Séquence 6 Histoire Les totalitarismes Sommaire 1. L’Union soviétique de 1917 à 1991 A La Russie de Lénine (octobre 1917-janvier 1924) B Le totalitarisme stalinien (1927-1953) C De l’apogée de la puissance soviétique à sa disparition (1953-1991) 2. L’Italie fasciste (1922-1945) A La prise de pouvoir par les fascistes B L’Italie de Mussolini C Le fascisme dans la guerre 3. L’Allemagne nazie A La République de Weimar : 1918-30 janvier 1933 B L’Allemagne sous la botte nazie C Le totalitarisme nazi 3. Glossaire Séquence 6 – HG11 1 © Cned – Académie en ligne I ntroduction L e concept de totalitarisme est apparu après la Première guerre mondiale. Il désigne des régimes politiques dictatoriaux, également apparus au XXe siècle, qui ont cherché à noyer par la contrainte et la violence l’individu dans la communauté. Pour cela, les dictatures totalitaires ne peuvent se contenter de l’obéissance de leurs sujets. Elles prétendent également créer un homme nouveau au moyen d’un encadrement de l’individu qui va du berceau jusqu’à la tombe. Dans le fascisme italien, tout comme dans le nazisme ou encore dans le communisme, l’individu n’est rien, la collectivité, qu’elle s’incarne dans l’État ou dans le « peuple » (Volk), est tout. Les instincts supposés égoïstes des individus doivent s’effacer devant l’intérêt exclusif de la communauté. Dans leur projet de faire de l’homme une chose en ayant détruit en lui tout instinct de liberté, les dictatures totalitaires ont toutes eu recours à une propagande massive, omniprésente, rendue possible par l’invention et le développement des media modernes (radio, affiche, cinéma…). N.B. La répression est également l’un des fondements des dictatures totalitaires. Celui ou ceux qui sont Les définitions des mots de désignés par la propagande des régimes totalitaires vocabulaires figurés en bleu comme les « ennemis du peuple » sont impitoyablesont regroupées dans le glosment éliminés : anti-fascistes, juifs, bourgeois, paysaire en fin de cours. sans riches (koulaks) sont envoyés en camps ou exécutés. On doit même constater que pour réussir dans son dessein de souder so la communauté autour d’un projet commun, le totalitarisme a besoin d’un ennemi et que, s’il n’en a pas, il s’en invente un. Hormis la répression et la surveillance de tous les instants par la police politique, le système concentrationnaire est également un des points communs des régimes totalitaires. Il existe cependant à ce propos des différences entre les différents types de totalitarismes. Si l’URSS mit rapidement en place un système concentrationnaire appelé le goulag, celui-ci se distingue du système nazi dans la mesure où on n’y trouve nulle trace de chambres à gaz ou de fours crématoires. De même, on retrouve le culte de chef aussi bien dans le fascisme italien que dans le nazisme allemand. Le régime s’incarne dans ces deux cas dans « le pouvoir charismatique » du dictateur, le « Duce », Mussolini en Italie, le Führer (c’est-à-dire le guide en allemand), Hitler en Allemagne. Le culte de la personnalité délirant mis en place par Staline proclamé le « vojd », le guide, a bien des similitudes avec les exemples italien et allemand mais ne peut être généralisé dans le cas de la dictature communiste en 2 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne Union soviétique. En effet, ni Lénine, ni Khrouchtchev ou ses successeurs ne reprirent le modèle stalinien du culte du chef, s’effaçant parfois derrière la direction collective du Parti communiste. Problématique Quelles sont les caractéristiques originales des dictatures totalitaires au regard des autres dictatures ? Quelles sont les différences et les similitudes entre le fascisme, le nazisme et le communisme ? Plan : traitement de la problématique Notions clés Repères 1. A. La Russie de Lénine (octobre 1917-janvier 1924) Révolution B. Le totalitarisme stalinien (1927-1953) Stalinisme C. De l’apogée de la puissance soviétique à sa disparition (1953-1991) Dictature du prolétariat Marxisme Économie planifiée Collectivisation Lecture croisée d’un texte et d’un graphique : la NEP Analyse d’une affiche de progagande : la collectivisation Analyse de texte : extrait du rapport Khrouchtchev (février 1956) Goulag 2. L’Italie fasciste (1922-1945) A. La prise du pouvoir par les fascistes Fascisme B. L’Italie de Mussolini Culte de la personnalité Lecture d’un tableau de propagande : Benito Mussolini par Alfredo Ambrosi Nazisme Étude d’un ensemble documentaire : la montée du nazisme pendant la république de Weimar. Futurisme C. Le fascisme dans la guerre Le refus de la Démocratie : analyse d’un texte de Mussolini 3. L’Allemagne nazie A. La République de Weimar : 1918-30 janvier 1933 B. L’Allemagne sous la botte nazie Antisémitisme Système concentrationnaire C. Le totalitarisme nazi Séquence 6 – HG11 3 © Cned – Académie en ligne 1 A L’Union soviétique de 1917 à 1991 La Russie de Lénine (octobre 1917 - janvier 1924) dans la Première guerre mondiale En 1914, la Russie, soumise au pouvoir autocratique du tsar Nicolas II, est apparemment un État puissant, fort de sa population nombreuse et de son essor économique tout récent. Mais l’entrée en guerre de la Russie aux côté de la France et du Royaume-Uni va être fatale au régime. La Russie tsariste ne supporte pas le choc des défaites, des pertes militaires et des privations causées par la première guerre mondiale. En 1917, l’armée russe et la monarchie s’effondrent. La première révolution russe du 23 au 27 février 1917 contraint le tsar Nicolas II à abdiquer. Il est arrêté et cède le pouvoir à un gouvernement de coalition rapidement dominé par Alexandre Kerenski et les mencheviks (voir la séquence La guerre au XXe siècle). 2. La révolution d’Octobre ou seconde révolution Lénine rentre en Russie, avec le concours des services secrets allemands en avril 1917. Il publie immédiatement son programme, intitulé les Thèses d’avril, en rupture complète avec le gouvernement des Mencheviks. Ceux-ci ont en effet décidé de poursuivre la guerre aux côtés de l’Entente considérant qu’une paix immédiate avec l’Allemagne serait désastreuse pour la Russie compte tenu de la situation militaire. Le nouveau gouvernement prend de multiples mesures démocratiques – liberté de la presse, multipartisme… – mais doit compter avec le pouvoir concurrent du Soviet de Petrograd. Par ailleurs, l’offensive militaire lancée par Kerenski pour repousser les Allemands est un échec qui précipite l’écroulement définitif de l’armée russe et discrédite le nouveau gouvernement. Le 25 octobre 1917, les Bolcheviks prennent le pouvoir par un coup d’État organisé et planifié par Léon Trotsky. C’est ce qu’on appelle la deuxième révolution russe ou Révolution d’octobre. 4 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne Document 1 Image du film de Serge Eisenstein, Octobre, 10 jours qui ébranlèrent le monde (1927) Octobre Dix jours qui ébranlèrent le monde, monde, de Serge Eisenstein avec Vasili Nikandrov, 1927, © Rue des Archives/BCA. On voit à l’écran Lénine, à droite de l’image, qui prépare avec Trotsky, également au premier rang à gauche, et les autres dirigeants du parti bolcheviks la prise du pouvoir à Pétrograd. L’œuvre d’Eisenstein, considérée par les cinéphiles comme une des plus grandes de l’histoire du cinéma, est indissociable de l’histoire de l’URSS et largement composée de films de propagande, comme Octobre, à la gloire de l’Union soviétique et du régime communiste. 3. La guerre civile (1918-1920) Les Bolcheviks entament des pourparlers de paix dès décembre 1917 avec l’Allemagne qui aboutissent à la signature du traité de paix de BrestLitovsk le 3 mars 1918. La paix est imposée par l’Empire allemand à des conditions terribles pour la Russie. Elle perd le contrôle de nombreux territoires à l’ouest, et notamment en Pologne, les États baltes, la Finlande… Dès 1939, Staline, cherchera à récupérer ces territoires perdus. Malgré la paix qui répond au désir de nombreux Russes, les Bolcheviks restent largement minoritaires dans le pays, n’obtenant que 25 % des Séquence 6 – HG11 5 © Cned – Académie en ligne mandats de députés à l’assemblée constituante élue en 1918. En dépit de ce relatif échec, Lénine ne renonce pas à établir la dictature du prolétariat. Sous ce concept, inspiré des idées de Karl Marx, et qui, en principe impliquait le pouvoir des ouvriers, se cache la dictature de Lénine et du parti bolchevik. Toutes les grandes entreprises sont nationalisées sans indemnités dès le mois de juin 1918. Afin de consolider leur pouvoir, les bolcheviks interdisent toute opposition, d’abord celle des partis qualifiés de « bourgeois » – droite et centre gauche, puis des autres forces de gauche. La presse est de nouveau soumise à la censure et une nouvelle police politique est reconstituée sur le modèle de l’okhrana des tsars. C’est la Tcheka, créée dès décembre 1917, afin de réprimer les ennemis de la révolution bolchevique. Le pouvoir de Lénine doit cependant faire face à de nombreuses oppositions. Plusieurs régions sont des foyers d’une opposition politique, notamment l’Ukraine, le Kouban, la Sibérie, la Géorgie. Par ailleurs, les pays de l’Entente, craignant la contagion révolutionnaire en France, en Grande-Bretagne ou en Allemagne débarquent rapidement des troupes dans l’espoir de renverser le pouvoir bolchevik. Les Japonais débarquent à Vladivostok en avril, les Français et les Britanniques sur les rives de la mer Noire en novembre. La Russie se divise en deux camps antagonistes, les blancs et les rouges, c’est-à-dire les bolcheviks. Ces deux camps vont se livrer à une guerre civile impitoyable. Coalition hétéroclite, les blancs sont pour l’essentiel dirigés par d’anciens généraux de l’armée du tsar, comme Denikine ou l’amiral Koltchak qui se proclame régent de Russie en novembre 1917. Souhaitant le retour à l’ancien ordre tsariste, ils sont soutenus par les puissances occidentales, en particulier la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis, qui craignaient la contagion révolutionnaire en Europe de l’Ouest. Document 2 Prolétaires unissez-vous contre les habits noirs (les militaires Wrangel et Joffre, les bourgeois et l’Entente.) Affiche en caractères russes et arabes, vers 1917-1918. © Rue des Archives/CCI. 6 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne Cette affiche, caricature en faveur des rouges, se lit en deux parties. En haut, on voit un homme en costume traditionnel des régions asiatiques de Russie, poussé par Wrangel, le général russe blanc, deux représentants du capitalisme et le maréchal français Joffre, représentant l’agression des puissances coalisées contre les bolcheviks. Il hésite à combattre le soldat de l’armée rouge. Ensuite, le révolutionnaire bolchevik l’ayant persuadé de combattre dans ses rangs, il se retourne victorieusement contre ses anciens maîtres. Le message est clair : grâce au courage du prolétaire asiatique en armes, la Révolution a vaincu ses ennemis, les armées étrangères venues soutenir la contre-révolution et les capitalistes bourgeois 4. Le communisme de guerre Pour faire face aux nécessités de la guerre civile et pour appliquer son programme marxiste, Lénine appliqua un programme particulièrement violent dès 1918. Economie et société sont mobilisées par le parti. Après les usines nationalisées dès juin 1918, les terres agricoles sont également étatisées en février 1919. Dans l’esprit de Lénine, il s’agit de faire parvenir à tous prix la production agricole dans les villes afin de nourrir la population, en priorité celle des ouvriers des usines d’armement, et l’Armée rouge. Les paysans qui s’étaient constitués en soviets et avaient massivement occupé les terres après la chute du tsarisme se trouvent ainsi dépossédés. Accusés d’affamer la Révolution, ils sont bientôt désignés par la propagande bolchevique comme des « ennemis du peuple ». Les récoltes des koulaks sont réquisitionnées. À partir du second semestre 1918, le parti lance la « terreur rouge ». La Tcheka s’emploie à traquer, partout où elle le peut les opposants à la révolution en ayant recours à la dénonciation et multipliant les exécutions sommaires. L’objectif étant de semer la terreur et de terrifier à titre préventif les hésitants. La famille du tsar et Nicolas II sont exécutés le 16 juillet 1918 à Ekaterinbourg, en Sibérie. En mars 1919, afin d’organiser le mouvement communiste mondial, Lénine crée le Komintern qui siège à Moscou. C’est Léon Trotsky qui est chargé d’organiser L’Armée rouge. Après les défaites de la plupart des armées blanches en 1919 et la mort de Koltchak, exécuté par les Bolcheviks en février 1920, les Bolcheviks sont finalement vainqueurs. Les épreuves de la Première guerre mondiale, la guerre civile, ont fait de la Russie un vaste champ de ruines. 