AK1980_7_3_131-134

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Conduite à tenir devant ...
Les conseils à donner concernant
le choix des chaussures d'enfant
Ann.Kinésithér.,
B. HUFFSCHMITT
1980,7,131-134
*
Le Kinésithérapeute est souvent un conseiller, et comme tel se doit
d'orienter ses patients en connaissance de cause. Il n'est pas rare que les
parents demandent des conseils concernant le chaussement de leur enfant,
puisqu'ils soupçonnent - avec raison - que ce choix engage un peu
l'avenir du pied de ce dernier. Quelques conseils un peu «primaires ))...
mais non dépourvus de bon sens, permettront de conseiller utilement en
fournissant des références précises. Tous ces petits « brins de savoir ))que
possèdent individuellement les Kinésithérapeutes peuvent se réunir en un
tout, si chaque lecteur envoie à la revue de brèves communications de. ce
type.
Pour se chausser, il y a chaussures et chaussures, ou plus exactement,
chaussures
et « articles chaussants ». C'est sans doute cette dernière
appellation
qu'il convient
de retenir lorsque
l'on voit ce que nos
congénères peuvent parfois porter sous prétexte de suivre la mode.
Lorsqu'il s'agit d'adultes, on peut admettre qu'ils savent ce qu'ils font.
Lorsqu'il s'agit d'enfants, le problème est tout autre et il ne faut pas en
faire les victimes involontaires
d'une mode consta mment changeante
et
fréquemment
néfaste.
Acheter une paire de chaussures à nos enfents est un acte courant.
Cependant, cet acte si simple en apparence est plus important qu'on ne le
soupçonne. Un mauvais choix de chaussures peut avoir des conséquences
sérieuses, aussi bien dans l'immédiat
qu'à plus long terme. Cela est
particulièrement
vrai chez l'enfant qui fait ses premiers pas.
La chaussure d'enfant doit répondre à certains critères simples mais
précis que les parents doivent connaître et pouvoir aisément contrôler au
moment de l'acquisition.
Ces critères font l'unanimité du corps médical, et
notamment des pédiatres.
Une chaussure
*
Moniteur-Cadre
d'enfant
en Massa-Kinésithérapie,
doit
être
large et souple, mais également
Pédicure D.E., 11, avenue Emile-Savigner,
F 49240
Avrillé.
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••
assurer une parfaite stabilité latérale à la partie postérieure. Elle doit avoir
un rapport longueur-largeur en parfaite harmonie avec le pied de l'enfant.
La longueur
Elle ne se vérifie pas en appuyant avec le pouce sur le bout de la
chaussure à la recherche des orteils. Ni surtout en demandant à l'enfant si
« ça va... » Il vaut mieux employer un moyen plus fiable:
- soit une réglette graduée en matière plastique dont disposent
pratiquement tous les magasins spécialisés en chaussures d'enfant;
- soit une « première» (sorte de semelle) en carton ou en cuir,
prédécoupée, que l'on place sous le pied de l'enfant. Cette première
dépassera d'environ 1 cm la longueur réelle du pied. Il faut savoir qu'une
chaussette trop courte (et c'est beaucoup plus fréquent qu'on ne le pense)
peut radicalement fausser les données de longueur. Il faut donc prendre
ces mesures pieds nus.
La largeur
Elle se vérifie en observant et en recherchant une éventuelle tension
de la tige de la chaussure au niveau du cou-de-pied. Il ne doit pas exister
d'« étranglement». Cette opération prend toute son importance lorsqu'il y
a adjonction de semelles orthopédiques.
La souplesse
Elle s'évalue en « pliant» la chaussure au niveau des articulations
métatarso-phalangiennes. Cette sollicitation doit se faire sans trop de
résistance, se limiter à la seule région métatarso-phalangienne, donc ne
pas se prolonger à la région médio-tarsienne qui doit conserver une
parfaite ·stabilité.
Une chaussure raide au niveau de la région de l'avant-pied doit être
rejetée, car elle devient immédiatement génératrice de troubles de la
marche.
La stabilité latérale postérieure
Elle est assurée par un contrefort semi-circulaire, en matériau rigide,
résistant, et qui, partant du bord externe de la chaussure (apophyse
styloïde du 5e métatarsien) contourne le talon, prend le bord interne de la
chaussure et se termine pratiquement en regard de la tête du 1er rayon.
C'est cet élément de la chaussure qui conditionne la stabilité latérale
et postérieure du pied, empêchant toute bascule en valgus ou en varus.
Ce contrefort se contrôle très facilement au toucher de la chaussure.
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Le talon de la chaussure
Sa hauteur, mesurée à l'aplomb postérieur de la chaussure, varie de
12 à 20 mm, suivant l'âge de l'enfant. Le matériau retenu sera essentiellement le caoutchouc dur ou une matière similaire.
La semelle
Elle sera de préférence en cuir (tannage végétal lent}, en caoutchouc
dur ou en matière similaire. Il faut absolument éviter le crêpe mou trop
souple, qui n'offre pas suffisamment de résistance à l'appui et favorisera
de ce fait les bascules latérales du pied pour peu que l'enfant présente une
légère déficience musculo-ligamentaire.
Si le cuir demeure sans doute le matériau « royal» pour une semelle, il
faut bien reconnaître qu'il est désormais très coûteux, et d'usure très
rapide. Une bonne semelle en caoutchouc fera donc très bien l'affaire.
Le dessus de la chaussure (la tige}, la doublure intérieure et la semelle
intérieure (la première) seront impérativement en cuirs de très bonne
qualité.
Ce point est capital, car le pied doit pouvoir « respirer}) à l'intérieur de
la chaussure, et seul le cuir peut permettre cela. Tout autre matériau
synthétique favorisera une sudation excessive, au détriment de l'hygiène
et de la bonne santé du pied, et devra donc être rejeté.
Le bout de la chaussure
La forme et le volume de l'extrémité antérieure de la chaussure sont
d'une importance capitale. En effet, un bon déroulement du pas à la
marche nécessite un volume suffisamment spacieux au niveau des orteils,
qui doivent être à l'aise. La moindre gêne à ce niveau entraînera une
rotation axiale du pied pendant la marche.
Chaussures montantes ou chaussures basses?
Tout le monde est d'accord pour conseiller au départ une chaussure
montante, la plupart du temps pour la seule raison qu'un petit pied
d'enfant ne peut pas tenir dans une chaussure basse et que de ce fait il
déchaussera constamment. En grandissant, la morphologie du pied se
modifiant, on peut envisager l'acquisition de chaussures basses.
Mais l'expérience prouve à l'évidence que l'âge n'est pas forcément le
critère à retenir pour passer de la chaussure à tige montante à la
chaussure à tige basse: c'est la morphologie du pied de l'enfant qui sera
l'élément déterminant, le moment venu.
Au moment de ses premières chaussures basses, l'enfant sera
quelque peu décontenancé, se sentant moins « sécurisé» du fait de la
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liberté recouvrée au niveau de la cheville. Ce ne sera l'affaire que de
quelques jours.
CONCLUSIONS
Dans ce domaine aussi, il faut savoir faire un « bon choix». Le
kinésithérapeute est particulièrement bien placé pour orienter les parents
vers ce bon choix, et plus spécialement lorsqu'il a en traitement des
enfants. L'observance de ces quelques principes simples et élémentaires,
et qui ne prendront que quelques minutes de plus au moment de l'achat
des chaussures, permettront souvent d'éviter de nombreux problèmes
d'ordre statiques et dynamiques qui, hélas, « empoisonnent» parfois notre
existence d'adulte.
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