S’atteler au second Protocole de Montréal
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En septembre dernier sur les lieux de naissance du traité, en clôture
d’une session prolongée jusque tard dans la soirée, les Parties au
Protocole de Montréal ont pris une remarquable décision : celle
d’accélérer le gel et l’élimination des hydrochlorofluorocarbones
(HCFC). Cette décision ne contribue pas seulement à la récupération
de la couche d’ozone, mais également, et ce, peut-être de manière
plus significative, à lutter contre le changement climatique grâce aux
progrès d’une science en pleine expansion qui souligne le fort impact
de ces substances sur l’effet de serre.
Aujourd’hui, à l’aube de ce que d’aucuns ont comparé à un « second »
Protocole de Montréal, les Parties ont l’opportunité de pouvoir planter
le décor pour une toute nouvelle série de discussions sur le changement
climatique, prévue pour clôturer la convention cruciale de l’ONU sur le
climat qui se tiendra fin 2009 à Copenhague au Danemark.
Les efforts et l’ingéniosité des Parties au Protocole de Montréal
permettent, depuis 20 ans, de traduire des réalités scientifiques en
décisions politiques conduisant à des actions concrètes sur le terrain.
L’expérience acquise avec le Protocole peut servir à la fois de guide et
de source d’inspiration pour un système multilatéral au mieux de sa
forme, ce qui devrait permettre d’instaurer la confiance et d’atteindre
un consensus avant la tenue de la convention à Copenhague.
Cette confiance sera d’autant plus forte si les pays visés à l’Article 5 du
Protocole de Montréal prennent rapidement des mesures pour arrêter
la consommation et la production de HCFC.
Le meilleur moyen serait d’entamer immédiatement la préparation
des Plans de gestion de l’élimination des HCFC et de déterminer les
niveaux de consommation de référence.
Ce n’est qu’à partir de là que les pays saisiront l’ampleur exacte du défi
et seront capables d’identifier clairement les besoins nécessaires pour
atteindre les objectifs prévus.
Le Fonds multilatéral du Protocole a fourni les conseils et le
financement nécessaires pour démarrer le processus. Les agences
d’exécution, le PNUD, l’ONUDI, la Banque mondiale et mon institution,
le PNUE, fournissent également leur assistance.
Les Bureaux Nationaux Ozone doivent, dés maintenant, organiser le
travail, sensibiliser les décideurs et entraîner dans la course les parties
prenantes nationales.
Les pays développés qui ont déjà fait la transition vers un arrêt des
HCFC, doivent montrer la voie en partageant leur expérience, leur
expertise et leurs technologies de substitution.
Toutes ces actions se doivent d’être prises avec la volonté de construire
une ère nouvelle, où le monde entier adopterait le principe indispensable
de « croissance verte », en s’affranchissant d’une croissance fondée
sur des politiques économiques inchangées et en empruntant
rapidement la voie des économies à faible taux d’émission de carbone,
fonctionnelles du point de vue de l’utilisation des ressources, où la
gestion intelligente des ressources naturelles serait la norme plutôt
que l’exception.
En effet, l’accélération du processus ne pourra être que bénéfique pour
l’ozone et le climat que si l’élimination des HCFC s’accompagne de
progrès profonds dans des domaines tels que l’efficacité énergétique
et l’adoption de technologies alternatives.
Il faut également conduire une évaluation honnête des mérites et des
inconvénients des réfrigérants fluorés et naturels. Le monde peut saisir
cette occasion sans précédent de simultanément pouvoir éliminer les
substances appauvrissant la couche d’ozone, améliorer les problèmes
dus au climat et l’efficacité énergétique, et stimuler la croissance dans
les métiers verts. Les fruits récoltés ne sont pas seulement écologiques
mais également sociaux et économiques.
Le PNUE, en tant qu’agence onusienne dédiée à la protection de
l’environnement, souhaite sincèrement que toutes les Parties saisissent
cette occasion en or de pouvoir à la fois protéger la couche d’ozone et
aider à réduire les émissions des gaz à effet de serre par le prisme de
la durabilité à long terme. Nous n’aurons pas le luxe de pouvoir lancer
un « troisième » Protocole de Montréal.
En attendant la vingtième réunion des Parties au Protocole de Montréal
qui se tiendra à Doha, au Qatar du 16 au 20 novembre, je souhaite
que toutes les Parties réussissent la mise en œuvre de cette décision
historique sur les HCFC, et bien sûr je souhaite le succès à tous les
pays visés à l’Article 5 dans leur élimination tout aussi historique des
CFC d’ici 2010.
Angela Cropper,
Directeur adjoint du PNUE,
Secrétaire général adjoint des Nations Unies,
www.unep.org
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Angela Cropper