Le « Buen vivir » une autre vision du développement économique

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Photo : Christian Bélanger
A U TO M N E 20 12
N U M ÉR O 17 ·
Le « Buen vivir » une autre vision du
développement économique
Par Simon Morin, étudiant à la maîtrise en sciences politiques à l’UQAM *
À l'heure de la globalisation, les alternatives au développement néolibéral se font de plus en plus nécessaires. Les inégalités entre les riches et les pauvres s'accroissent de jour en jour
et laissent des centaines de millions de personnes vivre en
situation d'extrême pauvreté. Les dommages causés à l'environnement se font aussi de plus en plus sentir à un moment où
les limites des écosystèmes terrestres sont pratiquement toutes
atteintes. À ce sujet, le cinquième bilan quinquennal de l’état
de la planète du Programme des Nations unies pour l’environnement révélait que les efforts convenus par la communauté
internationale dans la lutte contre le réchauffement climatique
n'avaient connu un progrès significatif que pour 4 des 90 objectifs majeurs identifiés depuis 1950.
L'Équateur, petit pays andin d'Amérique latine, a entrepris de
développer son propre programme depuis 2007. Critiquant les
fondements du développement capitaliste occidental à l'origine de cette double crise civilisationnelle, il a introduit, au sein
de sa nouvelle constitution en 2008, la notion autochtone du
« Buen vivir »**. Son plan de développement pose ainsi les
bases en trois temps d'une transition écosocialiste dont l'objectif est de transformer la matrice productrice, mais aussi de
décoloniser notre manière de vivre ensemble.
Développement humain
Le « Buen vivir» propose une solution de rechange à la conception néolibérale du développement dont la priorité va aux individus plutôt qu’à l'accumulation sans fin du capital. La stratégie vise à améliorer les capacités de tout un chacun afin que
tous puissent être en mesure d'agir et de se prendre en main.
Le développement en ce sens ne dépend pas de l’État, même
s'il peut en être un acteur important, mais dépend des individus que les institutions publiques cherchent à encadrer. Les
pauvres et les marginalisés ne sont pas vus comme des obstacles à la prospérité collective, mais représentent plutôt des
vecteurs d'un développement solidaire auquel ils sont destinés
à participer. En d'autres termes, l’objectif est de donner les
aptitudes nécessaires à qui en a besoin, pour qu'il participe à
son propre développement et au développement de la collectivité.
(Le « Buen vivir » : suite à la page 2)
BULLETIN DE LIAISON DE
JEUNES ET SOCIÉTÉ
FERME BERTHE-ROUSSEAU
MER ET MONDE
L’Unisson paraît trois fois l’an; il est envoyé par
courriel aux personnes qui constituent notre
réseau. De plus, il est disponible sur notre site à :
www.jeunesetsociete.org/lunisson.htm. Sauvons
des arbres, faites nous parvenir votre adresse de
courriel.
COMITÉ
DE
L’UNISSON
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Hélène Boulais, rédactrice en chef
Michel Corbeil, pour Jeunes et Société
Martin Couture, pour
la Ferme Berthe-Rousseau
Jamie Lambert, conception et mise en page
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Tél.: (514) 495-8583
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JEUNES ET SOCIÉTÉ regroupe des hommes et
des femmes qui acceptent de mettre leurs talents
d'organisateurs et leurs ressources d'imagination
et de créativité au service des personnes visées
par les activités du Centre Berthe-Rousseau et de
Mer et Monde. ARC: 86751 4028 RR 00001
La FERME BERTHE-ROUSSEAU est un petit
organisme qui gère une ferme communautaire,
son but est d'accueillir des gens blessés par la vie.
C'est un lieu tout simple où l'on a le droit d'être
fragile.
MER ET MONDE a pour but de contribuer au
développement durable, en proposant des stages
d'initiation à la coopération internationale, stages
par l'intermédiaire desquels les participants ont
l'occasion d'approfondir leur analyse sociale
globale et de mieux saisir les défis auxquels notre
monde est confronté. S'étant interrogés sur les
valeurs humaines et sociales qu'ils veulent faire
prévaloir dans l'histoire de l'humanité des
prochaines décennies, les participants pourront
être des acteurs responsables et avisés pour
inspirer et animer les grands débats en faveur de
la justice et du respect des personnes et de la
nature.
2
L’UNISSON · AUTOMNE 2012
(Le « Buen vivir » : suite de la page 1)
Par exemple, l’Équateur a investi d'importantes ressources dans le système de
santé et d'éducation au cours des dernières années. L'objectif n'était pas seulement de fournir la capacité de lire et
d'écrire, de façon à ce que tous obtiennent
un emploi, mais également de renforcer
les capacités d'expression, d'entreprise,
d'innovation et une pensée critique,
nécessaires au développement d'une économie solidaire.
