Il existe des cas « exceptionnels » où la demande d’euthanasie peut perdurer. Mais la loi n’a pas
vocation à régler des situations exceptionnelles, par définition individuelles. La loi s’adresse à l’ensemble
des citoyens. L’objet de la loi est de permettre un « vivre-ensemble » dans le respect mutuel de la valeur
de la vie de chacun et de protéger les plus vulnérables.
Par rapport aux conséquences possibles en cas de légalisation de l’euthanasie :
Tous les pays qui ont légalisé l’euthanasie ou le suicide assisté sont confrontés à des dérives : droit à
l’euthanasie accordé aux mineurs…élargi aux personnes handicapées ou très âgées ne pouvant en faire
elles-mêmes la demandes…est-ce cela que nous voulons : décider qui doit vivre ou non ?
Les conséquences d’une loi se mesurent sur les générations suivantes. Avec l’euthanasie, il y aurait
rupture du lien social fondamental : le respect de la vie de chacun. Légaliser l’euthanasie, même au
départ pour des cas exceptionnels, c’est ipso facto reconnaitre que la vie de certains n’a plus de valeur,
plus de sens, admettre qu’ils ont perdu leur dignité. Or notre conception républicaine est définie dans la
Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : La dignité est inaliénable, ne se perd jamais
pour un humain, même si le sentiment de dignité est menacé.
Légaliser l’euthanasie c’est ouvrir la porte au doute et au discrédit sur la valeur de la vie des plus
vulnérables et aggraver ainsi leur sentiment de déchéance, de n’être plus dignes ou de n’être plus
qu’une charge…
Légaliser l’euthanasie c’est instituer un « droit à la mort ». Est-ce un objectif pour nos enfants et petits-
enfants ? Quelles conséquences sur le sens de la vie en société pour eux, et sur leur conception de la vie
pour eux-mêmes ? Qui peut décider du caractère insupportable de la vie ? Pourrons-nous continuer à
lutter contre le suicide ?
Légaliser l’euthanasie, c’est adhérer à une conception individualiste, utilitariste de l’être humain, évalué
en terme d’efficience, d’image, voir d’utilité économique. Le pacte républicain est fondé sur trois
valeurs ; dans ces valeurs il y a la liberté mais il y a aussi la fraternité. Vivre en société c’est vivre en lien
les uns avec les autres. Ce qui arrive à un individu à des conséquences sur les autres. Le geste
d’euthanasie n’est pas un geste de compassion ni de solidarité : il provoque la mort de l’autre. Etre
solidaire, c’est rester en lien, s’adresser à l’autre, le soulager et l’accompagner. Nos accompagnants
bénévoles en font l’expérience sur le terrain et en témoignent.
Légaliser l’euthanasie ne serait-ce pas répondre à des impératifs économiques ? Les conséquences pour
les personnes gravement handicapées, les personnes âgées les plus dépendantes, atteintes notamment
de maladies démentielles, pourraient être redoutables…
Pourquoi revendiquer le droit à l’euthanasie alors que les soins palliatifs sont insuffisamment
développés et que la loi actuelle n’est même pas appliquée ? Serait-ce moins coûteux de développer
l’euthanasie que de promouvoir partout les soins palliatifs et l’accompagnement ? Est-ce cette priorité
que nous voulons pour la santé publique et la médecine de demain ?
Légaliser l’euthanasie s’oppose, contrairement à ce qui est souvent avancé, au développement de la
démarche palliative et de l’accompagnement. Il y aurait, de fait, une banalisation du geste d’euthanasie
(même si la procédure est théoriquement très encadrée) présenté comme une alternative possible aux
soins palliatifs. Cela pervertit la démarche soignante. Les médecins et les soignants ne peuvent être dans