
Comparaison des deux études ENEIS 2004 et 2009
3
Résumé
Deux enquêtes nationales, les enquêtes ENEIS, ont été réalisées en 2004 et 2009 pour mesurer la fréquence
des événements indésirables graves associés aux soins (EIG) et étudier l’atteinte des objectifs de réduction des
EIG fixés par la loi de santé publique de 2004. Ce rapport, complémentaire à celui présentant les résultats
2009, vise à présenter l’évolution de la fréquence des EIG entre 2004 et 2009.
Méthode
Les définitions, le plan de sondage (à une étape près) le protocole d’enquête, la période de collecte et la
maîtrise d’œuvre ont été identiques au cours des deux enquêtes. Ils sont décrits dans le rapport descriptif des
résultats 2009. Les échantillons 2004 et 2009 étaient en revanche indépendants. Les indicateurs mesurés
étaient l’incidence des EIG en cours d’hospitalisation et la proportion d’admissions causées par les EIG pour
les EIG totaux, les EIG évitables et les EIG associés à des médicaments, aux infections et aux procédures
(actes). Ces analyses ont été conduites par type d’établissement (CHU, autres établissements publics,
établissements privés) et par discipline (médecine et chirurgie). Les biais d’échantillonnage et la non-réponse
ont été corrigés par repondération afin de permettre la meilleure comparabilité possible entre 2004 et
2009. Les comparaisons multivariées de densité d’incidence ont été fondées sur des modèles de Poisson ou
binomial négatif, et sur des modèles de régression logistique pour les proportions d’admission causées par
des EIG et ajustées sur l’âge des patients, la discipline et le type d’établissement.
Résultats
Les densités d’incidence des EIG entre 2004 et 2009 n’étaient pas statistiquement différentes sauf une
augmentation significative des EIG associés aux produits de santé en chirurgie ; elle correspond à une
augmentation des EIG associés à des dispositifs médicaux non implantables (ex : sonde urinaire, sonde
nasojéjunale…..) qui sont peut-être liés à des différences minimes de codage.
Pour les EIG « causes d’hospitalisation », la proportion de séjours causés par des infections évitables
associées aux soins était statistiquement supérieure en 2009 par rapport à 2004 dans les unités de chirurgie,
lié à une augmentation des infections du site opératoire liées à des interventions lors d’hospitalisations
antérieures. Étant donnée l’absence de diminution de la durée moyenne de séjour sur la totalité de
l’échantillon, une des raisons pourrait être un séjour écourté dans l’hospitalisation précédente avec une
identification de l’infection au domicile du patient, ou une prise en charge non-optimale de la plaie
opératoire en médecine ambulatoire.
Discussion
La méthodologie identique et la reproductibilité des résultats permettent une analyse des évolutions entre
2004 et 2009. Cette analyse a montré peu de changements en cinq ans. Ceci ne veut pas dire absence de
changements sur le terrain notamment dans les processus de sécurisation des prises en charge et dans la
culture de sécurité ; une évolution des modes de prise en charge (complexité technique des actes, des
organisations et des prescriptions accrues) aurait pu conduire à une augmentation des risques et de la
fréquence des EIG ; les indicateurs mesurés ne permettent ni de mesurer l’impact d’actions sectorielles
(infections associées aux soins en particulier), ni de mesurer les changements en termes de culture de sécurité
ou de comportements des acteurs.