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IBODE. Ce n’est donc pas la motivation qui manque, mais
les possibilités techniques.
PHAR : Dans certaines régions, les établissements publics
de santé ont du mal à recruter du personnel IBODE ( AP-
HP par exemple). Quelles seraient les mesures à
prendre pour entraîner une meilleure attractivité de
ces postes ?
Charline Depooter : Il faudrait déjà que le métier d’infirmi-
ère soit attractif. Et ce n’est pas évident. En autorisant des
aides-opératoires à faire des soins infirmiers par exemple,
on ne contribue pas à valoriser la profession. Quant aux
IBODE, il faudrait qu’après une formation de 18 mois, la
différence de salaire soit significative si l’on veut rendre
cette profession attractive.Mais il faut aussi que nous fassions
davantage connaître notre métier et que l’on aille, par
exemple, dans les instituts de formation en soins infirmiers
présenter notre métier.
PHAR : Les hôpitaux se lancent, pour certains, dans une
réflexion sur l’organisation du fonctionnement des blocs
opératoires. Il existe des zones de pertes de charges et
des dysfonctionnements. De votre côté, en tant qu’IBODE,
quelles sont les critiques organisationnelles que vous
portez ? Quelles sont les mesures que vous proposez pour
pallier ces dysfonctionnements ?
Charline Depooter : Je pense, que l’organisation d’une
journée opératoire fait intervenir de nombreux acteurs :
chirurgiens, anesthésistes, cadres infirmiers. Chacun fait
valoir ses besoins ou ses impératifs. Quand il existe une
bonne entente, c’est parfait.Mais, on assiste souvent à une
bataille de pouvoir stérile et néfaste. Il me paraîtrait utile
que soit désigné un responsable qui tranche et qui soit le
référent dans l’organisation, le Cadre par exemple.
IBODE, FUTURS ASSISTANTS DE
CHIRURGIE ?
PHAR : Devant la pénurie de chirurgiens, votre
profession milite-t-elle pour un transfert de tâches.
Les IBODE ne pourraient-elles pas remplacer les
chirurgiens pour certaines séquences du temps opéra-
toire ?
Charline Depooter : Déjà, notre formation
comporte des éléments qui permettraient
de réduire le temps opératoire des
chirurgiens : l’installation du patient, la
préparation de la paroi, la pose des champs…
Ce sont des gestes qui sont censés être
effectués en présence du chirurgien. Mais si
l’on avait une prescription ou des protocoles
définis, nous pourrions les effectuer indé-
pendamment de lui. Le chirurgien pourrait
arriver pour la première incision. Ensuite,
après l’intervention, nous pourrions fermer
la peau. De même, sur prescription, il devrait nous être
possible de faire des plâtres et même d’effectuer certaines
sutures aux urgences.
Dans un autre domaine, je pense que l’on pourrait faire
gagner du temps aux chirurgiens dans les consultations
pré-opératoires en donnant toutes les explications aux
patients sur ce qu’il doit faire et savoir avant d’entrer au
bloc opératoire (information, hygiène...).
PHAR : Dans certains pays, les IBODE sont formées à une
fonction particulière comme la suture de vaisseaux, ce
qui permettrait d’accélérer le temps opératoire. Qu’en
pensez-vous ?
Charline Depooter : Je pense qu’avec une formation
supplémentaire, nous pourrions effectuer d’autres gestes
tels que l’ablation de matériel ou la suture de vaisseaux.Mais
ce n’est pas à l’ordre du jour. A ce propos, nous avons
organisé un groupe de travail dirigé par le Pr Kreitman,qui
a rédigé un rapport proposant la création d’un nouveau
métier, celui d’assistant de chirurgie tel qu’il existe aux
Etats-Unis ou au Canada. Cela serait une manière de
pallier au bloc le manque d’internes. Ce rapport a été
présenté au ministre de la santé dont on attend la réponse.
Certains chirurgiens y sont très favorables.
PHAR : Pour la formation initiale tant IDE qu’IBODE,
faut-il, comme dans certains pays anglo-saxons, que
cette formation se fasse au sein d’une université de
santé ? Un projet d’un tronc commun de 2 années en vue
d’un DEUG de santé pour accéder à une formation
universitaire en soins infirmiers vous semble-t-il
pertinent ?
Charline Depooter : Non seulement une telle formation
serait utile, mais de plus un diplôme universitaire
contribuerait certainement à la reconnaissance de notre
profession.
Propos recueillis par le Dr Gérard Gertner
(1) Décret d’actes infirmiers n°93-345 du 16 mars 1993
(2) Loi n°99-641 du 27 juillet 1999 portant création d’une
couverture maladie universelle
(3) Décret n°2001-1378 du 31 décembre 2001
INTERVIEW