Latin 3e - Livre du professeur - Chapitre 3

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3
Auguste, « le premier » des Romains
pp. 28-35
Après la mort de Jules César, une impitoyable lutte de succession s’est engagée : Octave, neveu et
fils adoptif de César, en sort vainqueur et devient le seul maître de Rome avec le titre d’Auguste.
OBJECTIFS DU CHAPITRE
▶▶ Comprendre comment un homme change profondément l’histoire de Rome en forgeant un nouveau type de
régime politique.
▶▶ Connaître et comprendre les mots-clés définissant les enjeux fondamentaux de ce nouveau pouvoir : auctoritas,
augustus, imperium, princeps.
▶▶ Poursuivre la révision et l’apprentissage de la conjugaison : les temps formés sur le radical du parfait à l’actif
(parfait, plus-que-parfait, futur antérieur).
▶▶ Découvrir le « siècle d’Auguste » à travers ses principaux aspects : historiques et politiques, sociaux et culturels.
Les ressources numériques
www.3e.latin.magnard.fr
AUDIO
• Découvrir le texte : « Plus grand que Romulus ! », Ovide, Fastes, livre II, vers 127-133, 136-138
et 141-144
➛ lecture alternée, en latin et en français (p. 28)
• Phrases d’observation : « Ego, divus Augustus… », d’après Auguste
➛ lecture par groupes de mots, en latin et en français (p. 31)
VIDÉO
• Auguste, la propagande impériale (p. 29)
+ Fiche d’activité pour exploiter la vidéo
TEXTE À COPIER/COLLER
• Phrases d’observation : « Ego, divus Augustus… », d’après Auguste (p. 31)
• Lire, comprendre et traduire : d’après Macrobe, Saturnales, II, 4 (p. 33)
EXERCICE À COMPLÉTER
• Exercice 1 (p. 31)
Découvrir le texte
p. 28
Le texte étudié permet de découvrir comment les Romains
honorent leur nouveau « grand homme » : auréolé d’une
gloire quasi divine, le « prince » (princeps) désormais nommé
« Auguste » dépasse même en prestige le glorieux ancêtre
fondateur, Romulus.
Texte : « Plus grand que Romulus ! »
Ovide, Fastes, livre II, vers 127-133, 136-138 et 141-144.
Ressource
numérique
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AUDIO
La possibilité d’écouter le texte lu par des comédiens,
soit en latin, soit en français, permet de mettre le texte
en valeur.
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Les Res gestae (table XXXV, 1, voir ci-après) attestent qu’aux
Nones (5 février) de l’an 2 avant J.-C., Auguste reçut le titre
de « Père de la Patrie », octroyé par le Sénat, l’ordre équestre
et le peuple romain tout entier. C’est un titre prestigieux, que
reçurent avant lui Cicéron et César.
L’événement, qui est à l’origine de l’éloge d’Ovide, met en
évidence l’importance du « pater », pilier et pivot de toute la
société romaine : il est fondamental de rappeler aux élèves
que le pater familias, qui est aussi le patronus pour ses clientes,
est la figure du protecteur par excellence ; on lui doit pietas
et fides. Auguste, premier des patres – car les sénateurs sont
aussi des « pères » – se voit ainsi glorifié comme « le Père »,
figure sacrée (sanctus) à l’égal de Jupiter, et plus que Romulus,
l’ancêtre fondateur. C’est l’occasion de préparer les élèves
à l’étude des caractéristiques d’un régime profondément
« paternaliste ».
© Magnard, 2012 – Latin 3e – Livre du professeur
Activité numérique complémentaire
COMPLÉMENTS AU LIVRE DU PROFESSEUR
Vous pouvez retrouver l’extrait de Suétone (en latin et
en français) racontant comment le titre de « père de la
patrie » fut attribué à Auguste sur le site Magnard du
manuel : www.3e.latin.magnard.fr
• Le document
La statue d’Auguste dit « de la Prima Porta » est ici restituée
en polychromie. C’est un plâtre réalisé en 2003 à partir de
l’original en marbre de Paros, à la suite d’une collaboration
scientifique entre les musées de Munich (Glyptothèque), de
Copenhague (Ny Carlsberg) et du Vatican, où il se trouve
aujourd’hui exposé. On suivra l’historique de cette réalisation
dans les extraits vidéo mis à disposition dans le manuel
numérique (voir ci-après). C’est l’occasion d’expliquer un point
fondamental de l’art antique, sur lequel nous reviendrons :
toutes les œuvres d’art (sculptures, temples) étaient peintes,
en Grèce comme à Rome, dans des couleurs que nous
qualifierions aujourd’hui de « flashy », ce qui change le regard
porté sur un art trop souvent jugé « austère » et « compassé ».
• Lire le texte
L’objectif est de poursuivre la phase de reprise progressive
en proposant aux élèves de traduire six vers : un « cadrage »
simple les guide dans le repérage des éléments principaux
(sujet / verbe / compléments). Il permet de constater que
l’ordre des mots en poésie est beaucoup plus « libre » que
celui de la prose (groupes nominaux souvent disjoints,
par exemple) : ici, il met particulièrement en valeur l’éloge
hyperbolique du « prince » (voir la répétition de nomen et
tibi).
1. Traduction des vers en gras : « Vénérable père de la
patrie, c’est à toi que la plèbe, c’est à toi que la curie ont
donné ce nom, ce nom nous te l’avons donné nous aussi,
les chevaliers. [ ] Toi ce nom tu l’as à travers toute la terre,
(le nom) que Jupiter détiens tout en haut du ciel : toi (tu
es) le père des hommes, lui (il est père) des dieux. […] Pour
toi, la force brutale a été agréable ; sous César, les lois sont
florissantes ; toi, tu détiens le nom de maître, lui, celui de
prince. »
2. Ovide s’adresse successivement à Auguste et à
Romulus : on fait relever les vocatifs sancte pater patriae (vers
1) et Romule (vers 7). Le poète établit ainsi une comparaison
explicite entre le « père » qui a fondé Rome et celui qui l’a
en quelque sorte « refondée » par son action politique
pacificatrice.
3. Les mots répétés sont les éléments du groupe verbal : le
verbe (dedit, au singulier en raison de l’accord de proximité,
et dedimus, dans lequel s’inclut Ovide) + le COD (hoc nomen)
+ le COS (tibi). On revient ici sur un point d’histoire et de
culture fondamental : les trois classes qui fondent le pacte
social romain sont nommément citées, la masse du peuple
(la plèbe), le Sénat (la curie) et l’ordre équestre (deuxième
ordre en importance, après l’ordre sénatorial). On note
qu’Ovide profite de l’occasion pour rappeler son origine (sa
famille appartenait à l’ordre équestre).
4. Auguste est rapproché de Jupiter, le « roi des dieux »,
ce qui donne à l’éloge son caractère éminemment hyper–
bolique. On rappelle que l’épopée nationale, l’Énéide de
Virgile, a déjà popularisé l’image de Jupiter confiant aux
Romains « un empire sans fin » (imperium sine fine dedi, livre
I, vers 279).
5. Le parallèle entre Auguste et Romulus, tout à l’avantage
du premier, est un choix poétique qui s’explique aussi par
une circonstance historique : en 27 avant J.-C., des sénateurs
avaient voulu donner à Octave le surnom (cognomen) de
Romulus, mais c’est finalement celui d’Augustus qui fut retenu
(voir Suétone, ci-après). Pour les besoins de la comparaison,
Ovide trace de Romulus un portrait peu flatteur : l’œuvre
de conquête et de pacification d’Auguste est opposée au
caractère belliqueux de Romulus (voir l’allusion au fratricide
avec la formule te Remus incusat, vers 13). Le sort malheureux
de Rémus fait en effet ressortir la culpabilité et la violence de
Romulus, ce qui contraste avec la clémence d’Auguste, l’une
de ses « vertus » fondamentales (voir manuel p. 29). De même,
les lois (leges) d’Auguste pour favoriser les mariages et pour
réprimer l’adultère (voir ci-après) sont opposées au rapt des
femmes (l’enlèvement des Sabines), pratiqué par Romulus.
Le latin oppose les termes dominus (« maître »), terme
qui s’applique en politique à un « tyran » (au sens du grec
tyrannos) exerçant un pouvoir absolu, et celui de princeps
(« prince » ou « premier des citoyens »). C’est effectivement
le terme princeps qui fut donné à tous les empereurs à
partir d’Auguste (manuel p. 30) : lui-même refusa toujours le
titre de dominus (voir la citation de Suétone, manuel p. 33,
exercice 1). Avec un bel effet de chiasme (caelestem / patrem
ouvre / ferme le vers), Ovide met en parallèle les deux
apothéoses : c’est le dieu Mars, père de Romulus, qui
a élevé son fils au rang de divinité céleste (caelestem),
tandis qu’Auguste (ille) a réalisé cette divinisation pour son
père (adoptif ), César. On fait retrouver l’information sur
l’apothéose de César (manuel, p. 25) : bâti sur le Forum, un
temple « au Divin Jules » fut dédié par Auguste en 29 avant
J.-C., après la victoire d’Actium. Les élèves constatent que
la divinisation du père par le fils est plus « valorisante » que
celle du fils par le père parce qu’elle met en évidence, une
fois de plus, une « vertu » cardinale : la pietas qui impose au
fils d’honorer ses parents (voir le modèle représenté par
Énée et son père Anchise).