5. La Nouvelle Politique économique ou N.E.P. (New Economic Policy) La Russie est, à l’orée des années 1920, dans une situation économique et sociale désespérée. Des famines sporadiques éclatèrent dans le pays, Séquence 6 – HG11 7 © Cned – Académie en ligne comme en 1922 dans les régions de la Volga. Du fait de l’extrême pauvreté et de l’évolution toujours plus autoritaire du régime qui s’en prend désormais aux forces de gauche, et en particulier aux anarchistes, des soulèvements ont lieu parmi les ouvriers ou dans l’armée. Le plus important est celui des marins de Cronstadt, en mars 1921, à l’origine de la révolution de 1917. Les ouvriers et les marins de Cronstadt se soulèvent contre les bolcheviks qui prennent d’assaut la forteresse et font exécuter sans doute plusieurs milliers d’hommes. Analysant le caractère catastrophique de la situation du pays en 1921, Lénine impose, non sans difficultés en raison de l’opposition d’un certain nombre de membres de la direction du parti bolchevik, un retour provisoire à un capitalisme mesuré. Il fait mettre fin aux réquisitions forcées dans l’agriculture, les remplaçant par des impôts en nature. Il fait rendre les petites entreprises à leurs anciens propriétaires et autorise une libéralisation du petit commerce. Grâce à l’ensemble de ces mesures, l’économie russe redémarre. En 1923, elle avait retrouvé son niveau de production de 1913. Document 3 Le programme de Lénine « La ruine extrême aggravée par la mauvaise récolte de 1920 a rendu cette transition nécessaire et urgente, vu l’impossibilité de rétablir rapidement la grande industrie. D’où la nécessité d’améliorer avant tout la situation des paysans. Le moyen : l’impôt en nature, le développement des échanges entre l’agriculture et l’industrie, le développement de la petite industrie. L’échange, c’est la liberté du commerce, c’est le capitalisme. Il nous est utile, dans la mesure où il nous aidera à combattre l’éparpillement des petits producteurs. Il n’y a là rien de dangereux pour le pouvoir prolétarien, tant que le prolétariat détient fermement le pouvoir, tant qu’il tient solidement en mains les transports et la grande industrie. » Lénine, Discours au Xe Congrès du parti communiste, mars 1921. Document 4 8 L’évolution de l’économie russe (1913-1928) 1913 1921 1928 Céréales (millions de tonnes) 80,1 56,3 73,5 Bovins (millions de têtes) 60,6 45,8 66,4 Houille (million de tonnes) 29,2 8,6 35,2 Acier (million de tonnes) 4,2 0,2 4,3 Energie électrique (milliards de Kwh) 1,9 0,5 5 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne Questions Quels sont les secteurs économiques qui diminuent le plus ? Comment expliquez-vous cet écroulement ? Que pouvez-vous conclure des résultats de la NEP ? Pourquoi, selon vous, les résultats sont-ils inégaux ? Réponses Nous pouvons remarquer que la production de charbon et la pro- duction s’écroulent totalement entre 1913 et 1921, la production d’acier étant quasi nulle à la sortie de la guerre civile. La production de céréales, quant à elle, diminue de moitié au cours de la même période, passant de 80 à 40 millions de tonnes. La faillite de l’économie russe durant cette période s’explique par les conséquences de la première guerre mondiale, qui a notamment entraîné la mobilisation de millions de paysans, et par les désastres de la guerre civile. Celle-ci a en effet désorganisé l’appareil industriel et s’est également traduite par des massacres et des réquisitions massives dans l’agriculture. Nombre de paysans ont réagi en refusant de semer, en abattant leur propre bétail, renforçant ainsi les effets de la famine de 1921-1922. Dès 1921, l’ensemble des productions repart à la hausse. L’arrêt des réquisitions dans l’agriculture, une amélioration au moins relative dans la façon dont les campagnes sont traitées, permettent l’augmentation de la production de céréales. Celle-ci atteint en 1926 le niveau de production de 1913, avant de baisser à nouveau en 1927. Dès 1926, la production d’acier a retrouvé son niveau de 1913 avant d’atteindre un peu plus de 5 millions de tonnes en 1928. C’est la production de charbon qui connaît le redressement le plus spectaculaire. Dès 1925, elle est de nouveau de 30 millions de tonnes, comme en 1913, avant de culminer à plus de 60 millions de tonnes en 1928, soit plus de deux fois la production d’avant-guerre. Les variations de la production de céréales – ainsi la baisse des années 1923-1924, puis 1926-1927 – peut s’expliquer pour une part par les aléas climatiques. Néanmoins, en dépit du discours de Lénine qui, en 1921, considérait que le secteur constituait la première des priorités, l’industrie est nettement privilégiée par le régime comme en témoignent la progression bien plus brillante dans la production d’acier et de charbon. Lénine s’emploie également à changer les rapports entre la Russie et les peuples dominés de cet immense territoire en créant un État de type fédéral. En 1922, la Russie devint l’URSS (Union des Républiques socia- Séquence 6 – HG11 9 © Cned – Académie en ligne listes soviétiques) sur la base d’une entente fédérale entre les différents États qui la composent. Lénine meurt prématurément en janvier 1924, laissant ouvert le difficile problème de sa succession. B Le totalitarisme stalinien (1927-1953) 1. La succession de Lénine À la mort de Lénine, Staline est secrétaire général du P.C.U.S. (parti communiste d’Union soviétique). Il s’oppose rapidement à Léon Trotsky, l’organisateur de la révolution d’Octobre et le vainqueur de la guerre civile. Au-delà de la querelle de personnes, les deux hommes se divisent sur la question de l’internationalisation de la révolution. Trotsky souhaite exporter immédiatement la révolution vers le reste du monde, en visant d’abord l’Europe, alors que Staline considère qu’elle doit d’abord se conforter en Union soviétique même. S’appuyant sur le Parti, Staline l’emporte sur Trotsky qui est expulsé d’URSS en 1927 et sera finalement assassiné par un agent stalinien, à Mexico, en 1940. Débarrassé de son principal rival, Staline installa une dictature totale à partir de 1928. 2. La transformation économique de l’URSS sous Staline Staline va s’employer à faire de l’URSS une grande puissance industrielle en mettant en place une économie de type communiste. Pour cela, il met fin à la N.E.P. dès 1927 et met en place une économie planifiée. Toutes les entreprises, les terres agricoles, l’ensemble du commerce appartiennent directement ou indirectement à l’État. Le premier plan quinquennal est lancé en octobre 1928. L’organisme qui s’occupe de répartir les objectifs et vérifier les résultats de chaque entreprise est appelé le Gosplan. L’accent est mis sur les industries lourdes et la production de charbon. Les industries de biens de consommation sont volontairement laissées de côté car jugées « bourgeoises » dans la mesure où elles sont censées apporter un confort à l’individu et non à la communauté dans son ensemble. Cette incapacité de l’industrie à répondre aux besoins les plus élémentaires de la population sera une caractéristique constante de l’économie soviétique. 10 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne L’URSS se couvre de combinats (pôles de développement industriels dans lesquels on trouve presque exclusivement des industries lourdes) c’est surtout l’industrie lourde qui est favorisée. Des complexes industriels géants se mettent en place dans l’Oural, en Sibérie, dans le Kazakhstan (voir le document 5, géographie industrielle de l’URSS). Le travail à la chaîne socialiste est glorifié en la personne d’Alexeï Stakhanov, soi-disant inventeur du stakhanovisme (équivalent du taylorisme). En 1935, Alexis Stakhanov, alors mineur dans le bassin houiller du Donbass, aurait dépassé de 1 400 % sa norme journalière. Sa méthode de travail se diffuse et le travail à la pièce, dans le charbon et l’acier devint la norme. L’image de Stakhanov est immédiatement reprise par la propagande stalinienne. Sans qu’il soit possible de nier un véritable décollage industriel de l’économie soviétique, les résultats de cette période sont difficiles à évaluer. En effet, toutes les statistiques économiques étaient systématiquement truquées à la fois pour encourager les Soviétiques à poursuivre leurs efforts et pour montrer au monde la réussite de la révolution. Document 5 La géographie industrielle de l’URSS (1927-1940) Océan Glacial Arctique Mer de Barents Sibérie occidentale OURAL Ob Volga Moscou Rostov Mer Caspienne Bakou Mer d’Okhotsk KOUZBASS Irkoutsk Magnitogorsk Lac Baïkal Komsomolsk Amo ur Karaganda Mer d’Aral Nouveaux centres industriels en 1939 Transsibérien 500 km a Lén Omsk DONBASS Stalingrad Mer Noire Ie ni ss eï Irtych Leningrad Sibérie orientale Sibérie centrale Vladivostok Centrale hydro électrique de Dnieprostroï Villes fondées avant 1913 Camps de travail (Goulag) sur régions minières et exploitations forestières Séquence 6 – HG11 11 © Cned – Académie en ligne Document 6 La collectivisation, affiche de 1932 © Deutsches Plakat Museum, Museum Essen/Archives Charmet/Bridgeman Giraudon. Giraudon Questions Comment cette affiche est-elle composée ? Quels aspects de la politique agricole du régime stalinien représente- t-elle ? La réalité correspond-elle à cette image ? 12 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne Réponses Cette affiche est un photomontage composé avec une grande rigueur, aucun élément n’est choisi ou représenté au hasard. Ce visuel a été créé en 1932 pour valoriser le premier, plan quinquennal dans l’agriculture. Ce qui frappe en premier lieu c’est l’immense figure de Staline. Il regarde vers l’horizon des lendemains qui chantent. Le peuple des kolkhoziens le suit, souriant, montrant sa disponibilité à suivre ses consignes. Au premier plan, un tracteur à chenille est attelé à cinq semoirs. La mécanisation est le symbole du modernisme apporté par le communisme. Cette affiche de propagande a été réalisée à l’occasion de la collecti- visation des terres. Elle a deux buts essentiels, convaincre les Soviétiques que le communisme est synonyme de progrès, et mettre en avant la figure du dictateur. Le dictateur est immense, parce qu’il sait tout et voit plus loin que l’homme du commun. Il est celui qui emportera les Soviétiques vers un avenir radieux. Le texte dit qu’à la fin du premier plan quinquennal, les bases de la collectivisation devront être totales. La vision de la collectivisation que présente cette affiche est d’une ironie dramatique dans la mesure où ce mouvement se solda par la mort et la déportation de millions de paysans refusant la collectivisation des moyens de la production agricole et l’écroulement de la production agricole. 3. Aspects du totalitarisme stalinien Le régime stalinien est de type totalitaire. La propagande, la répression, la surveillance de la population sont omniprésentes dans l’URSS de Staline. Les organisations de femmes, de travailleurs, de jeunesse, les komsomols, c’est-à-dire les jeunesses communistes, par exemple, inculquent à la population les principes du communisme et permettent également de la contrôler. Staline renforce sa dictature en s’appuyant sur le parti communiste d’URSS, seul parti autorisé. Afin de contrôler plus efficacement le PCUS, Staline fait exécuter les anciens compagnons de Lénine et les remplace à l’intérieur du parti par des hommes à lui. Les fidèles du régime font bientôt figure de nouveaux privilégiés. Ces apparatchiks vont constituer une nouvelle bourgeoisie rouge ou nomenklatura. Les purges à l’intérieur du parti, dans l’armée et l’administration commencent dès 1934 pour atteindre leur point culminant en 1936-1938. De grands procès publics ont lieu dans la capitale soviétique, c’est ce qu’on appelle les procès de Moscou. Le totalitarisme stalinien obtient, par la violence physique, la torture morale, les menaces contre la famille du détenu, que les accusés, tous d’authentiques communistes, s’accusent de liens avec Trotsky ou avec les ennemis de l’URSS et d’activités Séquence 6 – HG11 13 © Cned – Académie en ligne anti-communistes. La sentence, décidée avant même le procès, est évidemment la mort. Les purges dans l’armée vont s’attaquer aux officiers généraux vainqueurs de la guerre civile dont la popularité fait peur à Staline. Ainsi, il fait exécuter le maréchal Toukhatchevsky, trop populaire aux yeux du dictateur et fait décimer le haut commandement. En 1941, face à l’offensive allemande, l’Armée rouge aura perdu l’essentiel de ses cadres compétents. Le pays tout entier est alors soumis à la terreur et à la répression policière du NKVD, successeur de la Tcheka et futur KGB et de son chef, Béria. La répression entraîne la mort de dizaine de milliers de victimes et la déportation dans les camps de concentration de Sibérie, le Goulag, de millions de personnes. Document 7 Prisonniers du Goulag travaillant à la construction du canal de la mer Blanche, entre 1931 et 1933 © Rue des Archives/Tal. Archives/Tal Le régime stalinien se caractérise enfin par un culte de la personnalité délirant autour de sa personne de Staline. La propagande le surnomma ainsi le Petit père des peuples en affectionnant de le photographier avec 14 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne des enfants dans les bras, célébrant son génie, génie politique, économique, scientifique, militaire. Pendant la seconde guerre mondiale, la propagande en fait le maréchal Staline, le génial organisateur de la victoire de l’Armée rouge alors même que ses interventions intempestives dans la stratégie militaire sont largement responsables des terribles défaites soviétiques au début du conflit (voir la séquence 4 « La guerre au XXe siècle »). Après la seconde guerre mondiale, la surveillance du NKVD est toujours aussi omniprésente, la répression à l’égard de toute opposition toujours aussi systématique et Staline est de plus en plus suspicieux. Le régime semble se faire cependant un peu moins violent. Le temps des grandes purges est passé et le traumatisme de la collectivisation s’éloigne quelque peu. Jaloux de la popularité de Joukov, le vainqueur de Stalingrad et de Berlin, Staline se « contente » de l’affecter dans des commandements éloignés. Le complot des blouses blanches, médecins le plus souvent juifs, accusés de crimes imaginaires contre des dignitaires soviétiques en 1952-1953, rappelle cependant aux Soviétiques et au monde que le régime n’a pas changé de nature. Staline meurt le 5 mars 1953 en ayant terrorisé son entourage jusqu’au bout. C De l’apogée de la puissance soviétique à sa disparition (1953-1991) 1. La succession de Staline À la mort de Staline, les successeurs se disputent l’héritage dont notamment Béria, surtout Nikita Khrouchtchev. Khrouchtchev qui devient premier secrétaire général du PCUS, fait arrêter puis exécuter Béria à la fin de l’année 1953. On peut voir dans cette exécution le début de la déstalinisation. 