CONGRÈS DU GEMO - AVRIL 2007
Le Rachis - Tome 3 - N° 4 Septembre 2007 26
Une stabilité lésionnelle sur le
scanner de contrôle a été observée
dans 55% des cas (figure 1), une
réponse partielle (réduction de plus
de30% de la masse tumorale dans
25% des cas) et une réponse com-
plète avec reconstruction osseuse
dans 20% des cas (figure 2).
Lorsqu’une réponse objective est
notée, la durée de cette réponse est
souvent supérieure à 12 mois. En ce
qui concerne la réponse en fonction
de la nature du cancer, des réponses
partielles ont été observées dans le
cadre de cancer du rein et surtout
des réponses complètes ont été
notées dans des cas de métastases de
cancer du sein, de cancer de l’utérus,
decancer pulmonaire, de prostate et
de sarcome des parties molles.
Complications
Aucune complication majeure n’a
été observée.
Aucune toxicité hématologique
significative n’a été mise en évi-
dence. Il faut noter toutefois dans un
cas de métastase du sacrum que
nous avons pu noter dans deux cas
l’apparition au décours immédiat de
la chimio-embolisation d’une paré-
sie sciatique, partiellement régres-
sive, vraisemblablement en rapport
avec une toxicité directe du produit
de chimiothérapie sur les racines
sacrées et dans un cas de lésion éten-
due de l’os iliaque, apparition un an
après le traitement d’une fracture
spontanée du cotyle, nécessitant la
mise en place d’une prothèse.
CONCLUSION
La chimio-embolisation sélective
est un procédé thérapeutique qui
peut être très utile dans le traite-
ment de certaines métastases pré-
dominantes, résistantes au traite-
ment habituel et non opérables, en
particulier au niveau du bassin et de
la colonne vertébrale. ■
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10S [French]
Laradiofréquence (RF) est une
technique récente de destruc-
tion thermique des tumeurs.
Cette technique a obtenu des résul-
tats intéressants pour le traitement
des tumeurs hépatiques non réséca-
bles. De ce fait, cette méthode de
destruction thermique a été rapide-
ment utilisée pour le traitement de
tumeurs extra-hépatiques et notam-
ment de l’os.
PRINCIPE
Le courant de radiofréquence (RF)
est un courant sinusoïdal de 400 à
500 KHz. Les régions traversées
par ce courant subissent une agita-
tion ionique, qui induit par friction
entre les particules un échauffe-
ment tissulaire. Le but recherché
est d'exposer les cellules tumorales
àune température supérieure à
60°C qui provoque de façon quasi
immédiate une dénaturation cellu-
laire irréversible. Par contre, il n'est
pas souhaitable d'atteindre une tem-
pérature supérieure à 100°C qui, en
provoquant une ébullition et une
carbonisation des tissus, augmente
leur résistance électrique, et altère
les possibilités de diffusion du cou-
rant de radiofréquence, diminuant
ainsi la taille maximum de la lésion
RF induite
Optimisation du principe
Le diamètre maximum de la zone
de destruction tissulaire induite par
une simple aiguille-électrode de RF
n’est que de 1 à 1,5 cm, ce qui n’est
pas adapté au traitement des
tumeurs hépatiques. Les électrodes
bipolaires permettent d’augmenter
la taille des zones de destruction
RF,mais sont difficiles à utiliser en
pratique clinique aujourd’hui. Elles
représentent cependant un grand
espoir pour l’avenir. Pour augmen-
ter cette taille de destruction, 2 arti-
fices techniques ont été retenus en
pratique clinique.
-Une aiguille contenant plusieurs
électrodes (4 à 12) qui sont
déployées après ponction dans la
tumeur cible (figure 1).Le but est
d’obtenir autant de lésions RF uni-
taires de petites tailles que d’élec-
trodes, pour in fine en former une
plus grande par sommation. La
taille et la forme de la lésion fina-
lement obtenue dépendent donc,
entre autres, du nombre d'électro-
des déployées, et de leur disposi-
tion dans l'espace (figure 1).
mise en place des aiguille-électro-
des dans les tumeurs. L’imagerie par
résonance magnétique pourrait être
utile pour aborder des lésions qui ne
sont vues qu’avec cette technique.
Cependant, beaucoup de points res-
tent délicats, tels que l’absence de
compatibilité actuelle de la plupart
des sondes et des générateurs de
radiofréquence avec l’IRM (maté-
riel non amagnétique). De plus, la
radiofréquence détériore la qualité
l’image en induisant des perturba-
tions du champ magnétique de
l’imageur. On doit donc interrom-
pre temporairement l’émission de la
radiofréquence pendant l’acquisi-
tion des images. En France, la faible
disponibilité des unités d’IRM est
un obstacle supplémentaire.
Imagerie de monitoring
Les zones de destruction tissulaire
par RF peuvent être mis en évi-
dence immédiatement après traite-
ment car elles ne sont plus rehaus-
sées par le produit de contraste
injecté en intra-veineux. De plus
elles contiennent le plus souvent
quelques bulles de gaz. En pratique
il n’existe pas d’imagerie a ce jour
capable de suivre en temps réel la
destruction tissulaire engendrée.
L’RM avec monitoring de tempéra-
ture est une voie ne cours de déve-
loppement.
