LA GIRAFE A PLUME PRESENTE: "ON PART A YEUR" Un spectacle solo décapant, où se mêlent humour, noirceur et poésie. Entre légèreté et profondeur, rire et émotion, on jongle avec les mots, on les dissèque avec jubilation pour en saisir la substantifique moelle. Les questions fusent, drôles et irrévérencieuses, le public est pris à partie, il est emporté dans un tourbillon de jeux de mots qui le mènent vers des réflexions à la profondeur abyssale... On rit, on pleure, on chante, on retient son souffle, on s’interroge sur la vie, le monde, et le sens de tout ça. L’impertinence est de mise, la tendresse est omniprésente. Véritable hymne à l’espoir, "On part à Yeur" est un spectacle plein d’énergie qui chamboule et fait du bien. "La Girafe à plume est une jeune compagnie caennaise qui écrit, met en scène et joue ses propres créations. On part à Yeur est une œuvre originale et une première mise en scène." ECRITURE / MISE EN SCENE: Véronique Riffaud INTERPRETATION: Leïla Séri DUREE : 75 MIN TOUT PUBLIC SYNOPSIS Le fil conducteur du spectacle est le langage et la place qu’il tient dans nos vies, dans nos comportements, dans notre façon d’appréhender le monde. Que sont les mots ? Que sont les conventions sociales et que se cache-t-il derrière les formules de politesse qui les régissent ? Et quand ces conventions explosent, qui sommes-nous ? Où se situe la frontière entre la vérité et le mensonge ? Seule en scène, la comédienne se questionne et explore le contenu du langage avec un mélange de jubilation et de désespoir. Entre les mots vides de contenu qu’on lance au quotidien, les mots-dynamite qui explosent comme des obus, les mots vibrants qui coulent jusqu’à l’âme, elle tente de se frayer un chemin pour cerner au mieux quelque chose qui nous échappe à tous : le sens même de l’existence. Les situations se succèdent : le comédien et son public, le début de la vie, le professeur et ses élèves... Le propos n’est pas de raconter des anecdotes mais d’atteindre, à travers des situations concrètes, des vérités essentielles sur ce que nous sommes. Et quand le constat est trop cruel, on peut partir à Yeur. A Yeur peut-être, tout est mieux. Le ton est sensible et poétique, parfois cynique. La frontière est mince entre le rire et les larmes. Le public représente ici un interlocuteur devant lequel la comédienne — et l’auteur à travers la comédienne -- cherche des réponses à des questions qui la taraudent. Tout au long du spectacle, Le public est sollicité avec insolence, mauvaise foi ou tendresse. La connivence s’installe. De gré ou de force, il va devoir participer. On pourrait reprendre ici la question du Petit Prince au renard : « Viens jouer avec moi, je suis tellement triste ! » GENESE DU PROJET En 2014, j’ai écrit une première pièce intitulée « Le bureau du préposé », jouée avec succès en mai 2015 lors de l’Adulable festival de l’association Amavada. J’ai assisté à la mise en scène au fil des semaines (13 comédiens), et voir ainsi s’incarner devant moi les scènes que j’avais écrites m’a fascinée. Je suis très visuelle et je balise le texte de didascalies, ce qui facilite la mise en scène. Cette expérience a été pour moi une révélation et j’ai voulu la poursuivre en écrivant un texte personnel, qui aborde des sujets me tenant à cœur : les conventions sociales et leurs limites, l’hypocrisie, l’impact du langage sur l’esprit, les doutes existentiels… Vastes sujets qui sont aussi, je crois, totalement universels. Pour assumer totalement la maternité de mon projet, assurer moi-même la mise en scène était une évidence. Je voulais un seul comédien, parce que j'y voyais un défi plus grand, ce qui rendait l'aventure encore plus stimulante. L’idée d’un comédien seul devant son public, à la limite entre le one man show et le théâtre, s’est imposée à moi. NOTE D’INTENTION Mon intention en écrivant cette pièce est double : d’une part dévoiler un être qui se met à nu devant le public dans ses questionnements les plus intimes, d’autre part montrer à quel point l’outil-langage influe sur notre psychisme et sur notre perception de la réalité. Si les mots peuvent nous asphyxier et nous enfermer, ils peuvent aussi nous propulser vers l’amour, vers le beau, vers nos rêves les plus puissants. Le choix nous appartient. En tant qu’auteure, j’ai voulu écrire un texte personnel, qui soit l’écho de mes doutes et de mes interrogations sur le monde. Ce texte a été écrit directement pour le théâtre, j’avais déjà, durant le processus de création, visualisé et imaginé la plupart des scènes. Je savais exactement quel ton je voulais donner à l’ensemble : un mélange d’humour et de noirceur, qui caractérise parfaitement mon univers. Il ne s’agit évidemment pas d’une démarche nombriliste, ce qui n’aurait aucun intérêt. Mon but était, en exposant les questions qui me taraudent, de trouver à celles-ci une forme d’universalité, je voulais que chacun puisse s’identifier à ce questionnement existentiel qui nous touche dans notre intimité, notre