Le premier thème de l’exposition apporte
une réflexion sur l’amélioration des condi-
tions de vie à la ferme et des activités fé-
minines. L’arrivée de l’électricité et de l’eau
potable en sont les principaux témoins.
« L’eau potable »
1924-1930 Henry Gazan
L’affiche, utilisant l’imagerie d’Epinal, se di-
vise en deux colonnes et décline les utilisa-
tions de l’eau (boire, laver le linge, arroser).
La partie gauche montre des personnages
fournissant beaucoup d’efforts pour aller
chercher l’eau au puits ou amener le linge
jusqu’à la rivière.
L’arrivée de l’eau courante, dans la partie
droite, fait figure de véritable révolution
rendant les tâches journalières plus
aisées.
Le slogan «Nous voulons partout, en abon-
dance, l’eau courante» met l’accent sur le
besoin en eau consommable.
Aujourd’hui les problématiques liées à
l’eau portent essentiellement sur l’écologie
et l’environnement.
« L’écrémeuse Automoto »
vers 1920 Mich
Cette affiche est composée de deux ca-
dres marquant l’opposition entre passé et
modernité. Dans chaque cadre, une figure
féminine écrème le lait. Ainsi, Mich hiérar-
chise les informations en montrant dans le
plus petit cadre (en haut) un travail pénible
et contraignant réalisé par une personne
âgée. Il y oppose une enfant capable de
faire le même travail apparemment sans
effort.
L’antagonisme apparaît également dans la
forme et le nombre de récipients, dans le
texte, dans l’attitude du chat.
L’écrémeuse, inventée en 1878 par le
suédois Laval et l’allemand Lefeld, utilise la
force centrifuge pour séparer le lait de la
crème qui s’évacuent chacun par un tuyau
différent. Mettant en exergue le gain de
temps, la facilité d’utilisation et l’hygiène,
l’affiche apparaît comme une véritable
apologie de la modernité.
Souvent considérée comme mal-aimée par
les gouvernants et méfiante envers la poli-
tique, la paysannerie est pourtant au cœur
des enjeux de la nation.
« Jeunes ! Le maréchal a créé pour vous »
1941 E. Derouet et R. Clavel
Dans la France de Vichy, le maréchal Pétain
appelle les jeunes de 14 à 21 ans à rejoin-
dre les centres ruraux, illustrés par le jeune
homme affûtant sa faux avant la moisson,
ou les ateliers de jeunesse, personnifiés
par le garçon travaillant sur une machine.
Le blé, symbole de la jeunesse, et la couleur
jaune, qui irradie l’ensemble de la carte de
France, semblent garantir un avenir radieux
au pays dans cette affiche de propagande.
Il est intéressant de noter l’inclusion de
deux photographies en noir et blanc dans
l’affiche : ce type de montage marque une
véritable avancée des techniques de l’affi-
che. Il assure également une accentuation
des contrastes et permet aux figures de se
détacher.
« Emprunt de la défense nationale »
1915 Francisque Poulbot
Cette scène montre le départ pour la
Première Guerre mondiale d’un père de
famille (au second plan) saluant la famille
qu’il quitte (au premier plan). Les soldats
laboureurs, habillés de l’uniforme bleu et
portant sac à dos et fusil, quittent les cam-
pagnes et leur village (arrière-plan) pour
rejoindre le front.
L’affiche atteint toute sa dimension tragi-
que par l’utilisation du dessin en noir sur un
fond à dominante beige. Les seules notes
de couleurs (bleu et rouge) sont là pour in-
duire un sentiment de patriotisme. En effet,
cette lithographie incite les paysans à prê-
ter de l’argent pour participer à l’effort de
guerre, synonyme de victoire et de retour
des soldats. Poulbot joue évidemment sur
les sentiments de peur et de déchirement
qu’engendre un tel départ. Notons la pré-
sence de la figure du petit Poulbot avec le
jeune garçon du premier plan.
L’agriculture occupe une part importante
de l’économie. Du producteur au consom-
mateur, les affiches interpellent tous les ac-
teurs de ce secteur : firmes, marques agro-
alimentaires, concours, foires et marchés...
« Lustucru »
1924 Paul Mohr
Cette affiche vante la particularité de la
recette de ces pâtes alimentaires compo-
sées de semoule de blé, d’eau mais surtout
d’œufs frais. L’affichiste utilise ici les cou-
leurs primaires et le blanc tout en instaurant
un jeu subtil de correspondances entre la
femme et le produit. Le jaune du blé rappelle
la chevelure, le blanc des œufs renvoie à
la robe, le damier bleu de la boîte est re-
produit sur le vêtement. Aujourd’hui encore
le damier bleu et le nom, faisant référence
au père Lustucru, représentent l’image de
la marque. D’autres affiches exposées pré-
sentent des marques qui existent encore
comme Sanders, Maggi, Saint-Gobain ou
Renault. Paul Mohr est ici influencé par
Cappiello dans le traitement de l’image.
