terme ont conclu à une augmentation de la mortalité chez les sujets perdants du poids : elle était multipliée par 2 chez les sujets perdant plus de 15% du poids du corps par rapport à ceux qui n’en perdaient que 5% pour un suivi de 15 ans. Le caractère nocif de la perte de poids pourrait être lié à des amaigrissements non médicalement justifiés et/ou obtenus par des moyens impossibles à suivre à long terme. Ces études n’avaient pas été spécifiquement réalisées pour étudier l’effet de la perte de poids sur la mortalité. Selon le rapport de l’« International Obesity Task Force » de l’OMS [180], la relation entre la mortalité et l’IMC suit une courbe ascendante en J. En dessous de 25 kg/m2 d’IMC, le risque relatif de décès observé est faible (aux alentours de 1) puis il croît progressivement, jusqu’à 1,5 pour un IMC compris entre 25 et 30 kg/m2. Le risque de mortalité cardio-vasculaire serait augmenté de 100% pour un IMC à 25 kg/m2, et de 300% pour un IMC à 30kg/m2. Avant la publication de Sjöström en août 2007 [159], aucun bénéfice sur la mortalité n’avait pu être démontré à moyen terme. 75 2. Améliorer les comorbidités ? 2.1. Données générales L’amélioration des comorbidités est l’une des principales justifications du traitement chirurgical. L’objectif du traitement de l’OM est d’améliorer la santé du patient en l’aidant à parvenir à une perte de poids durable qui empêche et réduit les facteurs de risques mettant en jeu le pronostic vital et qui améliore la réalisation des actes de la vie quotidienne. Une étude de la société Américaine de Cancérologie a montré chez 28000 femmes obèses, qu’une perte de poids ne dépassant pas 9 kg sur une année, était associée à une réduction de 25% de la mortalité et de toutes les causes cardio-vasculaires sur un suivi de 12 ans. Greenway a constaté que le traitement chirurgical était plus efficace sur le contrôle du diabète que les traitements médicaux. Le taux de succès de ces derniers n’était que de 17%, contre 40 à 47% pour le « gastric banding ». Dans les séries chirurgicales, une nette amélioration des comorbidités est le plus souvent notée. Bacci [15] a observé chez 130 patients opérés d’un anneau gastrique, qu’une baisse sensible d’IMC (de 44 à 36 kg/m 2) entraînait une diminution de l’incidence du diabète (de 15% à 6%), de l’HTA (de 37% à 25%) et de l’hypertriglycéridémie (de 29% à 13%). Dixon a constaté, à un an, pour 147 patients présentant une HTA préopératoire, une guérison pour 55%, une amélioration pour 31% et une pathologie inchangée pour 15% d’entre eux. Dans sa série, Zinzindohoue [185] constate la résolution des SAS dans 80% des cas et une amélioration ou guérison des co-morbidités pour 72% des patients. 2.2. Traitement médical et comorbidités La prise en charge médicale consiste en l’association de stratégies « hygiéno-diététiques », à des approches psycho-comportementales éventuellement complétées par un traitement médicamenteux. Il a été montré une relation linéaire entre la variation de poids et celle des facteurs de risque cardio-vasculaire pour une période de 2 ans : pression artérielle systolique et diastolique, cholestérol sérique, glycémie à jeun. Ainsi, une perte de 5% du poids entraîne chez des diabétiques sous traitement oral, 76 une diminution de l’HbA1c de 0,5 à 1% et une réduction du risque cardiovasculaire de 15 à 25%. La tension artérielle diminue rapidement après perte pondérale. En 3 ans, une perte de poids de plus de 8 kg permet une réduction de la pression artérielle diastolique et systolique de plus de 4 mmHg. La perte de poids conduit à une diminution du cholestérol total (-0,05 mmol/l) et du cholestérol LDL (-0,02 mmol/l) ainsi qu’à une élévation du cholestérol HDL (+0,007 mmol/l). Très récemment, plusieurs études ont démontré l’intérêt de la perte de poids sur la prévention du diabète. L’étude DPS [177] a montré qu’une intervention portant sur les changements de style de vie (activité physique et diététique) permettait de réduire l’incidence d’apparition du diabète de type 2 dans une population de sujets obèses intolérants au glucose avec une réduction du risque de 58%. Parrallèlement, on notait une diminution de la pression artérielle de 5 mmHg, des triglycérides de 0,18 g/l et du cholestérol HDL de 0,02 g/l. Actuellement, 3 médicaments ont une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l’obésité : l’orlistat (Xénical ), la sibutramine (Sibutral ) et le rimonabant (Acomplia ). Les études montrent une réduction des principaux facteurs de risque métabolique (glycémie, cholestérol, tension artérielle) supérieure à celle obtenue par les seules modifications de style de vie plus placebo. Ces médicaments permettent une perte de poids plus importante que le placebo et son meilleur maintien (selon des études à 2 ans). Les variations du bilan lipidique sont obtenues très rapidement lors de la perte de poids initiale, elles sont maximales au bout de 1 an et ont tendance à diminuer au bout de 2 ans. L’effet bénéfique sur la tension artérielle est contrebalancé, lors des traitements par la Sibutramine, par l’effet noradrénergique de la molécule, conduisant à un effet neutre ou négatif sur la tension artérielle, alors qu’elle permet une réduction du niveau des triglycérides et du cholestérol LDL chez les patients hypertriglycéridémiques et de la glycémie à jeun et de l’HbA1c chez les patients diabétiques. L’étude XENDOS [160] a montré l’efficacité de l’orlistat associé aux modifications de style de vie dans la prévention du diabète; on observait en outre une diminution de la pression artérielle systolique de 7% au bout de 1 an 77 et de 5% au bout de 4 ans, du cholestérol LDL de 11% au bout de 1an et de 12% au bout de 4 ans [175]. L’approche médicale permet une réduction du poids de 5 à 10% associée à une diminution des facteurs de risque cardio-vasculaire. Les autres complications (le SAS, les pathologies ostéo-articulaires, les troubles endocriniens) sont aussi améliorées par la perte de poids, l’importance de l’amélioration dépendant de celle de la perte de poids et de son maintien. Les études concernant ces paramètres demeurent peu nombreuses. Paramètres étudiés Effets Diminution de la mortalité Mortalité globale > 20 % Mortalité liée au diabète > 30 % Diminution de la pression artérielle Pression artérielle systolique > 10 mm Hg Pression artérielle diastolique > 20 mm Hg Diminution du diabète de type 2 Diminution des lipides plasmatiques > 50% de la glycémie à jeun > 15% du cholestérol-LDL* > 30% des triglycérides Tableau 25 : Bénéfices théoriques d’une perte de poids de 10 kg d’après le Scottish Intercollegiate Guidelines Network [153]. Abréviation *: augmentation simultanée de 8% du cholestérol-HDL. Une perte de poids même modeste est bénéfique mais toutes les comorbidités reviennent dès qu’il y a reprise de poids. 2.3. Traitement chirurgical et comorbidités La chirurgie de l’obésité s’adresse à des patients ayant une obésité massive, avec un IMC ≥ 40 kg/m2, ou un IMC ≥ 35 kg/m2 et des comorbidités graves résistant au traitement médical. La perte de poids obtenue dépend des techniques et de leurs types. Elle est généralement bien supérieure à celle obtenue avec une prise en charge médicale. La perte de poids moyenne est de 20 kg au bout de 1 an. 78 Nous évoqueront les données de la littérature concernant l’amélioration et/ou la guérison des comorbidités en cas de perte de poids significative après chirurgie bariatrique (cf pages 130 et 131). L’étude de cohorte la plus représentative concernant l’amélioration des comorbidités est l’étude SOS [176]. Après 2 ans de suivi, toutes techniques confondues, il est noté dans le groupe chirurgie un effet majeur sur l’incidence du diabète, qui est réduit de 32 fois, les triglycérides sont abaissés, le cholestérol HDL est augmenté, la tension artérielle est abaissée. Au bout de 8 ans, les résultats sont un peu différents : si la diminution de l’incidence du diabète persiste (réduction de 5 fois), la baisse de la pression artérielle n’est plus retrouvée malgré le maintien d’une perte de poids de 16%. Une amélioration de la qualité de vie a été montrée parallèle à la réduction pondérale [87]. Dans l’étude de Scopinaro, concernant la DBP, presque 100% des patients diabétiques de type 2 ayant un IMC < 35 kg/m2 guérissent de leur diabète [150]. Hess a étudié 105 patients obèses morbides et diabétiques de type 2 traités par BPD/DS (une série totale de 1300 patients) [76]. Avant l’intervention, la moitié prenait de l’insuline et l’autre moitié des hypoglycémiants oraux. Six 6 mois après l’intervention, les patients ne prennaient plus de traitement et le taux de glycémie était redevenu normal (figure 15). Figure15 : Une étude de 6 ans montre la glycémie et la perte de poids moyenne de 105 patients obèses morbides et diabétiques de type 2 qui ont subi une BPD/DS [77]. 79 2.4. Traitement spécifique des comorbidités En parallèle au traitement du poids, il est nécessaire de mettre en place un traitement spécifique des comorbidités comme le préconise l’OMS (tableau 26). Comorbidités Objectifs et moyens thérapeutiques Normalisation glycémique, lipidique et tensionnelle (idem sujets Diabète et intolérance au glucose diabétiques non obèses). Régime, exercice, antidiabétiques oraux, insuline si échec Normalisation des chiffres (idem non- HTA obèses). Exercice, antihypertenseurs, correction du SAS troubles veineux Contention veineuse des membres inférieurs. Normalisation du bilan lipidique hyperlipidémies (idem non-obèses). Diététique, exercice, hypolipémiants (si traitement antérieur pas suffisant) Traiter l’apnée du sommeil. Assurer la Risque opératoire prévention de la thrombose veineuse. Lever précoce Syndrome d’apnées du sommeil et Pression positive nocturne. complications respiratoires Kinésithérapie respiratoire Complications articulaires Troubles gynéco-endocriniens et cancers Kinésithérapie, mobilisation. Antalgiques. Chirurgie orthopédique Dépistage des cancers du sein et de l’endomètre, du côlon et de la prostate Amélioration de la qualité de vie, de Retentissement psychosocial l’estime de soi et de l’image du corps. Promotion de la réinsertion sociale. Psychothérapie Tableau 26 : Traitement des comorbidités (d’après l’OMS [180]). 80 Les études à court et moyen terme ont démontré que la perte de poids s’accompagnait d’une diminution des comorbidités. Les études à plus long terme montrent que même lorsqu’elle se maintient, l’effet sur les comorbidités n’est pas homogène. Cependant, les traitements médicaux et chirurgicaux de l’obésité et l’amaigrissement en lui-même ont des effets délétères qui justifient une surveillance attentive et prolongée de tous les patients. 2.5. Données spécifiques suivant les comorbidités 2.5.1. Traitement de l’HTA associée à l’obésité La réduction pondérale constitue un des éléments essentiels du traitement de l’HTA de l’obèse. Une perte de 5 à 10% du poids corporel s’accompagne d’une réduction, voire d’une normalisation tensionnelle dans plus de la moitié des cas, avec régression des désordres lipidiques et amélioration de la tolérance au glucose. Cependant, toutes les hypertensions des personnes obèses ne réagissent pas à la perte de poids. La pratique régulière d’une activité physique aidera à diminuer les chiffres tensionnels. Le traitement chirurgical de l’obésité par gastroplastie est bénéfique aux HTA sévères. Les médicaments de l’insulinorésistance, la metformine et les thiazolidinediones, tendent à abaisser les niveaux tensionnels. L’objectif reste la normalisation des chiffres tensionnels (objectif ≤ 130/85 mm Hg) en recommandant une diminution des apports sodés, et si besoin la prise d’antihypertenseurs. En présence d’une insuffisance cardiaque, un diurétique ou un IEC constitue le premier choix thérapeutique. Chez l’obèse diabétique ou dyslipidémique, un IEC, un antagoniste calcique ou un antagoniste de l’angiotensine 2 sont indiqués. Dans l’immédiat, il n’existe pas de recommandation en matière d’indications de chirurgie bariatrique comme élément du traitement de l’HTA chez le patient obèse. 2.5.2. Traitement spécifique du SAS associé à l’obésité La perte de poids est bénéfique sous réserve qu’elle soit suffisante. Le régime alimentaire est intéressant en cas d’obésité modérée où la perte de poids de 10% peut entraîner une diminution de l’indice d’apnées-hypopnées, voire une guérison du SAS. En cas d’OM, les résultats sont décevants. La 81 chirurgie de l’obésité permet une perte de poids plus rapide et plus efficace sur les troubles respiratoires dans les OM. Les études d’évaluation des troubles respiratoires avant et après by-pass montrent une diminution de l’IMC, de l’échelle d’Epworth et de l’indice d’apnées-hypopnées. L’étude SOS [86] montre que malgré l’amaigrissement important après chirurgie, il persiste chez certains patients un SAS, ce qui prouve que celui-ci n’est pas toujours uniquement secondaire au surpoids. La revue de Fritscher [71] conclut à l’efficacité de la chirurgie bariatrique sur le SAS. L’étude NOE [expérience Nantaise, communication personnelle] n’a pas mis en évidence une efficacité de la chirurgie restrictive, en raison de la disparité en termes de BMI. La ventilation mécanique par voie nasale est le traitement non invasif le plus efficace sur les troubles respiratoires de l’obèse. En cas d’OM, la ventilation en pression positive continue n’est pas toujours suffisante; on a alors recours à une ventilation assistée. Elle est aussi efficace sur la perte de poids. Dans l’immédiat, il n’existe pas de recommandation en matière d’indications de chirurgie bariatrique comme élément du traitement du SAS chez le patient obèse. 2.5.3. Traitement spécifique du diabète associé à l’obésité Les facteurs majorant le risque sont l’ancienneté et l’importance de l’obésité, des antécédents familiaux de diabète. Une surveillance biologique s’impose tandis que tout doit être mis en œuvre pour réduire l’excès pondéral. Le traitement repose en priorité sur la diététique et l’exercice physique. La diététique joue un rôle primordial puisqu’une perte de quelques kilos va entraîner une diminution de la glycémie et de l’insulinémie par amélioration de l’insulinorésistance, d’où la nécessité d’une restriction calorique lipidoglucidique, un apport suffisant de protéines ainsi que le fractionnement des repas. Les glucides lents seront privilégiés. L’exercice physique peut prévenir le développement d’un état diabétique chez des sujets obèses. 82 Le recours aux agents pharmacologiques est souvent nécessaire : les agents anti-diabétiques améliorant la sensibilité des tissus à l’insuline Les biguanides La metformine réduit le débit hépatique du glucose et augmente la sensibilité des tissus à l’insuline ; elle réduit les triglycérides, le LDL-cholestérol. Selon une étude américaine (Diabetes Prevention Program), on observe une réduction de 31% de diabète de type 2 après 2,8 ans de traitement à une posologie quotidienne de 850 mg deux fois par jour. La metformine pourrait induire une perte modeste de poids. Les glitazones (la rosiglitazone et la pioglitazone) réduisent l’insulinorésistance. Elles sont contre-indiquées chez les sujets présentant une insuffisance cardiaque ou hépatique. les agents ralentissant l’absorption intestinale du glucose (Acarbose) les agents insulinosécréteurs Les sulfamides hypoglycémiants augmentent la libération d’insuline. Ils entraînent une prise de poids au long court, tout comme l’insuline. Les glinides (Répaglinide) L’insuline se justifie chez des patients présentant une hyperglycémie chronique, importante, malgré toutes les tentatives diététiques et médicamenteuses. Une perte suffisante de poids entraîne une amélioration très significative du diabète de type 2, voire sa disparition rendant inutile le recours aux traitements hypoglycémiants. La sibutramine et l’orlistat peuvent apporter une aide. Les agents insulinosécréteurs sont contre-indiqués chez les patients en cours d’amaigrissement. La persistance d’une glycémie et d’une HbA1c élevées après une perte de poids doit conduire à recourir à ces derniers. Dans les OM avec diabète rebelle à toute tentative diététique et thérapeutique, la chirurgie digestive peut être un recours utile. Quelques séries confirment l’efficacité des interventions de gastroplastie ou de by-pass 83 sur le cours du diabète. Dans l’étude d’Alexandrides [5], le diabète de type 2 disparaît dans 89% des cas après un by-pass et dans 99% des cas après une diversion bilio-pancréatique. Dans l’immédiat, il n’existe pas de recommandation en matière d’indications de chirurgie bariatrique comme élément du traitement du diabète chez le patient obèse. 2.5.4. Traitement spécifique de l’arthrose associé à l’obésité L’arthrose gêne la mobilité et réduit les possibilités d’exercices physiques. L’ostéoarthropathie des genoux est la lésion la plus souvent observée. Dans les formes chroniques, une gonarthrose aggrave l’incapacité motrice. Des études [50, 63] montrent qu’un excès pondéral est associé à une majoration du risque de gonarthrose d’un facteur 2 à un facteur 6. L’enquête NHANES [11] démontre que les adultes obèses et très obèses (IMC>35 kg/m 2) ont un risque de gonarthrose très augmenté (respectivement 3,7 et 7,7 chez la femme ; 4,78 et 4,45 chez l’homme) par rapport aux sujets de poids normaux, mais également par rapport aux sujets en surpoids. La perte de poids est le seul traitement efficace pour prévenir les ostéoarthropathies et réduire leur symptomatologie. Mac Goey [98] rapporte une amélioration des douleurs articulaires chez 89% des patients ayant perdu en moyenne 44 kg. Cet effet bénéfique disparaît en cas de reprise de poids. Felson démontre qu’une perte de poids de 2 unités d’IMC en 10 ans diminue de 50% le risque de développer une arthrose symptomatique. Les prothèses de la hanche et des genoux apportent une solution aux douleurs articulaires; leur efficacité est conditionnée par une perte suffisante de poids avant et après l’intervention. La chirurgie bariatrique peut être préconisée chez les patients ayant une arthrose justifiant la mise en place d’une prothèse de genou ou de hanche et un IMC supérieur ou égal à 35 kg/m2. 2.5.5. Traitement spécifique de la stéatose associée à l’obésité La stéatose hépatique associée à l’obésité comporte deux cadres nosologiques : la stéatohépatite non alcoolique ou Nonalcoholic 84 steatohepatitis (NASH) et la stéatose hépatique sans fibrose associée ou Nonalcoholic Fatty Liver Disease (NAFLD). NASH est une forme d’hépatite chronique. La prévalence de la stéatose augmente d’un facteur 4,6 chez les patients ayant un IMC supérieur à 30 kg/m2; elle atteint 57,5 à 74% chez les personnes obèses. Sa découverte se fait par l’échographie abdominale. Le traitement repose sur des règles hygiénodiététiques assurant une perte de poids. Une transplantation hépatique peut-être envisagée après une perte de poids suffisante lorsqu’il existe une fibrose hépatique irréversible. En Amérique du Nord, la prévalence du NASH sur les biopsies hépatiques est de 7 à 11% [144]. Jusqu’à 25% des patients atteints d’un NASH évoluent vers la cirrhose ; cette évolution s’observe plus fréquemment dans les OM avec diabète sucré et hypertriglycéridémie. La prévalence du NAFLD (Nonalcoholic Fatty Liver Disease) a été estimée à 10 à 34% dans la population générale, mais plus élevée chez les sujets obèses. Chez les patients avec un NAFLD, certains progressent vers la stéatose, puis la fibrose et la cirrhose ; d’autres n’évoluent pas. La chirurgie bariatrique peut-être recommandée chez les patients ayant un NASH et un IMC supérieur ou égal à 35 kg/m2. Il a été prouvé que chez les patients ayant un NASH, les résultats de la biopsie hépatique étaient améliorés après l’intervention de Mason [97, 167]. 3. Prévenir l’apparition des comorbidités ? L’histoire naturelle de l’obésité rend compte de l’apparition au cours de la vie de différentes comorbidités et de leurs aggravations dans le temps. La chirurgie de l’obésité pourrait avoir un rôle préventif si la perte d’excès de poids était suffisante et stable dans le temps. En fait, tout comme avec le traitement médical, on assiste à une réascencion pondérale après 5 à 6 ans de suivi. 85 4. Améliorer la qualité de vie La qualité de vie concerne autant l’état de santé que l’insertion sociale, les revenus, l’accès à l’éducation et à l’emploi. Elle est devenue un argument de la décision thérapeutique [69]. Les effets sociaux, psychologiques et économiques de l’obésité peuvent-être particulièrement dévastateurs. L’obésité est associée à une qualité de vie réduite : les modes de fonctionnement physique, émotionnel et social sont tous affectés lorsqu’on en souffre. De nombreuses personnes obèses doivent souvent faire face aux préjugés et à la discrimination, elles deviennent déprimées, sont sur la défensive et incapables de vivre pleinement leur vie. Elles doivent s’adapter aux problèmes quotidiens tels que trouver des vêtements qui conviennent par la taille, des moyens de transport et des formes d’hébergement confortables. Différentes études ont montré une détérioration des scores de qualité de vie chez les sujets obèses. Des études sur les effets de la perte de poids sur la qualité de vie ont été conduites dans le cadre de la chirurgie gastrique chez des patients présentant une obésité massive. Elles concluent à une amélioration de la qualité de vie [87] : qu’il s’agisse du fonctionnement physique, social, de l’estime de soi, de la capacité de travail, des relations interpersonnelles, de l’activité sexuelle, du bien-être, les résultats sont très favorables. Pour évaluer le résultat global de la chirurgie, un score a été élaboré par Oria et Moorehead sous le nom de BAROS (Bariatric Analysis and Reporting Outcome System) [134]. Il comporte une évaluation de la qualité de vie par un questionnaire très simple, rempli par le patient (de type échelle visuelle analogique), sur son état général, son activité physique, sa vie sociale, son activité professionnelle et sa vie sexuelle, par rapport à son état préopératoire [116, 133]. Il comporte aussi l’évaluation de sa perte de poids et des co-morbidités. L’amélioration de la qualité de vie est le principal bénéfice dû à l’intervention. Dans leurs revues de la littérature, Stunkard A.J. et Coll [169] retrouvent une amélioration globale de l’humeur, de l’estime de soi, des 86 relations interpersonnelles, de l’efficacité au travail chez des patients après les interventions par by-pass intestinal et gastroplastie. Cela est constaté 3 ans après la chirurgie. 