Le thé du Labrador victime de son succès

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23/11/2016
Le thé du Labrador victime de son succès | ICI.Radio­Canada.ca
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Le thé du Labrador victime de son succès
PUBLIÉ LE VENDREDI 18 NOVEMBRE 2016 À 10 H 07 | Mis à jour le 19 novembre 2016 à 5 h 13
Une tige de thé du Labrador. Photo : CBC / Radio­Canada / Jean­François Michaud/Radio­Canada
Voilà un petit arbuste très demandé. Connu depuis longtemps des peuples autochtones
pour ses vertus médicinales, le thé du Labrador est un ingrédient convoité, mais aussi
menacé si la ressource n'est pas bien gérée.
La feuille de thé du Labrador est surtout utilisée en infusion. Cette plante est aussi employée en
aromathérapie et, plus récemment, comme ingrédient dans les produits de beauté.
Émilien Gaudreault est un ancien cueilleur de bleuets sauvages du Lac­Saint­Jean. Il s’intéresse maintenant
au thé du Labrador. Il dirige une équipe d’une vingtaine de cueilleurs sur un territoire de plus de 60 km carrés
sur des terres publiques, à plus de 200 km au nord d’Alma.
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Émilien Gaudreault, cueilleur de thé du Labrador. Photo : CBC / Radio­Canada / Radio­Canada
« Moi, je viens toujours dans le mois de juin pour visiter tout ça parce que,
plus ça va, plus la demande est forte dans la cueillette. »
— Émilien Gaudreault, cueilleur
La période de cueillette dure environ six semaines, du début juillet jusqu’à la mi­août. Les journées sont
longues. Les mouches noires et les maringouins accompagnent les cueilleurs. Émilien Gaudreault est venu au
printemps pour identifier les lieux de récolte et ainsi mieux diriger les cueilleurs. Il est aussi responsable de la
qualité des récoltes.
Les cueilleurs utilisent des serpes. Au début de la saison, ils ont tous reçu des instructions sur la bonne façon
de récolter le thé. L'objectif est d’assurer une constance dans les approvisionnements, tout en protégeant la
ressource.
Paolo Patry est aussi un ancien cueilleur de bleuets. Il s’est converti à la cueillette du thé il y a cinq ans.
Depuis l’an dernier, il utilise un drôle d’engin pour récolter. Il s’agit d’une récolteuse de feuilles de thé à
essence utilisée en Chine. C’est Émilien qui en a fait la découverte. Il croit que l’utilisation de ce type de
récolteuse serait moins dommageable pour la plante parce qu'on ne récolte ainsi que les premières feuilles.
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Paolo Patry, cueilleur de thé du Labrador. Photo : CBC / Radio­Canada / Jean­François Michaud/Radio­Canada
Les premiers explorateurs l’ont appelé thé des coureurs des bois ou thé des Esquimaux. Il s’agit du
Ledum groendlandicium, ou lédon du Groenland, communément appelé thé du Labrador. Il appartient à
la famille des éricacées et est donc proche parent du bleuet. Il pousse principalement sur des terres
acides telles que les tourbières et particulièrement dans les forêts en mode de régénération après un
incendie. On le retrouve partout au Canada, au Groenland et dans la moitié nord des États­Unis.
Forte pression sur le thé
Biologiste et auteur de deux livres sur les plantes de la forêt boréale, Fabien Girard s’inquiète de la pression
mise sur la ressource et surtout du manque de connaissance de certains cueilleurs. Selon lui, l’accessibilité du
thé du Labrador près des villes et des villages ainsi que le manque de coordination de la part des exploitants
en met en danger la pérennité dans de nombreux secteurs.
« On voit des cueilleurs un peu partout sur le bord du chemin aussitôt qu’il y
a du thé du Labrador. On sait qu’aux alentours des municipalités ça ne peut
pas supporter une cueillette intensive. »
— Fabien Girard, biologiste
Le thé transformé
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À droite, Lucie Mainguy, fondatrice d'Aliksir. Photo : CBC / Radio­Canada / Radio­Canada
Depuis 25 ans, Lucie Mainguy dirige l’entreprise Aliksir qui est spécialisée dans la production d’huiles
essentielles à partir de plantes aromatiques du Québec. Cette année, elle transformera 300 000 livres de thé
du Labrador que l’équipe du Lac­Saint­Jean aura récoltées. C'est le double de l’an dernier.
« C’est très, très peu dans la vue d’ensemble. Par rapport au territoire
québécois, c’est une mini fraction. Il a beaucoup plus que ça comme
potentiel d’exploitation. »
— Lucie Mainguy, entreprise Aliksir
Consciente de l’importance d’établir une approche de cueillette durable, elle a fait faire une étude en 2014.
Son but : mieux connaître l’abondance de la ressource et sensibiliser le gouvernement québécois à une
meilleure gestion.
« L’objectif est d’en faire une exploitation durable, sachant que tôt ou tard, la demande peut grimper
davantage », explique Mme Mainguy. « Le Québec peut répondre à la demande mondiale en thé du
Labrador, mais il y a une nécessité d’organiser la récolte d’une façon intelligente. »
Le thé du Labrador est un bel exemple du potentiel de développement des produits forestiers non ligneux. Le
ministère des Ressources naturelles du Québec voit l’importance de la mise en valeur de ces nouveaux
produits ainsi que la possibilité de création de nombreux nouveaux emplois.
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Des feuilles de thé du Labrador. Photo : CBC / Radio­Canada / Jean­François Michaud/Radio­Canada
« Le thé rapporte plus que l’épinette. L’épinette va être cueillie une fois en
40 ans, mais le thé va être cueilli chaque année, au moins si on prend le
temps de bien contrôler la cueillette. »
— Lucie Mainguy, entreprise Aliksir
Il semble que le thé du Labrador soit destiné à une longue carrière internationale. En effet, si les Amérindiens
s’en servaient pour ses propriétés curatives, des scientifiques s’intéressent maintenant à ses teneurs élevées
en antioxydants et en tannins. Des chercheurs de l’Université du Québec à Chicoutimi viennent d’ajouter des
fonctions antitumorales à la liste de ses vertus.
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