Développement démocratique
Le développement du « Buen vivir »
concerne aussi les communautés. Le plurinationalisme et l'interculturalisme sont deux des
composantes fondatrices de
l’État et de la société équatorienne. Toutes deux sont
reconnues explicitement à
l'article 1 de la Constitution
de 2008.
De pair avec cette idée de
redonner les capacités aux
individus, le « Buen vivir » privilégie la
décentralisation et la déconcentration du
pouvoir de manière à ce que l'État perde
son monopole de l’action sociale au profit
de l'autodétermination collective. En
effet, le « Buen vivir » privilégie l’engagement citoyen sous diverses formes démocratiques, délibérative, participatives, et
représentatives tant à l’échelle locale,
régionale que nationale. L’État ne doit
plus agir de façon paternaliste, mais
redistribuer le pouvoir aux communautés, afin qu'elles puissent se réapproprier
l’État qui les gouverne et l'économie qui
les coordonne.
Le Plan national pour le « Buen vivir » 20092013 propose ainsi un équilibre entre la
société civile, le pouvoir économique et
l’État démocratique. Deux innovations
politiques intéressantes ont aussi été
adoptées
durant
le
processus
constitutionnel, soient la promotion des
Assemblées communautaires ainsi que
le droit de consultation accordé aux
communautés autochtones, « afrodescedantes » et « montuvios »***.
Développement durable
En plus de promouvoir l'épanouissement
individuel et collectif, le « Buen vivir »
propose également d'établir une relation
harmonieuse entre l'humanité et son
milieu de vie, en rejetant la vision anthropocentrique du développement – où l'humain est au centre de tout. Comme l'explique Karl Marx, le développement du
capitalisme fait des êtres humains, les
maîtres de la nature afin de répondre à
leurs besoins matériels croissants et sans
doute sans limites. Selon Alberto Acosta,
ex-président de l'Assemblée constituante
de 2007, le réchauffement climatique est
la conséquence de cette façon de
vivre ensemble coupée de l’environnement. À son avis, la croissance matérielle sans limites à
laquelle nous nous adonnons et
avec laquelle la logique néolibérale s'accorde à merveille par la
création
d'un
endettement
impossible, nous mène tout droit
à un suicide collectif.
Le « Buen vivir» nous rappelle l'importance de redéfinir notre relation avec la
nature afin de maintenir un équilibre. Par
exemple, les articles 72 et 73 de la nouvelle constitution reconnaissent la nature
comme un objet et un sujet du droit équatorien. La nature a le droit à l’existence
dans le maintien et la régénération de ses
cycles de vie. Tout citoyen peut ainsi se
porter à sa propre défense face à tout projet menaçant ses droits constitutionnels.
Les projets de reforestation et de protection du territoire, ainsi que l’Initiative
Yasuní-ITT, visant à laisser sous terre
plus de 840 millions de barils de pétrole
dans une des aires les plus riches en biodiversité de la planète, concrétisent un
peu plus la volonté de l'Équateur de lutter contre les changements climatiques en
accordant de la valeur à autre chose qu'à
l'argent. De plus, permettre aux individus
et à leur communauté de s’épanouir dans
un environnement propre fait partie du
nombre des libertés reconnues par la
constitution et assure la prise en charge
par les individus du développement
d'une économie solidaire.
* L’auteur est aussi assistant de recherche à la Chaire Nycole-Turmel sur les espaces publics et les innovations
politiques à l’UQAM et vient de faire un stage de deux mois en Équateur, dans le cadre d’une recherche sur le
« Buen vivir ».
** Le « Buen vivir » se traduit en français par « Bien vivre ». Dans les deux cas, ils sont des traductions
latines de « Suma quamaña » en langue aymara et de « Sumak Kawsay » en langue quechua.
*** « montubios » : Les peuples montubios comptent plus de 1400 communautés situées pour la majorité sur la
côte pacifique équatorienne. Ils se réclament être un peuple métissé avec leur propre culture. La Constitution
de la République de 2008 lui reconnait d’ailleurs des droits collectifs ainsi que son droit à l’autodétermination.
La simplicité volontaire devient nécessaire
Par Robert Jasmin, juriste et sociologue, président de ATTAC-Québec de 2000 à 2011
Tous connaissent le mouvement de la simplicité volontaire
dont Serge Mongeau s’est fait le plus ardent porte-parole, et
cela, bien avant que les médias de masse y portent une quelconque attention. Ce mouvement social vise à nous mettre en
garde contre la surconsommation dont certains psychiatres
disent qu’elle peut être la source de maladies mentales graves.
Or, de volontaire et individuelle la simplicité est devenue
nécessaire et collective.
Soyons clairs : lorsque j’emploie les termes « simplicité nécessaire », je ne veux évidemment pas parler de cette simplicité
obligée à laquelle les pauvres sont condamnés depuis toujours.
