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Synthèse
Deux ans se sont écoulés depuis la remise de notre premier rapport. Le monde n’est
plus le même. Une crise majeure a commencé. La France n’est pas épargnée. Les
dernières évolutions montrent même que l'écart se creuse entre l'Europe et le reste du
monde. Elles confirment en particulier la difficulté de l'Europe à sortir de la crise alors
même que d’autres régions du monde sont en forte croissance. Le diagnostic que nous
avions posé en janvier 2008 sur les conditions d’un retour de la croissance française reste
donc d’une grande actualité. D’autres viennent s’y ajouter, en raison de l’ampleur de la
crise mondiale.
Nous voulons, par ce pré-rapport, lancer un grand débat avec tous ceux qui
s’intéressent à l’avenir du pays, et alimenter ce débat à partir :
- d’un bilan de la mise en œuvre des propositions que nous avions formulées il y a
deux ans ;
- d’une analyse de ce que deviendrait la France en 2020 si les tendances actuelles se
prolongeaient et si aucune action nouvelle n’était entreprise ;
- d’une présentation des objectifs volontaristes que la France devrait se donner à elle
même pour 2020, quelles que soient les majorités qui se succèdent au pouvoir.
En fonction des résultats de ce débat, notre rapport de juillet proposera une
stratégie de transformation de la société françaises pour les dix prochaines années, un
socle commun de réformes que tout Gouvernement, quelle que soit son orientation
politique, devrait mettre en œuvre, indépendamment des autres mesures que chaque
Gouvernement pourrait souhaiter appliquer. Ce socle commun devrait reposer sur le
respect de trois exigences fondamentales :
- une exigence de vérité : les changements sont nécessaires et urgents, même si
l’impact favorable de certains d’entre eux ne sera perceptible que dans le moyen
terme. Le coût du refus de ces changements serait insupportable, socialement et
politiquement. En l’absence de transformations, le pays serait progressivement
confronté à une impasse. Il faut donc affronter la nécessité de rattraper le terrain
perdu depuis le déclenchement de la crise, éviter que les pertes conjoncturelles de
croissance et d’emplois ne deviennent irrémédiables et ne pas décrocher durablement
par rapport au reste du monde ;
- une exigence de justice : chacun a plus à gagner qu’à perdre au changement et les
efforts. Les gains doivent être équitablement répartis. Cette exigence est renforcée
par le contexte économique qui renforce la perception des inégalités et l’impression
que tous ne pas sont exposés aux mêmes risques. Ce principe de justice présente
plusieurs dimensions : une dimension d’équité dans le présent (des individus, des
groupes sociaux), une dimension intergénérationnelle, une dimension d’égalité des
chances, une dimension de proportionnalité (les acteurs doivent assumer les
conséquences économiques et sociales de leurs actes) ;
Commission pour la libération de la croissance française Page 5 sur 78
Le 8 juin 2010