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Banque Agro-Veto - Session 2011
Rapport sur les concours A - filière BCPST
Exemple de copie d’un candidat de la session 2011
Afin d’éclairer et de compléter le rapport sur la session 2011 de l’épreuve de composition
française, nous proposons ci-dessous, recopiée telle quelle une copie qui a obtenu la note 12.
Le but que nous nous proposons en publiant ainsi une copie n’est en aucun cas de proposer un
modèle à suivre ou un idéal dont il faudrait se rapprocher, mais plutôt de mettre en avant un
exemple parmi d’autres de devoir honnête, ni excellent ni mauvais, afin d’encourager les
candidats dans leur préparation, et de leur montrer, en un mot, que le travail paye.
Cette copie comporte bien entendu des défauts et des qualités que nous choisissons de ne pas
énumérer, mais son intérêt principal en tant qu’exemple est qu’elle témoigne d’une bonne
connaissance des œuvres, et qu’elle s’attache avec sérieux à cerner le sujet, c'est-à-dire qu’elle
réunit les deux conditions qui donnent à un candidat les moyens de réussir son épreuve de
français.
« Une âme forte est animée par quelque passion altière et courageuse ». Cette citation de
Vauvenargues nous montre qu’une personne est forte lorsqu’elle veut réaliser une unique passion.
Ainsi, elle est animée par une passion très haute et n’aspire qu’à cela. Cette personne a donc une
grandeur d’âme immense et on l’admire pour ses actes de courage, de noblesse et de bonté
qu’elle réalise, comme chez les héros antiques qui défiaient les Dieux. Mais à l’inverse, on peut
également admirer des actes mauvais, non pas parce qu’une partie de nous les envie, mais pour la
grandeur d’âme, la force qu’il a fallu pour les commettre, la même force que pour une âme forte.
C’est en tout cas ce que cherche à nous montrer Corneille dans cette citation issue du Discours
de l’utilité et des parties du poème dramatique, à propos d’un de ses personnages : « tous ses
crimes sont accompagnés d’une grandeur d’âme qui a quelque chose de si haut qu’en même
temps qu’on déteste ses actions, on admire la source dont elles partent ». Pour lui, malgré
l’atrocité des actes que l’on déteste, on admire la force qu’il a fallu au criminel pour les
accomplir, c’est la puissance de cette âme qui nous fascine. Mais est-ce que les actes relevant du
mal proviennent d’une force ou n’est pas plutôt une faiblesse qui les causent ? Ainsi, nous
verrons en quoi ces actes semblent relever d’une force, mais en quoi ils peuvent provenir d’une
faiblesse et enfin nous montrerons que la grandeur réside dans la lutte contre les pulsions qui
nous conduisent aux crimes, grâce aux œuvres du programme.
D’abord, le mal que l’homme commet provient d’une force qui anime l’homme dans certains cas.
Les sources du mal sont variées, mais elles proviennent d’une force qui est en l’homme. Cela
peut être la volonté, la volonté de domination par exemple pour Thérèse dans Les Âmes fortes,
qui veut soumettre son mari Firmin et Madame Numance à ses désirs. Elle y parvient pour Firmin
et déclare à son sujet : « Il faisait tellement d’efforts pour m’obéir au doigt et à l’œil qu’il en
suait ». Cette force peut aussi être l’amour propre pour Rousseau, c’est-à-dire lorsque quelqu’un
entre dans une logique de comparaison par rapport aux autres, et il pense que c’est mauvais. En
effet, il déclare : « L’être mauvais est celui qui ordonne le tout par rapport à lui ». La force peut
être également l’orgueil pour Macbeth, dans la pièce éponyme de Shakespeare, c’est la force qui
le pousse à assassiner le bon roi Duncan, et elle est flattée par sa femme, Lady Macbeth,
lorsqu’elle lui dit : « Et comme un couard vivre sur cette terre, laissant le « je n’ose pas » veiller
sur « je voudrais ». Ainsi, quelle que soit la force qui pousse aux crimes, elle naît de l’intérieur de
l’homme et de ses désirs profonds.