fragilité. Quelles que soient notre éducation, notre appartenance sociale, nous nous sommes tous interrogés au moins une fois sur le sens de notre existence et sur l’étrangeté du monde, qui recèle autant de merveilles que d’horreur. J’ai également voulu souligner, toujours par le biais des mots et de différentes métaphores, le caractère absurde de la condition humaine quand l’existence est subie et non choisie : « courir autour d’une piste, faire l’âne pour avoir du son », par exemple. Or, qui d’entre nous aujourd’hui peut se targuer de choisir complètement son existence ? J’aborde donc ici, de façon implicite, le problème de la liberté individuelle. Là encore, il s’agit d’une question dans laquelle nous pouvons tous nous retrouver. Je ne voulais pas créer un spectacle intellectuel ni moralisateur. Si le fond est grave, j’ai eu envie que la forme soit légère. Mon intention était que le spectateur oscille entre le rire et les larmes, et ressente des émotions variées. Mais surtout, je voulais qu’il soit touché au cœur. J’ai donc inclus des passages sombres et d’autres humoristiques, une chanson, des anecdotes, des jeux de mots, qui tous sont porteurs de sens. Pour rendre la forme encore plus vivante, j’ai voulu que le public puisse participer, qu’il ne soit pas passif. C’est un jeu dans lequel lui aussi a un rôle. Le spectacle s’articule en deux parties. Si la première est assez sombre malgré la légèreté de la forme, la deuxième est optimiste et empreinte d’espoir. Mon intention n’était absolument pas d’écraser le public sous une chape de pessimisme, c’est même tout le contraire. Si j’ai voulu dans un premier temps souligner la noirceur du monde, c’est pour mieux montrer après que l’on peut choisir d’y échapper en choisissant d’orienter différemment son angle de vue, et en travaillant sur soi. J’aime beaucoup la citation du philosophe Alain : « Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté ». Il était impératif pour moi de finir sur une note de liberté et d’espoir, car tout le spectacle est un message d’espoir. Si j’ai le goût des mots, de leurs sonorités, de leur souffle et de leur rythme, je suis également convaincue que ceux-ci ont un impact direct sur le psychisme et donc sur la représentation que nous nous forgeons de nousmêmes et du monde. Le langage peut être aussi destructeur que constructif. Dans le dialogue que nous entretenons avec nous-mêmes et avec les autres, le choix des mots relève donc d’une forme d’écologie personnelle. Nous pouvons polluer ou embellir. Je considère le langage comme une arme redoutable de transformation de soi et du monde, j’ai voulu faire passer ce message dans ce spectacle. Plutôt que de fuir la réalité extérieure, ce qui est parfois une tentation immense, il nous appartient de transformer notre réalité intérieure en modifiant notre perception du monde. Ne dit-on pas que l’on transporte son fardeau avec soi ? Ainsi, dans le spectacle, partir ailleurs (à Yeur) devient inutile, puisque là-bas aussi, tout est sombre. La solution est donc de rester ici, et de tenter d’être heureux en vivant nos rêves. MISE EN SCENE ET DIRECTION Le texte pourrait être joué par un comédien ou une comédienne. Le questionnement existentiel, pour moi, n’a pas de sexe. Le comédien représente ici un être, un individu, au sens générique du terme. Ses préoccupations sont humaines, et ont un caractère universel. C’est pourquoi j’ai choisi pour la comédienne un costume sobre, androgyne : pantalon sombre, chemise blanche. Si le genre du personnage n’a pas d’importance, il en va de même pour son âge. J’ai pris le parti de ne donner aucune indication sur ce sujet. Si la question se pose au spectateur, il devra faire appel à son imaginaire pour y répondre. Un être s’interroge sur le monde et expose sa révolte face à la vie. Est-il jeune ? Moins jeune ? Cela n’a aucune importance. Ce sont les questions qui constituent ici l’essentiel, pas celui qui les pose. Pour insuffler de la vie et de la drôlerie au spectacle, j’ai voulu lui donner un aspect « one man show » j’ai donc visionné de nombreux spectacles d’humoristes afin de m’inspirer de leur façon de bouger et d’occuper l’espace. Je trouvais intéressant le contraste entre le one man show, souvent réservé à l’humour, et un texte intense, qui touche à des questions existentielles. Ainsi, si la majeure partie des déplacements et des mouvements sont étudiés et fixés, ceux-ci laissent quand même place à une part d’improvisation de la comédienne. Afin de faire ressortir l’intensité et la profondeur du texte, nous avons travaillé sur les émotions à travers la gestuelle, les positions corporelles, les mimiques faciales, les inflexions, le débit et le ton de la voix, ainsi que sur la qualité des silences. Pour laisser au spectateur le temps de recevoir le texte qui est dense, tout en le tenant en haleine, il était important de trouver le bon rythme. J’ai donc alterné entre des passages rapides et toniques, où le geste et le débit