Le rôle de prêteur en dernier ressort

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Décembre
10
Le
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort
ECON
M831
–
Financement
de
l’entreprise,
risques
et
rôle
des
banques
M.
de
Crombrugghe
Geoffroy
Dolphin
Mélissa
Kasongo
Economics
School
of
Louvain
Année
académique
2010‐2011
Table
des
matières
I. Introduction……………………………………………………………………………………………………………………
3
II. Le
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort……………………………………………………………………………..
4
a. Origine……………………………………………………………………………………………………………………
4
b. Définition……………………………………………………………………………………………………………….
4
c. Risque
moral………………………………………………………………………………………………………….
6
d. Prêteur
en
dernier
ressort
dans
la
pratique……………………………………………………………
7
III. La
crise
débutée
en
2007
et
les
interventions
de
la
BCE
et
de
la
Federal
Reserve
en
tant
9
que
prêteurs
en
dernier
ressort..……………………………………………………………………………………
a. Nécessité
d’interventions
exceptionnelles……………………………………………………………..
9
b. Outils
non
conventionnels
utilisés
et
leurs
résultats……………………………………………….
10
i.
Banque
centrale
européenne………………………………………………………………
10
ii.
Federal
Reserve…………………………………………………………………………………..
14
c. Evolution
des
masses
bilantaires……………………………………………………………………………
18
i.
Banque
centrale
européenne……………………………………………………………...
19
ii.
Federal
Reserve…………………………………………………………………………………..
20
d. Comparaison
des
interventions………………………………………………………………………………
22
IV. La
question
d’un
prêteur
international
en
dernier
ressort……………………………………………..
23
V. Conclusion………………………………………………………………………………………………………………………
24
VI. Bibliographie…………………………………………………………………………………………………………………..
25
VII. Annexes………………………………………………………………………………………………………………………...
26
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
2
I.
Introduction
Dans
le
cadre
de
ce
travail,
nous
allons
examiner
de
plus
près
le
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort
des
Banques
centrales
tant
en
Europe
qu’aux
Etats‐Unis.
Dans
un
premier
temps,
nous
nous
attacherons
à
définir
brièvement
les
origines
et
la
portée
de
ce
rôle.
Ensuite,
nous
nous
intéresserons
plus
particulièrement
à
l’intervention
de
ce
pilier
de
la
stabilité
du
système
financier
dans
le
cadre
des
mesures
non
conventionnelles
prises
par
la
BCE
et
la
FED
lors
de
la
crise
débutée
en
2007.
Nous
étudierons
également
les
implications
de
l’activation
de
ce
pilier
sur
l’économie
et
sur
les
masses
bilantaires
des
Banques
centrales
concernées.
Enfin,
nous
aborderons
la
question
de
la
mise
en
place
d’un
prêteur
international
en
dernier
ressort.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
3
II.
Le
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort
a. Origine
Le
concept
de
prêteur
en
dernier
ressort
est
évoqué
très
tôt
par
la
théorie
économique
classique.
C’est
en
1802,
dans
son
article
An
Enquiry
into
the
Nature
and
Effects
of
the
Paper
Credit
of
Great
Britain,
que
l’économiste
Henry
Thornton
aborda
pour
la
première
fois
cette
idée.
Il
mit
en
évidence
l’importance
d’accorder
à
la
Banque
centrale
deux
attributs
spécifiques
afin
que
cette
dernière
concoure
efficacement
à
la
stabilité
bancaire
et
financière
ainsi
qu’à
l’atténuation
du
risque
systémique
:
le
rôle
d’assureur
de
la
stabilité
de
la
monnaie
et
le
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort.
Pour
justifier
l’institution
d’un
prêteur
en
dernier
ressort,
Thornton
insista
sur
l’importance
du
facteur
«
confiance
»
qui,
lors
de
la
plupart
des
crises
financières,
conditionne
la
préférence
pour
la
liquidité,
la
vitesse
à
laquelle
les
instruments
de
crédit
se
transmettent
et
partant,
l’ampleur
du
risque
de
liquidité
pesant
–
en
première
ligne
–
sur
les
établissements
de
dépôts.
Il
précisa,
en
outre,
que
lorsque
les
crises
bancaires
mènent
à
des
crise
de
liquidité
pour
des
raisons
internes
ou
externes,
le
rétablissement
de
la
confiance
et
de
la
régularité
des
payements
nécessite
une
Banque
centrale
dotée
d’une
rationalité
publique
qui
se
manifeste
par
sa
fonction
de
prêteur
en
dernier
ressort1.
Au
fil
du
temps,
les
Banques
centrales
des
nations
développées
jouèrent
de
plus
en
plus
souvent
le
rôle
de
réservoir
ultime
de
liquidité
lors
des
crises
financières
sévères.
En
outre,
l’importance
de
ce
rôle
revint
au
premier
plan
dans
les
années
70,
lorsqu’il
apparut
comme
l’un
des
3
piliers2
constituant
le
système
de
prévention
mis
en
vigueur
afin
de
garantir
la
stabilité
du
système
financier
«
dérégulé
»3.
b. Définition
En
marge
de
ces
évocations
empiriques,
nous
pouvons
tenter
de
redéfinir
clairement
la
portée
du
rôle
de
la
Banque
centrale
comme
prêteur
en
dernier
ressort.
Ainsi
que
nous
l’évoquions
précédemment,
le
principe
de
«
la
Banque
centrale
comme
prêteur
en
dernier
ressort
»
vise
une
plus
1
Cartapanis,
A.
et
P.
Gilles
(2002),
Prévention
et
gestion
des
crises
financières
internationales
:
une
analyse
rétrospective
de
H.Thornton,
septembre
2
Les
normes
de
capital
et
autres
règles
prudentielles
et
l’assurance
dépôt
constituèrent
les
2
autres
piliers.
3
A
cette
époque,
les
autorités
se
tournaient
progressivement
vers
une
nouvelle
approche
de
gouvernance
financière
faisant
sauter
les
entraves
établies
depuis
la
crise
de
1929.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
4
grande
stabilité
en
protégeant
les
établissements
de
dépôts
contre
le
risque
accru
de
liquidité
en
période
de
crise.
Il
s’agit
d’une
facilité
d’urgence
aux
banques
commerciales
en
matière
de
liquidité4.
Plus
précisément,
dans
le
cadre
de
son
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort,
la
Banque
centrale
offrira
l’assurance
aux
banques
commerciales
qu’à
titre
exceptionnel
et
dans
des
situations
de
crises
particulières,
elles
pourront
satisfaire
leur
besoin
important
de
liquidités
sous
la
forme
d’un
renflouement
(Thornton,
1802,
109‐110
;
1803,
54)
et/ou
d’une
politique
d’open
market
(Ibid.,
1803,
80).
Le
raisonnement
sous‐jacent
à
l’établissement
de
ce
rôle
est
simple.
Durant
les
périodes
de
crispations
financières,
les
banques
en
large
déficit
de
liquidités
auront
généralement
de
grandes
difficultés
à
gérer
leurs
besoins
en
cash
quotidien
du
fait
du
resserrement
de
crédit
sur
les
marchés
financiers
et
sur
le
marché
interbancaire.
Si
cette
situation
est
temporaire
et
limitée
à
des
institutions
isolées
dont
la
santé
générale
laisse
à
désirer,
cela
ne
posera
pas
problème.
Cependant,
si
la
situation
–
pour
l’une
ou
l’autre
raison
–
tend
à
se
généraliser
et
touche
des
institutions
parfaitement
solvables
dans
l’absolu,
la
stabilité
du
système
bancaire
et,
par
là,
du
système
de
payements
et
de
crédit
peut
être
mise
dangereusement
en
péril.
