© 2012 Économie internationale, 9e édition
Économie internationale
9e édition
P. Krugman, M. Obstfeld, M. Melitz
G. Capelle-Blancard, M. Crozet
ISBN : 978-2-7440-7530-8
Chapitre 3 – La productivité du travail et les avantages
comparatifs : le modèle ricardien
Corrigés des activités
1. Supposons que le pays domestique dispose de 1 200 unités de travail. Il peut produire deux biens : des
pommes et des bananes. La quantité de travail unitaire nécessaire à la production de pommes est de 3, et
celle nécessaire à la production de bananes est de 2.
a. Représentez graphiquement la frontière des possibilités de production du pays domestique.
b. Quel est le coût d’opportunité des pommes en termes de bananes ?
c. En l’absence de commerce, quel serait le prix des pommes exprimé en termes de bananes ? Pourquoi ?
a. On peut représenter la frontière des possibilités de production dans un repère qui reporte respectivement
sur chaque axe le nombre de pommes et de bananes produites dans l’économie. La frontière des
possibilités de production est alors une droite qui coupe l’axe des pommes en 400 (1 200/3) et celui des
bananes en 600 (1 200/2).
b. Le coût d’opportunité des pommes en termes de bananes est 3/2. Trois unités de travail sont nécessaires
pour produire une pomme, contre seulement deux pour une banane. Renoncer à produire une pomme
libère trois unités de travail, qui peuvent être utilisées pour produire 1,5 (= 3/2) banane.
c. La mobilité du travail garantit un salaire commun dans chaque secteur, et la concurrence conduit
à maintenir l’égalité entre le prix de chaque bien et son coût de production. Les prix relatifs sont donc
égaux aux coûts relatifs, c’est-à-dire au salaire multiplié par le nombre d’unités de travail nécessaires
pour produire une pomme, divisé par le salaire multiplié par le nombre d’unités de travail nécessaires pour
produire une banane. Puisque les salaires sont égaux entre les secteurs, le ratio des prix est égal au ratio
des quantités de travail nécessaire à la production de chaque bien, soit trois pommes pour deux bananes.
P = 3/2.
2. Les caractéristiques du pays domestique sont décrites à la question 1. Considérons maintenant un pays
étranger qui dispose d’une force de travail de 800 unités. La quantité de travail unitaire nécessaire à la
production de pommes y est de 5, et celle nécessaire à la production de bananes est de 1.
a. Représentez graphiquement la frontière des possibilités de production du pays étranger.
b. Construisez la courbe d’offre relative mondiale.
a. Là encore, la frontière des possibilités de production est une droite. Elle coupe l’axe des pommes en 160
(800/5) et celui des bananes en 800 (800/1).
b. La courbe d’offre relative mondiale est construite en déterminant l’offre de pommes par rapport à l’offre de
bananes pour chaque prix relatif. Le plus petit prix relatif pour lequel des pommes sont produites est
3 pommes pour 2 bananes. À ce prix, le pays domestique produit au maximum 400 unités de pommes. De
son côté, le pays étranger produit 800 bananes et aucune pomme, ce qui donne une offre relative
maximum de 1/2 pour un prix relatif de 3/2. Cette offre relative reste valable pour tous les prix compris
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entre 3/2 et 5. Pour un prix de 5, les deux pays produiront des pommes. La courbe d’offre relative redevient
plate en 5. En résumé, l’offre relative est constituée de trois segments. Elle est plate au prix de 3/2 pour
une offre relative comprise entre 0 et 1/2, verticale à la quantité relative 1/2, entre les prix 3/2 et 5, puis
plate une nouvelle fois entre 1/2 et l’infini lorsque le prix est égal à 5.
3. Imaginons que la demande relative mondiale prenne la forme suivante : demande de pommes / demande de
bananes = prix des bananes / prix des pommes.
a. Représentez graphiquement les courbes de demande et d’offre relatives mondiales.
b. Quel est le prix relatif d’équilibre des pommes sur le marché mondial ?
c. Quelle est la structure des échanges ?
d. Montrez que les deux pays gagnent à l’échange.
a. Dans le repère des prix et quantités relatifs, cette courbe de demande relative est une droite qui passe par
les points (1/5,5), (1,1), (2,1/2).
b. Le prix relatif d’équilibre des pommes se trouve à l’intersection des courbes d’offre et de demande
relatives. C’est le point (1/2, 2), où la courbe de demande relative coupe la courbe d’offre relative sur sa
section verticale. Le prix relatif d’équilibre est donc 2.
