Histoire de la Chine

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Histoire de la Chine
La Civilisation chinoise est la civilisation actuelle dont les origines directes sont les
plus anciennes. Les hommes modernes ont probablement atteint la Chine il y a 75 000
ans, et vers 7500 av. J.-C. ont développé une économie agricole basée sur le millet, le
porc, le chien et le poulet. Depuis 3 500 ans, les dynasties successives ont développé
un système bureaucratique élaboré, qui donne aux paysans chinois un avantage
important par rapport aux nomades et aux montagnards voisins. La civilisation
chinoise a encore été renforcée par le développement d'une idéologie nationale basée
sur le confucianisme et par une langue écrite commune qui permet de lier les
différentes langues locales, toutes très différentes à l'oral. Lorsque la Chine fut
conquise par les tribus nomades du nord, comme les Mongols au XIIIe siècle, les
envahisseurs adoptèrent tôt ou tard les coutumes de la civilisation chinoise et
nommèrent des Chinois dans leur administration.
Histoire de la Chine
Les Trois Augustes et les
Cinq Empereurs
-2205 Dynastie Xia
-1570 Dynastie Shang
-1046 Dynastie Zhou
-722 Printemps et
Automnes
-453 Royaumes
combattants
-221 Dynastie Qin
-206 Dynastie Han
occidentaux
9 Dynastie Xin
25 Dynastie Han
orientaux
220 Trois Royaumes
265 Dynastie Jin
304 Seize Royaumes
Dynasties du Nord et du
Sud
581 Dynastie Sui
618 Dynastie Tang
690 Dynastie Zhou
907 Les Cinq
Dynasties et les
Dix Royaumes
960 Dynastie Song
907 Dynastie Liao
1032 Dynastie Xixia
1115 Deuxième
dynastie Jin
1234 Dynastie Yuan
1368 Dynastie Ming
1644 Dynastie Qing
1912 République de
Chine
1949 République
Populaire
Taiwan
I. Sommaire
II.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
IX.
X.
XI.
XII.
1 Époque préhistorique
2 Les premières dynasties
3 L'époque des Printemps et des Automnes
4 Les Royaumes combattants
5 L'Empire chinois
a. 5.1 L'empire Qin
b. 5.2 L'empire Han (202 av. J.-C. – 220 ap. J.-C.)
c. 5.3 Période des Trois Royaumes
d. 5.4 L'empire unifié des Jin (280-316), puis période du Nord et du Sud (316-581)
e. 5.5 L'empire unifié des Sui (589-617)
f. 5.6 L'empire unifié des Tang (618-907)
g. 5.7 L'empire Song et l'empire Jin
6 Les Mongols et la dynastie chinoise des Ming
7 La dynastie Qing, mandchoue
8 La République de Chine (中华民国; hanyu pinyin : Zhōnghuá Míngúo)
9 La Chine sous Mao Zedong
10 République populaire de Chine à l'époque du « socialisme de marché »
Les deux Chine
Époque préhistorique
La Chine a été peuplée il y a plus d'un million d'années par l'Homo erectus. Les fouilles de Lantian et Yuanmou
révèlent des habitations précoces. (il existe quelques incertitudes sur les dates : les preuves archéologiques sont
rares).
La culture néolithique la plus connue est celle de Yangshao. Elle est datée des Ve et IVe millénaire av. J.-C. et
s'est développée dans la plaine centrale, au Henan, au Shanxi et au Shaanxi, avant de s'étendre au sud vers le
Yangzi Jiang et à l'ouest vers le Gansu et le Qinghai. Son site le plus représentatif est celui du village de Banpo,
près de Xi'an dans le Shaanxi. Plus à l'est, au Shandong, se trouvait la culture à peu près contemporaine de
Dawenkou, surtout connue grâce à ses sépultures. L'économie de ces deux cultures était basée sur le millet. Plus
au sud, dans les provinces maritimes du Jiangsu et du Zhejiang, le riz a été cultivé dès l'an -5000, mais dans le
cadre de cultures qui n'étaient certainement pas chinoises. Elles étaient plutôt liées aux îles du Pacifique.