Activité numérique complémentaire
TEXTE À VIDÉOPROJETER
Le manuel numérique enrichi en vidéoprojection, avec
ou sans TBI, permettra de mettre en évidence certains
aspects du texte. On pourra, par exemple, utiliser les
outils suivants :
-l’outil Formes prédéfinies pour encadrer les vocatifs
(sancte pater patriae et Romule) afin de mettre en
évidence la comparaison entre Auguste et Romulus
-l’outil Surligner pour relever les mots répétés dans les
deux premiers vers (verbe, COD, COS)
-l’outil Zoom pour mettre en valeur les chiasmes
(caelestem / patrem)
© Magnard, 2012 – Latin 3e – Livre du professeur
51
Compétences
– situer un événement dans le temps, l’espace, les
civilisations (Socle, C5)
– repérer les informations dans un texte à partir des
éléments explicites et des éléments implicites nécessaires
(Socle, C1)
– identifier des éléments du texte en latin et retrouver leur
traduction
– mettre en relation des éléments linguistiques et
historiques
– ébaucher un commentaire littéraire
– être sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un
texte littéraire
Découvrir l’image
p. 29
Cette page permet d’observer, de manière « ciblée », sur le thème
de la propagande impériale, une partie de l’une des plus célèbres
représentations sculptées d’Auguste.
Propagande impériale
Statue d’Auguste (détail) trouvée dans la villa de Livie (au
nord de Rome), marbre de Paros (H. 2,04 m), env. 50 après
J.-C., Musées du Vatican, Rome.
Ressource
numérique
www.3e.latin.magnard.fr
IMAGE À VIDÉOPROJETER
On peut vidéoprojeter la cuirasse sculptée pour la faire
décrire aux élèves. On pourra utiliser l’outil Spot/cache
pour mettre en évidence ou masquer les différents
éléments à observer et ainsi guider les réponses des
élèves.
VIDÉO ET FICHE D’ACTIVITÉ
Cette sculpture est présentée avec la réalisation de sa
copie en polychromie dans une vidéo disponible dans
le manuel numérique.
• Gros plan sur...
Les élèves observent l’aigle de la légion et retrouvent
l’importance de cet emblème dans l’armée romaine (voir
dans notre manuel de 4e p. 33). Ils se reportent à la carte
présentée en intérieur de couverture (pp. 1-2) pour repérer le
site de la bataille de Carrhes (en Mésopotamie) où mourut
Crassus ainsi que les provinces créées par Auguste.
• La citation : Suétone, Vie d’Auguste, XXI, 3-7
Cette citation permet de replacer l’épisode de la restitution
des aigles dans le cadre plus général de la politique
pacificatrice d’Auguste, objet d’une propagande continue
chez tous les auteurs qui glorifient les « vertus » du prince.
Sans participer lui-même aux opérations de guerre,
l’empereur sut en effet aussi bien organiser les offensives
que les alliances diplomatiques permettant de conquérir de
nouveaux territoires.
Pendant près de trois siècles Romains et Parthes ont été en
conflit pour l’Arménie, la Syrie et la Mésopotamie. Auguste,
qui a bien compris qu’il avait affaire à un adversaire de taille,
préfère renoncer à l’affrontement et choisit la diplomatie.
En 20 avant J.-C., il signe avec Phraatès IV un pacte d’amitié
52
qui fixe l’Euphrate comme frontière entre les deux empires.
Comme gage de bonne volonté Phraatès restitue les aigles
prises à Crassus en 53 et permet le retour des prisonniers
romains. Voici comment Auguste rapporte lui-même cet
épisode : « Après la défaite des ennemis, j’ai récupéré en
Espagne, en Gaule et en Dalmatie les nombreuses enseignes
militaires perdues par d’autres généraux. J’ai contraint les
Parthes à me restituer les dépouilles et les enseignes de trois
armées romaines et à demander à genoux une alliance avec
le peuple romain » (Res gestae divi Augusti, XXIX, 2).
Activité numérique complémentaire
COMPLÉMENTS AU LIVRE DU PROFESSEUR
Vous pouvez retrouver un autre extrait des Res gestae
(en latin et en français) mettant en avant la « clémence »
d’Auguste, à confronter avec le témoignage de
l’historien grec Dion Cassius, sur le site Magnard du
manuel : www.3e.latin.magnard.fr
La statue d’Auguste dite «de Prima Porta» tire son nom de la
localité où elle a été trouvée en 1865 dans la villa de Livie, au
nord de Rome. La statue en marbre devait avoir pour modèle
une statue en bronze, exécutée vers 20 avant J.-C. et copiée
après la mort d’Auguste. L’empereur est représenté dans une
attitude très romaine, celle du général faisant une adlocutio à
ses troupes, mais le modèle esthétique est grec : la position
du corps est inspirée de celle du Doryphore de Polyclète (voir
notre manuel de 4e pp. 120-121) et les pieds nus rappellent le
modèle des dieux grecs « classiques ». Aux pieds d’Auguste,
un Cupidon chevauchant un dauphin rappelle l’ascendance
divine qu’il revendique dans toute sa propagande, à la suite
de Jules César (Vénus, ancêtre de la gens Julia), mais aussi la
victoire navale d’Actium, qui lui a assuré la suprématie
(manuel p. 34).
La défaite de Carrhes était ressentie comme un profond
traumatisme pour l’orgueil romain : le triumvir Crassus y
avait perdu la vie, mais pire que tout, les enseignes romaines
avaient été capturées par l’ennemi. Cette restitution
qu’Auguste venait d’obtenir par la voie diplomatique lavait
trente ans d’une terrible humiliation face aux peuples d’Asie :
les enseignes restituées furent placées dans le temple de Mars
Ultor (Mars Vengeur) dans le forum d’Auguste, à Rome, et le
Sénat éleva un autel « à la Fortune revenue » (reduci Fortunae).
L’ensemble des succès d’Auguste, militaires et diplomatiques,
donnait aux Romains l’impression que l’empire atteignait
ainsi une dimension universelle : c’est cette pacification
cosmique que la cuirasse met en scène. En fait, toutes ces
démonstrations officielles avaient aussi pout but de cacher
un arrêt de la conquête romaine en Orient ainsi que le désir
d’Auguste de ne pas pousser plus avant de ce côté du monde.
• Lire l’image
1.
On voit qu’il s’agit de la cuirasse, sur laquelle les experts
ont retrouvé des traces de polychromie (voir la vidéo dans les
ressources numériques).
2.
En suivant les explications fournies à côté de l’image, les
élèves repèrent trois registres, mêlant histoire et mythologie,
dans une vision grandiose et symbolique, à la dimension
proprement « cosmique ». Au centre, Tibère, un chien (la
louve romaine ?) à ses pieds : casqué et cuirassé, il tient dans
© Magnard, 2012 – Latin 3e – Livre du professeur
sa main gauche une épée ou un bâton de commandement,
il tend la main droite pour recevoir l’aigle que lui remet le roi
parthe à l’habit oriental exotique (on observe les pantalons).
De part et d’autre de cette scène, deux figures féminines
assises figurent les nations soumises et pacifiées : la Gaule ou
la Dacie à droite, la Dalmatie ou l’Espagne à gauche. Toutes
les autres figures sont des allégories cosmiques : on note, tout
en haut, le Ciel (Caelum) étendant son voile sur le monde, le
Soleil conduisant son char, l’Aurore tenant sa cruche de rosée,
devant la Lune éclairant la nuit de son flambeau ; tout en
bas, la Terre (Tellus), avec ses symboles habituels de fertilité
(couronne d’épis de blé, corne d’abondance, enfants). Apollon
se reconnaît à sa lyre, Artémis à son carquois. On observe
enfin que les attaches de la cuirasse sont décorées de sphinx,
renforçant le thème « oriental » de la scène représentée, mais
faisant aussi allusion à la conquête de l’Égypte (Cléopâtre et
Marc Antoine vaincus à Actium).
3. L’événement de la restitution des aigles s’inscrit dans le
mythe général du retour de l’Âge d’or, dont tous les motifs
se retrouvent dans le Chant séculaire d’Horace (voir ci-après) ;
peu importe qu’il ne mette pas en scène une victoire militaire :
bien au contraire, célébré avec faste, il contribue fortement à
idéaliser les « vertus » d’Auguste (magnanimité, clémence),
garant de la paix universelle, tel que le présentent aussi Ovide
et Suétone ainsi que de nombreuses monnaies.