2. Le XXe congrès du PCUS (février 1956) C’est à l’occasion du XXe Congrès du parti communiste qui se tient à Moscou du 14 au 25 février 1956 que Khrouchtchev lit un rapport secret devant les délégués des partis communistes du monde entier. Devant un auditoire médusé, il dénonce les crimes de Staline, il l’accuse en particulier d’avoir organisé un culte de la personnalité autour de sa personne et d’avoir écrasé le Parti sous sa tyrannie. Séquence 6 – HG11 15 © Cned – Académie en ligne Document 8 Extrait du rapport secret de Khrouchtchev au XX Xe congrès du P.C.U.S. (Parti communiste de l’Union soviétique) (février 1956) « Camarades ! Dans le rapport du Comité central du parti au XXXe Congrès, dans un certain nombre de discours prononcés par des délégués, au congrès et aussi au cours des sessions du Comité central (c’est-à-dire l’organe de décision) du P.C.U.S., on a beaucoup parlé du culte de la personnalité et de ses conséquences néfastes. Après la mort de Staline, le Comité central du parti a commencé à mettre en œuvre une politique d’explications concises et conséquentes du caractère intolérable et étranger à l’esprit du marxisme-léninisme de la glorification d’un individu, de son élévation au rang de surhomme doté de qualités surnaturelles comparables à celles d’un dieu. Un tel homme est censé tout savoir, tout voir, tout pouvoir, penser pour tous et agir au mieux en toutes circonstances. Une telle foi en un homme, et plus précisément une telle foi en Staline, a été cultivée chez nous pendant de longues années. (…) Tout le monde ne saisit pas encore complètement les conséquences pratiques qui ont résulté du culte de l’individu, le grave préjudice causé par la violation du principe de la direction collective du Parti. (…) La manière par laquelle d’anciens membres du NKVD fabriquèrent divers « centres antisoviétiques » fictifs à l’aide de manières provocatrices apparaît dans les confessions du camarade Rosenblum, membre du parti depuis 1906, qui a été arrêté en 1937 par le NKVD de Leningrad. (…). Lorsque Rosenblum fut arrêté en 1937, il fut soumis à de terribles tortures au cours desquelles on lui donna l’ordre de faire de fausses dépositions à son propre sujet et sur d’autres personnes. Puis, il fut conduit dans le bureau de Zakovski qui lui offrait la liberté à condition qu’il passât devant le tribunal de faux aveux de « sabotage », espionnage et diversion dans un centre de terroriste de Leningrad, aveux qui avaient été fabriqués par le NKVD en 1937 (Mouvements dans la salle). (…) Plusieurs milliers d’honnêtes et innocents communistes sont morts par la suite des monstrueux truquages de ces « procès » parce qu’on acceptait toutes sortes de confessions calomnieuses »… Questions Quelle est la nature du document ? Pourquoi est-il secret ? Quel est, selon Khrouchtchev, le plus grand reproche qu’on peut faire à Staline ? Pourquoi ? Quels sont les crimes que Khrouchtchev impute à Staline ? À quel évé- nement précis fait-il référence ? Quelle est, selon vous, la raison pour laquelle les déclarations de Khrouchtchev provoquent des mouvements dans la salle ? 16 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne Réponses Le texte qui nous est ici présenté est le texte du discours qui Khroucht- chev prononça à l’occasion du XXe congrès du P.C.U.S. Il s’agit d’un rapport secret, prononcé à huis clos, sans la présence de journalistes, devant les délégués des partis communistes du monde entier. Le secret s’imposait dans la mesure où, pour Khrouchtchev, il ne fallait pas que la reconnaissance interne des crimes du stalinisme puisse servir à la presse du monde capitaliste pour dénoncer le régime communiste en URSS. Khrouchtchev dénonce en particulier le culte de la personnalité dont Staline s’est entouré. Il n’hésite pas à déclarer que Staline se faisait représenter comme un surhomme et même comme un dieu. Ce culte de la personnalité est doublement condamnable. Condamnable, parce qu’il est contraire à l’idéologie sur laquelle l’URSS est censée se fonder, c’est-à-dire le marxisme-léninisme. De fait, Marx n’évoque jamais l’idée d’un culte de la personnalité, et Lénine lui-même, ne fit jamais l’objet d’une vénération comparable quand il était au pouvoir. Condamnable également parce que c’est du culte de la personnalité que découlent, selon Khrouchtchev, les autres crimes de Staline. Khrouchtchev fait directement référence aux procès de Moscou qui, entre 1936 et 1938, ont eu pour conséquence l’élimination par Staline, de milliers de membres du P.C.U.S. Il dénonce les méthodes du NKVD, et donc, même s’il ne le nomme pas de son adversaire Béria, qui n’hésita pas à avoir recours à la torture pour fabriquer de fausses preuves contre des communistes sincères. L’URSS s’est bâtie sur l’idée du paradis des prolétaires, vantée par la propagande. Beaucoup de communistes sincères, notamment en Europe occidentale, ont longtemps voulu croire que les rumeurs évoquant, parfois dès les années 1920, les crimes du régime soviétique, n’étaient que des inventions des media « bourgeois ». Or, pour la première fois, même si on prenait la précaution de dévoiler tout cela sous le sceau du secret, les dirigeants de l’URSS eux-mêmes reconnaissaient l’ampleur des crimes staliniens. Cet énoncé des crimes staliniens déstabilisa grandement les délégués présents, et notamment ceux de la délégation française. La déstalinisation annoncée par Khrouchtchev à l’occasion du XXe Congrès du PCUS est le pendant d’un autre changement d’orientation, en politique étrangère, la coexistence pacifique (voir la séquence 4 sur « La guerre au XXe siècle », au chapitre 3). Les réformes entreprises par Khrouchtchev en politique intérieure, tant dans le domaine économique afin de conférer une plus grande autonomie à la machine industrielle, que dans le domaine culturel, avec une tutelle un peu moins étouffante de la part de l’État, furent finalement bien timides. Séquence 6 – HG11 17 © Cned – Académie en ligne L’époque Khrouchtchev est celle des réussites soviétiques dans le domaine scientifiques, principalement la conquête spatiale avec le premier vol spatial habité du cosmonaute Youri Gagarine. Figure populaire se voulant sympathique, Khrouchtchev est le premier dirigeant soviétique à voyager à l’étranger. Mais cette période est vue aussi comme une période de faiblesse aux yeux de la nomenklatura soviétique qui reproche au successeur de Staline sa tiédeur à réprimer les mouvements de révolte en Pologne et en Hongrie. Et, lorsque Khrouchtchev doit reculer devant Kennedy au moment de l’affaire des missiles de Cuba (voir la séquence 4 sur « La guerre au XXe siècle », au chapitre 3), il signe son arrêt de mort politique. En octobre 1964, le Comité central du PCUS démet Khrouchtchev de toutes ses fonctions, le mettant d’office à la retraite. Leonid Brejnev lui succède alors à la tête du PCUS et donc de l’URSS. 3. L’impossible réforme du système La période où Brejnev dirige l’Union soviétique est désignée comme une période de glaciation, les équilibres internes, sociaux et économiques et internationale sont maintenus en l’état dans un monde en pleine mutation. C’est pourtant à la fin des années 1970 que l’influence de l’URSS est la plus grande dans le monde. Cette influence repose sur la puissance militaire du second super-grand, sur l’influence du PCUS sur les intellectuels du monde entier, sur la récupération qu’elle fait des mouvements de libération nationale se battant au nom du marxisme-léninisme comme au Vietnam. Mais le système soviétique reste bloqué par une croissance économique beaucoup trop faible pour répondre aux besoins de l’URSS. La décennie 1970, est en fait déjà une décennie de crise. L’économie soviétique est également dans l’incapacité de répondre au désir de la population de voir sa condition s’améliorer. Les Soviétiques vivent cette époque plongés dans une économie de pénurie. Dans les magasins d’État, les Soviétiques se plaignent souvent du manque de produits et de leur mauvaise qualité. Les produits importés sont réservés à la nomenklatura et le marché noir prolifère. Document 9 Rapport d’Andreï Gromyko sur la situation du commerce dans la ville de Moscou (janvier 1986) « Confidentiel au Comité central Magasin n° 1 de l’arrondissement de Kountsevo On note un fort manque de bonnes chaussures d’hiver. Durant les grands froids, on ne pouvait trouver que des sandalettes d’été. Ce magasin offre un exemple typique du manque chronique de tissus à la mode. Les tons des étoffes proposés sont pâles, sombres et même « repoussants » comme l’a remarqué une acheteuse. Devant nous, les acheteurs critiquèrent ceux qui produisent de tels produits et nous demandèrent s’il n’était 18 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne pas possible de contraindre le producteur à tenir compte des goûts des clients. Le personnel du magasin attira notre attention sur le manque de régularité des livraisons. (…) Les produits ne partent pas à temps des entrepôts soit à cause de la mauvaise organisation, soit par le manque de transport. Archives d’État soviétiques, in Nicolas Werth et Gaël Moullec, Rapports secrets soviétiques, 1921-1991, Gallimard, 1994. 4. Le problème des dissidents Même s’il demeure une dictature réprimant toute opposition avec le concours du KGB, le régime soviétique se fait moins répressif à partir des années 1960. Dès la mort de Staline, un certain nombre de prisonniers du goulag avait été libéré ce qui n’empêche pas le système concentrationnaire de perdurer. Au milieu des années 1960, apparaît le mouvement des dissidents. Ceux-ci, en général sont des intellectuels ou des scientifiques. Ils exigent le respect des droits de l’homme. Incapable de dialoguer avec ces membres de la nomenklatura qui ne respectent plus le système politique, le régime leur répond en les envoyant au goulag ou en les internant dans des hôpitaux psychiatriques. Ces dissidents ne sont qu’une poignée, largement coupés du citoyen soviétique, qui vivant dans les difficultés de la vie quotidienne et dans la crainte des services de sécurité, ne les comprend pas. Mais ces quelques personnalités, comme le grand écrivain Alexandre Soljenitsyne ou le physicien Andreï Sakharov, l’inventeur de la bombe à hydrogène soviétique, peuvent entrer en contact avec le monde occidental et leur cause se fait connaître par les médias occidentaux. 5. Le « moment » Gorbatchev (1985-1991) Issu d’un groupe de réformateurs qui s’était constitué autour de Iouri Andropov l’ancien directeur du KGB, Mikhaïl Gorbatchev, lui aussi ancien directeur du KGB, accède au pouvoir suprême en 1985. Il est convaincu qu’il faut changer le système économique soviétique en profondeur pour sauver l’URSS. Mais les courageuses réformes qu’il entreprend sont trop tardives et vont en fait précipiter la fin de l’URSS. Il résume son programme de réformes par deux mots, glasnost (transparence) et perestroïka (restructuration). Dans son esprit, il s’agit de concilier l’idéal communiste de justice sociale aux libertés démocratiques en améliorant l’efficacité économique du système. Il va rapidement se heurter aux apparatchiks du P.C.U.S. qui vont chercher à protéger leurs privilèges. On va les nommer les conservateurs face aux réformistes entraînés par Gorbatchev. Séquence 6 – HG11 19 © Cned – Académie en ligne Il décide de mettre fin à la censure, autorise le multipartisme et la liberté de la presse. En février et mars 1990 ont lieu les premières élections législatives libres de l’histoire de l’Union soviétique. Elles portent Boris Eltsine à la présidence de la République de Russie, c’est-à-dire la république la plus importante de la fédération qu’est l’URSS. Les réformes économiques libéralisent le commerce et visent également à supprimer les entreprises publiques non rentables. Loin de relancer l’économie soviétique, ces mesures aboutissent à la baisse dramatique de la production et du cours du rouble par rapport au dollar. L’inflation explose, le niveau de vie des Soviétiques s’écroule. Une population ayant vécu sous l’assistance de l’État avec des salaires faibles mais des loyers, des principales dépenses contraintes (eau, électricité, chauffage), l’alimentation à des coûts tout aussi faibles découvre l’horreur sociale du chômage et l’incapacité de l’État à soutenir ses victimes. Le désir des réformateurs d’établir une vérité des coûts de production des biens et des denrées essentiels va contribuer à faire exploser les prix. Pour y faire face, les salaires vont être réévalués en permanence, mais ne pourront pas empêcher un véritable effondrement du pouvoir d’achat des ménages. Document 10 Salaires et évolution des prix en URSS (en roubles) 1985 1990 1994 Salaire mensuel d’un ouvrier qualifié 250 5 000 150 000 Prix du pain (1 kg) 0,10 25 900 5 300 15 000 Prix de la viande (1 kg) 왘 Commentaire On remarque que le salaire ouvrier est multiplié par 600 entre 1985 et 1994, le kg de pain par 9 000 et le kilo de viande par 3 000. On peut en déduire que face à l’ampleur de l’inflation, les salaires ne peuvent pas suivre et que le niveau de vie des citoyens soviétiques s’écroule littéralement durant cette période. Les difficultés économiques et sociales font plonger Gorbatchev dans des records d’impopularité. En plus, il fait face également à l’agitation des nationalités qui composent l’URSS. Devant le pouvoir central qui abandonne progressivement le système communiste qui avait fait le ciment de l’URSS, les états incorporés par la force réclament leur indépendance. Les premiers à se séparer de l’URSS sont les états baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) qui proclament leur indépendance. Les conservateurs de la nomemklatura tentent de sauver le système en se soulevant contre Gorbatchev. Elle tente un coup d’État à l’été 1991 qui échoue grâce, en particulier, à l’opposition du président de la République de Russie, Boris Eltsine. Gorbatchev est libéré mais il ne peut empêcher Boris Eltsine de 20 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne proclamer à son tour la sécession de la Russie de l’URSS. Désormais président d’une fédération fantôme, Gorbatchev démissionne et l’URSS disparaît le 23 décembre 1991. Séquence 6 – HG11 21 © Cned – Académie en ligne 2 A L’Italie fasciste (1922-1945) La prise du pouvoir par les fascistes guerre mondiale et la crise sociale Pour le prix de son entrée en guerre aux côtés de la France, l’Italie avait négocié en 1915 des extensions territoriales aux dépens de l’AutricheHongrie. Elle réclamait plusieurs territoires autrichiens où on parlait italien, en particulier l’Istrie (région de Trieste) et le Trentin, dans les Alpes. Elle réclamait également la Dalmatie. Bien, que dans le camp des vainqueurs, les traités de paix lui refusent la Dalmatie, et ne lui donnent que l’Istrie et une partie du Trentin sans la ville de Fiume (aujourd’hui Rijeka en Croatie). Celle-ci est en effet placée sous mandat de la S.D.N. L’Italie exprime vivement sa frustration d’avoir ainsi été trompée. La victoire est amère pour les Italiens qui ont payé leur engagement au prix de 600 000 tués et près de 800 000 blessés. Les soldats démobilisés se considèrent alors comme trahis par la France et la Grande-Bretagne. C’est le thème de la « victoire mutilée » qui va se répandre dans tous les familles italiennes qui ont sacrifié l’un des leurs dans ce conflit. Cette amertume va se transformer en colère et sera exploitée par des groupuscules politiques extrémistes. En 1920, le gouvernement est vivement critiqué par des nationalistes qui l’accusent de vouloir abandonner Fiume. À la tête d’une légion de volontaires, l’écrivain Gabriele d’Annunzio occupe la ville en septembre 1919. Il doit cependant l’évacuer à la suite du traité de Rapallo signé par les gouvernements italien et yougoslave en novembre 1920. Ces nationalistes vont alors considérer que le pouvoir politique légal est devenu l’allié des ennemis de l’Italie. Il doit être éliminé. La sortie de la Première guerre mondiale se traduit pour l’Italie par une très grave crise économique et sociale. De grandes grèves insurrectionnelles se déclarent dans les usines du Nord industriel avec occupation d’usines par les ouvriers, et dans le sud agricole, les paysans occupent les terres des grands propriétaires. Le Président du Conseil Giolitti, persuadé que cette agitation montrera à la gauche son impuissance, laisse faire. Mais l’inaction de l’État inquiète les classes possédantes qui craignent une révolution bolchevique sur le modèle russe. Le fascisme nais- 22 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne sant va exploiter cette aspiration à l’ordre de la bourgeoisie et de l’aristocratie italienne. Les anciens combattants extrémistes vont être enrôlés dans des milices aux ordres des propriétaires des usines et des terres occupées. Document 11 Les terres irrédentes* italiennes et les crises sociales de l’après-guerre Bergame Turin Milan Istrie Venise Fiume Gênes Dalmatie M Nice e r A d r i a Rome t i q u e Naples M e r T y r r h é n i e n n e Frontières en 1920 Frontières en 1915 Terres irrédentes Régions annexée par l’Italie en 1919 et 1920 Occupation des terres Grandes grèves ouvrières de l’été 1920 Palerme * Les terres irrédentes sont des territoires de langue italienne que l’État italien veut annexer. 