Au Shandong, la culture de Longshan succède à celle de Dawenkou durant la première moitié du
IIIe millénaire av. J.-C. Elle est caractérisée par une poterie noire très fine, une hiérarchisation sociale poussée et
des villages souvent protégés par des enceintes en terre damée. Des principautés dirigées par une élite
commencent à se former. L'élevage du mouton et du bœuf fait son apparition, ainsi que la culture du blé et de
l'orge. Cette culture s'étend sur la plaine centrale et correspond sans doute à la période des « dix mille royaumes »
(wan guo) dont parlent les textes chinois. La civilisation chinoise de l'âge du bronze, au IIe millénaire av. J.-C. est
fille de la culture de Longshan.
Les premières dynasties
Carte du territoire de la dynastie Xia
Les historiens chinois ont traditionnellement commencé leurs récits de l'histoire chinoise avec l'empereur Jaune,
souverain civilisateur mythique, puis la fondation de la dynastie Xia par Yu le Grand, au XXIe siècle av. J.-C.
Cette dynastie est considérée comme mythique, même si certains historiens chinois se basent sur la découverte
d'un site archéologique à Erlitou (daté de 1900-1350 av. J.-C.) pour soutenir son caractère historique. C'est de
cette période que date le début de la métallurgie donc le début de l'âge de bronze chinois. C'est aussi de cette
période que remontent les plus anciennes écailles de tortues marquée de signes et des poteries décorées
Carte du territoire de la dynastie Shang
Elle est suivie de la dynastie Shang (environ XVIe siècle av. J.-C. – 1045 av. J.-C.), qui occupait la moyenne
vallée du Huang He (fleuve Jaune). Les découvertes archéologiques prouvent au moins l'existence de la dynastie
Shang. La Chine des Shang possédait une culture avancée, quelque peu différente de la civilisation chinoise
postérieure, avec des cités-palais, une écriture, des pratiques divinatoires, la métallurgie du bronze (notamment
dans la fabrication de vaisselle de sacrifice) et l'utilisation des chars. Les fouilles archéologiques et les
inscriptions sur les objets en bronze donnent une idée de la société Shang. Une famille royale occupe le sommet
d'une hiérarchie sociale clanique, avec des chefs de lignée qui perpétuent le culte familial.
Au centre de la ville shang se trouve les palais et les temples consacrés à la famille royale, avec une orientation
nord-sud et est-ouest, dont subsistent les fondations en terre damée. Cet espace est protégé par une enceinte.
Les Shang pratiquaient la divination à l'aide d'os d'animaux brûlés ou scapulomancie (le plus souvent des
carapaces de tortue), dont on interprétait les craquelures, et qui portent des inscriptions divinatoires. Cette écriture
archaïque témoigne d'une extraordinaire continuité jusqu'aux caractères chinois actuels.
Il est maintenant établi que les Shangs étaient en contact avec un peuple indo-européen, les Tokhariens, que les
Chinois appelaient les Quanrong (soit rong-chiens). De caractère guerrier, ces derniers effectuaient de fréquentes
incursions en Chine. Ce sont eux qui auraient introduit le char en Chine. La mythologie chinoise, telle qu'elle est
racontée dans les textes de la dynastie Han, aurait été influencée par la mythologie tokharienne.
Carte du territoire de la dynastie Zhou
Au IIe millénaire av. J.-C., une seconde culture commence à émerger dans la vallée de la Wei, celle des Zhou. Au
XIe siècle av. J.-C., les Zhou renversent les Shang. Leur dynastie est la première pour laquelle il existe une
tradition historique fiable. Elle semble avoir commencé à gouverner par un système de bureaucratie centralisée.
Les rois portent le nom de tianzi (« fils du Ciel »), qui légitime leur pouvoir par un mandat céleste. Cette
conception perdurera jusqu'à la fin de l'Empire chinois au début du XXe siècle. Les souverains zhou confient
l'administration de certains territoires à des familles liées à la maison royale. Ces principautés portent le nom de
guo, qu'on traduit par « fief ». Quelques historiens ont qualifié ce système de féodal, tandis que d'autres
s'opposent à cette dénomination qui étend trop le sens de féodal et qui implique avec le système féodal européen
des similitudes qui n'existent pas.
L'époque des Zhou est traditionnellement divisée en deux périodes : celle des Zhou occidentaux (1045-770 av. J.C.) et celle des Zhou orientaux (770-256 av. J.-C.), selon l'emplacement de leur capitale.
Cette dernière période, caractérisée par le déclin du pouvoir royal, correspond plus ou moins avec deux périodes
qu'on appelle « Printemps et Automnes » et « Royaumes combattants ».
