1957), de présenter en traduction le premier chapitre du livre maudit du marxisme. (Nous en
avons publié deux autres chapitres dans les Nos 5 et 11).
György Lukàcs est né le 13 avril 1885 à Budapest. Ses parents appartenaient à la petite
noblesse juive hongroise. Il eut donc les moyens de s'adonner à de sérieuses études. Encore
étudiant, il fonde, à Budapest, avec quelques amis, un théâtre libre où on joue Ibsen,
Strindberg et d'autres dramaturges réalistes et naturalistes. En 1908, Lukàcs publie en
hongrois son premier livre : L'évolution du drame moderne. Le jeune Lukàcs se met à
fréquenter les Universités de Berlin et surtout celles du sud-ouest de l'Allemagne ; il y
rencontre soit comme professeurs soit comme camarades d'études, se liant avec certains
d'entre eux, les philosophes Windelband, Rickert, Lask, Dilthey, Husserl, Jaspers, Heidegger,
Korsch, Bloch, les sociologues Max Weber, Simmel, Mannheim, les écrivains Gundolf et
Thomas Mann. Il prend ainsi directement contact avec le néo-kantisme, la phénoménologie -
l'ontologie fondamentale et la philosophie de l'existence ne sont pas encore nées -,
l'hegeliano-marxisme, la sociologie compréhensive, l'esthétique des formes et des contenus.
En 1911, il publie, en allemand et en signant Georg von L.ukàcs, L'âme et les formes ;
cette collection d'essais - où figure aussi le très important essai sur La métaphysique de la
tragédie -attira l'attention de Thomas Mann. Dans la Montagne Magique celui-ci fit figurer
Lukàcs sous le nom de Naphta et Lukàcs consacra plus tard un livre à Thomas Mann (1949).
En 1916 Georg Lukàcs publie, toujours en allemand, La Théorie du roman.
C'est pendant la première guerre mondiale qu'il se rapproche du mouvement ouvrier. A la
fin de la guerre, il rentre en Hongrie et adhère au Parti communiste. Il participe à la première
république soviétique de 1919 et il occupe le poste du Commissaire à la Culture populaire
dans le gouvernement de Bela Kun. Après la défaite, il quitte la Hongrie et vit à Vienne - où
il rédige Histoire et conscience de classe et un livre sur Lénine - ainsi qu'en Allemagne,
surtout à Berlin. La victoire du national-socialisme le contraint à quitter définitivement
l'Allemagne, Il se réfugie alors à Moscou - où il avait déjà séjourné de 1929 à 1931,
collaborant à lInstitut Marx-Engels -pour travailler à l'Institut philosophique de l'Académie
des sciences. L'émigré publie des articles nombreux dans diverses revues et prépare toute une
série de livres qui seront édités après la guerre. En 1945 Lukàcs rentre en Hongrie, devient
professeur d'Esthétique à l'Université de Budapest et commence à publier ses écrits. En voici
les titres les plus significatifs : Balzac, Stendhal, Zola. -Nietzsche et le Fascisme. - Le jeune
Hegel. - Karl Marx et Frédéric Engels historiens de la littérature. - Le réalisme russe dans la
littérature mondiale. - Existentialisme ou Marxisme ? (tr. du hongrois par E. Kelemen, Nagel,
1948.) - Brève histoire de la littérature allemande (tr. de l'allemand par Lucien Goldmann et
Michel Butor, Nagel 1949). - Goethe et son époque (tr. de l'allemand par Lucien Goldmann
et Frank, Nagel, 1949). - La destruction de la raison : Tome I, Les débuts de l'irrationalisme
moderne - de Schelling à Nietzsche (tr. de l'allemand, L'Arche, 1958) ; Tome II,
L'irrationalisme moderne : de Dilthey à Toynbee (ibid., 1959). - La signification présente du
réalisme critique (tr. de l'allemand par Maurice de Gandillac, Gallimard, 1960).
En 1949 Lukàcs est attaqué. Les idéologues staliniens dénoncent dans son oeuvre
l'influence bourgeoise et le cosmopolitisme.. Son ancien élève Révai, ancien ultra-lukacsien
"Gyorgy Lukàcs, Histoire et conscience de classe (1922)"5