5. Permettre la réinsertion professionnelle Les personnes obèses doivent surmonter les stigmates sociaux lors de la recherche d’un emploi ou pour une formation. Elles sont systématiquement considérées comme moins qualifiées pour les emplois, d’une éthique professionnelle inférieure et comme ayant des difficultés émotionnelles et relationnelles. Les invalidités sont plus fréquentes que dans la population générale. Après la chirurgie, certains sont plus performants au travail, d’autres en retrouvent un plus facilement, d’autres reprennent des études. 87 VI. TRAITEMENT MEDICAL DE L’OBESITE 1. Recommandations actuelles La prise en charge non chirurgicale de l’obésité a été définie dans le cadre des recommandations pour le diagnostic, la prévention et le traitement de l’obésité, publiées par l’AFERO, la SNDLF, et l’ALFEDIAM [3] en 1998 et actualisées en 2002 [18]. 1.1. Objectifs du traitement: Une perte de poids de 5 à 15% et son maintien doivent être considérés comme un résultat bénéfique pour la santé; le traitement des facteurs de risque associés doit avoir les mêmes objectifs que chez le sujet non obèse; Concernant les aspects psychologiques et sociaux, il s’agit de réduire les perturbations de l’image du corps, de limiter les effets de la restriction alimentaire chronique, et d’aider les individus à gérer les relations entre leurs émotions et leur comportement alimentaire. 1.2. Méthodes thérapeutiques Le traitement comprend plusieurs axes thérapeutiques qui peuvent être combinés : les interventions diététiques l’activité physique les interventions comportementales les médicaments Il n’a un effet positif que pour une personne présentant une obésité morbide sur 20 : moins de 5% des patients connaissent une perte de poids significative qu’ils sont en mesure de maintenir à long terme. 88 1.3. En pratique 1.3.1. IMC compris entre 25 et 29,9 kg/m2 En l’absence de complications de l’excès pondéral, l’objectif peut être d’éviter une prise de poids supplémentaire. Les conseils nutritionnels, l’activité physique, les adaptations comportementales sont les seules mesures indiquées. Il faut envisager une perte de poids s’il existe une obésité abdominale, des facteurs de risque vasculaire ou une affection associée dont l’évolution est influencée par l’excès de poids, et si l’excès de poids est mal toléré. 1.3.2. IMC supérieur à 30 kg/m2 L’objectif est l’obtention d’une perte de poids, puis d’une stabilisation pondérale à long terme ainsi que la prévention ou le traitement des complications. L’obésité non compliquée relève des mesures diététiques associées à une augmentation de l’activité physique. Une approche comportementale peut être proposée lorsque la mise en place de ces mesures s’avère difficile. Si les complications de l’obésité sont menaçantes et non contrôlées par des mesures spécifiques, un traitement médicamenteux peut être envisagé. 2. Evaluation clinique pré-thérapeutique La première étape du traitement est l’évaluation clinique qui permettra de déterminer les objectifs thérapeutiques : antécédents familiaux et personnels (la consommation de certains médicaments peut entraîner une prise pondérale : corticoïdes, antidépresseurs..), histoire de l’évolution pondérale : distingue les obésités constitutionnelles et occasionnelles. Analyse du comportement alimentaire Au-delà des aspects quantitatifs, il recherche des troubles du comportement alimentaire. L’échec répété des régimes antérieurs doit être analysé. Mode de vie Motivation à perdre du poids 89 Evaluation de la surcharge pondérale et recherche des comorbidités 3. Le conseil nutritionnel 3.1. Différentes modalités de diminution des apports caloriques ont été proposées. Le guide de Recommandations français et la Revue de Synthèse d’York [73] en ont évalué trois : Les régimes peu restrictifs (entre 1200 et 2200 cal/j) personnalisés favorisant l’observance au long cours ; il s’agit du programme le plus bénéfique composé de repas simples, hypocaloriques et équilibrés. Les régimes à bas niveau calorique (800 à 1200 cal/j) qui n’ont pas démontré leur efficacité à long terme, car ils ne sont pas compatibles durablement avec une activité physique normale. Les régimes à très basse valeur calorique (< 800 cal/j) pouvant exposer à une dénutrition et ne doivent être prescris que dans des situations exceptionnelles et sous contrôle médical spécialisé pendant moins de 4 semaines. Ces régimes conventionnels devraient engendrer des pertes d’environ 0,5 à 1 kg par semaine. Selon les recommandations du National heart, Lung and Blood Institute nord-américain [121], l’association d’un régime à bas niveau calorique et d’une activité physique amène à une plus grande perte de poids que leur action prise isolément. 3.2. Répartition des macronutriments Elle doit être effectuée de la façon suivante : augmentation de la consommation de glucides (50-55%), diminution de la part lipidique (≤ 30% des apports totaux), et le reste en ration protéique. Les experts insistent sur la part hédoniste des prescriptions diététiques (variété du goût des aliments, absence d’interdits). Il est utile de rappeler les 90 conseils pour une alimentation équilibrée et diversifiée: consommer au moins 5 portions de fruits et légumes par jour, augmenter la part des amidons, réduire la part des lipides, consommer du sel en quantité raisonnable. 4. L’activité physique La pratique régulière d’une activité physique d’intensité modérée favorise la perte de poids en préservant la masse maigre, limite la reprise de poids et a un effet préférentiel sur le tissu adipeux abdominal. Elle améliore la pression artérielle, le taux de lipides sanguins, la glycorégulation. Elle a un intérêt en termes de bien-être psychologique. Deux stratégies sont proposées: 3 séances de 45-60 minutes d’activité physique par semaine ou l’activité physique de routine et la marche à pied. Un obstacle majeur est d’ordre mécanique : un déplacement est souvent source de douleurs. Un deuxième obstacle est le regard des autres. 5. L’approche cognitivo-comportementale Il s’agit des techniques visant à modifier le comportement des sujets obèses afin d’améliorer indirectement leur alimentation (auto-évaluation (le carnet alimentaire permet au patient une auto-observation de son comportement alimentaire), gestion du stress, identification des stimuli déclenchant la prise de nourriture, résolution de problèmes, groupes de soutien). Quelle que soit la méthode, il faut décider consciemment de modifier le corps. Plusieurs essais montrent que l’association d’une intervention comportementale et d’une intervention diététique facilite la perte de poids. 6. Traitements médicamenteux 6.1. Recommandations D’après les recommandations françaises [94] et internationales, il doit être associé à des mesures portant sur la diététique, l’activité physique et le comportement. Les indications concernent les patients obèses (IMC ≥ 30 kg/m2) ou ayant un surpoids (IMC > 27kg/m2) associé à des comorbidités sévères. Il ne 91 doit être maintenu que chez les patients répondeurs ayant perdu plus de 5% de leur poids initial ou amélioré facteurs de risque et comorbidités. Seuls 3 médicaments disposent en France d’une indication officielle: la sibutramine, l’orlistat et le rimonabant [135]. Ils ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale. La perte de poids moyenne est d’environ 8 à 10% du poids initial dans les études en double aveugle d’au moins un an sous orlistat et sibutramine [133]. Toutefois, une grande partie de celui-ci est reprise une fois que le patient arrête de les prendre. La sibutramine (Sibutral®) [57, 74, 82] : elle stimule la satiété par inhibition de la recapture de la noradrénaline, de la sérotonine et de la dopamine. Ses coronarienne, contre-indications d’insuffisance sont cardiaque, les des antécédents troubles d’affection majeurs du comportement alimentaire, une HTA insuffisamment contrôlée, un traitement par IMAO. Depuis 2002, sa prescription est réservée aux spécialistes d’endocrinologie, cardiologues mais le renouvellement peut être effectué par le médecin généraliste. La tétrahydrolipostatine ou orlistat (Xénical®) [163] inhibe la lipase pancréatique. Il empêche l’absorption de graisses par l’intestin grêle. Les graisses non digérées (environ 30% de l’apport total en graisse) sont éliminées avec les selles. Le traitement n’est entrepris uniquement lorsqu’un régime seul a précédemment permis une perte de poids d’au moins 2,5 kg en 4 semaines. Le rimonabant (Acomplia ) [135] disponible depuis septembre 2006, est un antagoniste sélectif du recepteur cannabinoïde de type 1. Il est contre-indiqué chez les patients souffrant de troubles psychiatriques. 6.2. Traitements abandonnés Les anorexigènes amphétaminiques et sérotoninergiques (fenfluramine) ont été retirés du marché en raison des risques d’hypertension artérielle pulmonaire et de cardiopathies valvulaires. 92 6.3. Médicaments du futur 6.3.1. Agents ayant une action sur les centres nerveux Leptine : elle diminue l’appétit. Elle agit via son récepteur hypothalamique en stimulant les voies « anorexigènes » et en diminuant les voies orexigènes [33]. Agonistes de l’alpha Melanocyte Stimulating Hormone (alpha MSH) Neuropeptide Y : a une action orexigène. Anti-épileptique : le topiranate et antidépresseur: le bupropion 6.3.2. Molécules d’origine digestive : cholécystokinine 6.3.3. Molécules agissant sur les dépenses basales, la thermogénèse - Hormone de croissance - Adiponectine 93 VII. TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OBESITE 1. Interventions chirurgicales Les patients obèses sont devenus un problème majeur de santé publique dès la fin des années 50 aux Etats-Unis. La chirurgie bariatrique s’y est développée à partir de ces années. Les premières interventions réalisées étaient les by-pass jéjuno-iléaux. La plupart des patients perdaient du poids mais développaient des complications graves. Aussi, la première conférence de consensus des National Institutes of Health (NIH) en 1979 concluait à la nécessité d’un traitement chirurgical pour de l’OM, mais que le by-pass jéjuno-iléal n’était pas l’opération appropriée et devait être abandonné. En fait, 2 grands types d’intervention ont finalement été retenus: Les interventions visant à restreindre la capacité gastrique (la gastroplastie verticale calibrée et les anneaux de gastroplasties ajustables) et les interventions associant à une réduction de capacité gastrique une technique de dérivation intestinale (by-pass gastrique, dérivation bilio-pancréatique). 1.1. Les interventions de réduction gastrique Les procédures restrictives diminuent l’apport de nourriture en créant une petite poche sur la partie supérieure de l’estomac limitant l’apport en nourriture et concourant à accroître la sensation de satiété après les repas. Elles ne s’envisagent qu’après une préparation diététique. Les techniques de réduction gastrique sont moins invasives que les techniques mixtes ou de malabsorption. La sensation de satiété précoce qu’elles entraînent aide les patients à modifier leurs habitudes alimentaires, mais elles peuvent provoquer un inconfort ou des vomissements en cas d’erreur. Certains aliments solides étant difficiles à ingérer. Elles ne permettent pas de perte de poids lorsque le patient prend des aliments liquides ou semiliquides hypercaloriques (patients sweat-eaters, syndrome des buveurs de sirop d’érable). 94 1.1.1. La gastroplastie verticale calibrée La gastroplastie verticale calibrée (GVC) ou intervention de Mason [13, 105, 106] a été longtemps l’intervention la plus pratiquée. La GVC réalise une poche gastrique dont la capacité varie de 15 à 25 ml, établie par agrafage vertical le long de la petite courbure et communiquant avec le reste de l’estomac par un petit chenal calibré par une bande prothétique. De nombreuses variantes ont été discutées. La technique dite de Mac Lean consiste à remplacer l’agrafage par une transsection de la poche gastrique pour la séparer du reste de l’estomac. La GVC impose une forte contrainte alimentaire, notamment pour les aliments solides et 20 à 30% des patients se plaignent de vomissements postprandiaux. agrafes Oesophage anneau Estomac duodénum Figure 16 : Gastroplastie verticale calibrée selon Mason. Figure 17 : Gastroplastie verticale calibrée modifiée selon Mac Lean. 95 1.1.2. Les gastroplasties par anneaux Les gastroplastie par anneaux de sont de diffusion plus récente (1993). Le Lapband® est l’anneau développé et mis en place par le Docteur BELACHEW pour la première fois le premier septembre 1993. Cette technique était d’emblée réalisable par voie coelioscopique [21] et permettait d’obtenir des pertes d’excès de poids significatives [20]. Le principe de l’anneau gastrique repose sur la confection d’un cerclage autour de la partie haute de l’estomac au moyen d’un anneau ajustable de silicone (ASGB ou Adjustable Silicone Gastric Banding), délimitant un compartiment gastrique d’une contenance de 15 à 20 ml qui constitue le petit estomac. Après avoir été placé autour de l’estomac, l’anneau est enfoui en avant à l’aide de quelques points gastro-gastriques. Ce dispositif est réversible et ajustable : le diamètre intérieur de l’anneau est modulé par un ballonnet extensible relié par un cathéter à une chambre d’injection sous-cutanée placée sur la face antérieure du muscle droit de l’abdomen. On peut ainsi, après repérage radioscopique, ponctionner la chambre et remplir d’eau stérile l’anneau par une simple ponction, adaptant de la sorte la vitesse de l’évacuation du petit estomac. En période postopératoire et en fonction de l’efficacité obtenue, le chirurgien peut faire varier le serrage de l’anneau et ainsi jouer sur la vidange. Il faut attendre 2 à 4 semaines pour que la cicatrisation soit suffisante afin que la première injection de liquide puisse avoir lieu. Ce calibrage est réalisé à jeun lors d’une consultation. peau Chambre d’injection foie Anneau ajustable estomac Figure 18 : L’anneau gastrique 96 Il existe 5 prothèses sur le marché. Les 2 modèles d’anneaux les plus utilisés sont le Lapband® et l’anneau suédois (Swedish adjustable gastric banding ou SAGB). Les autres annneaux sont l’anneau allemand Meding® et les anneaux français (Midband® et Héliogast®). Figure 19 : Anneau BioEnterics Figure 20 : Anneau Héliogast® Figure 21 : Anneau Gastrique Ajustable Suédois (SAGB). Les anneaux sont mis en place par voie coelioscopique ; la technique mini-invasive permet d’améliorer le confort périopératoire et postopératoire. 97 1.1.3. La Sleeve Gastrectomy La Sleeve Gastrectomy consiste en une résection axiale de plus des deux tiers de l’estomac. La taille de l’estomac résiduel est d’environ 120 ml. La Sleeve gastrectomy peut constituer un premier temps opératoire avant un by-pass ou une diversion bilio-pancréatique avec duodénal switch. Estomac réséqué Figure 22 : La Sleeve Gastrectomy 1.2. Interventions mixtes Les interventions mixtes associent réduction de capacité gastrique et dérivation intestinale. 1.2.1. Le court-circuit gastrique ou by-pass gastrique Le court-circuit gastrique (CCG) ou by-pass gastrique (BPG) [107, 108, 182] ou dérivation gastro-jéjunale est considéré comme « le gold standart » de la chirurgie bariatrique parce qu’il est plus efficace que les méthodes restrictives et qu’il entraîne moins de carences que les méthodes malabsorptives [181]. C’est le Docteur Edouard MASON (Université de l’Iowa) qui a été le promoteur du by-pass gastrique comme procédure de choix en chirurgie bariatrique aux Etats-Unis. 98 Le principe en est la création d’une petite poche gastrique proximale mise en continuité avec le jéjunum proximal par une anse en Y mesurant 100 à 150 cm. Les aliments passent ainsi directement dans l’intestin proximal via une anse dite alimentaire, en court-circuitant l’estomac distal et le duodénum. La poche gastrique proximale pour des raisons vasculaires est créée le long de la petite courbure : elle est de petite taille (volume de 20 à 30 ml). On appelle anse bilio-pancréatique, le circuit digestif associant estomac exclu, duodénum et jéjunum situé en amont du pied de l’anse en Y. Cette intervention ne comporte aucune résection digestive. Cette intervention supprime l’accès endoscopique à l’estomac distal et aux voies biliaires. Au total, il s’agit d’une technique mixte avec une composante principale restrictive (poche gastrique) et une composante limitée de malabsorption (court-circuit jéjunal). Il existe un risque carentiel supérieur à celui des techniques restrictives pures et inférieur à celui des techniques de malabsorption. Tout comme après une gastrectomie totale, un dumping syndrome peut être observé [177] ; il entraîne une réaction d’aversion envers les aliments sucrés. Par rapport aux procédures restrictives, l’efficacité du BPG se traduit par une perte de poids plus rapide et plus importante. Cependant, cette intervention est peu contraignante en termes de confort alimentaire ; les patients peuvent manger de tout mais en petites quantités et il n’y a pas ou peu de diarrhées (à l’inverse des techniques de malabsorption). Quant au dumping syndrome, il est rare. Estomac Duodénum Jéjunum Colon Iléon Figure 23 : Le by-pass Gastrique 99 1.2.2. La dérivation bilio-pancréatique La dérivation bilio-pancréatique (DBP) ou intervention de Scopinaro est une technique de malabsorption très efficace en termes de perte d’excès de poids mais associée à un risque carentiel important [149]. De pratique exceptionnelle en France, elle a été essentiellement promue par son inventeur en Italie. La place en France d’une telle intervention agressive et non réversible reste à préciser. La DBP est réalisée par une laparotomie médiane ou par coelioscopie. Le premier temps est la réalisation d’une gastrectomie distale avec fermeture duodénale proximale. Le fundus préservé (composante restrictive de la DBP) est mis en continuité par une anse grêle longue (anse alimentaire) avec l’intestin distal. Il s’agit donc d’un by-pass distal avec deux anses (une anse alimentaire et une anse bilio-pancréatique) et une anse commune distale mesurant 50 cm. La malabsorption est liée au court-circuit digestif. La perte de poids observée en cas de DBP est la conséquence de 3 modifications physiologiques : la réduction de la surface utile d’absorption intestinale, la diminution du contact entre le bol alimentaire et les sécrétions biliopancréatiques et l’altération de la physiologie gastrique. Le chirurgien peut ajuster la longueur de l’anse commune afin de réguler le degré d’absorption des protéines, des graisses et des vitamines liposolubles. Estomac Foie Duodénum Colon Iléon Pancréas Jéjunum Figure 24 : La dérivation bilio-pancréatique 100 1.2.3. Le duodénal switch Le duodénal switch est comme la DBP, une intervention de malabsorption. Dans le but d’éviter certains des inconvénients digestifs de la DBP, plusieurs auteurs ont proposés des modifications de cette technique après des travaux expérimentaux. Ainsi, DeMeester a proposé en 1987, le principe du switch duodénal [53]. Marceau a proposé en 1993 de remplacer la gastrectomie distale par une sleeve gastrectomy [104]. Hess a proposé en 1988 la technique actuelle de la diversion bilio-pancréatique avec duodénal switch qui associe une sleeve gastrectomy (note restrictive), une préservation pylorique (pour éviter le dumping syndrome), une anastomose entre le duodénum proximal sectionné et l’anse alimentaire, une anse biliopancréatique, une anse commune. Les principales différences par rapport à la DBP sont : la commutation duodénale appelée switch en anglais et la possibilité de réaliser une chirurgie en deux temps (sleeve gastrectomy ou switch premier). Cependant, comme dans la DBP, la conséquence principale de la technique chirurgicale est une importante mal-digestion concernant surtout les graisses. La malabsorption protéique est moindre. Foie Estomac Pancréas Duodénum Iléon Colon Jéjunum Figure 25 : Diversion bilio-pancréatique avec « switch duodénal » 101 1.3. Autres techniques Les autres techniques sont surtout endoscopiques. Le ballon intra-gastrique consiste en un positionnement dans le fundus d’un ballon gonflé par une solution saline (ballon BIB ) ou par de l’air (ballon Héliosphère ). Le volume instillé est de 400 à 800 ml. Ce procédé n’est pas pris en charge par l’Assurance Maladie. Le but est de créer un sentiment de satiété chez les patients obèses. La mise en place se fait par voie endoscopique, sous anesthésie générale. La durée d’implantation est au plus de 6 mois. Cette technique ne se conçoit que si le patient restructure ses habitudes alimentaires. La perte de poids obtenue peut faciliter la réalisation d’une intervention chirurgicale secondaire par amélioration des conditions anatomiques (préparation des patients « super-obèses » à la chirurgie). Dans la littérature, on note des pertes d’excès de poids à 6 mois de 50%. La plupart des études concernent le ballon à eau BIB dont une étude randomisée. Un projet français STIC est en cours testant l’intérêt du ballon à air versus le ballon à eau chez les patients candidats à un by-pass (critère de jugement : diminution du risque opératoire). Des complications peuvent survenir au décours de la pose du ballon : occlusion intestinale, perforation gastrique, hémorragie gastrique, oesophagite sévère. Des techniques endoluminales et transgastriques sont en cours d’évaluation [146] en première ligne comme alternative aux techniques restrictives ou en seconde ligne en cas de réascension pondérale après un by-pass par exemple. La chirurgie robotique est une alternative à la chirurgie coelioscopique classique. Elle facilite la réalisation des sutures digestives, permet de diminuer la courbe d’apprentissage du by-pass (qui est de 70 à 100 cas) [16, 113, 147]. La stimulation gastrique est la technique chirurgicale la moins invasive. Elle consiste en la mise en place d’électrodes au niveau de la paroi gastrique reliées à un stimulateur implanté en sous-cutané de type pace-maker. Cette technique est associée à perte d’excès de poids de 32% de au bout de 2 ans [110]. Dans l’immédiat il n’existe pas de niveau de preuve suffisant pour développer cette technique en dehors d’essais cliniques. 