BULLETIN DE LIAISON DE
JEUNES ET SOCIÉTÉ
FERME BERTHE-ROUSSEAU
MER ET MONDE
L’Unisson paraît trois fois l’an; il est envoyé par
courriel aux personnes qui constituent notre
réseau. De plus, il est disponible sur notre site à :
www.jeunesetsociete.org/lunisson.htm. Sauvons
des arbres, faites nous parvenir votre adresse de
courriel.
COMITÉ DE L’UNISSON
Claudia Beaudoin, pour Mer et Monde
Hélène Boulais, rédactrice en chef
Michel Corbeil, pour Jeunes et Société
Martin Couture, pour
la Ferme Berthe-Rousseau
Jamie Lambert, conception et mise en page
André Fortin, correcteur
340, rue Saint-Augustin
Montréal QC H4C 2N8
Tél.: (514) 495-8583
L’UNISSON · AUTOMNE 2012
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JEUNES ET SOCIÉTÉ regroupe des hommes et
des femmes qui acceptent de mettre leurs talents
d'organisateurs et leurs ressources d'imagination
et de créativité au service des personnes visées
par les activités du Centre Berthe-Rousseau et de
Mer et Monde. ARC: 86751 4028 RR 00001
La FERME BERTHE-ROUSSEAU est un petit
organisme qui gère une ferme communautaire,
son but est d'accueillir des gens blessés par la vie.
C'est un lieu tout simple où l'on a le droit d'être
fragile.
MER ET MONDE a pour but de contribuer au
développement durable, en proposant des stages
d'initiation à la coopération internationale, stages
par l'intermédiaire desquels les participants ont
l'occasion d'approfondir leur analyse sociale
globale et de mieux saisir les défis auxquels notre
monde est confronté. S'étant interrogés sur les
valeurs humaines et sociales qu'ils veulent faire
prévaloir dans l'histoire de l'humanité des
prochaines décennies, les participants pourront
être des acteurs responsables et avisés pour
inspirer et animer les grands débats en faveur de
la justice et du respect des personnes et de la
nature.
Par exemple, l’Équateur a investi d'im-
portantes ressources dans le système de
santé et d'éducation au cours des der-
nières années. L'objectif n'était pas seule-
ment de fournir la capacité de lire et
d'écrire, de façon à ce que tous obtiennent
un emploi, mais également de renforcer
les capacités d'expression, d'entreprise,
d'innovation et une pensée critique,
nécessaires au développement d'une éco-
nomie solidaire.
Développement démocratique
Le développement du « Buen vivir »
concerne aussi les communautés. Le plu-
rinationalisme et l'intercul-
turalisme sont deux des
composantes fondatrices de
l’État et de la société équa-
torienne. Toutes deux sont
reconnues explicitement à
l'article 1 de la Constitution
de 2008.
De pair avec cette idée de
redonner les capacités aux
individus, le « Buen vivir » privilégie la
décentralisation et la déconcentration du
pouvoir de manière à ce que l'État perde
son monopole de l’action sociale au profit
de l'autodétermination collective. En
effet, le « Buen vivir » privilégie l’engage-
ment citoyen sous diverses formes démo-
cratiques, délibérative, participatives, et
représentatives tant à l’échelle locale,
régionale que nationale. L’État ne doit
plus agir de façon paternaliste, mais
redistribuer le pouvoir aux communau-
tés, afin qu'elles puissent se réapproprier
l’État qui les gouverne et l'économie qui
les coordonne.
Le Plan national pour le « Buen vivir » 2009-
2013 propose ainsi un équilibre entre la
société civile, le pouvoir économique et
l’État démocratique. Deux innovations
politiques intéressantes ont aussi été
adoptées durant le processus
constitutionnel, soient la promotion des
Assemblées communautaires ainsi que
le droit de consultation accordé aux
communautés autochtones, « afrodesce-
dantes » et « montuvios »***.
Développement durable
En plus de promouvoir l'épanouissement
individuel et collectif, le « Buen vivir »
propose également d'établir une relation
harmonieuse entre l'humanité et son
milieu de vie, en rejetant la vision anthro-
pocentrique du développement – où l'hu-
main est au centre de tout. Comme l'ex-
plique Karl Marx, le développement du
capitalisme fait des êtres humains, les
maîtres de la nature afin de répondre à
leurs besoins matériels croissants et sans
doute sans limites. Selon Alberto Acosta,
ex-président de l'Assemblée constituante
de 2007, le réchauffement climatique est
la conséquence de cette façon de
vivre ensemble coupée de l’envi-
ronnement. À son avis, la crois-
sance matérielle sans limites à
laquelle nous nous adonnons et
avec laquelle la logique néolibé-
rale s'accorde à merveille par la
création d'un endettement
impossible, nous mène tout droit
à un suicide collectif.
Le « Buen vivir» nous rappelle l'impor-
tance de redéfinir notre relation avec la
nature afin de maintenir un équilibre. Par
exemple, les articles 72 et 73 de la nou-
velle constitution reconnaissent la nature
comme un objet et un sujet du droit équa-
torien. La nature a le droit à l’existence
dans le maintien et la régénération de ses
cycles de vie. Tout citoyen peut ainsi se
porter à sa propre défense face à tout pro-
jet menaçant ses droits constitutionnels.
Les projets de reforestation et de protec-
tion du territoire, ainsi que l’Initiative
Yasuní-ITT, visant à laisser sous terre
plus de 840 millions de barils de pétrole
dans une des aires les plus riches en bio-
diversité de la planète, concrétisent un
peu plus la volonté de l'Équateur de lut-
ter contre les changements climatiques en
accordant de la valeur à autre chose qu'à
l'argent. De plus, permettre aux individus
et à leur communauté de s’épanouir dans
un environnement propre fait partie du
nombre des libertés reconnues par la
constitution et assure la prise en charge
par les individus du développement
d'une économie solidaire.
(Le « Buen vivir » : suite de la page 1)
* L’auteur est aussi assistant de recherche à la Chaire Nycole-Turmel sur les espaces publics et les innovations
politiques à l’UQAM et vient de faire un stage de deux mois en Équateur, dans le cadre d’une recherche sur le
« Buen vivir ».
** Le « Buen vivir » se traduit en français par « Bien vivre ». Dans les deux cas, ils sont des traductions
latines de « Suma quamaña » en langue aymara et de « Sumak Kawsay » en langue quechua.
*** « montubios » : Les peuples montubios comptent plus de 1400 communautés situées pour la majorité sur la
côte pacifique équatorienne. Ils se réclament être un peuple métissé avec leur propre culture. La Constitution
de la République de 2008 lui reconnait d’ailleurs des droits collectifs ainsi que son droit à l’autodétermination.