Compétences
– identifier des éléments du récit en comparant texte et
image
– établir des liens entre les œuvres littéraires et artistiques
pour mieux les comprendre (Socle, C5)
– retrouver des informations culturelles déjà connues
Découvrir les mots-clés
p. 30
Les mots-clés ont été choisis en liaison directe avec le thème
mis en place par le texte et l’image des pages précédentes : ils
permettent d’aborder les nouveaux enjeux de la vie politique
à Rome avec la prise de pouvoir d’Auguste. Celui-ci restaure les
formes de la République sénatoriale, après avoir pacifié le pays
en mettant fin aux guerres civiles qui l’ensanglantaient depuis
un siècle.
Auctoritas, augustus, imperium, princeps
Les élèves retrouvent les enjeux politiques fondamentaux
posés par le terme imperium : ils font le lien entre les notions
et le contexte définis au chapitre précédent, comme entre
les personnages de Jules César et d’Octave Auguste ; ils
comprennent ainsi comment une nouvelle forme de régime
caractérisée par la concentration des pouvoirs (le principat
que nous nommons Empire) se met en place avec celui qui
s’affiche comme l’héritier de César.
Toute l’habileté d’Octave est de ne se faire nommer ni roi,
ni dictateur, mais « prince » et « Auguste » (avec son plein
sens honorifique et religieux, qui donne à son détenteur
un caractère sacré), comme le constate Tacite (Annales, I,
9) : dans cette période troublée, « il ne restait de remède
aux divisions de la patrie que le gouvernement d’un seul.
Toutefois le pacificateur de l’état, content du nom de prince,
ne s’était fait ni roi ni dictateur » (non regno tamen neque
dictatura, sed principis nomine constitutam rem publicam).
Avec un sens certain de la mise en scène, le nouveau maître
de Rome a su en effet déjouer le piège de la dictature dans
lequel était tombé César : « Pour refuser solennellement
la dictature que le peuple lui offrait avec beaucoup
d’insistance, il mit un genou à terre, rejeta sa toge de ses
épaules et offrit sa poitrine nue », rapporte Suétone (Vie
d’Auguste, 52). Un geste que Dion Cassius commente avec
perspicacité : « Il n’accepta pas la dictature, au contraire : il
alla jusqu’à déchirer sa toge en public un jour où il ne trouvait
plus d’autre moyen, persuasion ou menace, de détourner le
peuple de cette idée. Il est vrai que disposant de pouvoirs
et d’honneurs supérieurs à ceux des dictateurs, il se gardait
avec raison de la jalousie et de la haine que suscitait ce titre »
(Histoire romaine, LIV, 1).
Quant au titre d’Auguste, il est accordé par le Sénat à Octave
sur proposition de Lucius Munatius Plancus (le fondateur de
la colonie de Lugdunum), alors que, trois jours auparavant,
Octave lui-même a habilement démissionné de toutes ses
fonctions et que le Sénat, désemparé, l’a supplié de revenir.
Il est intéressant de noter que le nom d’Auguste a été
préféré à celui de Romulus : « Quelques-uns pensaient qu’il
fallait l’appeler Romulus, parce qu’il était en quelque sorte
le fondateur de Rome. Mais le surnom d’Auguste prévalut
comme nouveau et plus noble. Il caractérisait les lieux saints,
ceux où les augures consacraient quelque chose, soit que
cette dénomination vînt d’auctus, « le garant ou plénitude
de chance » soit qu’elle fût tirée des mots avium gestu
ou gustu, « par le mouvement » ou « par la nourriture des
oiseaux », ainsi que l’indique ce vers d’Ennius : «Après que
l’illustre Rome eut été fondée sous d’augustes augures.» »
(Suétone, Vie d’Auguste, 7)
À titre de bilan, on note les titres et pouvoirs d’Octave-Auguste
qui montrent comment celui qui aimait se présenter comme
« Primus inter pares » (« premier au milieu d’égaux ») a réussi à
cumuler à vie les plus hautes fonctions de la République :
– consul, treize fois (43, 33, 31, 30, 29, 28, 27, 26, 25, 24, 23, 5,
2 avant J.-C.).
– imperator, le titre lui est décerné vingt-et-une fois. Le
13 janvier 27 avant J.-C., Octave a officiellement rendu la
charge de la res publica au peuple de Rome. En échange,
le Sénat lui accorde l’imperium pour dix ans. Les provinces
sont partagées en sénatoriales et impériales : Octave prend
pour lui les provinces où se trouvaient des forces militaires et
laisse au Sénat toutes celles qui n’avaient besoin que d’une
administration purement civile.
– augustus à partir du 16 janvier 27 avant J.-C.
– doté de la tribunicia potestas (puissance tribunicienne) à
partir de 23 avant J.-C. (renouvelée chaque année en juin).
– pontifex maximus à partir de 12 avant J.-C.
– pater patriae à partir du 5 février 2 avant J.-C.
À la fin de sa vie, Auguste fait lui-même le bilan des honneurs
qui lui furent successivement décernés en janvier 27 avant J.C. : le titre d’Augustus, les lauriers plantés devant sa maison au
Palatin, la couronne civique et le clipeus virtutis (manuel, p. 36).
Il ajoute aussitôt en conclusion de ce quadruple hommage la
phrase célèbre : post id tempus auctoritate omnibus praestiti
(« après cet instant, je l’ai emporté sur tous en autorité », Res
gestae, VI, 34). C’est bien grâce à cette auctoritas, à la fois
religieuse et politique, que le « prince » l’emportait désormais
sur tous les magistrats.
© Magnard, 2012 – Latin 3e – Livre du professeur
53
Ressource
numérique
Activité numérique complémentaire
COMPLÉMENTS AU LIVRE DU PROFESSEUR
Vous pouvez retrouver le texte original, en latin, de
ce passage des Res gestae ainsi que le point de vue
résumé par Tacite sur Auguste, sur le site Magnard du
manuel : www.3e.latin.magnard.fr
• L’image : l’aureus d’Octave
Les élèves exploitent leurs compétences récemment
acquises avec le dossier numismatique (manuel pp. 1617). On leur demande de déchiffrer la légende de l’aureus :
IMP•CAESAR / DIVI•F•COS•VI. Les initiales IMP, F et COS signifient
imperator, filius et consul, la mention VI indique qu’au moment de
l’émission de la pièce, le « prince » est consul pour la sixième fois.
• Étymologie
1. On relève auctor, auctoritas, augurium, augustus. En
français : augmenter, auteur (avec ses divers sens), autorité,
auguste, augure, inaugurer, etc.
2. Empire et empereur viennent de imperium et imperator. On
insiste sur le fait que le régime instauré par Auguste se nomme
« le principat » et que celui qui l’exerce est « le prince », au sens
où l’entendra Machiavel avec son célèbre ouvrage (Le Prince).
3. Le « mois d’Auguste » est le mois d’août (on note la
présence de l’accent circonflexe comme trace du s latin) ;
dans d’autres langues : august (anglais/allemand), agosto
(italien/ espagnol).
4. Le point commun est le nom princeps. Les élèves
retrouveront les divers sens des mots français dans des
dictionnaires de référence.
Jouez avec les mots
5. Octave « a restauré les lois et les droits pour le peuple
romain ». Les élèves retrouvent facilement l’étymologie de
juridique (jus, manuel, p. 20), de législatif (lex, legis) et de
restitution (verbe restituere).
Compétences
– identifier une racine, une famille de mots
– comprendre un vocabulaire spécifique
– avoir des connaissances et des repères relevant de la
culture civique (Socle, C5)
– comprendre les principes d’un État de droit, le
fonctionnement des institutions (Socle, C6)
– relier texte et image à l’aide des phrases simples
entraînant à une lecture/traduction autonome
p. 31
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AUDIO
Les phrases sont enregistrées dans une version alternée,
mêlant le latin et sa traduction en français. La lecture
alternée du latin et du français, guidée par le professeur,
est à pratiquer dans l’identification initiale des groupes
de mots puis, une fois la traduction complétée, à titre
de relecture et de consolidation des acquis.
54
TEXTE À COPIER/COLLER
Ces phrases, comme toutes celles des pages
« Observer », peuvent être copiées-collés à partir d’un
fichier au format.doc. Le fichier peut être donné aux
élèves tel quel, comme une fiche « prête à l’emploi »,
lors d’un contrôle ou d’un exercice en classe, ou bien
peut être modifié selon les attentes du professeur et le
niveau de la classe.
Il est important de souligner que le texte à observer est tiré
des Res gestae divi Augusti, dont on présentera le caractère
historique original aux élèves.
