Effraction de la pudeur : quand la violence politique fait ravage GENCOD : 9782749252131 PASSAGE CHOISI Extrait de l'introduction La pudeur, pourquoi ? Rien n'est évident dans le choix de ce sujet. Mettre la pudeur au centre d'une publication sur la violence politique et ses ravages sur des personnes prises une par une peut surprendre. La pudeur n'est-elle pas un «quelque chose» difficile à définir, à cerner même, éminemment variable selon les sensibilités, les climats ? Il y a une histoire et une géographie de la pudeur, des pudeurs. N'est-elle pas une prescription, morale, contraignante, opprimante, une norme étouffante ? Pourtant, les cliniciens et intervenants au Centre Primo Levi, qui offre des soins et de l'aide sociojuridique à des personnes ayant été victimes de torture et de violences politiques, ont décidé, après des années d'écoute et de travail partagé, de considérer la pudeur comme une référence centrale. Ils en ont fait le thème d'un colloque organisé en novembre 2015, qui a donné lieu à un premier recueil de textes, ainsi qu'à ce volume. Pourquoi donc la pudeur ? Pour la définir, ce livre s'ouvre sur une réflexion philosophique avec le texte de Patrick Hochart, puis juridique avec celui de Juliette Gâté, faisant aussi entendre le témoignage de Déborah Caetano qui, la première, reçoit les futurs patients du Centre Primo Levi. Philosophe ayant longtemps enseigné en faculté de lettres, Patrick Hochart lit et relit Jean-Jacques Rousseau pour dessiner le chemin de la pudeur, qui n'est ni honte, ni pudibonderie, ni injonction morale. Dans cette voie étroite toute de sensibilité. Juliette Gâté nous dit l'évolution de la notion dans le droit français, depuis la qualification des infractions comme «l'outrage à la pudeur» en tendant vers ce qui serait «un droit à la pudeur». La lecture se poursuit avec les textes des psychanalystes Colette Soler, David Bernard et José Morel Cinq-Mars. Colette Soler situe la pudeur dans la cure analytique, à partir de l'enseignement de Jacques Lacan, à une place décisive. David Bernard, auteur de Lacan et la honte, De la honte à l'hontologie, relit dans le célèbre cas freudien du «petit Hans» certains passages peu commentés pour s'intéresser à l'émergence de la pudeur chez le petit enfant. Il donne toute son importance à la notion de «vie privée». C'est au thème de la pudeur que José Morel Cinq-Mars a consacré sa thèse, devenue livre de référence. Elle qui a longtemps travaillé auprès de très jeunes enfants, en PMI en particulier, fait l'hypothèse d'une pudeur très précoce chez le jeune enfant, avant même l'apparition du langage. Le coeur vibrant du volume est constitué par la parole des patients présentée et analysée, d'abord par notre collègue d'Alger, Nassima Metahri, qui écrit à partir de son expérience de pédopsychiatre auprès d'enfants traumatisés par des massacres ou par des agressions sexuelles, cela durant la décennie des années noires du terrorisme en Algérie. Des psychanalystes travaillant comme psychothérapeutes au Centre Primo Levi - Béatrice Patsalides Hofmann, Armando Cote, Omar Guerrero et Eric Sandlarz - écrivent à partir de cette pratique. Béatrice Patsalides Hofmann nous livre un travail très rigoureux à partir de la cure menée avec un patient africain, témoin du meurtre de son père et lui-même enfermé et torturé. L'interdit posé par l'analyste de ne pas dénuder la peau pour donner à voir les traces de la torture permettra au patient, dans la répétition des rencontres avec l'analyste, de dire. Ce travail mené avec l'aide d'un interprète est aussi pour lui un travail sur les signifiants de sa langue. Armando Cote fait état de fragments de cure avec des enfants et adolescents et y repère comment les aléas mêmes de la vie en exil les confrontent à l'impudeur de la promiscuité. La parole adressée à l'analyste peut permettre au jeune la sortie de ce qui le piège dans ce qui a partie liée avec son fantasme. EN SAVOIR PLUS SUR CE LIVRE Consultez la fiche complète de ce livre sur PassageDuLivre.com Commandez ce livre sur Fnac.com