Béatrice : Moi, ça ne me surprend pas. Je l’ai rencontré dans la rue cette semaine. Y
avait l’air fatigué. Y m’a dit qu’il n’arrivait pas à trouver un sujet pour notre pièce.
Jérémie : Moi, j’ai reçu un courriel bizarre de sa part plein de questions existentielles
dans le genre “ Est-il possible de créer quelque chose de nouveau alors que tant de
pièces ont été écrites, tant de choses dites ? Dans cette cacophonie, peut-être
vaudrait-il mieux que je me taise ”.
Gaston : Y a juste les artistes pour se poser des questions de même. Qu’il l’écrive sa
pièce, c’est tout !
Érika : Toi, Gaston, quelles sortes de questions que te poses-tu? Tu dois être le
genre à te demander si ta bagnole va partir demain matin.
Gaston : Moi, je suis un gars pratique.
Justine : Luc a raison de se questionner. Y a tellement de gens qui écrivent des
histoires totalement vides et pas intéressantes du tout. Luc veut créer du nouveau, ce
n'est pas facile ça.
Jérémie : Du nouveau, du nouveau ! C’est n’importe quoi. Moi, je veux faire du
théâtre. On a rien qu’à jouer une pièce déjà écrite, du Molière, du Shakeaspeare !
Olivier : Eurk ! Pas du Molière.
Béatrice : Luc a dit qu’il était un créateur, pas un imitateur.
Amélie Tanguay : J’aime ses pièces, ça nous ressemble et en même temps, ça ressemble
à rien d’autres. Je ne vois pas pourquoi il capote.
Gaston : Qu’est-ce que tu veux ? Des artistes, il faut que ça capote. C’est dans eux
autres. Je le sais. Ça fait quinze ans que je fais le ménage ici. Je peux vous dire
que j’en ai vu de toutes les couleurs. Y ont tous leurs p’tites manies. Pour certains, ça
leur prend leur p’tit verre de Scotch avant d’entrer en scène. Y en a d’autres qui
doivent faire une heure de yoga avant leur spectacle.
Olivier : Du yoga ?
Gaston : C’est pour la concentration.
Amélie Tanguay : Ah oui ! Luc nous dit toujours : Soyez concentrés avant d’entrer en
scène.
Gaston : Justement, je vais vous demander de rester concentré sur vos bancs et