Devoir de français sur l`objet d`étude « Théâtre, texte

Classe de Première S 2 – Devoir à la maison sur l’objet d’étude « Théâtre »
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Classe de Première S 2 : Devoir de français sur l’objet d’étude « Théâtre, texte et représentation »
Texte 1, Molière, L’école des femmes, 1662.
Texte 2, Racine, Phèdre, 1677.
Texte 3, Musset, On ne badine pas avec l’amour, 1834.
Texte 4, Henry Becque, La parisienne, 1885.
Texte 1
Arnolphe, 42 ans, a décidé d’épouser Agnès, 17 ans, mais celle-ci est amoureuse d’un jeune homme, et s’apprête à le
suivre. Ici Arnolphe fait ce reproche à la jeune fille, et elle réplique en se justifiant.
Agnès.
Pourquoi me criez-vous ?
Arnolphe.
J’ai grand tort en effet !
Agnès.
Je n’entends point de mal dans tout ce que j’ai fait.
Arnolphe.
Suivre un galant n’est pas une action infâme ?
Agnès.
C’est un homme qui dit qu’il me veut pour sa femme :
J’ai suivi vos leçons, et vous m’avez prêché
Qu’il se faut marier pour ôter le péché.
Arnolphe.
Oui. Mais pour femme, moi je prétendais vous prendre ;
Et je vous l’avais fait, me semble, assez entendre.
Agnès.
Oui. Mais, à vous parler franchement entre nous,
Il est plus pour cela selon mon goût que vous.
Chez vous le mariage est fâcheux et pénible,
Et vos discours en font une image terrible ;
Mais, las ! Il le fait, lui, si rempli de plaisirs,
Que de se marier il donne des désirs.
Arnolphe.
Ah ! C’est que vous l’aimez, traîtresse !
Agnès.
Oui, je l’aime.
Arnolphe.
Et vous avez le front de le dire à moi-même !
Agnès.
Et pourquoi, s’il est vrai, ne le dirais-je pas ?
Arnolphe.
Le deviez-vous aimer, impertinente ?
Agnès.
Hélas !
Est-ce que j’en puis mais ? Lui seul en est la cause ;
Et je n’y songeais pas lorsque se fit la chose.
Arnolphe.
Mais il fallait chasser cet amoureux désir.
Agnès.
Le moyen de chasser ce qui fait du plaisir ?
Arnolphe.
Et ne saviez-vous pas que c’était me déplaire ?
Agnès.
Moi ? Point du tout. Quel mal cela vous peut-il faire ?
Arnolphe.
Il est vrai, j’ai sujet d’en être réjoui.
Vous ne m’aimez donc pas, à ce compte ?
Agnès.
Vous ?
Arnolphe.
Oui.
Agnès.
Hélas ! Non.
Arnolphe.
Comment, non !
Agnès.
Voulez-vous que je mente ?
Arnolphe.
Pourquoi ne m’aimer pas, madame l’impudente ?
Agnès.
Mon Dieu, ce n’est pas moi que vous devez blâmer :
Que ne vous êtes-vous, comme lui, fait aimer ?
Je ne vous en ai pas empêché, que je pense.
Arnolphe.
Je m’y suis efforcé de toute ma puissance ;
Mais les soins que j’ai pris, je les ai perdus tous.
Agnès.
Vraiment, il en sait donc là-dessus plus que vous ;
Car à se faire aimer il n’a point eu de peine.
Molière, L’école des femmes, Acte V, scène 4.
Texte 2
Hippolyte a décidé de choisir le camp politique d’Aricie, dans l’éventuelle succession de son père Thésée, que l’on croit
mort. En réalité son choix est dicté par le fait qu’il est amoureux de la jeune fille, et dans ce passage il finit par le lui faire
comprendre.
Aricie.
De tout ce que j’entends étonnée et confuse,
je crains presque, je crains qu’un songe ne m’abuse.
Veillé-je ? Puis-je croire un semblable dessein ?
Quel Dieu, seigneur, quel Dieu l’a mis dans votre sein ?
Qu’à bon droit votre gloire en tous lieux est semée !
Et que la vérité passe la renommée !
Vous-même, en ma faveur, vous voulez vous trahir ?
N’était-ce pas assez de ne me point haïr,
et d’avoir si longtemps pu défendre votre âme
de cette inimitié...
