pudibonderie, ni injonction morale. Dans cette voie étroite toute de sensibilité. Juliette Gâté
nous dit l'évolution de la notion dans le droit français, depuis la qualification des infractions
comme «l'outrage à la pudeur» en tendant vers ce qui serait «un droit à la pudeur».
La lecture se poursuit avec les textes des psychanalystes Colette Soler, David Bernard et
José Morel Cinq-Mars. Colette Soler situe la pudeur dans la cure analytique, à partir de
l'enseignement de Jacques Lacan, à une place décisive. David Bernard, auteur de Lacan et
la honte, De la honte à l'hontologie, relit dans le célèbre cas freudien du «petit Hans» certains
passages peu commentés pour s'intéresser à l'émergence de la pudeur chez le petit enfant.
Il donne toute son importance à la notion de «vie privée». C'est au thème de la pudeur que
José Morel Cinq-Mars a consacré sa thèse, devenue livre de référence. Elle qui a longtemps
travaillé auprès de très jeunes enfants, en PMI en particulier, fait l'hypothèse d'une pudeur
très précoce chez le jeune enfant, avant même l'apparition du langage.
Le coeur vibrant du volume est constitué par la parole des patients présentée et analysée,
d'abord par notre collègue d'Alger, Nassima Metahri, qui écrit à partir de son expérience de
pédopsychiatre auprès d'enfants traumatisés par des massacres ou par des agressions
sexuelles, cela durant la décennie des années noires du terrorisme en Algérie.
Des psychanalystes travaillant comme psychothérapeutes au Centre Primo Levi - Béatrice
Patsalides Hofmann, Armando Cote, Omar Guerrero et Eric Sandlarz - écrivent à partir de
cette pratique.
Béatrice Patsalides Hofmann nous livre un travail très rigoureux à partir de la cure menée
avec un patient africain, témoin du meurtre de son père et lui-même enfermé et torturé.
L'interdit posé par l'analyste de ne pas dénuder la peau pour donner à voir les traces de la
torture permettra au patient, dans la répétition des rencontres avec l'analyste, de dire. Ce
travail mené avec l'aide d'un interprète est aussi pour lui un travail sur les signifiants de sa
langue.
Armando Cote fait état de fragments de cure avec des enfants et adolescents et y repère
comment les aléas mêmes de la vie en exil les confrontent à l'impudeur de la promiscuité. La
parole adressée à l'analyste peut permettre au jeune la sortie de ce qui le piège dans ce qui a
partie liée avec son fantasme.
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