c. Le pays domestique ne produit que des pommes, et le pays étranger uniquement des bananes. Chaque
pays échange une partie de sa production contre une partie de la production de l’autre pays.
d. En autarcie, le pays domestique pourrait gagner 3 bananes en renonçant à 2 pommes, et le pays étranger
1 pomme en renonçant à 5 bananes. Le commerce permet à chaque pays d’échanger 2 bananes
pour 1 pomme. Le pays domestique pourra ainsi gagner 4 bananes en renonçant à 2 pommes, alors que
le pays étranger pourra obtenir 1 pomme en renonçant à seulement 2 bananes. Chaque pays gagne donc
au commerce.
4. Supposons qu’au lieu de 1 200 travailleurs, le pays domestique en accueille 2 400. Quel est le prix relatif
d’équilibre sur le marché mondial ? Comment se répartissent dans ce cas les gains à l’échange entre les deux
pays ?
L’augmentation du nombre de travailleurs domestiques déplace le plan d’offre relative de telle façon que les
coins sont en (1, 3/2) et (1, 5) plutôt qu’en (1/2, 3/2) et (1/2, 5). Le point d’intersection des courbes d’offre et de
demande relatives est maintenant sur la partie horizontale inférieure, au point (2/3, 3/2). Là encore, le pays
étranger gagne à l’échange. Mais pour le pays domestique, le coût d’opportunité des bananes en pommes est
le même qu’il y ait ou non du commerce. Le pays domestique ne gagne donc rien, mais ne perd rien non plus
au commerce.
5. Considérons toujours que le pays domestique dispose de 2 400 travailleurs, mais que leur productivité soit
divisée par deux dans chaque secteur. Construisez la courbe d’offre relative mondiale et déterminez le prix
relatif d’équilibre. Comparez les gains à l’échange avec ceux obtenus à la question 4.
La quantité de « travail effectif » n’a pas changé, puisque le doublement de la force de travail est accompagné
d’une réduction de moitié de la productivité du travail.
6. D’après des données récentes, le salaire mensuel d’un travailleur industriel chinois s’élève environ à 2 100
yuans, soit un peu moins de 230 euros au taux de change officiel. En France, le salaire mensuel moyen d’un
travailleur à temps plein est de l’ordre de 1 600 euros. Ce constat amène de nombreux commentateurs à
affirmer que l’ouverture au commerce avec la Chine doit contraindre les Français à accepter des réductions de
salaires et une révision à la baisse du système de protection sociale. Qu’en pensez-vous ?
Cette affirmation n’est qu’un exemple supplémentaire de l’argument du dumping social discuté dans ce
chapitre. Il faut bien noter que le niveau des salaires ne vient pas de nulle part. Les salaires sont déterminés
par les productivités relatives et les demandes relatives pour les différents biens. L’encadré 3.2 montre qu’il
existe effectivement une relation étroite entre salaire et productivité. Ainsi, le fait que les salaires chinois soient
relativement faibles est lié au fait que la France est relativement plus productive dans la plupart des secteurs.
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7. La productivité du travail au Japon est à peu près identique à celle des États-Unis dans le secteur
manufacturier. Ces derniers sont en revanche nettement plus productifs dans le secteur des services qui, pour
la plupart, ne sont pas échangeables. Selon certains analystes, cela pose un problème aux États-Unis, car leur
avantage comparatif se situe dans des biens qui ne peuvent pas être vendus sur le marché mondial. Pourquoi
ce raisonnement est-il erro ?
Puisque les États-Unis sont particulièrement productifs dans les services, les prix des services sont
relativement faibles. De leur côté, les travailleurs japonais peuvent gagner un salaire équivalent à celui des
travailleurs américains, mais le fait qu’ils soient moins productifs dans les secteurs des services non
échangeables pèse sur leur pouvoir d’achat.
8. En quoi l’existence de biens non échangeables affecte-t-il l’étendue des gains potentiels à l’échange ?
Il existe toujours des gains au commerce en présence de biens non échangeables. L’ampleur des gains
diminue cependant avec l’augmentation de la part des biens non échangeables dans l’économie. Si les coûts
de transport étaient assez importants pour que plus aucun bien ne soit échangé, il est évident qu’il n’y aurait
plus aucun gain au commerce…
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