Libérer les orbites
Maîtriser la fin de vie d’un satellite, «cela signifie
le transférer sur son orbite de fin de vie, ou le faire rentrer
dans l’atmosphère, et le passiver pour éviter tout risque
d’explosion», résume Fernand Alby. En clair :
on désorbite ou on réorbite. Objectif : libérer
les orbites utiles et prévenir la formation de débris
spatiaux.
Ces opérations de retrait de service
des satellites sont aujourd’hui
conçues comme une phase de leur
vie. Elles sont gérées comme une
mission à part entière. Les opérateurs
satellites contribuent activement à la prévention
de la formation de débris spatiaux, en développant
des adaptations des charges utiles elles-mêmes, mais
aussi des commandes/contrôle et des opérations.
Pour les satellites actuellement en exploitation
sur orbite, la logique du “best effort” est appliquée
en s’accommodant du satellite tel qu’il a été conçu
par le passé et en prenant en compte son état
et ses ressources réelles. Notons que le CNES
a développé un logiciel, STELA (Semi-analyti Tool
for End of Life Analysis) qui permet, en parallèle
de la surveillance des débris spatiaux (zones de
croisement et risques de collision, durée de vie…),
de proposer des orbites de retrait de service.
L’objectif premier de la désorbitation est de limiter ces risques dans
les zones utiles, en libérant l’orbite. C’est dans ce but que le CNES
a mené sa première désorbitation, celle du satellite d’observation
de la Terre SPOT-1, sept ans avant que la LOS n’entre en vigueur.
Après une défaillance de son panneau solaire en 2001 et, surtout,
pour céder sa place aux autres membres de sa constellation, SPOT-1
a été désorbité le 17 novembre 2003. « A la fin des opérations
de désorbitation, son périgée se trouvait à une altitude de 580 km, soit
un abaissement de 270 km », détaille l’expert des débris spatiaux. Après
dix-sept ans de bons et loyaux services, il lui restait tout autant
à vivre, à l’issue des manœuvres d’abaissement, avant sa rentrée dans
l’atmosphère. «Si aucune opération n’était engagée, un satellite comme
SPOT-1 mettrait 200 ans à retomber. La LOS fixe une durée de vie
maximale de 25 ans», ajoute Fernand Alby.
“Symptômes” de FDV
Le principal critère et le cas le plus fréquent est l’estimation de l’épuisement
des ergols. Mais d’autres symptômes peuvent apparaître. SPOT-1a subi une panne
de l’un de ses panneaux solaires. Dans un tel cas, l’exécution des opérations de fin
de vie peut être urgente. Pour Jason-1, il s’agissait d’une perte partielle de contact.
Le satellite est devenu muet mais pas sourd : il a donc pu exécuter tous les ordres
de passivation qui lui ont été envoyés. Il était déjà sur son orbite cimetière où
il avait été placé préventivement pour ne pas gêner son successeur. Autre
symptôme rare mais possible : la “panne” électrique. Ne pouvant plus être
alimenté, COROT n’est plus utilisable pour sa mission nominale mais des
expérimentations sont prévues avant sa désorbitation.
26/09/2008. Rentrée atmosphérique
contrôlée de l’ATV1Jules Verne,
cargo ravitailleur européen de la Station
Spatiale Internationale (ISS).
© NASA
LATITUDE 5 / N°102 / OCTOBRE 2013 / 17
LEO
(Low Earth Orbit)
Orbite basse
Desserte de la station spatiale
[de 300km à 1 000km]
SSO
(Sun Synchronous Orbit)
Orbite héliosynchrone
Observation de la Terre - Météo
[800km]
MEO
(Medium Earth Orbit)
Orbite moyenne
Constellations de satellites
Localisation - Navigation
[20 000km]
GEO
(Geostationary Earth Orbit)
Orbite haute
Télécommunications
Télévision - Météo
[36 000km]
En zone LEO, les satellites sont désorbités : il s’agit d’abaisser
leur orbite afin de les “laisser redescendre” en moins de 25 ans.
En traversant l’atmosphère, ils seront partiellement désintégrés.
«La désorbitation consiste en une série de manœuvres à l’apogée, le point
de l’orbite où la distance à la Terre est maximale, permettant d’abaisser
le périgée, le point le plus proche de la Terre», schématise Fernand Alby.
Les opérations sont menées jusqu’à épuisement des ergols afin
de rapprocher le satellite au plus près de la planète bleue et de sa
désintégration dans l’atmosphère. Un objet qui se trouve à 600 km
d’altitude bénéficie encore un peu de l’atmosphère résiduelle qui
suffit à le freiner et donc à le faire descendre. Ce phénomène permet
un nettoyage naturel des orbites. Le déséquilibre est créé par la
prolifération de débris, due aux explosions spontanées, comme celle
de l’étage supérieur Breeze-M du lanceur russe Proton-M en octobre
dernier, aux explosions volontaires et aux collisions.