Je parle de celle que la réalité nous imposera de gré ou de force,
tôt ou tard. Si je qualifie cette simplicité de nécessaire c’est tout
simplement parce que la survie de la planète l’exige. Je
corrige : la planète survivra quoi que nous fassions, mais la vie
humaine sur terre n’a aucune garantie automatique de survie.
Si la tendance actuelle se maintient en matière de développement économique, nous allons droit sur un mur.
Suivant les sacro-saintes lois du marché, tout ce qui fait gonfler
le PIB est bon. Peu importe ce qu’on produit ou comment on le
produit, c’est le chiffre au bout qui compte. On comprendra
pourquoi des criminels socio- économiques s’en prennent aux
mouvements citoyens qui mettent leurs choix en question en
les accusant d’œuvrer contre l’économie et donc contre la croissance. Voila le mot- clé : croissance. Le mot devant lequel nous
devons nous prosterner sous peine d’être traités d’utopistes.
Mais posons la question : qui sont les véritables utopistes ?
Ceux qui affirment que la croissance infinie sur une planète aux
limites finies est chose possible, ou ceux qui prétendent que
l’économie doit se plier à la réalité de ce monde? Dire que la
croissance peut augmenter sans cesse relève de la croyance et
non de la science. Les économistes néolibéraux sont des
croyants.
Il y a une différence entre croissance et développement. Qui dit
croissance ne veut pas nécessairement dire développement. Il
peut même y avoir un développement harmonieux et bénéfique dans le cadre d’une décroissance. Voila le mot qu’aucun
homme ou femme politique n’osera prononcer : décroissance.
Et pourtant nous y sommes condamnés, par la force des choses.
Que nous le voulions ou non il nous faudra l’envisager. Alors,
aussi bien la préparer pour la gérer dans le sens du développement plutôt que la subir dans le désordre et les crises.
C’est maintenant qu’il nous faut adopter la simplicité comme
règle de vie. Ce ne sera pas facile car nous sommes tous plus ou
moins des drogués de la consommation. Il faudra apprendre à
redécouvrir le véritable sens des mots et des choses et ainsi pouvoir faire la différence entre le nécessaire et le superflu, entre
l’utile et l’inutile. En évitant d’être contaminés par la propagande commerciale que certains persistent à nommer publicité.
Les crises qui viendront seront nombreuses et multidimensionnelles. Elles seront à la fois économiques, écologiques et
sociales. Les dirigeants politiques et les élites économiques sont
dans le déni le plus total devant ces crises qu’ils ont rendues
inévitables. C’est à nous de prendre le volant de ce système
devenu fou, non pas pour le conduire mais pour l’arrêter, le
reconstruire et lui donner une autre vocation, fondée non pas
sur l’accumulation sans fin de la fortune de quelques- uns mais
sur la satisfaction des besoins de la majorité.
Au Sénégal, l’économie passe par l’agriculture et les femmes
Par Prosper Faye, responsable de la Caisse de crédit et d’épargne de Terokh
Au Sénégal, 70% de la population vit de l’agriculture et 80%
des femmes en milieu rural assurent les charges de la famille.
Ces femmes, comme celles du village de Terokh, en partenariat
avec l’Association Nord Pas de Calais développent l’agriculture, qui est le moteur de l’économie.
Ce projet de coopération permet aux femmes de cultiver des
légumes à l’année longue à l’intérieur de leur périmètre maraîcher. Elles sont assurées d’un salaire journalier de 2000 CFA
par jour ce qui leur permet également de lutter contre le chômage et la pauvreté.
Le projet a pour objectif d’investir la moitié des bénéfices
annuels dans le domaine de la santé, de l’éducation et de la promotion féminine. Les femmes ont ressenti les retombées de
cette coopération au niveau de la Caisse d’épargne et de crédit : on
a constaté en effet une augmentation de leur participation. Au
sein des ménages on constate l’acquisition de nouveaux équipements domestiques comme des armoires, des chaises, des
ustensiles de cuisine, etc. Mais, au delà
de l’aspect financier, le projet a permis
aux femmes de mettre fin au calvaire
qu’elles vivaient en se faisant
« louer » pour la lessive à Tivouane
moyennant un coût de 1500 CFA par
jour.
On ne peut développer le Sénégal sans
passer par l’agriculture, car c’est le secteur le plus productif. Les femmes en sont tellement
conscientes qu’elles se sont battues pour obtenir la parité, et
c’est cette parité qui leur a permis d’avoir accès à la terre.
Les femmes présentent le plus grand bassin de main d’œuvre,
car après les cultures, elles s’investissent dans la commercialisation et la transformation des produits.