En latin, l’expression res gestae désigne les actions accomplies
(participe parfait passif du verbe gerere), c’est-à-dire les
« hauts faits » (voir l’étymologie de « chanson de geste »),
ou « Histoire ». Entre 11 et 13 après J.-C., Auguste rédige lui
même un récit de sa vie en forme de « rapport d’activités »
qui devra servir de modèle à ses successeurs : il dépose ce
testament politique entre les mains des Vestales, parmi
d’autres documents ; il souhaite que le texte en soit gravé sur
des tablettes de bronze qui seraient placées à l’entrée de son
mausolée. Suétone le présente ainsi : Res gestae divi Augusti,
quibus orbem terrarum imperio populi Romani subjecit, et
impensae, quas in rem publicam populumque Romanum fecit
(« les actions accomplies par le divin Auguste par lesquelles
il a soumis toute la terre à l’empire du peuple romain et les
dépenses qu’il a faites pour l’État et pour le peuple romain »).
Dès l’Antiquité, cette inscription a été recopiée et largement
diffusée. Les plaques de bronze ont disparu, mais on a
retrouvé des fragments de copies gravées sur la pierre. Dans
les provinces, ces copies étaient affichées dans les temples
dédiés à Rome et à Auguste divinisé. Trois d’entre elles ont
été retrouvées en Asie Mineure et une en Syrie. Une seule,
celle du Monumentum Ancyranum, le « Temple de Rome et
d’Auguste » à Ancyra (aujourd’hui Ankara), offre un texte à
peu près complet, accompagné d’une traduction grecque (la
langue la plus répandue en Méditerranée orientale) ; les
autres ne sont que des fragments. Les deux tables d’Ancyra
mesurent 2,70 mètres de haut sur 4 mètres de long : elles
comportent six « pages » de 46 ou 54 lignes de 60 caractères
chacune environ. Le texte latin, parfois très mutilé, a pu être
reconstitué grâce à la traduction grecque et aux fragments
retrouvés dans les autres sites.
Prolongement Observer
Ressource
numérique
www.3e.latin.magnard.fr
On trouvera le texte complet des Res gestae sur plusieurs
sites : nous recommandons la traduction qu’en a donnée
Michel Dubuisson (Université de Liège) : http://www.class.
ulg.ac.be/ressources/resgestae.html
• Reconnaître
Les élèves sont invités à identifier les cas respectifs de noms
dont certains ont des terminaisons identiques. Dans les deux
chapitres précédents, l’activité portait essentiellement sur
l’identification de la classe grammaticale. Les corrections
proposées ouvrent cependant la possibilité de demander à
l’élève l’identification de la déclinaison du nom et du cas, de la
© Magnard, 2012 – Latin 3e – Livre du professeur
conjugaison à laquelle se rattache la forme verbale ainsi que
de la personne, du mode et du temps. L’élève doit mobiliser
des connaissances lexicales (ce sont des mots connus ou déjà
rencontrés) et morphosyntaxiques. Il est conduit à formuler
des hypothèses afin de distinguer les unes des autres les
formes dont la terminaison est identique (mais la déclinaison
et le cas différents) ou deux formes identiques d’un même
mot (correspondant en fait à deux cas différents d’une même
déclinaison).
bella : N. ou Acc. pl. de bellum, i, n. ; 2e déclinaison. Ici Acc.,
COD du verbe exstinxi ; causa : N. ou Abl. sg. de causa, ae, f. ;
1re déclinaison. Ici Abl. à valeur de préposition commandant
le génitif (en raison de) ; virtutum : G. pl. de virtus, utis, f. ; 3e
déclinaison, modèle lux, lucis ; clipeum : Acc. sg. de clipeus, i,
m : 2e déclinaison ; Senatus (phrase 1) : N. ou G. sg., Acc pl. de
senatus, us, m. ; 4e déclinaison. Ici G. sg. comme populi Romani,
complément du nom arbitrium (expression consacrée :
Senatus populusque Romanus) ; Senatus (phrase 2) : N. ou G.
sg., Acc pl. de senatus, us, m. ; 4e déclinaison. Ici N sg., sujet
du verbe fixit.
Le parfait, le plus-que-parfait et le futur
antérieur
1. Les verbes en gras et en rouge sont tous au parfait de
l’indicatif comme l’indique leur traduction. On retrouve le
radical du parfait en enlevant la terminaison -i à la première
personne du sg. du parfait, donnée dans le lexique. On peut
ensuite identifier le verbe : exstinxi < exstinguo, is, ere, stinxi,
stinctum ; transtuli < transfero, fers, ferre, transtuli, translatum ;
fixit < figo, is, ere, fixi, fixum ; posuit < pono, is, ere, posui,
positum ; gessit < gero, is, ere, gessi, gestum.
Un verbe est au futur : poterit, 3e p. sg, indicatif futur < possum,
potes, posse, potui.
2. On peut proposer aux élèves en difficulté de décomposer
les formes verbales en bleu en procédant de droite à
gauche, éventuellement dans une présentation tabulaire
(en commençant donc par la terminaison pour remonter
jusqu’au radical).
Phrase 1 : exstinx – era – m : 1re personne sg. du plus-queparfait indicatif actif de exstinguo, es, ere (radical du parfait +
suffixe -era– + terminaison -m).
Phrase 2 : appellav – era – t : 3e p. sg. du plus-que-parfait
indicatif actif de appello, as, are, avi, atum (radical du parfait
appellav– + suffixe -era– + terminaison -t)
Phrase 3 : posu – era – t : 3e p. sg. du plus-que-parfait indicatif
actif de pono, is, ere (radical du parfait posu– + suffixe -era– +
terminaison -t)
3.
scrips – eri – t : 3e p. sg. du futur antérieur indicatif actif
de scribo, is, ere, scripsi, scriptum (radical du parfait scrips– +
suffixe -eri-+ terminaison -t).
L’emploi des temps du passé
4. Dans la phrase 2, les deux verbes expriment des actions
situées dans le passé. L’action exprimée par le verbe en
bleu (appellaverat) se déroule avant l’action exprimée par le
verbe en rouge. Le verbe en bleu (plus-que-parfait) exprime
l’antériorité dans le passé.
5. Dans la phrase 3, tous les verbes renvoient à des actions
passées. Mais le verbe laudabant (imparfait) exprime une
action en train de se dérouler, par opposition au verbe
en rouge posuit (parfait) qui présente une action bornée,
achevée, envisagée dans ses limites (valeurs d’aspect du
verbe). Le verbe en bleu (posuerat, plus-que-parfait) exprime
l’antériorité dans le passé (ainsi que l’action envisagée dans
ses limites).
6. Le verbe en vert scripserit exprime l’antériorité d’une
action future par rapport au verbe au futur poterit.
• Jouez avec l’image
Ressource
numérique
www.3e.latin.magnard.fr
EXERCICE À COMPLÉTER
L’exercice 1 est disponible au format.doc. Il peut être
imprimé ou utilisé avec un traitement de texte.
Cet exercice ludique permet aux élèves d’exercer et de
valoriser leurs capacités d’observation et de déduction, ce
sont ces mêmes capacités qu’ils doivent précisément mettre
en œuvre dans le travail de traduction. Le document choisi
est à mettre en relation avec l’ensemble des éléments à
étudier sur le thème de la propagande impériale : les élèves
seront attentifs à la manière dont la scène représentée, avec
ses personnages et ses symboles, est à proprement parler
une « mise en scène » du pouvoir d’Auguste.
La Gemma Augustea (gemme d’Auguste) est un camée en
bas relief, taillé dans une pierre à double couche, appelée
onyx d’Arabie. On admet généralement que le joaillier qui a
taillé cette gemme est le célèbre Dioscoride ou l’un de ses
disciples, entre 10 et 20 après J.-C. Les élèves observeront
deux autres exemples de camées impériaux aux pages 34 et
49 du manuel : ils découvriront que ces objets sont à la fois
des œuvres d’art à part entière et des vecteurs de l’idéologie
politique. Ici, tout concourt à donner du « prince » (princeps)
l’image d’un homme providentiel auquel rend hommage
l’univers tout entier (la terre et la mer, la patrie et la cité).
1. a. Oceani ; b. Minerva ; c. Augusti ; d. cornucopiam ;
e. sedet.
2.
a. 4 : L’homme barbu est la représentation de l’Océan.
Dans la mythologie gréco-romaine, Océan est l’aîné des
Titans. On l’imagine comme un gigantesque fleuve encerclant
le disque plat de la terre. Les représentations artistiques
le montrent comme un homme mûr, barbu, selon l’image
conventionnelle des fleuves (voir la représentation du Tibre
en sculpture, par exemple).
b. 1 : La femme armée, comme la déesse Minerve, est
la représentation de Rome. On pourra comparer cette
représentation avec celle mise en scène lors du passage du
Rubicon (manuel pp. 18-19). On fait observer que Rome a le
pied posé sur un bouclier au sol, comme Auguste : cette mise
en scène symbolise la fin des guerres civiles « éteintes » par
le prince (bella civilia exstinxi, phrase 1 dans la même page).
c. 3 : La femme voilée est la représentation du « cercle des
terres » (= l’univers) et elle pose la couronne civique sur la
tête d’Auguste. On fait retrouver la mention de la corona
civica dans les Res gestae (phrase 2 dans la même page).