102 1.4. Coût de la chirurgie Les publications en matière d’obésité et de chirurgie bariatrique concernent essentiellement les résultats en termes de perte d’excès de poids. On dispose de peu d’information en faveur d’un intérêt médico-économique de la chirurgie. On assiste à une augmentation de la demande et des pratiques chirurgicales. Aux Etats-Unis, le nombre d’interventions est passé de 12000 en 1994 à 140000 en 2004. Dans le même temps, le nombre de chirurgiens bariatriques est passé de 260 en 1998 à plus de 1000 en 2002 [32]. Aux EtatsUnis, le nombre de séjours hospitaliers pour des patients obèses a augmenté de 112% de 1996 à 2004, passant de 197000 à 1,7 milions selon une étude fédérale. Le coût de chaque séjour hospitalier pour traitement de l’obésité est en moyenne de 11700 dollars. Dans l’étude SOS, la chirurgie de l’obésité est moins onéreuse qu’un traitement conventionnel avec régime grâce aux économies réalisées sur les coûts engendrés par la prise en charge des comorbidités [4]. Les résultats de l’étude publiée en 2006 par Chevallier [38] sont résumés dans le tableau 27. Dans cette étude concernant les gastroplasties par anneau, on ne note pas de surcoût lié à la chirurgie. Selon cet auteur, le modèle basé sur les coûts français fait apparaître que l’anneau gastrique ajustable comparé à un traitement traditionnel, permet des économies dans les cliniques privées et est rentable dans les hôpitaux publics. Coûts en Euros suivant le type d’obésité Techniques Anneau gastrique ajustable Traitement conventionnel IMC ≥ 35 IMC ≥ 35 diabète SAS 6 541 9 757 8 533 6 544 12 205 9 753 IMC ≥ 40 (*) Tableau 27 : Evaluation médico-économique de l’obésité morbide par anneau gastrique ajustable suédois versus la prise en charge médicale conventionnelle. Les coûts en Euros sont évalués sur une période de 5 ans. Abréviation : avec ou sans comorbidités (*), syndrome d’apnée du sommeil (SAS), IMC (en kg/m2) [38]. 103 2. Complications des techniques chirurgicales La chirurgie bariatrique est une chirurgie fonctionnelle qui ne se conçoit que si elle est efficace et associée à un risque limité. En fait, la morbidité et la mortalité opératoires du traitement chirurgical de l’obésité n’est pas négligeable et il est essentiel d’en informer les patients. 2.1. Mortalité opératoire Le risque de décès opératoire i-e de décès dans les 30 premiers jours postopératoires, peut être estimé entre 0,1 et 2%. Les causes de ces décès sont communes aux différentes techniques car liées le plus souvent au terrain. Dans l’étude du registre américain [109], représentant 137 chirurgiens, le taux de mortalité opératoire à 30 jours est de 0,24%, avec comme causes par ordre de fréquence : l’embolie pulmonaire (32,3%), les fistules anastomotiques (15%), les occlusions mécaniques du grêle. Le risque thromboembolique chirurgical est élevé en cas de chirurgie bariatrique [152]. Sa prévention est indispensable [142]. Dans les études disponibles, la durée habituelle de la prévention est de 7-10 jours : HBPM à doses élevées avec bas anti-thrombose. Une thromboprophylaxie prolongée (4 semaines d’enoxiparine) est recommandée en chirurgie abdominale majeure par la SFAR [22]. Les fistules anastomotiques ne sont pas propres à la chirurgie bariatrique mais sont communes à toutes interventions de chirurgie digestive. La particularité des fistules (et des péritonites post-opératoires) survenant après chirurgie bariatrique est leur difficulté diagnostique. Chez ces patients, l’existence de signes généraux isolés et inexpliqués post-opératoires doit alarmer le praticien (fièvre, tachycardie). Dans de tels cas, l’examen de référence est le scanner. Certains auteurs ont proposé une réintervention systématique, par voie coelioscopique en cas de simple doute diagnostique. Le traitement des péritonites postopératoires n’est pas spécifique à la chirurgie bariatrique. Le traitement des fistules après by-pass, sleeve gastrectomy ou duodenal switch est spécifique. En effet, en cas de by-pass 104 compliqué d’une fistule proximale ou de duodénal switch compliqué d’une fistule gastro-jéjunale, il s’agit d’une fistule sèche (pas de bile). Les occlusions mécaniques [81] sont une spécificité du by-pass gastrique. La création d’une anse en Y, ainsi que son trajet trans-mésocolique ou pré-colique, aboutit à la création de brèches mésentériques, dans lesquelles peut s’engager le grêle. Les occlusions sont donc la conséquence de hernies internes acquises. Leur prévention lors de l’intervention initiale est primordiale. Le diagnostic d’occlusion est difficile. En effet, le by-pass aboutit à créer deux anses digestives bilio-pancréatiques et alimentaires. Par conséquent, l’occlusion entraîne une distension de l’anse bilio-pancréatique et de l’estomac restant. Le patient ne peut pas vomir. Tout syndrome douloureux abdominal aigu chez un patient opéré de by-pass doit faire évoquer ce diagnostic et justifie la réalisation en urgence d’un scanner. Dans une revue de la littérature publiée en 2006 par Iannelli [81], la fréquence des hernies internes postopératoires après by-pass était de 2,51% (revue de 26 études totalisant 11918 patients). Cet auteur recommandait la réalisation d’anses en Y pré-coliques et la fermeture des brèches mésentériques. En cas de suspicion clinique de hernie interne, l’exploration chirurgicale après bilan tomodensitométrique est réalisée de première intention par voie coelioscopique. En cas de confirmation de hernie interne, la mortalité opératoire est de 1,17% [81]. Une autre cause d’occlusion postopératoire chez le patient obèse opéré est la survenue de hernies (ombilicales) ou d’éventrations étranglées. Leur diagnostic est difficile en raison d’adiposité. L’existence d’un défect pariétal lors du bilan préopératoire justifie la réalisation d’un scanner abdominal et peut modifier la stratégie chirurgicale (chirurgie en plusieurs temps dont un temps pariétal qui peut être premier). 2.2. Complications des différentes techniques chirurgicales 2.2.1. La gastroplastie verticale calibrée La mortalité opératoire est inférieure ou égale à 0,5% dans le rapport de l’ANAES en 2001 [7], due aux complications thromboemboliques. La 105 morbidité postopératoire est d’environ 2,6%. Les principales complications sont [42] : les intolérances alimentaires par sténose de l’orifice de communication entre les 2 poches en rapport avec un ulcère ou une migration intra-gastrique du dispositif de calibration (anneau ou plaque prothétique), la dilatation de la poche gastrique proximale, la fréquence des vomissements dont la persistance peut entraîner des carences alimentaires notamment en vitamines du groupe B avec un risque non négligeable de troubles neurologiques, neuropathie périphérique et encéphalopathie de Wernicke-Korsakoff, les oesophagites par reflux qui s’observent dans 10% des cas, les obstructions alimentaires du chenal d’évacuation chez les gens qui ne mastiquent pas d’où l’importance de s’enquérir de l’état dentaire du patient, les reprises de poids par désagrafage après intervention de Mason dont le taux dans certaines séries atteint près de 50%. 2.2.2. Gastroplastie par anneau modulable La mortalité est faible (0,14%). La morbidité postopératoire est de l’ordre de 5 % et le taux de réinterventions précoces compris entre 5 et 10%. Les complications possibles lors de la mise en place d’un anneau sont les complications hémorragiques (traumatismes du foie gauche en cas de stéatose importante, décapsulation splénique lors de la libération du pilier gauche du diaphragme). Le principal risque est la perforation gastrique; ce risque a été minimisé depuis que la technique péri-gastrique a été abandonnée et que la techique suédoise a été adoptée par la plupart des chirurgiens (technique dite de La Pars Flaccida). Les autres complications postopératoires précoces sont les complications liées au boitier ou site (retournement, rupture de ligne, infection), la dilatation aigüe avec glissement précoce, les complications respiratoires et thromboemboliques. La morbidité précoce globale est d’environ 5%. 106 Les complications tardives sont l’intolérance digestive, les dilatations gastriques proximales et/ou oesophagiennes, les migrations intra-gastriques de l’anneau. La dilatation de la poche gastrique fundique proximale et le glissement de l’anneau (ou slippage) entraîne une intolérance digestive avec des vomissements fréquents, un pyrosis, parfois une prise de poids. Le glissement de l’anneau est une urgence relative en raison du risque carentiel, du risque métabolique (au maximum, intolérance digestice absolue avec alcalose métabolique et insuffisance rénale). La dilatation peut être associée ou non à un glissement de l’anneau. La dilatation a été classée en 4 stades par Dargent suivant sa localisation gastrique, oesophagienne ou mixte [49]. Cette dilatation peut être associée à une prise de poids, par perte de la composante restrictive de l’intervention. Un simple cliché d’abdomen sans préparation permet le diagnostic de bascule de l’anneau (sauf pour les anneaux non radio-opaques type SAGB ). Le bilan de la dilatation et/ou de la bascule de l’anneau comporte toujours une opacification gastrooesophagienne avec un produit radio-opaque hydrosoluble. Le desserage de l’anneau doit faire régresser l’intolérance digestive et autoriser une réalimentation. Dans le cas contraire, une hospitalisation est justifiée avec aspiration digestive, traitement anti-sécrétoire et réintervention (risque d’inhalation lors de l’induction anesthésique). Le diagnostic de bascule de l’anneau entraîne le plus souvent une réintervention dont l’urgence est dictée par le degré de dilatation gastrique fundique et par l’intolérance digestive associée. Les migrations intragastriques se caractérisent par une migration progressive de l’anneau à travers la paroi gastrique. Elle peut être asymptomatique, diagnostiquée lors d’une reprise pondérale. Elle doit être suspectée devant l’apparition brutale et inexpliquée d’une infection au niveau du boîtier, en cas d’intolérance digestive. Une migration de l’anneau justifie l’ablation du dispositif, interdit la mise en place d’un nouvel anneau, et augmente le risque opératoire de toutes nouvelles interventions bariatriques. Les complications fonctionnelles à type de pyrosis, vomissements, régurgitations, sont fréquentes après gatroplastie par anneau. Leur fréquence 107 augmente quand la note restrictive est majorée. Elles sont souvent négligées ou masquées par le patient qui perd du poids. Elles doivent être recherchées par l’interrogatoire lors de chaque consultation. La physiopathologie de ces troubles fonctionnels est en curs d’évaluation et la pace du bilan fonctionnel digestif oesophagien préopératoire (fibroscopie, manométrie). 2.2.3. Le by-pass gastrique L’incidence des conversions est de 2,2%. Le taux de mortalité est de 0,6%. Les complications postopératoires précoces principales sont les occlusions mécaniques, les fistules digestives, les complications anastomotiques (ulcères, sténoses). Le risque carentiel à distance concerne les carences en fer, folates, calcium et vitamine B12 qui doivent-être prévenues par la prise de suppléments alimentaires dès la phase postopératoire lors de la réalimentation solide. Un suivi adéquat est nécessaire (bilans biologiques pluriannuels systématiques). Par rapport aux gastroplasties, le by-pass est moins contraignant. Les patients peuvent manger de tout mais en petite quantité et il n’y a normalement ni diarrhée ni vomissement. Les vomissements qui peuvent s’observer dans les suites postopératoires précoces, disparaissent rapidement. Leur persistance doit évoquer une complication anastomotique. Le dumping syndrome est une complication possible, tout comme après gastrectomie totale. Déclenché par les aliments à haute teneur en glucides, il se traduit par des malaises avec sueur et tachycardie ainsi que, parfois, des diarrhées. Ces manifestations peuvent être contrôlées par une alimentation pauvre en sucre et, dans la majorité des cas, elles disparaissent progressivement. Bien qu’il soit gênant, le dumping syndrome est considéré par beaucoup comme bénéfique parce qu’il contribue à la perte de poids et à son maintien. 2.2.4. La Sleeve Gastrectomy La sleeve gastrectomy est une intervention récente en cours d’évaluation. Les principales complications postopératoires sont les fistules 108 anastomotiques, les hémorragies. En cas de fistules, certains auteurs ont proposés la mise en place de stent. 2.2.5. La Diversion Bilio-Pancréatique (DBP) type Scopinaro Dans la littérature, en cas de DBP, on note un taux de mortalité postopératoire variant entre 0 et 1,9%. Le taux global de complications postopératoires varie entre 3 et 16%; 40% des patients ont une anémie, pouvant être traitée par un traitement substitutif vitaminique et martial. La dénutrition protéique est la complication la plus sérieuse. 2.3. Conséquences nutritionnelles de la chirurgie de l’obésité Toute chirurgie bariatrique restrictive, malabsorptive et mixte est associée à un risque carentiel concernant les vitamines et autres nutriments : protéines, fer, vitamine B12, folate, calcium, vitamines liposolubles (A, D, E, K) et micronutriments (zinc, magnésium, sélénium) [24]. La figure 26 illustre les sites d’absorption des vitamines et nutriments au niveau de l’appareil digestif pouvant être modifiés en cas de chirurgie bariatrique. 109 Figure 26 : sites d’absorption des vitamines et nutriments au niveau du tube digestif, d’après Bloomberg [24]. 110 La chirurgie bariatrique est associée dans la majorité des études à l’apparition de carences qui sont d’autant plus importantes que la chirurgie comporte une note malabsorptive. Actuellement, il existe un manque de consensus concernant les formes de supplémentation et leur posologie. Dans le rapport du Congrès de l’Association Française de Chirurgie publié en 2004 [40], les indications de supplémentation proposées étaient les suivantes : Dans les interventions induisant une malabsorption, la supplémentation doit être systématique pour: vitamine B12, 350 mg/j per os ou une injection mensuelle ; calcium, de 1200 à 1500 mg/j sous forme de citrate de calcium et associé à de la vitamine D ; fer, de 40 à 65 mg/j ; folates, si les conseils n’arrivent pas à obtenir un apport suffisant de fruits et légumes. Dans les interventions de restriction pure (anneau ou gastroplastie verticale), la supplémentation sera fonction des éléments apportés par la surveillance (bilans biologiques, enquête alimentaire). Il faut cependant être vigilant quant aux carences en fer chez la femme. Dans de telles interventions, une restriction cognitive peut aboutir à des carences protidiques graves. Il importe d’être vigilant chez la femme enceinte ; des carences, notamment en folates, peuvent être responsables de malformations neurologiques (non fermeture du tube neural) chez le nouveau-né. Une équipe américaine vient de rapporter dans Neurology une série de 26 patients avec des complications neurologiques post-opératoires sévères. Les manifestations étaient très diverses. Des encéphalopathies et des polyradiculonévrites d’installation brutale sont apparues précocément après la chirurgie. Les atteintes médullaires ont été les plus fréquentes survenant après un délai d’une dizaine d’années. D’autres patients ont présenté des neuropathies optiques et des polynévrites. Tous avaient des carences nutritionnelles multiples, mais la supplémentation n’a pas permis le plus 111 souvent d’améliorer les symptômes [89]. Dans les atteintes médullaires, il a été possible d’identifier une carence en cuivre ou en vitamine B12 [89]. Il existe vraisemblablement une méconnaissance du risque carentiel postopératoire. Le nombre de patients opérés et les différences dans les techniques peuvent expliquer la rareté des observations publiées mais ces complications neurologiques doivent être connues des patients et des médecins qui proposent ce type de chirurgie [89]. 3. Indications des techniques chirurgicales en fonction de l’IMC : standarts et options Il n’existe pas de standarts, car il y a différents types d’obésité, différents risques opératoires et objectifs de soins (amélioration de la qualité de vie, contrôle du diabète…). Les éléments de la décision sont : le terrain (les comorbidités), l’appréciation du risque opératoire, les antécédents chirurgicaux. On peut cependant proposer comme première intervention bariatrique, en standart ou en options, les interventions énumérées dans le tableau 28. IMC en kg/m2 Types d’intervention 35 à 40* 40 à 45 45 à 50 50 à 60 > 60 Standart Anneau Anneau By-pass By-pass By-pass Option 1 Mason Mason Anneau Sleeve Sleeve Sleeve Ballon 1er Option 2 Option 3 Option 4 By-pass (2 temps) Duodénal switch Sleeve 1er Ballon 1er By-pass calibré Tableau 28 : Proposition de choix des techniques chirurgicales en fonction de l’IMC. Abréviation : et co-morbidités (*). En cas d’échec d’une première intervention bariatrique, une deuxième intervention ne peut s’envisager qu’après un nouveau bilan décisionnel du 112 même type que le premier (sans la notion d’une période pré-opératoire de 12 mois). Il était admis dans la littérature qu’en cas d’échec d’une technique restrictive, on ne proposait pas une nouvelle intervention de même type (deuxième anneau, anneau après Mason). Cette donnée a été confirmée par les résultats des changements d’anneaux. En effet, dans de tels cas la perte d’excès de poids ne peut être maintenue [111]. En 2007, après échec d’une gastroplastie par anneau, le standart comme deuxième intervention est le by-pass. La Sleeve Gastrectomy, bien qu’elle soit une technique restrictive, est une option dans de tels cas. Dans tous les cas, la chirurgie de deuxième intention ne peut s’envisager qu’en l’absence de troubles du comportement alimentaire [111]. Faute d’études comparatives, il n’est pas possible de justifier un choix entre les techniques restrictives et malabsorptives sur la base d’un rapport bénéfice/risque. Les interventions créant une malabsorption intestinale entraînent des pertes de poids supérieures à celles obtenues par la seule restriction gastrique. Le choix revient conjointement au patient et à l’équipe médicochirurgicale en charge du projet thérapeutique en tenant compte de nombreux critères dont : l’importance de l’obésité évaluée par l’IMC, le morphotype du patient et son comportement alimentaire, les antécédents de chirurgie abdominale, l’avis du chirurgien et de son expérience; les difficultés techniques opératoires qui sont très supérieures pour les courtscircuits, en particulier en coeliochirurgie. Actuellement, le choix du type de procédure est de moins en moins fonction de son IMC et dépend de plus en plus de son comportement et de ses habitudes alimentaires. La gastroplastie est généralement recommandée en première intention en raison d’une moindre difficulté technique. Mais le court-circuit gastrique peut être proposé, y compris en première intention [143], en particulier dans les formes les plus sévères en raison d’une meilleure efficacité en termes de perte de poids et de confort de vie : en effet, si à court terme la période périopératoire est plus compliquée, à long terme les effets secondaires et le nombre de réinterventions sont moindres. Il faut insister sur la difficulté de cette intervention en laparoscopie qui requiert une réelle expertise 113 chirurgicale. Une possibilité est de débuter par une gastroplastie et de convertir secondairement en un by-pass en cas de résultat insuffisant. a. Indications de l’anneau gastrique modulable Les meilleures indications de l’anneau gastrique ajustable sont les patients obèses (dont l’IMC< 45 kg/m2) compliants au suivi multidisciplinaire, ayant corrigés leurs troubles du comportement alimentaire pendant le délai pré-opératoire de 12 mois. b. La gastroplastie verticale calibrée La GVC a les mêmes indications et contre-indications que la gastroplastie par anneau. Elle a également été proposée après l’échec d’une gastroplastie par anneau mais on lui préfère maintenant le by-pass. c. La sleeve gastectomy La Sleeve gastrectomy n’est pas un standart actuellement en France. La Sleeve gastrectomy est une alternative à la gastroplastie par anneau et à la gastroplastie verticale calibrée. Elle est particulièrement indiquée chez les gros mangeurs (« volume eaters »). Elle est peu indiquée en cas de symptomatologie de reflux gastro-oesophagien. d. Le by-pass gastrique Le by-pass peut être réalisé en première intention ou secondairement après une autre procédure bariatrique (gastroplastie par anneau, gastroplastie verticale calibrée, sleeve gastrectomy ou ballon). Les indications du by-pass de première intention sont les patients superobèses (BMI ≥ 50 kg/m2). En effet, si une gastroplastie était indiquée de première intention, les patients perdraient du poids, mais au terme de l’amaigrissement, ils conserveraient un IMC au-dessus de 40 kg/m2 [99, 100]. Les patients sweet-eaters, en raison de leurs troubles du comportement alimentaire ne sont pas des indications de chirurgie bariatrique et plus particulièrement de by-pass. Ces patients sont des mauvais candidats à une une gastroplastie en raison de leur attirance pour les boissons sucrées et/ou 114 les aliments semi-liquides à haut pouvoir calorique. Certains auteurs ont proposé dans de tels cas un by-pass, supposant que le dumping syndrome entraîne une réaction d’aversion envers l’alimentation sucrée. Le cas particulier des patients diabétiques reste à préciser. En raison de l’effet escompté du by-pass sur le diabète de type 2 (diminution chez plus de 83% des patients), les patients obèses diabétiques sont vraisemblablement de bonnes indications du by-pass, notamment lorsque le diabète est difficile à contrôler. Les indications de by-pass en seconde intention sont les échecs en termes de perte d’excès de poids des techniques restrictives (perte de poids insuffisante ou réascencion pondérale secondaire), ou les complications des techniques restrictives (sténose après gastroplastie verticale calibrée, dilatations après gastroplastie par anneau, migration intra-gastrique d’un anneau de gastroplastie). Il existe également deux autres indications de bypass de seconde intention : le by-pass après ballon intra-gastrique premier chez le patient super-obèse, le by-pass après sleeve gastrectomy première (stratégie en deux temps de principe ou échec d’une sleeve gastrectomy première) [41, 139]. e. La Diversion Bilio-Pancréatique La diversion bilio-pancréatique n’est pas un standart actuellement en France. Cette intervention peut s’envisager dans de rares cas d’obésités de causes centrales (syndrome de Prader-Willi, obésité associée à un craniopharyngiome). L’intérêt de cette technique chez les patients diabétiques insulinorequérants n’est pas associé à des recommandations en pratique clinique. La place de la diversion bilio-pancréatique en cas d’échec d’une autre chirurgie bariatrique reste à définir. f. Le duodenal switch Le duodenal switch n’est pas un standart actuellement en France. Les indications du duodenal switch sont conditionnées par la qualité du suivi post- 115 opératoire à long terme. Elles concernent les patients ayant un IMC supérieur à 50 kg/m2 et surtout ceux ayant un IMC supérieur à 60 kg/m2. Elle peut être réalisée en un temps ou en deux temps (sleeve première ou switch premier). La place du duodenal switch en cas d’échec d’une autre chirurgie bariatrique est également conditionnée à la qualité du suivi. Si une telle indication est envisageable quand l’IMC est supérieur ou égal à 60 kg/m 2, elle est plus difficile à poser dans les autres cas (notion de bénéfices/risques). En cas d’échec de by-pass, il a été proposé un démontage du by-pass et une transformation en duodénal switch. 