L’UNISSON · AUTOMNE 2012
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L’économie du Québec : y voir clair pour
maîtriser le développement
Tiré d’une entrevue que donnait monsieur Robert Laplante, économiste, chercheur et directeur général de l’Institut de
recherche en économie contemporaine (IRÉC) dans le numéro 44 de la « Revue intervention économique » *
Photo : Normand Rajotte
À partir du 19e siècle, la première
phase de l’économie du Québec est
placée sous le signe de la
« National Policy » du gouvernement Macdonald. Cette politique
confine la bourgeoisie canadiennefrançaise à la marginalité. Cette dernière va occuper ces interstices en
se positionnant dans l’immobilier,
la construction, dans le vêtement,
dans la fourniture de biens durables
légers, etc. « Elle prend pied dans
les secteurs industriels et s’y affirme. Même si elle n’est pas cantonnée à la sous-traitance, elle
demeure néanmoins à la remorque du grand capital. Elle est en
quelque sorte une force subsidiaire qui occupe un espace satellite. Même si elle y joue un rôle plus affirmé, ce n’est pas elle
qui donne à l’économie du Québec ses impulsions. Elle en profite, mais elle ne les oriente pas », explique le directeur général
de l’IRÉC.
La crise de 1929 achève le travail de marginalisation de cette
bourgeoisie, en effaçant les gains qu’elle avait réalisés depuis le
dernier quart du 19e siècle, dans la foulée de l’entrée massive
du grand capital anglo-américain dans le secteur des ressources. Une période de reconquête économique s’ouvre alors,
basée sur la création de PME, et vise la constitution d’un réseau
d’entreprises prenant appui sur l’économie locale. « Ce sont les
économistes des HEC et leurs alliés dans les mouvements
nationalistes qui vont progressivement élaborer les stratégies
de cette reconquête par une approche de progression linéaire,
poursuit l’économiste. À partir de la seule activité économique
où ils sont en position relative de gagner du contrôle c'est-àdire l’agriculture, les Canadiens-français pourront progressivement gagner des positions : de l’agriculture à l’artisanat, de
l’artisanat à la petite entreprise et ainsi de suite. Ces penseurs
et avec eux la large fraction de la classe d’affaires qui s’en inspire sont convaincus qu’il faut prendre appui sur l’économie
locale, l’économie des villages et des petites villes pour développer une première base d’accumulation ».
L’échec du modèle de croissance « linéaire »
Au milieu des années 50, on constate que ce modèle de croissance « linéaire » n’est pas réalisable et qu’il manque de capitaux pour inscrire le Québec dans l’économie continentale. Il
faut un État, mais Duplessis qui est anti-étatiste, va résister
farouchement à ce constat et penser qu’il faut plutôt redonner
au grand capital une deuxième impulsion pour compenser,
pour ne pas avoir à prendre appui sur l’État. Il devra faire d’importants compromis pour obtenir les investissements américains. Entre autres, on se rappellera les grandes concessions qui
ont accompagné le développement minier de la Côte-Nord et la
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L’UNISSON · AUTOMNE 2012
canalisation du Saint-Laurent, qui eut pour effet de marginaliser Montréal. Le développement se retrouve à nouveau dans
une impasse et c’est ce qui a mené à la Révolution tranquille
des années 60.
Le constat est évident : il faut s’appuyer sur l’État, mais on ne
peut compter sur l’État fédéral. Pour donner au gouvernement
du Québec des moyens s’approchant de ceux d’un véritable
État, il faudra donc miser sur ce qui fait déjà la force et l’intérêt
du grand capital qui les a accaparés : les ressources naturelles.
« Pas étonnant que la nationalisation de l’hydro-électricité revête un caractère inaugural, indique Robert Laplante. Hydro
Québec va devenir le « navire amiral » du développement du
Québec avec ses travaux, ses politiques d’achats, de fournisseurs et d’ordonnance de ses projets qui vont « internaliser »
des objectifs de développement régional. Les grands projets de
la Révolution tranquille, les barrages, Expo 67 et le métro de
Montréal vont permettre de faire ce que la stratégie de
Duplessis n’avait pas réussi à faire ».
Deux approches
Cependant à la fin des années 70, la pensée économique se divise en deux approches : l’une privilégiant la construction d’une
structure économique complète sur tout le Québec, et une autre
qui mise sur les possibilités de prendre sa place dans le marché
canadien. « Le Québec Inc. naissant est en quelque sorte précipité précocement dans une crise d’adolescence qui est une vraie
crise de croissance, constate Robert Laplante. Ce sera le début
d’un débat autour du rapport Gobeil, prônant la réduction de
la taille et du rôle de l’État, subordonnant les ambitions nationales aux contraintes du marché ».
Dans les années 80, l’adhésion au néo-libéralisme prend le dessus. L’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA)
représente une solution de compromis, qui peut offrir les avantages du grand marché tout en évitant les difficultés d’avoir à
se construire un espace économique national complet. Par ce
biais, les nationalistes pensent devenir moins dépendants de
l’économie canadienne, mais le gouvernement fédéral est
l’unique détenteur des juridictions clés (commerce international, affaires extérieures). Pour tirer avantage de cet accord, la
bourgeoisie d’affaires au Québec doit refaire ses compromis
sur la question du maintien des secteurs et des industries stratégiques.
