Evolution des états limites à l’adolescence
rain génétique, évènements de vie,
comorbidités…
DES POTENTIALITÉS
ÉVOLUTIVES PRÉSERVÉES
L’évolution et le pronostic d’un état li-
mite n’est pas toujours péjoratif, mais
ces patients sont redoutés au sein des
institutions pour leur difficulté de
prise en charge. Ils ne s’adaptent pas
au cadre hospitalier et le transgressent
en poussant les soignants au-delà des
limites habituelles.
L’évolution se fait dans le sens d’une
névrotisation. Le fonctionnement
devient moins projectif (attribution
à l’autre) et une dynamique réflexive
avec des affects de culpabilité se pré-
cise. L’évolution tend vers un apai-
sement progressif des angoisses, un
moindre recours aux mécanismes de
défense entraînant une diminution de
l’impulsivité et des mises en acte, un
apaisement des modalités de relation.
C’est le cas de nombre d’adolescents
dont la symptomatologie va s’amen-
der progressivement.
Certaines situations externes ou évè-
nements de vie peuvent cependant
entraîner une régression vers des
fonctionnements plus psychotiques
ou simplement accentués : les deuils,
séparation, changements brusques de
l’environnement, emploi-migration,
hospitalisations…
C’est ce que confirment les études
pronostiques. Moins de la moitié
des patients maintiennent dans le
temps un diagnostic d’état limite. Les
manifestations comportementales
s’estompent, la dépendance vis-à-vis
d’autrui, et les réponses émotionnelles
à la solitude seraient les signes les plus
persistants. L’évolution s’étalerait sur
environ 20 ans. Le pronostic serait bon
dans 2/3 des cas avec 20 % de sujets
asymptomatiques et normalement in-
sérés sur le plan affectif et profession-
nel. Il serait comparable au pronostic
des autres troubles de la personnalité
en l’absence de tentative de suicide. Le
suicide est la complication principale,
évaluée à 8,5 % après 16 ans d’évolu-
tion.
TRAITEMENT
C’est probablement de la grande diffi-
culté que représente le soin des états
limites que ceux-ci tirent leur mau-
vaise réputation auprès des soignants
en institution. Dans les services hos-
pitaliers, les patients sont rencontrés
en situation critique, à l’acmé de leurs
angoisses et de leur impulsivité. Les
limites du fonctionnement du service
les déstabilisent, comme si l’on met-
tait “de l’huile sur le feu” de leur émo-
tionalité. Leurs angoisses d’abandon
et d’intrusion font le lit de relations
complexes avec les soignants qui sont
idéalisés dans une demande d’aide
massive puis jugés insatisfaisants et
aussitôt rejetés. Seule la gravité du
symptôme devrait décider d’une hos-
pitalisation et non celle de la psycho-
pathologie qui ne sera jamais amen-
dée par une simple hospitalisation.
L’état limite justifie en premier lieu
d’une relation thérapeutique de type
psychothérapeutique inscrite dans la
continuité et capable de s’adapter aux
fluctuations relationnelles. Différentes
modalités peuvent être utilisées : thé-
rapies individuelles, de groupe, art-
thérapie, et bien sûr psychodrame à
l’adolescence. Dans les cas les plus
graves, les thérapies bi-focales asso-
ciant un médecin référent et un psy-
chothérapeute sont particulièrement
indiquées.
Les psychotropes sont utilisés à titre
symptomatique, même si les méta-
analyses ne concluent pas à leur effi-
cacité. Les antidépresseurs pourraient
agir sur la colère, la labilité émotion-
nelle, et la susceptibilité. Les antipsy-
chotiques sont prescrits contre l’im-
pulsivité, la colère et les symptômes
psychotiques transitoires. Les thymo-
régulateurs atténueraient les fluctua-
tions de l’humeur et l’impulsivité.
POUR CONCLURE
Le concept d’état limite à l’adoles-
cence est pertinent pour qualifier
le fonctionnement psychique sous-
jacent d’un grand nombre de tableaux
cliniques à cet âge. Mais il mérite d’être
apprécié comme un état provisoire
de déséquilibre, susceptible d’évo-
lution et de guérison. Ce diagnostic,
lorsqu’il est retenu doit conduire à
l’instauration d’une prise en charge
dans la continuité. L’évolution de ces
troubles peut être de bonne qualité,
malgré des présentations symptoma-
tiques bruyantes lors des moments de
décompensation.
MOTS-CLÉS :
Psychologie, Etats limites, Clinique,
Evolution, Prise en charge
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BIBLIOGRAPHIE