L'époque des Printemps et des Automnes
Carte de la Période des Printemps et des Automnes
Le pouvoir se fragmente au cours de la période des Zhou orientaux, époque que les
annales nomment période des printemps et des automnes. Le souverain ne dispose
plus que d'une autorité morale. Les principautés deviennent héréditaires et des
conflits militaires font émerger de grands États qui absorbent les plus petits. On
peut distinguer les principautés du centre (par exemple le Jin ou le Qi) des
principautés périphériques (le Qin ou le Chu). Dans un premier temps, les
principautés du centre jouent un rôle de chef de confédération, face à la menace de
tribus barbares. À partir du VIe siècle av. J.-C. les royaumes périphériques, tels que
le Chu dans la vallée du Yangzi Jiang, prennent l'ascendant. C'est à cette époque
que fleurissent les « cent écoles » (ce nombre est symbolique). Dans un monde en bouleversement, éclosent une
série de mouvements philosophiques tels que le confucianisme, le taoïsme, le légisme, le moïsme, qui cherchent à
donner des solutions à la crise politique et économique.
Les Royaumes combattants
Comme la consolidation politique continuait, il ne resta que sept États principaux,
et la période durant laquelle ces quelques États se combattirent les uns les autres est
connue sous le nom de période des Royaumes combattants. C'est effectivement une
période d'affrontements, tant à l'intérieur des États entre le pouvoir central et les
grandes familles, qu'à l'extérieur, entre États.
Les conflits opposent des armées de fantassins, tandis que le rôle des chars
diminue. Une nouvelle arme apparaît, l'arbalète et les Chinois adoptent la cavalerie
des nomades du nord.
Carte des Royaumes combattants
Le système économique est également profondément modifié. La mise en culture de nouvelles terres procure au
gouvernement central des revenus qui lui permettent de se dégager de l'influence des grandes familles. Les
progrès techniques sont aussi remarquables : par exemple la fonte remplace progressivement le bronze.
Bien qu'il y eût un empereur zhou jusqu'en -256, il ne disposait plus d'aucun pouvoir.
Pendant la période antique, le chinois archaïque était très différent des langues chinoises modernes.
L'Empire chinois :
L'empire Qin
Carte du territoire de la dynastie Qin
Vers -220, le prince Zheng de la principauté Qin parvint à conquérir les autres États et se proclama lui-même
premier empereur de la dynastie Qin, avec le titre de Qin Shi Huangdi. Bien que son règne n'ait duré qu'onze ans,
il réussit à soumettre de grandes parties de ce qui constitue le territoire actuel des Han et à l'unifier sous un
gouvernement étroitement centralisé basé à Xianyang (près de Xi'an). Il débuta également la construction de ce
que l'on appelle aujourd'hui la Grande Muraille. Cependant son successeur ne fut pas en mesure de poursuivre
son œuvre. La dynastie des Qin s'effondra et la dynastie Han lui succéda après une période de guerres civiles.
L'empire Han (202 av. J.-C. – 220 ap. J.-C.)
Ce fut la première dynastie à adopter le confucianisme, qui devint le soutien idéologique de toutes les dynasties
jusqu'à la fin de la Chine impériale. Sous la dynastie Han, l'histoire et les arts s'épanouirent, de nouvelles
inventions améliorèrent la vie et des empereurs comme Wudi renforcèrent et étendirent l'Empire chinois en
repoussant les Xiongnu (quelquefois assimilés avec les Huns), en soumettant des territoires à l'ouest, dans le
bassin du Tarim, et au sud, au Viêt Nam. Avec l'établissement de la route de la soie, on observe pour la première
fois l'apparition d'un commerce entre la Chine et l'Occident.
Carte du territoire de la dynastie Han
Mais au Ier siècle av. J.-C., le pouvoir des souverains han diminua et en l'an 9 de l'ère chrétienne, l'usurpateur
Wang Mang fonda l'éphémère dynastie Xin. En 25, la dynastie Han fut rétablie et dura jusqu'au début du
IIIe siècle.
Carte du territoire des Trois Royaumes
Période des Trois Royaumes
Puis il y eut encore une période de troubles durant laquelle trois États essayèrent de se partager le territoire de la
Chine. Ce fut la période dite des Trois Royaumes.