Pendant que cette bourgeoisie tergiverse, le Canada devient un
État pétrolier au début des années 2000. L’économie du
Québec, qui avait profité de l’accroissement des exportations
sur l’axe nord-sud, doit désormais composer avec un dollar
élevé qui déstructure sa base industrielle. « Incapable de se
doter d’une stratégie de développement, explique Robert
Laplante, Québec propose le Plan Nord, la formulation électo(L’économie : suite à la page 5)
(L’économie : suite de la page 4)
raliste du choix de la grande entreprise pour une croissance
sans le développement. De plus, les grands leviers de l’État de
la Révolution tranquille sont mis à mal par la dynamique de la
financiarisation, qui les écarte pour le moment de la construction d’un modèle original pour le Québec ».
Une classe d’affaires en panne
Force est de constater qu’il n’y a pas dans la classe d’affaires
actuelle une vision minimale de ce qu’est l’intérêt national.
Devant cet état de fait, l’économiste de l’IRÉC soutient que la
clé consiste en des politiques industrielles visant une coordination et une concertation plus grandes. Il propose des approches
qui favoriseront la mise en réseau, qui tisseront les liens d’alliance et de concurrence entre des acteurs des divers secteurs.
« Et cela ne peut pas se faire, dit-il, en s’en remettant à la seule
logique des créneaux de marché et de la mondialisation, c’est
d’abord une affaire de territoire et de logiques de proximité ».
Trois grands principes forment autant d’axes devant charpenter les futures politiques industrielles : 1) viser à faire fonctionner de concert et en complémentarité l’économie publique,
l’économie sociale et l’économie de marché; 2) construire sur le
principe de la souveraineté alimentaire; 3) affirmer l’originalité nationale.
Pour qu’une politique d’innovation procure une prospérité
durable, elle doit maximiser les caractéristiques propres à la
culture. La force d’une économie innovante tient à la capacité
d’apprentissage collectif, qui se définit dans les réseaux
sociaux et dans le sentiment d’une appartenance commune.
Sur le plan programmatique, trois orientations sont à privilégier : 1) L’indépendance énergétique; 2) Le transport et les
infrastructures de transport collectif; 3) La valorisation de la
recherche et de l’innovation en redonnant à la fonction
publique ses compétences, en recentrant l’université sur sa
fonction critique et en introduisant un ensemble de mesures
visant à rehausser le niveau de compétence civique.
La question centrale des réservoirs d’épargne
Sur la question de l’indépendance énergétique, on aurait intérêt à s’Inspirer de modèles, comme celui de la Norvège. Ce
pays a développé un modèle de perception des redevances qui
lui assure 80 % de la valeur produite par l’exploitation d’une
ressource naturelle. « Cependant, avertit l’économiste de
l’IRÉC, l’indépendance énergétique ne se construit pas seulement par une substitution d’importation en remplaçant un
intrant par un autre. Il faut une stratégie d’industrialisation
pour permettre de développer un ensemble de filières ».
Enfin, la question fondamentale pour y parvenir est encore
celle du contrôle des réservoirs d’épargne. « Il faut reconnecter
les grands instruments de la Révolution tranquille comme la
Caisse de dépôt sur leur mission de soutien au développement
de l’économie du Québec et renoncer à la spéculation pour
mieux soutenir l’économie réelle », conclut le directeur général
de l’IRÉC.
Sommation à tous les
cons consommateurs
Par Mélanie Roy*
J’aimerais comprendre pourquoi
Vous continuez de tant consommer, gang de
cons consommateurs
Conditionnés à posséder
Convaincus que vous êtes constamment contraints
De tout avoir, acheter, accumuler
La grosse baraque, la télé plate
Le gazebo, les vacances sur le gros paquebot
Pis l’abri tempo pour les deux gros chars pis la moto sport
Pis ça s’arrête pas là
Y’a le MP3, le IPhone, le IPod, le IPad, le portable
Les souliers dernier cri, la sacoche Gucci
En avoir toujours plus pour toujours moins
Sans réfléchir aux conséquences de ces soit disant besoins
C’est tu ça la vie?
Pis pendant que vous vous relaxez
Dans votre solarium
Avec votre expresso, capuccino, mokaccino, frapuccino
Avec votre latté fait de café au goût corsé ou velouté
Est-ce qui vous arrive de penser
Que ces grains ont un goût amer pour celui qui les a cultivés?
