Le théâtre d`objets - Culture humaniste 66

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Itinéraire d’un PAC
Ecole de Bouleternère Année 2009-2010
Classe de CM1-CM2
Le théâtre d’objets
Il convient tout d’abord de définir le théâtre d’objets.
Un théâtre d'objets est un type de théâtre d’effigie où les objets ne sont plus accessoires de
théâtre servant au comédien, mais effigie.
Ils ont leur vie propre. Ils peuvent être manipulés directement ou à l'aide de contrôle (comme
une marionnette). Ce sont en général des objets à l'état brut, non transformés pour le
spectacle et utilisés comme des personnages (comme un tube de dentifrice un crayon, une
boule à thé, un coton tiges, des oignons, un essuie-tout).
Le manipulateur doit trouver la respiration, le déplacement et la voix (s'il parle) de l'objet, en
tenant compte de sa forme et de sa matière.
Ce décalage avec l'utilisation quotidienne des objets crée des situations poétiques et
humoristiques.
Forte de cette définition et accompagnée de la comédienne Marielle Durand, j’ai essayé de
mettre en place un spectacle où l’objet prend une place autre.
Mais le théâtre est vivant et, il convient de dire qu’au final le résultat ne correspond pas
réellement à la définition donnée plus haut même si nous avons pu appréhender ce qu’est le
théâtre d’objets.
Les différentes étapes du PAC
1. La pratique théâtrale
1ère séance avec la comédienne :
Objectifs :
•
•
•
Présenter différents types de marionnettes : à fil, à gaine, à gaine lyonnaise.
Découvrir différents matériaux utilisés pour leur construction.
A partir de ces découvertes, laisser parler son imaginaire.
Déroulement :
a) D’où vient le mot marionnette ? A quelle époque apparaît-la marionnette?
La comédienne interroge les enfants pour faire émerger leurs représentations des
marionnettes. Ils parlent de marionnettes à fil, à bâtons, des ventriloques
Elle leur indique que le mot marionnette vient du mot Marie mère de l’enfant Jésus car au
départ, on racontait l’histoire religieuse grâce à des statues.
Une des formes les plus anciennes du théâtre fait intervenir la marionnette, elle date du temps
des Grecs.
b) Différents types de marionnettes
La comédienne présente plusieurs types de marionnettes que les élèves peuvent toucher et
faire évoluer. Cela va de la marionnette dans sa forme la plus simple (une boule de
polystirène, de bois avec un foulard) à la marionnette très sophistiquée ( à fils)
Les enfants s’interrogent sur ce qui est important pour que la marionnette soit expressive ; il
ressort des différentes confrontations que ce sont la bouche et les yeux qui lui donnent toute
son expression.
On aborde aussi le cas de la marionnette du théâtre d’ombres.
c) Prise de connaissance
La comédienne demande aux enfants de dire quel est leur livre préféré et pourquoi ? Cela peut
être aussi leur bande dessinée, peinture, film, émission télévisée.
Chaque enfant s’exprime. Afin que tous puissent entendre ce que dit son camarade, Marielle
leur demande de placer leur voix en travaillant sur la notion de colonne d’air. Cette colonne
porte leur voix.
d) Exercices de théâtre
Le massage
Le corps : Les enfants sont deux par deux. Chaque enfant doit masser son camarade à l’aide
d’un vêtement comme s’il bouchonnait son cheval
Le massage devra d’abord être doux, puis plus énergique. Il dervra ensuite être fait de loin
(sans toucher son camarade), puis d’encore plus loin mais en gartant la notion du corps de
l’autre.
Les "tissus" : expérimentation de différents types de matériaux
Les enfants sont par groupe de 8. Chaque groupe reçoit un "tissu" différent : un plastique très
fin, un drap blanc et un drap noir.
Consigne 1 : Vous essayez de faire quelque chose avec le "tissu"qu’on vous donne.Vous
devez aller doucement, ne pas courir, ne pas parler et essayer de voir les possibilités du
"tissu".
Les groupes expérimentent à tour de rôle les différents tissus. Diverses possibilités
apparaissent comme les vagues, les claquements, …
La comédienne propose ensuite de mettre une balle sur les tissus tendus. Le groupe doit la
faire rouler sans qu’elle tombe, puis c’est le tour d’une bille.