4. Bilan décisionnel de la chirurgie de l’obésité 4.1. Principes La chirurgie doit rester une solution de dernier recours, réservée aux obésités massives ou sévères avec comorbidités après échecs des thérapeutiques conventionnelles. D’après les recommandations françaises sur le diagnostic, la prévention, et le traitement des obésités [94], la chirurgie ne peut s’envisager qu’après un suivi médical spécialisé d’au moins un an, comportant une prise en charge thérapeutique (diététique, activité physique, prise en charge de difficultés psychologiques, traitement des complications de l’obésité). Seuls sont des candidats potentiels les patients résistants à ces thérapeutiques conventionnelles, n’ayant pas de contre-indication d’ordre comportementale et exposés à des comorbidités non contrôlées par le traitement médical. En termes de poids, le critère d’éligibilité du patient est un IMC supérieur ou égal à 40 kg/m2 (obésité morbide) ou supérieur ou égal à 35 kg/m2 (obésité sévère) s’il existe des comorbidités sévères associées. 4.2. Bilan décisionnel 4.2.1. Equipe multidisciplinaire Au terme du suivi médical, la décision d’intervention doit être prise par une équipe multidisciplinaire, comprenant le médecin traitant, le médecin 116 spécialiste (endocrinologue ou médecin nutritionniste), le diététicien, le psychiatre ou le psychologue, le chirurgien et l’anesthésiste. Il s’agit d’une décision collégiale s’inscrivant dans un projet médical global au long cours dont l’acte chirurgical est une étape majeure, mais non exclusive. Cette décision peut être prise lors d’une réunion de concertation multidisciplinaire. Dans les autres cas, le médecin endocrinologue ou le médecin nutritionniste coordonne et acte la décision chirurgicale en fonction du bilan. 4.2.2. Bilan pré-opératoire Aucune décision ne sera prise sans un bilan pré-opératoire méticuleux : il s’agit d’une évaluation multidisciplinaire obligatoire avant toute chirurgie bariatrique. Il comporte : a. Consultation chirurgicale Une première consultation chirurgicale a lieu en début et fin de prise en charge. Elle a pour but initial d’informer les patients sur les techniques chirurgicales, leurs risques et leurs résultats potentiels. En fin de prise en charge, une consultation organise le bilan pré-opératoire au terme de la décision validée par l’équipe multidisciplinaire. Lorsque le patient est adressé de première intention au chirurgien par son médecin traitant référent, le chirurgien ré-adresse, au terme de sa consultation, le patient à l’endocrinologue et ou au médecin nutritionniste qui doit rester le chef d’orchestre de l’équipe multidisciplinaire. L’examen clinique initial confirme l’obésité massive grâce au calcul de l’IMC, recherche d’éventuelles contre-indications temporaires (recherche de SAS non réalisée, d’épisode d’insuffisance coronarienne récent…) ou définitives (antécédents chirurgicaux abdominaux multiples) à une intervention. Les résultats de cet examen pourront motiver la réalisation d’examens complémentaires tels qu’une échographie abdominale, qu’une fibroscopie gastrique (recherche d’une hernie hiatale, d’une oesophagite, d’une gastrite, recherche d’Hélicobacter Pylori), un transit baryté oesogastro-duodénal, un bilan tomodensitométrique abdominal (étude de la stéatose hépatique et de la volumétrie hépatique gauche), une consultation 117 pneumologique avec si besoin une étude polysomnographique, une consultation cardiologique. Un examen stomatologique est conseillé, car une bonne phase de mastication est nécessaire pour éviter tout blocage alimentaire. Une deuxième consultation chirurgicale sera réalisée à la fin du bilan pour décider ou non d’une intervention. Celle-ci ne sera possible qu’après une entente avec les caisses d’assurance maladie. Lors de cette demande, le type d’intervention (restrictive, malabsorptive ou mixte) sera argumenté et proposé au patient. b. Consultation endocrinologique La consultation d’endocrinologie, va réaliser un bilan clinique et paraclinique plus appronfondi ayant trois buts: affirmer l’obésité et appréhender son histoire dans le temps ; confirmer une indication opératoire en éliminant les causes d’obésité secondaire, ou en identifiant chez des patients d’IMC compris entre 35 et 40 kg/m2 des facteurs de comorbidités. informer le patient sur les autres traitements de l’obésité. c. Consultation psychiatrique et/ou psychologique La consultation psychiatrique et/ou psychologique étudie le comportement alimentaire du patient. Une évaluation pré-opératoire, classant les patients en 3 groupes (bonne indication, contre-indication, ou indication modérée) est systématiquement prise en compte par l’équipe multidisciplinaire. d. Consultation diététique La consultation diététique : aide l’endocrinologue et le psychiatre dans le diagnostic des troubles du comportement alimentaire pouvant être des contre-indications temporaires ou définitives à la mise en place de l’anneau; réalise une enquête alimentaire (journal alimentaire), informe sur les mesures diététiques postopératoires. 118 e. Consultation anesthésique La consultation d’anesthésie précise le risque anesthésique, le recours nécessaire ou non à une unité de soins intensifs en postopératoire. 4.3. Conclusion de l’évaluation pré-opératoire La décision d’intervention résulte d’une prise en charge collégiale par une équipe multidisciplinaire. L’évaluation pré-opératoire permet : d’identifier le médecin et l’équipe multidisciplinaire responsables du projet du suivi médical; d’analyser la motivation du patient et sa capacité à adhérer durablement au programme thérapeutique; d’évaluer l’ensemble psychologique anesthésique; incluant il de la le bénéficiera situation contexte clinique, somatique, médico-chirurgical également d’une et consultation cardiologique et fera un bilan métabolique endocrinien, hépatique et lipidique; d’étudier le contexte familial et social, la chirurgie de l’obésité conduisant parfois à des transformations relationnelles importantes; de poser l’indication opératoire, incluant le type d’intervention, ou d’estimer qu’elle est contre-indiquée, au terme d’une décision réellement collégiale; de définir avec le patient les conditions du suivi. L’équipe médicale doit traiter activement ou équilibrer les comorbidités avant l’intervention (par exemple : le diabète, le SAS). La décision d’opérer est arrêtée au terme du bilan polydisciplinaire et peut être actée ou non par une réunion de concertation des différents acteurs. 5. Résultats du traitement chirurgical L’évaluation des résultats d’un traitement de l’obésité doit prendre en compte non seulement la perte de poids mais aussi la diminution des comorbidités et l’amélioration de la qualité de vie. 119 5.1. Remarques méthodologiques La chirurgie moderne tend à devenir factuelle (Evidence based Surgery). Dans ce but, on peut établir une « hiérarchie » de différents types d’études disponibles dans la littérature, en fonction de leur qualité méthodologique intrinsèque avec, par ordre croissant, des séries de cas à l’étude transversale, l’étude de cas-témoins, l’étude de cohorte, à l’essai contrôlé randomisé, puis à la revue systématique et la méta-analyse. En fait, en matière de chirurgie de l’obésité, on dispose actuellement de très peu d’études randomisées. Les recommandations publiées [94, 117, 118, 145, 180] tiennent surtout compte d’études de cohorte (étude SOS [161]), de séries rétrospectives et/ou comparatives [58, 77, 149], de méta-analyses [103, 115, 130, 158]. La littérature médicale décrivant les résultats de la chirurgie bariatrique semble indiquer sa nette supériorité sur l’ensemble des autres traitements disponibles pour les patients atteints d’obésité sévère. Mais la qualité méthodologique de la majorité des études est insuffisante. L’analyse des articles comparant la chirurgie au traitement médical ou les différentes techniques chirurgicales entre elles ne permet pas d’identifier plus d’une vingtaine d’études répondant aux critères de la médecine factuelle, fondée sur les preuves. Un critère souvent retenu pour définir le succès dans les études chirurgicales est la perte de 50% de l’excès de poids initial [140, 141]. Cette définition ne repose sur aucune donnée factuelle. Les échecs sont définis par une perte de poids insuffisante 2 ans après la mise en place de l’anneau (PEP< 20% et/ou IMC> 35 kg/m2 : ce sont les critères de Reinhold [140]). 5.2. Etudes rétrospectives 5.2.1. Séries rétrospectives concernant les anneaux Ces études présentent des biais méthodologiques notamment l’absence de suivi ou de recul pour une proportion importante de patients (patients perdus de vue). Les résultats de ces études sont en faveur d’une efficacité de cette chirurgie restrictive en matière de perte d’excès de poids (tableau 29). 120 Auteurs, Nombre de année [réf.] malades Belachew, 2002 [20] Favretti, 2002 [62] O’ Brien, 2002 [127] Chevallier, 2004 [43] Ceelen, 2003 [31] Suivi Perte de Evolution de l’excès de l’IMC (kg/m2) poids 42,0-30,0 50-60 % (4 ans) (4ans) 763 8 ans (90 %) 830 7 ans (97 %) 46,4-36,4 709 6 ans 45 à 31 53,0 % 1000 7 ans 44,5-31,2 48,8 % (5ans) 625 5 ans 40,1-32,0 47,4 % (3 ans) Tableau 29 : Résultats à long terme des gastroplasties par anneau [39]. 121 Auteurs année (n) type d’intervention Temps de suivi en années Perte d’excès de poids en % (nombre de patients suivis) 1 2 3 4 5 40 50 55 ND ND 29 41,5 47 (593) 51 (380) 55 (184) 45,8 49,9 47,4 ND ND 49 (696) 56 (573) 57 (434) 57 (321) 54 (190) Fox 2003 (105) LAGB 61 (50) 75 (37) 72 (24) 60 (7) ND Frigg 2004 (295) LAGB 40 (243) 46 (200) 47 (155) 54 (98) ND 42,9 53,7 60,15 64,0 48,0 50 (489) 61 (469) 65 (469) ND ND 36 45 57 ND ND ND ND 72 ND ND O’Brien 2002 (709) LAGB 47 (492) 52 (333) 53 (264) 54 (108) 57 (30) Ponce J 2005 (1014) 40,5 LAGB (668) 52,9 (240) 62,0 (68) 64,3 (12) ND 41,1 (744) 48,7 (593) 54,5 (380) 57,1 (184) 57,1 (171) 63,9 (172) ND ND 38 (405) 61 (372) 62 (261) 58 (123) 53 (52) 45 (71) 52 (59) 53 (26) ND ND Weiner 2003, (984) LAGB ND ND ND ND 59,3 (100) Zinzindohoue 2003 (500) 42,8 LAGB (343) 52 (185) 54,8 (45) 62,1 (6) ND Belachew 2002 (763) LAGB Biertho 2005, (824) SAGB Ceelen 2003, (625) LAGB-SAGB Dargent 2004 (1180) LAGB Greenslade 2004 (273) SAGB Holloway 2004 (504) LAGB Jan 2005, (154) LAGB Mittermain 2003 (454) SAGB Steffen 2003 (824) SAGB Suter 2005 (180) SAGB Vertruyen 2002 (543) LAGB Victorzon 2002 (110) LAGB 29,5 (821) 45,0 (178) Tableau 30 : Etudes rétrospectives concernant les anneaux de gastroplasties : LapBand (LAGB*) et Obtech band (SAGB*). Résultats en termes de perte d’excès de poids (d’après O’Brien [130]). Abréviation : nombre de patients (n), ND : Non Disponible. 122 5.2.2. Séries rétrospectives concernant les by-pass Ces études présentent des biais méthodologiques notamment l’absence de suivi ou de recul pour une proportion importante de patients (patients perdus de vue). Les résultats de ces études sont en faveur d’une efficacité de cette chirurgie restrictive en matière de perte d’excès de poids (tableau 31). Temps de suivi en années Auteurs Perte d’excès de poids en % (nombre de patients suivis) Année (n) Balsiger 2000 (191) 1 2 3 4 5 68 (113) 72 (88) 66 (72) 63 (55) ND ND ND ND ND 77 (72) 63,1 (133) 61,9 (130) 58,6 (121) 56,8 (101) ND 69 (572) 69 (51) 62 (19) ND ND 48 (103) ND ND ND 43 (92) 63 63 59 ND ND 68,7 (90) 69,5 (47) 65,3 (29) 57,4 (14) ND 68,9 (506) ND ND 57,7 (317) ND 61 74 74 69 ND 72,2 (110) 70,1 (69) 65,8 (44) 56,3 (22) 61,9 (12) 58 57 57 ND ND 77 80 75 75 83 Capella 2001 (652) Gleysteen 1987 (133) Higa 2001 (497) Jones 2000 (352) Linner 1982 (227) Oh 1997 (189) Pories 1995 (608) Rabkin 1998 (138) Smith 1997 (205) Sugerman 1989 (182) Wittgrove 2000 (500) Tableau 31 : Etudes rétrospectives concernant les by-pass. Résultats en termes de perte d’excès de poids (d’après O’Brien [130]). Abréviation : nombre de patients (n), ND : Non Disponible. 123 Temps de suivi en années Auteurs Perte d’excès de poids en % (nombre de patients suivis) année (n) Brolin 2002 (199) Choban 2002 (105) 1 2 3 4 5 61 (103) 64 (40) ND ND 5,5 (53) 53,3 (105) 56 (105) 57 (105) ND ND 61 74 74 69 ND Rabkin 1998 (138) Tableau 32 : Etudes rétrospectives concernant les by-pass avec une anse alimentaire longue. Résultats en termes de perte d’excès de poids (d’après O’Brien [130]). Abréviation : nombre de patients (n), ND : Non Disponible. 5.2.3. Séries rétrospectives concernant les techniques de malabsorption (DBP-DS et by-pass calibré) Ces études présentent des biais méthodologiques notamment l’absence de suivi ou de recul pour une proportion importante de patients (patients perdus de vue). Les résultats de ces études sont en faveur d’une efficacité de cette chirurgie restrictive en matière de perte d’excès de poids (tableaux 33 et 34). 124 Temps de suivi en années Auteur Année (n) Anthone 2003 (701) Bajardi 2000 (142) Baltasar 2001(125) Dolan 2004(134) Hess 2005 (440) Scopinaro 1998 (1356) Nanni 2005 (122) Perte d’excès de poids en % (nombre de patients suivis) 1 2 3 4 5 69 (333) ND 73 (71) ND 66 (50) 65 62 61 ND 63 70,1 (96) 75 (75) 75 (64) 81,2 (54) 81,4 (32) 64,1 71 72,1 ND ND 73,5 (345) 80,5 (264) 78,5 (187) 77,5 (132) 74,5 (92) 74 (1284) ND 75 (1092) ND 75 (785) 76 (122) ND 75 (88) ND ND Tableau 33 : Etudes rétrospectives concernant les diversions bilio-pancréatique avec ou sans duodénal switch. Résultats en termes de perte d’excès de poids (d’après O’Brien [130]). Abréviation : nombre de patients (n), ND : Non Disponible. Auteurs Année (n) Capella 2002 (652) White 2005 (342) Fobi M 2005 (514) Temps de suivi en années Perte d’excès de poids en % (nombre de patients suivis) 1 2 3 4 5 ND ND ND 77 (72) ND 79,2 (265) 80,3 (203) 74,6 (166) 72,4 (115) 67,4 (72) 73,5 (514) 78,2 (475) 77,7 (450) 77,0 (401) 75,7 (354) Tableau 34 : Etudes rétrospectives concernant les by-pass calibrés. Résultats en termes de perte d’excès de poids (d’après O’Brien [130]). Abréviation : nombre de patients (n). 125 5.3. Etudes de cohortes Dans la littérature, il existe une seule étude comparant la prise en charge médicale traditionnelle au traitement chirurgical. Il s’agit de l’étude SOS. 5.3.1. Méthodologie L’étude prospective suédoise SOS, essai comparatif non randomisé entre traitement conventionnel en centres de soins primaires et traitement chirurgical, a permis d’apprécier les résultats à long terme de la chirurgie bariatrique. Deux mille sujets obèses (IMC> 34 et 38 kg/m2, pour les hommes et les femmes respectivement) âgés de 35 à 57 ans, ont été inclus dans chaque groupe avec un suivi prévu sur 10 ans. Ce projet a débuté en 1987 et le registre comprenait 7500 sujets obèses en 1997 [87]. Les informations étaient recueillies par questionnaires et consultations. Les patients répondant aux critères d’inclusion dans le registre et qui choisissaient une prise en charge chirurgicale de leur obésité étaient comparés à des sujets témoins appariés sur leur obésité et différents facteurs, notamment psychosociaux. La prise en charge conventionnelle était réalisée dans des centres de soins primaires. Les patients étaient suivis à intervalles réguliers par le biais de questionnaires portant sur la qualité de vie, et de consultations. Il était prévu un suivi de 10 ans des 2 groupes de patients et l’inclusion de 2000 sujets dans l’étude comparative. La grande majorité des patients avait bénéficié d’une gastroplastie ou d’un cerclage gastrique. Cette étude a donné lieu à de nombreuses publications [119, 120, 155, 157, 18, 159, 161, 162, 176]. 5.3.2. Résultats concernant la perte de poids A 2 ans, les pertes de poids moyennes étaient de 33% 10, 23% 10 et 21% 12 du poids initial après respectivement, court-circuit gastrique, gastroplastie verticale calibrée et anneau ajustable. La perte de poids des patients contrôles était négligeable (après 2 ans, le poids avait augmenté de 0,1% dans le groupe traité par traitement conventionnel) [155]. En 2000, parmi 692 patients (BMI : 41,2 4,7 kg/m2), 483 (70%) avaient été suivis 8 ans. Aucune perte significative de poids n’était notée dans le groupe contrôle. Après chirurgie gastrique, la perte de poids était de 31,1 13,6 kg à 1 126 an. La perte de poids se maintenait à 20,1 15,7 kg (16,3 12,3%) au bout de 8 ans. Comme le confirment les résultats de l’étude SOS, la dérivation gastrojéjunale semble permettre une perte de poids supérieure à celle obtenue avec la gastroplastie et le cerclage gastrique. Malgré une perte de poids initiale plus rapide, les résultats à long terme de la gastroplastie sont équivalents à ceux du cerclage gastrique. Avec un recul de 13 ans (figure 27), une reprise de poids était constatée dans tous les groupes à partir de la deuxième année. Elle atteignait environ 1/3 de l’amaigrissement initial après 10 ans. groupe contrôle Variations de poids (%) anneau gastroplastie verticale calibrée by-pass Gastrique nombre de patients années groupe contrôle anneau gastroplastie verticale calibrée by-pass Gastrique Figure 27 : Variations de poids parmi les sujets d’une étude SOS sur une période de 15 ans [159]. La variation de poids sur la totalité du groupe traité chirurgicalement était presque identique à celle du sous-groupe traité par gastroplastie verticale calibrée. 127 Groupe chirurgie Groupe contrôle (N=487) (N=487) Moyenne [intervalle de Moyenne [intervalle de confiance à 95 %] confiance à 95 %] Hommes 40,8 [40,1-41,5] 38,7 [38,0-39,5] Femmes 42,3 [41,9-42,7] 40,7 [40,1-41,2] Hommes 31,5 [30,7-32,3] 38,5 [37,6-39,3] Femmes 32,5 [32,0-33,0] 40,3 [39,7-40,9] IMC (kg/m2) avant traitement IMC (kg/m2) à 2 ans Tableau 35 : Evolution de l’IMC, comparaison entre le groupe chirurgie et le groupe contrôle dans l’étude du SOS [87]. 5.3.3. Résultats concernant les comorbidités L’analyse des facteurs de risque cardio-vasculaires a permis de confirmer l’effet bénéfique du traitement chirurgical sur la plupart d’entre eux (tableau 36) pendant au moins 10 ans. L’un des effets les plus spectaculaires du traitement chirurgical est la correction du diabète. Les résultats de l’étude SOS ont confirmé qu’une perte de poids supérieure à 12% permettrait de corriger le diabète dans la quasitotalité des cas et que la chirurgie réduisait son incidence. Après 2 ans de suivi, l’incidence du diabète est 32 fois plus importante dans le groupe contrôle que dans le groupe des opérés (6,3% versus 0,2%) [156]. Après 8 ans de suivi, l’incidence du diabète est encore 5 fois plus basse dans le groupe des opérés [158]. Si l’on retrouve bien après 2 ans une baisse de la pression artérielle et de l’incidence de l’HTA (5,4% groupe des opérés versus 13,6% groupe contrôle), ce n’est plus le cas après 8 ans, où les bénéfices semblent perdus [157]. 128 Traitement Comorbidités Suivi conventionnel (%) * Chirurgie (%) * Odds ratio 2 ans 13,6 5,4 0,38 8 ans 25,8 26,4 NS** 2 ans 6,3 0,2 0,02 8 ans 18,5 3,6 0,20 Apnée du sommeil 2 ans 20,0 8,0 0,40 Hyperinsulinisme 2 ans 6,3 0,2 0,10 Hypertriglycéridémie 2 ans 7,7 0,8 0 ,10 2 ans 8,6 3,0 0,28 2 ans 12,1 14,9 NS** Hypertension Diabète Hypocholestérolémie HDL Hypercholestérolémie totale Tableau 36 : Fréquence des comorbidités chez les patients de l’étude SOS ayant bénéficié du traitement conventionnel ou du traitement chirurgical, 2 et 8 ans après l’inclusion (d’après Sjöstrom) [157]. Abréviations : * Les groupes « traitement conventionnel » et « chirurgie » comprenaient respectivement 712 et 767 patients à 2 ans, et 232 et 251 patients à 8 ans. ** : non significatif. Les résultats de l’étude SOS [159] en matière de diminution du risque vasculaire ont été actualisés en 2007. Nous en avons parlé page 75. 5.3.4. La qualité de vie La qualité de vie à 2 ans des malades opérés était améliorée de façon significative sur la plupart des échelles utilisées dans le groupe chirurgie par rapport au groupe contrôle, proportionnellement à la perte de poids [8]. L’étude de Karlsson (1998) [87] portait sur la perte de poids et la qualité de vie des patients obèses opérés (N=487) et de témoins obèses non opérés (N=487) de la cohorte SOS au terme de 2 ans. L’IMC moyen était passé de 40,8 kg/m2 à 31,5 kg/m2 chez les hommes et de 42,3 kg/m2 à 32,5 kg/m2 chez les femmes. La chirurgie diminuait également la fréquence de la dépression et de l’anxiété lorsque la perte de poids atteignait 25% du poids initial. 