Celui qui a travaillé comme un bœuf
Pour une maigre pitance, sa subsistance, son existence
Celui qui doit en faire toujours plus pour toujours moins
Sans savoir si y’aura quequ’chose à manger le lendemain
C’est tu ça la vie? Non, ça c’est la survie
Réveillez-vous! Gang de cons consommateurs
Constatez les contrastes
Consternez-vous devant les injustices
Prenez conscience des conséquences de vos choix
Et considérez des comportements plus responsables
Consommez moins, pour un monde plus vert
Consommez mieux, pour un monde plus juste
De la garde-robe au garde-manger En passant par les jouets de
bébé
Y’a des alternatives à envisager
Parce que dans l’fond, vous pensez pas que la vie
C’est d’offrir, pas d’acheter
C’est de partager, pas d’accumuler
Que la vie c’est être, pas avoir
* Dans le cadre d’une initiative de l’AQOCI pour souligner la Semaine du
développement international, un concours de Slam a été organisé.
Mélanie Roy a gagné le prix du public et une mention spéciale du jury.
Pour visionner ce slam : http://www.goodnesstv.org/fr/aqocisdi/?v=48627
* http://interventionseconomiques.revues.org/1496
L’UNISSON · AUTOMNES 2012
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Honduras, pays de l’économie informelle
Par Maribel Garcia Lopez, hondurienne, Bachelière en Sciences et Lettres
J’ai toujours voulu défendre les
droits humains, et tout particulièrement ceux des femmes de mon
pays. À ce titre, je coordonne
actuellement une soixantaine de
petites entreprises d’artisanat.
Dans ces entreprises on produit
des teintures, des tissus, des bijoux
faits à partir de graines de
semences ou d’objets recyclés; on
peut y faire de la poterie, des
objets de bois, de la peinture, de la
broderie, etc. Les personnes qui travaillent dans ces entreprises
font fonctionner ce qu’on appelle « l’économie informelle ».
voir la pro-activité, la force du travail collectif. Ainsi, les premières micro-entreprises au pays furent créées par des femmes,
et ce sont encore elles qui occupent la place la plus importante
dans la structure des petites entreprises. Ce sont aussi les
femmes qui sortirent les premières dans la rue après le coup
d’État, pour exiger la démocratie et le retour de la dignité humaine. Les femmes de tous les coins du pays et davantage celles des
campagnes se rendirent jusqu’à Tegucigalpa, la capitale, pour
demander la reconnaissance de leur travail et un soutien gouvernemental étant donné leur
rôle important dans l’économie
du pays entier.
En tant que femmes artisanes,
nous nous proposons de contriAu Honduras, l‘économie informelle est le fait d’une grande
buer à la socialisation des
partie de la population, en majorité celui des femmes, chefs de
femmes, à l’amélioration de leur
famille. Les conditions de travail y sont précaires, sans protecqualité de vie et à celle de leur
tion face aux risques d’accidents inhérents au travail. Les modafamille. Nous voulons nous
lités de production, de transformation et de commercialisation
démarquer comme titulaires
ne permettent pas un salaire pour le moins équivalent au salaid’entreprises prospères, solire minimum légal. Nous parlons ici d’un salaire mensuel de
daires et responsables de l’envi4,500 à 7,000 lempiras, selon la région, ce qui satisfait à peine les
ronnement, capables de contribesoins de base, entre autres ceux de la santé et de l’éducation.
buer au développement de l’emploi et d’offrir des produits de
qualité à l’intérieur du pays comme à
L’économie inforl’étranger. Par le moyen de différents proA nivel de las familias con ingresos fijos, la tendencia que prevale
melle n’est pas insgrammes, nous formons de nouvelles arties la de precariedad laboral, es decir, que no llegan a cubrir sus
crite dans un cadre
sanes pour la fabrication, le dessin, la comnecesidades básicas. En la maquila, que da empleo directo a unas
juridique, et elle
mercialisation de produits issus de nos
120 mil personas, el ingreso mensual promedio es de 200 dólares.
s’est accrue sous
traditions, toujours dans la recherche de
Sin embargo, al menos dos millones de personas sobreviven con
l’effet de la globalil’autonomie économique des femmes.
menos de dos dólares diarios.
sation visant à
maintenir le coût de la main d’œuvre le plus bas possible. D’une
Malgré les problèmes inhérents à l’économie informelle, c’est
part, ceci entraine les pays sous-développés à perpétuer ce
tout de même celle qui supporte le plus les femmes. Le travail
modèle d’économie, et d’autre part, ce sont les femmes qui
issu de cette économie permet à une famille de manger chaque
acceptent le plus facilement ce genre de travail moins rémunéré.
jour, d’envoyer les enfants à l’école, d’avoir des rêves et des
plans pour le futur. Plus que tout, ce travaille assure aux
En 1998, l’ouragan Mitch nous avait laissés avec de grandes
femmes l’estime d’elles mêmes, la confiance en leurs talents et
séquelles; mortalité, destruction, pauvreté. Nous commencions
en leur valeur personnelle.
