Professions Santé Infirmier Infirmière - No31 - novembre 2001
Allongement
de la formation
des IBODE
Un décret publié au Journal offi-
ciel du 11 octobre 2001 porte la
formation des IBODE de 10 à
18 mois. L’UNAIBODE et l’AIEBO
voient ici une de leurs principales
et plus anciennes revendications
enfin satisfaite. Les IBODE sou-
haitent également une réglemen-
tation leur conférant une exclusi-
vité de leur exercice professionnel
afin d’éviter que des personnels
sans qualification officielle, telles
les aides opératoires, puissent in-
tervenir dans les blocs opératoires.
Droit des malades
Le projet de loi concernant les
droits des malades a été voté en
première lecture à l’Assemblée
nationale. Ce vote réaffirme la né-
cessité de développer une démo-
cratie sanitaire, particulièrement
en déterminant des droits précis
aux usagers, en les associant à
l’évolution et aux décisions du
monde de la santé. Le texte inté-
gral de ce projet est disponible sur
Internet, à l’adresse suivante :
www.assemblee-nationale.fr/
dossiers/droits_des_malades.asp.
Les hôpitaux
explosent aussi !
Vendredi 21 septembre 2001,
l’usine AZF de Toulouse explose.
Les médias évoquent immédiate-
ment la situation des habitations
privées et des établissements sco-
laires situés à proximité. Mais, ce
que l’on sait moins, car les médias
ne l’ont relaté que le lundi 24, c’est
qu’en face de l’usine, un hôpital
spécialisé en psychiatrie, l’hôpital
Gérard-Marchant, a été dévasté.
Pourtant, le personnel s’est mis
immédiatement au service de la
population pour apporter les pre-
miers soins aux blessés.
Mille personnes, dont 350 pa-
tients, se trouvent habituellement
sur le site. Les locaux étant inuti-
lisables, 63 patients ont réintégré
leur domicile ou leur famille, et
287 patients ont été répartis sur
plus de 70 sites situés sur cinq dé-
partements, certains étant hospi-
talisés à 150 km de Toulouse.
Les nouveaux patients dont la si-
tuation nécessite une hospitalisa-
tion sont désormais adressés à
plus de 200 km, c’est-à-dire hors
de la région Sud-Ouest.
Les difficultés engendrées sont
énormes. La dispersion des pa-
tients rend le travail de suivi et
d’accompagnement infirmier ex-
trêmement difficile puisque ces
professionnels doivent parfois ef-
fectuer des déplacements de plus
de 100 km pour aller voir un pa-
tient. Leurs journées de travail
avoisinent alors environ 15 heures
d’activité quotidienne.
Une grande partie des familles n’a
plus la possibilité de rendre visite
à leur parent.
Le CHU cause également quelques
soucis aux personnels. En effet, son
conseil d’administration refuse de
voter une motion de soutien à l’hô-
pital Gérard-Marchant. Les infir-
miers de secteur psychiatrique ac-
compagnent un certain nombre de
patients pour une admission dans
le service de psychiatrie du CHU
et se voient refuser la possibilité de
les prendre en charge parce qu’ils
ne sont pas diplômés d’État.
Les personnels de l’hôpital Gérard-
Marchant se mobilisent donc pour
faire face à la situation et pour que
les pouvoirs publics, et particuliè-
rement le ministère de la Santé,
trouvent rapidement des locaux de
remplacement. Une des meilleures
solutions consisterait à occuper les
locaux de l’hôpital Larrey, an-
cienne structure militaire quasi-
ment vide. Mais les premières pro-
positions faites au personnel de
l’hôpital psychiatrique ne sont pas
allées dans ce sens. Il était envisagé
de reloger patients et personnels
dans des baraquements provi-
soires (?) installés dans un champ
entre plusieurs rocades et pistes
aéroportuaires.
Une commission d’experts a été
nommée et elle s’est finalement
prononcée pour l’octroi de trois
étages de l’hôpital Larrey. Malheu-
reusement, ces trois étages ne per-
mettent d’accueillir que 120 ma-
lades. Alors, quid des 200 patients
restants ? Le ministère reste sans
réponse concrète.
Les personnels considèrent que le
déplacement des malades men-
taux s’aggrave de jour en jour. Ils
ont constitué le “Collectif Fous de
rage” pour dénoncer la situation
actuelle (1).
Ces mêmes personnels ont été dé-
çus de constater qu’après l’explo-
sion de l’hôpital, plusieurs mi-
nistres se sont rendus sur place
sans pour cela franchir le seuil de
l’établissement.
La difficulté demeure dans le sui-
vi des patients par les équipes
infirmières.
Il ne s’agit plus de plancher sur la
RTT, l’accréditation et la dé-
marche qualité ou d’alimenter les
données statistiques des établis-
sements. Il s’agit simplement d’al-
ler à l’essentiel afin d’assurer un
minimum de confort clinique et
relationnel à des patients qui,
quelle que soit la situation, ont
toujours des droits, qui mettent
en avant la considération et le res-
pect qui leur sont dus.
Mais il s’agit également de consi-
dérer la situation des profession-
nels de l’hôpital Marchant qui
ont, depuis plusieurs semaines,
le sentiment d’être laissés-pour-
compte, au même titre que les pa-
tients qu’ils accompagnent tous
les jours. Marc Livet
Cadre infirmier
(1) Tous les détails sur le forum consacré à
l’hôpital Marchant sur le site www.serpsy. org.
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Prochain numéro
le 17 décembre 2001
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