Un travail avec le plastique et l’eau est aussi réalisé, il s’avère un peu plus compliqué de gérer
les deux matériaux. Cependant cela permet aux enfants d’explorer de nouvelles possibilités :
on fait rouler l’eau sur leur visage à travers le plastique. L’expérience fait beaucoup d’adeptes
et pas mal de flaques !
Consigne 2 : Chaque groupe doit inventer une histoire parlée ou non parlée avec son tissu.
Travail de groupe : Ce travail fait apparaître la difficulté de travailler en groupe. Des conflits
apparaissent ; il faut en parler.
On relègue la notion de faute et on propose de trouver des solutions.
Le statut de l’erreur est remis en avant mais la notion de l’équipe prend aussi toute sa valeur.
Il s’agit d’accepter les autres tout en restant soi-même.
Représentations :
Mise au point : Le spectateur respectueux : La comédienne insiste sur la place du spectateur.
Le rôle de celui qui regarde est aussi important que celui qui présente son spectacle.
L’endroit du spectacle :ce n’est pas n’importe quoi, il a son importance.
Les trois coups : ils préparent le spectateur à mobiliser son attention.
Les trois spectacles sont présentés un à un . la comédienne demande aux acteurs de
s’exprimer puis elle demande la même chose aux spectateurs. Ensuite, elle donne des conseils
au groupe afin qu’il améliore sa prestation ;
L’utilisation du tissu est difficile. Dans un groupe, il devient costume, dans l’autre groupe, il
est aquarium.
Objectifs pour les séances futures :
Commencer par rediscuter avec les enfants au sujet de leurs improvisations et les retravailler
en émettant des critiques positives et don constructives.
Montrer que le tissu peut avoir sa propre vie, ses propres réactions.
Travailler sur l’imaginaire :
• petits sons
• petits cliquetis
• gros bruits
Séances suivantes :
Lors des séances suivantes, émerge le fil conducteur du temps qui passe.
La séance qui suit la rencontre avec la comédienne se déroule encore avec les tissus. Un
groupe reçoit un tissu blanc, il doit travailler sur la vie. Le second reçoit la bâche plastique et
doit travailler sur le thème de la naissance. En fin, le dernier groupe qui a reçu le tissu noir
travaillera sur le thème de la mort
Les trois groupes, peu à peu, mettent en place leur propre saynète.
Mais le tissu qui devait prendre sa propre vie n’en prend pas tout à fait le chemin.
Dans le groupe de la naissance, il symolise la Terre, il est une sorte de paravent dans la vie, ou
plutôt lieu de vie, et il devient costume dans la mort.
Je décide cependant de conserver la direction prise par les élèves.
Au fil des séances, les saynètes vont être améliorées. Elles seront ensuite présentées à la
comédienne Marielle Durand.
2ème séance avec la comédienne :
1ère partie :
Chaque groupe présente son travail à Marielle. Elle donne des conseils, fait retravailler
postures, démarches en fonction du personnage qui est joué. On travaille sur les prises de
parole, les positions dans l’espace, la portée de la voix. Elle indique les pièges dans lesquels
ne pas tomber. Elle rassure, complimente, redynamise les groupes.
2ème partie
Objectifs : Découvrir le théâtre d’objets.
Des objets de toutes sortes sont au centre de la salle.
Consigne : Sélectionner 5 objets chacun. Une fois les 5 objets choisis, on retourne à sa place.
On essaie toutes les possibilités de l’objet en dehors de sa fonction première ( ex : le tamis : il
roule, il saute). On l’assemble avec un autre objet. Là encore, on expérimente. Puis on invente
une petite histoire sans paroles qui intègre ces objets.On doit le faire seul sans parler avec les
autres. Il est bien sûr impossible de changer d’objet ou de casser un objet.
C’est le théâtre d’objets : les objets racontent des choses qu’on ne voit pas On met les objets
ensemble, on regarde comment ils dialoguent entre eux.