Carte des territoires de la dynastie Jin
L'empire unifié des Jin (280-316), puis période du Nord et du Sud (316-581) [modifier]
Bien que ces trois royaumes aient été réunis temporairement en 280 par l'empereur Wudi de la dynastie Jin, les
barbares Wuhu ravagèrent le pays, provoquant un vaste exode des Chinois au sud du Yangzi Jiang. Avec les
immigrants et les habitants du Sud, l'empereur Yuandi de la dynastie Jin mit en place la première des cinq
dynasties du Nord et du Sud qui résidèrent à Jiangkang (près de l'actuel Nankin). Les barbares du nord furent unis
une première fois par Fu Jian du Qin antérieur en 376 puis encore par Taiwudi, troisième empereur de la dynastie
Wei du Nord en 439. La dernière unification signifia le début d'un groupe de dynasties (dynasties du Nord et du
Sud).
L'empire unifié des Sui (589-617)
La Chine était dirigée par deux dynasties indépendantes, l'une au Nord et l'autre au Sud. L'éphémère dynastie Sui
réussit à unifier le pays en 589 après presque trois cents ans de séparation. C'est de cette époque que datent les
premiers dictionnaires chinois indiquant la prononciation. La langue de cette époque est le chinois médiéval.
Carte de la dynastie Tang
L'empire unifié des Tang (618-907)
En 618, la dynastie Tang prit le pouvoir et une nouvelle ère de prospérité
commença. Le bouddhisme qui s'était lentement introduit en Chine au Ier siècle,
devint la religion prédominante et fut largement adopté par la famille royale.
Chang'an (l'actuelle Xi'an), la capitale de l'époque, était supposée être la plus
grande ville du monde. Cependant, les Tang finirent aussi par décliner et une autre
période de chaos politique suivit, la période des Cinq Dynasties et des Dix
Royaumes.
Carte des territoires de la dynastie Song
L'empire Song et l'empire Jin
En 960, la dynastie Song prit le pouvoir sur une grande partie de la Chine et établit sa capitale à Kaifeng tandis
que la dynastie Liao gouvernait la Mandchourie actuelle et une partie de la Mongolie. En 1115, la deuxième
dynastie Jin arriva sur le devant de la scène. Elle annihila la dynastie Liao en dix ans et la dynastie Song ellemême perdit la Chine du Nord et déplaça sa capitale à Hangzhou. La dynastie Song dut aussi s'humilier en
reconnaissant la suzeraineté de la dynastie Jin.
Carte des territoires de la dynastie Song, de la dynasite Jin et du Xia occidental
Dans les années qui suivirent, la Chine fut divisée entre la dynastie Song, la
dynastie Jin et le Xia occidental, gouverné par les Tangoutes. Cette période permit
de grandes avancées technologiques en Chine du Sud en partie à cause de la
pression militaire au Nord.
Les Mongols et la dynastie chinoise des Ming
Carte des territoires de la dynastie Yuan
La dynastie Jin fut battue par les Mongols, qui continuèrent en battant les Song du Sud après une longue guerre
sanglante, la première où les armes à feu jouèrent un rôle important. Cela permit une période de paix dans à peu
près toute l'Asie, appelée pax mongolica, permettant à des Occidentaux aventureux, comme Marco Polo, de
voyager dans toute la Chine et d'en rapporter les premiers récits à leurs compatriotes incrédules. En Chine, les
Mongols se partageaient entre ceux qui voulaient rester dans les steppes et ceux qui voulaient adopter les
coutumes du peuple conquis. Kubilai Khan faisait partie du dernier groupe et établit la dynastie Yuan, la première
qui dirigeait tout le pays et qui avait Pékin comme capitale. Pékin avait déjà été la capitale de la dynastie Jin.
Carte des territoires de la dynastie Ming
Le ressentiment de la population se traduisit finalement par une révolte qui marqua le début de la dynastie Ming
en 1368. Cette dynastie commence lors d'une période de renaissance culturelle et économique. L'armée régulière
comptait un million d'hommes. Plus de dix tonnes de fer par an étaient produits en Chine du Nord. Beaucoup de
livres étaient imprimés grâce à des caractères mobiles. On pourrait dire que la Chine était le pays le plus avancé
du monde.