129 5.4. Etudes randomisées On ne dispose dans la littérature que de rares études randomisées, parfois anciennes, avec une méthodologie parfois critiquable, qui ont comparé les traitements chirurgicaux au traitement médical [7, 109, 117]. Une étude du groupe Cochrane publiée en 2005 [47] notait 36 essais randomisés publiés avant décembre 2004. Seuls deux essais randomisés et trois études de cohorte comparaient le traitement chirurgical au traitement conventionnel. Vingt et un essais comparaient entre elles différentes techniques chirurgicales. La qualité méthodologique des essais était pauvre. Seuls trois essais incluaient suffisamment de patients pour répondre à la question posée. Il n’était pas possible de réaliser des méta-analyses à partir de ces 36 essais en raison des différences en matière de techniques chirurgicales, de mesures de perte d’excès de poids, de durée de suivi. Les auteurs concluaient à une supériorité de la chirurgie par rapport au traitement conventionnel en matière de contrôle pondéral (avec un faible niveau de preuves). Les résultats comparatifs en matière de complications et d’efficacité des différentes techniques ne permettaient pas de tirer de conclusions. Dans une revue des essais contrôlés publiés en 2005 par Maggard [101], on notait seulement 6 essais. Deux essais comparaient le by-pass au Mason (114 versus 117 patients). La perte de poids moyenne à 12 mois était de 42,43 versus 34,45 kg. Elle était à 36 mois de 39,73 versus 30,65 kg. Un essai comparait le by-pass ouvert au by-pass laparoscopique (21 versus 30 patients). A 12 mois la perte de poids moyenne était de 34,35 versus 37 kg. Deux essais comparaient le Mason à l’anneau (71 versus 76 patients). La perte moyenne de poids était à 12 mois de 38,58 versus 24,20 kg. Elle était à 36 mois de 35,51 versus 32,97 kg. 130 suivi à 12 mois Interventions Perte de poids (patients) RYGB/VBG RYGB(o)/RYGB (l) VBG/anneau 42,4 vs 34,4 (114 vs 117) 34,3 vs 37,0 (21 vs 30) 38,5 vs 24,2 (71 vs 76) suivi ≥ 36 mois N 2 1 2 Perte de poids (patients) 39,7 vs 30,6 (103 vs 96) ND 35,5 vs 32,9 (64 vs 60) N 2 1 2 Tableau 37 : Perte de poids en kg après chirurgie bariatrique. Moyenne des résultats obtenus suivant les techniques dans les essais contrôlés, d’après Maggard [101]. Abréviations : by-pass (RYGBP), Mason (VBG), laparotomie (o), coelioscopie (l), versus (vs), nombre d’études (N), pas de résultat (ND). Depuis le travail publié par Maggard [101], seules quelques études randomisées ont été publiées. Les plus importantes sont citées ci-dessous. Dans une étude randomisée publiée en 2005, Olbers comparait deux interventions réalisées par voie coelioscopique : le by-pass et la gastroplastie verticale calibrée (46 versus 37 patients). La perte d’excès de poids à 2 ans était significativement supérieure en cas de by-pass (84,4 versus 59,8%) [132]. Dans la littérature, une seule étude randomisée publiée en 2006 [78] a comparé l’efficacité de l’anneau versus la sleeve gastrectomy. Elle concernait deux groupes de 40 patients. Les résultats à 3 ans étaient meilleurs en termes de perte d’excès de poids dans le groupe sleeve gastrectomy. Cependant, dans ce groupe des complications graves étaient notées, notamment 2 cas de gastrectomie totale de nécessité en raison d’une ischémie gastrique. Dans la littérature, une seule étude randomisée publiée par O’Brien en 2006 a comparé la gastroplastie par anneau (anneau Lap-Band ) à la prise en charge comportementale chez des patients ayant un IMC compris entre 30 et 35 kg/m2 (2 groupes de 40 patients) [128, 129]. Seuls les résultats à 2 ans ont été analysés. On notait une différence significative dans le groupe chirurgie concernant la perte d’excès de poids (87,2 versus 21,8%), la 131 régression du syndrome métabolique (24 versus 3%), l’amélioration de la qualité de vie. Dans la littérature, une étude randomisée publiée en 2007 a comparé la gastroplastie par anneau au by-pass [12] Cette étude concernait 51 patients (27 anneaux et 24 by-pass) d’IMC moyen respectif 43,4 et 43,8 kg/m². A 5 ans, la perte de poids était significativement supérieure dans le groupe by-pass. Le taux d’échec i-e un IMC>35 kg/m2 était supérieur en cas de gastroplastie par anneau (34,6 versus 4,2%). Seuls 11,5% des patients ayant eu un anneau n’était plus obèses (IMC< 30 kg/m 2) alors qu’un tel résultat était noté chez 62,5 % des patients ayant eu un by-pass (différence significative). 5.5. Méta-analyses Le principe de la méta-analyse consiste à rassembler les données issues d’études pertinentes qui essaient de répondre à une question précise de manière critique et quantitative. La difficulté d’appréhension de l’efficacité en termes de perte d’excès de poids, d’amélioration des comorbidités et de la qualité de vie est liée au niveau de preuve et au faible nombre d’études randomisées. Les méta-analyses sont peu nombreuses. Elles ne permettent pas de dégager des données suffisantes pour préciser les indications respectives des différentes techniques chirurgicales. La méta-analyse publiée par Monteforte [115] en 2000 concernait les articles publiés en 1995 et 2000. Elle avait pour but de préciser la perte de poids après chirurgie bariatrique, les complications associées à cette chirurgie, les conséquences de cette perte de poids sur les comorbidités associées à l’obésité. Dans cette méta-analyse, seuls 62 articles étaient identifiés, dont 14 études contrôlées randomisées. Seules 6 études rapportaient une perte de poids à un an, et 4 une perte de poids à sept ans avec comme valeurs respectives une réduction de l’IMC de 16,4 et 13,3 kg/m2. La perte de poids observée était associée à une amélioration des facteurs de risque cardiaque (HTA), du diabète de type 2, des anomalies lipidiques, de la sévérité du SAS. La mortalité opératoire était de 0,14% en cas 132 de chirurgie restrictive (3568 patients) et de 0,39% dans les autres procédures chirurgicales (3626 patients). La méta-analyse de Manterola [103] posait la question de l’intérêt de la voie coelioscopique. Seuls les articles parus après 2002 étaient étudiés (31 articles évaluables sur 236 publiés). Les résultats étaient comparables en termes de morbidité, de taux de réintervention. Ces résultats devaient être pondérés par l’étude de Jones en 2006 concernant des chirurgiens experts [157]. Dans cette étude, la coelioscopie comparée à la laparotomie est plus coûteuse et est associée à un taux de complications plus important (fistules et occlusions). Dans la méta-analyse publiée par O’brien en 2006, seules étaient retenues les publications comportant plus de 100 patients suivis plus de 3 ans. Sur 1703 études de la littérature, seules 43 étaient analysables [130]. La diversion bilio-pancréatique et le by-pass calibré étaient plus efficaces en termes de perte de poids à moyen terme que le by-pass et l’anneau (74,4% de perte d’excès de poids avec la DBP, 56,6% avec le by-pass et 53,1% avec l’anneau). Au-delà de 2 ans, il n’y avait pas de différence en termes de perte de poids entre le by-pass et l’anneau. On n’améliorait pas le résultat du bypass en ajoutant une composante de malabsorption (allongement de l’anse en Y); par contre, la perte d’excès de poids est supérieure et se maintient à long terme si l’on ajoutait une composante de restriction (mise en place d’un anneau de calibration sur la poche gastrique fundique en amont de l’anastomose gastro-jéjunale). Une étude randomisée française est en cours. La méta-analyse publiée par Buchwald [27] en 2004, étudiait l’amélioration et la guérison des comorbidités (diabète, HTA, SAS) en cas de chirurgie bariatrique ; 136 études étaient retenues. On notait une amélioration du diabète dans 86% des cas, de l’HTA dans 78,5% des cas, du SAS dans 83,6% des cas. Le pourcentage d’amélioration du diabète et du SAS était plus important en cas de techniques chirurgicales agressives (by-pass ou switch) qu’en cas de techniques restrictives (gastroplastie par anneau ou Mason). La méta-analyse publiée par Maggard en 2005 concernait les séries comparatives publiées avant juillet 2003 comportant au moins 10 patients 133 [101]. Cent quarante sept études étaient retenues. Parmi ces études, 89 permettaient l’étude de la diminution de poids, 134 permettaient l’étude de la mortalité, 128 permettaient l’étude des complications. La chirurgie permettait une perte de poids de 20 à 30 kg pour un délai postopératoire de 10 ans. La chirurgie était associée dans certaines conditions à une amélioration des comorbidités. Pour les patients ayant un IMC entre 35 et 39 kg/m2, les résultats en termes de perte d’excès de poids étaient supérieurs après chirurgie versus traitement conventionel. Cependant la puissance de la méta-analyse ne permettait pas de conclure à la supériorité de la chirurgie. Le by-pass dans cette étude était supérieur aux gastroplasties en termes de perte d’excès de poids. Les différentes techniques chirurgicales analysées (gastroplasties par anneau, Mason et équivalent, by-pass, DBP et DBP-DS) étaient associées à une mortalité moyenne globale de 1% et un taux de complications de 20%. La voie coelioscopique permettait de diminuer les complications infectieuses postopératoires. 5.6. Conclusion de l’analyse de la littérature Les mesures thérapeutiques classiques, associant la prise en charge diététique, l’activité physique et le soutien psychologique, sont généralement efficaces en cas d’obésité modérée, au moins à court terme [14]. Elles sont cependant insuffisantes pour réduire durablement le poids des patients atteints des formes les plus graves d’obésité. Plusieurs études montrent que la réduction pondérale obtenue par le traitement diététique conventionnel dans cette population n’est plus que marginale, voire nulle, au-delà de 5 ans [161]. De nombreux arguments suggèrent la supériorité du traitement chirurgical sur les traitements conventionnels de l’obésité sévère. Différentes techniques permettent une perte de poids dépassant 15% du poids initial pendant au moins 10 ans. La technique de l’anneau permet à 4 patients sur 5 de connaître une perte d’excès de poids supérieure à 50% en 2 ans. Cependant ces résultats ne se maintiennent pas à long terme et la place résiduelle de l’anneau dans les indications reste à définir (IMC < 45 kg/m2 ?). 134 Seule la chirurgie pourra assurer au patient obèse une perte de poids significative et durable à moyen terme, voire à long terme. Le succès de l’intervention dépend de l’efficacité de la procédure chirurgicale, mais surtout du patient lui-même et de son aptitude à modifier, non seulement son comportement alimentaire, mais également son mode de vie. Une étude a établi comme critère de réussite de la chirurgie bariatrique la capacité d’atteindre et de maintenir une perte d’au moins 50% de la surcharge pondérale sans avoir des effets adverses importants. La chirurgie bariatrique est vraisemblablement le meilleur traitement de l’obésité très sévère car il s’agit du seul traitement permettant de diminuer l’IMC de 10 points, d’améliorer et/ou de guérir des comorbidités [27]. 6. Les Recommandations Les Recommandations françaises ont été publiées dans le Rapport de l’ANAES (Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé) en mai 2001 [7] et actualisées en 2005 [94]. 6.1. Indications de la chirurgie de l’obésité Selon le National Heart, Lung and Blood Institute nord-américain [121], le Scottish Intercollegiate Guideline Network (SIGN) [153] et les recommandations françaises [3], la chirurgie de l’OM doit être réservée à des malades sélectionnés dont l’IMC doit être ≥ 40 kg/m2, ou ≥ 35 kg/m2 avec des facteurs de comorbidité. Elle ne devrait être envisagée qu’après un ou plusieurs échecs du traitement conventionnel de l’obésité, combinant: régime diététique, thérapeutique comportementale, activité physique. Une évaluation globale personnalisée du problème pondéral devrait être réalisée sur le plan nutritionnel avant de porter l’indication d’un traitement chirurgical. La durée de prise en charge médicale doit être au moins égale à un an avant d’envisager une indication chirurgicale. Les procédés de réduction de la capacité gastrique ne devraient être utilisés que chez des malades bien informés et motivés présentant des risques chirurgicaux acceptables. Il s’agit d’un engagement à suivre, à vie, des soins dans le cadre du suivi médical et à observer de nombreuses consignes en 135 termes de régime alimentaire, d’exercice et de recommandations médicales. L’obésité doit être stable (ou s’aggraver) depuis 5 ans. La chirurgie de l’obésité doit être réservée à l’adulte (18-60 ans). 6.2. Contre-indications Les contre-indications [164] sont : l’absence de prise en charge médicale préalable identifiable ; les troubles psychiatriques : les troubles psychotiques (schizophrénie, troubles du comportement alimentaire (boulimie)), les dépressions sévères non traitées ; alcoolisme et toxicomanie ; pathologies endocriniennes : surrénalienne ou thyroïdienne (hypothyroïdie non traitée), tumeur de l’hypophyse ; les contre-indications à l’anesthésie générale (insuffisance cardiorespiratoire, coronarienne, hépatique, rénale) ; les cancers, les pathologies inflammatoires chroniques du tube digestif ; l’existence d’une infection chronique ou latente ; un coefficient de mastication insuffisant ; les personnes refusant catégoriquement de se conformer soit au changement de mode de vie soit au suivi médical ; Pour la pose d’anneau gastrique, il existe d’autres contre-indications relatives : les troubles moteurs de l’œsophage et le reflux gastro- oesophagien, les oesophagites sévères et les hernies hiatales non réductibles. 6.3. Recommandations pour la prise en charge péri- opératoire Selon La conférence de Consensus des National Institutes of Health (NIH) nords-américains sur la chirurgie de l’OM et les recommandations françaises [94]: Les procédés chirurgicaux ne doivent être envisagés que chez un malade parfaitement bien informé, motivé et ne présentant que 136 peu de risques opératoires ; le consentement éclairé doit être impérativement acquis avant le geste chirurgical ; Les malades candidats à la chirurgie doivent être soigneusement sélectionnés après une évaluation faite par une équipe multidisciplinaire. 6.4. Conditions de mise en œuvre de la chirurgie L’intervention doit être réalisée par un chirurgien suffisamment expérimenté à la technique [173]. Une expérience en chirurgie de l’obésité et en chirurgie coelioscopique est indispensable. Il n’existe pas en France de qualification spécifique, à l’inverse des Etats-Unis. Les modalités d’organisation doivent permettre une prise en charge multidisciplinaire avant et après l’intervention, ainsi qu’un suivi médical prolongé à vie. Les modalités d’organisation ont été précisées en 2004 par l’European Association for Endoscopic Surgery (EAES), après une revue de la littérature concernant les données factuelles réalisées [145]. Les recommandations concernaient les points suivants: L’évaluation multidisciplinaire Avant de décider une intervention pour obésité, le patient doit être vu par un chirurgien et un anesthésiste, et il devrait l’être par un expert en diététique ou en nutrition. La consultation d’autres spécialistes dépend de la comorbidité du patient. Les indications chirurgicales La chirurgie de l’obésité est indiquée pour des adultes ayant un IMC ≥ 35 kg/m2 avec comorbidité ou un IMC au moins égal à 40 kg/m 2. Tous les patients doivent avoir compris et accepté la nécessité du suivi postopératoire. L’évaluation préopératoire : tous les patients doivent faire l’objet d’une évaluation clinique et bénéficier d’examens biologiques. Le choix de la procédure chirurgicale : les techniques doivent être expliquées au patient. 137 La formation et qualification : tous les chirurgiens pratiquant la chirurgie de l’obésité doivent avoir une expérience technique adéquate. La surveillance post-opératoire à long terme : les patients doivent être suivis par une équipe multidisciplinaire ; ils doivent être revus 3 à 8 fois la première année, de 1à 4 fois la deuxième année et 1 ou 2 fois par an ensuite. 138 VIII. DISCUSSION La chirurgie de l’obésité s’est développée en France grâce à l’essor des techniques coelioscopiques [21]. Les indications initiales concernaient essentiellement les gastroplasties par anneau sauf dans les centres experts ayant une antériorité en matière de chirurgie bariatrique. Les recommandations ainsi que la nécessité d’une demande d’entente préalable ont entrainé une stabilisation du nombre réel d’interventions réalisées par an en France. Il existe, comme l’a démontré le rapport Oberlin (pages 52 à 56), une tendance vers l’équilibre entre la prévalence de l’obésité et le taux de recours à la chirurgie. Ce paradoxe français devrait faciliter le développement d’une recherche clinique en matière de chirurgie bariatrique. En effet, la plupart des données actuelles, issues de la littérature, proviennent des Etats-Unis. On peut retenir de la littérature consacrée à la chirurgie bariatrique plusieurs points. Il n’existe pas actuellement de preuves d’une supériorité de la coelioscopie par rapport aux techniques ouvertes [103]. Il existe plusieurs techniques de chirurgie bariatrique (tableau 38). Toutes les techniques de chirurgie bariatrique permettent d’obtenir à court et à moyen terme une perte d’excès de poids significative [115, 130]. Les résultats en matière de perte d’excès de poids varient avec les techniques chirurgicales retenues (tableau 38). En cas de gastroplastie verticale calibrée (intervention de Mason et Mason Mac Lean), la perte de poids obtenue est de 50 à 60% de l’excès de poids initial, mais les résultats sont influencés par les habitudes alimentaires. La consommation d’aliments liquides ou semi-liquides à haut pouvoir calorique (sucreries) est l’une des principales causes d’échec et le taux d’échecs à long terme est de l’ordre de 20 à 30%. La perte de poids maximale est obtenue en 18 à 24 mois. L’efficacité de l’anneau de gastroplastie est comparable à celle de la gastroplastie verticale calibrée avec une perte pondérale de 50 à 60% de l’excès de poids mais ces chiffres sont des moyennes qui reflètent des résultats individuels en pratique très disparates [7, 55] (tableau 30). Le taux de 139 succès à 2 ans est de 70% en cas d’OM (IMC< 50 kg/m 2) et seulement de 30% pour les super-obésités (IMC>50 kg/m2). Les gastroplasties par anneaux sont actuellement remises en question en raison du taux d’échecs secondaires entre 5 et 10 ans [170]. En cas de by-pass, la perte pondérale obtenue à 2 ans est de 70 à 75% de l’excès de poids initial et elle se maintient à 5 ans. Le taux de succès de l’intervention est de 90% en cas d’OM et de plus de 50% pour les patients super-obèses. Des modifications techniques du by-pass pourraient en améliorer les résultats en termes de perte d’excès de poids. Dans l’étude de Fobi et Capella, le by-pass calibré (banding by-pass) [66] permet d’obtenir une perte d’excès de poids supérieure quand on le compare au by-pass classique [30, 67, 68]. Il s’agit d’un by-pass avec un anneau de restriction proximal. De tels résultats ont été notés dans la méta-analyse d’O’brien [126, 127] ; cependant il n’existe pas de méta-analyses comparant by-pass classique et by-pass calibré. Un essai clinique est actuellement en cours en France comparant le by-pass classique au by-pass calibré. Les techniques de malabsorption (DBP et du duodénal switch) permettent d’obtenir les pertes de poids les plus importantes, ces pertes étant stables à 10 ans. En moyenne, les patients perdent environ 35% de leur poids initial et 70% de leur excès de poids. Le taux de succès à 2 ans pouvant atteindre 95%, y compris chez les patients super-obèses. L’efficacité en termes de perte d’excès de poids est au moins similaire à celle du by-pass gastrique. Cependant ces techniques sont associées à un risque opératoire et un risque carentiel maximal et ne peuvent s’envisager sans suivi à long terme. Chez les patients super-obèses (IMC ≥ 50 kg/m2) les indications des techniques restrictives (gastroplasties par anneaux et gastroplasties verticale calibrée) doivent être remises en question [112]. Les données issues de la littérature correspondant à l’expérience française sont peu nombreuses et concernent essentiellement les gastroplasties. Une étude nationale [46] sur la chirurgie bariatrique en France, analysant les résultats de 1236 interventions bariatriques qui ont eu lieu en 140 décembre 2002 et janvier 2003, et revus à 2 ans, montrent que les résultats en termes de mortalité, perte de poids, amélioration des comorbidités et de la qualité de vie sont similaires quel que soit l’intervention choisie (gastroplastie par anneau, gastroplastie verticale calibrée ou by-pass). L’analyse recommandations de en la littérature matière de a permis chirurgie l’établissement bariatrique, de américaines, françaises et européennes [51, 69, 94, 122, 145]. Les résultats de la chirurgie bariatrique en termes d’amélioration des comorbidités et de la diminution de la surmortalité liées au risque vasculaire sont en faveur d’une poursuite du développement de la chirurgie bariatrique [27, 159]. Seule la recherche clinique permettra d’affiner les indications, notamment dans l’obésité associée au diabète de type 2 [136]. L’acte chirurgical doit être pratiqué par un chirurgien expérimenté dans ce domaine, avec l’aide d’une équipe formée à ce type de chirurgie et entraînée à l’anesthésie-réanimation des sujets obèses. Ce type de chirurgie ne doit pas être pratiqué d’une manière épisodique. Il faudrait donc opérer les patients dans des centres experts. Ainsi, dans l’étude de Courcoulas et al [48], qui recense 4685 BPG réalisés entre 1999 et 2001 dans l’Etat de Pensylvannie, la mortalité postopératoire était de l’ordre de 5% pour les équipes qui en faisaient moins de 10 par an et de 0,3% pour celles qui en faisaient plus de 50 par an. Le by-pass est une chirurgie difficile qui devrait être réservée à des chirurgiens ayant l’habitude de la chirurgie bariatrique. Le nombre de complications globales, diminue de façon significative avec l’expérience, c’est à dire la pratique et la formation des chirurgiens [151]. Si la chirurgie laparoscopique a permis une application moins invasive des gastroplasties et courts-circuits gastriques, il n’existe cependant pas encore d’intervention bariatrique idéale ou universelle facile à reproduire et à enseigner, et chaque procédé laparoscopique a une courbe d’apprentissage [16]. Cette courbe d’apprentissage ou learning curve correspond au nombre d’interventions que doit pratiquer le chirurgien pour une technique donnée avant d’observer une diminution significative du taux de complications. Selon des experts français, le nombre d’interventions 141 bariatriques par équipe doit être de plus de 2 par semaine [F Pattou, communication personnelle]. L’effet learning curve justifie un enseignement spécifique de cette chirurgie [28]. Un diplôme inter-universitaire de chirurgie bariatrique a été crée en 2007. L’organisation actuelle du système de santé n’est pas suffisamment performante, car les stratégies de prévention ou de traitement sont mises en place en fonction de l’offre et de la demande, sans réelle politique d’ensemble. Deux types de structures se mettent progressivement en place : Les centres de référence ont pour vocation le regroupement d’équipes pluridisciplinaires (médecins, chirurgiens, diététiciens, psychiatres, psychologues…). Les obésités massives ou rebelles devraient être bilantées et traitées dans ce type de structure, notamment lorsque l’intérêt de la chirurgie bariatrique est discutée. Les réseaux de soins constituent une perspective cohérente dans la prise en charge coordonnée, hiérarchisée et évaluée des obésités. La coordination des soins permet une plus grande interaction des différents acteurs de santé, qui peuvent tous disposer d’une formation adaptée. Leur avantage est de pouvoir assurer le financement par dérogation de certaines prestations, comme celles des diététiciens, à condition de respecter des protocoles de soins préalablement mis au point. 