1 Proposition de corrigé Dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire Par quels moyens les politiques conjoncturelles permettent-elles de lutter contre les déséquilibres macroéconomiques ? Introduction Les élections européennes, qui se sont tenues en France le 25 mai dernier, ont été l’occasion de débattre une nouvelle fois du bien fondé des politiques de rigueur menées depuis 2010 - 2011 dans tous les pays européens, qui visent à réduire les déficits publics dans les états-membres mais risquent également d’y aggraver le chômage. Définition des En effet, il s’agit de politiques économiques conjoncturelles, c’est à dire notions visant à réguler à court terme le niveau de la demande globale afin de lutter présentes dans contre les déséquilibres macroéconomiques. Si le niveau de la demande le sujet globale de biens et services est trop faible, la production nationale est trop faible, donc toute la main-d’oeuvre disponible n’est pas embauchée, une partie étant au chômage. S’il est trop élevé, la demande de biens et de services excède les capacités de production du pays, entraînant une hausse des prix, c’est-à-dire une accélération de l’inflation. Les politiques conjoncturelles sont dites de rigueur lorsqu’elles visent à réduire la demande globale et de relance quand elles ont pour but de l’accroître. On distingue également la politique monétaire de la politique budgétaire [définies plus tard, sinon, la définition devrait être dans l’intro]. Problématique Ainsi, se s’interroger sur les politiques conjoncturelles que doivent mettre en place les pays européens amène à se demander par quels moyens celles-ci luttent contre les déséquilibres macroéconomiques. Annonce du Après avoir examiné les moyens relevant de la politique monétaire (I), on plan présentera les outils dont dispose la politique budgétaire (II). (Ajouts possibles en intro : J.M. Keynes, le déséquilibre extérieur comme 3e déséquilibre, le carré magique de N. Kaldor) Accroche Rappel du thème de la partie I. Annonce des sousparties I. La politique monétaire dans la lutte contre les déséquilibres macroéconomiques L’une des deux politiques conjoncturelles permettant de lutter contre les déséquilibres macroéconomiques est la politique monétaire. Après avoir présenté son fonctionnement (A), on illustrera son rôle dans la lutte contre la crise de 2008-2009 (B), avant d’en examiner les limites (C). A. Le fonctionnement de la politique monétaire dans la lutte contre les déséquilibres macroéconomiques Rappel du La politique monétaire, mise en place par la banque centrale, vise à réguler à thème de la court terme la demande globale en jouant sur la quantité de monnaie en sous-partie circulation. A. 1. Impact de En effet, plus la quantité de monnaie en circulation, c’est-à-dire la masse l’évolution monétaire, composée des pièces et billets ainsi que des sommes détenues par de la masse les agents économiques sur leurs comptes bancaires, est importante, plus la monétaire demande de biens et de services de ces agents est élevée. Ainsi, tout sur la accroissement de la masse monétaire accroît la demande globale, tandis que demande toute diminution de la monnaie en circulation fait baisser la demande globale. globale 2. Création Or, ce sont les banques commerciales qui mettent en circulation la monnaie en de monnaie octroyant des prêts à leurs clients. Ce sont ainsi les crédits qui font les dépôts. 2 par les banques, rôle de la monnaie BC et du marché interbancaire Chaque banque commerciale détient un compte à la banque centrale, une administration publique qui peut être considérée comme la banque des banques. La capacité de chaque banque à créer de la monnaie en faisant des prêts à ses clients dépend de la quantité de monnaie qu’elle détient sur ce compte, appelée “monnaie centrale” ou “monnaie banque centrale”. En effet, la monnaie centrale permet aux banques d’obtenir des billets auprès de la banque centrale afin d’alimenter leurs caisses et leurs distributeurs automatiques de billets, de compenser les transferts entre les comptes de leurs clients respectifs et d’acquérir des devises étrangères auprès de la banque centrale. Une banque qui manque de monnaie banque centrale doit donc soit limiter ses prêts, soit obtenir de la monnaie banque centrale, qu’elle peut notamment emprunter aux autres banques commerciales sur le marché interbancaire. 