Hongwu, le fondateur de la dynastie, posa les bases d'un État plus intéressé par les revenus du domaine agricole
que par le commerce. Peut-être à cause du passé de Hongwu, ancien paysan, le système économique des Ming
mettait l'accent sur l'agriculture, contrairement à la dynastie Song, qui se fiait aux marchands et aux négociants
pour ses revenus. Le système foncier féodal (la tenure) des Yuan et de la fin des Song s'arrêta avec l'établissement
de la dynastie Ming. De grands territoires furent confisqués, fragmentés et loués ; l'esclavage privé fut interdit.
Par conséquent, après la mort de l'empereur Yongle, le petit paysan propriétaire prédominait dans l'agriculture
chinoise. Ces lois ont peut-être pavé la voie de l'harmonie sociale et supprimé le pire de la pauvreté de l'ère
mongole. Les lois contre les marchands et les restrictions sous lesquelles les artisans travaillaient restèrent
essentiellement les mêmes que sous les Song, mais maintenant, les marchands étrangers de l'époque mongole
tombaient aussi sous le coup de ces lois et leur influence diminua rapidement.
Le rôle de l'empereur devint encore plus autocratique, bien que Hongwu continuât nécessairement de se servir de
grands secrétaires pour l'aider dans l'immense paperasserie de la bureaucratie, qui incluait des demandes
(pétitions et recommandations pour le trône), les édits impériaux en réponse, les rapports de différentes sortes et
les enregistrements de taxes.
Sous les Mongols, la population avait baissé de 40 %, pour atteindre environ soixante millions d'individus. Deux
siècles plus tard, elle avait doublé. L'urbanisation progressa donc, à petite échelle, comme la population
grandissait et que la division du travail devenait plus compliquée. De grands centres urbains, comme Nankin et
Pékin, contribuaient aussi à la progression de l'industrie privée. En particulier, les petites entreprises se
spécialisaient souvent dans le papier, la soie, le coton et les produits en porcelaine. Dans beaucoup de cas,
cependant, de petits centres urbains avec des marchés proliféraient dans la région, plutôt que la croissance de
quelques cités importantes. Les marchés des villes vendaient principalement de la nourriture avec quelques
produits essentiels comme de l'huile ou des épingles.
Cette période correspond à une extension de la zone d'influence des Ming. Sous le règne de l'empereur Yongle,
des expéditions chinoises explorèrent des terres et surtout des mers inconnues. L'apogée de cette période
exploratrice est l'épopée de Zheng He, eunuque chinois qui alla jusqu'en Afrique et dont la flotte, selon l'auteur
britannique Gavin Menzies, aurait entrepris l'exploration de la totalité du globe, atteignant l'Australie et les
Amériques. Les Chinois, en encourageant les ambassadeurs des autres pays à leur payer des tributs et en se
montrant eux-même extrêmement généreux avec tous les États de leur zone d'influence, ne cherchaient pas à
retirer de bénéfices matériels de ces voyages, contrairement aux Européens qui commencèrent à explorer les
côtes ouest de l'Afrique quelques décennies plus tard.
À la fin du XVe siècle, la Chine impériale interdit à ses sujets de construire des navires de haute-mer et de quitter
le pays. Les historiens contemporains sont d'accord sur le fait que cette mesure fut prise en réponse à la piraterie
et, de toute façon, les restrictions sur l'émigration et la construction de navire furent largement levées au milieu
du XVIIe siècle.
La dynastie Qing, mandchoue
Carte des territoires de la dynastie Qing
La dernière dynastie fut établie en 1644 quand les nomades mandchous incorporés dans l'armée renversèrent la
dynastie nationale des Ming, et fondèrent la dynastie Qing, avec Pékin pour capitale. Au cours du demi siècle
suivant, les Mandchous étendirent leur pouvoir à des régions auparavant sous contrôle Ming, telles que le Yunnan
et Taiwan et au-delà en s'emparant du Xinjiang (Turkestan chinois), du Tibet et de la Mongolie, au prix de
beaucoup d'or et de sang. Les premiers Qing durent ces succès à la combinaison des performances militaires des
Mandchous et de l'efficacité de l'administration chinoise.