Hippolyte.
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Moi, vous haïr, madame ?
Avec quelques couleurs qu’on ait peint ma fierté,
croit-on que dans ses flancs un monstre m’ait porté ?
Quelles sauvages mœurs, quelle haine endurcie
pourrait, en vous voyant, n’être point adoucie ?
Ai-je pu résister au charme décevant...
Aricie.
Quoi ? Seigneur.
Hippolyte.
Je me suis engagé trop avant.
Je vois que la raison cède à la violence.
Puisque j’ai commencé de rompre le silence,
madame, il faut poursuivre : il faut vous informer
d’un secret que mon cœur ne peut plus renfermer.
Vous voyez devant vous un prince déplorable,
d’un téméraire orgueil exemple mémorable.
Moi qui contre l’amour fièrement révolté,
aux fers de ses captifs ai longtemps insulté ;
qui des faibles mortels déplorant les naufrages,
pensais toujours du bord contempler les orages ;
asservi maintenant sous la commune loi,
par quel trouble me vois-je emporté loin de moi ?
Un moment a vaincu mon audace imprudente :
cette âme si superbe est enfin dépendante.
Depuis près de six mois, honteux, désespéré,
portant partout le trait dont je suis déchiré,
contre vous, contre moi, vainement je m’éprouve :
présente, je vous fuis ; absente, je vous trouve ;
dans le fond des forêts votre image me suit ;
la lumière du jour, les ombres de la nuit,
tout retrace à mes yeux les charmes que j’évite ;
tout vous livre à l’envi le rebelle Hippolyte.
Racine, Phèdre, Acte II, scène 2.
Texte 3
Camille et Perdican sont deux jeunes aristocrates, Rosette une paysanne sœur de lait de Camille, et ils se connaissent tous
depuis l’enfance. Les deux jeunes filles sont amoureuses de Perdican, qui a flirté avec Rosette, mais est réellement attiré
par Camille. Celle-ci hésite beaucoup entre le couvent et le mariage, car elle est amoureuse de Perdican, mais à la suite de
divers malentendus aucune déclaration d’amour n’a pas été clairement faite, et Camille croit qu’elle est rejetée par le jeune
homme. On a ici le dénouement de la pièce.
Un oratoire.
Entre Camille ; elle se jette au pied de l’autel.
M’avez-vous abandonnée, ô mon Dieu ? Vous le savez, lorsque je suis venue, j’avais juré de vous être fidèle, quand j’ai
refusé de devenir l’épouse d’un autre que vous, j’ai cru parler sincèrement devant vous et ma conscience ; vous le savez,
mon père, ne voulez-vous donc plus de moi ? Oh ! pourquoi faites-vous mentir la vérité elle-même ? Pourquoi suis-je si
faible ? Ah ! malheureuse, je ne puis plus prier !
Entre Perdican.
Perdican.
Orgueil, le plus fatal des conseillers humains, qu’es-tu venu faire entre cette fille et moi ? La voilà pâle et effrayée, qui
presse sur les dalles insensibles son cœur et son visage. Elle aurait pu m’aimer, et nous étions nés l’un pour l’autre ; qu’es-tu
venu faire sur nos lèvres, orgueil, lorsque nos mains allaient se joindre ?
Camille.
Qui m’a suivie ? Qui parle sous cette voûte ? Est-ce toi, Perdican ?
Perdican.
Insensés que nous sommes ! nous nous aimons. Quel songe avons-nous fait, Camille ? Quelles vaines paroles, quelles
misérables folies ont pascomme un vent funeste entre nous deux ? Lequel de nous a voulu tromper l’autre ? Hélas ! cette
vie est elle-même un si pénible rêve : pourquoi encore y mêler les tres ? Ô mon Dieu ! le bonheur est une perle si rare
dans cet océan d’ici-bas ! Tu nous l’avais donné, pêcheur céleste, tu l’avais tiré pour nous des profondeurs de l’abîme, cet
inestimable joyau ; et nous, comme des enfants gâtés que nous sommes, nous en avons fait un jouet. Le vert sentier qui nous
amenait l’un vers l’autre avait une pente si douce, il était entouré de buissons si fleuris, il se perdait dans un si tranquille
horizon ! Il a bien fallu que la vanité, le bavardage et la colère vinssent jeter leurs rochers informes sur cette route céleste,
qui nous aurait conduits à toi dans un baiser ! Il a bien fallu que nous nous fissions du mal, car nous sommes des hommes. Ô
insensés ! nous nous aimons.