Imagerie de suivi
Le but du traitement lorsqu’il est à
visée antitumorale est de détruire la
tumeur mais aussi une couronne de
tissu sain afin d’obtenir des "mar-
ges de sécurité" ou "marge d’abla-
tion". Ces tissus détruits resteront
nécessairement en place et forme-
ront une "cicatrice". l’IRM permets
d’apprécier l’extension de la zone
d’ablation RF, par contre l’imagerie
par rayon X ne montrera des chan-
gements (recalcifications) que très
tardivement. Les cicatrisations
complètes après traitement d’un
ostéome ostéoïde peuvent prendre
plus d’une année, mais dans tous
les cas c’est la disparition précoce
des symptômes qui permettra de
statuer sur l’efficacité du traite-
ment.
INDICATIONS et RÉSULTATS
La RF est utilisée dans l’os pour
essayer de stériliser des tumeurs,
mais aussi pour la palliation des
douleurs en rapport avec de volu-
mineuses métastases osseuses mal
Figures 1.
RADIOFRÉQUENCE POUR
LE TRAITEMENT DES TUMEURS OSSEUSES
Thierry DE BAERE
Institut Gustave-Roussy,
39, rue Camille Desmoulins
94805 Villejuif.
-Le refroidissement de l’électrode
par circulation de liquide froid
dans la gaine de l’électrode limite
l’accumulation de chaleur à son
voisinage, ce qui permet de déli-
vrer une énergie électrique plus
importante sans atteindre des tem-
pératures supérieures à 100°C dans
les tissus très proches de l’élec-
trode qui sont soumis à une plus
grande énergie RF que les tissus
plus distants. On augmente ainsi la
taille maximale de la lésion RF que
l'on peut induire.
La durée de traitement moyenne
pour une position de l’électrode est
de 10 à 15 minutes.
LIMITATIONS
Aujourd’hui la taille maximale de
destruction tissulaire qui peut être
obtenue pour une position d’ai-
guille RF est comprise entre 4 et 5
cm. Cette taille limite grandement
l’efficacité de la radiofréquence
pour des tumeurs de plus de 3 à 3,5
cm comme nous le verrons dans le
chapitre résultats car pour être effi-
cace doit s’étendre de 5 à 10 mm
au-delà des limites macroscopiques
de la tumeur.
La destruction thermique induite
n’a aucune spécificité tissulaire
pour les tissus tumoraux par rap-
port aux tissus sains. En consé-
quence, les tumeurs au contact de
structures digestives creuses, ou de
structures nerveuses sont de traite-
ment délicat en raison des risques
de dommages collatéraux sur les
organes de voisinage.
IMAGERIE
Imagerie de guidage
Le scanner est la technique d’ima-
gerie la plus utilisée pour guider la
contrôlées par les médicaments ou
laradiothérapie. Là encore il existe
des spécificités électriques et ther-
miques liées à la nature de la struc-
ture osseuse. Ainsi l’os spongieux
conduit moins bien la chaleur que
lemuscle, et le volume de la zone
de destruction obtenue sera proba-
blement plus faible dans l’os que
dans le muscle. L’os cortical pos-
sède un effet d’isolant thermique,
cequi permet de protéger les struc-
tures de voisinage pour peu que
l’os cortical soit respecté. Cette iso-
lation thermique peut également
être mis a profit pour traiter des
tumeurs centro-osseuse en profi-
tant de l’effet four qui concentrera
lachaleur sur le site tumoral.
L
’ostéome ostéoïde fut historique-
ment la première tumeur osseuse
traitée par ablation thermique.
L
’efficacité de la RF pour pallier les
symptômes en rapport avec cette
tumeur est supérieure à 90 %. En
raison de sa petite taille habituelle,
l’ostéome ostéoïde ne nécessite
qu’une aiguille simple, sans sys-
tème de refroidissement, sans élec-
trodes déployables, sans système de
perfusion. Par contre, du fait de la
petite taille de la tumeur et du petit
volume de destruction produit par
les aiguilles utilisées, la balistique
sedoit d’être extrêmement précise
afin d’atteindre le nidus.
La destruction de tumeurs
osseuse maligne de petites taille a
fait l’objet de case reportmais cette
technique doit être réservé à des
patients non opérable étant donné
le faible nombre de cas rapporté et
le faible recul actuel (figure 2).
Figures 2.
Le traitement palliatif des douleurs
osseuses a fait l’objet d’un essai
prospectif multicentrique auquel
nous avons participé. Il s’agit d’une
étude multicentrique incluant 43
patients porteurs de tumeurs osseu-
ses lytiques de 1,4 à 18 cm respon-
sables d’une douleur quottée à 7,9
points de moyenne sur une échelle
d’évaluation de la douleur allant de
1à10 points. La RF a induit une
diminution de l’intensité des dou-
leurs de 3 points dans 40% des cas
après une semaine et dans 55% des
cas après 3 semaines, ainsi que dans
84% des cas à un moment donné
après le traitement. Lors du traite-
ment de douleurs osseuse, le but de
la RF n’est pas de détruire toute la
tumeur mais plutôt de cibler des
berges entre tumeur et structures
osseuses afin d’essayer de détruire
les terminaisons nerveuses de l’en-
dostéum qui sont probablement très
impliquées dans la genèse de la