« A bas l’intermédiaire »
vers 1900 Pal
L’affichiste propose ici une allégorie du tra-
vail viticole de qualité en mettant en scène
deux belles femmes pieds nus et habillées
de corsets.
L’une d’entre elles dépose le vin dans une
cuve alors que l’autre tire le vin. Néanmoins,
le message de cette affiche alerte le
consommateur sur l’existence d’intermé-
diaires peu scrupuleux faisant des bénéfi-
ces en diluant le vin.
Cet intermédiaire est décrit par le per-
sonnage du premier plan comme un petit
homme au physique ingrat, grisâtre et au
regard honteux. Gustave Fabre, propriétaire
viticulteur de Nîmes, cherche à faire valoir
la qualité de sa production en discréditant
les intermédiaires.
La composition en « Z » et la couleur de
certains mots amènent l’acheteur potentiel
à prendre conscience de son mode de
consommation.
Malgré l’abondante publicité faite pour des
tracteurs ou encore pour des engrais, la
modernisation de l’agriculture est lente en-
tre les deux guerres. La motorisation n’in-
terviendra qu’après 1945.
« L’Anti-Bluetta »
début du XXe siècle anonyme
L’affiche divisée en deux met en scène des
paysans dans leurs vignes. Celui de gau-
che utilise le produit, dont l’affiche fait la
promotion : il est satisfait et sa production
est belle. En revanche, à droite, la récolte
est détruite, le viticulteur est complètement
abattu, les épaules basses, laissant tomber
son chapeau.
L’anti-bluetta est un pesticide fabriqué par
un pharmacien chimiste de Montpellier.
Il est répandu sur les vignes à l’aide d’un
pulvérisateur, instrument que l’on retrouve
dans le Compa sous une autre forme. En
dehors de la composition relativement
claire, un grand nombre de répétitions et
d’éléments typographiques rendent la lec-
ture de cette affiche amusante.
« Renault »
1926-1930 Pierre Fix-Masseau
Renault est un constructeur français de
tracteurs dont certains modèles sont visi-
bles dans le musée. L’affiche vante éga-
lement divers moteurs. Elle met en scène
un paysan sur son tracteur qui laboure un
champ. La modernité permet de faire faire
ce travail à une machine plutôt qu’à des
animaux. Sur le tracteur, on peut distinguer
le logo de la marque (un losange), la ma-
nivelle correspondant au démarreur et des
roues en métal (antérieures à l’invention du
pneumatique). En comparant cette affiche
avec celle du « Pony 820 », il semblerait
que certains codes soient reproduits, com-
me les couleurs utilisées et la disposition
du texte. Néanmoins, cette seconde affiche
est plus efficace : elle présente le tracteur
sur un fond géométrique symbolisant les
champs et ne met pas le produit en situa-
tion. De ce fait, la lecture est facilitée et le
message d’autant plus percutant.
Ce qui transparaît dans toutes ces affiches,
ce sont les représentations que se font les
affichistes du paysan et, sûrement, les ci-
tadins : référence à la peinture classique,
allégorie, caricature, héroïsation...
« L’emploi de ces engrais … »
non daté anonyme
Au premier plan, un homme bien vêtu
montre d’un bras des sacs d’engrais et de
l’autre une femme disposant en ligne de
belles javelles. Ce geste semble établir un
lien de cause à effet entre l’opulence de la
récolte et l’utilisation d’engrais qui nourris-
sent et fertilisent les plantes.
Le slogan « prospérité et richesse » semble
confirmer par l’habit de l’homme, l’abon-
dance de la récolte et l’utilisation d’une
moissonneuse-lieuse en arrière-plan.
Cette affiche ne vend pas un produit en
particulier mais cherche plutôt à induire un
comportement : l’utilisation d’engrais.
Le progrès que représente l’invention de
tels produits découle directement des re-
cherches menées en chimie organique.
« Deering »
non daté anonyme
Les quatre personnages de l’affiche for-
ment une famille apparemment prospère :
la table est couverte de victuailles, les
enfants ont des jouets, le père conduit en
arrière-plan une belle moissonneuse.
L’accent n’est visiblement pas mis sur la
machine Deering mais plus sur les béné-
fices que son utilisation procure. Le titre
qui figure sous l’image confirme cette ten-
dance en évoquant « la ferme heureuse ».
En ce qui concerne l’aspect esthétique, elle
fait directement référence à la peinture
flamande du XVIIe siècle en travaillant les
sujets en clair/obscur.
L’affiche rappelle une peinture célèbre de
Vermeer : la laitière, d’ailleurs utilisée pour
les yaourts du même nom.
Les publicités des années 1920-30 font
volontiers appel à ce type de représenta-
tions tentant d’inscrire la marque dans une
tradition.
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