142 suivi à 12 mois Interventions Perte de poids (kg) N(Patients) suivi ≥ 36 mois Perte de poids (kg) N (Patients) RYGB (tt) 43,46 32/2937 41,46 21/1281 RYGB(o) 43,89 25/2074 41,58 20/1266 RYGB (l) 42,17 10/863 38,32 1/15 VBG (tt) 32,16 21/2080 32,03 18/1877 Anneau 30,19 27/5562 34,77 17/3076 DBP 51,93 3/735 53,10 1/50 Tableau 38 : Perte de poids après chirurgie bariatrique. Moyenne des résultats obtenus suivant les techniques dans la littérature d’après Maggart [101]. Abréviations : by-pass (RYGBP), Mason (VBG), laparotomie (o), coelioscopie (l), nombre d’études (N), toutes techniques (tt). 143 IX. EN PRATIQUE D’après les recommandations de bonne pratique pour la chirurgie de l’obésité, la chirurgie gastrique de l’obésité doit s’inscrire dans une stratégie médicale cohérente et globale comportant : une prise en charge médicale préalable conforme aux Recommandations pour le diagnostic, la prévention et le traitement de l’obésité ; un bilan pré-opératoire multidisciplinaire, c’est à dire médical (nutritionnel et comportemental), psychologique ou psychiatrique, chirurgical et anesthésique donc menée par une équipe multidisciplinaire associant un spécialiste en nutrition ou un endocrinologue, un psychiatre ou un psychologue, un chirurgien et un anesthésiste, en collaboration avec le médecin traitant. un suivi médical et chirurgical prolongé. 1. Le bilan initial Une évaluation multidisciplinaire est obligatoire avant toute chirurgie bariatrique ; aucune décision ne sera prise sans un bilan pré-opératoire méticuleux qui précisera si l’intervention est justifiée et si elle ne présente pas de risque anesthésique excessif. 1.1. Consultation d’endocrinologie Elle réalise un bilan clinique et paraclinique de l’obésité afin de définir une stratégie de prise en charge, notamment chirurgicale. 1.1.1. Interrogatoire et bilan clinique a. Définition de l’obésité L’excès pondéral est évalué par l’indice de masse corporelle, après mesure du poids et de la taille. L’endocrinologue mesure le tour de taille et de hanches (en cm). 144 b. Histoire de l’obésité : - date de début de la prise de poids, les circonstances déclenchantes ou aggavantes ; - poids actuel : stable, évolutif, fluctuant ; poids maximum - les régimes antérieurs : nombre, efficacité, perte de poids maximal obtenue - types de régimes suivis (encadrement médical) ; c. Consommation calorique quotidienne évaluée par le rappel des 24 heures déterminée grâce au journal alimentaire d. Recherche de troubles du comportement alimentaire : - repas copieux, hyperphagie prandiale ; polyphagie ; - prises extra-prandiales (grignotages diurnes ou nocturnes) ; - compulsions alimentaires, crise occasionnelle de boulimie ou maladie boulimique ; - consommation d’alcool ; - changement d’habitude alimentaire ; e. Evaluation de l’activité physique (nulle, saisonnière, hebdomadaire) f. Etudes des facteurs familiaux : obésité père/mère, frères et sœurs, du conjoint g. Composition corporelle : - Impédancemétrie : % de la masse grasse et de la masse maigre. 1.1.2. Recherche de comorbidités associées à l’obésité Elle se fait par l’examen clinique et les explorations complémentaires avec l’aide de spécialistes. a. Examens biologiques : - NFS, plaquettes, TP, TCA - ionogramme sanguin, créatininémie - glycémie à jeun, glycémie 2h, HGPO, pic insulinémie - hémoglobine glycosylée - bilan lipidique : cholestérol total, HDL cholestérol, triglycérides - bilan hépatique : TGO, TGP, Gamma GT - uricémie, TSH - cortisolémie 145 b. Les comorbidités : cardiovasculaires documentées : insuffisance coronarienne, HTA, accidents vasculaires cérébraux, phlébites et embolies pulmonaires, insuffisance cardiaque, varices, dysfonction végétative ; respiratoires : insuffisance respiratoire, apnées du sommeil, hypoventilation alvéolaire, hypertension pulmonaire ; locomotrices : gonarthrose, spondylarthrose, coxarthrose ; Digestives : lithiase biliaire, stéatose hépatique, reflux gastro- oesophagien et hernie hiatale ; cancéreuses : H : prostate, colorectal, voies biliaires F : sein, endomètre, col utérin, ovaires, colorectal, voies biliaires endocrino-métaboliques : diabète, intolérance au glucose, dyslipidémie, hyperuricémie (avec ou sans goutte), hypothyroïdie, dysovulation ; cutanées : mycoses, intertrigo ; psychosociales : état dépressif, psychotique - traitements : anti-hypertenseurs, hypolipidémiants - addictions : alcool, tabac, autres 1.1.3. Recherche de causes d’obésité secondaire causes endocriniennes : hypothyroïdie, syndrome de Cushing, insulinome ; causes génétiques : syndrome de Prader-Willy, syndrome de Carpenter… causes médicamenteuses : oestro-progestatifs, corticoïdes, lithium, antidépresseurs. 1.2. Consultation chirurgicale Son but initial est d’informer le patient sur les différentes techniques, leurs risques et leurs conséquences. 146 1.2.1. Examen clinique Il évalue l’IMC. Il précise les comorbidités de l’obésité (risque anesthésique). Il retrace l’histoire naturelle de cette obésité. Il recherche d’éventuelles contre-indications relatives ou absolues soit pour une technique soit pour l’anesthésie, à une intervention chirurgicale (antécédents chirurgicaux, existence de hernie, degré d’obésité). 1.2.2. Information du patient Le praticien doit décrire les différentes possibilités chirurgicales validées dans le traitement de l’obésité morbide et leurs complications. C’est un des temps primordiaux de la relation médecin malade, car outre l’aspect médico-légal, une information bien comprise par le patient, sur la technique opératoire et les possibles complications, est à la base de la réussite de la technique. Une information sur la technique de laparoscopie et les risques de conversion en laparotomie est médico-légale. Une deuxième consultation chirurgicale sera réalisée à la fin du bilan alors que l’indication a été précisée par l’endocrinologue. Le chirurgien fera la demande d’entente avec les caisses d’assurance maladie. 1.3. Consultation psychologique Le psychiatre ou le psychologue étudie le comportement alimentaire du patient pour déterminer sa capacité à réagir de façon positive à la pose de l’anneau ou à toute autre intervention bariatrique. 1.4. Consultation diététique Elle dépiste des troubles alimentaires pouvant être considérés comme de véritables contre-indications à la mise en place de l’anneau : sweet eaters, binge eaters, boulimie… Une réeducation alimentaire pendant quelques semaines peut être mise en place pour faciliter le maintien des consignes postopératoires. Elle informe sur les mesures diététiques postopératoires (notamment en cas de gastroplastie par anneau) : bien mastiquer ; manger lentement à heure fixe ; 147 fractionner son alimentation en 3 petits repas solides, associés à une ou deux collations ; apporter au moins : 1g de protéine par kg de poids, sucres lents, aliments riches en fibres, laitages éviter les aliments fibreux et difficiles à déglutir ; éviter de boire en mangeant ; proscrire les boissons gazeuses ; privilégier une alimentation liquide le premier jour, mixée les 4 premières semaines puis passer à une alimentation de consistance normale (introduction rapide des aliments solides). Mettre le patient en garde sur la consommation d’aliments liquides ou semi-liquides denses en calories, dont le risque est d’entraîner une reprise pondérale. 1.5. Consultation d’anesthésie L’anesthésie de l’obèse est une anesthésie à risque, en raison de complications spécifiques à ce type de patients pouvant survenir en pré, per ou postopératoire. Elle tient compte de plusieurs facteurs : Etat de la fonction respiratoire du patient : à la recherche de syndrome restrictif ou de syndrome d’apnées du sommeil fréquents chez l’obèse. Un examen clinique associé à une radiographie du thorax sont systématiques. Des EFR sont à réaliser, s’il y a des points d’appel à l’interrogatoire. Etat de la fonction électrocardiogramme cardiovasculaire : +/- échographie examen clinique, cardiaque doivent dépister les coronaropathies, les insuffisances cardiaques, les troubles du rythme. Etat endocrinien : une attention particulière est portée au patient diabétique pouvant décompenser sa pathologie en coma hyperosmolaire ou en acidocétose, après avoir subi un stress chirurgical. Etat digestif : la fréquence des hernies hiatales pouvant être à l’origine de régurgitations per-opératoires (risque d’inhalation) est à connaître et nécessite une prémédication par anti -H2 ou IPP. Etat veineux : la mise en place de voies veineuses est souvent difficile chez le patient obèse ; l’éventualité d’utilisation de voies 148 centrales est à envisager après examen clinique. Concernant l’état veineux périphérique, une prévention par bas de contention et anti-coagulants est prévue en pré-opératoire immédiat. Une préparation respiratoire n’est pas recommandée. Une perte pondérale est souhaitable dans la période pré-opératoire ; elle permet une diminution de la stéatose hépatique. 2. Pour quels patients ? Selon le National Heart, Lung and Blood Institute nord-américain, le Scottish Intercollegiate Guideline Network [153] et les recommandations françaises [94], les indications sont : Les obésités morbides, c’est à dire d’IMC égal ou supérieur à 40 kg/m2, résistant aux traitements médicaux et exposant à des complications importantes, non contrôlées par un traitement spécifique ; Les obésités d’IMC compris entre 35 et 40 kg/m2, s’il existe des comorbidités menaçant le pronostic vital ou fonctionnel. L’indication ne peut être envisagée que chez des patients ayant eu accès à une prise en charge médicale spécialisée d’au moins 1 an, comprenant des approches complémentaires (diététique, activité physique, prise en charge des troubles du comportement alimentaires et des difficultés psychologiques, traitement des complications). Le traitement chirurgical n’est justifié que s’il est impossible d’obtenir et surtout de maintenir à long terme un amaigrissement suffisant par des mesures diététiques. La motivation psychologique est un élément capital à prendre en considération. Il faut expliquer au patient la nécessité d’une diététique appropriée, associée à une hygiène de vie rigoureuse ce qui suppose de sa part une participation active pour modifier son mode de vie et ses habitudes alimentaires. Tous les patients doivent avoir compris et accepté la nécessité du suivi postopératoire et ne doivent pas faire l’objet de contre-indications (cf les recommandations). 149 3. Les acteurs 3.1. Rôle de l’endocrinologue ou du médecin nutritionniste La chirurgie de l’obésité doit être considérée comme une indication exceptionnelle, dont l’indication relève du spécialiste. 3.1.1. Avant l’intervention La préparation est d’un an minimum et n’engage pas l’équipe sur une intervention à titre systématique (possibilité de récuser le patient). On distingue 3 étapes dans la prise en charge : a. Première étape Afin de déterminer la sévérité de l’obésité et son caractère gynoïde, androïde ou mixte, la consultation comporte la mesure du poids, de la taille, du tour de taille et du tour des hanches, le calcul de l’IMC et du RTH. L’interrogatoire permet de retracer l’histoire de la prise de poids avec la date de début, les facteurs déclenchants, le vécu. Il relève les démarches entreprises pour maigrir : avec ou sans l’aide d’un médecin (médecin traitant, nutritionniste, endocrinologue, psychiatre, psychologue), avec ou sans traitement, avec ou sans restriction majeure. L’endocrinologue établit le diagnostic de troubles du comportement alimentaire et orientera le patient vers un psychiatre. b. Deuxième étape L’endocrinologue coordonne le bilan somatique, ce bilan pouvant être réalisé lors d’une hospitalisation de semaine en Endocrinologie. Le bilan comporte : un examen clinique complet (examen cardio-vasculaire, pulmonaire, abdominal, neurologique, palpation de la thyroïde…) un bilan biologique : - Numération de la formule sanguine, ionogramme sanguin, - glycémie, HbA1c si diabète, - bilan hépatique (TGO, TGP, gamma GT, phosphatases alcalines) - bilan lipidique : cholestérol total, HDL, LDL cholestérol, triglycérides ; 150 - protéinurie des 24h (néphropathie de l’obésité), uricémie, créatininémie, - bilan phosphocalcique - ferritinémie, - bilan d’une endocrinopathie (T4, TSH, cortisolémie à 8h et 16h, cortisol libre urinaire). Selon les comorbidités associées, des consultations spécialisées (cardiologique, pneumologique, gastroentérologique, rhumatologique…) seront réalisées si nécessaires ainsi que des examens complémentaires (échocardiographie, EFR, fibroscopie oesogastroduodénale…). Il fait le lien avec le médecin traitant pour expliquer en quoi consiste l’intervention chirurgicale, la préparation multidisciplinaire, la nécessité d’un suivi « à vie » dans l’idéal. c. Troisième étape Le but est d’obtenir la modification du comportement alimentaire. Le patient devra tenir un journal alimentaire pendant un an, afin de pouvoir analyser son comportement. Cinq points fondamentaux lui seront enseignés: manger lentement, à table, bien mastiquer, respecter l’équilibre alimentaire et diversifier son alimentation, diminuer les apports (surtout la part lipidique). Mais surtout, il lui faudra apprendre à être patient et lui faire perdre l’image miraculeuse de l’anneau ou de toute autre chirurgie de l’obésité. Un rendez-vous avec l’endocrinologue sera prévu toutes les 6 semaines avant l’intervention : cela lui permettra de suivre l’évolution du poids, la tolérance et le respect des règles hygiéno-diététiques. Il prendra en compte les efforts fournis par le patient quant aux modifications des habitudes alimentaires et à la pratique régulière d’une activité physique. Si la préparation est insuffisante, l’indication opératoire sera remise en question. 3.1.2. Après l’intervention Un nouveau bilan métabolique complet est réalisé un mois, six mois et un an après la pose d’un anneau gastrique. Il permet de juger de l’évolution 151 pondérale mais également de rechercher des complications postopératoires, des carences alimentaires et de surveiller d’éventuels facteurs de comorbidités associés à l’obésité. 3.2. Rôle du psychiatre L’avis d’un psychiatre et/ou d’un psychologue doit être sollicité pour repérer les contre-indications psychiatriques et pour sélectionner les patients qui seront aptes à conduire un projet d’amaigrissement consécutivement à leur intervention, et susceptibles de bénéficier d’une amélioration durable et pérenne de leur qualité de vie. L’intervention du psychiatre s’effectue à plusieurs niveaux : il doit déterminer le type de comportement alimentaire, l’image du corps, le retentissement social, familial et sexuel de l’obésité chez le patient [154]. Un certain nombre de critères ont été proposés par Terra [172] afin de reconnaître les bons candidats à une chirurgie de l’obésité morbide : le caractère volontaire et spontané de la démarche après plusieurs mois de réflexion et de rencontres avec d’anciens opérés, la prise de conscience de l’hyperphagie, l’absence de crises de boulimie avec vomissements, une capacité de maîtrise personnelle pour manger moins et plus lentement, un état dentaire permettant une mastication correcte des aliments, une activité et un rôle social maintenus malgré le surpoids, l’absence de problème médical chronique, une bonne hygiène corporelle, une estime de soi préservée et visible dans les efforts vestimentaires pour masquer le surpoids, l’absence d’inquiétude exagérée concernant la santé physique et surtout les tendances hypochondriaques, l’absence d’état dépressif ou psychotique. Les contre-indications psychiatriques sont absolues, récusant l’indication opératoire (cf les recommandations) ou relatives, auxquelles cas, 152 un nouveau rendez- vous est donné à distance afin de procéder à une nouvelle évaluation ; l’avis est alors réservé. Ce délai sert pour la mise en place d’une prise en charge psychiatrique par exemple, si le trouble constaté le nécessite. Il peut aussi servir à la poursuite d’une prise en charge diététique adaptée afin de se rendre compte de la compliance au suivi, si le patient est apparu comme peu compliant lors des traitements précédents. Les contre-indications relatives sont : les troubles de l’humeur comme les épisodes dépressifs majeurs d’intensité légère à modérée ; les troubles anxieux non stabilisés comme les troubles obsessionnels compulsifs, les troubles phobiques, l’anxiété généralisée ; un trouble grave de la personnalité (psychopathes, états-limites) la présence dans les antécédents d’un épisode psychopathologique franc mais actuellement résolu ; Après l’intervention, le rôle du psychologue est d’évaluer la tolérance psychologique de l’anneau gastrique et de rechercher les éventuelles difficultés rencontrées par le patient. 3.3. Rôle du médecin traitant Le médecin généraliste, médecin traitant dans sa dimension d’omnipraticien, se place comme l’interlocuteur privilégié et le maître d’œuvre de la prise en charge des patients qui souffrent d’obésité. Il est le praticien de premier recours, il assure la coordination et la continuité des soins dans une approche globale des patients. Le médecin généraliste est également un partenaire majeur de la prévention ; il est en situation privilégiée pour dépister précocément les sujets et les situations à risque et pour mettre en place une stratégie de prévention. Il pourrait être le coordonnateur du plan de soin, le responsable du projet thérapeutique. Le médecin traitant est a priori le soignant le plus proche de la personne, et donc le plus à même de compléter les informations recueillies par les autres intervenants puis de relayer leurs actions. Le suivi de l’obésité, pathologie chronique, dépend essentiellement du médecin généraliste. 153 La prise en charge doit s’attacher à établir une gradation des seuils d’intervention et une coordination des soins entre les différents professionnels (spécialistes médicaux, psychologue, diététicien…). Les troubles sévères du comportement alimentaire invitent le médecin généraliste à collaborer avec un psychologue ou un psychiatre avertis de ces pathologies. Pour chacune des complications accompagnant l’obésité, il hiérarchisera les priorités et déterminera un calendrier de consultations et de soins. Le recours au médecin nutritionniste est particulièrement utile devant des situations complexes ; il viendra en position de consultant expert pour définir les objectifs et les moyens. Il est le correspondant indispensable si le médecin généraliste, après avoir assuré les tâches de dépistage et de définition des objectifs, pense manquer de formation. Le médecin traitant participera aux choix thérapeutiques spécialisés. Il connaît bien son patient, il est bon juge de son parcours, des obstacles qu’il a rencontré, de ses attentes, des difficultés. Il est souhaitable que le médecin généraliste fasse connaître ses arguments lors de l’analyse du dossier et reçoive des informations sur l’évaluation multidisciplinaire. Au cours du bilan pré-opératoire, il donnera son avis sur la surveillance du traitement d’épreuve, l’évolution de l’obésité, l’évolution des complications ainsi que sur le retentissement psychosocial. Ainsi, la préparation à la chirurgie revient au médecin traitant et à l’équipe médicale qui doivent assurer un parfait contrôle des complications de l’obésité avant de confier le patient au chirurgien. Le médecin traitant devrait être le pivot du système mais manque souvent de temps et de formation. Il est le plus apte à détecter les patients qui sont des candidats pour cette chirurgie et à leur donner des informations de base sur les différentes techniques chirurgicales, leurs avantages et les risques de ces interventions. Connaissant le patient et son entourage, il est en règle générale le mieux placé pour assurer la coordination du dépistage et des soins (bilan et traitement précoce), le suivi afin d’éviter les rechutes et de dépister les complications. Il est aussi bien placé pour s’assurer de l’absence de complications nutritionnelles à long terme en faisant faire des bilans annuels. En plus des paramètres nutritionnels et du poids, le suivi nécessite la 154 réévaluation fréquente des comorbidités et l’ajustement de la médication s’il y en a une. Mais cela suppose une implication personnelle et du temps, ainsi que la reconnaissance d’une activité de prévention et d’éducation. Ainsi, l’obésité, par sa fréquence, ses complications multiples et sa nature chronique, met le médecin généraliste au centre du projet de soins, le désigne comme l’un des coordonnateurs de la prise en charge thérapeutique. Le suivi des patients opérés pour leur obésité est parfois un défi, que l’omnipraticien aura parfois à relever lui-même, car il est à la première ligne des soins. Il serait bon pour tout omnipraticien d’en savoir plus sur les techniques chirurgicales et de ne pas hésiter à s’informer auprès du chirurgien concerné en cas de doute. Au total, l’obésité doit être prise en charge, en première intention et dans la majorité des cas, par le généraliste à qui revient : le diagnostic; l’identification des troubles du comportement alimentaire; l’évaluation de l’obésité incluant l’étude de ses déterminants, de ses conséquences somatiques, psychologiques et sociales ; la prise en charge des facteurs de risque associés ; les conseils thérapeutiques initiaux et l’accompagnement médical de la majorité des cas ; la reconnaissance des individus à risque de devenir obèses ; Il doit faire appel aux médecins spécialistes en nutrition en cas d’ : obésités massives et/ou à risque métabolique et somatique ; obésités associées à des désordres majeurs du comportement alimentaire ; obésités associées à des complications multiples, à des désordres métaboliques importants ; obésités résistantes aux mesures de première intention. Pour toute chirurgie de l’obésité, il faudrait que le chirurgien donne une chartre au patient qu’il remettrait à son médecin traitant ; celle-ci contiendrait des recommandations, par exemple ce qu’il faudrait faire en 155 cas de vomissements, douleurs… Il conviendrait de définir un cahier des charges minimales d’informations au médecin traitant. Il serait souhaitable que le médecin traitant remette au patient une lettre d’information avant l’intervention. Dans la mesure où le risque de la chirurgie bariatrique est encore mal connu à distance de l’intervention, le rôle du médecin traitant sera prépondérant à long terme, puisqu’il y a toutes les chances qu’il reste le seul en contact avec le patient au fil des années. La prise en charge médicale au niveau du suivi est capitale, car à l’heure actuelle on compte 100 000 français opérés, 500 chirurgiens en France. Il paraît capital de pouvoir définir un médecin référent pour le patient, qui sera soit le médecin nutritionniste, soit le médecin traitant : ce sera un médecin compétent formé à l ‘obésité massive. 