Il la prend dans ses bras.
Camille.
Oui, nous nous aimons, Perdican ; laisse-moi le sentir sur ton cœur. Ce Dieu qui nous regarde ne s’en offensera pas ; il veut
bien que je t’aime ; il y a quinze ans qu’il le sait.
Perdican.
Chère créature, tu es à moi !
Il l’embrasse ; on entend un grand cri derrière l’autel.
Camille.
C’est la voix de ma sœur de lait.
Perdican.
Comment est-elle ici ? je l’avais laissée dans l’escalier, lorsque tu m’as fait rappeler. Il faut donc qu’elle m’ait suivi sans
que je m’en sois aperçu.
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Camille.
Entrons dans cette galerie ; c’est là qu’on a crié.
Perdican.
Je ne sais ce que j’éprouve ; il me semble que mes mains sont couvertes de sang.
Camille.
La pauvre enfant nous a sans doute épiés ; elle s’est encore évanouie ; viens, portons-lui secours ; hélas ! tout cela est cruel.
Perdican.
Non, en vérité, je n’entrerai pas ; je sens un froid mortel qui me paralyse. Vas-y, Camille, et tâche de la ramener. (Camille
sort.) Je vous en supplie, mon Dieu ! ne faites pas de moi un meurtrier ! Vous voyez ce qui se passe ; nous sommes deux
enfants insensés, et nous avons joué avec la vie et la mort ; mais notre ur est pur ; ne tuez pas Rosette, Dieu juste ! Je lui
trouverai un mari, je réparerai ma faute ; elle est jeune, elle sera riche, elle sera heureuse ; ne faites pas cela, ô Dieu ! vous
pouvez bénir encore quatre de vos enfants. Eh bien ! Camille, qu’y a-t-il ?
Camille rentre.
Camille.
Elle est morte. Adieu, Perdican !
Musset, On ne badine pas avec l’amour, Acte III, scène 8 et dernière.
Texte 4
Pièce de mœurs, cette œuvre est une satire de la société bourgeoise de la fin du XIXème siècle
ACTE 1, SCENE 1.
Le théâtre représente un salon élégant. Au fond, porte à deux battants ; au fond également, à gauche, une deuxième porte à
deux battants ; à droite, une fenêtre. Portes latérales, celle de droite, dans le milieu, à deux battants ; celle de gauche,
simple et au premier plan. à droite, contre le mur, un meuble secrétaire. En scène, à gauche, une table-guéridon et sur la
table un buvard. Meubles divers, glaces, fleurs, etc.
Clotilde, Lafont.
Lever du rideau, la scène est vide. Clotilde, habillée, gantée, son chapeau sur la tête, entre par le fond, précipitamment. Elle
tient une lettre fermée à la main. Elle va à la table, lève le buvard et cache la lettre dessous. Elle gagne le meuble
secrétaire, tout en tirant un trousseau de clefs de sa poche. Lafont paraît à ce moment. Il la voit . Elle fait mine de fermer
le secrétaire à triple tour. Lafont dépose son chapeau et s’avance sur Clotilde, très ému, en se dominant avec peine.
Lafont.
Ouvrez ce secrétaire et donnez-moi cette lettre.
Clotilde.
Non.
Un temps.
Lafont.
Ouvrez ce secrétaire et donnez-moi cette lettre.
Clotilde.
Je ne le veux pas.
Un autre temps plus long que le premier.
Lafont.
D’où venez-vous ?
Clotilde.
Ah ! C’est autre chose maintenant.
Lafont.
Oui, c’est autre chose. Je vous demande d’où vous venez.
Clotilde.
Je vais vous le dire. Je voudrais que vous vous regardiez
en ce moment pour voir la figure que vous me faites.
Vous n’êtes pas beau, mon ami. Vous me plaisez mieux
dans votre état ordinaire. Où irons-nous, mon dieu, si
vous perdez toute mesure pour un méchant billet que le
premier venu peut-être m’a adressé ?
Lafont.
Ouvrez ce secrétaire et donnez-moi cette lettre.
Clotilde.