Dans
ce
cas,
l’intervention
de
la
Banque
centrale
comme
prêteur
en
dernier
ressort
permettra
aux
banques
de
se
procurer
autant
de
liquidité
que
nécessaire
et,
de
ce
fait,
d’apaiser
les
tensions
dues
au
risque
de
liquidité
sur
les
marchés
financiers
.
Pour
illustrer
notre
propos,
nous
pouvons
évoquer
les
crises
financières
caractérisées
par
des
contagions
de
faillite
bancaire.
Dans
de
telles
crises,
la
faillite
d’une
ou
plusieurs
institutions
en
mauvaise
santé
peut
mener
les
investisseurs
et
déposants
à
se
méfier
de
tous
les
établissements
de
dépôts
et
retirer
massivement
leur
argent
de
ces
derniers.
En
conséquence,
des
banques
pourraient
ne
pas
disposer
des
liquidités
nécessaires
au
remboursement
de
l’ensemble
de
leurs
créanciers
;
cette
situation
menant
à
des
faillites
en
chaine
et
à
une
instabilité
accrue.
Dans
ce
contexte,
l’action
du
prêteur
en
dernier
ressort
agira
comme
une
assurance
de
la
continuité
des
paiements
en
réponse
aux
causes
de
la
crise
(ici,
la
chute
de
la
confiance
constitue
une
cause
interne).
La
vulnérabilité
du
système
bancaire
aux
crises
de
liquidité
et
au
risque
systémique
est
donc
le
fondement
du
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort
des
Banques
centrales.
Il
est
intéressant
de
noter
que
le
principe
de
prêteur
en
dernier
ressort
fait
débat
parmi
les
économistes
et
donne
lieu
à
plusieurs
approches.
Selon
l’approche
classique
(Thornton,
1802;
Bagehot,
1873),
le
prêteur
en
dernier
ressort
doit
fournir
de
la
liquidité
sans
modération
lors
des
paniques
bancaires,
à
un
taux
pénalisant,
uniquement
aux
4
Rochet,
J‐C(2008),
La
réglementation
de
la
liquidité
et
le
prêteur
en
dernier
ressort,
Revue
de
la
stabilité
financière
–
Banque
de
France,
n°11,
février
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
5
banques
illiquides
mais
solvables,
en
affichant
clairement
son
intention,
afin
d’assurer
la
stabilité
du
système
de
paiements5.
D’autres
approches
estiment
que
le
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort
est
inutile
car
les
marchés
financiers
sont
capables
de
se
réguler
d’eux‐mêmes
(approche
dite
de
la
banque
libre)
ou
encore
car
elles
considèrent
que
les
opérations
classiques
et
régulières
d’open‐market
sont
suffisantes
pour
assurer
la
stabilité
(approche
par
l’intervention
de
marché).
Enfin,
une
approche
alternative
admet
que
le
pouvoir
de
prêt
en
dernier
ressort
se
doit
d’être
élargi
aux
institutions
insolvables
également.
Une
série
d’évidences
empiriques
suggérant
que
les
banques
insolvables
sont
régulièrement
«
secourues
»
et
que
les
banques
en
faillite
sont
plus
souvent
sauvées
que
liquidées
(Goodhart
and
Schoenmaker,
1995;
Hoffman
and
Santomero,
1998)
vient
d’ailleurs
appuyer
cette
thèse.
D’une
manière
plus
générale,
cette
dernière
thèse
semble
souhaitable
à
deux
égards.
Premièrement,
il
peut
être
désirable,
sous
certains
circonstances,
d’étendre
les
«
prêts
de
dernier
ressort
»
aux
institutions
financières
insolvables
car,
dans
l’urgence,
il
est
bien
souvent
impossible
de
distinguer
les
institutions
illiquides
des
institutions
insolvables
ex‐ante.
Cette
incapacité
de
distinguer
les
problèmes
structurels
de
solvabilité
des
déficits
temporaires
de
liquidités
en
période
de
tensions
implique
qu’il
est
parfois
nécessaire
pour
la
Banque
centrale
de
prêter
des
liquidités
à
des
institutions
qui
se
révèleront
insolvables
ex‐post.
Deuxièmement,
si
on
se
tient
à
l’idée
que
la
Banque
centrale
est
garante
de
la
stabilité
du
système
financier,
il
peut
être
désirable
que
celle‐ci
sauve
les
banques
insolvables
pour
assurer
la
stabilité
du
système.
c. Risque
moral
L’institution
d’un
prêteur
en
dernier
ressort
comme
filet
de
sécurité
est
évidemment
source
de
risque
moral
et
peut
engendrer
le
maintien
en
exercice
d’institutions
qui
devraient
être
fermées.
En
effet,
le
fait
que
les
institutions
financières
soient
conscientes
qu’elles
bénéficient
d’une
assurance
en
cas
de
gros
problèmes
de
liquidité
voire
de
solvabilité
peut
les
pousser
à
prendre
plus
de
risques
dans
leurs
opérations
quotidiennes.
Par
conséquent,
il
est
primordial
pour
les
Banques
centrales
de
trouver
un
équilibre
entre
la
protection
du
système
bancaire
et
l’aléa
moral
induit
par
leur
rôle.
5
Dutrieux,
J.(2008),
Le
prêteur
en
dernier
ressort.
http://prosperite‐et‐partage.org/spip.php?article17
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
6
Certains
moyens
destinés
à
atténuer
l’aléa
moral
lié
à
l’institution
d’un
prêteur
en
dernier
ressort
sont
explicités
dans
la
littérature
économique.
Selon
Goodhart
et
Huang,
(1999),
seules
les
banques
d’une
certaine
taille
devraient
impérativement
être
sauvées
afin
de
maintenir
la
pression
sur
les
banques
plus
modestes
qui,
quant
à
elles,
seraient
aidées
de
manière
plus
aléatoire6.
Freixas
(1999)
défend,
quant
à
lui,
l’idée
que
les
interventions
du
prêteur
en
dernier
ressort
auprès
des
établissements
de
dépôts
devraient
être
proportionnelles
au
montant
de
dettes
non
assurées
par
ces
mêmes
établissements.
Enfin,
Acharya
et
Yorulmazer
(2006)
proposent
que
seule
la
liquidation
inefficace
d’actifs
dans
le
cadre
d’une
panique
bancaire
peut
justifier
les
sauvetages
et
atténuer
le
risque
moral
qui
y
est
lié.
d. Prêteur
en
dernier
ressort
dans
la
pratique
Comme
nous
l’avons
précisé
à
plusieurs
reprises
précédemment,
le
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort
échoit
communément
à
la
Banque
centrale
car
cette
dernière
est
garante
de
la
stabilité
financière
d’un
Etat.
Pour
comprendre
comment
les
Banques
centrales
vont
généralement
exercer
ce
rôle,
il
convient
de
revenir
tout
d’abord
sur
certains
instruments
dont
ces
dernières
disposent
pour
orienter
leurs
politiques
monétaires.
Premièrement,
les
facilités
permanentes
de
prêts
ou
dépôts
marginaux
sont
des
sortes
de
comptes
courants
dont
disposent
les
banques
auprès
de
la
Banque
centrale.
Au
jour
le
jour,
ils
permettent
aux
établissements
de
dépôts
de
contracter
des
prêts
(contre
garantie)
à
un
taux
plafond
et
faire
des
dépôts
à
un
taux
plancher.
D’autre
part,
les
opérations
de
refinancement
sont
des
opérations
de
cession‐rétrocession
de
titres
sur
une
période
relativement
courte
(1
semaine
pour
les
OPR
et
3
mois
pour
le
ORLT),
lancées
à
l’initiative
de
la
Banque
centrale.
