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DOSSIER
à la lésion du nerf infra-orbitaire ou de ses
branches et associent des troubles vasomo-
teurs et sécrétoires : rhinorrhée, larmoiement,
rougeur et œdème cutané… Le traitement
associe antidépresseurs, anti-épileptiques,
voire des blocs anesthésiques locaux 3.
Les céphalées du
« vacum sinus »
de Sluder sont
liées à l’obstruction mécanique aseptique du
canal naso-frontal, responsable d’une dépression
douloureuse du sinus frontal avec un œdème
secondaire de la muqueuse. Ces douleurs orbito-
frontales sont exacerbées lors de l’accommoda-
tion visuelle rapprochée. L’imagerie doit éliminer
une sinusite chronique éthmoïdo-frontale 3.
Les céphalées « nasales » sont des douleurs rap-
portées à un contact muqueux entre les cornets
et le septum, une déviation septale ou un éperon
endonasal, une
concha bullosa
, sans sinusite
systématisée. Ces anomalies déclencheraient
la sécrétion locale de neuropeptides algogènes
– d’où les céphalées 14 – mais ont pu être rappor-
tées en dehors de tout contexte algique1. L’appli-
cation sous contrôle endoscopique d’un mélange
anesthésique local ou de capsaicine sur la zone de
confl it muqueux doit réduire les douleurs avant de
proposer une chirurgie correctrice 15. Ce concept
de céphalées nasales est controversé 16.
Le traitement proposé va comporter des anti-
biotiques dans 70 à 80 % des cas alors qu’ils
ne sont indiqués que dans les infections à
streptocoques. Une plus large utilisation du
test de diagnostic rapide antigénique devrait
permettre d’identifi er les patients susceptibles
d’en bénéfi cier 18.
Les plaintes au cours des infections pharyn-
gées sont la douleur, les troubles de déglutition,
et l’odynophagie. L’origine amygdalienne est
fréquente mais non exclusive 19.
■ Origine amygdalienne
La douleur est fréquente dans les atteintes de
l’amygdale, d’origine infectieuse ou tumorale.
Elle est aggravée par la déglutition et s’asso-
cie à une otalgie homolatérale d’irradiation. La
dysphagie accompagne très souvent la douleur.
Elle est à distinguer du
« globus pharyngeus »
ressenti comme une sensation de blocage pha-
ryngé vis-à-vis de la salive, moins souvent pour
les aliments et en rapport avec un spasme du
muscle crico-pharyngien secondaire à un refl ux
gastro-œsophagien, un diverticule, ou surtout
le stress 20.
L’odynophagie est une diffi culté de déglutition
en rapport avec la douleur, elle est fréquente
au cours de l’amygdalite, et particulièrement
intense en cas de carcinomes. D’autres signes
peuvent alors s’associer comme le trismus, une
déviation à la protraction linguale, une dyspnée
laryngée trachéale, une paralysie des nerfs crâ-
niens (X, XII, IX), des adénopathies cervicales
traduisant l’évolution carcinomateuse.
Les atteintes infectieuses aiguës de l’amyg-
dale, appelées aussi pharyngite aiguë ou
angine sont des infl ammations de l’amygdale
palatine (tonsille). Les angines non spécifi ques
sont d’origine virale dans les deux tiers des
cas (adénovirus, rhinovirus, virus infl uenza,
para-infl uenza, virus respiratoire syncytial,
herpès…). Les étiologies bactériennes ne
représentent qu’un tiers des cas et sont dues
le plus souvent aux streptocoques du groupe
A (20 à 30 % des angines en milieu scolaire),
mais aussi
haemophilus infl uenzae
ou
myco-
plasma pneumoniae
. Certains tableaux sont
plus sévères mais plus rares comme l’angine
de Vincent (agents anaérobies) ou au décours
d’une scarlatine, tularémie ou diphtérie 3 ou lors
de pathologie maligne (lymphome non hodgki-
nien) ou par infection VIH.
Les angines peuvent se compliquer d’abcès
péri-tonsillaires ou parapharyngés, suppuration
unilatérale développée autour de la capsule
amygdalienne œdématiée et refoulée avec un
voile bombé et de nombreuses adénopathies.
Elle est accompagnée de fi èvre, de douleur
intense, de trismus, de déglutition diffi cile. Le
streptocoque bêta hémolytique du groupe A
est souvent en cause. Chez l’enfant, l’abcès
rétro-pharyngé est secondaire à une infection
du tractus respiratoire supérieur. Le drainage
chirurgical des collections péri-pharyngées
confi rme le diagnostic, permet les prélève-
ments bactériologiques et par sa fonction éva-
cuatrice soulage rapidement les symptômes.
Elle est associée à l’antibiothérapie et aux
antalgiques, les anti-infl ammatoires pouvant
favoriser la survenue d’abcès péripharingés.
Les pharyngites chroniques ou amygdalites
chroniques sont d’étiologies diverses et pas
toujours caractérisées. Elles peuvent être
associées à des altérations de la muqueuse
pharyngée comme l’hyperplasie amygda-
lienne (rétention cryptique de débris épithéliaux
surinfectés : caséum…), à des mycoses, une
pharyngite sèche du syndrome de Gougerot ou
secondaire aux traitements psychotropes, voire
un carcinome muqueux. Les algies pharyngées
isolées sans altération muqueuse peuvent être
en rapport avec un
« globus pharyngeus »
,
c’est un diagnostic d’élimination de toutes les
autres pathologies, en particulier carcinologique.
Les traitements proposés au cours des pharyn-
gites aiguës ont fait l’objet de plusieurs études
et analyses dans la littérature.
■ Les traitements
Une méta-analyse récente à propos de la dou-
leur pharyngée montre que l’ibuprofène et le
paracétamol sont plus effi caces que le pla-
cebo. Sur trois essais randomisés chez l’adulte
(N = 346) et deux en pédiatrie (N = 347)
400 mg ibuprofène 3 fois/jour (10 mg/kg chez
l’enfant) sont plus effi caces que le paracétamol
(dose 1 g 3 fois/jour ou 15 mg/kg chez l’enfant) 21.
Les antibiotiques sont effi caces sur la douleur
de pharyngite à 3 jours/placebo mais avec des
résultats plus modestes à 7 jours et surtout
dans le groupe pharyngite à streptocoques
22.
En population pédiatrique, le scoring clinique
avec test antigénique est plus bénéfi que (rap-
port coût/effi cacité) que le traitement antibio-
tique d’emblée 23.
Les douleurs pharyngées
À partir de différentes méta-
analyses pour le traitement de
la pharyngite aiguë en soins
primaires, il est recommandé :
l’ibuprofène et/ou le paracé-
tamol en première intention,
les médicaments à usage local
(gargarismes avec eau salée,
pastilles à sucer contenant des
anesthésiques locaux), l’alimen-
tation et les boissons douces,
tièdes voire froides ou même
glacées. Les antibiotiques pour
les pharyngites streptococ-
ciques sont prescrits si l’infec-
tion est confi rmée par un test
antigène streptococcique 28.
Les douleurs pharyngées aiguës sont un motif de consultation fréquent en
soins primaires. Elles sont le plus souvent d’origine virale mais les infections
bactériennes liées aux streptocoques B-hémolytiques représentent 15 à 30 %
des cas chez l’enfant et 5 à 15 % des cas chez l’adulte 17.
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