2. L’idéologie fasciste Le mouvement fasciste est créé en 1919 par Benito Mussolini. Ancien socialiste, partisan de l’entrée en guerre de l’Italie en 1915, il est déçu par « la victoire mutilée ». À la tête de son journal, Il popolo d’Italia (« Le Séquence 6 – HG11 23 © Cned – Académie en ligne peuple d’Italie »), il va développer rapidement une nouvelle théorie du pouvoir en partie inspirée des idées du philosophe français Georges Sorel et de Friedrich Nietzsche. Mussolini se veut avant tout comme un homme d’action. Dans le fascisme on trouve donc un certain nombre d’idées politiques plus ou moins nouvelles : ▶ une fascination pour la guerre, le sang versé donnera naissance à la nouvelle Italie. ▶ un rejet total de la démocratie libérale. Pour Mussolini la démocratie est mauvaise, c’est un régime faible car elle amène les Italiens à se diviser dans des luttes politiques stériles. ▶ le régime de la nouvelle Italie devra être une dictature où le chef, le Duce, décidera seul de l’intérêt de tous les Italiens. ▶ enfin, l’État doit prendre en charge l’encadrement de chaque Italien dans des associations et des corporations qui, de la naissance à la mort, lui diront le rôle qu’il doit tenir au sein de la société. Les conceptions politiques de Mussolini s’expriment notamment dans la devise du fascisme – « Croire, obéir, combattre » ou dans le slogan, omniprésent dans toute l’histoire du régime, « Il Duce a sempre ragione » – le Duce (c’est-à-dire Mussolini) a toujours raison. Le fascisme italien va devenir le modèle pour tous les régimes politiques reposant sur le totalitarisme, l’autoritarisme, le nationalisme et le racisme et l’utilisation de la force armée à l’encontre des voisins. Bien après sa propre disparition, le fascisme italien sert encore aujourd’hui de modèle à de nombreux régimes identiques de par le monde. Document 12 Le refus de la démocratie « Le fascisme nie que le nombre, par le fait d’être le nombre, puisse diriger les sociétés humaines. Il nie que ce nombre puisse gouverner grâce à une consultation périodique. Il affirme l’inégalité ineffaçable, féconde, bienfaisante des hommes qu’il n’est pas possible de niveler grâce à un fait mécanique et extérieur comme le suffrage universel. On peut définir les régimes démocratiques comme ceux qui donnent au peuple, de temps en temps, l’illusion de la souveraineté. Le fascisme repousse dans la démocratie l’absurde mensonge conventionnel de l’égalité politique, l’habitude de l’irresponsabilité collective, le mythe du bonheur et du progrès infinis. Mais si la démocratie peut être comprise différemment, si elle signifie ne pas refouler le peuple en marge de l’État, le fascisme a pu être défini par celui qui écrit ces lignes comme une « démocratie organisée, centralisée, autoritaire ». Questions Benito Mussolini, La doctrine du fascisme, Milan, 1932. Que veut dire Mussolini lorsqu’il écrit « Le fascisme nie que le nombre, 24 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne par le fait d’être le nombre, puisse diriger les sociétés humaines » ? À quelle « consultation périodique » fait-il référence ? Quelle est sa conception de la démocratie ? Réponses Mussolini et le fascisme rejettent par principe le suffrage universel et les élections qu’il implique. Pour Mussolini, le fait d’être la masse ne donne pas le droit ni la compétence au peuple de diriger. Sans doute peut-on voir dans ces conceptions l’idée, traditionnelle et réactionnaire, que le pouvoir ne peut être confié à une masse confuse composée d’individus ignorants. Mussolini rejette viscéralement la démocratie. Un des grands défauts de la démocratie évoqué ici est qu’elle n’est en fait qu’une illusion. Elle prétend donner le pouvoir au peuple en le laissant voter (la première élection au suffrage universel en Italie a eu lieu en 1913) mais en fait, il s’agit, d’après Mussolini d’une caricature de pouvoir. On trouve ici l’idée implicite que ce sont toujours les mêmes classes dirigeantes qui conservent le pouvoir. Sans doute peut-on voir dans cet argument une résurgence des anciens argumentaires socialistes du Mussolini d’avant 1914. À l’inverse, le fascisme, parce qu’il propose au peuple, à tout le peuple de s’unir dans la construction de l’État fasciste, est la « vraie démocratie ». En 1932, Mussolini est au pouvoir. Il omet dans son texte de préciser que les composantes « déviantes » du peuple, en l’espèce les forces de gauche, avaient au préalable été éliminées. 3. Les fascistes à la conquête du pouvoir Le parti fasciste est l’instrument à partir duquel Mussolini va se lancer à la conquête du pouvoir. À l’origine du fascisme, on trouve les faisceaux (fasci) qui sont de simples associations de jeunes anciens combattants. L’esprit ancien combattant est fondamental dans l’apparition du mouvement aussi bien à travers sa fascination pour la guerre et la valeur libératoire de la violence, que dans le choix de la chemise noire comme vêtement distinctif. La chemise noire était en fait la chemise portée par les troupes d’élite de l’armée italienne, les arditi, mais le terme de chemises noires va rapidement désigner les fascistes eux-mêmes. Les débuts du fascisme sont extrêmement modestes. La réunion constitutive du mouvement, à Milan, au printemps 1919, ne rassemble que 56 personnes et Mussolini n’obtient que 5 000 voix aux élections législatives (contre 170 000 pour le candidat socialiste). Les difficultés provoquées par le retour des soldats et la crise sociale des années 1919-1920, permettent aux faisceaux de recruter de nouveaux membres parmi les chômeurs, les ouvriers, la petite bourgeoisie des commerçants… Séquence 6 – HG11 25 © Cned – Académie en ligne Les fascistes reçoivent également l’appui de la grande bourgeoisie qui craint le danger rouge et la révolution. Mussolini organise ses faisceaux en milices qui deviennent les faisceaux de combat. Les faisceaux font régner la terreur dans toute l’Italie, attaquant les militants de gauche, les ouvriers, allant jusqu’au meurtre. En août 1922, les fascistes cassent la grève générale lancée par la gauche en attaquant les ouvriers grévistes. Document 13 La marche sur Rome (28 octobre 1922) © akg akg-images images. On peut distinguer au premier rang les principaux chefs fascistes : de gauche à droite Michele Bianchi, Italo Balbo, Benito Mussolini (au centre, en costume civil), Cesare Maria de Vecchi, Emilio de Bono. À l’arrière-plan, on voit les chemise noires formant la troupe fasciste. Le 28 octobre 1922, Mussolini organise la marche sur Rome. Les fascistes se mettent en route pour se rendre à Rome où réside le gouvernement. Prenant peur, alors qu’il aurait sans doute pu utiliser la police ou l’armée pour disperser les bandes fascistes, le roi Victor-Emmanuel III appelle Mussolini au poste de Président du Conseil le 30 octobre 1922. La prise du pouvoir a donc été rapide et facile pour Mussolini dans un pays en pleine crise. 26 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne B L’Italie de Mussolini 1. Les fascistes au pouvoir À la différence de ce qui va se passer en Allemagne en 1933 avec les nazis, la dictature fasciste s’installe progressivement à travers un durcissement graduel à l’égard de l’opposition. Tout en exerçant un large contrôle sur la presse et la vie politique, Mussolini tolère une relative opposition. Le premier tournant totalitaire du régime se situe effectivement en 1924. En avril 1924, par la violence, notamment des actions « punitives » dans les quartiers ouvriers des grandes villes du nord, et divers trucages dont une loi électorale particulièrement avantageuses pour eux, les fascistes réussissent à obtenir 65 % des voix aux élections législatives. Le 10 juin 1924, le député socialiste Giacomo Matteotti le leader le plus important de l’opposition, qui avait dénoncé les crimes fascistes et la fraude électorale est assassiné par des fascistes. L’énormité du crime amène une partie des élites libérales, politiques et industrielles à s’éloigner du fascisme. Mais l’incapacité de l’opposition à s’unir et le refus du roi Victor-Emmanuel III de congédier Mussolini permettent aux fascistes de retourner la situation en leur faveur à l’été 1924. Même s’il n’est pas certain que Mussolini ait directement commandité le meurtre, il l’utilise pour rompre définitivement avec la démocratie libérale. 2. Vers un régime totalitaire En 1925-1926, Mussolini fait voter les lois fascistissimes qui aboutissement à la mise en place d’une dictature totalitaire : ▶ ▶ ▶ ▶ ▶ le Duce a le pouvoir exécutif et législatif (il fait la loi et l’exécute) ; les partis sont tous interdits sauf le P.N.F. (parti national fasciste) ; les syndicats sont également interdits ; les députés et responsables politiques de gauche sont déportés dans des camps aux îles Lipari ; la presse et la radio sont soumises à une censure totale et se limitent désormais pour l’essentiel à chanter les louanges du Duce. Dès 1926, le régime crée une police politique, l’O.V.R.A. (l’ « Organizzazione di Vigilanza e Repressione dell’Antifascismo » c’est-à-dire l’Organisation de vigilance et de répression de l’antifascisme) qui traque les opposants aux quatre coins de l’Italie. Une fois arrêtés, ceux-ci sont déférés devant des tribunaux spéciaux qui condamnent à mort, ou au bagne. Désormais, le parlement compte peu. Mussolini s’appuie sur le P.N.F. (3 millions de membres) et sa milice, les chemises noires. Le P.N.F. élit un Séquence 6 – HG11 27 © Cned – Académie en ligne Grand conseil fasciste qui est le véritable organe de gouvernement avec lequel Mussolini dirige le pays. Néanmoins, le pouvoir de Mussolini ne fut jamais aussi total que celui d’Adolf Hitler. Les grands dignitaires du parti comme Michele Bianchi, Italo Balbo, Cesare Maria de Vecchi, Emilio de Bono…, conservèrent une assez large autonomie dans les régions qui étaient sous leur contrôle. Ainsi Italo Balbo à Ferrare ou Dino Grandi à Bologne. Et tout au long de la période, le grand historien et philosophe Benedetto Croce continua à écrire et à publier des textes condamnant le fascisme, chose inimaginable dans l’Allemagne d’Hitler. Si un intellectuel comme Croce fut protégé, il le devait à sa renommée en Europe et par le fait que Mussolini ne le considérait pas comme réellement dangereux pour le régime. Même si les crimes fascistes furent sans commune mesure avec les horreurs commises par les nazis, la dictature fasciste a pratiqué des violences et des assassinats qui ont fait des milliers de victimes. 