3
Ch.1, p. 18: ibid.,
318–19.
‘to a degree worthy of a professional artist’;
her male roles (Colin in Les Amours de
Ragonde and Poinçon in Le Prince de Noisy)
‘had originality and charming
mischievousness’.
[…] la marquise réunissait tous les talents à un degré
digne d’un artiste de profession. Elle chanta et joua le
Colin des Amours de Ragonde et le Poinçon du Prince
de Noisy avec une originalité et une espièglerie
charmante.
Ch.1, p. 18: RGMP,
12 (1845) issue 39
(28 Sept.), 316.
‘She openly pronounced against the
Bouffons in 1752 and favoured French
composers. Such high antipathy was no
small influence in having the visitors sent
home. She invited Mondonville to write
Titon et l’Aurore [1753][…]. The marquise
must have seen, however, that the music of
both her protégé and his colleagues was only
a poor copy of the Italian manner, both
heavy and unnatural. We didn’t know so
much of that, then. We saw artistic questions
mainly in terms of nationality questions:
therefore no Italian aria was tolerated on the
Favourite’s stage. Mme Trusson, wife of a
rich financier […] wanted to try one out, but
could not get permission. This person acted
in small supporting roles, as did the vicomte
de Rohan and the chevalier of Clermont
d’Amboise.’
Elle se prononça ouvertement en 1752 contre les
bouffons et prit parti en faveur des compositeurs
français. Cette haute inimitié ne contribua pas peu à
faire congédier les chanteurs ultramontains. Madame
de Pompadour invita Mondonville à écrire Titon et
l’Aurore […] La marquise eût dû voir cependant que la
musique de son protégé et de ses camarades n’était
qu’une pauvre copie de la manière italienne, mais
alourdie et sans naturel. On n’en savait pas tant alors.
On ne réfléchissait guère sur la parenté et la
descendance des styles. On voyait surtout dans une
question d’art une affaire de nationalité: aussi pas une
ariette italienne ne trouva grâce sur le théâtre de la
favorite. Madame Trusson, femme d’un riche financier
[…] voulut en hasarder quelqu’une sans pouvoir
l’obtenir. Cette madame Trusson remplissait les rôles
subalternes et assez insignifiants, ainsi que le vicomte
de Rohan et le chevalier de Clermont d’Amboise…
Ch.1, p. 18: RGMP
12 (1845) issue 39
(28 Sept.), 318.
‘J.-J. Rousseau, who never wanted to hear
her sing, would have been delighted with her
way of performing Colette [she actually sang
Colin] in Le Devin. Mme de Pompadour,
who much liked this graceful score, did
everything possible to attract the composer
to her service. Having asked him to copy out
some ariettes for her, she sent him 100 louis
as payment. The austere Republican of
Geneva replied that he was owed only
eleven livres and seven sols; the gift was
returned […]. Thus, in spite of himself and
having done nothing to promote it, Jean-
Jacques, or at least his opera, occupied the
stage of the Petits-Appartements. This
provoked much jealousy, for there was a fair
crowd of aspirants. All poets and musicians
strongly desired to be seen by the king and
to present their manuscripts to him on the
very day of a first performance.’
J. J. Rousseau, qui ne voulut jamais l’entendre, eût été
ravi de la manière dont elle rendait sa Colette dans le
Devin du village. Madame de Pompadour, qui aimait
beaucoup cette gracieuse musique, avait fait tout au
monde pour s’attacher l’auteur. L’ayant prié de lui
copier quelques ariettes, elle lui envoya cent louis à
titre de salaire. L’austère républicain de Genève
répondit qu’il ne lui était dû que onze livres et sept
sols; et la bourse fut reportée à la marquise. […]
Ce fut donc bien malgré lui et sans avoir fait un pas
pour l’obtenir, que Jean-Jacques ou du moins son opéra
monta sur le théâtre des Petits-Appartements. Il fit bien
des jaloux; car la foule des aspirants était considérable.
Tout musicien, tout poëte, souhaitait vivement de
passer sous les yeux du roi et de lui présenter son
ouvrage manuscrit, le jour même de la première
représentation. L’impression des opéras inédits ne
venait qu’ensuite.
Ch.1, p. 19: RGMP
12 (1845) issue 41
(12 Oct.), 336.
‘[Mondonville’s Titon et l’Aurore and
Daphnis et Alcimadure] visibly bore deep
impressions of the Italian presence, even as
Paris wanted to make them represent typical
examples of our French music. Rousseau
amused himself mightily and bitterly at the
expense of this impoverished music. He had
every right to: Le Devin du village […] is a
true masterpiece of graceful simplicity,
intelligence and artless sensibility. Having
taken inspiration from the Italian comic
genius, with rare success, Rousseau gave us
the first model of that same thing.’
Ces deux ouvrages trahissaient visiblement de profonds
ressouvenirs du passage des Italiens, encore qu’on
voulût à Paris en faire le type de notre musique
française. Rousseau s’égaya fort et amèrement aux
dépens de cette pauvre musique. Il en avait le droit: son
Devin du village, mis en scène à cette époque avec un
prodigieux succès, était un véritable chef-d’œuvre de
grâce naïve et spirituelle, de sensibilité ingénue.
Rousseau s’inspirait avec un rare bonheur du génie
bouffe italien, dont il nous donna le premier modèle.
Ch.1, p. 22:
MarmontelM, 152–
53.
‘But Rameau, already elderly, was not
disposed to change his ways; imagining
Italian style to be a mistake and a
perversion, he affected to despise it. The
most beautiful aria of Leo, Vinci, Pergolesi
Mais Rameau, déjà vieux, n’était pas disposé à changer
de manière, et dans celle des Italiens, ne voulant voir
que le vice et l’abus, il feignait de la mépriser. Le plus
bel air de Leo, de Vinci ou de Pergolèse, de Jomelli le
faisait fuir d’impatience; ce ne fut que longtemps après