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Le troisième apport que nous proposons au modèle de VAN GIGCH pour l'adapter à la
gestion environnementale est d'y intégrer le processus d'amélioration continue.
L'amélioration continue exige l'évaluation des performances de l'entreprise et la comparaison
des performances effectives avec les objectifs fixés initialement afin de réorienter la définition
des actions à mettre en œuvre. Cette évaluation implique une diffusion "bottom-up"158 de
l'information, c'est à dire que chaque niveau décisionnel doit non seulement prendre en
compte les rationalités qui lui sont fournies par son "méta-niveau" (niveau décisionnel
précédent), mais aussi par le niveau décisionnel qui sera sollicité postérieurement dans le
déroulement du projet, mais qui peut apporter des informations sur les expériences passées et
les réalités de la production. Nous appellerons ce niveau "infra-niveau" (par exemple, il s'agit
des niveaux opérationnel et tactique pour le niveau stratégique).
Le quatrième apport que nous proposons au modèle de VAN GIGCH est donc d'intégrer les
possibilités pour l'information de remonter de chaque "infra-niveau" vers les niveaux
décisionnels précédents.
2. Représentation de la PME intégrant l'environnement comme un méta-
système
Nous avons soulevé le fait que les PME ont généralement une approche restrictive et
pragmatique de l'environnement, focalisée sur leurs problèmes immédiats (paragraphe I.C.3).
Leur prise de conscience de la nécessité d'intégrer l'environnement est souvent déclenchée par
un problème qui se pose au niveau opérationnel dans sa gestion quotidienne. Par exemple, il
peut s'agir de la disparition de la filière habituelle d'élimination des déchets suite à la
fermeture d'une décharge, de la mise en évidence d'une non-conformité réglementaire par un
partenaire externe (tel que la police ou le médecin du travail qui dénonce le brûlage des
déchets en fond de cour !), d'une augmentation des coûts liés à l'élimination des déchets ou de
l'interdiction d'utiliser un produit, etc.
En fait, cette question opérationnelle est le "signal d'alarme" d'une absence de prise en compte
des contraintes environnementales par l'entreprise.
Dans un cas "idéal", l'industriel devrait répondre à cette menace par une réflexion stratégique
intégrant les questions liées à l'environnement. C'est à dire qu'il devrait définir les enjeux liés
à l'environnement pour son entreprise puis étudier comment maîtriser ces enjeux au niveau du
site industriel et des produits fabriqués. Cela nous conduit à poser la question de savoir
comment faire effectuer à l'entreprise ce "saut stratégique" : comment l'amener à se poser des
questions stratégiques sur son entreprise intégrant la composante environnementale à partir
d'un problème auquel elle est confrontée au niveau opérationnel et auquel elle désire trouver
une solution immédiate ?
Ensuite, les décisions stratégiques devraient être traduites en décisions au niveau tactique,
c'est à dire en proposant des solutions pour réduire les impacts environnementaux des
opérations, procédés et produits de l'organisme. Le responsable technique doit intégrer dans
ses choix technologiques et organisationnels les approches présentées au paragraphe I.B.3
pour réduire les consommations (en eau, énergies, matières premières et consommables), les
volumes et la toxicité des émissions (déchets, rejets liquides et atmosphériques), les nuisances
(bruits, odeurs, vibrations, etc.) et les risques liés à l'installation. Bien sûr, l'ensemble des
problèmes environnementaux ne pourra être résolu immédiatement ! La norme ISO 14 001
préconise la hiérarchisation des différents aspects et impacts environnementaux afin
158 Littéralement, du bas vers le haut