3. Une volonté esthétique de puissance Document 14 Benito Mussolini par le peintre futuriste Alfredo Ambrosi, 1930 © akg-images 28 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne Pour visualiser ce tableau en couleurs, vous pouvez aller sur votre moteur de recherches et, en mode images, écrire Alfredo Ambrosi. Choisissez plutôt une représentation dans des tonalités roses qui est la plus proche de l’original. Questions Qu’est-ce que ce tableau représente ? La composition du tableau vous paraît-elle originale ? Quelles sont les idées que l’artiste cherche à susciter chez le specta- teur ? En quoi, selon vous, l’art peut-il être un puissant outil de propagande ? Réponses Le tableau peint par l’artiste futuriste Alfredo Ambrosi est un portrait stylisé de Benito Mussolini. On voit apparaître le visage du dictateur en surimpression, au-dessus de la ville de Rome où se mêlent bâtiments anciens, on remarque notamment le Colisée en haut à droite, et formes géométriques plus récentes. Le choix de représenter le Colisée s’explique sans doute par la volonté de l’artiste de faire de Mussolini le nouveau colosse du temps présent mais aussi de montrer que le Duce s’inscrit dans une histoire millénaire. La composition du tableau est particulièrement originale et tranche avec les portraits habituels. Nous sommes ici dans le cadre d’un art d’avant-garde qui s’affranchit des formes de représentation réaliste. Le visage de Mussolini est réduit à une forme modelée par quelques lignes de force. On perçoit nettement que l’arcature des sourcils devient un casque de guerrier antique. Cette allusion au casque antique devient universel dans l’art occidental puisque les superhéros des « comics » américains sont contemporains de cette peinture. Le menton, volontaire, les sourcils froncés montrent le dynamisme du dictateur. La nuque est devenue tellement raide qu’elle n’a plus rien d’humain, Mussolini est devenu une statue entrée dans l’histoire, à la suite des empereurs qui ont fait de Rome la capitale de l’univers antique. L’espace urbain, au deuxième plan se réduit à quelques monuments et à des formes géométriques. Rome n’est plus le sujet mais l’objet de la volonté mussolinienne. L’artiste veut faire naître chez le spectateur l’idée que le fascisme est synonyme de force, de dynamisme, de modernité. Le dictateur prétend ressusciter la grandeur du monde ancien, la « Rome éternelle ». Mussolini a marché sur Rome en 1922, il s’est emparé de la capitale italienne et entend lui imprimer sa marque en la remodelant. Il entend faire de Rome un projet digne de ses ambitions en rasant des quartiers anciens, des bâtiments antiques, des édifices religieux, pour l’aérer et la moderniser. Séquence 6 – HG11 29 © Cned – Académie en ligne L’ancien monde est en même temps dominé par la force du titan Mussolini qui mène l’Italie vers un nouvel avenir. Cette renaissance de l’Italie surgira d’un chaos digne de la création du monde dans la Bible éclairé par des traits lumineux dans le fond de nuées menaçantes que la lumière du visage repousse. Le fascisme italien partage ce point commun avec le communisme qu’il a su utiliser les avant-gardes artistiques pour célébrer sa puissance – le futurisme en Italie, le constructivisme en URSS ou bien encore la poésie de Maïakovski. Le nazisme à l’inverse est en rupture totale avec la modernité artistique de son temps, allant jusqu’à détruire des centaines d’œuvre jugées comme décadente. En Italie, le compagnonnage entre le courant futuriste et le fascisme est permanent. En adhérant aux formes de la modernité picturale, le fascisme met en exergue sa volonté de rompre avec le passé et sa fascination pour la technique, la vitesse. Document 15 Un exemple d’architecture fasciste : le palais de la civilisation à Rome © Clément Guillaume //Bridgeman g Giraudon. Rome aurait dû abriter l’exposition universelle de 1942, mais la seconde guerre mondiale a annulé l’événement qui devait montrer au monde l’empreinte de Mussolini sur la ville nouvelle. Il reste de l’époque fasciste des constructions de bâtiments prestigieux comme le palais de la civilisation italienne à Rome. Ce type d’architecture relève d’une modernité qui 30 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne s’oppose aux constructions de l’époque en Europe et présente des lignes sobres tout en assurant la fonctionnalité des lieux à ses occupants. 4. La mise au pas de la société italienne Nous venons de voir que tout en prétendant rendre à l’Italie la gloire de l’époque romaine – thème omniprésent de la propagande mussolinienne – le fascisme se veut moderne. En écho au mouvement futuriste, il professe donc une véritable fascination pour la technique. Il cherche également à encadrer les Italiens dans diverses organisations qui permettent au Duce de tout contrôler : Les enfants sont intégrés à des groupes où on les réunit par sexe et par âge. Les plus jeunes garçons (de 5 à 8-9 ans environ) se trouvent dans les « fils de la louve ». Les adolescents de 8 à 14 ans se trouvent dans les Balillas où ils reçoivent un uniforme et commencent à s’entraîner au maniement des armes. Ils sont ensuite avanguardisti (de 14 à 18 ans) avant d’intégrer les Jeunesses fascistes. Les jeunes filles sont également intégrées dans ce type d’organisations. Le nombre des membres du parti fasciste augmente, atteignant rapidement le nombre de 3 millions de membres. Cette augmentation s’explique notamment par le fait que pour exercer une fonction quelconque dans l’administration, il faut avoir sa carte du parti et prêter serment au Duce. Adhérer au Parti national fasciste, c’est également être sûr d’échapper au chômage et c’est encore bénéficier de loisirs dont notamment ceux offerts par le sport. Dans les années 1930, l’Italie devient une des reines des compétitions sportives, championne dans le vélo mais aussi et surtout le football avec la squadra azzura (l’équipe bleue) qui remporte la coupe du monde en 1934 et 1938. À travers le sport, les Italiens exorcisent un complexe d’infériorité séculaire et le fascisme fait de ces victoires qu’il a organisées un des éléments fondamentaux de sa propagande. Le sport joue ainsi un rôle central dans la glorification du régime et le contrôle des masses aussi bien dans l’Italie fasciste que dans le nazisme ou en URSS. Les corporations (où les travailleurs, l’ouvrier comme le patron sont réunis par métier) r remplacent les syndicats en fonction de la charte du travail, instituée en 1927. Il s’agit pour les fascistes de mettre fin à la lutte des classes qui jusqu’ici divisait la société et était susceptible d’affaiblir la nation. Dans le but d’obtenir le ralliement de l’opinion catholique, Mussolini, qui personnellement est athée, signe les accords du Latran en 1929 avec le pape Pie XI. Ces accords mettent fin au conflit qui opposait le pape et l’état italien depuis 1870 à propos du statut du Vatican. Celui-ci devient un état de plein droit au cœur de la capitale italienne. Par ailleurs, ils font du catholicisme la religion officielle de l’Italie. Séquence 6 – HG11 31 © Cned – Académie en ligne 5. Un programme de modernisation Menant une politique d’autarcie, Mussolini veut permettre à l’Italie de se suffire à elle-même en matière économique. L’État lance de grands travaux : autoroutes, barrages. L’Italie va rompre avec une culture de l’inefficacité et pour les contemporains, Mussolini est l’homme qui fait arriver les trains italiens à l’heure… La bataille du blé, lancée par Mussolini dès 1925, a pour ambition d’augmenter la production italienne de céréales afin que le pays soit capable de se suffire à lui-même. De grands projets d’assèchement des zones marécageuses sont lancés afin de gagner de nouvelles terres agricoles et de faire reculer la malaria qui tue encore des milliers d’Italiens chaque année. La propagande du régime met ainsi en scène l’assèchement des Marais pontins, réalisé entre 1928 et 1932. L’État mène aussi une politique nataliste. Il multiplie les mesures incitatives pour pousser les Italiens à faire des enfants. Il interdit par ailleurs l’immigration. Les migrations intérieures, notamment du sud de l’Italie, rural et sous-industrialisé, vers le nord et en particulier vers le Piémont (région de Turin) et la Lombardie (région de Milan) prennent alors de l’importance. Dans le même temps, la population active agricole décroît au profit de l’industrie et la scolarisation des petits Italiens croît notablement au cours de la période. 6. Une politique nationaliste et agressive Fasciné par la guerre et adepte du passé, Mussolini veut redonner son prestige à l’Italie. Pour cela, il revendique à la France des territoires dont il juge légitime le retour à l’Italie comme la Corse, Nice et la Savoie. Dans le même temps, voulant agrandir son empire colonial, l’Italie se lance dans la conquête de l’Ethiopie en 1935-1936. Cette conquête va se faire au prix de multiples crimes de guerre avec l’usage d’armes chimiques, la liquidation de populations civiles. Face à l’agression italienne, la S.D.N., poussée par la France et la Grande-Bretagne, se contente de prendre des sanctions économiques contre l’Italie. Celles-ci ont pour effet majeur d’amener Mussolini à se rapprocher d’Hitler. En 1936, il signe le pacte antikomintern créant ainsi l’axe Rome-Berlin. L’intervention des « volontaires italiens » dans la guerre d’Espagne aux côtés des franquistes et de la « légion Condor » (voir la séquence 4 « La guerre au XXe siècle ») marque le basculement définitif de l’Italie fasciste dans le camp hitlérien. Cette alliance, critiquée par de nombreux Italiens et même de nombreux fascistes dont Dino Grandi favorable à une alliance anglaise, est d’autant plus surprenante que Mussolini se méfia d’abord d’Hitler. Dans l’espoir d’empêcher l’Anschluss, il s’était d’abord proclamé protecteur de l’Autriche. Ce revirement en faveur de l’Allemagne nazie ne fit cependant 32 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne jamais l’unanimité dans la population italienne en dépit de la popularité réelle du régime dans les années 1935-1936. En 1938, les armées fascistes occupent l’Albanie et en 1939, Mussolini signe un pacte d’amitié et d’alliance avec l’Allemagne (le pacte d’acier). r Pourtant, en 1939, Mussolini hésite encore à se lancer dans un conflit généralisé avec les démocraties. C’est certain de la défaite française que Mussolini se lance dans la guerre en attaquant les fortifications françaises des Alpes en juin 1940. C Le fascisme dans la guerre 1. Un alignement progressif sur le nazisme La politique étrangère agressive de Mussolini à partir de 1935 l’amène à se rapprocher dès 1936 de l’Allemagne nazie. Cette décision se traduit également par l’apparition en Italie de toute une législation raciale, et en particulier antisémite à partir de 1938. En juillet 1938, le Minculpop (Ministerio della cultura populare, c’est-àdire le Ministère de la Culture populaire), publie un manifeste de défense de la race. Alors qu’en 1932, Mussolini déclarait à Emil Ludwig, « L’antisémitisme n’existe pas en Italie. Comme citoyens les juifs italiens se sont toujours bien comportés, comme soldats, ils se sont battus avec courage », dans un article du Popolo d’Italia du 24 décembre 1936, il écrit « L’antisémitisme est inévitable, là où le sémitisme exagère en se montrant, en devenant envahissant (…), Trop de juif fait naître l’anti-juif ». Dès 1937, des lois avaient interdit les relations sexuelles entre Italiens et populations indigènes de l’Ethiopie récemment conquise. Les lois antisémites de 1938 mettent en avant l’idée que les Italiens sont de race aryenne pure, que les juifs n’en font pas partie. Les juifs étrangers doivent quitter le territoire italien et les juifs italiens sont contraints de se déclarer auprès des autorités. Ceux qui ont acquis la nationalité italienne après 1918 en sont déchus. Les juifs se voient interdire le droit de faire leur service militaire et sont exclus du professorat, de l’administration, des professions juridiques, du journalisme, de la banques, de l’assurance. Sur le modèle allemand, l’économie italienne est « aryanisée », les juifs italiens possédant des biens immobiliers importants ou des entreprises sont ainsi spoliés par l’État italien. 2. La chute de Mussolini Dès le début de son engagement dans la guerre, l’armée italienne montre ses limites. En 1940, l’Italie obtient d’occuper quelques portions du territoire français frontalier. En 1942, elle occupe Nice et la Corse. Mais Mus- Séquence 6 – HG11 33 © Cned – Académie en ligne solini, désireux d’imiter Hitler s’engage dans une guerre aventureuse contre la Grèce en 1940. L’incapacité de l’armée italienne de vaincre les grecs, pourtant inférieurs en nombre et en armement, va contraindre Hitler à voler au secours de son allié au printemps 1941. Les défaites italiennes vont se succéder au cours du conflit, en Afrique, avec la perte de l’Ethiopie et de la Somalie, et en Libye, obligeant à nouveau l’Allemagne à y envoyer ses meilleures troupes. À partir de la fin de l’année 1942, les bombardements des villes italiennes deviennent réguliers. Après le débarquement des Anglo-Américains en juillet 1943, (voir la séquence 4 « La guerre au XXe siècle », partie 2), Mussolini est désavoué par le Grand Conseil fasciste, puis arrêté sur l’ordre du roi. La présidence du gouvernement est confiée au maréchal Badoglio qui signe, le 3 septembre 1943 un armistice avec les Anglo-Américains. Basculant dans le camp adverse, l’Italie est aussitôt envahie par la Wehrmacht. Dans le même temps, le 12 septembre 1943, un groupe de parachutistes allemands parvient à libérer Mussolini de sa prison, dans les Abruzzes. Document 16 La libération de Mussolini par une unité parachutiste allemande © akg-images/Ullstein akg images/Ullstein Bild. Bild Cette opération de commandos libère un homme affaibli, habillé en civil et qui désormais, disparaît dans une masse d’uniformes allemands. Il est désormais bien loin le temps du tribun en uniforme qui haranguait les foules. L’Italie devient alors le théâtre de très dures batailles entre les Alliés et les Allemands. Les italiens se déchirent dans une véritable guerre civile 34 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne entre fascistes restés fidèles à Mussolini et partisans royalistes et surtout forces de gauche dominées par le Parti communiste italien. Sous la tutelle hitlérienne, Mussolini va alors fonder un nouvel état fasciste sous contrôle allemand dont la capitale se trouve dans la petite ville de Salò, près du lac de Garde, à la frontière avec la Suisse. 3. La république de Salò (1943-1945) La république de Salò, ou république « sociale » italienne selon son nom officiel, est en fait une marionnette entièrement manipulée par les nazis. Son autorité, toute relative, ne s’étend que sur le nord de l’Italie. Avec cette république, Mussolini rompt avec la monarchie italienne, rompt avec Rome, avec les chefs du Grand conseil fasciste qui l’ont trahi. Il veut revenir à un fascisme originel. Et reprend la devise d’origine du mouvement « no me frego », je m’en fiche. C’est pourtant au cours de cette période que Mussolini ajoute à la liste déjà longue de ses crimes, la mise en place d’une politique de collaboration à l’extermination des juifs italiens conduite par les nazis. Le 16 octobre, les nazis envahissent Rome et procèdent à la rafle des juifs. Sur les 2 094 personnes déportées, seuls 105 reviendront des camps de la mort. Le 13 décembre 1943, une ordonnance de Mussolini prescrit aux juifs de se présenter aux autorités afin d’être internés dans des camps de concentration. Tous les biens des juifs sont confisqués par l’État fasciste. En Italie même, les nazis installent, à proximité de Trieste, un camp d’extermination muni d’un four crématoire. C’est la Risiera di San Sabba, surnommé le « petit Auschwitz italien ». Au moins 20 000 juifs et résistants sont ainsi exécutés. La république de Salo s’écroule en avril 1945 avec le reflux des forces armées nazies au Nord des Alpes. Mussolini tente de s’enfuir vers la Suisse mais il est reconnu par des résistants communistes dans la petite ville de Dongo en dépit de l’uniforme allemand qu’il a revêtu. Il est fusillé avec sa maîtresse le 27 avril 1945 et seize derniers fidèles. Leurs dépouilles, ramenées à Milan, sont pendues par les pieds place Loretto, et exhibées à la vindicte de la foule. Ainsi le fascisme et ses crimes ne pourront s’achever en Italie par un procès public comme celui de Nuremberg en Allemagne. Séquence 6 – HG11 35 © Cned – Académie en ligne 3 L’Allemagne nazie A La République de Weimar : 1918 – 30 janvier 1933 1. La naissance de la République de Weimar En Allemagne, la démocratie naît de la défaite de 1918. À la fin de la Première guerre mondiale, les alliés exigent l’abdication de l’empereur Guillaume II. Mais c’est la révolution qui éclate en Allemagne qui le contraint à abdiquer le 9 novembre 1918. Il s’enfuit alors aux Pays-Bas. Les généraux de l’état-major, Hindenburg et Ludendorff profitent de l’occasion pour rendre le pouvoir aux civils. Ainsi, ils vont rendre les civils responsables de la gestion de la défaite et du désastre auxquels ils ont conduit l’Allemagne (voir la séquence 4 « La guerre au XXe siècle », partie 1). Une assemblée constituante (assemblée qui se réunit pour rédiger une constitution) se réunit donc à Weimar, la ville de Goethe, et proclame la république. 