Allongement de la formation des IBODE Un décret publié au Journal officiel du 11 octobre 2001 porte la formation des IBODE de 10 à 18 mois. L’UNAIBODE et l’AIEBO voient ici une de leurs principales et plus anciennes revendications enfin satisfaite. Les IBODE souhaitent également une réglementation leur conférant une exclusivité de leur exercice professionnel afin d’éviter que des personnels sans qualification officielle, telles les aides opératoires, puissent intervenir dans les blocs opératoires. Droit des malades Le projet de loi concernant les droits des malades a été voté en première lecture à l’Assemblée nationale. Ce vote réaffirme la nécessité de développer une démocratie sanitaire, particulièrement en déterminant des droits précis aux usagers, en les associant à l’évolution et aux décisions du monde de la santé. Le texte intégral de ce projet est disponible sur Internet, à l’adresse suivante : www.assemblee-nationale.fr/ dossiers/droits_des_malades.asp. Les hôpitaux explosent aussi ! Vendredi 21 septembre 2001, l’usine AZF de Toulouse explose. Les médias évoquent immédiatement la situation des habitations privées et des établissements scolaires situés à proximité. Mais, ce que l’on sait moins, car les médias ne l’ont relaté que le lundi 24, c’est qu’en face de l’usine, un hôpital spécialisé en psychiatrie, l’hôpital Gérard-Marchant, a été dévasté. Pourtant, le personnel s’est mis immédiatement au service de la population pour apporter les premiers soins aux blessés. Mille personnes, dont 350 patients, se trouvent habituellement sur le site. Les locaux étant inutilisables, 63 patients ont réintégré leur domicile ou leur famille, et 4 287 patients ont été répartis sur plus de 70 sites situés sur cinq départements, certains étant hospitalisés à 150 km de Toulouse. Les nouveaux patients dont la situation nécessite une hospitalisation sont désormais adressés à plus de 200 km, c’est-à-dire hors de la région Sud-Ouest. Les difficultés engendrées sont énormes. La dispersion des patients rend le travail de suivi et d’accompagnement infirmier extrêmement difficile puisque ces professionnels doivent parfois effectuer des déplacements de plus de 100 km pour aller voir un patient. Leurs journées de travail avoisinent alors environ 15 heures d’activité quotidienne. Une grande partie des familles n’a plus la possibilité de rendre visite à leur parent. Le CHU cause également quelques soucis aux personnels. En effet, son conseil d’administration refuse de voter une motion de soutien à l’hôpital Gérard-Marchant. Les infirmiers de secteur psychiatrique accompagnent un certain nombre de patients pour une admission dans le service de psychiatrie du CHU et se voient refuser la possibilité de les prendre en charge parce qu’ils ne sont pas diplômés d’État. Les personnels de l’hôpital GérardMarchant se mobilisent donc pour faire face à la situation et pour que les pouvoirs publics, et particulièrement le ministère de la Santé, trouvent rapidement des locaux de remplacement. Une des meilleures solutions consisterait à occuper les locaux de l’hôpital Larrey, ancienne structure militaire quasiment vide. Mais les premières propositions faites au personnel de l’hôpital psychiatrique ne sont pas allées dans ce sens. Il était envisagé de reloger patients et personnels dans des baraquements provisoires (?) installés dans un champ entre plusieurs rocades et pistes aéroportuaires. Une commission d’experts a été nommée et elle s’est finalement Professions Santé Infirmier Infirmière - No 31 - novembre 2001 prononcée pour l’octroi de trois étages de l’hôpital Larrey. Malheureusement, ces trois étages ne permettent d’accueillir que 120 malades. Alors, quid des 200 patients restants ? Le ministère reste sans réponse concrète. Les personnels considèrent que le déplacement des malades mentaux s’aggrave de jour en jour. Ils ont constitué le “Collectif Fous de rage” pour dénoncer la situation actuelle (1). Ces mêmes personnels ont été déçus de constater qu’après l’explosion de l’hôpital, plusieurs ministres se sont rendus sur place sans pour cela franchir le seuil de l’établissement. La difficulté demeure dans le suivi des patients par les équipes infirmières. Il ne s’agit plus de plancher sur la RTT, l’accréditation et la démarche qualité ou d’alimenter les données statistiques des établissements. Il s’agit simplement d’aller à l’essentiel afin d’assurer un minimum de confort clinique et relationnel à des patients qui, quelle que soit la situation, ont toujours des droits, qui mettent en avant la considération et le respect qui leur sont dus. Mais il s’agit également de considérer la situation des professionnels de l’hôpital Marchant qui ont, depuis plusieurs semaines, le sentiment d’être laissés-pourcompte, au même titre que les patients qu’ils accompagnent tous les jours. Marc Livet Cadre infirmier (1) Tous les détails sur le forum consacré à l’hôpital Marchant sur le site www.serpsy. org. Prochain numéro le 17 décembre 2001