NOTE D’INTENTION
Mon intention en écrivant cette pièce est double : d’une part dévoiler un être qui se met à nu devant le public
dans ses questionnements les plus intimes, d’autre part montrer à quel point l’outil-langage influe sur notre
psychisme et sur notre perception de la réalité. Si les mots peuvent nous asphyxier et nous enfermer, ils peuvent
aussi nous propulser vers l’amour, vers le beau, vers nos rêves les plus puissants. Le choix nous appartient.
En tant qu’auteure, j’ai voulu écrire un texte personnel, qui soit l’écho de mes doutes et de mes interrogations
sur le monde. Ce texte a été écrit directement pour le théâtre, j’avais déjà, durant le processus de création,
visualisé et imaginé la plupart des scènes. Je savais exactement quel ton je voulais donner à l’ensemble : un
mélange d’humour et de noirceur, qui caractérise parfaitement mon univers. Il ne s’agit évidemment pas d’une
démarche nombriliste, ce qui n’aurait aucun intérêt. Mon but était, en exposant les questions qui me taraudent,
de trouver à celles-ci une forme d’universalité, je voulais que chacun puisse s’identifier à ce questionnement
existentiel qui nous touche dans notre intimité, notre fragilité. Quelles que soient notre éducation, notre
appartenance sociale, nous nous sommes tous interrogés au moins une fois sur le sens de notre existence et sur
l’étrangeté du monde, qui recèle autant de merveilles que d’horreur.
J’ai également voulu souligner, toujours par le biais des
mots et de différentes métaphores, le caractère absurde
de la condition humaine quand l’existence est subie et
non choisie : « courir autour d’une piste, faire l’âne pour
avoir du son », par exemple. Or, qui d’entre nous
aujourd’hui peut se targuer de choisir complètement son
existence ? J’aborde donc ici, de façon implicite, le
problème de la liberté individuelle. Là encore, il s’agit
d’une question dans laquelle nous pouvons tous nous
retrouver.
Je ne voulais pas créer un spectacle intellectuel ni moralisateur. Si le fond est grave, j’ai eu envie que la forme
soit légère. Mon intention était que le spectateur oscille entre le rire et les larmes, et ressente des émotions
variées. Mais surtout, je voulais qu’il soit touché au cœur. J’ai donc inclus des passages sombres et d’autres
humoristiques, une chanson, des anecdotes, des jeux de mots, qui tous sont porteurs de sens. Pour rendre la
forme encore plus vivante, j’ai voulu que le public puisse participer, qu’il ne soit pas passif. C’est un jeu dans
lequel lui aussi a un rôle.
Le spectacle s’articule en deux parties. Si la première est assez sombre malgré la légèreté de la forme, la
deuxième est optimiste et empreinte d’espoir. Mon intention n’était absolument pas d’écraser le public sous une
chape de pessimisme, c’est même tout le contraire. Si j’ai voulu dans un premier temps souligner la noirceur du
monde, c’est pour mieux montrer après que l’on peut choisir d’y échapper en choisissant d’orienter
différemment son angle de vue, et en travaillant sur soi. J’aime beaucoup la citation du philosophe Alain : « Le
pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté ». Il était impératif pour moi de finir sur une note de liberté