2. La république de Weimar confrontée à la révolution spartakiste Au début de l’année 1919, la toute nouvelle république doit faire face à l’insurrection spartakistes (ancien nom du parti communiste allemand), notamment à Berlin mais aussi en Bavière où une République des Conseils (l’équivalent des soviets russes) est créée en avril-mai 1919. Pour rétablir l’ordre, le président socialiste Friedrich Ebert et son ministre Gustav Noske tous deux membres du SPD (parti social-démocrate allemand) alors au pouvoir, font appel à l’armée et aux corps francs. Il s’agit de milices constituées de combattants démobilisés après l’armistice du 11 novembre 1918. Les hommes des corps francs sont souvent proches de l’armée et de l’extrême-droite mais on y trouve aussi quelques socialistes. Ils multiplient les exécutions sommaires, tuant sous doute plusieurs de dizaines de milliers d’ouvriers. Ce sont également les corps francs qui assassinent le 15 janvier 1919, à Berlin, sur l’ordre direct du ministre socialiste Gustav Noske, les deux leaders du mouvement spartakiste, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. La jeune démocratie alle- 36 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne mande naît dans le sang des spartakistes et dans la compromission avec les forces de répression des corps francs habités par la volonté de revanche. Document 17 Spartakistes en armes à Berlin (janvier-avril 1919) © IAM/akg/World History Archive Archive. Le KPD (parti communiste allemand) ne pardonnera jamais cette « trahison » des socialistes désormais désignés comme « socio-fascistes ». Outre une situation sociale particulièrement tendue, la république doit également endosser la responsabilité de la défaite en signant le Diktat du traité de Versailles. Cette paix, très dure à l’égard de l’Allemagne permet à l’extrême-droite de lancer le thème du Coup de poignard dans le dos. (Voir la séquence 4 « La Guerre au XXe siècle », chapitre 1) 3. De la crise des années 1920 aux belles années de la république Au début des années 1920, l’endettement de l’Allemagne engendre une terrible inflation. Celle-ci atteint son maximum en 1923. Entre janvier et avril 1923, les prix augmentent de 1 000 %. L’Allemagne se trouve Séquence 6 – HG11 37 © Cned – Académie en ligne confrontée à une situation d’hyperinflation, situation dans laquelle la monnaie ne vaut plus rien. Ce n’est qu’en 1923 que le gouvernement parvient à stabiliser la situation en créant une nouvelle monnaie, le Rentenmark. L’hyperinflation, qui fait suite à l’écroulement militaire de 1918, a durablement traumatisé le peuple allemand. Le souvenir de la terrible misère et de l’effondrement des valeurs de stabilité et de prospérité qui en résulta, demeure encore jusqu’à nos jours dans la conscience nationale allemande. Document 18 Enfants devant des piles de marks. © IAM/akg/World IAM/ k /W ld History Hi Archive. A hi Le dollar que tient le garçon représente l’équivalent de tous les marks amassés dans les trois piles de billets. 38 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne Les débuts de la République de Weimar, dominés par les sociauxdémocrates et le zentrum, sont également marqués par de nombreuses réformes politiques, sociales. 4. Le rapprochement franco-allemand Le gouvernement de coalition du leader de la droite Gustav Stresemann obtient du gouvernement français l’évacuation de la Ruhrr en 1924. Celle-ci avait été occupée par l’armée française sur l’ordre du président du Conseil Raymond Poincaré afin de contraindre, sans résultat du reste, le gouvernement allemand à continuer à payer les Réparations. Stresemann, qui est la grande figure politique allemande du milieu des années 1920, est également favorable à un rapprochement franco-allemand. Il rencontre à de multiples reprises Aristide Briand (ministre des Affaires étrangères et président du Conseil français). En octobre 1925, les accords de Locarno, notamment signés par Briand et Stresemann reconnaissent la validité des frontières occidentales héritées du traité de Versailles. L’Allemagne reconnaît le caractère français de l’Alsace – Lorraine, en contrepartie, la France abandonne ses projets de mainmise sur la Rhénanie. En 1926, l’Allemagne entre à la S.D.N. avec l’appui de la France. Le 27 août 1928, Stresemann signe le Pacte Briand-Kellog, Frank Kellog étant le secrétaire d’État américain de l’époque, qui met la guerre horsla-loi. Le 15 septembre 1929, Aristide Briand défend devant la S.D.N. le principe d’une fédération européenne avec le soutien du gouvernement allemand. Et en 1932 encore, c’est-à-dire après le déclenchement de la crise de 1929, le chancelier von Papen propose à la France une union douanière franco-allemande, union que le Président du Conseil Edouard Herriot refuse tant par méfiance personnelle qu’en raison de l’opposition absolue des Britanniques. Cette première tentative de rapprochement entre nos deux pays n’eut pas de suite dans les années 1930. Sans doute reposait-elle trop sur les relations personnelles de deux hommes qui disparaissent de la scène internationale brutalement et au même moment, Stresemann (mort en 1929) et de Briand (mort en 1932). Ce projet européen fut emporté par la crise de 1929 et surtout par l’arrivée d’Hitler au pouvoir, tout à sa soif de revanche. 5. La république de Weimar et l’agitation d’extrême droite Hormis une courte période de rémission, autour de 1925, marquée par la stabilité politique et la croissance économique, la République de Weimar est sans cesse confrontée à une agitation d’extrême droite. En mars 1920, la République doit faire face à la tentative de coup d’État de Wolfgang Kapp. Celui-ci marche sur Berlin avec 6 000 hommes, la Reich- Séquence 6 – HG11 39 © Cned – Académie en ligne wehrr refuse d’arrêter les insurgés au prétexte que l’armée ne tire pas sur des soldats. Le gouvernement est contraint de s’enfuir à Stuttgart. Le putsch échoue grâce à la grève générale lancée par la gauche et les syndicats. En 1922, le grand ministre socialiste Walther Rathenau est assassiné dans sa voiture par des membres de l’organisation Consul, groupuscule d’extrême droite dont le futur grand écrivain, Ernst von Salomon, était membre. En 1923, un groupuscule encore peu connu, le N.S.D.A.P. et son chef, Adolf Hitler, lancent à leur tour, une tentative de coup d’État en novembre 1923 avec la complicité d’Erich Ludendorff. C’est un échec lamentable mais Hitler va réussir à tirer parti de son procès et de sa condamnation à cinq ans de forteresse pour haute trahison. Il ne fera qu’une année de prison, mais il y écrira son livre programme, Mein Kampff (Mon combatt) lui procurant une notoriété nouvelle. Dans ce livre, Hiltler y exprime les quelques idées qui serviront de base à l’application de son programme politique et militaire futur : sa croyance fondamentale dans l’inégalité des races, son antisémitisme obsessionnel, sa volonté de revanche militaire sur les français… Document 19 La théorie des races selon Hitler « Un groupe mène la lutte avec franchise, audace, et conscience de sa supériorité raciale. C’est le groupe des races de Seigneurs et de Guerriers. Elles affrontent la nature pour lui arracher nourriture et trésor du sol. Mais elles savent aussi prendre le glaive en main, si l’on menace leur liberté ou si les races inférieures refusent à leur descendance un espace vital. De ces races, la plus grande de toute est la race allemande. Une fraction restreinte mais puissante de la population mondiale a choisi le parasitisme. Feignant intelligemment de s’assimiler, elle cherche à s’établir parmi les peuples sédentaires, à priver ceux-ci du fruit de leur travail, à prendre le pouvoir. L’espèce la plus dangereuse de cette race est la juiverie. » Adolf Hitler, Mein Kampf, f 1925. 6. La fin de la république et l’arrivée des nazis au pouvoir La crise de 1929 va engendrer le processus qui va conduire à la chute de la république. La crise économique a, en effet, des conséquences particulièrement dramatiques en Allemagne. Le retrait quasi immédiat des nombreux capitaux américains, dont l’économie allemande, sortie ruinée de la Première guerre mondiale, était extrêmement dépendante, provoque l’affaiblissement du secteur bancaire et des faillites en chaîne. Le chômage explose en Allemagne dès la fin de 1929, dans des proportions infiniment supérieures à ce qui se passe en France ou en Grande- 40 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne Bretagne. En 1932, le pays connaît le chiffre ahurissant de 60 % de travailleurs allemands au chômage ou au chômage partiel. Moins de dix ans après la crise de l’hyperinflation, l’économie allemande semble à nouveau s’écrouler. Compte tenu de l’ampleur de la crise économique et sociale et leur incapacité à y faire face, les partis modérés de gauche et de droite perdent des voix au profit des extrêmes. Les suffrages se reportent vers l’extrême-gauche (KPD) et surtout le parti nazi qui s’emploie à rassembler les différents courants de l’extrême droite anti-démocratique. Le N.S.D.A.P. (parti national socialiste des travailleurs allemands), abrégé en parti nazi) gagne les élections législatives de juillet et novembre 1932 avec environ 35 % des voix. Le parti communiste avec 17 % de voix obtient 100 sièges de députés. Le président de la République Hindenburg appelle Hitler au poste de chancelierr le 30 janvier 1933. Cette décision signifie la mort de la République de Weimar et inspire à Ludendorff, qui s’était éloigné des nazis et d’Hitler dès 1925, une lettre qu’il adresse à son ancien chef d’état-major Hindenburg : « Et moi, je vous prédis solennellement que cet homme exécrable (Hitler) entraînera notre nation vers des abîmes de déshonneur. Les générations futures vous maudiront dans votre tombe pour ce que vous avez fait ». Étude d’un ensemble documentaire Document 20 La progression électorale du N.S.D.A.P. aux élections législatives Élections législatives Mai 1924 Décembre 1924 Mai 1928 Septembre 1930 Juillet 1932 Novembre 1932 Résultats en % 6,6 3 2,6 18,3 37,4 33,1 Document 21 Vote nazi et catégories socio-professionnelles en 1933 Catégories socio-professionnelles % des électeurs nazis % dans la population % des électeurs du parti nazi selon l’âge Ouvriers 32,5 45,9 18-20 ans 2% Employés 20,6 12,4 21-30 ans 40 % Indépendantes 17,3 9,6 31- 40 ans 28 % Fonctionnaires 6,5 4,8 41-50 ans 17 % Paysans 12,5 20,7 51-60 ans 9% divers 10,6 6,6 Plus de 60 ans 4% total 100% 100% 100% Séquence 6 – HG11 41 © Cned – Académie en ligne Document 22 La misère ouvrière au début des années 1930 « La femme essayait de nous expliquer comment elle parvenait à tenir son ménage composé de son mari, leurs cinq enfants et elle-même avec l’allocation chômage de son mari. (…) Tout en parlant, elle préparait une boisson qui devrait être du café. (…) « Et comment nourrissez-vous sept personnes avec 8,20 marks par semaine ? » – « du pain et des pommes de terre, surtout du pain. Le jour où nous recevons l’argent, nous achetons de la saucisse. L’homme doit avoir tout de même une fois par semaine de la viande. En contrepartie, nous nous serrons la ceinture les deux derniers jours de la semaine, surtout Max (c’est-à-dire le père de famille). Hubert Renfro Knickerbocker, Deutschland so oder so ?, Berlin, 1932. Document 23 Les moyens de conquérir le pouvoir « La faculté d’assimilation de la grande masse n’est que très restreinte, son entendement petit, par contre son manque de mémoire est grand. Donc, toute propagande efficace doit se limiter à des points forts peu nombreux et les faire valoir par des formules stéréotypées aussi longtemps qu’il le faudra pour que le dernier des auditeurs soit à même de saisir l’idée. La grande masse d’un peuple ne se compose ni de professeurs, ni de diplomates. Elle est peu accessible aux idées abstraites. Par contre, on l’empoignera plus facilement dans le domaine des sentiments. Quiconque veut gagner la masse doit connaître la clef qui ouvre la porte de son cœur. Ici, l’objectivité est de la faiblesse, la volonté est de la force. » Adolf Hitler, Mein Kampf, f 1925. Document 24 Une famille allemande au temps du nazisme « Mes parents étaient d’une manière touchante « apolitiques » comme tous les habitants d’Eichkamp (c’est un lotissement pavillonnaire de la banlieue de Berlin) : au vrai, durant les douze années sous Hitler, je n’y ai jamais rencontré un seul véritable nazi. Il n’y avait là que de braves familles bourgeoises travailleuses, un peu limitées, un peu bornées, des petits-bourgeois qui sentaient encore dans leur dos les affres de la guerre et les angoisses du temps de l’inflation : maintenant, on voulait « la paix ». On était venu s’installer à Eichkamp au début des années 1920 parce que c’était un nouvel îlot de verdure. Ici, il y avait encore des pins dans le jardin. Le lac de Teufelsee n’était qu’à un quart d’heure, les enfants pouvaient s’y baigner. On voulait cultiver soi-même ses légumes dans son propre jardin, pendant le week-end on arrosait son gazon avec satisfaction, ça sentait presque la campagne. À la même époque, en ville, c’étaient les folles années 1920, on dansait le charleston (danse 42 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne très rythmée venue des États-Unis) (…). Les