Dans
de
telles
opérations,
la
Banque
centrale
offre
un
montant
de
liquidité
déterminé
aux
banques
en
échange
d’un
certain
nombre
de
titres7.
A
l’échéance,
la
Banque
centrale
rend
les
titres
pris
en
gage
et
les
banques
rendent
les
montants
prêtés
grossis
d’un
intérêt
défini
lors
de
la
mise
en
place
de
l’opération.
Dans
le
cadre
du
système
actuel,
les
banques
commerciales
gèrent
leurs
besoins
et
surplus
de
liquidités
via
les
marchés
financiers
et
le
marché
interbancaire
mais
également
donc
via
la
Banque
centrale.
Bien
qu’ils
permettent
aux
banques
de
faire
face
à
des
besoins
de
liquidités
à
court
terme,
ces
outils
de
la
Banque
centrale
sont,
en
temps
normal,
essentiellement
utilisés
dans
le
but
de
piloter
les
taux
en
vigueur
sur
les
marchés
financiers
et
interbancaire.
Le
rôle
de
«
prêteur
en
dernier
ressort
»
des
6
En
ce
sens,
le
refus
de
la
BCE
d’aider
la
banque
Fortis
lors
de
la
crise
financière
récente
pourrait
être
interprété
comme
un
moyen
de
contenir
le
risque
moral.
7
L’appel
d’offre
pour
le
montant
de
liquidité
peut
se
faire
à
taux
fixe
ou
à
taux
variable
par
adjudication.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
7
Banques
centrales
va
impliquer,
qu’en
temps
de
crise,
les
facilités
permanentes
et
les
opérations
de
refinancement
pourront
devenir
des
instruments
permettant
l’injection
massive
de
liquidités.
Ceci
étant
établi,
il
est
à
présent
opportun
de
nous
tourner
vers
la
définition
des
contours
des
prêteurs
en
dernier
ressort
des
marchés
intégrés
en
une
zone
monétaire
unique.
Prêteur
en
dernier
ressort
de
la
zone
euro
Il
est
important
de
noter
qu’aucun
organisme
n’est
officiellement
mandaté
pour
jouer
ce
rôle
dans
la
zone
euro.
Début
2007,
dans
son
livre
Monnaie,
banque
et
marchés
financiers,
Frederic
Mishkin
considérait
que
ce
rôle
devait
normalement
échoir
aux
autorités
nationales
ou
à
la
banque
nationale
du
pays
dont
le
système
financier
connaît
des
difficultés
mais
soulignait
le
fait
que
ces
dernières
ne
pouvaient
prêter
de
l’argent
aux
banques
qu’avec
l’accord
de
la
Banque
centrale
européenne,
pour
des
raisons
évidentes
d’unité
de
la
politique
monétaire
européenne
8.
Frederic
Mishkin
estimait
que
si
l’ensemble
du
système
financier
européen
venait
à
connaître
des
difficultés,
il
ne
fait
aucun
doute
que
la
facilité
de
prêt
marginal
ouverte
auprès
de
l’eurosystème
(Banque
centrale
européenne
et
Banques
centrales
nationales)
jouerait
le
même
rôle
que
les
facilités
de
prêt
au
guichet
de
l’escompte
de
la
Fed.
D’autre
part,
si
le
problème
se
limitait
à
un
système
financier
national,
les
pouvoirs
publics
nationaux
pourraient
intervenir9.
Au
moment
de
la
crise,
le
Système
européen
de
Banques
centrales
(SEBC)
a
endossé
le
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort
sur
base
de
l’interprétation
des
articles
282
§2
et
127
du
Traité
sur
le
Fonctionnement
de
l’Union
Européenne
‐
TFUE10.
Ces
articles
précisent,
entre
autres,
que
le
SEBC
doit
«
promouvoir
le
bon
fonctionnement
des
systèmes
de
paiement
»
et
peut
s’engager
dans
des
politiques
de
stabilisation
si
ces
dernières
ne
portent
pas
préjudice
à
l’objectif
de
stabilité
des
prix
à
moyen
terme.
Prêteur
en
dernier
ressort
de
la
zone
dollar
Aux
Etats‐Unis,
la
fonction
de
prêteur
en
dernier
ressort
est
exercée
par
la
Fed
au
moyen
de
ses
facilités
de
prêt
au
guichet
d’escompte.
Selon
la
Réserve
Fédérale
de
Minneapolis,
“the
Federal
Reserve
has
the
authority
and
financial
resources
to
act
as
'lender
of
last
resort'
by
extending
credit
to
depository
institutions
or
to
other
entities
in
unusual
circumstances
involving
a
national
or
8
Etant
donné
l’intégration
parfaite
des
marchés
nationaux
de
l’argent
au
jour
le
jour
des
pays
appartenant
à
l’UEM,
il
est
impossible
pour
une
banque
centrale
nationale
d’injecter
des
liquidités
sur
son
marché
de
l’argent
au
jour
le
jour
sans
interférer
avec
politique
monétaire
unique,
9
Mishkin,
F(2007),
Monnaie,
banque
et
marchés
financiers,
Pearson
Education,
8e
edition
10
cf.
annexes
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
8
regional
emergency,
where
failure
to
obtain
credit
would
have
a
severe
adverse
impact
on
the
economy."11
En
outre,
diverses
sections
du
Federal
Reserve
Act
de
1913
instituant
le
Système
de
Réserve
Fédérale,
permettent
à
ce
dernier
d’endosser
ce
rôle12.
Enfin,
notons
que
chaque
Banque
centrale
est
responsable
de
la
disponibilité
suffisante
de
la
devise
dont
elle
est
l’émettrice.
De
ce
fait,
la
Fed
joue
le
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort
de
toutes
les
institutions
devant
s’approvisionner
en
dollar.
Il
en
va
de
même
pour
la
Banque
centrale
européenne.
Cependant,
les
institutions
financières
ne
sont
légalement
pas
autorisées
à
se
fournir
en
liquidité
auprès
d’autres
Banques
centrales
que
celle
dont
elles
dépendent.
Voilà
pourquoi,
durant
la
crise
financière
ayant
débuté
en
2007,
différentes
banques
centrales
ont
mis
en
place
des
lignes
de
swap
leur
permettant
de
faciliter
leur
approvisionnement
respectif
en
différentes
monnaies
étrangères
(cf.
infra).
III.
La
crise
débutée
en
2007
et
les
interventions
de
la
BCE
et
de
la
Federal
Reserve
en
tant
que
prêteurs
en
dernier
ressort
a. Nécessité
d’interventions
exceptionnelles
En
tant
normal,
la
politique
monétaire
d’une
Banque
centrale
suit
le
principe
«
un
outil
correspond
à
un
objectif
».
La
mise
en
place
d’outils
exceptionnels
s’explique
par
le
raisonnement
suivant.
Les
conditions
de
financement
des
institutions
financières
jouent
un
rôle
prépondérant
dans
la
transmission
de
la
politique
monétaire.
Or,
ces
dernières
années,
l’émergence
du
mécanisme
de
titrisation
de
créance
a
rendu
ces
institutions
de
plus
en
plus
dépendantes
du
financement
par
le
marché
(et
non
par
les
dépôts),
les
exposant
d’autant
plus
à
des
changements
des
conditions
de
financement
sur
les
marchés
interbancaires
et
financiers.
Durant
la
dernière
crise,
les
marchés
interbancaires
«
traditionnels
»
et
le
marché
des
«
asset‐backed
securities
»
connurent
des
dysfonctionnements
majeurs.