Faite d’une guirlande de feuilles de chêne avec les glands,
la « couronne civique » était décernée ob civem servatum
(« pour le citoyen sauvé ») : elle était offerte au soldat romain
qui, dans une bataille, avait sauvé la vie d’un camarade et tué
© Magnard, 2012 – Latin 3e – Livre du professeur
55
son adversaire. À l’origine, elle était offerte par le camarade
sauvé ; plus tard, elle le fut par l’empereur lui-même. Dans la
propagande augustéenne, elle participe donc toujours de
la même symbolique : en mettant fin aux guerres civiles, le
prince a évidemment sauvé de nombreux concitoyens et des
monnaies représentent cette couronne avec l’inscription OB
CIVES SERVATOS.
d. 5 : La femme tenant une corne d’abondance est la
représentation de l’Italie. La corne d’abondance est le
motif le plus « classique » pour symboliser la prospérité. On
peut rappeler brièvement son origine : selon certains récits
mythologiques, Zeus / Jupiter, qui était encore un enfant,
cassa la corne de la chèvre Amalthée, sa nourrice ; à titre de
« dédommagement », il en fit le symbole de la prospérité,
c’est pourquoi elle regorge de fleurs, d’épis de blé et de fruits
variés. On note aussi la présence de deux enfants ainsi que la
poitrine généreusement offerte de l’Italie, accoudée au trône
d’Auguste : encore une mise en scène explicite de la patrie
et de ses enfants remerciant le prince pour la prospérité
retrouvée.
e. 2 : Auguste est assis sur un trône et il paraît semblable à
Jupiter (= il ressemble a, il a l’air de). Auguste « en majesté »
est bien entendu à l’image du « roi des dieux et des hommes »
(selon l’épithète homérique classique), tel qu’Ovide le célèbre
dans les Fastes (manuel, p. 28). On observe la présence du
sceptre et de l’aigle, attributs conventionnels de Jupiter ainsi
que, dans la main droite d’Auguste, celle du lituus, le bâton
recourbé qui est l’emblème sacré des augures, donc ici celui
du pouvoir religieux d’Auguste (voir notre commentaire
p. 36).
Compétences
– reconnaître la conjugaison du verbe
– identifier des formes verbales
– retrouver des informations (texte et image) dans un
cadre donné
– utiliser le lexique (Socle, C1)
– traduire des membres de phrase en contexte
Apprendre
p. 32
Le parfait, le plus-que-parfait et le futur
antérieur de l’indicatif à l’actif
Le chapitre 3 poursuit la révision de la conjugaison à
l’indicatif actif. Nous avons choisi de revoir dans un premier
temps la voix active uniquement afin de donner un caractère
progressif à ces révisions. Il s’agit aussi de permettre aux
élèves dont les acquis seraient fragiles ou les apprentissages
incomplets de revenir sur des acquis fondamentaux.
Après les temps formés sur le radical du présent, on aborde les
temps formés sur le radical du parfait. Le parfait de l’indicatif,
découvert en classe de 5e, a fait l’objet d’une révision en
classe de 4e. La page Observer propose la découverte de
deux nouveaux temps de l’indicatif formés sur le radical du
parfait : le plus-que-parfait et le futur antérieur. Cette phase
de révision ouvre ainsi de façon naturelle sur des acquisitions
nouvelles (qui ne présentent pas de difficulté majeure au
plan morphologique).
Dans un souci d’allègement et de synthèse, la leçon propose
seulement le modèle de la 1re conjugaison et le verbe sum.
Les élèves retrouveront dans leur intégralité, en fin de
56
manuel, les tableaux de conjugaison pour les cinq modèles
de conjugaison.
On fera remarquer aux élèves que le radical du parfait, à partir
duquel se forment les temps étudiés dans ce chapitre, ne
dépend pas du type de conjugaison. Si on le juge opportun,
on pourra leur indiquer qu’il existe en latin quatre types de
parfaits :
Radicaux en -u / -v
Radicaux en -s
• habeo, es, ere > habu-i
• amo, as, are > amav-i
• audii, is, ire > audiv -i
• duco, is, ere > dux-i
• mitto, is, ere > mis-i
Radicaux à « allongement »
Radicaux à « redoublement »
• capio, is, ere > cep-i
• lego, is, ere > leg-i
do, as, are > ded-i
L’emploi des temps formés sur le radical
du parfait
Dans un souci de simplification, la leçon présente de façon
synthétique la valeur d’aspect et la valeur temporelle du
verbe. Rien n’interdit de proposer aux élèves de troisième une
réflexion plus élaborée, prenant appui sur l’apprentissage de
la grammaire française.
C’est l’occasion d’introduire, si on le juge opportun, une
terminologie plus précise distinguant le thème d’infectum
du thème de perfectum (désignés jusqu’ici par « radical du
présent » et « radical du parfait »). À chaque thème correspond
un aspect de l’action (non teminée ou terminée) : c’est la
valeur d’aspect du verbe. L’infectum (inachevé) marque une
action non terminée, en cours d’accomplissement ; le présent,
l’imparfait, le futur ont cette valeur. Le perfectum (achevé)
marque une action complètement terminée (parfait, plusque-parfait, futur antérieur).
Cette valeur aspectuelle est dissociée de la valeur
temporelle du verbe qui l’inscrit dans le présent, le passé ou
le futur. La valeur temporelle est déterminée par le point de
repère qui permet de situer l’événement. Quand le point de
repère est le moment de l’énonciation, on parle de « temps
absolu » (présent, imparfait, futur, parfait) ; quand le point
de repère est interne à l’énoncé, on parle de « temps relatif »
(exprimant l’antériorité, la simultanéité, ou la postériorité de
l’action par rapport au point de repère interne).
Éclairage
Quelques emplois particuliers
Au fil de la lecture des textes et des exercices de traduction,
on fera remarquer aux élèves quelques emplois particuliers
des temps de l’indicatif. Nous nous limitons aux emplois
pouvant compromettre la compréhension du texte latin.
Présent
– le présent dit « d’effort », pour indiquer une action que l’on
essaie de faire. Exemple : Domum vendo. Je cherche à vendre
ma maison.
Imparfait
– imparfait dit « d’effort ». Exemple : Domum vendebam. Je
cherchais à vendre ma maison.
– imparfait épistolaire : en latin, l’auteur de la lettre envisage
l’action du point de vue de son destinataire et met donc
© Magnard, 2012 – Latin 3e – Livre du professeur
au passé (point de vue du destinataire) le fait présent au
moment où il écrit ; très souvent donc l’imparfait remplace le
présent. Exemple : Scribebam hora noctis nona. Je t’écris à la
9e heure de la nuit.
Parfait
– le parfait est le temps du récit ou de la description, là où
le français fait intervenir la valeur aspectuelle et utilise
l’imparfait. Exemples : Fuisti igitur apud Laecam illa nocte,
Catilina. Tu étais donc chez Laeca, Catilina, cette nuit-là. Pater
ejus dives fuit. Son père était riche.
• Vocabulaire
Les verbes à chercher et à retenir sont choisis dans le texte
retenu pour la page Observer (p. 31). Ce sont des mots dont
les occurrences sont fréquentes. On les retrouve dans les
exercices de la p. 33, ce qui implique de la part de l’élève
mémorisation et démarche de réinvestissement.
L’apprentissage du verbe fero implique celui de ses principaux
composés. On pourra compléter (ou faire compléter
par les élèves) la liste des composés en insistant sur les
transformations phonétiques (assimilation principalement,
parfois disparition).
affero < adfero, j’apporte (attuli, allatum) ; aufero < absfero, j’emporte (abstuli, ablatum) ; confero < cum-fero, je
réunis (contuli, collatum) ; effero < ex-fero, j’emporte (extuli,
elatum) ; infero < in-fero, je porte dans (intuli, illatum) ; offero
<ob-fero, j’offre (obtuli, oblatum) ; refero < re-fero, je rapporte
(rettuli ou retuli) ; refert, impers., il importe
La conjugaison de fero
La conjugaison du verbe fero, apparentée à celle de la
3e conjugaison, comporte un certain nombre de formes
particulières :
– au présent de l’indicatif, en raison de l’absence de voyelle
de liaison aux 2e, 3e p. du sg. et à la 2e p. du pl. à l’actif, aux 2e et
3e p. du sg. du passif (ferris, fertur)
– à l’infinitif présent : ferre (actif ), ferri (passif ) en raison du
phénomène d’assimilation progressive : fer-se > ferre.
– à l’impératif actif (fer, ferte)
– au subjonctif imparfait actif et passif (ferrem, ferrer)
On peut, dans un premier temps, faire apprendre uniquement
les temps de l’indicatif en insistant sur le changement très
significatif de radical au parfait (tuli). Les élèves découvriront
les autres modes au fil des révisions ou des acquisitions
nouvelles. Le Mémento grammatical donne l’intégralité de la
conjugaison.