journaux parlaient de combats de rues dans le Wedding (quartier ouvrier du centre de Berlin, bastion du K.P.D. sous la république de Weimar) et de barricades devant la maison des Syndicats. C’était bien loin de nous, comme à des siècles de distance, de détestables et incompréhensibles cas de désordre. À Eichkamp, j’ai appris très tôt qu’un bon Allemand est toujours apolitique. » Horst Krüger, Un bon Allemand, © Actes Sud, 1988. Questions Quelle est la situation de la classe ouvrière dans l’Allemagne du début des années 1930 ? Dans le document 26, que signifie la phrase « Tout en parlant, elle préparait une boisson qui devrait être du café » ? Comment évoluent les résultats électoraux du parti nazi ? Comment expliquez-vous ces variations ? Quelles sont les catégories qui votent en priorité pour le N.S.D.AP. ? Que pouvez-vous observer ? Quels sont, selon Hitler, les moyens de conquérir les masses ? Que pensez-vous de ces arguments ? Quelles sont les caractéristiques de la famille d’Horst Krüger ? En quoi celle-ci peut-elle être représentative de cette partie de la population allemande qui accepta l’arrivée au pouvoir d’Hitler ? Réponses La situation de la classe ouvrière décrite par le journaliste améri- cain d’origine allemande Hubert Knickerbocker est particulièrement dure. Les ouvriers allemands souffrent alors cruellement de la faim. La boisson que prépare la mère de famille devant le journaliste, et qui devrait être du café, s’apparente sans doute à un vague bouillon teinté de café, car ce produit est désormais devenu un luxe pour de très nombreuses familles allemandes. Le père de famille mange de la viande une fois par semaine mais en contrepartie, ses repas de fin de semaine se limitent sans doute à quelques rares morceaux de pain. Au début des années 1920, le parti nazi n’est guère qu’un groupus- cule. En 1924, il parvient à obtenir 6 % des voix, sans doute dans la foulée du procès de son chef après le putsch manqué de 1923. Il décroît ensuite régulièrement jusqu’à tomber à moins de 3 % en 1928. L’année 1928, après les drames de la fin de la guerre et l’hyperinflation de 1923 apparaît comme une sorte d’apogée de la République. Mais dès 1930, le N.S.D.A.P. passe à 18 %. La corrélation entre les succès électoraux des nazis et les effets de la crise de 1929, en particulier l’explosion du chômage est particulièrement visible. La crise sociale économique et sociale allemande atteint son sommet en Séquence 6 – HG11 43 © Cned – Académie en ligne 1932, c’est également aux élections de juillet 1932 que le N.S.D.A.P. atteint son apogée électoral. De manière assez paradoxale, cette progression irrésistible s’arrête à la fin de l’année 1932. La reprise économique qui se fait sentir dans l’économie dès la fin 1932 et se confirme début 1933 - elle n’est donc pas imputable à la politique des nazis - peut laisser supposer que, par une curieuse ironie de l’histoire, si le Président de la République, Hindenburg, n’avait pas appelé Hitler au poste de chancelier en janvier 1933, l’influence des nazis aurait vraisemblablement décru dans la deuxième moitié des années 1930. On ne peut, en effet retenir les résultats des élections législatives de mars 1933 (43,9 % pour le N.S.D.A.P.) comme significatifs puisque, déjà à ce moment, la plupart des partis d’opposition dont le K.P.D. ont été interdits et la dictature nazie a étendu sa main mise sur le pays. Outre les chômeurs, qui représentaient plus de 30 % de son électorat dès 1930, le parti nazi est essentiellement un parti qui recrute chez les jeunes adultes et dans des milieux populaires. Contrairement à une vision préconçue qui voudrait que ces milieux votent systématiquement à gauche, les ouvriers constituent le groupe le plus important parmi les électeurs du N.S.D.A.P., suivis par les employés. Ces catégories populaires ont été les premières victimes de la crise et se sont, pour cette raison largement détournées des partis traditionnels de droite ou de gauche. À l’inverse, des catégories souvent perçues comme conservatrices, comme les paysans ou les personnes âgées votent peu pour les nazis, préférant en général porter leurs suffrages sur les partis traditionnels, souvent plus ou moins monarchistes. Après l’échec du coup d’État de 1923, Hitler se résout à conquérir le pouvoir par des voies légales. Dès 1924, il explique dans Mein Kampf ce qui seront pour lui les éléments d’une propagande réussie. Il considère que les masses populaires sont composées d’individus bornés. Nul besoin de tenter de les convaincre par de grands discours abstraits. Les masses sont selon lui parfaitement opaques aux grandes démonstrations rationnelles. Les masses sont au contraire fondamentalement irrationnelles et ce qu’il faut toucher, ce n’est pas leur esprit mais leur cœur, l’émotion. Il faut trouver quelques idées simples, sans cesse répétées jusqu’à ce qu’elles pénètrent tous les cerveaux. Dans un livre intitulé Un bon Allemand, l’écrivain allemand Horst Krüger revient sur sa jeunesse, dans un lotissement pavillonnaire de la banlieue de Berlin. Dans cette banlieue résidentielle, peuplée de petits bourgeois à l’honnête aisance, Krüger nous précise qu’il « n’y a jamais rencontré un seul véritable nazii ». Cette affirmation est rigoureusement exacte au sens où, à Eichkamp, il n’y eut sans doute jamais de S.A. et d’activistes nazis. Dans ce quartier tranquille, on se définissait comme « apolitique ». Avec une ironie mordante, Horst Krüger se rappelle de ces familles, de sa famille elle-même, « braves 44 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne familles bourgeoises travailleuses, un peu limitées, un peu bornées, des petits-bourgeois ». Traumatisés par la guerre et l’époque de l’hyperinflation, les petits bourgeois d’Eichkamp n’aspiraient plus qu’à une chose, qu’on les laisse s’occuper tranquillement de leurs fleurs, de leur potager, de leur gazon… Les bruits du monde extérieur, ces faubourgs ouvriers où nazis et militants communistes se battaient presque quotidiennement leur semblaient d’une incroyable vulgarité. Ils n’aspiraient qu’à un désir d’ordre, un ordre qui garantirait leur sécurité. Sans pour autant qu’ils n’aient jamais partagé ses idées extrémistes, Hitler leur apparaissait dès lors comme un avenir possible pour l’Allemagne. B L’Allemagne sous la botte nazie 1. Parti et idéologie nazis Le parti ouvrier allemand fut créé, en janvier 1919, par Anton Drexler, un ouvrier serrurier. En septembre 1919, Hitler y adhère ; il en devient le chef et en change le nom, lui donnant le nom du Parti national socialiste des travailleurs allemands (N.S.D.A.P.).Dès 1920, le parti nazi propose son premier programme électoral. C’est dans sa prison de Landsberg qu’Hitler rédige Mein Kampf, f livre programme où il développe les principes essentiels du nazisme. À tous les niveaux, l’idéologie nazie repose sur un antisémitisme qui désigne les juifs comme les responsables de tous les maux de la société allemande. Cet antisémitisme obsessionnel constitue la principale caractéristique du nazisme et un trait original par rapport aux autres totalitarismes. Document 25 Façades de magasins recouvertes d’inscriptions antisémites destinées à dissuader les clients d’y faire des achats Rapidement, le parti se dote d’une milice, les S.A. (Sections d’assaut). En chemises brunes, les S.A., sous la houlette d’Ernst Röhm, chantent des refrains tels que « quand le sang des juifs coulera sous nos couteaux », et font régner la terreur dans les rues des villes d’Allemagne. Ils attaquent, frappent, tuent les juifs, les militants ouvriers, les membres des partis de gauche… © Ullstein Bild/Roger-Viollet. Bild/Roger Viollet Séquence 6 – HG11 45 © Cned – Académie en ligne 2. Une dictature implacable Dès son arrivée au poste de chancelier, Hitler installe sa dictature. Dès février 1933, il dissout le Reichstag et le fait brûler le 28 février. Il accuse les communistes de l’incendie et interdit le KPD. Les libertés sont supprimées ainsi que toute opposition politique. La presse et la radio sont soumises à la censure du ministre de la propagande, Joseph Goebbels. Après avoir éliminé toute opposition des autres partis politiques, Hitler élimine l’opposition interne au parti nazi. C’est ainsi que lors de la nuit des longs couteaux, le 30 juin 1934, il fait assassiner Röhm et 300 S.A. mais également des opposants politiques de droite comme le dernier chancelier de la république de Weimar, le général von Schleicher, le journaliste et écrivain Friz Gerlich ou encore l’homme politique conservateur Edgar Julius Jung… Les S.A. perdent alors de leur importance et sont désormais subordonnés aux S.S., dirigés par Heinrich Himmler. Sorte de garde personnelle dans laquelle Hitler a toute confiance, les S.S. prendront de plus en plus d’importance au cours du temps, devenant pendant la guerre une sorte d’État dans l’État. La répression est terrible et omniprésente. La police, également placée sous les ordres d’Himmler, et la Gestapo, surveillent tout le pays. La moindre critique à l’égard du Führer mène tout droit en prison ou en camp. La délation est encouragée. Dans les organisations de jeunesse, on interroge les enfants pour savoir ce que leurs parents disent du régime. Dachau, le premier camp de concentration, est ouvert dès mars 1933. Hitler y envoie tous les opposants au régime : militants communistes et socialistes, syndicalistes, des prêtres catholiques également. Les criminels y sont aussi internés et sont souvent utilisés par les nazis pour surveiller les prisonniers politiques. Le système concentrationnaire est placé sous l’administration d’Heinrich Himmler et des S.S. Document 26 46 Le règlement du camp de Dachau Art. 11 Les délinquants suivants, considérés comme agitateurs, seront pendus : quiconque fait de la politique, tient des réunions de provocation, se rassemble avec les autres détenus ; quiconque recueille des renseignements vrais ou faux, sur le camp de concentration, les fait parvenir hors du camp. Art 12 Les délinquants suivants, considérés comme mutins seront abattus sur le champ : quiconque se sera livré à des voies de fait sur la personne d’un garde ou d’un S.S., aura refusé d’obéir ou de travailler en corvée, aura protesté ou tenu des discours sur le lieu de travail. Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne 3. L’antisémitisme d’État Les premières victimes du régime sont les juifs. En pourchassant les juifs, Hitler et ses complices prétendent préserver la pureté de la race aryenne. Les juifs sont rapidement exclus de la société allemande par le biais des lois de Nuremberg (1935). Elles interdisent notamment le mariage entre juif et non-juifs. Elles sont rapidement complétées par divers textes dont les ordonnances antisémites du 12 novembre 1938. Les juifs sont exclus des professions libérales (avocats, notaires, médecins), des professions de l’enseignement, de l’armée, de la magistrature, du journalisme… Les commerces, les entreprises tenues par des juifs sont aryanisés, c’est-àdire confisqués par l’État nazi qui les revend à son profit ou les confie à des fidèles du régime. Pour les reconnaître, on leur impose bientôt le port de l’étoile jaune. Les juifs sont également victimes des violences des S.A. et des S.S. La nuit de cristal, le 9-10 novembre 1938 est un gigantesque pogrom qui voit les bandes nazies s’attaquer aux quartiers juifs des villes d’Allemagne et d’Autriche. Des milliers d’appartements, de boutiques, des synagogues sont brûlés. Environ 100 juifs meurent au cours de cette nuit d’horreur, 25 000 sont déportés vers les camps de concentration de Dachau, de Buchenwald et Sachsenhausen… Document 27 Incendie d’une synagogue lors de la nuit de cristal (9-10 novembre 1938) © Ullstein Bild/Roger-Viollet. Séquence 6 – HG11 47 © Cned – Académie en ligne C Le totalitarisme nazi 1. L’encadrement de la population Le régime s’emploie à diffuser l’image du Führer dans tout le pays. La propagande est omniprésente y compris jusque dans l’espace privé. Le ministre de la propagande, Joseph Goebbels a l’idée de faire fabriquer par l’État des postes de radio à bon marché. Il s’agit de faire pénétrer Hitler dans les foyers. Comme le dit le slogan publicitaire du régime, « Toute l’Allemagne écoute le Führer grâce au récepteur populaire ». Le régime cherche à encadrer et à fanatiser la population. C’est en particulier la jeunesse qui est l’objet de toutes les attentions. Les jeunes garçons sont ainsi intégrés aux Hitlerjugend (jeunesses hitlériennes) où ils reçoivent un entraînement sportif et militaire qui les préparent au service militaire et également des cours de propagande. On les encourage aussi à dénoncer leurs parents si ceux-ci critiquent le Führer. L’adhésion aux Hitlerjugend devient obligatoire dès 1936 et l’organisation rassemble 8 millions de membres à la veille de la guerre. Les programmes scolaires sont également repensés en fonction de l’idéologie nazie. Dès le plus jeune âge, les enfants doivent apprendre à aimer le Führer plus que leurs parents et être élevés dans les préceptes du national-socialisme. Document 28 Un exemple de dictée dans l’Allemagne nazie « Comme Jésus a délivré les hommes du péché et de l’enfer, ainsi Hitler a sauvé le peuple allemand de la ruine. Jésus et Hitler furent persécutés, mais tandis que Jésus fut crucifié, Hitler fut élevé au poste de chancelier. Tandis que les disciples de Jésus le reniaient et l’abandonnaient, les seize camarades d’Hitler s’allièrent pour leur chef. Les apôtres achevèrent l’œuvre de leur maître. Nous souhaitons qu’Hitler puisse achever luimême son œuvre. Jésus travaillait pour le ciel, Hitler œuvre pour la terre allemande. » ▶ Commentaire Hitler est ici comparé à Jésus et ses compagnons aux apôtres. Le parallèle peut paraître surprenant dans la mesure où Hitler était lui-même athée et les principes du nazisme, fondamentalement contraires à l’enseignement chrétien, s’inspiraient en partie d’un néo-paganisme de pacotille. Néanmoins, les Allemands de cette époque sont encore massivement croyants et pétris de culture chrétienne. La référence religieuse est ici utilisée pour inculquer le principe d’une obéissance et d’un dévouement absolu à l’égard du Führer. 