Ambassade de France à Singapour - Service économique régional de Singapour
travail ont été délivrés pour des emplois non qualifiés (991 300 personnes), dont 33% dans la
construction. Cette évolution démographique, résultante d’une politique migratoire libérale et
répondant à l’objectif de faire de la cité-État l’une des « villes-monde » de référence, a eu des
conséquences politiques et économiques. Dont un revirement en faveur d’une réduction de la
dépendance à la main d’œuvre étrangère, dès 2011, dans la foulée de résultats électoraux inédits
car moins favorables au parti au pouvoir depuis l’indépendance. Á court terme, l’élévation du taux
d’activité (désormais l’un des plus élevés au monde pour les 20-64 ans, à 80,2% en 2014
) entrave
mécaniquement les efforts entrepris pour accroître la productivité de la main d’œuvre locale. Il
serait donc prématuré de conclure à l’inefficacité des mesures gouvernementales en raison de
l’écart entre la stagnation de la productivité observée depuis 2010 (0,3% par an) et l’objectif d’une
croissance annuelle projetée entre 2% et 3% par le Comité des stratégies économiques.
C’est dans un contexte défavorable de forte contrainte démographique, de
ralentissement de l’économie mondiale, et de concurrence régionale exacerbée – alors que le
coût unitaire du travail singapourien augmente désormais de 5% par an, et 9% dans le
secteur manufacturier – que les autorités ont engagé une transition vers une économie
postindustrielle de la connaissance. L’objectif stratégique est de positionner la cité-État comme
pôle asiatique de référence du développement de l’économie dématérialisée. La création
d’agences de soutien à la R&D, de pôles de haute technologie, ainsi que la mise en œuvre de plans
destinés à attirer les activités à très forte valeur ajoutée ont contribué à faire de Singapour la
première puissance technologique d’Asie du Sud-Est (65% des brevets internationaux d’ASEAN-
6 recensés en 2013). La création de ces infrastructures de recherche s’est également accompagnée
du développement d’agences de soutien aux transferts de technologies et de mesures spécifiques
visant à accroître la productivité du travail, telles que le crédit d’innovation et de productivité.
Si la priorité à l’innovation est avérée (les dépenses de R&D atteignent 2,1% du PIB en
2012, le nombre de brevets a été multiplié par plus de 20 depuis 1995), ces efforts demeurent
majoritairement le fait des entreprises étrangères. Plus de 72% des dépenses de R&D en
recherche fondamentale sont ainsi effectuées par ces firmes qui possèdent 62,5% des brevets
détenus à Singapour. La part des firmes étrangères dans l’innovation est très élevée dans le secteur
manufacturier : 80% dans l’électronique, 95% dans le biomédical, et 91% dans la chimie. La
surreprésentation des entreprises transnationales résulte de la stratégie d’attractivité de la cité-Etat.
Mais elle reflète aussi le dynamisme insuffisant des entreprises nationales encore assez peu
internationalisées. Singapour s’impose donc davantage, à nouveau, comme un « hub » de R&D
avec l’ambition de s’imposer comme un centre d’innovation de référence mondiale. Ainsi, depuis
le 1er septembre 2015, la cité-Etat accueille la première Autorité internationale de recherche et
d’examen des brevets en ASEAN sous l’égide du Traité de coopération en matière de brevets
.
Si la part du secteur financier dans le PIB et l’emploi est limitée à respectivement 11%
et 5% en 2013, son hypertrophie (actifs bancaires équivalents à 575% du PIB) et sa
spécialisation dans des niches d’activités lucratives préserveront son rôle structurant dans la
croissance et l’attractivité de la cité-Etat. Il reste l’unique secteur à afficher des gains de
productivité annuels soutenus (+5%). Le secteur bancaire est fortement internationalisé (67%
d’actifs étrangers) et est en position de pointe en finance offshore, à l’exemple des efforts
entrepris pour contribuer à l’internationalisation du renminbi. Le rôle stratégique des fonds
souverains Temasek et GIC (près de 500 Mds USD d’actifs cumulés), dont les politiques
d’investissement ont doté la cité-Etat d’une force de frappe financière considérable, favorise la
pérennité d’une agglomération unique d’expertises financières et juridiques. La stabilité politique
de la cité-Etat joue aussi en sa faveur : la montée en puissance du Centre d’arbitrage international
singapourien (259 litiges d’affaires traités en 2013 contre 64 en 2003) ne serait ainsi pas étrangère
aux tensions politiques qui ont dernièrement affecté Hong Kong.
Corée du Sud (72,5%), Etats-Unis (73,6%), Japon (79,8%) : ce taux est égal à celui du Royaume-Uni (80%).
19 autorités similaires opèrent dans le monde dont 5 en Asie : elles permettent de faire une demande unique de brevets qui
confère une protection dans les 148 pays signataires du Traité. Crucialement pour Singapour, le coût de la demande de
brevets diminuera jusqu’à 75%. 1 000 demandes supplémentaires seront désormais traitées directement dans la cité-Etat.