Ceux‐ci
furent
tels
que
l’ajustement
des
taux
au
taux
directeur
‐
qui
11
Federal
Reserve
Bank
of
Minneapolis,
http://www.minneapolisfed.org/glossary.cfm,
lender
of
last
resort,
,
consulté
le
16/12/2010
12
Voyez
pour
cela
les
sections
10A
et
10B
du
Federal
Reserve
Act
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
9
constitue
pourtant
un
mécanisme
fondamental
de
la
transmission
de
la
politique
monétaire
traditionnelle
–
ne
s’opéra
plus.
En
définitive,
à
travers
les
mesures
non
conventionnelles
prises
pour
rendre
leur
politique
monétaire
effective,
les
Banques
centrales
ont
en
fait
exercé
leur
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort.
b. Outils
non
conventionnels
utilisés
et
leurs
résultats
i.
Banque
centrale
européenne
La
plupart
des
mesures
prises
par
la
Banque
centrale
européenne
durant
la
crise
ont
visé
à
atténuer
les
tensions
sur
les
marchés
financiers
et
le
marché
interbancaire
et
à
neutraliser
le
durcissement
des
conditions
de
crédit
à
l’économie
réelle.
Comme
évoqué
dans
la
section
précédente,
la
BCE,
au
delà
de
ses
réductions
successives
de
taux
directeurs,
a
dû
jouer
sur
le
montant
de
liquidité
alloué
aux
institutions
afin
d’orienter
efficacement
sa
politique
monétaire.
Dès
le
9
aout
2007,
la
BCE
a
encouragé
les
banques
européennes
à
continuer
à
accorder
du
crédit
malgré
les
tensions
naissantes
sur
le
marché
interbancaire
et
monétaire
en
leur
permettant
d’emprunter
toute
la
liquidité
dont
elles
avaient
besoin
via
des
opérations
de
refinancement
au
jour
le
jour.
Ces
opérations
nécessitaient
la
mise
en
gage
de
collatéraux
et
le
payement
du
taux
de
l’OPR
de
l’époque
(4%).
Au
total,
95
milliards
d’euros
de
liquidité
ont
été
fournis
aux
banques
européennes.
Les
mois
suivants,
d’autres
opérations
de
refinancement
à
plus
long
terme,
des
opérations
de
réglages
fin,
des
apports
de
liquidités
en
dollars
contre
des
garanties
en
euros
et
des
procédures
d’appel
d’offres
exceptionnelles
furent
misent
en
place.
Bien
que
cette
première
vague
d’apport
massif
de
liquidités
puisse
être
considérée
comme
inhabituelle,
il
est
important
de
noter
que,
durant
cette
première
phase
de
turbulences
financières
la
BCE
ne
bouscula
pas
fondamentalement
ses
procédures
existantes.
En
effet,
durant
cette
période,
le
taux
directeur
resta
l’élément
clé
de
l’orientation
de
la
politique
monétaire
alors
que
les
OPRL
visaient
essentiellement
à
combler
le
manque
temporaire
de
liquidités
de
certaines
institutions
et
permettre
la
réorganisation
de
réserves
solides.
En
outre,
le
taux
directeur
fut
relevé
de
25
points
de
base
en
juillet
2008
afin
de
contrer
les
craintes
inflationnistes
qu’aurait
pu
susciter
cet
afflux
de
liquidités.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
10
Soutien
renforcé
au
crédit
Parallèlement
aux
réductions
successives
de
taux,
la
Banque
centrale
européenne
fit
également
appel
à
des
méthodes
non
conventionnelles
afin
de
guider
sa
politique
monétaire
dès
l’explosion
de
la
crise
en
septembre
2008
(faillite
de
Lehman
Brothers).
Plus
précisément,
«
pour
s’assurer
que
la
situation
sur
les
marchés
de
la
monnaie
et
du
crédit
reflète
effectivement
l’orientation
de
la
politique
monétaire,
et
pour
maintenir
les
flux
de
crédit
à
l’économie
de
la
zone
euro
à
un
niveau
supérieur
à
ce
que
pouvaient
permettre
les
seules
baisses
de
taux
d’intérêt
»13,
le
Conseil
des
gouverneurs
décida
en
octobre
2008
d’adopter
un
programme
de
soutien
renforcé
au
crédit
reposant
sur
3
principes
:
•
La
fourniture
de
liquidité
aux
institutions
financières
européennes
éligibles
en
quantité
illimitée
via
des
opérations
de
refinancement
à
taux
fixe
et
contre
remise
de
garanties
adéquates
•
L’extension
de
la
liste
d’actifs
admis
comme
garantie
dans
les
opérations
de
refinancement
•
L’allongement
des
échéances
des
OPRL
de
3
mois
jusqu’à
6
mois
ou
encore
1an
L’application
de
ces
mesures
définit
donc
l’orientation
de
la
politique
monétaire
de
la
BCE
dès
la
fin
de
l’année
2008.
Leurs
objectifs
étaient
respectivement
•
de
répondre
aux
besoins
de
financement
à
court
terme
des
banques
et
donc
de
maintenir
l’offre
de
crédit
aux
ménages
et
aux
institutions
non
bancaires
à
des
taux
raisonnables
•
d’élargir
l’accès
des
institutions
éligibles
aux
opérations
de
refinancement
•
d’agir
sur
la
position
de
liquidité
des
banques
et
réduire
les
spreads
de
taux
longs
Durant
l’année
2009,
la
BCE
mit
en
place
3
opérations
de
refinancement
à
plus
long
terme
d’échéance
12
mois14.
Via
ces
3
opérations,
l’eurosystème
fournit
442
milliards
de
liquidités
aux
banques
en
juin,
75
milliards
en
septembre
et
96
milliards
en
décembre.
Par
ailleurs,
pour
l’aider
dans
ses
objectifs,
la
BCE
continua
à
offrir
énormément
de
liquidité
en
devises
étrangères
(principalement
en
dollars)
grâce
à
des
swaps
mis
en
place
avec
des
banques
centrales
étrangères.
Elle
apporta
également
plus
de
liquidités
au
marché
des
obligations
sécurisées
en
s’engageant
à
acheter
pour
60
milliards
d’obligations
sécurisées
en
euros
et
émises
dans
la
zone
euro
de
juillet
2009
à
juin
2010
(Covered
bond
purchase
programme).
13
BCE
(2010),
Les
mesures
prises
par
la
BCE
en
réponse
à
la
crise
financière,
BCE
bulletin
mensuel,
octobre
Les
opérations
ont
été
réalisées
via
des
procédures
d’appels
d’offres
à
taux
fixe,
la
totalité
des
soumissions
étant
servies.
14
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
11
Outre
la
diminution
générale
des
taux
d’intérêt
nominaux
et
réels
de
toutes
maturités,
des
primes
et
des
spreads,
les
mesures
non
conventionnelles
prises
par
la
BCE
ont
révélé
toute
l’importance
de
son
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort.
Via
le
programme
de
soutien
renforcé
au
crédit,
la
BCE
s’est
littéralement
substituée
aux
marchés
financiers
et
au
marché
interbancaire
qui
ne
permettaient
plus
l’allocation
efficiente
de
fonds.
Pour
rétablir
la
stabilité,
la
BCE
a
endossé
un
rôle
d’intermédiaire
financier
entre
les
institutions
financières
européennes
en
permettant
une
participation
élargie
à
ses
opérations
de
refinancement.
Par
sa
fonction,
la
BCE
a
non
seulement
répondu
aux
besoins
de
liquidités
des
banques
mais
a
aussi
permis
de
rendre
liquide
des
actifs
devenus
illiquides15
et,
partant,
d’éviter
de
sévère
problèmes
de
solvabilité
(suite
aux
dévaluations
d’actifs
illiquides).
Enfin,
via
son
rôle
de
fournisseur
de
liquidité
et
notamment
ses
achats
de
titres,
elle
a
également
contribué
à
la
revitalisation
générale
des
marchés
obligataires.