3.4. Rôle de la diététicienne Elle joue un rôle essentiel, dans l’analyse fine, à la fois qualitative et quantitative des apports alimentaires. Leur compétence porte sur les aliments en général, les modes de préparation, les tables de composition alimentaire. Cette compétence prend toute sa valeur dans le conseil alimentaire (assurant un relais plus précis après le médecin), surtout dans la réalisation pratique et la faisabilité de ces conseils. Leur rôle est donc complémentaire de celui des médecins. Avant l’intervention, l’enquête alimentaire permet d’étudier le comportement alimentaire du patient, précisant s’il y a ou non troubles du comportement alimentaire. En cas d’habitude ou d’apport alimentaire incorrects, une réeducation alimentaire sera proposée avec un suivi pour évaluer l’évolution. Elle explique les règles essentielles de l’équilibre alimentaire. Elle informe le patient de la conduite alimentaire après l’intervention. La prise en charge nutritionnelle ne se limite pas uniquement à des conseils diététiques ; le patient doit apprendre à manger lentement, à ne pas manger au delà de la sensation de réplétion ou d’inconfort gastrique afin de limiter l’apport alimentaire et d’éviter les vomissements. 156 La prise en charge diététique postchirurgicale est indispensable dans la mesure où certaines interventions, comme les by-pass gastriques sont à la source de carences métaboliques qui doivent être dépistées et traitées, et d’autre part les gastroplasties nécessitent une adaptation du régime alimentaire. La place des diététiciens, reconnue par tous les consensus d’experts, est insuffisante. Leur activité est reconnue dans le système hospitalier et institutionnel mais reste mal utilisée dans le système libéral ; leurs actes ne figurant pas à la nomenclature, ils ne sont pas remboursés aux patients qui consultent en secteur libéral. Il serait précieux pour les généralistes de collaborer plus souvent avec les diététiciens si le cadre institutionnel le permettait. 3.5. Rôle du chirurgien Les patients sont adressés par l’endocrinologue, ou vus en première intention par le chirurgien. Lors de la première consultation, il évalue l’obésité, son caractère morbide, et précise le risque opératoire. Lors d’une deuxième consultation, après avis de l’endocrinologue et du psychiatre, l’indication opératoire pourra être évoquée. Après prise de connaissance des compte-rendus des spécialistes rencontrés par le patient, les différentes techniques chirurgicales seront expliquées au patient. Il s’agit d’un exposé d’ordre technique (explication du geste opératoire). Les résultats escomptés en termes de perte d’excès de poids seront mis en parrallèle avec les complications péri-opératoires ainsi que les contraintes à court et long terme. Le bilan somatique pourra être complété s’il existe des éléments de risque opératoire non précisés jusqu’à maintenant (pathologie oesogastrique, suspicion d’atteinte hépatique, problème pariétal…). Lors de la troisième consultation, la décision d’une intervention sera ou non prise, après concertation multidisciplinaire (avis de l’endocrinologue ou du médecin nutritionniste, du psychiatre, de l’anesthésiste, du médecin 157 traitant). Le chirurgien pourra alors remettre au patient une lettre d’information (cf Annexes 1 et 2). Après l’intervention, des consultations de chirurgie régulières sont nécessaires, en alternance avec les consultations médicales. La consultation postopératoire précoce (avant J30) permet de s’assurer de l’absence de complications. Le suivi ultérieur permet d’évaluer la perte de poids, de juger de l’efficacité et de la tolérance de l’intervention, mais aussi de rechercher d’éventuelles complications. La connaissance des données évolutives est importante pour le chirurgien. Elle lui permet d’évaluer ses résultats et l’aide à préciser ses indications opératoires pour d’autres patients. Le développement de réseaux de soins et/ou de dossiers partagés faciliterait cette analyse prospective. 4. Le suivi 4.1. Sa justification Un suivi médical et chirurgical durable (de plusieurs mois, voire années) est impératif car : l’intervention modifie le tractus digestif avec des conséquences fonctionnelles ; les interventions sont sources de complications spécifiques (dilatation en cas d’anneau, hernie interne en cas de by-pass…) l’intervention peut profondément modifier la situation psychologique et sociale. 4.2. Ses grands principes La prise en charge médicale postopératoire des patients obèses opérés comporte: l’adaptation du traitement des comorbidités. Une fois l’amaigrissement obtenu, les médicaments devront être revus afin de traiter correctement les pathologies associées. la prise en charge comportementale associant évaluation nutritionnelle, conseils diététiques, bilans biologiques réguliers et suivi psychologique et/ou psychiatrique. 158 l’auscultation complète (avec une attention particulière accordée à la perte ou la prise de poids). l’apport aux patients d’une aide psychologique et d’un soutien continu relatifs aux modifications du mode de vie, particulièrement en ce qui concerne l’activité physique. la surveillance des complications postopératoires et des effets secondaires. 4.3. Les acteurs Ce suivi est de la responsabilité de l’équipe multidisciplinaire qui a pris le patient en charge. Il a pour but de déceler les éventuelles complications secondaires et prévenir les déviances alimentaires, sources de reprise pondérale. Le suivi médico-chirurgical post-gastroplastie comprend au cours de la première année : - une consultation diététique mensuelle, puis tous les 2 mois les 4 derniers mois car l’un des aspect crucial du suivi postopératoire est d’enseigner au patient à manger correctement. Le diététicien suivra de très près le comportement du patient face à l’alimentation et les changements de mode de vie afin de s’assurer du respect d’un régime alimentaire varié et hypocalorique. Il attirera l’attention du patient sur les erreurs alimentaires responsables d’une stagnation pondérale ou d’un échec. Les 20% d’échecs des patients porteurs d’un anneau sont dus au non-respect des contraintes diététiques et à l’absence de surveillance. - une consultation chirurgicale, médicale (endocrinologue et/ou médecin nutritionniste), psychiatrique et un contrôle radiologique seront effectués à 2 mois et si nécessaire de façon plus rapprochée. Le chirurgien évaluera la perte de poids, prévoiera les ajustements de l’anneau gastrique et en décelera les complications. Le premier resserrage de l’anneau se fait, en règle générale, entre la troisième et la sixième semaine après l’intervention ; il peut être retardé tant qu’il existe une perte pondérale satisfaisante (la perte de poids idéal doit se situer entre 0,5 et 1 kg par semaine en fonction du poids de départ). Il est recommandé de fournir 159 au patient un carnet sur lequel figurent les renseignements relatifs à la nature de l’intervention, les dates de calibrage en cas d’anneau et de consultations, les incidents survenus après l’intervention. Il facilite le suivi. L’endocrinologue surveillera également la perte pondérale, les troubles métaboliques et les éventuelles carences nutritionnelles. Il organisera la prise en charge comportementale. Quel que soit le type d’intervention, un suivi nutritionnel s’impose au moins après 3 mois, 6 mois, puis une fois par an. Le bilan biologique comporte au minimum : une numération formule sanguine, un fer sérique avec coefficient de saturation de la transferrine, une ferritinémie, un dosage des folates sériques et érythrocytaires. Après by-pass gastrique, on rajoutera albumine, transthyrétine et RBP couplés à la CRP, vitamines D, E, B et B12. Le conseil diététique facilite la bonne tolérance car les patients doivent modifier leur comportement alimentaire afin d’éviter l’inconfort gastrique et les vomissements post-prandiaux. Habituellement, on préconise 3 petits repas par jour et une ou plusieurs collations. Il sera recommandé au patient de bien mastiquer les aliments, de manger lentement en dehors de toute situation de stress et d’éviter les aliments à très forte densité énergétique, semi-liquides ou liquides, qui passent facilement à travers l’ostium. En cas d’intervention de restriction, le patient sera averti qu’il doit limiter ses boissons au moment des prises alimentaires. De nombreux patients s’avérant intolérants à la viande, il faut veiller à ce que les apports protéiques ne soient pas inférieurs à 0,8 g/kg/j, au besoin par l’intermédiaire une supplémentation. La prévention et le traitement des carences en fer et en vitamines (B12, calcium, folates) sont durablement nécessaires. Il est recommandé aux patients de pratiquer régulièrement une activité physique. Les patients commencent généralement par un régime alimentaire composé de liquides le lendemain de l’intervention, suivi par l’introduction d’aliments en purée le premier mois. Ils retourneront progressivement à un régime alimentaire normal, sain, pauvre en matières grasses et hypocalorique. Il est recommandé d’effectuer un contrôle radiologique régulier du montage chirurgical afin de dépister une dilatation de poche ou une 160 dilatation oesophagienne dont les signes sont parfois frustes ou cachés par le patient. Le TOGD permet en outre de vérifier la bonne position de l’anneau. Le premier serrage de l’anneau aura lieu lors de la visite de contrôle du premier mois. Après un by-pass, une fibroscopie est souhaitable une fois par an pour vérifier l’absence de sténose ou d’ulcère de l’anastomose gastrojéjunale. Le suivi par un psychologue ou un psychiatre est important. D’après Elkins, la prise en charge comportementale doit être poursuivie en postopératoire. Dans l’étude prospective d’Elkins [60], le taux de nonadhésion aux recommandations de prise en charge comportementale après by-pass étudié à 6 et 8 mois, concernaient la majorité des patients. Le rôle du psychiatre est : - d’apporter soutien et encouragement, - de proposer une thérapie comportementale cognitive, - d’évaluer l’état émotionnel du patient, - de traiter des modifications du mode de vie, Les problèmes souvent abordés concernent l’adaptation, la dépression, les relations avec les autres, l’image et l’estime de soi. Au-delà de la première année, une consultation médicale et diététique est proposée tous les 3 à 6 mois avec un contrôle biologique une fois par an pendant 5 ans. Une consultation chirurgicale est proposée à la date anniversaire de l’intervention pendant plusieurs années. Un examen radiologique est à la demande pour le suivi et l’adaptation de la pression de serrage ; il ne pourra être effectué que sur la prescription d’un endocrinologue ou d’un chirurgien. Selon les « Obesity surgery evidence-based guidelines » de l’EAES [145], les patients doivent être revus de 3 à 8 fois la première année, de 1 à 4 fois la deuxième année et 1 ou 2 fois par an ensuite. Généralement, des consultations à 1, 3, 6, 9, 12, 18 et 24 mois postopératoire sont souhaitables [124]. Plus tard, certaines consultations auprès du chirurgien, de la diététicienne, du psychiatre, du psychologue ou d’autres spécialistes peuvent être requises. L’évaluation postopératoire doit intégrer la perte de 161 poids et son maintien, l’état nutritionnel, les comorbidités et la qualité de vie. Un exemple de calendrier de suivi est proposé dans le tableau 39. 1er mois 3 mois 6 mois Endocrinologue 12 mois 18 mois 24 mois Chirurgien Diététicien Examen biologique Tableau 39 : Calendrier de suivi postopératoire. Le bilan biologique systématique est précisé en annexe 4. Des bilans adaptés aux comorbidités seront également prescrits. Chez les patients ayant des comorbidités, un bilan évolutif de ces dernières sera réalisé par le médecin traitant en collaboration avec l’endocrinologue et suivant les cas, le pneumologue, le cardiologue, le gastroentérologue. Ainsi, on pourra modifier en cas de perte d’excès de poids le traitement d’un diabète ou d’une hypertension. On pourra également être amené à arrêter une ventilation à pression positive chez un patient ayant un SAS après une nouvelle polysomnographie. La place du gastroentérologue dans la surveillance postopératoire des patients opérés devait être réévaluée. Il existe en effet une augmentation du risque de mortalité par cancer chez le patient obèse après chirurgie bariatrique. Le risque de cancer de l’estomac reste à apprécier. Dans la revue publiée par De Roover [54], le principe d’une surveillance endoscopique chez des patients opérés depuis plus de 15 ans a été évoqué. En pré-opératoire avant un by-pass, il est important de réaliser une fibroscopie systématique et d’éradiquer Hélicobacter Pylori en cas d’infection (et de s’assurer de l’efficacité de cette éradication par un test post-thérapeutique). Concernant la chirurgie réparatrice, elle ne peut être envisagée qu’après perte d’excès de poids significative, stabilisation pondérale et 162 nouvelle appréciation du risque opératoire. En cas d’amaigrissement massif, les indications peuvent être multiples (abdominoplastie, cure de ptose mammaire, lifting de faces internes de cuisses, brachio-plastie). Le plus souvent il s’agira d’interventions successives. Les techniques chirurgicales en un temps (bodylift) restent du domaine d’experts. 5. L’évaluation des résultats 5.1. Analyse des habitudes alimentaires En pratique médicale générale, le carnet alimentaire est le moyen le plus opérationnel pour collecter les informations sur les habitudes alimentaires. Les consignes pour la tenue de ce carnet sont de noter : tous les apports alimentaires au moment et en dehors des repas ; les portions consommées en mesures ménagères ; les sensations associées : faim, envie, stimuli sensoriels, impulsion ; les circonstances déclenchant les prises alimentaires : convivialité, sollicitation ; les sentiments et les idées associés : plaisir, culpabilité. La tenue d’un carnet permet au patient de prendre conscience de ses conduites, de son éventuelle tendance à méconnaître certaines prises alimentaires, à avoir des comportements automatiques. Il permet d’aborder des questions comme la désorganisation des repas, les facteurs déclenchant les prises alimentaires et leur lien avec les évènements affectifs. Le conseil diététique ne peut avoir un impact que lorsque le patient est conscient de son comportement. Diététiciens et certains nutritionnistes procèdent à une analyse plus détaillée selon la méthodologie structurée de l’enquête alimentaire, portant sur une période de 7 jours. 5.2. Le BAROS Pour évaluer le résultat global de la chirurgie, spécifiquement chez les patients obèses, un score a été élaboré par Oria et Moorehead sous le nom de BAROS (Bariatric Analysis and Reporting Outcome System) [134]. Ce score 163 a été validé aux Etats Unis par Moorehead, et en 2002 en France par Nini et Slim [123]. Le BAROS est le seul outil d’évaluation spécifique de la qualité de vie après chirurgie pour obésité massive qui a été validé pour cette pathologie [116]. Le BAROS comporte une évaluation de la qualité de vie par un questionnaire très simple [133], rempli par le patient (de type échelle visuelle analogique), sur son état général, son activité physique, sa vie sociale, son activité professionnelle et sa vie sexuelle, par rapport à son état préopératoire. Le BAROS comporte l’évaluation de la perte de poids et des comorbidités. Chaque item est associé à un barème pouvant aller de (-1) à (+3) points. Des points sont retirés en cas de complications post-opératoires ou de réinterventions. Les résultats sont divisés en 5 catégories : échec (<1 point), moyen (>1 à 3), bon (>3 à 5), très bon (>5 à 7) et excellent résultat (7 à 9 points). L’analyse de la perte de poids est basée sur le pourcentage d’excès de poids perdu Pourcentage d’excès de poids perdu (points) Prise de poids (-1pt) 0-24% (0 pt) 25-49% (1 pt) 50-74% (2 pts) 75-100% (3 pts) Sous total Tableau 40 : BAROS : Evaluation de la perte de poids [134]. 164 L’analyse des comorbidités est basée sur celles qui sont le plus susceptibles d’être améliorées par l’amaigrissement (HTA, angor, hyperlipidémie, SAS, gonarthrose, diabète…) Condition médicale et comorbidités (points) Aggravée (-1pt) Inchangée (0 pt) Améliorée (1pt) Une comorbidité majeure résolue, les autres améliorées (2pts) Toutes les comorbidités majeures guéries (3pts) Sous total Tableau 41 : BAROS : Evaluation des comorbidités [134]. La qualité de vie est évaluée par le questionnaire des Docteurs Moorehead et Ardelt comportant des illustrations simples représentées sur une seule page et offrant 5 possibilités de réponses pour chacun des 5 thèmes abordés qui sont l’estime de soi, l’aptitude physique, la vie sociale, l’aptitude au travail, la sexualité. A chaque réponse, une note est attribuée allant de -1 à +1 pour l’estime de soi, et de - 0,5 à + 0,5 pour les 4 autres. 165 Figure 28 : BAROS : Evaluation de la qualité de vie (traduction française du test original validé par Nini et Slim [22]). 166 L’utilisation du BAROS constitue un moyen fiable d’évaluer la chirurgie de l’obésité. Les principales critiques concernant le BAROS sont : - l’absence d’items pour apprécier les contraintes alimentaires liées à la chirurgie ainsi que les problèmes rencontrés chez les obèses opérés comme le reflux gastro-oesophagien, la constipation, ou les régurgitations ; - une utilisation limitée à la littérature chirurgicale bariatrique. L’anneau entraîne une amélioration significative des scores postopératoires de qualité de vie [90, 174]. La qualité de vie est clairement améliorée après une chirurgie bariatrique de type by-pass gastrique, chez les obèses morbides, et ceci particulièrement dans le domaine de l’estime de soi et de l’activité physique [39]. 5.3. Autres questionnaires de qualité de vie utilisés dans la chirurgie de l’obésité massive 5.3.1. Le SF-36 C’est le MOS SF-36 (Medical Outcome Study Short Form 36 item health survey). C’est un instrument générique de mesure de la qualité de vie ; il peut être utilisé pour évaluer la qualité de vie liée à la santé, quelles que soient les maladies qui atteignent la population étudiée. Il s’agit d’un questionnaire [179], constitué de 36 questions, qui évalue 8 sous-échelles de la santé (limitations dues à l’état physique, douleur physique, vie et relations avec les autres, santé psychique, limitations dues à l’état psychique, vitalité, santé perçue, activité physique). Il est utilisé par l’IBSR (International Bariatric Surgery Registry) comme test de référence pour évaluer la qualité de vie chez les obèses opérés. 5.3.2. Le GIQLI (gastroIntestinal Quality of Life Index) C’est un instrument relativement spécifique des particularités des maladies digestives. Le texte comporte 36 items notés de 0 à 4 (0 étant la plus mauvaise et 4 la meilleure appréciation) qui portent sur : les symptômes, la 167 condition physique, les émotions, l’intégration sociale, et l’effet du traitement éventuel. La recherche bibliographique n’a pas retrouvé d’études évaluant la qualité de vie après chirurgie de l’obésité par le GIQLI. 5.3.3. Le SIP (Sickness Impact Profile) Il a surtout été utilisé pour évaluer la qualité de vie des patients atteints de pathologies chroniques (BPCO, cancers…). Il comporte 12 catégories (sommeil et repos, émotions, hygiène corporelle, activités domestiques, activités domestiques, activités physiques, vie sociale, déplacements, raisonnement, communication, travail, loisirs et vacances, comportement alimentaire). 5.3.4. Le IWQOL-Lite (Impact of Weight on Quality of Life) Ce questionnaire comprend 31 items dans 5 échelles (activité physique, estime de soi, activité sexuelle, travail, vie sociale). Il n’est pas utilisé en pratique clinique mais est employé en recherche clinique. 