Dans ce type d’exercice, il est important de souligner qu’il n’y a pas de bonne réponse ;
En fait, il n’y a que des bonnes réponses.
Déroulement :
Les objets sont disposés au centre de la salle. Il reste à choisir …
Chaque enfant exécute la consigne. Il y a un peu de difficulté à travailler dans le silence. Peutêtre un peu de solitude face à la tâche pour certains ou la peur de se tromper, de mal faire…
Chacun réfléchit et observe. On tente même quelques expériences
Petit coup de pouce de Marielle
Les enfants, un à un, viennent montrer leur travail.
Beaucoup de poésie, de fantaisie, d’imaginaire se dégagent de chacune des saynètes qui sont
applaudies avec le même enthousiasme par tous.
Attention : les lunettes ! Ce n’est pas si simple de s’en servir. Il faut diriger le regard et …voilà !
Les enfants s’expriment à propos du travail qu’ils viennent de réaliser. La discussion s’engage
avec Marielle.
Il ressort de cet échange que même si certains se sont sentis plus à l’aise dans l’exercice que
d’autres, tous ont eu envie d’y participer et de montrer ce qu’ils avaient fait.
L’histoire imaginée par l’acteur n’est pas forcément celle lue, vue par le spectateur mais
cela n’enlève rien au plaisir du spectacle, au contraire.
Les séances suivantes :
Elles seront consacrées en premier lieu au théâtre d’objets. Chaque élève a pour consigne de
ramener 5 objets différents qui pourront s’accorder pour inventer une petite histoire qu’il
présentera à ses camarades.
La représentation finale incluera 5 petites séquences du théâtre d’objets qui seront
représentées à la fin de la prestation.
La comédienne indique qu’il faudra prévoir une organisation spécifique pour cette dernière
partie : les spectateurs devront monter sur scène et s’asseoir par terre pour être prêts des
petites tables sur lesquelles seront présentées les saynètes.
Il faudra aussi prévoir un éclairage spécial pour que chaque table soit éclairée tour à tour.
Les trois saynètes qui ont pour thème "Le temps qui passe" seront conservées et améliorées.
3ème séance avec la comédienne :
Objectifs : Finaliser la présentation finale
Chaque saynète est présentée à Marielle qui va faire retravailler certains éléments clés.
La naissance : le groupe fonctionne. On travaille sur les arbres et fleurs qui ne montrent pas
assez leur vie propre. On travaille aussi sur le final qui doit être plus dynamique : c’est la
révolution.
La vie : on retravaille un par un les différents personnages :
• Le bébé, on doit voir ce qui le fait pleurer
• L’enfant : on doit davantage sentir ses colères.
• Les ados : elles doivent être plus "fofolles", elles doivent être plus extravagantes.
• Les parents : on retravaille le final
• Les grands-parents : même chose
La mort : Pas mal de choses sont à revoir pour ce groupe qui a davantage tâtonné et qui n’est
pas sûr de l’intérêt de son histoire. Le travail se situe sur la démarche de la reine, sa posture,
sa différence par rapport à ses sujets. Le placement des acteurs n’est pas correct, le rôle du
mendiant doit être plus fort. Marielle fait remarquer aux enfants que jouer avec un masque
demande un travail très spécifique et que sans ce travail le rôle de la mort perd de sa
crédibilité. On décide d’enlever le masque et de faire porter une cape noire avec capuche à la
mort.
Le final : Marielle fait travailler le salut final aux enfants qui apprennent à se positionner en
file et à respirer pour saluer. Ce dernier détail qui n’en est pas un permet de réellement
finaliser le spectacle.
Les changements de scène : Ils doivent se faire dans le silence, pour l’instant ce n’est
absolument pas le cas, les enfants sont sensibilisés au fait que cela est nécessaire pour que les
spectateurs restent accrochés.
Le théâtre d’objets : C’est un théâtre qui demande une organisation particulière et un public
restreint. En accord avec les enfants, nous décidons d’abandonner cette partie du projet qui
semble peu réalisable au Théâtre de Perpignan. Nous pourrons peut-être envisager de faire
une représentation devant les élèves d’une classe de l’école.
2. Les rencontres
• Le théâtre de Perpignan
En parallèle, nous visitons le Théâtre de Perpignan.