15
Via
leur
dépôt
en
garantie
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
12
Quid
de
l’inflation
?
Il
est
légitime
de
se
demander
si
les
apports
massifs
de
liquidité
et
les
réductions
successives
de
taux
n’ont
pas,
finalement,
porté
préjudice
à
l’objectif
premier
de
la
BCE,
à
savoir
la
stabilité
des
prix
à
moyen
terme.
Comme
nous
pouvons
l’observer
dans
le
graphique
ci‐dessous16,
les
interventions
de
la
BCE
ne
se
sont
pas
encore
traduites
par
une
envolée
de
l’inflation.
Selon
nous,
ce
phénomène
peut
s’expliquer
par
3
raisons
:
(1) le
fait
que
les
banques
ont
gardé
une
grande
partie
des
liquidités
demandées
en
réserves
ou
sur
les
facilités
de
dépôts
de
la
Banque
centrale
(2) la
thésaurisation
des
ménages
et
entreprises
qui,
malgré
l’abaissement
des
taux
et
les
signes
encourageant
ont
préféré
ne
pas
dépenser
massivement
(3) la
mise
en
place
progressive
d’opérations
de
réglage
fin
de
retrait
de
liquidité
Notons
que
les
2
premières
raisons
que
nous
invoquons
sont
liées
aux
comportements
des
agents
face
à
la
crise.
Grâce
à
leur
prudence,
une
partie
de
l’inflation
créée
par
l’injection
massive
de
liquidité
est
sans
aucun
doute
restée
cachée.
Dès
lors,
une
question
reste
en
suspens
:
si
les
opérations
de
réglage
fin
de
retrait
de
liquidité
ne
s’intensifient
pas,
qu’adviendra‐t‐il
le
jour
où
l’activité
économique
redémarrera
pleinement
?
16
Dans
ce
graphique,
le
point
mort
d’inflation
est
le
niveau
d’inflation
pour
lequel
la
différence
entre
le
rendement
d'une
obligation
classique
et
celui
d'une
obligation
indexée,
c'est‐à‐dire
l'écart
entre
les
taux
nominaux
et
les
taux
réels,
est
nulle.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
13
ii. Federal
Reserve
La
Réserve
Fédérale
américaine,
quant
à
elle,
a
mis
en
place
des
mesures
visant
à
poursuivre
et
atteindre
les
objectifs
suivants
:
1. Faciliter
le
refinancement
des
banques
américaines
2. Faciliter
le
refinancement
en
dollar
des
banques
étrangères
3. Faciliter
le
refinancement
des
«
primary
dealers
»
4. Eviter
certaines
faillites
porteuses
de
risque
systémique
5. Soutenir
les
fonds
monétaires17
6. Faciliter
le
refinancement
des
entreprises
7. Soutenir
le
crédit
à
la
consommation
et
aux
petites
entreprises
Tableau
1
‐
Principales
mesures
non
conventionnelles
prises
par
la
Réserve
Féderale
(source
:
BNPP‐Fortis)
17
Ces
fonds
sont
des
fonds
investissant
uniquement
sur
les
marchés
monétaires,
c'est‐à‐dire
dans
des
actifs
dont
la
maturité
va
de
1
jour
à
1
an.
Ces
fonds
investissent
dans
des
obligations
à
court
terme
telles
les
Treasury
bills,
les
billets
de
trésorerie,…
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
14
A
ces
objectifs
correspondent
autant
de
programmes
que
nous
détaillons
ci‐après
:
1.
Term
Auction
Facility
Dans
un
premier
temps,
la
Fed
a
créé
le
Term
Auction
Facility.
Selon
les
propres
termes
de
la
Fed
(«
Under
the
Term
Auction
Facility
(TAF),
the
Federal
Reserve
will
auction
term
funds
to
depository
institutions
»),
ce
programme
visait18
à
allouer
des
fonds
aux
différentes
banques
commerciales
au
terme
d’adjudications
compétitives.
Ce
programme
permettait
à
la
Fed
non
seulement
de
se
substituer
à
un
marché
interbancaire
presque
totalement
paralysé
mais
complétait
aussi
l’outil
utilisé
par
celle‐ci
pour
jouer
son
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort,
à
savoir
le
guichet
de
l’escompte.
Ce
programme
ne
manquait
pas
d’avantages
par
rapport
au
guichet
de
l’escompte
:
d’une
part
les
banques
commerciales
pouvaient
y
accéder
de
façon
anonyme,
leur
évitant
ainsi
d’être
pointées
du
doigt
par
leurs
consoeurs
;
d’autre
part,
les
montants
alloués
étaient
conséquents.
La
définition
de
cet
outil
nous
permet
d’évoquer
plus
précisément
les
raisons
de
sa
mise
en
place.
Les
liquidités
qui
furent
allouées
dans
un
premier
temps
par
la
Fed
étaient
absorbées
par
les
différentes
banques
de
détail
et
immédiatement
replacées
auprès
de
la
banque
centrale
sans
être
prêtées
aux
autres
banques
commerciales
(thésaurisation).
D’où
la
nécessité
pour
la
Fed
de
se
substituer
au
marché
interbancaire.
Le
graphe
ci‐dessous
illustre
cette
situation.
Il
montre
l’augmentation
soudaine
des
dépôts
de
différentes
banques
commerciales
auprès
de
la
Federal
Reserve.
18
Ce
programme
a
pris
fin
le
8
mars
2010
lors
de
la
dernière
adjudication.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
15
2.
Mise
en
place
de
lignes
de
swap
entre
banques
centrales
En
quoi
consistent
ces
swaps
et
quels
en
sont
les
avantages
en
cas
d’assèchement
du
marché
interbancaire
?
Un
extrait
d’un
article
paru
dans
le
journal
Les
Echos
le
26
septembre
2008
répond
de
manière
concise
et
précise
à
cette
question
:
«
[…
]Or
les
banques
doivent
sans
cesse
renouveler
leurs
lignes
de
financement
à
court
terme,
notamment
en
dollars.
Aujourd'hui,
elles
ont
trop
peur
du
risque
pour
se
livrer
à
ce
genre
de
transactions.
Comme
elles
n'ont
pas
la
possibilité
physique
et
juridique
d'emprunter
des
dollars
directement
auprès
de
la
Réserve
fédérale
américaine,
la
Banque
centrale
européenne
sert
d'intermédiaire
avec
ce
système
de
swap.
La
BCE
prête
des
euros
à
la
Fed
et
la
Fed
lui
prête
des
dollars.
La
BCE
peut
ensuite
prêter
des
dollars
aux
banques
de
sa
zone.
»19
Initialement,
ces
lignes
de
swap
avaient
été
mises
en
place
en
décembre
2007
entre
la
Fed
d’une
part,
la
BCE
et
la
BNS
d’autre
part
et
visaient
à
faciliter
l’approvisionnement
en
dollars
des
banques
non
américaines
(qui
n’était
plus
assuré
correctement
étant
donné
les
dysfonctionnements
du
marché
interbancaire).
Notons
qu’un
tel
instrument
avait
déjà
été
utilisé
lors
des
attentats
perpétrés
contre
le
World
Trade
Center
en
septembre
2001.
3.
Term
Securities
Lending
Facility
et
Primary
Dealer
Credit
Facility
Bien
que
jusqu’alors
la
Fed
ait
eu
pour
politique
de
ne
prêter
qu’à
des
institutions
de
dépôt
en
bonne
santé
financière,
celle‐ci
a
mis
en
place
deux
programmes
permettant
aux
«
primary
dealers
»
de
recevoir
d’une
part
des
titres
du
Trésor
en
échange
d’autres
titres
a
priori
moins
liquides
et,
d’autre
part,
des
liquidités
au
jour
le
jour.