3. Régulation Or, c’est ce besoin de monnaie centrale qu’ont les banques commerciales qui de la masse permet à la banque centrale de contrôler leur création monétaire. En effet, la monétaire banque centrale leur prête également de la monnaie centrale, à un taux d’intérêt par la qu’elle fixe, appelé taux de refinancement ou taux directeur, en se faisant prêter banque en garantie des titres possédés par les banques commerciales. De ce fait, si elle centrale, veut accroître la quantité de monnaie en circulation, la banque centrale peut abaisser son taux d’intérêt directeur. A l’inverse, elle peut la faire baisser en accroissant son taux directeur. Conclusion – Ainsi, dans le cadre de la politique monétaire, la banque centrale régule la bilan du A. quantité de monnaie mise en circulation par les banques commerciales, principalement en faisant varier son taux directeur. (Ajouts possibles au I.A. : rôle de prêteur en dernier ressort, ratios de réserves obligatoires) B. Une illustration du fonctionnement de la politique monétaire dans la lutte contre les déséquilibres macroéconomiques : la crise de 2008 - 2009 Rappel du C’est notamment par ce moyen [reprise d’un terme du sujet] que les banques thème de centrales ont cherché à relancer l’économie après la crise économique de 2008 – la sous2009. partie B. 1. Crise de En effet, la crise financière de 2007 – 2008 a entraîné un arrêt de la croissance 2008 – du produit intérieur brut (PIB) à partir de 2008 dans la plupart des pays. Par 2009 et exemple, le PIB français a augmenté de 2,3 % en 2007 et a baissé de 0,1 % en sortie de 2008 (doc. 1). Son taux de croissance a même diminué de trois points en 2009 crise : par rapport à 2008. Le PIB a à nouveau augmenté de 1,7 % en 2010 et de 2 % en évolution 2011, grâce aux politiques de relance mises en place, notamment grâce à la du PIB. politique monétaire. (doc. 1) 2. En effet, la Banque Centrale Européenne (BCE), qui est en charge de la politique Politiques monétaire pour les 18 Etats de la zone euro, a fortement fait baisser son taux de la Fed directeur au cours des années 2008 et 2009, de plus de 3 points, d’environ 4,2 % à de la BC 1 % (doc. 3). La Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) a également mis en place contre la une politique de relance à partir de 2007, en faisant baisser de 5 points son taux crise. (doc. directeur, de 5,2 % mi-2007 à seulement 0,2 % fin 2008. 3) 3. ContreA l’inverse, ces deux banques centrales avaient relevé leurs taux directeurs sur exemple : la période 2004 – 2007, respectivement de plus de 4 points pour la Fed de 2004 à lutte contre 2007 et de 2 points pour la BCE de fin 2005 à mi-2007. En effet, la croissance du l’inflation PIB avait été importante sur cette période, faisant craindre une accélération de en 2004 – l’inflation. 2007 (doc. 3) Conclusion Ainsi, les banques centrales luttent contre les déséquilibres macroéconomiques – bilan du principalement en faisant varier leur taux d’intérêt directeur. B. 3 C. Les limites de la politique monétaire dans la lutte contre les déséquilibres macroéconomiques Rappel du Cependant, leur efficacité est limitée, notamment dans le cas de la BCE. thème de la sous-partie C. 1. Quelle Avant tout, les banques centrales n’agissent que sur les taux directeurs. réaction L’impact de leur action dépend donc de la réaction des agents à la variation de ces des agents taux. Par exemple, une baisse du taux directeur en période de récession doit à la pousser les banques commerciales à faire plus de crédits aux agents économiques, variation donc à baisser les taux d’intérêts auxquels elles prêtent. Cependant, si les agents du taux ne veulent absolument pas s’endetter, la baisse des taux d’intérêt n’a aucun impact directeur ? sur leur demande. 2. Plus spécifiquement, la politique menée par la BCE s’applique à 18 étatsProblème membres, qui ne connaissent pas toujours tous la même conjoncture économique de la BCE : en même temps. Par exemple, en ce moment, certains états comme l’Espagne 1 politique, connaissent un chômage important, qui touche un quart de la population active, 18 tandis que d’autres comme l’Allemagne ont un taux de chômage très faible et économies craignent plutôt une accélération de l’inflation. C’est à cause de cette hétérogénéité (doc. 3) des situations nationales que la BCE répond toujours plus tard et moins fortement que la Fed aux retournements de la conjoncture économique. Par exemple, la Fed a réagi à la crise dès 2007 et sa réaction a été forte, puisqu’elle abaissé son taux directeur de 5 points en un peu plus d’un an, alors que la BCE n’a commencer à diminuer le sien qu’à partir de fin 2008 et seulement d’un peu plus de 3 points. Conclusion Ainsi, il apparaît que la politique monétaire est mise en place par la banque – bilan du I centrale, qui cherche à influer sur la demande globale en faisant varier son taux et directeur. Cependant, dans le cas de l’Europe, si la BCE réagit effectivement aux transition changements de la conjoncture en