S’exercer
p. 33
Lire à voix haute et apprendre
1. La
phrase de Suétone permet de rappeler combien
Auguste était particulièrement vigilant dans la manière de
nommer son pouvoir. Refusant la dictature, telle qu’avaient
pu l’exercer les « hommes forts » avant lui, comme Sylla et
César (voir ci-dessus), il tenait à son titre de « princeps ». Les
élèves retrouvent la différence entre dominus et princeps déjà
commentée chez Ovide (manuel p. 28, vers 12).
Réviser le vocabulaire
2. auxerat : il
avait augmenté – jubebis : tu ordonneras –
restituebatis : vous restituiez, vous restauriez – tuleramus :
nous avions porté – pacaverit : il aura apaisé – jusseras :
tu avais ordonné – exstinguit : il éteint – transfertis : vous
transportez.
Conjuguer
3. vidi, vidisti, vidit, vidimus, vidistis, viderunt – cepi, cepisti,
cepit, cepimus, cepistis, ceperunt.
4. videram,
videras, viderat, videramus, videratis, viderant
– ceperam, ceperas, ceperat, ceperamus, ceperatis, ceperant
– videro, videris, viderit, viderimus, videritis, viderint – cepero,
ceperis, ceperit, ceperimus, ceperitis, ceperint.
5. 1. plus-que-parfait actif : dederamus – 2. passé composé
actif : accepimus – 3. futur antérieur actif : credideris – 4. passé
simple actif : dedit – 5. plus-que-parfait actif : acceperam – 6.
imparfait actif : dabamus.
6. dabant : 3e p. pl. indicatif imparfait actif / dabam, dabas,
dabat, dabamus, dabatis, dabant / je donnais, tu donnais, il
donnait, nous donnions, vous donniez, ils donnaient.
vidimus : 1re p. pl. indicatif parfait actif / vidi, vidisti, vidit,
vidimus, viditis, viderunt / je vis, tu vis, il vit, nous vîmes, vous
vîtes, ils virent ou au passé composé, j’ai vu etc.
invenerant : 3e p. pl. indicatif plus-que-parfait actif / inveneram,
inveneras, invenerat, inveneramus, inveneratis, invenerant / j’avais
trouvé, tu avais trouvé, il avait trouvé, nous avions trouvé, vous
aviez trouvé, ils avaient trouvé.
rapuerimus : 1re p. pl. indicatif futur antérieur actif / rapuero,
rapueris, rapuerit, rapuerimus, rapueritis, rapuerint / j’aurai
enlevé, tu auras enlevé, il aura enlevé, nous aurons enlevé,
vous aurez enlevé, ils auront enlevé.
viderat : 3e p. sg. indicatif plus-que-parfait actif / videram,
videras, viderat, videramus videratis, viderant / j’avais vu etc.
vicerit : 3e p. sg. indicatif futur antérieur actif / vicero, viceris,
vicerit, vicerimus, viceritis, vicerint / j’aurai vaincu, etc.
fecisti : 2e p. sg. indicatif parfait actif / feci, fecisti, fecit, fecimus,
fecistis, fecerunt / je fis, tu fis, il fit, nous fîmes, vous fîtes, ils
firent ou j’ai fait etc.
dederam : 1re p. sg. indicatif plus-que-parfait actif / dederam,
dederas, etc. / j’avais donné, etc.
7. referes :
2e p. sg. futur indicatif actif / referam, referes,
referet, referemus, referetis, referent / je rapporterai, tu
rapporteras, il rapportera, nous rapporterons, vous
rapporterez, ils rapporteront.
auferebant : 3e p. pl. imparfait indicatif / auferebam, auferebas,
auferebat, auferebamus, auferebatis, auferebant / j’emportais,
tu emportais, etc.
transtulimus : 1re p. pl. parfait indicatif actif / transtuli,
transtulisti, transtulit, transtulimus, transtulistis, transferunt /
je transportai, tu transportas, etc. ou j’ai transporté, tu as
transporté…. nous transportâmes, nous avons transporté, etc.
refert : 3e p. sg. présent indicatif actif / refero, refers, refert,
referimus, refertis, referunt / je rapporte, etc.
abstulero : 1re p. sg. futur antérieur indicatif actif / asbstuleris,
abstulerit, abstulerimus, abstuleritis, abstulerint / j’aurai
enlevé, tu auras enlevé, il aura enlevé, etc.
transtuleratis : 2e p. pl. plus-que-parfait indicatif actif / transtuleram, transtuleras, etc. / j’avais transporté, tu avais
transporté, etc.
© Magnard, 2012 – Latin 3e – Livre du professeur
57
Lire, comprendre et traduire
Ressource
numérique
Compétences
www.3e.latin.magnard.fr
TEXTE À COPIER/COLLER
Ces phrases, comme toutes celles des rubriques « Lire,
comprendre et traduire », peuvent être copiées-collés
à partir d’un fichier au format.doc. Le fichier peut être
donné aux élèves tel quel, comme une fiche « prête
à l’emploi », lors d’un contrôle ou d’un exercice en
classe, ou bien peut être modifié selon les attentes du
professeur et le niveau de la classe.
8. 1. Auguste avait pacifié les provinces gauloises. pacavit :
pacifia / pacaverit : aura pacifié. 2. Il aura conduit deux armées
en Arabie. duxit : il conduisit / duxerat : il avait conduit. 3. Les
autres nations recherchèrent l’amitié du peuple romain.
petiverant : avaient recherché / petiverint : auront recherché. 4.
Le Sénat et le peuple romain auront loué le général en chef.
laudaverunt : louèrent / laudaverant : avaient loué.
9. a. 1. Marc Antoine était l’époux de la sœur d’Octave.
Il l’a répudiée. 2. Cléopâtre voulait régner sur Rome. 3. La
répudiation d’Octavie, sœur d’Octave Auguste, l’alliance
et le mariage de Marc Antoine avec Cléopâtre ont eu pour
conséquence une immense guerre civile.
b. Marc Antoine tenait l’Asie et après qu’il eut répudié la sœur
d’Octave, il prit pour épouse Cléopâtre qui voulait régner à
Rome et il fut à l’origine d’une immense guerre civile.
10.
Le texte est au passé ; le temps dominant est le parfait
de l’indicatif (vidit, inscripsit, misit, comprobavit, dedit,
dixit, riserunt, jussit). On trouve des imparfaits (solebat,
descendebat, vehebatur : imparfaits d’habitude ou descriptifs
à valeur aspectuelle), des plus-que-parfaits (fercerat, legerat,
accesserat : temps relatifs). Deux verbes sont au subjonctif
plus-que-parfait actif (voir chap. 11 et chap. 18 pour
l’expression de la condition).
Comprendre le sens des mots
11. omnipotent(e) : adjectif, du latin omnipotens (<omnis,
potens), qui dispose d’une puissance absolue.
impotent (e) : adjectif, du latin impotens (préfix in– à sens
privatif ) qui se déplace avec une très grande difficulté.
potentiel(le) : adjectif, qui existe en puissance (= virtuel) / nom
masculin : le potentiel, terme grammatical pour désigner
ce qui exprime une possibilité (voir chap. 18) ; capacité
d’action ; de production (le potentiel d’une personne, d’une
nation) ; terme scientifique appliqué à une forme d’énergie (le
potentiel électrique, magnétique, nucléaire, chimique).
potence : nom féminin, du latin potentia, ae (sens médiéval :
appui, béquille), pièce d’appui en T dans une charpente,
instrument destiné à la pendaison (= gibet).
potentat : nom masculin, du bas latin potentatus, qui a la
souveraineté absolue, qui possède un pouvoir excessif,
tyrannique.
Sententias Misit Subito
12. Quelle appellation ne fut pas à Auguste (= quel titre
n’a pas porté Auguste) ? Réponse C : dominus (maître). Voir la
phrase de Suétone en exercice 1.
58
– lire et dire en latin
– mémoriser des phrases latines
– acquérir progressivement de l’autonomie dans la
traduction
– apprendre des mots nouveaux et structurer l’apprentissage du vocabulaire français (C1)
Culture : Le siècle d’Auguste
pp. 34-35
Cette double page explique le rôle capital joué par Auguste dans
l’histoire de Rome.
L’héritier de César
Après trois guerres civiles en moins d’un siècle et leur
cortège de proscriptions (au cours desquelles Cicéron meurt
assassiné), Rome aspire à la concorde civile. Même si Octave
ne s’est pas dispensé de cruautés notoires, il apparaît comme
« l’homme providentiel » susceptible de ramener la paix et la
prospérité. Suétone le présente comme un homme sûr de
lui : « Auguste avait les yeux vifs et brillants ; il voulait même
que l’on crût qu’ils tenaient de la puissance divine. Quand il
regardait fixement, c’était le flatter que de baisser les yeux
comme devant le soleil. » (Vie d’Auguste, 79).
1. Le premier triumvirat était constitué par Jules César,
Pompée et Crassus.