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De plus, on admire alors cette force car elle est poussée à l’absolu. En effet, pour Giono, Thérèse
est une âme forte dans le mal car sa seule passion est de dominer les autres, c’est la seule chose
qui la rend heureuse. Elle déclare : « Ouf, je l’avais échappé belle ! Ma vie était un bonheur ». Et
elle fait tout pour dominer, elle ne pense qu’à cela tout au long du roman, d’abord avec Firmin
puis avec Madame Numance. Donc sa volonté est portée à l’absolu, elle est si haute qu’on peut
l’admirer. Macbeth aussi, dans un certain sens, pousse sa force qui lui fait faire le mal à l’absolu.
En effet, après le meurtre de Duncan, il désire toujours et toujours être le plus puissant, et pour
cela il rentre dans une logique meurtrière au point que « la terre d’Ecosse n’est plus mère ». Cela
pousse certain à l’admirer pour ce qu’ils appellent : « fureur guerrière ».
Ainsi, certains se construisent dans le mal, comme pour Thérèse : plus le roman avance, plus elle
devient forte et elle sort du roman « fraîche comme la rose ».
Enfin, pour parvenir à leur fin, certaines personnes ont recours à des outils pour persévérer dans
le mal, le principal étant l’illusion. Ainsi, Macbeth cache que c’est lui qui a assassiné Duncan, de
même pour Lady Macbeth qui dit : « Visage faux doit cacher ce que cœur faux connaît », et ainsi
ils deviennent roi et reine d’Ecosse. Thérèse aussi a recours à des illusions, elle façonne son
apparence et ses sentiments pour parvenir à son but. Elle déclare : « Á la fin, j’imitais tous les
sentiments sans les sentir ».
Cependant, on peut interpréter ses différentes sources du mal, non pas comme ce qui permet
d’élever une âme, mais au contraire comme ce qui abaisse et le détruit. Ainsi, il n’y a rien
d’admirable chez quelqu’un qui fait le mal. Et la faiblesse réside dans la faiblesse de l’âme qui ne
résiste pas à ses tentations.
En effet, on peut penser que l’homme commet des crimes car il cède à ses faiblesses, qui sont
l’orgueil, l’amour propre ou la méchanceté, alors que ses forces sont la vertu, l’amour de soi, la
pitié etc… Ainsi, cela dépend de ce que l’on nomme force. Par exemple, pour Giono, une âme
faible est une âme qui est soumise à plusieurs petites passions qui sont toutes d’une bassesse
absolue et Thérèse pense de ces personnes : « Tous les hommes sont des cochons ». C’est une
certaine animalité et l’instinct qui le pousse au crime. Ainsi, il cède à la jalousie et à l’amour
propre comme dans le cas de Madame Carluque, une bourgeoise des Âmes fortes qui rachète le
cheval préféré de Madame Numance lorsqu’elle a des problèmes d’argent et parade ensuite dans
tout Châtillon. Alors on n’admire pas la source du mal car ce n’est pas une grandeur d’âme mais
bien une bassesse d’âme qui les anime. De même, on peut voir le meurtre de Duncan dans
Macbeth comme un acte de lâcheté incroyable puisqu’il le tue dans son sommeil, et il essaie
d’abord de se déresponsabiliser de ce meurtre en évoquant le destin à travers la vision des trois
sorcières. C’est l’illusion du pouvoir qu’il pourrait avoir qui le pousse au meurtre.
De plus, dans ce cas-là, l’homme ne se voit plus du tout renforcer par ses pulsions et au contraire
elles peuvent le conduire à la destruction de son être. C’est le cas de Macbeth, qui se
métamorphose après le meurtre et commence à être livré à des remords. Il s’écrie en voyant les
mains couvertes de sang qui ont tué Duncan : « Ah ! Qu’est-ce que ces mains ! Elles crèvent mes
yeux ! ». Au banquet après avoir été couronné roi, il voit le spectre Banquo, son ami qu’il a fait
tuer, ce qui l’empêche de s’asseoir sur son trône. Ainsi ces remords entraînent la perte de toute
sensibilité et même de son identité, puisqu’il devient totalement paranoïaque ; et sa femme
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devient folle. Donc le mal devient destructeur et on hait la source du mal qui l’a conduit jusqu’ici
et la faiblesse qui l’a permise.