modifiant son taux directeur, son efficacité est rapide limitée par l’hétérogénéité des 18 Etats-membres. La politique monétaire commune avec le II. doit donc être complétée par des politiques budgétaires nationales, chacune adaptée au contexte de l’état-membre qui la met en place. Rappel du thème de la partie II. Annonce des sousparties II. La politique budgétaire dans la lutte contre les déséquilibres macroéconomiques La seconde politique conjoncturelle qui permet de lutter contre les déséquilibres macroéconomiques est la politique budgétaire. Après avoir présenté son fonctionnement (A), on illustrera son rôle dans la lutte contre la crise de 2008-2009 (B), avant d’en examiner les limites (C). A. Le fonctionnement de la politique budgétaire dans la lutte contre les déséquilibres macroéconomiques Rappel du La politique bugétaire vise à réguler à court terme la demande globale en thème de la jouant sur le budget des administrations publiques, c’est-à-dire sur les sous-partie A. dépenses et les recettes de ces dernières. 1. Définition du Elle est mise en place par l’ensemble des administrations publiques, budget des notamment l’Etat central, qui réalisent des dépenses en faveur des agents administrations économiques et prélèvent des recettes auprès ces derniers. Les dépenses des publiques administrations publiques sont principalement composées de la fourniture de (APU) services publics, de revenus de transferts, de la rémunération des agents publics et du paiement des intérêts de la dette publique. Leurs recettes se composent en grande partie de prélèvements obligatoires, à savoir d’impôts, de taxes et de cotisations sociales. 2. Impact du La hausse des dépenses des administrations publiques accroît la demande budget des globale, directement lorsqu’elle concerne des achats réalisés par les 4 APU sur la demande globale administrations publiques et indirectement quand elle se fait par une hausse de la masse des rémunérations versées aux agents de l’Etat et des revenus de transfert, en accroissant les revenus disponibles et donc la consommation. A l’inverse, une hausse des recettes des administrations publiques réduit les revenus disponibles, donc la consommation des ménages et l’investissement des entreprises, économiques et réduit la demande. 3. Les objectifs La politique budgétaire concerne consiste donc à faire varier la demande de la politique globale en modifiant les dépenses et les recettes des administrations budgétaire publiques. Une hausse des dépenses et une baisse des recettes accroissent la demande globale et constituent une politique de relance (ou expansive), tandis qu’une baisse des dépenses et une hausse des recettes diminuent la demande globale et caractérisent une politique de rigueur. Conclusion – Ainsi, la politique budgétaire permet d’agir sur la demande globale en bilan du A. modifiant le budget des administrations publiques. (Ajouts possibles au II.A : multiplicateur keynésien, stabilisateurs automatiques) B. Une illustration du fonctionnement de la politique budgétaire dans la lutte contre les déséquilibres macroéconomiques : la crise de 2008 - 2009 Rappel du Par exemple, des politiques budgétaires de relance se sont ajoutées aux thème de politiques monétaires pour lutter contre la crise de 2008 – 2009. la souspartie B. 1. Exemple En France, la chute de plus de 5 points du taux de croissance annuel du PIB, de de la 2,3 % en 2007 à – 3,1 % en 2009 (doc. 1) a été combatue par une forte hausse du France déficit des administrations publiques, en particulier par un triplement du déficit (docs 1 et budgétaire de l’Etat exprimé relativement au PIB [OU : en points de PIB - OU : en % 2) (+ déf° du PIB] sur la même période, de 2,7 % à 7,5 % (doc. 2). Le déficit budgétaire du déficit étant la différence entre les dépenses et les recettes, cette évolution signifie que les budgétaire) premières ont augmenté et les secondes diminué. Cette politique budgétaire de relance a permis à l’économie française, en complément de la politique monétaire, de retrouver un taux de croissance proche de celui de 2007 en 2010 et 2011, respectivement à 1,7 % et 2 %. 