4.
Soutien
de
certaines
institutions
financières
en
particulier
Dans
le
courant
de
l’année
2008
et
à
l’exception
de
la
banque
d’affaires
Lehman
Brothers,
le
Fed
a
apporté
un
soutien
financier
spécifique
à
certaines
banques
telles
que
JP
Morgan
afin
d’éviter
leur
faillite
et
les
risques
systémiques
qui
en
auraient
résulté.
19
http://archives.lesechos.fr/archives/2008/lesechos.fr/09/26/300296400.htm,
Les
échos,
Les
banques
centrales
tentent
d'enrayer
la
paralysie
du
marché
interbancaire,
article
daté
du
26
septembre
2008,
consulté
le
11/12/2010.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
16
5.
Asset‐Backed
Commercial
Paper
Money
Market
Mutual
Fund
Liquidity
“The
Asset‐Backed
Commercial
Paper
Money
Market
Mutual
Fund
Liquidity
Facility
was
a
lending
facility
that
provided
funding
to
U.S.
depository
institutions
and
bank
holding
companies
to
finance
their
purchases
of
high‐quality
asset‐backed
commercial
paper
(ABCP)
from
money
market
mutual
funds
under
certain
conditions.
The
program
was
intended
to
assist
money
funds
that
held
such
paper
in
meeting
demands
for
redemptions
by
investors
and
to
foster
liquidity
in
the
ABCP
market
and
money
markets
more
generally.
The
AMLF
began
operations
on
September
22,
2008,
and
was
closed
on
February
1,
2010”20
Ce
programme
visait
essentiellement
à
venir
en
aide
aux
Money
Market
Funds.
En
effet,
ces
fonds
représentant
un
investissement
très
liquide,
ils
sont
souvent
utilisés
par
les
institutions
financières
pour
stocker
leurs
liquidités
excédentaires.
En
temps
normal,
la
faillite
d’un
tel
fonds
est
hautement
improbable.
Cependant,
durant
la
crise,
la
faillite
de
Lehman
Brothers
a
obligé
ces
fonds
à
enregistrer
une
perte
sur
les
créances
détenues
sur
cette
dernière.
Ceci
a
mis
les
Mutual
funds
en
difficulté.
La
panique
engendrée
par
ces
écritures
comptables
a
provoqué
un
retrait
massif
des
fonds
de
la
part
d’agents
économiques.
Les
fonds
furent
obligés
de
liquider
des
actifs
ou
d’imposer
des
limites
sur
les
retraits.
Afin
de
freiner
les
retraits
auxquels
ils
faisaient
face,
la
Fed
a
donc
mis
en
place
deux
dispositifs.
Par
le
premier,
elle
prêtait
des
liquidités
destinées
à
l’acquisition
de
titres
ABCP
émis
par
les
fonds
monétaires
;
par
le
second,
elle
entendait
prêter
des
fonds
destinés
à
l’acquisition
d’actifs
émis
par
les
money
market
mutual
funds.
6.
Commercial
Paper
Funding
Facility21
Etant
donné
la
spécificité
de
la
structure
de
financement
des
entreprises
américaines22,
la
Réserve
Fédérale
américaine
est
intervenue
dur
le
marché
des
«
commercial
papers
»
afin
de
lui
donner
une
certaine
profondeur
et
d’améliorer
la
liquidité
de
ces
actifs.
L’intervention
de
la
Fed
a
pris
la
forme
de
la
création
d’un
SPV
auquel
la
branche
New‐Yorkaise
de
celle‐ci
a
prêté
des
fonds
afin
qu’ils
soient
investis
dans
des
«highly
rated
unsecured
and
asset‐backed
commercial
papers
»
dont
la
maturité
ne
20
Communiqué
officiel
de
la
Fed,
www.federalreserve.gov.
Pour
une
définition
officielle
de
ce
programme,
voyez
le
site
de
la
Réserve
Fédérale
http://www.federalreserve.gov/monetarypolicy/cpff.htm
22
Les
entreprises
américaines
se
financent
essentiellement
via
le
marché,
tant
à
court
terme
qu’à
long
terme,
à
la
différence
des
entreprises
européennes
qui,
pour
leur
financement
à
court
terme
ont
plus
communément
recours
au
crédit
bancaire.
21
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
17
dépasse
pas
trois
mois
et
qui
sont
émis
par
les
entreprises
éligibles.
Le
billet
de
trésorerie
reste
la
propriété
du
SPV
jusqu’à
maturité
et
les
intérêts
perçus
servent
à
payer
l’emprunt
contracté
auprès
de
la
Fed.
Ce
programme
visait
essentiellement
à
assurer
la
continuité
du
crédit
de
court
terme
aux
entreprises
et
aux
ménages
américains.
7.
Term
Asset‐Backed
Securities
Loan
Facility
Ce
programme‐ci
est
une
autre
forme
de
soutien
au
crédit.
Il
vise
plus
particulièrement
à
soutenir
le
crédit
à
la
consommation
des
ménages
et
des
petites
entreprises
en
favorisant
l’émission
d’ABS
garantis
par
différents
prêts23
(tels
que
des
prêts
pour
l’achat
d’une
voiture,
le
financement
des
études,…).
L’objectif
de
la
Fed
est
parfaitement
résumé
par
le
communiqué
suivant:
«
New
issuance
of
ABS
declined
precipitously
in
September
and
came
to
a
halt
in
October.
At
the
same
time,
interest
rate
spreads
on
AAA‐rated
tranches
of
ABS
soared
to
levels
well
outside
the
range
of
historical
experience,
reflecting
unusually
high
risk
premiums.
The
ABS
markets
historically
have
funded
a
substantial
share
of
consumer
credit
and
SBA‐guaranteed
small
business
loans.
Continued
disruption
of
these
markets
could
significantly
limit
the
availability
of
credit
to
households
and
small
businesses
and
thereby
contribute
to
further
weakening
of
U.S.
economic
activity.
The
TALF
is
designed
to
increase
credit
availability
and
support
economic
activity
by
facilitating
renewed
issuance
of
consumer
and
small
business
ABS
at
more
normal
interest
rate
spreads.”24
c. Evolution
des
masses
bilantaires
Tant
pour
la
Fed
que
pour
la
BCE,
ces
actions
multiples
au
niveau
de
la
liquidité
se
sont
traduites
par
des
modifications
substantielles
de
la
taille
et
de
la
structure
de
leur
bilan.
23
Pou
une
liste
exhaustive
des
prêts,
veuillez
vous
référer
à
la
page
suivant
du
site
de
la
Réserve
Fédérale
de
New
York
:
http://www.ny.frb.org/markets/talf.html
24
Communiqué
officiel
de
la
Fed,
www.federalreserve.gov.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
18
i.
Banque
centrale
européenne
Depuis
le
mois
d’août
2007,
le
rôle
prépondérant
de
la
BCE
comme
intermédiaire
entre
les
institutions
financières
européennes
a
mené
à
une
augmentation
de
70%
de
son
actif
bilantaire.
Trois
observations
ont
particulièrement
retenu
notre
attention.
Dans
un
premier
temps,
nous
avons
noté
la
croissance
très
accrue
de
l’actif
bilantaire
du
début
de
l’année
2007
jusqu’à
la
fin
de
l’année
2008.
Après
avoir
étudié
les
bilans
consolidés
de
l’eurosystème
au
31
décembre
2007
et
au
31
décembre
2008,
nous
avons
pu
conclure
que
cette
augmentation
est
principalement
due
aux
créances
en
devises
sur
des
résidents
de
la
zone
euro25
(swaps),
dans
une
moindre
mesure
aux
opérations
principales
de
refinancement,
aux
opérations
de
refinancement
à
plus
long
terme
et
aux
titres
en
euros
émis
par
des
résidents
de
la
zone
euro.