Pour certains historiens, le déclin commencé sous les Ming se poursuivit sous les Qing, alors que pour d'autre, les
XVIIe siècle et XVIIIe siècle Qing furent une période de progrès, le déclin ne venant qu'ensuite. L'empereur
Kangxi fit rédiger le plus complet des dictionnaires des caractères chinois jamais réalisé et sous l'empereur
Qianlong, on compila le catalogue de toutes les œuvres importantes de la culture chinoise. La période Qing vit
aussi se continuer le développement de la littérature populaire, avec des œuvres telles que le Rêve dans le
pavillon rouge (hóng lóu mèng 红楼梦), un des plus grands romans chinois, et surtout des progrès agricoles,
comme la triple récolte annuelle de riz qui permit à la population de passer au cours du XVIIIe siècle de cent
quatre-vingts à quatre cents millions. En revanche, elle ne réagit pas à la supériorité technique de plus en plus
évidente des Européens qui venaient commercer à Canton, notamment dans les domaines des armes ou des
navires, ni à leur implantation de plus en plus forte dans l'océan Indien. Il est vrai que les Européens ne pensaient
pas encore pouvoir se mesurer à la Chine.
Au cours du XIXe siècle, le pouvoir des Qing s'affaiblit et la prospérité diminua. La Chine subit une forte
agitation sociale, une stagnation économique, une croissance démographique explosive, et des ingérences de plus
en plus marquées de la part des puissances occidentales. La volonté britannique d'ouvrir le commerce et
notamment de poursuivre ses exportations d'opium, que des édits impériaux rendaient illégales, aboutit à la
première guerre de l'opium, en 1840, et à la défaite chinoise. Le Royaume-Uni obtint la cession de Hong Kong au
traité de Nankin en 1842, ainsi que l'ouverture d'autres ports au commerce européen. Par la suite, le RoyaumeUni et d'autres puissances occidentales, y compris les États-Unis et plus tard le Japon, obtinrent des
« concessions », c'est-à-dire des petits territoires souvent côtiers sous leur contrôle, ainsi qu'une influence dans de
vastes régions voisines, et des privilèges commerciaux. La révolte des Taiping dans les années 1850 et 1860, qui
ne fut vaincue qu'avec l'appui des Occidentaux, celle des Nian, l'agitation entretenue par la Russie dans les
provinces frontalières, Xinjiang et Mongolie, achevèrent d'appauvrir la Chine et faillirent mettre fin à la dynastie.
新版《時局圖》publié en 1904 en Chine. Au début du 20 siècle, la richesse et la faiblesse de la Chine attirent fort
les puissances coloniales la partager.
Les sphères du pouvoir étaient peu désireuses d'admettre le commerce occidental, particulièrement celui de
l'opium. L'Occident a donc pu se contenter d'y établir des « sphères d'influence ». Au contraire par exemple de
l'Afrique sub-saharienne, il était possible d'accéder au marché chinois sans établir un contrôle politique formel. À
la suite de la première guerre de l'opium, le commerce britannique et plus tard les capitaux investis par d'autres
pays industrialisés étaient possibles avec moins de contrôle occidental direct qu'en Afrique, en Asie du Sud-est,
ou dans le Pacifique. Par bien des aspects, la Chine était une colonie et la destination de très importants
investissements occidentaux (la première au tournant du siècle). Les puissances occidentales (en y incluant
parfois le Japon) intervinrent militairement pour maintenir l'ordre, notamment en mettant fin à la révolte des
Taiping où à celle des boxers. Le général britannique Charles Gordon, plus tard défenseur malheureux de
Khartoum, est souvent crédité d'avoir sauvé la dynastie mandchoue de l'insurrection des Taiping.
Dessin politique français célèbre du 1890s. La pizza représentant la "Chine" est en train
d'être divisée par les Royaumes Unis, l'Allemagne, la Russie, le Japon et la France.
À partir des années 1860, les Qing, contrôlés par une impératrice douairière
conservatrice (Cixi, qui assuma le pouvoir de 1860 à 1908), ayant réprimé les rébellions
avec des milices organisées par l'aristocratie, entamèrent la modernisation du pays. Mais
les nouvelles armées furent défaites par la France (guerre franco-chinoise pour le
contrôle de l'Indochine, 1883-1885) puis par le Japon (première guerre sino-japonaise
pour le contrôle de la Corée, 1894-1895). Des réformes plus profondes s'imposaient.
Au début du XXe siècle, la dynastie Qing faisait face à un dilemme : poursuivre les réformes et mécontenter une
aristocratie oisive ou y mettre un terme et conforter les révolutionnaires qui prédisaient la fin de ce régime. Elle
s'en tint à un moyen terme et s'aliéna tout le monde, en soutenant notamment la révolte des Boxers.