5.4. Les questionnaires psychiatriques 5.4.1. Les hétéro-questionnaires a. L’échelle de dépression de Montgomery et Asberg ou MADRS C’est une échelle d’évaluation de la sémiologie dépressive qui comprend 10 items : la tristesse apparente, la tristesse exprimée, la tension intérieure, l’incapacité à ressentir, les pensées pessimistes, les idées de suicide, insomnie, perte d’appétit, difficultés de concentration, lassitude. Chaque item est côté de 0 à 6 en fonction du degré de sévérité du symptôme. La note seuil de dépression a été fixée à 15 (≥). b. L’échelle brève d’anxiété de Tyrer C’est une échelle d’évaluation des symptômes anxieux les plus fréquents et les plus sensibles aux traitements médicamenteux de l’anxiété. Elle comprend 10 items : la tension intérieure, les sentiments hostiles, l’hypochondrie, les inquiétudes pour rien, les phobies, la réduction du 168 sommeil, les troubles neuro-végétatifs exprimés par le patient, les douleurs, les troubles neuro-végétatifs observés, la tension musculaire observée. 5.4.2. Les auto-questionnaires a. The Bulimia test ou le BULIT C’est un instrument d’auto-évaluation validé dans le dépistage des troubles boulimiques. Il comprend 36 items regroupant 5 facteurs principaux : crise de boulimie, sentiment lié aux prises alimentaires, vomissement, qualité de l’alimentation, contrôle du poids. b. Le Profil de la Qualité de Vie Subjective ou PQVS Il évalue la qualité de vie dans les essais thérapeutiques, en ce qui concerne la santé physique et mentale, la vie sociale et familiale. 5.4.3. L’échelle de gêne pour les actes de la vie quotidienne Elle permet de quantifier : la gêne dans la vie familiale (de pas du tout gêné à très gêné), pour l’envie de sortir, pour la vie professionnelle la préférence alimentaire pour le sucré, le salé ; l’envie de grignoter ; la souffrance vis à vis de la faim, le besoin de manger la nuit, la fréquence des vomissements. 6. Lettre d’information en vue d’une gastroplastie (cf Annexe 1) 7. Lettre d’information en vue d’un by-pass (cf Annexe 2) 169 CONCLUSION Le but de ce travail était de réaliser une revue générale de la littérature concernant l’obésité et sa prise en charge chirurgicale. Au terme de notre étude, qui n’a pas la prétention d’être exhaustive, on peut conclure que: l’obésité est un problème de santé publique en France et dans le Monde, la prévalence de l’obésité est en augmentation en France et dans le Monde, les traitements médicaux n’ont pas fait la preuve de leur efficacité à moyen et long terme, la chirurgie bariatrique est réalisable, y compris par voie coelioscopique, chez des patients obèses sévères (IMC compris entre 35 kg/m2 et 40 kg/m2 associé à une ou des comorbidités) , obèses morbides (IMC ≥ 40 kg/m2), mais aussi super-obèses (IMC ≥ 50 kg/m2), la chirurgie est une alternative raisonnable à la prise en charge comportementale classique et/ou au traitement médical, les indications chirurgicales actuelles suivent les recommandations communes aux différentes Sociétés Savantes, cette chirurgie est réservée à des patients âgés de 18 à 60 ans, la place de la chirurgie chez les patients de plus de 65 ans est en cours d’évaluation, la place de la chirurgie chez les adolescents pose des problèmes éthiques et reste du domaine de la recherche clinique, le bilan décisionnel pré-opératoire est toujours multidisciplinaire, dirigé par l’endocrinologue et/ou le médecin nutritionniste, en collaboration avec le psychiatre et les différents autres spécialistes dont le chirurgien, le bilan s’inscrit dans une démarche de projet de soins individuel avec un délai pré-opératoire décisionnel de 12 mois, 170 plusieurs techniques chirurgicales, de principes différents, permettent d’obtenir une perte d’excès de poids significative, une perte de poids de 14 à 25% peut être suffisante pour obtenir une amélioration de la qualité de vie ainsi qu’une diminution du risque vasculaire, à 10 ans, les différences de pertes d’excès de poids suivant les différentes techniques sont peu importantes et tendent à s’estomper avec le temps, la place respective des différentes techniques chirurgicales reste à définir, les techniques chirurgicales peuvent être réalisées en un ou plusieurs temps (dans le but de diminuer le risque opératoire), des interventions successives au cours de la vie sont possibles, lors de l’intervention et surtout des réinterventions, le chirurgien doit tenir compte des alternatives chirurgicales potentielles, les indications actuelles de l’anneau sont en nette diminution en raison du taux d’échec à moyen terme et du taux de réinterventions, les meilleures indications de l’anneau sont les patients hyperphages ayant un IMC inférieur à 45 kg/m2, on peut se poser la question de l’explantation systématique de l’anneau gastrique après une période de temps de 10 ans (risque de migration, patients non compliants au suivi), on doit remettre en question le traitement conservateur à long terme, après anneau, des dilatations gastriques proximales bien tolérées sur le plan fonctionnel (fréquence des reprises pondérales, difficulté des réinterventions), les interventions les plus agressives (by-pass et switch) ont des risques carentiels et ne peuvent s’envisager sans un suivi tout au long de la vie les interventions les plus agressives sont justifiées en cas d’obésité massive et de comorbidités associées, 171 l’intérêt des interventions agressives dans le traitement des comorbidités associées a été mis en évidence, le by-pass est une alternative raisonnable quand l’IMC est supérieur à 50 kg/m2, chez les opérateurs ayant dépassés la courbe d’apprentissage, les indications du by-pass pourraient être élargies aux patients ayant un IMC compris entre 40 et 50 kg/m2, le duodénal switch reste du domaine de centres experts, il n’existe pas de place actuellement en France pour la DBP excepté de rares indications d’obésité de causes génétiques ou centrales, il n’existe pas actuellement de recommandations spécifiques par les Sociétés Savantes correspondantes pour un élargissement du recours à la chirurgie bariatrique en cas de syndrome d’apnée du sommeil, de diabète, d’hypertension artérielle et d’insuffisance coronarienne associés à l’obésité sévère et/ou morbide. Cependant dans de tels cas, l’analyse de la littérature est en faveur des indications de chirurgie bariatrique et plus particulièrement des bypass, les résultats obtenus en matière de contrôle du diabète après chirurgie agressive justifieraient des recommandations spécifiques, la diminution du risque vasculaire observé après chirurgie bariatrique justifierait des recommandations spécifiques, la diminution de la mortalité liée à l’insuffisance coronarienne, au diabète et aux cancers observée après chirurgie bariatrique, est un élément en faveur d’un élargissement des indications sous réserve de nouvelle études confirmant ces données, les incertitudes concernant le devenir du bas œsophage, de la poche gastrique fundique, de l’estomac exclu justifieraient une surveillance de ces patients par les gastroentérologues, surveillance dont les modalités restent à définir, 172 l’existence de complications spécifiques après chirurgie de l’obésité justifie une information adaptée auprès des médecins traitants et des chirurgiens « non bariatriques ». L’obésité en France est un problème de santé publique. Son cadre est précisé dans le Plan National Nutrition Santé. La réussite de sa prise en charge nécéssite le partage des informations par les différents acteurs de soins. Les moyens à mettre en œuvre restent à définir (registre, centres experts). La place du médecin traitant est primordiale en termes de prévention, de dépistage, de surveillance. Chez le patient opéré, ce rôle est coordonné par l’endocrinologue et/ou le médecin nutritionniste. Le médecin référent doit être informé des complications potentielles médicales et chirurgicales des différentes interventions chirurgicales. La chirurgie de l’obésité est récente. Il existe peu de données factuelles. Seule la poursuite de la recherche clinique permettra d’améliorer les résultats du traitement chirurgical et d’en affiner les indications. Cependant les indications du traitement chirurgical doivent être sélectionnées en raison de ses risques, notamment vitaux. 173 ANNEXE 1 : Lettre d’information en vue d’une gastroplastie Clinique de chirurgie digestive et endocrinienne Madame, Mademoiselle, Monsieur, Vous souhaitez une intervention pour votre problème médical d’obésité. Vous avez déjà eu une consultation auprès d’un médecin spécialiste. Vous souhaitez la pose d’un anneau gastrique pour votre problème médical d’obésité. Afin d’éclairer votre décision, nous vous communiquons des informations sur cette intervention chirurgicale et ses conséquences. 1. L’intervention L’intervention a pour but de vous aider à limiter les quantités d’aliments ingérés lors des repas. Pour cela, le volume d’estomac que vous pourrez remplir d’aliments lors d’un repas correspond à celui d’un yaourt. Ce petit estomac se vide progressivement car sa vidange est réglée par l’anneau. Lors de l’intervention, l’anneau n’est pas sérré. Le réglage de l’anneau est réalisé par le chirurgien 15 jours après l’intervention en injectant du sérum dans un boîtier situé sous la peau et relié à l’anneau par une fine tubulure. 2. Les résultats La perte de poids est progressive, variable suivant les patients, correspond en moyenne à 20% environ du poids initial, et dépend du respect des recommandations alimentaires. Généralement, le poids se stabilise en 1 ou 2 ans après l’opération et il existe après 3-4 ans une tendance à la reprise de poids de l’ordre de 5 à 10%. 174 Dans un certain nombre de cas, l’intervention n’a pas les effets attendus sur la perte de poids. L’absence de suivi des recommandations diététiques est la cause la plus fréquente de cet échec. 3. Les complications Le risque de décès est de l’ordre de 1à 2 pour 1000 interventions. Comme toute intervention sur l’abdomen sous anesthésie générale, des complications peuvent survenir dans les suites immédiates de l’intervention : phlébite, embolie pulmonaire, abcès, hémorragie. Il existe un risque lié au matériel implanté avec possibilité de réintervention précoce. Des complications peuvent survenir à distance et nécessitent parfois une nouvelle opération chirurgicale : déplacement ou retournement du boîtier, problèmes avec la tubulure reliant le boitier à l’anneau, lésions de l’estomac par l’anneau (ulcère, érosion), déplacement de l’anneau empêchant tout passage alimentaire, dilatation de l’œsophage ou de l’estomac entraînant des vomissements importants, voire l’impossibilité de s’alimenter. En cas de douleurs, vomissements, troubles digestifs importants, il importe de consulter sans retard. Dans certains cas, une mauvaise tolérance de l’anneau peut conduire à l’enlever dans des délais très variables après l’intervention, dans les jours qui suivent aussi bien que plusieurs mois ou années plus tard. 4. Le bilan avant l’intervention Avant d’envisager l’intervention, il est indispensable de réaliser une évaluation psychologique et un bilan de santé pour préciser si l’intervention est justifiée, si elle n’est pas contre indiquée et si l’anesthésie générale ne présente pas de risque excessif. Le bilan médical comporte, en particulier, une étude des fonctions cardiaques et respiratoires, de la situation hormonale et nutritionnelle, de l’état dentaire et digestif. Nous vous conseillons de prendre contact avec des personnes ayant subi ce type d’intervention pour qu’elles puissent vous faire part de leurs expériences. 175 5. Les suites de l’intervention Vos habitudes alimentaires seront profondément transformées. L’intervention entraîne une réduction importante de la prise alimentaire et l’alimentation quotidienne devient plus difficile. Vous serez obligé de manger en petites quantités, très lentement, dans le calme, de mastiquer longuement vos aliments. Il ne vous sera plus possible de faire de gros repas. Il sera indispensable de respecter un équilibre alimentaire pour éviter des carences nutritionnelles et pour favoriser la perte de poids. Les effets secondaires ne sont pas rares surtout si vous ne suivez pas les conseils qui vous seront donnés sur la manière de vous alimenter. Les principaux effets secondaires possibles sont : gêne au niveau de l’estomac, vomissements, oesophagite, gastrite, ulcération. 6. Suivi En raison de la possibilité d’inconvénients importants d’une perte de poids massive et des complications potentielles de la chirurgie, le suivi médical est impératif, non seulement dans les mois qui suivent l’intervention, mais également au moins une fois par an dans les années qui suivent. Un suivi psychologique est aussi mis en place. Après l’intervention, il sera nécessaire dans la majorité des cas de faire des radios ou une fibroscopie de l’estomac. Si vous n’êtes pas prêt(e) à un suivi régulier après l’intervention, nous vous déconseillons de subir cette chirurgie de l’obésité. 7. Projet de grossesse Nous déconseillons aux femmes qui ont un projet de grossesse à court terme, c’est à dire dans l’année qui suit l’intervention, d’avoir recours à une chirurgie de l’obésité. Toute grossesse après la pose d’un anneau doit faire discuter un desserrage de celui-ci pour éviter des complications mécaniques liées à la grossesse et des carences nutritionnelles pour le bébé. 176 ANNEXE 2 : Lettre d’information en vue d’un by-pass Clinique de chirurgie digestive et endocrinienne Madame, Mademoiselle, Monsieur, Vous souhaitez une intervention pour votre problème médical d’obésité. Vous avez déjà eu une consultation auprès d’un médecin spécialiste. Vous souhaitez une intervention de type court-circuit de l’estomac (appelé « by-pass » en Anglais). Pour éclairer votre décision, nous vous confirmons par écrit les informations sur cette intervention chirurgicale et ses conséquences. 1. L’intervention L’intervention a pour but de vous aider à limiter les quantités d’aliments ingérés lors des repas. Cette intervention chirurgicale consiste en un « courtcircuit » digestif reliant directement votre estomac (dont le volume a été diminué) à la partie supérieure de l’intestin grêle. L’intervention ne comporte l’ablation d’aucun organe. 2. Les résultats La perte de poids moyenne après un by-pass est de 30-40% du poids initial, varie suivant les patients, et dépend de vos prises alimentaires. La perte de poids est rapide les 6 premiers mois, un peu plus lente ensuite sur 12 à 18 mois. Une reprise de poids peut survenir à partir de 18 à 24 mois après l’intervention. Un suivi diététique est indispensable. En cas de perte de poids, vous pouvez envisager une amélioration de la qualité de vie ainsi qu’une amélioration des maladies liées à l’obésité. 177 3. Les complications Le risque de décès est de l’ordre de 0,5 à 1 pour 100 interventions. Des complications peuvent survenir précocément comme pour toute chirurgie de l’abdomen : phlébite, embolie pulmonaire, saignement, mauvaise cicatrisation des sutures digestives responsable d’une fistule ou d’une infection. Elles peuvent justifier une réintervention plus ou moins précoce. A court ou moyen terme, d’autres complications du by-pass sont possibles : un rétrécissement ou un ulcère au niveau de la jonction entre la petite poche de l’estomac et l’intestin, une occlusion intestinale, des troubles digestifs. En cas de douleurs, vomissements, troubles digestifs importants, il importe de consulter sans retard. En raison du court-circuit digestif, des carences nutritionnelles sont fréquentes. Vous aurez un suivi médical avec des bilans sanguins réguliers. Des traitements vous seront prescrits (notamment fer et vitamines). 4. Le bilan avant l’intervention Avant l’intervention, il est indispensable de réaliser un bilan de santé ainsi qu’une évaluation psychologique pour préciser si l’intervention est justifiée, si elle n’est pas contre indiquée et si l’anesthésie générale ne présente pas de risque excessif. Le bilan médical comporte, en particulier, une étude des fonctions cardiaques et respiratoires, de la situation hormonale et nutritionnelle, de l’état dentaire et digestif. Nous vous conseillons de prendre contact avec des personnes ayant subi ce type d’intervention pour qu’elles puissent vous faire part de leur expérience. 5. Les suites de l’intervention Vos habitudes alimentaires seront profondément transformées. L’intervention entraîne une réduction importante de la prise alimentaire car l’alimentation quotidienne devient plus difficile. Vous serez obligé de manger en petites quantités, très lentement, dans le calme, de mastiquer longuement vos aliments. Il ne vous sera plus possible de faire de gros repas. Il sera 178 indispensable de respecter un équilibre alimentaire pour éviter des carences nutritionnelles, en y adjoignant des suppléments prescrits. Les effets secondaires ne sont pas rares, surtout si vous ne suivez pas les conseils qui vous seront donnés sur la manière de vous alimenter. Les principaux effets secondaires potentiels sont des troubles digestifs. 6. Suivi En raison de la possibilité d’inconvénients importants d’une perte de poids massive et des complications potentielles de la chirurgie, le suivi médical est impératif, non seulement dans les mois qui suivent l’intervention, mais également au moins une fois par an dans les années qui suivent. Un suivi psychologique est aussi mis en place. Si vous n’êtes pas prêt(e) à un suivi régulier après l’intervention, nous vous déconseillons de subir cette chirurgie de l’obésité. 7. Projet de grossesse Nous déconseillons aux femmes qui ont un projet de grossesse à court terme, c’est à dire dans l’année qui suit l’intervention, d’avoir recours à une chirurgie de l’obésité. Toute grossesse après la pose d’un anneau doit faire discuter un desserrage de celui-ci pour éviter des complications mécaniques liées à la grossesse et des carences nutritionnelles pour le bébé. 179 ANNEXE 3 : Chartre du traitement chirurgical de l’obésité du Service d’Endocrinologie du CHU de Nantes 180 ANNEXE 4 : Bilan annuel prescrit par le médecin traitant pour un patient ayant subi une intervention de chirurgie bariatrique Docteur X A faire par IDE : NFS Fer sérique Ferritinémie Bilan hépatique Sélénium (31 Euros non remboursé) Vitamine B12 Vitamine C (36 Euros non remboursé) Acide folique (vitamine B9) Magnésium érythrocytaire Zinc sérique (26 Euros non remboursé) Vitamine B1 (30 Euros non remboursé) Vitamine B6 Calcium ionisé (20 Euros non remboursé) Albumine Pré-albumine Cholestérol total (HDL, LDL) Triglycéridémie PTH Vitamine D Docteur X 181 ANNEXE 5 : Prescription de la supplémentation vitaminique pour un patient ayant subi une intervention de chirurgie bariatrique Docteur X Mr A. Elevit B9 , boîte de 30 comprimés 1 cp par jour pendant 3 mois Tardyféron 1 cp par jour pendant 3 mois Nonan injectable 40 ml ou Decan 40 ml : 1 flacon à avaler tous les 2 jours pendant 3 mois. (le nonan peut se prendre avec un dessert type compote, yaourt) Docteur X 182 GLOSSAIRE AFERO : Association Française d’Etudes et de Recherches sur l’Obésité ALFEDIAM : Association de Langue Française pour l’Etude du Diabète et des Maladies Métaboliques ANAES : Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé BPG : By-Pass Gastrique DBP : Diversion Bilio Pancréatique BPD/DS : Bilio-pancréatique diversion avec duodénal switch DNID : Diabète Non Insulinodépendant EFR : Epreuves Fonctionnelles Respiratoires HBPM : Héparine de Bas Poids Moléculaire HGPO : Hyperglycémie Orale Provoquée HTA : Hypertension Artérielle IMC/BMI : Indice de Masse Corporelle/ Indice de Masse Corporelle INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques IOTF : International Obesity Task Force IPP : Inhibiteurs de la Pompe à Protons NHLBI: National Heart, Lung and Blood Institute (USA) NFS: Numération Formule Sanguine NHS: National Health Service (UK) NIH: National Institutes of Health (USA) OM : Obésité Morbide OMS/WHO : Organisation Mondiale de la Santé PEP : Perte d’Excès de Poids RGO : Reflux Gastro-Oesophagien SAGB : Swedish Adjustable Gastric Banding (type d’anneau de gastroplastie suédois) SAS : Syndrome d’Apnée du Sommeil SFAR : Société Française d’Anesthésie et de Réanimation SIGN: Scottish Intercollegiate Guideline Network (Ecosse) SOS : Swedish Obese Subjects 183 TCA : Temps de Céphalne Activé TGO, TGP : Transaminases TP : Taux de Prothrombine TSH : Thyréostimuline 184 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. 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La prise en charge comportementale alimentaire ainsi que les traitements médicamenteux n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. La chirurgie bariatrique en France s’est développée depuis le milieu des années 1990 et comporte un panel de techniques restrictives, mixtes et de malabsorption. Cette chirurgie n’est envisagée qu’au terme d’une prise en charge multidisciplinaire et a des recommandations précises en matière d’indications. L’analyse de la littérature met en évidence une efficacité de la chirurgie en matière de perte d’excès de poids, d’amélioration des comorbidités associées (diabète, hypertension artérielle, syndrome d’apnée du sommeil) et d’amélioration de la qualité de vie. Les résultats de la chirurgie sont supérieurs à ceux obtenus avec la prise en charge comportementale classique à court et moyen terme (5 et 10 ans). Une diminution de la surmortalité par risque vasculaire a également été notée après chirurgie. La chirurgie est réalisable par voie coelioscopique chez ces patients à risque anesthésique avec un risque opératoire moyen de 1%. Le développement de la chirurgie bariatrique nécessite la mise en place de centres experts et la collaboration au sein de réseaux formalisés ou non du médecin traitant et des différents spécialistes (endocrinologue ou médecin nutritionniste, psychiatre ou psychologue, chirurgien, spécialistes d’organe). Les résultats obtenus dans la littérature justifient une poursuite de la recherche clinique afin d’affiner les recommandations actuelles en matière de traitement. MOTS CLES Obésité – Traitements – Chirurgie – Recommandations – Prise en charge multidisciplinaire 202