à nous en relever quand en 2009 nous arriva le coup d’État ; ce
fut fatal pour notre économie. Ajoutons à cela les problèmes de
Rien ne nous arrêtera, ni
santé dus aux gaz que nous absorbions dans les manifestations,
l’insécurité citoyenne et
aux coups reçus lors des mouvements de répression, aux effets
juridique, ni l’augmentapsychologiques et aux cauchemars occasionnés par la perte
tion des fémicides*, ni le
d’amis ou de membres de nos familles.
peu d’accès aux services
publics, ni la démagogie
Les hommes qui émigrent vers les pays développés laissent derdes politiciens et des gourière eux beaucoup de femmes, seules, responsables de la survie
vernants. Jamais la violades enfants. Nous représentons 52 % de la population du
tion constante de nos
Honduras, un chaînon très important de l’économie. Nous posdroits ne feront taire nos
sédons un sens de l’entreprenariat, croyons au progrès et espévoix : « Hace que nuestras voces nunca se callen »
rons en un avenir meilleur pour les nôtres. Nous ne voulons plus
demeurer dans l’anonymat où on nous avait cantonnées.
* Fémicide : terme utilisé en Amérique latine et en Afrique pour désiHabitées, de génération en génération, par un vif sentiment
gner le meurtre très fréquent de femmes parce qu’elles sont des femmes.
d’appartenance à la culture autochtone, nous voulons promou-
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L’UNISSON · AUTOMNE 2012
La solidarité plutôt que le marché!
Par Amélie Nguyen, analyste à l’Association québécoise des organismes de coopération internationale
Depuis juillet 2010, une nouvelle approche entre les organismes
de coopération internationale et le gouvernement a été mise en
place au sein de l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Ce glissement, auquel nous avons assisté au
cours des dernières années du pouvoir conservateur, est caractéristique d’une dégradation générale du rapport entre la
société civile et le gouvernement.
Plus encore, au cœur de la gouvernance du gouvernement en
place, la loi du marché semble de plus en plus être appliquée à
la coopération internationale, secteur où l’adaptation au
contexte local est pourtant essentielle à l’efficacité des projets,
et où ce sont les relations de confiance entre partenaires qui
demeurent la clé du succès.
Les intérêts économiques et le secteur privé
Depuis 2009, on a graduellement assisté à une politisation de
plus en plus grande de la coopération internationale. L’aide
devient un outil pour faire valoir les intérêts stratégiques et
économiques du Canada ou du gouvernement; on a pu le voir
avec la modification de la liste des pays prioritaires de l’ACDI.
Le gouvernement a alors laissé de côté certains des pays les
plus pauvres d’Afrique de l’Ouest pour choisir des pays
d’Amérique latine mieux nantis, mais où le Canada avait entrepris des négociations commerciales. La « réduction de la pauvreté » prend ainsi moins d’importance dans les projets de
coopération, au profit de l’avantage mutuel des États et de leur
secteur privé.
L’ACDI fait aussi valoir le rôle du secteur privé en coopération
internationale dans le cadre de la priorité donnée à la « croissance économique durable ». En septembre 2011, elle annonçait
plusieurs projets pilotes où des organismes de coopération
internationale (OCI) étaient jumelées à des compagnies
minières canadiennes afin d’améliorer leur responsabilité
sociale. Cette épineuse question divise le secteur de la coopération internationale, risque de nuire à sa légitimité à long terme
et de plus, contribue à l’affaiblissement des gouvernements
locaux.
Pour les derniers appels de propositions, on remarque une augmentation du nombre de nouvelles organisations financées par
l’ACDI, au détriment de celles qui avaient une grande expérience en coopération internationale (parfois plus de 30 ans) et
des partenariats établis de longue date. Pour les projets de plus
ou moins 2 millions de dollars, à la dernière annonce faite par
l’ACDI, près de 50% des OCI financés n’étaient pas membre
d’un Conseil provincial ou du Conseil canadien de la coopération internationale.
Un mode de financement compétitif qui fragilise
les OCI et leurs partenaires
En plus de cette politisation, la mise en place d’un mode de
financement compétitif, similaire à celui des entreprises pri-
vées, a fragilisé le financement des OCI. Le gouvernement
semble adopter une approche économique mal adaptée aux
défis de la coopération et à ses objectifs solidaires et à long
terme.
Auparavant, les OCI pouvaient dialoguer avec les fonctionnaires de l’ACDI afin de créer un projet en collaboration réelle
avec ces derniers. Aujourd’hui, comme des entreprises privées,
les OCI doivent répondre à des « appels de propositions »
imprévisibles et entrer en compétition entre eux pour obtenir
un financement. Ni leur expertise en coopération internationale, ni les partenariats qu’ils ont bâtis au cours de nombreuses
années ne sont reconnus par le gouvernement.
Les OCI sont fragilisés par l’incertitude liée à leur financement.