La République de Chine (中华民国 ; hanyu pinyin : Zhōnghuá Míngúo)
Frustrés par les résistances de la cour impériale aux réformes, de jeunes
fonctionnaires, officiers et étudiants, inspirés par les idées révolutionnaires de Sun
Yat-sen (孫逸仙 ; hanyu pinyin : Sūn Yìxiān ; aussi appelé 孫中山/孙中山 ; hanyu
pinyin : Sūn Zhōngshān), commencent à envisager le renversement de la dynastie
Qing au profit d'une république. Une révolte militaire, le soulèvement de Wuchang,
le 10 octobre 1911 à Wuhan entraîne l'abdication du dernier empereur Qing,
Aixinjueluo Puyi. Un gouvernement provisoire est formé à Nankin le 12 mars
1912,
[Carte des territoires
controlés par le Japon
en Chine en 1940]
présidé par Sun Yat-sen. Sun dut céder le pouvoir au général Yuan Shikai,
commandant de l'armée. En quelques années, Yuan Shikai abolit les assemblées nationales et provinciales. Les
chefs républicains durent s'exiler, Sun se réfugiant au Japon. Yuan Shikai se proclama empereur. Ses prétentions
impériales rencontrèrent une opposition déterminée de ses subordonnés militaires et, risquant une rébellion, il dut
y renoncer. Il mourut peu après, en 1916, laissant le pouvoir vacant. Le gouvernement républicain se décomposa
et une ère de « seigneurs de la guerre » s'ouvrit, pendant laquelle la Chine fut ravagée par les luttes entre des
coalitions mouvantes de chefs militaires provinciaux.
Dans les années 1920, Sun Yat-sen établit une base révolutionnaire dans le Sud, et commença à réunifier la
nation. Recevant l'assistance des Soviétiques, il s'allia au petit Parti communiste chinois (PCC). À la mort de Sun
en 1925, un de ses lieutenants Tchang Kaï-chek prit le contrôle de son parti, le Guomindang (國民黨/国民党 hanyu
pinyin : Gúomíntáng, « parti national du peuple », KMT) et réussit à contrôler l'essentiel de la Chine du Sud et du
Centre, grâce à une campagne militaire appelée expédition du Nord. Ayant vaincu les seigneurs de la guerre du
Sud et du Centre, il obtint l'allégeance formelle de ceux du Nord. À partir de 1927, il se retourna contre les
communistes, s'attaquant à leurs chefs comme à leurs troupes dans leurs bases du Sud et de l'Est. En 1934, défaits
et chassés de leurs bases dans les montagnes, les communistes entreprirent la Longue Marche, à travers les
régions les plus désolées du pays, vers le Nord-Ouest. Ils établirent leur nouvelle base de guérilla à Yan'an, dans
la province du Shaanxi.
Au cours de la Longue Marche, les communistes se réorganisèrent autour de Mao Zedong. La lutte acharnée entre
le KMT et le PCC se poursuivit, tantôt au grand jour, tantôt secrètement pendant les quatorze longues années de
l'invasion japonaise, de 1931 à 1945, bien que les deux se soient formellement alliés contre les envahisseurs au
cours de la guerre sino-japonaise (1937-1945), le volet asiatique de la Seconde Guerre mondiale.
La guerre entre les deux partis reprit après la défaite japonaise de 1945. En 1949, le PCC occupait l'essentiel du
pays. Tchang Kaï-chek se réfugia dans l'île de Taiwan avec les restes du gouvernement et des forces armées du
Guomindang, et proclama Taipei capitale provisoire de la République de Chine, en attendant de pouvoir
reconquérir le continent.
La Chine sous Mao Zedong
Les maoïstes contrôlaient l'ensemble du continent en 1949, et proclament la
République populaire de Chine à Pékin, le 1er octobre 1949. Les nationalistes ne
tinrent bientôt plus que Hainan et Taiwan, puis ne tinrent plus que l'archipel de
Taiwan.
Pour le continent, la période 1949-1954 est celle de la mise en place d'un État
communiste. Le Parti communiste chinois, vainqueur, monopolise les postes-clefs,
tandis qu'il offre une apparence de multipartisme. L'assemblée vote la Constitution
chinoise de 1954. Un premier plan quinquennal est lancé, qui semble une réussite et
encourage Mao Zedong à lancer son Grand Bond en avant en 1958. Mais les efforts
Carte des divisions administratives de
la République populaire de Chine
forcenés dans la sidérurgie par des paysans s'avère finalement un désastre. L'idée doit être abandonnée
officieusement vers 1960, officiellement en 1962. Vingt à cinquante millions de Chinois seraient morts de la
famine dans l'aventure.