La grandeur retrouvée
Auguste est un politicien habile. Il sait mettre en scène la
réconciliation entre les Romains pour faire oublier le souvenir
de la guerre civile, à laquelle il a lui-même activement
participé. Sa propagande est efficace car il remet en avant
les vieilles valeurs romaines bafouées par les rivalités entre
citoyens : « Par de nouvelles lois qui ont été votées à mon
initiative, j’ai fait revivre de nombreuses traditions de nos
ancêtres qui étaient en train de tomber en désuétude et j’ai
moi-même transmis à la postérité des exemples à suivre en
de nombreux domaines » (Res gestae, II, 8). Garant du lien
privilégié qui unit le peuple romain et les puissances divines,
Auguste restaure la virtus et la pietas en appliquant la justice
avec clémence. Il aime à donner de lui-même l’image d’un
homme simple, préoccupé du bien public et de son travail de
« prince », sobre, se nourrissant de manière frugale, vivant sans
faste particulier (selon Suétone, Livie, la femme d’Auguste, file
elle-même les toges de son époux). Cependant, il vit entouré
de médecins, car il est de santé fragile.
2. Les élèves retrouvent les explications sur des mots-clés
déjà vus. Vous en montrerez l’importance et la cohérence :
virtus, mos majorum, pietas, fides ont été largement étudiés
en 5e et en 4e, rappelés aux chapitres 1 et 2, de même
que concordia. Ainsi repris, réactivés, développés dans
la progression d’ensemble, les mots-clés permettent de
formaliser les « notions cardinales » de la civilisation romaine,
comme le préconise le programme.
3.
Après avoir mené une recherche pour comprendre
la technique du camée, les élèves observent le portrait
d’Auguste : la couronne civique en feuilles de chêne rappelle
l’honneur décerné par le Sénat (voir ci-dessus), le sceptre
surmonté de l’aigle le pouvoir divin de Jupiter.
© Magnard, 2012 – Latin 3e – Livre du professeur
■ Les documents complémentaires
• La frise chronologique permet de replacer les événements
cités.
• La photo tirée de la série télévisée Rome montre Octave
adolescent : on pourra le confronter avec l’image donnée par
le camée.
• Le camée est mis en relation avec le document de la page 31.
Un nouvel âge d’or
Bien avant les chefs d’État modernes, l’empereur a compris
combien l’art pouvait être une « vitrine » de la politique et
un outil de propagande efficace pour laisser une empreinte
glorieuse de son pouvoir. Son entreprise de restauration
morale et culturelle utilise tous les « supports » de diffusion :
œuvres littéraires et artistiques, réalisations monumentales,
fêtes. Ainsi, en 17 avant J.-C., l’empereur rétablit la tradition
des « Jeux séculaires » qui devaient fêter chaque centenaire
de la fondation de Rome. Le poète Horace est chargé d’en
composer l’hymne : Jam Fides et Pax et Honor Pudorque / priscus
et neglecta redire Virtus / audet apparetque beata pleno / Copia
cornu. « Désormais la Loyauté, la Paix, l’Honneur, la Pudeur
des temps anciens et la Vertu négligée osent revenir et
l’heureuse Abondance apparaît avec sa corne pleine. » (Chant
séculaire, vers 57-60).
Dès l’Antiquité l’appellation glorieuse de « saeculum
Augustum » (« siècle d’Auguste ») marque ainsi le caractère
exceptionnel de la période considérée comme un saeculum
aureum, un « siècle d’or » (à comparer avec le « siècle d’or » de
Périclès ou celui de Louis XIV) : « Un sénateur voulait qu’on
appelât « siècle d’Auguste » tout l’espace de temps qui s’était
écoulé depuis sa naissance jusqu’à sa mort, pour l’inscrire
sous ce titre dans les Fastes » (Suétone, Vie d’Auguste, 100).
4. Selon le principe de l’antonomase, mécène et mécénat
sont des noms communs tirés du nom propre Mécène
(Maecenas, nom d’une grande famille noble d’Étrurie). Les
élèves en retrouvent le sens dans les dictionnaires français de
référence.
5.
Les élèves résument le mythe de l’Âge d’or à partir des
Métamorphoses d’Ovide (livre I) : il a été présenté dans notre
manuel de 5e (chapitre 13). Pour les Romains, Saturne, divinité
latine des semailles, était un roi du Latium primitif. Il aurait
fondé sur le Capitole, à Rome, une ville légendaire appelée
Saturnia. Son règne, considéré comme un âge d’or, devait
revenir en vertu de la théorie cyclique sous le règne d’Auguste,
qui allait ramener la prospérité. La légende latine de Saturne
fut confondue avec celle du Cronos grec, détrôné par son
fils Zeus et venu se réfugier en Italie. L’Âge d’or est donc une
période mythique de félicité sans limites pour les hommes : il
inspire les poètes et les artistes, nourris de culture grecque,
car ils y puisent des motifs à la symbolique « transparente »
pour faire l’éloge du « prince » et du « renouveau national »
qu’il incarne.
6. Tiepolo représente Auguste en imperator (éléments à
relever : jambières, cuirasse, manteau rouge, couronne), assis
sur une chaise curule comme sur un trône, dominant la salle.
Devant lui se présentent la musique, la peinture, la sculpture
(objets à noter : la trompette, le buste en marbre, la palette) et
la philosophie, incarnée par un « sage » vieillard.
• B2i : Se documenter et préparer une fiche illustrée
Roma marmorea
Parmi les bâtiments les plus représentatifs des travaux
d’Auguste à Rome, on peut citer :
– le forum dit « Forum d’Auguste » construit près du forum
de César à qui il est dedié (il contenait le temple de MarsVengeur, commémorant la victoire sur Brutus et Cassius, les
assassins de César, à la bataille de Philippes en 42 avant J.-C.,
ainsi qu’un temple et une statue de César divinisé).
– plusieurs portiques monumentaux dédiés par Auguste
à son entourage (portiques d’Octavie, sa sœur, d’Agrippa,
de Livie, sa femme) ainsi que des jardins, les premiers de
l’urbanisme romain.
– les divers « palais », résidences impériales construites sur le
Palatin (d’où leur nom).
– les arcs de triomphe (Arcus Augusti) successifs érigés sur
le Forum pour commémorer les « hauts faits » d’Auguste
(victoire d’Actium, restitution des enseignes par les Parthes).
– le théâtre dit « de Marcellus » (voir notre manuel de 4e p. 81).
– l’autel de la Paix (Ara Pacis), l’édifice le plus emblématique
de la propagande impériale (voir dossier pp. 36-37 du manuel).
On note que Marcus Vipsanius Agrippa, ami et général
d’Auguste (il a épousé Julie, sa fille unique) joue un rôle
important dans l’œuvre d’Auguste : il fit construire le
Panthéon, des aqueducs (Aqua Julia, Aqua Virgo) ainsi que les
premiers thermes monumentaux de la ville (les thermes dits
d’Agrippa) et un nouveau port sur le Tibre.
Les poètes du prince
Activité numérique complémentaire
COMPLÉMENTS AU LIVRE DU PROFESSEUR
Vous pouvez retrouver des compléments sur les grands
auteurs protégés par Mécène (Horace, Virgile, Properce,
Ovide) sur le site Magnard du manuel : www.3e.latin.
magnard.fr
Compétences
– situer un événement dans le temps, l’espace, les
civilisations (Socle, C5)
– retrouver des informations culturelles déjà connues
– comprendre un vocabulaire spécifique
– avoir des connaissances et des repères relevant de la
culture civique (Socle, C5)
– comprendre les principes d’un État de droit, le
fonctionnement des institutions (Socle, C6)
– mener des recherches personnelles de manière
autonome
© Magnard, 2012 – Latin 3e – Livre du professeur
59
Histoire des arts
L’art au service des valeurs
impériales
pp. 36 – 37
LE PROGRAMME
▶▶ Ce dossier aborde les axes définis dans le tableau « Ouverture vers l’histoire des arts » (B.O., p. 8) : « L’art au
service des valeurs impériales (art et idéologie) » dans le cadre « Idéologies impériales et romanisation ».
OBJECTIFS DU DOSSIER
▶▶ Pour le détail des points spécifiques que permet d’aborder précisément cette double page à partir des grands
axes d’étude définis par le programme d’Organisation de l’enseignement de l’histoire des arts au collège (Bulletin
officiel n° 32 du 28 août 2008), on se reportera à la « grille » détaillée p. 33.
▶▶ Aux « arts du quotidien » (arts appliqués, objets d’art, arts populaires), on ajoutera les « arts du visuel » (arts
plastiques, architecture, peinture, sculpture) et les « arts de l’espace » (architecture, urbanisme, arts des jardins)
pour définir le domaine artistique. La thématique dominante reste la même : « Arts, États et pouvoir », ainsi que
les acquis attendus.
Activité numérique complémentaire
IMAGE À VIDÉOPROJETER
On peut vidéoprojeter la reconstitution de l’Ara Pacis (Autel de la Paix)
pour le faire décrire aux élèves.