Plusieurs ont déjà dû mettre une partie de leur personnel à pied
et réduire leurs activités. Certains menacent même de fermer
leurs portes. Pour les partenaires du Sud, qui sont généralement dans des contextes beaucoup plus difficiles, où la société
civile est parfois momentanément émergente, les conséquences
humaines sont très lourdes. Là aussi, il y a des pertes d’emploi,
des fermetures, du découragement et des espoirs déçus.
Une nouvelle approche qui mine l’autonomie des organisations
Le gouvernement fédéral actuel tolère mal la critique et ne
reconnaît pas l’influence positive de la société civile sur la qualité des politiques publiques. On a assisté depuis l’arrivée au
pouvoir des conservateurs à une centralisation des prises de
décision aux plus hauts échelons gouvernementaux, ce qui nuit
à la liberté d’expression et à l’accès à l’information. Plusieurs
groupes qui s’étaient en effet montrés critiques face à la politique étrangère canadienne ont perdu leur financement gouvernemental, en particulier ceux qui prenaient parole sur les
sables bitumineux, les compagnies minières, les droits reproductifs, le conflit israélo-palestinien, la défense des droits en
général, notamment les droits des travailleurs. Les projets de
sensibilisation du public et le plaidoyer politique, nécessaires à
une réelle efficacité de la coopération qui vise une plus grande
justice sociale, sont de plus en plus contrôlés par le gouvernement, ce qui mine l’autonomie des organismes.
Et tout ça pour l’efficacité?
Avec la perte de la diversité de la société civile et le refus du
gouvernement d’entendre toutes les voix représentées pour
orienter ses politiques, il est fort possible que nous assistions à
un appauvrissement de la politique internationale et des politiques publiques au Canada.
L’investissement nécessaire des OCI pour se conformer au processus des appels de proposition, et l’imprévisibilité qui le
caractérise jusqu’à ce jour, ne favoriseront pas une plus grande
efficacité de la coopération et de la solidarité internationale. Au
contraire, les sommes attribuées aux appels de proposition, qui
généralement varient entre 10 000$ et 30 000$ par proposition,
(La solidarié : suite à la page 8)
L’UNISSON · AUTOMNE 2012
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(La solidarié : suite de la page 7)
n’iront pas sur le terrain. Les délais imprévisibles, le climat de
compétition et la peur de perdre le financement vont rendre
plus difficile le travail de collaboration avec les partenaires d’ici
et d’ailleurs. Au Sud, les délais et l’imposition de priorités thématiques et géographiques par l’ACDI pourraient nuire à la cocréation des projets, à l’adaptation de ceux-ci au contexte et aux
besoins locaux, conditions fondamentales de l’efficacité.
Partenaires solidaires
Pour défendre l’autonomie des OCI, l’AQOCI et ses membres
ont donc lancé la campagne « Partenaires solidaires ». Cela a
permis au réseau de dénoncer les orientations qui vont à l’en-
contre des principes et valeurs qui lient les OCI québécois.
Récemment, l’AQOCI a demandé le rapatriement de l’enveloppe de la coopération internationale au Québec afin de permettre le respect de ces valeurs et de bâtir un projet de solidarité internationale qui rallie réellement les OCI québécois.
Appuyez la campagne pour dire haut et fort que vous souhaitez une coopération qui favorise réellement la justice sociale,
l’inclusion, l’égalité, le respect des droits humains et de l’environnement.
Pour plus d’informations : www.partenairessolidaires.com
Les JQSI : l’économie juste au service de l’humain !
Le monde de la coopération internationale au Québec a un temps privilégié dans l’année et c’est durant les Journées québécoises de la solidarité internationale (JQSI)! Cette année, les JQSI se dérouleront du 7 au 17 novembre 2012.
La thématique des JQSI porte sur une économie juste au service de l’humain. Dans un contexte de crises multiples où les
mouvements d’indignation populaire se font grandissants, les organismes membres de l’AQOCI ont souhaité que les
JQSI servent de lieu de réflexion et d’action pour « remettre l’économie à sa place » dans le respect des droits humains et
des principes démocratiques.
À noter à votre agenda :
• Conférence d’ouverture des JQSI avec Francisco Whitaker « Sommes-nous esclaves d’une logique anti-humaine? »
qui se déroulera le 7 novembre à Montréal et le 8 novembre à Chicoutimi.
• Mer et Monde organise un évènement crêpes-causeries sous la forme d’un panel de discussion
rassemblant divers acteurs de la société civile. L’évènement aura lieu le 11 novembre.
Les JQSI 2012, ce sont DIX JOURS d’activités qui se dérouleront dans onze régions du Québec!
Soyez à l’affût et surveillez les programmations régionales et montréalaise : http://www.jqsi.qc.ca/.
Mer et Monde vous inviter à participer activement aux activités proposées!
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