De 1960 à 1966, la Chine continentale est dans un calme relatif, agité de quelques chasses aux dérives. Le
système de production est en convalescence, et reprend peu à peu. En 1966 débute la Révolution culturelle. Les
étudiants sont agités afin de nettoyer la Chine des « nouveaux capitalistes », ils deviennent les gardes rouges de la
révolution, défendant les idéaux communistes, et organisant des expéditions punitives partout en Chine. Jiang
Qing, la femme de Mao, et la bande des Quatre agite le mouvement contre les chaînes culturelles du passé : de
nombreuses œuvres anciennes, livres, sculptures, bâtiments, etc. sont détruits. Les intellectuels sont attaqués. La
Chine est terrorisée face à l'arbitraire et la précipitation de ces gardes rouges. L'armée et Lin Biao son chef, fidèle
à Mao, redeviennent un élément clef. Août 1966, Liu Shaoqi, Deng Xiaoping et Peng Zhen, modérés, sont
rétrogradés. Fin 1967, l'armée se décide enfin à réprimer le mouvement. L'armée, Lin Biao et Mao Zedong en
sortent renforcés, avec les gardes rouges, ils ont court-circuité l'appareil de l'État. Le parti est ébranlé pour en
construire un nouveau selon les souhaits de Mao.
Mais la mort de Mao, le 6 avril 1976, ouvre la lutte pour la succession. La bande des Quatre est arrêtée en
octobre. Hua Guofeng mène désormais la Chine avec davantage de pragmatisme, mais c'est surtout l'arrivée de
Deng Xiaoping qui lance la phase de réformes. Il légitime la quête de biens matériels comme étant une phase
transitoire avant le communisme, il ouvre la Chine aux investissements étrangers, crée des « zones économiques
spéciales » et propose l'idée d'« un pays, deux systèmes » (socialiste et capitaliste) comme pouvant parfaitement
coexister.
République populaire de Chine à l'époque du « socialisme de marché »
À partir de 1979, la Chine s'engage dans la voie d'un communisme modéré, dit socialisme de marché. La Chine
commence alors une phase de forte croissance. En 1984, les régions chinoises acquièrent d’avantages
d'autonomie et peuvent être libre de leurs investissements. En 1989, les étudiants de Pékin s'agitent, et occupent
la place de Tian'anmen en faveur de réformes démocratiques. Mais le mouvement est réprimé, des chars roulent
finalement sur la statue de la démocratie qui avait été édifiée. Depuis, les Chinois semblent se contenter d'une
prospérité économique, en échange de laquelle ils ferment les yeux sur la sévérité et le monopartisme du pays.
Depuis les années 1990 et 2000, l'économie de la Chine connaît une croissance très rapide, supérieure à 8-9 % par
an, en raison du bas coût de la main-d'œuvre et des possibilités d'échange offertes par les technologies.
Les deux Chine
Avec la proclamation de la République populaire de Chine à Pékin, le 1er octobre
1949, la Chine se retrouva avec deux gouvernements, la République populaire de
Chine sur le continent, et la République de Chine sur l'île de Taiwan. Chacun se
considère comme le gouvernement chinois légitime. Depuis le début des années
1990, des relations pacifiées ont été établies entre les deux parties, bien qu'elles
demeurent tendues. Certains partis taïwanais souhaitent déclarer l'indépendance de
l'île, c'est-à-dire passer de la situation de gouvernement chinois « rebelle » contrôlant
seulement Taiwan, à celle de gouvernement d'un Taiwan indépendant. Cette option
n'a encore été retenue par aucun gouvernement taïwanais, car Pékin a fait clairement
savoir qu'une déclaration d'indépendance serait pour lui un motif
pour une intervention armée.
En mai 2005, le KMT, parti d'opposition, signe des accords avec le PCC,
Carte de 1896 de l'île de Taïwan
reconnaissant la souveraineté de ce dernier sur la Chine, et accordant aux partis taïwanais le pouvoir sur la
province de Taiwan. Cet accord n'a de valeur que symbolique dans la mesure où le Guomindang, dans
l'opposition à Taiwan, n'a aucun mandat pour signer un traité avec le gouvernement de Pékin.
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