2. La culture sous contrôle Le régime nazi s’emploie à établir un contrôle total sur la culture, tâche qui est confiée au ministère de la propagande. Joseph Goebbels interdit 48 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne et traque les « mauvais livres », notamment dans les bibliothèques. Les livres écrits par des juifs, par des penseurs de gauche, des pacifistes voire des hommes d’Eglise sont brûlés la nuit dans d’immenses feux, sur la place des grandes villes allemandes, c’est ce qu’on appelle les autodafés. Les œuvres d’art modernes, peintures et sculptures, notamment celles de l’expressionnisme ou de l’art abstrait sont chassées des musées, vendues pour des sommes dérisoires ou tout simplement brûlées. À l’inverse, des affiches, des films, des livres multiplient les images d’Hitler et propagent l’idéologie nationale-socialiste. Des livres d’enfant, des cartes postales répandent les thèmes antisémites. La culture du régime exalte l’homme nouveau qui doit émerger des temps nouveaux. Le nazisme s’emploie à diffuser un véritable culte du corps masculin dont la dimension homosexuelle implicite (alors que dans le même temps le régime nazi faisait la chasse aux homosexuels et les internait dans des camps de concentration) a été clairement mise en exergue par l’historien américain d’origine allemande George Moss. Ce culte du corps s’exprime notamment par la valorisation par le régime du sport, et en particulier de l’athlétisme. Les sculptures d’Arno Brecker, sculpteur officiel du régime, représentent des hommes aux épaules et aux muscles surdimensionnés. Les Jeux Olympiques de Berlin, en 1936, sont un moment privilégié de cette exaltation de la force physique qu’on trouve au cœur de l’idéologie nazie. Ce moment qui constitue un des sommets de l’œuvre de propagande du régime fut immortalisé par le film de la cinéaste Leni Riefensthal, « Les dieux du stade ». 3. La préparation d’une nouvelle guerre L’économie est également soumise à un contrôle étroit. Le régime nazi cherche à développer les industries d’armement et à rendre possible l’autarcie économique. Dès 1934, Hitler lance une politique de grands travaux, en particulier la construction d’autoroutes dans le but de faciliter les futurs mouvements de troupes. Les industriels sont encouragés à développer la production de produits de substitution (les Erzats) tels le caoutchouc synthétique ou l’essence de synthèse. La fabrication de ces produits coûteux vise exclusivement à rendre l’Allemagne capable de répondre aux besoins de l’armée pour la guerre qui s’annonce. En 1935, le service militaire est rétabli et en 1936 Hitler se sent assez fort pour commencer à briser une à une les clauses du traité de Versailles en remilitarisant la Rhénanie. Un plan de réarmement est également lancé en 1936. Celui-ci s’applique à de multiples secteurs dont la sidérurgie, mais aussi l’aviation, les industries mécaniques, et notamment l’automobile. C’est en 1936 qu’est créée, à la demande du régime nazi, la première voiture populaire allemande, la Volkswagen. Conçue par l’in- Séquence 6 – HG11 49 © Cned – Académie en ligne génieur Ferdinand Porsche, la Volkswagen (la voiture du peuple en allemand) fut utilisée comme outil de propagande mais, en fait, lorsque la guerre éclata, seuls quelques exemplaires avaient été livrés. Document 28 Carnet d’épargne pour l’achat d’une Volkswagen en 1938 © akg-images. k i En 1939, Hitler estime que l’Allemagne est maintenant prête à affronter une autre guerre. Pour lui, cette guerre sera celle qui soldera le premier conflit mondial. Il a encadré et fanatisé la population, mis toutes les forces de l’État au service de son projet, préparé son armée, organisé une industrie militaire qui va lui permettre d’abattre ses ennemis les uns après les autres. 50 Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne Glossaire (Voir : ) renvoie à une autre définition dans le glossaire. Les définitions en gras sont celles indispensables à connaître en vue de l’épreuve au Baccalauréat A Abruzzes Anschluss Antisémitisme région montagneuse du sud de l’Italie. mot allemand signifiant union, désigne la réunion de l’Autriche et de l’Allemagne. haine des juifs. Apparatchiks nom donné à la « bourgeoisie rouge », c’est-à-dire aux privilégiés membres du parti communiste. Armée rouge nom donné à l’armée soviétique. Aryens peuple indo-iranien qui occupe le nord de l’Inde vers 1800 av. J.-C. Les théoriciens nazis reprennent ce nom pour désigner les peuples européens du Nord censés représenter la race supérieure. Autarcie système économique dans lequel un pays et sa population cherchent à vivre au maximum de leurs ressources propres en limitant le plus possible leurs échanges commerciaux (importation et exportations) avec l’extérieur. Autocratie type de régime au pouvoir particulièrement autoritaire et anti-démocratique. B Bolcheviks partisans de Lénine, ils constituent l’aile gauche de la social-démocratie russe. Le parti bolchevik prend le nom de Parti communiste en 1919. Séquence 6 – HG11 51 © Cned – Académie en ligne C Camp de concentration Censure Chancelier vaste camp où sont internées des personnes jugées hostiles ou indésirables par un régime politique. Ils impliquent un traitement particulièrement dur des prisonniers généralement soumis à des mauvais traitements (coups, sous-alimentation) et au travail forcé. contrôle de l’information par les autorités militaires ou civiles. nom donné au chef du gouvernement en Allemagne et en Autriche. Collectivisation décision de l’État soviétique de supprimer totalement la propriété individuelle en la remplaçant par la propriété collective des terres agricoles. Combinat rassemblement dans un même lieu de plusieurs industries complémentaires. Complot des blouses blanches désigne un prétendu complot fabriqué de toute pièce en 1953. Plusieurs centaines de médecins, dont la plupart juifs, sont accusés par le régime stalinien d’avoir voulu empoisonner plusieurs cadres du régime communiste dont Staline lui-même. Après la mort du tyran, Béria déclare que ce complot n’a jamais existé et il fait libérer les prisonniers. Constructivisme mouvement artistique et architectural russe et soviétique du début du XXe siècle. Corps francs milices constituées de combattants démobilisés après l’armistice du 11 novembre 1918 en Allemagne. Les hommes des corps francs sont souvent proches de l’armée et de l’extrême-droite mais on y trouve aussi quelques socialistes. Cronstadt principal port de guerre de la marine russe de la Baltique. D Déstalinisation politique entreprise par Khrouchtchev qui visait à mettre fin à certains des aspects les plus scandaleux de la dictature stalinienne, notamment le culte de la personnalité. Dictature du prolétariat concept défini par Karl Marx. Premier stade vers la société sans classe, la dictature du prolétariat désigne le pouvoir de la classe ouvrière. Diktat décision injuste imposée de manière arbitraire. C’est sous ce terme que l’immense majorité des Allemands désigne le traité de Versailles. Donbass 52 région charbonnière du sud-ouest de la Russie. Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne E Économie planifiée (ou planification) politique économique qui vise à fixer à l’avance, dans le cadre de plan de cinq ans (plans quinquennaux) les objectifs à atteindre par chaque branche industrielle. En URSS, la planification était obligatoire. Dans les pays occidentaux, en particulier la France et la Grande-Bretagne, qui mirent une place la planification économique après la seconde guerre mondiale, celle-ci était purement indicative. Ersatz produit de substitution artificiellement recréé par les industries chimiques. F Futurisme courant artistique essentiellement italien apparu au début du XXe siècle. Le premier Manifeste du Futurisme, signé du jeune poète Filippo Marinetti est publié en 1909. Les poètes et peintres futuristes professent une fascination pour la civilisation industrielle, la vitesse, l’acier, les armes, la violence. La plupart d’entre eux se rallieront au fascisme. G Gestapo (Geheime Staatspolizei), c’est-à-dire police secrète d’État, police politique du régime nazi, intégrée aux S.S. Glasnost (transparence) politique de Gorbatchev qui vise à rendre transparente les affaires de l’État, c’est-à-dire concrètement, établir la liberté de la presse, le multipartisme et les libertés démocratiques en U.R.S.S. Gosplan organisme d’État chargé de concevoir et d’appliquer les plans quinquennaux. Goulag système concentrationnaire soviétique. Il causa la mort de millions de Soviétiques par le travail forcé, la sous-alimentation, les mauvais traitements. Il se distingue cependant du système concentrationnaire nazi par l’absence de chambres à gaz et de fours crématoires. Séquence 6 – HG11 53 © Cned – Académie en ligne H Hitlerjugend jeunesses hitlériennes, organisations paramilitaires destinées aux jeunes garçons de 15 à 18 ans. Leur adhésion est devenue obligatoire à partir de 1936. Hyperinflation inflation explosive échappant à tout contrôle. Dans cette situation que connut l’Allemagne en 1923, la monnaie perd toute valeur. i Inflation Industries de biens de consommation augmentation des prix. industries qui fabriquent des produits destinés à la satisfaction des besoins des populations, comme par exemple les industries textiles, l’électro-ménager, l’électronique grand public… K KGB successeur du MVD, nom des services secrets et de la police politique soviétique de 1954 à 1991. KPD successeur du parti spartakiste, il prend le nom de Parti communiste allemand en 1919. Kolkhoze ferme coopérative où la terre et les moyens de production sont la propriété des paysans membres de la ferme, les kolkhoziens. Kouban région du sud-ouest de la Russie, limitrophe de la mer Noire. C’est la terre des cosaques, paysans éleveurs guerriers au service de la monarchie russe en guerre contre les Tatars. Koulak paysan russe supposé riche. L Leningrad 54 voir Petrograd Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne M Mencheviks aile modérée de la social-démocratie russe. Son principal leader est Alexandre Kerenski. N Nationalisation NKVD Nomenklatura N.S.D.A.P. appropriation par l’État d’une entreprise, d’un bien privé. Les nationalisations peuvent donner lieu à une indemnisation des anciens propriétaires par l’État, ce qui ne fut pas le cas dans la Russie bolchévique. nom donné à la police politique soviétique de 1934 à 1946. c’est la classe constituée par les cadres du régime soviétique. Nationalsozialistische deutsche Arbeiterpartei, c’est-à-dire Parti national-socialiste des Travailleurs allemands, généralement abrégé en parti nazi. P Pérestroïka (restructuration), ce mot désigne l’ensemble des réformes économiques et sociales lancées par Mikhaïl Gorbatchev. Petrograd aujourd’hui Saint-Petersbourg, deuxième ville de Russie. Avant de reprendre son premier nom, la ville a porté le nom de Leningrad pendant la période communiste. Planification Plan quinquennal Pogrom Prolétariat Propagande Putsch voir définition de l’économie planifiée. plan de développement économique fixé pour cinq ans. massacre de populations juives. Les premiers grands pogroms de la période contemporaine ont été commis à la fin du XIXe siècle dans l’Empire des tsars. désigne d’ordinaire la classe ouvrière. action visant à répandre, à diffuser des idées dans le but d’endoctriner une population. tentative de coup d’État militaire. Séquence 6 – HG11 55 © Cned – Académie en ligne R Race aryenne voir définition Aryens Reichstag nom donné à la Chambre des députés sous le IIe Empire (1871-1918) et sous la République de Weimar. Reichwehr armée allemande pendant la République de Weimar. Rouble Ruhr monnaie russe. région industrielle de l’Ouest de l’Allemagne. Disposant des plus importants gisements de charbon, la Ruhr fut pendant plus d’un siècle la première région industrielle d’Europe. S S.A. Sturmabteilung, c’est-à-dire sections d’assaut. C’est la milice du parti nazi. S.D.N. Société des Nations, organisation internationale créée après la première guerre mondiale afin d’œuvrer en faveur du désarmement et de la paix. Elle siégeait à Genève. Alors que la S.D.N. était à l’origine une idée du président américain Wilson, les États-Unis n’y participèrent pas ce qui contribua fortement à affaiblir l’organisation. La montée des périls durant les années 1930 et l’éclatement de la seconde guerre mondiale sont autant d’échecs dont la S.D.N. ne se relève pas. Elle est dissoute en 1946 et remplacée par l’ONU. Secrétaire d’État 56 nom donné, aux États-Unis, au ministre des Affaires étrangères. Sovkhoze ferme d’État où les paysans sont des salariés payés par l’État lui-même. Les sovkhozes sont de très grande taille (plusieurs milliers d’hectares). Soviets conseils d’ouvriers ou de paysans en Russie au moment des révolutions russes. Spartakiste mouvement d’extrême gauche créé fin 1918, c’est l’origine du Parti communiste allemand (K.P.D.) S.P.D. (Sozialdemokratische Partei Deutschlands) : parti social-démocrate allemand, plus vieux parti d’Allemagne, c’est un parti de centre gauche, l’équivalent en France du parti socialiste. S.S. Schutzstaffel ou section spéciale, à l’origine les SS sont conçus comme la garde personnelle d’Hitler. Dirigés par Himmler, les SS prennent de plus en plus d’importance pendant la guerre – ils dirigent le fonctionnement des camps de la mort par exemple – et se dotent d’unités militaires (les Waffen SS). Ils sont les principaux responsables de la Shoah. Séquence 6 – HG11 © Cned – Académie en ligne T Tcheka nom de la police politique soviétique en décembre 1917. Elle est dissoute en 1922 pour céder la place à une organisation du même type, la guépéou. Totalitarisme type de dictature qui cherche à changer l’Homme en supprimant toute différence entre vie publique et vie privée. Le totalitarisme tente de contrôler les citoyens dans tous les aspects de leur vie. Pour cela, les régimes totalitaires créent diverses structures (organisations de jeunesse, syndicats, organisations de loisirs…) auxquelles les enfants, les femmes et les hommes doivent adhérer. Ces structures servent de relais à l’État qui inculque ainsi ses principes aux citoyens. W Wehrmacht nom donné à l’armée régulière allemande pendant la période nazie. Z Zentrum parti confessionnel catholique centriste, créé en 1870, ce fut un des partis politiques centraux de l’Allemagne wilhelmienne (1871-1918) et de la république de Weimar (1918-1933). ■ Séquence 6 – HG11 57 © Cned – Académie en ligne