Vous allez l’avoir... vous devez penser que des scènes
comme celle-ci, si elles se renouvelaient fréquemment,
me détacheraient bien vite de vous. Je ne pourrais pas, je
vous en préviens, subir un interrogatoire, chaque fois que
j’aurais mis le pied dehors.
Lafont.
D’où venez-vous ?
Clotilde.
Tâchez donc d’être logique au moins, je vous le
conseille. Il n’est pas probable que je quitte quelqu’un et
qu’en rentrant chez moi je trouve un mot de lui.
Lafont.
Ouvrez ce secrétaire et donnez-moi cette lettre.
Clotilde.
Vous plaisantez, n’est-ce pas ?
Lafont.
Je n’en ai pas l’air.
Clotilde.
Vous me soupçonnez alors ?
Lafont.
C’est plus probable.
Il lui montre le secrétaire de la main.
Clotilde.
Vous le voulez ? Vous l’exigez ? Vous me le
commandez ? C’est bien. (elle cherche lentement, avec
affectation, la poche de sa robe ; elle en retire un
mouchoir d’abord, un carnet et les clefs ; elle remet le
carnet et le mouchoir ; jetant les clefs à la volée.) ouvrez
vous-même. (elle le quitte ; il reste immobile, indécis, en
rongeant son frein.) allons, ramassez donc et allez ouvrir.
Quand on a commencé, on va jusqu’au bout. On montre
qu’on est un homme. (il se décide, se dirige vers les clefs
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et se baisse ; le rejoignant.) prenez bien garde à ce que
vous allez faire. Si vous touchez ces clefs du bout des
doigts... du bout des doigts..., ce n’est pas moi qui le
regretterai, ce sera vous.
Lafont, il hésite, ramasse les clefs et les lui donne.
Reprenez vos clefs.
Pause pendant laquelle Clotilde ôte son chapeau et ses
gants, se met chez elle.
Clotilde.
Ça augmente, vous savez.
Lafont.
Qu’est-ce qui augmente ?
Clotilde.
Le mal est en progrès, je vous en avertis.
Lafont.
Quel mal ?
Clotilde.
Je m’étais bien aperçue déjà que vous me surveilliez et je
riais de la peine que vous vous donniez... si inutilement.
Jusqu’ici cependant il n’y avait rien à dire. C’était de la
jalousie, mais une jalousie aimable, qui flatte l’amour-
propre d’une femme et dont elle s’amuse. Vous venez de
passer à l’autre, la jalousie stupide, grossière, brutale,
celle qui nous blesse profondément et que nous ne
pardonnons jamais deux fois. Recommencerez-vous ?
Lafont.
Clotilde ?
Clotilde.
Recommencerez-vous ?
Lafont.
Non.
Clotilde.
A la bonne heure.
Lafont.
Clotilde ?
Clotilde.
Quoi, mon ami ?
Lafont.
Vous m’aimez ?
Clotilde.
Aujourd’hui moins qu’hier.
Lafont.
Vous désirez me voir heureux ?
Clotilde.
Je vous l’ai montré assez, je crois.
Lafont.
J’ai peur de tous ces jeunes gens que vous rencontrez et
qui tournent autour de vous.
Clotilde.
Vous avez bien tort. Je cause avec l’un et avec l’autre ; le
dos tourné, je ne sais plus seulement qui m’a parlé.
Henry Becque, La parisienne, 1885.
Vous traiterez d’abord les deux questions suivantes. (8 points)
1°) Quelles sont les différentes modalités théâtrales de la parole amoureuse dans les quatre textes ? Appuyez-
vous sur des indices très précis pour justifier votre réponse. (4 points)
2°) Quels registres sont en jeu dans ces quatre textes ? Appuyez-vous sur des indices très précis pour justifier
votre réponse. (4 points)
Vous traiterez ensuite un seul des deux sujets ci-dessous, commentaire ou dissertation. (12 points)
1°) Vous ferez le commentaire de texte littéraire de l’extrait de L’école des femmes.
2°) A quoi tiennent la réussite et la force d'une scène d'affrontement au théâtre ? Vous répondrez à cette question
en vous appuyant sur les textes proposés, ceux que vous avez étudiés en classe, ainsi que sur vos lectures
personnelles. Vous veillerez à envisager le théâtre dans sa double dimension, écriture et mise en scène.
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