Dans
un
second
temps,
nous
avons
relevé
la
modification
de
la
structure
de
l’actif
sur
l’exercice
clôturé
au
31
décembre
2009.
D’une
part,
la
proportion
d’opération
de
refinancement
à
plus
long
terme
a
sensiblement
augmenté
par
rapport
aux
opérations
principales
de
refinancement.
Cela
est,
en
grande
partie,
du
aux
trois
ORLT
exceptionnelles
à
échéance
de
12
mois
menées
durant
cet
exercice.
D’autre
part,
nous
avons
pu
remarquer
l’apparition
de
la
rubrique
«
titres
détenus
à
des
fins
de
politiques
monétaires
»,
faisant
référence
au
programme
d’apport
de
liquidités
via
l’achat
ferme
de
60
milliards
d’obligations
sécurisées
lancé
en
mai
2009.
Enfin,
en
marge
de
ces
évolutions,
nous
avons
également
pu
noter
que,
sur
l’ensemble
des
exercices
clôturés
en
2007,
2008
et
2009,
les
facilités
de
prêt
marginal
ont
constitué
un
montant
relativement
25
Cette
rubrique
est
constituée
de
comptes
ouverts
auprès
des
banques,
de
prêts
libellés
en
devises
et
de
placements
sous
la
forme
de
titres,
libellés
en
dollars
et
en
yens.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
19
négligeable
face
à
l’ensemble
du
bilan.
Cette
dernière
observation
confirme
bien
le
fait
que
l’eurosystème
a
apporté
massivement
des
liquidités
aux
banques
essentiellement
via
les
opérations
de
refinancement.
ii.
Federal
Reserve
Sur
base
des
informations
recueillies,
nous
pourrions
scinder
l’évolution
du
bilan
de
la
Fed
en
trois
phases.
Dans
un
premier
temps,
c'est‐à‐dire
entre
2007
et
août
2008,
le
bilan
de
la
Fed
a
changé
de
structure
et
non
de
taille.
Ensuite,
entre
septembre
2008
et
février
2009,
le
bilan
de
la
Fed
a
connu
une
forte
expansion
due
à
la
mise
en
place
de
dispositifs
de
soutien
aux
marchés
financiers
importants.
Enfin,
entre
mars
2009
et
mars
2010,
le
bilan
a
à
nouveau
changé
de
structure.
Durant
la
première
phase,
le
bilan
de
la
Fed
est
resté
assez
stable,
variant
dans
une
fourchette
allant
de
830
à
900
milliards
de
dollars.
Cette
période
fut
marquée
par
l’explosion
des
prêts
accordés
aux
institutions
financières
par
le
biais
des
divers
guichets
mis
en
place
pour
faciliter
leur
refinancement.
Notons
encore
que
durant
cette
première
période,
il
était
possible
à
la
Fed
de
stériliser
ses
interventions
:
toute
augmentation
de
ses
prêts
via
ses
lignes
de
crédit
spéciales
engendrait
une
vente
du
même
montant
de
bons
du
trésor.
Entre
septembre
2008
et
février
2009,
le
bilan
de
la
Fed
a
connu
une
forte
expansion,
passant
de
moins
de
900
milliards
en
août
2008
à
environ
2200
milliards
en
février
2009.
Ceci
s’explique
par
la
soudaine
aggravation
de
la
crise
qui
provoqua
une
brusque
envolée
des
montants
prêtés
par
la
Fed
(de
200
milliards
en
août
2008
à
1200
milliards
en
février
2009).
Les
montants
prêtés
étaient
tels
qu’il
était
à
présent
impossible
à
la
Fed
de
stériliser
ses
prêts,
d’où
l’augmentation
de
la
taille
de
son
bilan.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
20
Enfin,
durant
la
dernière
période,
les
prêts
accordés
par
la
Fed
via
les
différents
dispositifs
se
sont
d’abord
stabilisés
et
ont
ensuite
décru.
Parallèlement
à
cela,
la
Fed
a
lancé
des
programmes
d’achats
de
titre
du
Trésor,
de
titres
MBS
et
d’obligations
d’agences.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
21
d. Comparaison
des
interventions
La
mise
en
évidence
des
interventions
non
conventionnelles
de
la
BCE
et
de
la
Federal
Reserve
permet
d’identifier
les
approches
différentes
retenues
respectivement
par
ces
deux
Banque
centrales.
Bien
que
leurs
interventions
aient
entraîné
des
apports
massifs
de
liquidité
à
taux
relativement
bas,
il
n’en
reste
pas
moins
que
l’approche
retenue
par
la
BCE
fut
différente
de
celle
retenue
par
la
Fed.
Les
raisons
de
cette
divergence
sont
à
rechercher
dans
la
structure
même
des
économies
américaines
et
européenne
(continentale).
Dans
la
zone
euro,
le
financement
externe
des
entreprises
non
financières
est
assuré
à
hauteur
de
70%
par
les
institutions
bancaires
tandis
qu’aux
Etats‐Unis
les
entreprises
recourent
au
marché
pour
satisfaire
près
de
80%
de
leurs
besoins
de
financement.
Cette
différence
structurelle
devait
nécessairement
amener
une
réponse
différente
de
la
part
des
deux
Banques
centrales.
Dès
lors,
là
où
la
BCE
s’est
principalement
attelée
à
mettre
en
place
les
mesures
requises
en
vue
de
faciliter
l’approvisionnement
des
banques
commerciales
européennes
en
liquidités,
la
Fed
a
également
(surtout)
agi
directement
sur
certains
marchés
financiers
afin
d’assurer
la
liquidité
des
actifs
échangés
sur
ceux‐ci.
En
outre,
il
faut
noter
qu’à
la
différence
de
la
BCE,
la
Fed
est
intervenue
en
tant
que
prêteur
en
dernier
ressort
des
«
primary
dealers
».
Enfin,
la
BCE
n’a
pas
directement
soutenu
les
banques
européennes
en
difficulté.
Aucun
prêt
direct
n’a
été
accordé.
L’octroi
de
liquidités
aux
banques
commerciales
s’est
fait
uniquement
dans
le
cadre
des
opérations
de
refinancement
classique.
Si
une
banque
en
particulier
rencontrait
des
difficultés
telles
que
les
outils
classiques
ne
suffisaient
pas,
alors
c’était
au
tour
des
autorités
nationales
d’intervenir.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
22
IV.
La
question
d’un
prêteur
international
en
dernier
ressort
Le
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort,
question
complexe
mais
brûlante
d’actualité,
ne
se
limite
pas
uniquement,
comme
le
raisonnement
retenu
dans
les
pages
qui
précède
pourrait
le
laisser
croire,
à
une
zone
monétaire
et/ou
économique.
Force
est
de
constater
que
la
réflexion
que
nous
venons
de
mener
peut
également
l’être
à
un
niveau
supérieur.
La
question
d’un
prêteur
international
en
dernier
ressort
n’est
pas
neuve
et
les
théories
y
relatives
diverses.
Depuis
la
fin
du
système
de
taux
de
change
fixes
établi
à
Bretton
Woods,
le
Fonds
Monétaire
International
a
vu
ses
fonctions
élargies,
jusqu’à
inclure
(de
manière
plus
ou
mois
explicite)
celle
de
prêteur
international
en
dernier
ressort26.
Mais
pourquoi
serait‐il
nécessaire
de
consacrer
un
prêteur
international
en
dernier
ressort
?
Selon
Frederik
Mishkin,
cela
se
justifie
par
le
fait
que
les
banques
centrales
de
certains
pays
émergents
pourraient
ne
pas
jouir
de
la
crédibilité
nécessaire
lorsqu’elles
accordent
un
prêt
à
leur
système
financier.
