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D’autre part, nous tentons de mettre au point la situation de la RSE en
Algérie, dans un souci de participer au débat, qui tourne autour de la
stratégie de développement dans sa composante industrielle, et qui fait appel
au partenariat international. La RSE dans ce contexte est considérée comme
un véritable levier de performance durable, la plupart des firmes
multinationales s’engagent, d’une manière volontaire ou indirectement
contrainte, aux principes de la RSE, qu’en-est-il des entreprises algériennes ?
I. Origine philosophique du concept de la RSE
La notion de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est
historiquement liée à deux cadres de réflexions distincts : l’Ethique des
affaires et le Développement Durable.
La dimension morale et éthique de la RSE fait intervenir l’approche
philosophique, qui nous renvoie à une importante créativité théorique et des
débats très anciens marqués par des différences idéologiques, qui se
caractérisent par deux grands courants : le conséquentialisme (ou
utilitarisme), initié par Bentham(1748-1832)1 et développé par son
continuateur J.S Mill (1803-1873) qui évalue les actions à partir de leurs
conséquences, en d’autres termes , ce sont les conséquences heureuses
d’une action, pour l’agent moral et pour les autres, qui déterminent sa valeur
morale, l’utilitarisme est perçu comme un critère du bien moral tant qu’il
satisfait les besoins et les intérêts humains, ce courant prône en faveur
d’une approche par la prudence. Et le déontologisme, dans la lignée des
propos de Kant : l’humain doit agir selon son devoir, selon ce qui est bon ou
mauvais dans l’absolu. Selon des règles morales absolument intangibles, qui
doivent être respectées quelques soient les circonstances, ce courant alloue
une grande importance au respect de l’environnement et des individus au
sens large.
En termes de développement durable, ces deux conceptions se croisent en
considérant ce dernier comme un concept d’intérêt général et comme une
notion systémique, qui concerne l’ensemble des acteurs de la société,
néanmoins, elles divergent quant à la représentation de la meilleure façon
d’appréhender le développement durable en entreprise.
En effet, en appliquant les principes de la philosophie utilitariste, une
absence ou une limitation du devoir moral envers autrui, est retenue :
puisque le dirigeant utilitariste évaluera l’intérêt d’une stratégie de
développement durable à travers son utilité et donc son gain économique ;
Contrairement à l’éthique déontologique qui propose l’adoption du devoir
moral de la part des dirigeants envers autrui, cette approche kantienne trouve
un renouveau dans des développements contemporains. Ainsi, par exemple,
les travaux de Hans Jonas offrent un champ propice pour orienter les
dirigeants envers autrui en suggérant des pistes solides de justifications
morales en rapport avec l’adoption d’une stratégie de développement durable
en entreprise.