2. Exemple La relance budgétaire a été encore plus forte aux Etats-Unis qu’en France, le : relance déficit budgétaire augmentant dans des proportions bien plus importantes. Le taux encore de croissance du PIB des Etats Unis a ainsi connu des évolutions similaires à celui plus de la France entre 2007 et 2011. réussie aux EtatsUnis Conclusion Ainsi, il apparaît que la crise de 2008 – 2009 a également été combattue par des – bilan du politiques de relance. B. C. Les limites de la politique budgétaire dans la luttre contre les déséquilibres macroéconomiques Rappel du Cependant, la politique budgétaire, comme la politique budgétaire, est limitée thème de la dans sa capacité a lutter contre les déséquilibres macroéconomiques, en sous-partie particulier dans les pays de la zone euro. C. 1. Déficit => En effet, le déficit budgétaire fait des administrations publiques des agents à financement besoin de financement, qui doivent par conséquent emprunter à des agents à => hausse capacité de financement les sommes nécessaires pour couvrir ce déficit. La dette dette publique est ainsi passée en France de 64,2 % à 90,2 % du PIB de 2007 à 2012, (doc. 2) soit une hausse de 26 points (doc. 2). Cet endettement se fait par la vente de titres de dette, qui donnent droit à un remboursement avec intérêts. Tout déficit public accroît donc la dette publique [OU : souveraine]. Celle-ci donc a fortement augmenté en France de 64,2 % à 90,2 % du PIB de 2007 à 2012, soit une hausse de 26 points (doc. 2). Ce besoin d’endettement pose plusieurs problèmes. 2. Problème Premièrement, les administrations publiques ne sont pas assurées de trouver 1 : trouver des agents désirant leur prêter les sommes nécessaires au financement de leur des déficit. Plusieurs pays européens, en particulier la Grèce, ont ainsi été incapables 5 prêteurs 3. Problème 2 : Le coût de la dette 4. Problème 3 : Les limites imposées par le PSC dans la zone euro (doc. 4) 5. (2 + 3 + 4) => le retour d’une politique de rigeur (docs. 4 et 1) Rappel du plan (les 2 parties, pas les sousparties), formulations répondant au sujet : “par quels moyens” Ouverture : pour un gouvernement européen de se financer sur les marchés financiers et ont donc dû faire appel à l’aide internationale pour pouvoir financer leurs dépenses publiques et ne pas se retrouver en faillite. Deuxièmement, même lorsqu’elle n’elle pas remboursée, la dette accroît les dépenses publiques, puisqu’elle donne lieu au versement d’intérêts. Ces versements représentent une part importante du budget de l’Etat, environ un huitième en France. Le coût de la dette accroît donc les déficits et, par conséquent, la dette elle-même. Troisièmement, dans le cas particulier de la zone euro, les états-membres ont signé en 1997 le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC), en vertu duquel ils s’engagent à maintenir leurs déficit en dessous de 3 % du PIB et leurs dettes publiques à moins de 60 % du PIB. Ces critères ont été dépassés à de nombreuses reprises par les plusieurs états-membres et le sont aujourd’hui par la plupart des pays de la zone euro. Cependant, ils poussent les états à limiter leur déficit public et donc l’ampleur et la durée de leurs politiques de relance, ce qui explique que la dette publique n’ait augmenté que de 16 points de PIB entre 2008 et 2010 dans les pays de la zone euro et en France, tandis qu’elle s’accroissait dans le même temps de 22 points aux Etats-Unis et au Japon et de 28 points au Royaume-Uni (doc. 4). Ces problèmes expliquent le retournement de la politique budgétaire, dans “les pays développés, notamment européens”, qui “ont mis en place, pour la plupart dès 2010, des politiques de rigueur de grande ampleur de façon à réduire rapidement leurs déficits publics”, ce qui a eu “partout comme effet de limiter l'activité économique”, en particulier dans les pays de la zone euro (doc.4),. Par exemple, en France, le déficit public est passé de 7,5 % du PIB en 2009 à 4,8 % en 2012 (doc. 2) et le taux de croissance du PIB est retombé à 0 % en 2012 (doc. 1). Conclusion Ainsi, il est apparu que la politique monétaire et la politique budgétaire permettent de lutter conter les déséqulibres macroéconomiques. La première consiste principalement, pour la banque centrale, à faire varier le taux d’intérêt directeur. La seconde est mise en place par les administrations publiques lorsqu’elles font usage de leur budget pour agir sur la demande globale. La persistance de la crise qui a démarré en 2008 montre cependant que l’efficacité des politiques conjoncturelles dans la lutte contre les déficits reste limitée, en particulier en Europe. En effet, la politique monétaire s’applique aux 18 pays de la zone euro, qui peuvent connaître des conjonctures différentes. Cette hétérogénéité ne peut être compensée ni par une politique budgétaire communautaire ciblée, puisqu’il n’existe pas de gouvernement européen et le budget de l’Union Européenne (UE) représente seulement 1 % du PIB de l’UE, ni par des politiques budgétaires nationales trop importantes, puisque celles-ci sont encadrées par le PSC. Seul un gouvernement commun, doté d’un budget conséquent, serait à même de compléter efficacement la politique monétaire de la BCE par une politique budgétaire commune.