Pour situer la problématique historique du dossier, on se reportera à l’ensemble des informations et commentaires donnés dans le
chapitre 3, en particulier en ce qui concerne « l’idéologie politique » d’Auguste et la mise en œuvre de la propagande impériale. Il
s’agit pour les élèves de percevoir de manière cohérente ces grands axes d’étude à travers la variété des supports (monnaies, camées,
sculptures, monuments, etc.).
Observer et comprendre
1.
Le terme clupeus (ou clipeus) virtutis désigne le bouclier en
or offert par le Sénat en 27 avant J.-C. : les élèves retrouvent
cet événement dans le texte des Res gestae (VI, 34) manuel,
p. 31 phrase 3 (voir l’intégralité de la table VI sur le site de
l’université de Liège signalé dans le chapitre 3). Cet objet
éminemment symbolique de la « propagande impériale » est
un renforcement explicite de l’auctoritas marquée par le titre
d’Augustus (manuel p. 30). Le bouclier en or a disparu depuis
longtemps, mais en 1951, à Arles, des archéologues en ont
découvert une copie dans un dépotoir de marbres : cette copie
en marbre porte la date de 26 avant J.-C., l’année où elle a été
érigée et dédicacée à Arles, peut-être en présence d’Auguste.
L’inscription du bouclier en latin
SENATVS
POPVLVSQVE•ROMANVS
IMP(eratori)•CAESARI•DIVI•F(ilio)•AUGVSTO
CO(n)S(uli)•VIII•DEDIT•CLVPEUM
VIRTVTIS•CLEMENTIAE
IVSTITIAE•PIETATIS•ERGA
DEOS•PATRIAMQVE
Les noms notés en abrégé (imperatori, filio, consuli) sont à
mettre au datif car ils font partie du groupe COS du verbe
dedit : ils donnent la titulature officielle d’Auguste (voir
60
manuel p. 30). On note aussi le génitif divi complément du
nom filio (« au fils du divin », c’est-à-dire « de César » divinisé).
La traduction
Le Sénat et le Peuple romain, à l’imperator César, fils du
divin (Jules), Auguste, consul pour la huitième fois, donna (=
donnèrent, accord de proximité) le bouclier de la vertu, de la
clémence, de la justice et de la piété à l’égard des dieux et de
la patrie.
2. On retrouve les quatre « vertus » cardinales du chef
romain (vertueux et courageux, clément, juste, pieux), telles
que les a fixées la tradition romaine et stoïcienne : « vertu » de
courage (virtus), clémence envers l’ennemi (clementia), justice
(justitia), piété envers les dieux et la patrie (pietas erga deos
patriamque). C’est ce qu’attend le peuple dans une période
de réconciliation nationale.
On rappelle que le nom virtus désigne à la fois la force, le
courage et le mérite personnels. La clementia modère la
justitia, car le souci de justice peut conduire à la sévérité
du châtiment. Quant à la pietas erga deos patriamque, elle
dépasse la virtus qui reste liée à la valeur individuelle. De fait,
la pietas, comme la fides, exige le respect qu’Auguste, « père
de la patrie » (manuel p. 28), attend à son égard, comme le
pater familias l’attend de ses enfants.
Il faut remarquer que sur le bouclier d’Arles, l’accent a été
précisément mis sur cette pietas erga deos patriamque. En
© Magnard, 2012 – Latin 3e – Livre du professeur
effet, le double objet de la pietas ne saurait être séparé pour
un Romain : aimer les dieux, leur rendre un culte comporte
l’amour de la patrie et il est vain de prétendre servir celle-ci
si on néglige ou méprise les dieux et la religio. Le bonheur
des citoyens, le salut de la patrie, la victoire dépendent de
la pietas des dirigeants de l’État. Horace le dit : « c’est d’une
conduite soumise aux dieux que tu tiens ton empire, d’eux en
toutes choses fais partir le commencement, à eux rapporte la
fin » (Odes civiques, VI).
3. L’aureus d’Auguste fait partie des monnaies, frappées en
Espagne, qui mettent en avant le clipeus virtutis (voir aussi
l’aureus d’Auguste frappé en Espagne vers 19-18 av. J.-C.,
conservé au Pergamon Museum de Berlin). Ces pièces n’ont
pour légende en avers que les deux mots Caesar Augustus :
on n’y voit ni le titre d’imperator, qui ne manque pourtant pas
sur d’autres pièces, ni la couronne qu’Auguste avait le droit
de porter en toute occasion. Il semble bien qu’ici la volonté
du princeps soit de trouver les raisons les plus certaines d’un
intangible prestige – et de sa sauvegarde – sur le terrain
exclusivement moral.
Les élèves observent l’avers (portrait d’Auguste, tête nue,
et inscription Caesar Augustus) et décrivent le revers : une
Victoire ailée tenant une couronne et survolant le clipeus
virtutis (on reconnaît sa forme ronde), sur lequel on lit les
initiales CL (= clipeus) V (= virtutis). De part et d’autre de cette
figure, on lit les initiales SP/QR (Senatus Populusque Romanus).
4. La « vertu » représentée sur ce panneau est la pietas erga
deos patriamque, telle que la met en valeur le clipeus virtutis.
Les Pénates sont les deux divinités qui protègent le foyer : ce
sont elles qu’Énée a emportées de Troie pour les protéger
et les honorer dans sa nouvelle « patrie », l’Italie (voir notre
manuel de 5e, chapitres 1 et 7).
5. Comme la statue d’Auguste (voir chapitre 3, pp. 28-29),
l’autel de la Paix était polychrome (du grec poly-, plusieurs et
chromo-, couleur). Aujourd’hui, de nombreuses expériences
sont menées pour redonner aux œuvres antiques leur
polychromie d’origine, car beaucoup d’entre elles en ont
conservé des traces que les spécialistes peuvent analyser.
En ce qui concerne l’autel de la Paix, un spectacle « son et
lumière » a mis en scène cette restitution de l’édifice grâce
à une projection d’images colorées sur les divers panneaux
(comme on peut en voir sur certaines cathédrales en
France). C’est de cette restitution que s’inspire notre essai de
colorisation (manuel p. 37).
6. L’Auguste
d’Orange est vêtu en imperator : les élèves le
compareront à la statue dite « Prima porta » (manuel, pp. 28-29).
C’est donc la fonction du chef militaire qui est ici mise en valeur.
7. On trouvera dans les liens signalés sur le site Magnard
celui qui permet d’accéder à l’excellent dossier de Sylvie Royo
sur Auguste et l’Ara Pacis. Les élèves y trouveront toutes les
informations nécessaires pour bâtir leur propre dossier.
Auguste a effectué en Gaule et en Espagne un voyage de trois
ans, de 16 à 13 av. J.-C. L’autel de la Paix a été consacré en 9 av.
J.-C. Voici comment Auguste lui-même raconte l’événement
dans ses Res gestae : « Lorsque je suis revenu d’Espagne et de
Gaule après avoir heureusement réglé les affaires dans ces
provinces, sous le consulat de Tiberius Nero et de Publius
Quintilius, le Sénat décida en l’honneur de mon retour de
consacrer un autel à la Paix Auguste près du Champ de Mars,
autel sur lequel il décréta que les magistrats, les prêtres et les
Vierges vestales procéderaient à un sacrifice anniversaire »
(table II, 12).
S’entraîner au brevet
8. La formule « Senatus PopulusQue Romanus », mentionnée
au complet sur le bouclier et abrégée en SPQR sur l’aureus,
maintient l’apparence du régime républicain (voir dans notre
manuel de 4e p. 26). Elle sera utilisée tout au long de l’Empire.
9. L’autel
de la Paix se réfère explicitement aux mythes
des origines avec deux panneaux : celui d’Énée sacrifiant
aux Pénates et celui présentant les jumeaux Romulus et
Rémus nourris par la louve (les élèves le retrouveront sur le
site signalé ci-dessus). Auguste est ainsi présenté comme
l’héritier direct des « grands ancêtres » fondateurs, annoncé
tel un messie par Virgile (manuel, p. 35).
10. L’ensemble des documents présentés dans cette double
page ainsi que dans les pages des chapitres précédents
permet de développer les nombreuses pistes d’étude que
nous avons suggérées. Les élèves prendront conscience
que la propagande est affaire de symboles, véhiculés par
des images autant sinon plus que par des mots ; ils ne
manqueront pas de faire le lien avec le monde moderne où
cette propagande s’exerce toujours selon les mêmes codes.
Signalons pour conclure que de nombreux autres œuvres et
édifices peuvent compléter cette approche de la propagande
augustéenne, tel le Trophée des Alpes (Tropaea Augusti), dit
aussi « de la Turbie » (dans les Alpes-Maritimes), qui, en 14
avant J.-C., consacra l’annexion définitive de tous les monts
et de toutes les vallées des Alpes, depuis le golfe de Gênes
jusqu’au fond de l’Adriatique.
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