Le mauvais temps fait que, en attendant que la classe des CE1-CE2 découvre le Théâtre, nous
sommes obligés de nous réfugier dans la salle du haut où se trouve une petite scène de théâtre.
Nous improvisons une séance de travail théâtral car justement nous sommes en train
d’apprendre un extrait de Cyrano de Bergerac où il est bien sûr question de son nez.
Les enfants volontaires viennent déclamer leur extrait.
« C’est un pic, c’est un cap … Que dis-je c’est un cap ? C’est une péninsule ! »
On s’essaie dans les diverses façons de déclamer : ironique, timide, naïf, agressif …
Les quelques petits exercices d’improvisation qui suivent vont nous permettre d’attendre la
visite guidée du théâtre en restant tout à fait dans le sujet.
Les enfants découvrent ce lieu avec beaucoup d’intérêt. Le vocabulaire spécifique au théâtre,
l’histoire du lieu, les anecdotes qui jalonnent la visite tiennent tout le monde en haleine.
Un lieu magique…
Un avant goût de cette scène gigantesque comparée à celle de la salle des fêtes sur laquelle les enfants
s’exercent
Nous découvrirons ensuite un autre lieu culturel proche du Théâtre, : le musée Hyacinthe Rigaud. Mais
auparavant, commpe la pluie s’est arrêtée, nous décidons de faire au pas de course le rallye d’Arthur que propose
la Casa Xanxo.
Découverte des œuvres de Hyacinthe Rigaud
La collection particulière donnée par un des notables de Perpignan nous permet de
découvrir une multitude d’œuvres. Je choisis ici de présenter celle-ci. Rideau !
• Un spectacle avec des marionnettes à l’école
L’homme et sa poisse par la Compagnie La petite vitesse
Il a vraiment pas de chance,l'homme.
Vainement tout essayé pour
se débarrasser de sa guigne.
"Va voir le Grand Répondeur,
celui pour qui l'énigme
est une solution."
Ses rencontres ?
Un monstre(s), une femme, un arbre.
Puis au sommet du plus grand immeuble
de la plus grande ville du monde,
il entend les grandes réponses.
Alors l’homme s’élance vers son destin,
le rate et finit sa course
dans un épilogue à découvrir.
Le spectacle est court et pourtant personne ne se plaint, c’est dire s’il y a autre chose à dire.
Il faut aller voir ce spectacle.
Le comédien, metteur en scène, régisseur, concepteur reste ensuite à la disposition des
enfants, leur dévoile tous les secrets du monde imaginaire qu’il a réussi à créer avec 2 bouts
de ficelle et tout son talent.
Les enfants n’ont qu’une envie : l’imiter au plus vite.
Son spectacle nous interpelle dans notre vie de classe.
• C’est un conte initiatique, nous travaillons aussi sur le conte mais celui des
origines.
• C’est un conte qui se termine un peu tristement mais justement en ce moment par
hasard, dans la bibliothèque du village où nous nous rendons presque toutes les
semaines, j’ai découvert un recueil de contes catalans. J’en lis un à chaque passage
à la bibliothèque et, dès le premier nous avons été tous surpris par leur fin souvent
triste parfois même cruel.
• C’est un théâtre de marionnettes et tout le monde n’a pas toujours vu tout ce que le
comédien a montré car le spectacle est riche mais ce n’est pas grave.
C’est un peu comme dans le théâtre d’objets.
Des passerelles se créent, les élèves en font part au comédien. La discussion s’engage…
Pour conclure :
Un PAC c’est une aventure, une aventure culturelle et une aventure humaine. Une aventure
enfin dont on connaît à peu près le point de départ et dont on imagine le point d’arrivée. Mais
le chemin que l’on emprunte fluctue en fonction de la gestation du projet et bien sûr le point
d’arrivée est fort éloigné de ce que l’on avait pu imaginer.
On dit toujours que l’essentiel n’est pas la prestation finale et … c’est vrai. Même si cette
prestation met un point final au projet mais c’est aussi je l’espère la possibilité d’une autre
aventure pour les élèves qui ont participé à ce projet.
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