Ainsi, le mal peut naître d’une faiblesse, faiblesse de notre volonté qui n’a pas su résister au mal
et alors l’homme n’a pas de grandeur d’âme. Au contraire, cette grandeur d’âme ne se définit-elle
pas comme étant la force de résister au mal et à toutes ces pulsions à l’intérieur de nous-même ?
Freud, dans une lettre à Einstein, déclare : « Vous soupçonnez que l’homme possède en lui une
pulsion qui le pousserait à la haine et à la destruction et je suis entièrement d’accord avec vous.
Un simple coup d’œil sur l’histoire du monde nous révèle un défilé ininterrompu de conflits entre
les différentes communautés humaines ». Donc pour lui, le mal naît de pulsions malsaines et il
faut savoir orienter cette énergie vers d’autres buts, en faisant d’elle une énergie constructrice, en
la canalisant grâce à la culture. Ainsi, on détourne les sources du mal en les transformant en
sources du bien.
De plus, dans la religion chrétienne, le mal réside dans la transgression de l’ordre et il faut
résister à nos désirs et suivre l’ordre. En effet, Saint Augustin déclare : « L’homme bon est celui
qui se livre une guerre continuelle par le jeûne et l’abstinence pour réduire son corps en
servitude ». Il faut donc se battre contre nos désirs et ainsi prouver sa vertu et sa morale, et ainsi
sa grandeur d’âme. En effet, Rousseau pense que l’homme possède en lui des passions
contradictoires : « L’homme n’est point un : je veux et je ne veux pas. Je connais le bien, je
l’aime, mais je choisis le mal ». Il faut alors se battre et suivre la voix de notre conscience
morale, suivre nos sentiments et faire le bien.
Enfin, l’exemple du discours entre Malcolm et Macduff montre que l’on peut résister au mal :
Malcolm, roi légitime d’Ecosse, veut construire une armée pour chasser Macbeth de son pays.
Macduff se propose de l’aider, mais Malcolm lui dit que s’il prend le pouvoir, il sera un tyran
encore pire que Macbeth et que Macduff aurait alors beaucoup de pouvoir s’il aide. Mais
Macduff refuse : ainsi, il montre à Malcolm sa vertu en ayant résisté au désir de pouvoir. Ainsi,
sa grandeur d’âme est démontrée par sa force à résister au mal et on admire ces hommes.
Nous avons donc vu que le mal peut naître d’une force qui avait une grandeur, car elle provient
des désirs de l’homme qui sont réalisés grâce à une très grande volonté de la part de ces êtres, ces
forces pouvant être poussées à l’absolu et qui conduisent à l’élévation d’un individu, comme c’est
le cas pour Thérèse : le mal est alors constructeur et ces âmes sont des âmes fortes. Mais ce n’est
pas le cas pour tout le monde, chez certains, on peut voir leur crime non pas comme une force
que l’on développe, mais comme une faiblesse à laquelle on n’a pas su résister ; cela peut être
l’amour propre ou la soif de pouvoir. Ces âmes sont dans ce cas des âmes faibles et le mal
devient destructeur, comme pour Macbeth. Alors la grandeur d’âme réside dans la lutte contre ses
passions mauvaises, notre force étant alors la vertu et la conscience morale, et c’est ainsi que l’on
peut pleinement admirer une personne.
Enfin, on peut envisager la grandeur d’âme de quelqu’un par tous les actes de bonté qu’il réalise,
et alors on admire la source de l’action et l’action même. C’est le cas de Madame Numance, dans
Les Âmes fortes de Giono, qui donne tout son argent pour aider son prochain. Elle est décrite
comme étant « la bonté sur terre ».
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