En
effet,
lorsqu’une
banque
centrale
intervient
en
tant
que
prêteur
en
dernier
ressort,
il
est
primordial
que
les
agents
économiques
croient
«
dur
comme
fer
»
en
sa
capacité
à
maîtriser
l’inflation
sous‐jacente
qui
pourrait
survenir
du
fait
de
l’injection
de
liquidités.
Dans
le
cas
contraire,
une
action
de
la
banque
centrale
«
peut
faire
naître
la
crainte
du
déclenchement
d’une
spirale
inflationniste
incontrôlable,
provoquer
une
dépréciation
de
la
monnaie
et
détériorer
encore
plus
les
bilans
bancaires
»27.
Dans
ce
contexte,
l’action
d’un
prêteur
international
en
dernier
ressort
pourrait
s’avérer
plus
efficace
dans
la
mesure
où
elle
n’aurait
pas
les
effets
indésirables
décrits
ci‐dessus.
Toutefois,
comme
dans
le
cas
de
l’institution
d’un
prêteur
en
dernier
ressort
pour
une
zone
monétaire
particulière,
la
création
d’un
prêteur
en
dernier
ressort
international
ne
va
pas
sans
créer
de
nouveaux
problèmes,
notamment
celui
de
risque
moral.
Ce
risque,
maintes
fois
mis
en
évidence
par
la
littérature
économique,
caractérise
une
situation
de
fait
dans
laquelle
les
agents
économiques,
conscients
de
l’existence
d’un
filet
de
sécurité,
s’aventurent
dans
des
opérations
plus
risquées.
Dans
le
cas
présent,
«
les
créanciers
des
banques
sont
moins
incités
à
surveiller
les
institutions
bancaires
et
à
retirer
leurs
dépôts
si
elles
prennent
trop
de
risque,
ce
qui
les
conduit
à
le
faire
»28.
26
Toutefois,
comme
le
fait
remarquer
Frederik
Mishkin
(Mishkin,
2007,
p.656),
cette
fonction
est
très
controversée.
27
Miskin,
F.,
Monaie,
Banque
et
marché
financier,
Pearson
Education
France,
Paris,
2007,
p.656.
28
Miskin,
F.,
Monaie,
Banque
et
marché
financier,
Pearson
Education
France,
Paris,
2007,
p.657
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
23
V.
Conclusion
Nous
l’avons
vu,
le
questionnement
sur
le
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort
est
présent
depuis
de
nombreuses
décennies
dans
la
littérature.
Bien
que
sa
portée
précise
diverge
selon
les
différents
approches
des
économistes,
son
essence
fondamentale
reste
la
même
:
empêcher
la
transmission
d’un
comportement
erratique
des
marchés
financiers
à
l’activité
économique
réelle.
Cet
objectif
louable
est
bien
entendu
difficile
à
réaliser.
La
crise
récente
nous
a
montré
que,
pour
atteindre
son
but,
le
rôle
de
prêteur
en
dernier
ressort
se
doit
de
ne
pas
être
figé.
En
injectant
des
liquidités
dans
leur
économie
en
crise,
la
Banque
centrale
européenne
et
la
Federal
Reserve
se
sont
adaptées
aux
technologies
et
spécificité
de
leur
système
financier
domestique
et
ont
orienté
leurs
interventions
en
conséquence.
A
notre
sens,
la
flexibilité
affichée
par
le
système
en
ces
temps
de
crise
a
été
l’élément
clé
pour
la
reprise.
Cependant,
il
serait
judicieux
de
ne
pas
perdre
de
vue
les
implications
macroéconomiques
des
diverses
interventions
exceptionnelles
(par
exemple,
l’inflation)
et
de
ne
pas
céder
à
l’illusion
d’avoir
apporté
des
solutions
aux
problèmes
rencontrés
en
n’ayant
causé
aucun
dysfonctionnement.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
24
VI.
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•
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Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
25
VII.
Annexes
Article
127
TFUE
(ex‐article
105
TCE)
1.
L'objectif
principal
du
Système
européen
de
Banques
centrales,
ci‐après
dénommé
«SEBC»,
est
de
maintenir
la
stabilité
des
prix.
Sans
préjudice
de
l'objectif
de
stabilité
des
prix,
le
SEBC
apporte
son
soutien
aux
politiques
économiques
générales
dans
l'Union,
en
vue
de
contribuer
à
la
réalisation
des
objectifs
de
l'Union,
tels
que
définis
à
l'article
3
du
traité
sur
l'Union
européenne.
Le
SEBC
agit
conformément
au
principe
d'une
économie
de
marché
ouverte
où
la
concurrence
est
libre,
en
favorisant
une
allocation
efficace
des
ressources
et
en
respectant
les
principes
fixés
à
l'article
119.
2.
Les
missions
fondamentales
relevant
du
SEBC
consistent
à:
—
définir
et
mettre
en
œuvre
la
politique
monétaire
de
l'Union;
—
conduire
les
opérations
de
change
conformément
à
l'article
219;
—
détenir
et
gérer
les
réserves
officielles
de
change
des
États
membres;
—
promouvoir
le
bon
fonctionnement
des
systèmes
de
paiement.
3.
Le
troisième
tiret
du
paragraphe
2
s'applique
sans
préjudice
de
la
détention
et
de
la
gestion,
par
les
gouvernements
des
États
membres,
de
fonds
de
roulement
en
devises.
4.
La
Banque
centrale
européenne
est
consultée:
—
sur
tout
acte
de
l'Union
proposé
dans
les
domaines
relevant
de
sa
compétence;
—
par
les
autorités
nationales,
sur
tout
projet
de
réglementation
dans
les
domaines
relevant
de
sa
compétence,
mais
dans
les
limites
et
selon
les
conditions
fixées
par
le
Conseil
conformément
à
la
procédure
prévue
à
l'article
129,
paragraphe
4.
La
Banque
centrale
européenne
peut,
dans
les
domaines
relevant
de
sa
compétence,
soumettre
des
avis
aux
institutions,
organes
ou
organismes
de
l'Union
appropriés
ou
aux
autorités
nationales.
5.
Le
SEBC
contribue
à
la
bonne
conduite
des
politiques
menées
par
les
autorités
compétentes
en
ce
qui
concerne
le
contrôle
prudentiel
des
établissements
de
crédit
et
la
stabilité
du
système
financier.
6.
Le
Conseil,
statuant
par
voie
de
règlements
conformément
à
une
procédure
législative
spéciale,
à
l'unanimité,
et
après
consultation
du
Parlement
européen
et
de
la
Banque
centrale
européenne,
peut
confier
à
la
Banque
centrale
européenne
des
missions
spécifiques
ayant
trait
aux
politiques
en
matière
de
contrôle
prudentiel
des
établissements
de
crédit
et
autres
établissements
financiers,
à
l'exception
des
entreprises
d'assurances.
Article
282
§2
TFUE
2.
Le
SEBC
est
dirigé
par
les
organes
de
décision
de
la
Banque
centrale
européenne.
L'objectif
principal
du
SEBC
est
de
maintenir
la
stabilité
des
prix.
Sans
préjudice
de
cet
objectif,
il
apporte
son
soutien
aux
politiques
économiques
générales
dans
l'Union
pour
contribuer
à
la
réalisation
des
objectifs
de
celle‐ci.
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
26
Bilan
consolidé
de
l’Eurosystème
au
31
décembre
2009
(en
millions
d’euros)
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
27
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
28
Bilan
consolidé
de
l’Eurosystème
au
31
décembre
2008
(en
millions
d’euros)
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
ESL
2010‐2011
29
Geoffroy
Dolphin,
Mélissa
Kasongo
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2010‐2011
30
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