de voix s’accélèrent, et qui rappellent le ton du one man show, et des passages lents, entrecoupés de silence, lorsque le texte est au recueillement, à l’émotion. De même, pour montrer la différence entre le paraître (discours sur les conventions sociales) et l’être (le personnage qui se dévoile au fur et à mesure), j’ai cherché à instaurer une alternance entre un jeu tantôt naturel, tantôt théâtralisé. Lorsqu’il est dans le paraître, le personnage adopte un ton théâtral. Lorsqu’il est dans l’authenticité, on retourne au naturel. Le spectacle intègre le public, il est constitué de la comédienne et du public. Le public est pris à partie, il est forcé de participer. La comédienne ne joue pas devant lui, mais avec lui. Elle le harangue, lui fait des confidences. Mon but, en intégrant le public, était de renforcer le caractère universel des questionnements évoqués. C’est cette universalité du discours qui est intéressante et fédératrice, car chacun peut s’y identifier. La comédienne, en révélant ses angoisses et ses doutes, représente ici chacun de nous. SCENOGRAPHIE La scène comprend un seul élément de décor, le fauteuil. Le personnage nous fait entrer dans son intimité, il enlève son masque social et se montre à nu. Quand ses prises de conscience deviennent trop lourdes à porter, il a besoin d’une zone de sécurité dans laquelle se réfugier. Le fauteuil représente cette zone de sûreté. J’ai fait le choix d’un fauteuil en velours, enveloppant, pour exprimer cette idée de sécurité. Pour le reste, le spectacle fait appel à l’imaginaire du spectateur. BIOGRAPHIES Véronique RIFFAUD Sinologue de formation, j’ai vécu à Pékin 6 ans où j’ai travaillé dans différents groupes de presse chinois, ainsi que pour la télévision. L’écriture a toujours fait partie de mon parcours. Je suis l’auteure de plusieurs romans, nouvelles, poèmes, chansons. J’ai également traduit et co-traduit plusieurs nouvelles chinoises. La dernière, Sanglots étouffés, de Li Er, est publiée aux éditions Hachette, et a été primée lors d’un concours de traduction à Pékin en 2013. Le fonctionnement de l’être humain est un sujet qui me passionne, notamment le lien corps/esprit. Tout en poursuivant mes études de chinois, j’ai appris la médecine chinoise traditionnelle à Paris, pratiqué les arts martiaux chinois, le Taichi et le Qigong. Férue de développement personnel, j’ai également suivi les enseignements du maître bouddhiste Thich Nhat Hanh au monastère des Pruniers en Dordogne. Plus tard, pour mieux comprendre les rouages du psychisme, je me suis formée à l’hypnose à l’IFHE (Institut Français d’Hypnose Ericksonienne) à Paris, dont je suis diplômée. Durant ces formations, j’ai compris à quel point les mots influencent notre construction, notre comportement et notre vision du monde. J’ai pratiqué le théâtre à Paris en 2007 et 2008 sous la houlette de Cyrille Andrieu-Laçu et Olivier Belmondo. En 2014/2015, tout en continuant ma collaboration pour une chaîne de télévision de Pékin, j’ai écrit « Le bureau du préposé », une pièce pour 13 jeunes comédiens jouée avec succès en mai 2015 lors de l’Adulable festival de l’association Amavada. Durant plusieurs mois, j’ai assisté à la mise en scène et à la direction d’acteurs. On peut parler ici d’une révélation. Désireuse de poursuivre l’expérience de l’écriture théâtrale en toute autonomie, j’ai créé ma propre compagnie en 2016, La Girafe à plume, afin de faire jouer mes propres créations. Leïla SERI Elle commence le théâtre en 2007 avec « Homotumba » de Audrey Tirard, spectacle en langage des signes français. En 2008, elle étudie l’art dramatique à L’ACTEA. Un an plus tard, elle décide de suivre l’enseignement de Michèle Garay au conservatoire Hector Berlioz, Paris X. Tout en interprétant le rôle de Stella dans « Le parfum de l’aube » de Anne Coutureau, eu théâtre du Nord-Ouest, Paris IX. En 2010, elle interprète le rôle de Tatiana dans « Le Coltane » de Jérémy Farlay et Clément Rouault, à L'Essaïon Théâtre, Paris IV. En 2011, elle intègre la classe de Daniel Berloux, au conservatoire Erick Satie, Paris VII, et la formation Danse Jazz de Christine Carrère. De 2013 à 2014, elle est danseuse, performeuse pour « Pourchasse » De Audrey Tirard, compagnie Le Triangle Rond, au Théâtre de Caen, au TEEM... En 2014, elle obtient son Certificat d’Étude Théâtrale avec mention Très Bien à l'unanimité. De 2013 à 2015 , elle interprète le rôle de Farida dans « Mécanique instable » de Yann Reuzeau à la Manufacture des Abbesse, Paris XVIII, au Théâtre du Rond-Point, Paris VIII, et entame une tournée pour cette même pièce, au Cado de Orléans, au Poche de Genève, au Théâtre princesse Grâce de Monaco… Ayant poursuivi des études en Sciences du langage, elle se passionne pour le langage vidéo et numérique. En 2015 elle réalise « Demoiselle », « Valentin » en coréalisation avec Salomée Robard et « Sunshine». En 2016 elle jouera le rôle de Isa dans « La Fuite » de Driss Homet au Théâtre de la Comédie Nation, Paris.