– 4 –
trait, de manière plus générale, à la gouvernance de la science et à la relation entre science et
société.
4. En outre, le programme des Nations Unies pour l’après-2015 a donné lieu à une analyse des
menaces et des défis qui caractérisent la situation mondiale (changement climatique, croissance
de la population humaine, creusement des inégalités, etc.) et propose des moyens d’infléchir ces
tendances afin d’améliorer certaines situations particulières. Les politiques de la science, de la
technologie et de l’innovation comptent parmi les objectifs du programme. Le présent document
doit être considéré aussi comme une contribution de la COMEST mettant en relief les enjeux
éthiques particuliers liés à la nouvelle dynamique de la science et de la technologie, en relation
avec la société.
5. Le concept d’« éthique de la science » se réfère aux principes qui doivent guider l’activité
scientifique et aux mécanismes utilisés pour en encourager, faciliter ou assurer la bonne
application. Une approche éthique de la science fait valoir que la quête du savoir et de la
compréhension suppose l’adhésion à des valeurs éthiques primordiales, comme l’intégrité, la
vérité et le respect de l’argumentation raisonnée et de la preuve. Les critères qui décident de ce
qui est de la « bonne science » sont, en partie, d’ordre éthique. Les valeurs défendues sont
universelles dans le sens qu’elles suscitent une large adhésion, à un niveau général, par-delà les
frontières entre disciplines, entre nations et entre cultures. De fait, elles sont expressément
reconnues dans des instruments normatifs internationaux.
6. Il y a d’autre part débat sur la manière dont ces règles devraient s’appliquer dans des
circonstances particulières. L’idée de science est compatible avec de multiples interprétations de
ce qu’elle implique, et la diversité est donc un élément indispensable de l’application concrète de
l’éthique de la science. Les pressions auxquelles est soumise l’activité scientifique aujourd'hui font
qu’on ne peut être assuré que les valeurs éthiques qui fondent toute investigation honnête seront
toujours reconnues ou honorées. De plus, le public ne soutient la science que s’il a le sentiment
que la quête du savoir est menée avec diligence et impartialité en tant que fin en soi, et qu’elle
contribue de surcroît au bien-être général de l’humanité ou à la satisfaction de ses besoins. La
science est donc liée à des valeurs extérieures qui n’entrent pas en conflit avec sa propre logique
interne, ni ne la reproduisent purement et simplement.
7. Le champ de l’éthique de la science est vaste et, à certains égards, sujet à controverse. Il ne
concerne pas seulement les chercheurs professionnels, mais aussi tous les responsables des
politiques de la recherche et de la communication des connaissances scientifiques auprès des
publics intéressés. Il déborde donc de beaucoup celui de « l’éthique de la recherche », qui ne se
rapporte qu’à un seul aspect particulier de la pratique professionnelle.
8. L’éthique de la science recouvre des domaines thématiques et disciplinaires également
étendus. Tel qu’il est défini à l’article 1 (a) (i) de la Recommandation de 1974, le mot « science »
« désigne l’entreprise par laquelle l’homme, agissant individuellement ou en groupes, petits ou
grands, fait un effort organisé pour découvrir et maîtriser au moyen de l’étude objective de
phénomènes observés la chaîne des causalités »
. Il y aurait lieu de se demander si cette
conception de la science s’étend aussi aux sciences humaines, où la notion de « causalité » n’est
peut-être pas pertinente. De plus, les débats épistémologiques actuels pourraient remettre en
question le type d’« objectivité » qui était considéré comme allant de soi en 1974. Néanmoins,
l’accent mis sur la science en tant qu’activité socialement organisée, caractérisée par ses
L’article 1 (a) (i) de la Recommandation de 1974 insiste plus avant sur ce point, en apportant deux
précisions à cette définition. Tout d’abord, la science « rassemble les connaissances ainsi acquises, en les
coordonnant ». Les sciences sont donc expressément conçues comme des composantes de la science.
Ensuite, la science fournit à l’humanité des connaissances dont celle-ci peut « tirer parti ». Par conséquent,
aucune limite ne sépare dans la définition la science de la technologie, ou les sciences théoriques de leurs
applications. Enfin, pour parer au moindre doute, l’article 1 (a) (ii) déclare explicitement, que « l’expression
« les sciences » désigne un ensemble de faits et d’hypothèses pouvant faire l’objet de constructions
théoriques normalement vérifiables [et] englobe dans cette mesure les sciences ayant pour objet les faits et
phénomènes sociaux ».