Regards historiques sur le monde actuel - Histoire

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Regards historiques sur le monde actuel
Thème 3 – Puissances et tensions dans le monde de la fin de la
première Guerre mondiale à nos jours (17-18 heures)
Question 3 - Un foyer de conflits (7h environ)
Mise en œuvre – Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits
depuis la fin de la Première Guerre mondiale.
NB - Une question « longue » : le plus important volume horaire, la place importante dans
les manuels
Bibliographie
Atlas :
- Boniface Pascal et Védrine Hubert, Atlas des crises et des conflits. Cartographie : JeanPierre Magnier, Armand Colin / Fayard
- Sellier A., Sellier J. et Le Fur A., Atlas des Peuples d’Orient – Moyen-Orient, Caucase,
Asie Centrale, éditions La Découverte, 2004
- Thiollet Hélène, Le Moyen-Orient. Histoire et défis. 50 cartes et fiches, Ellipses
- Vallaud P. et Baron X., Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient, librairie
académique Perrin, 2010
Ouvrages généraux :
- Corm Georges., Le Proche-Orient éclaté : 1956-2010, Gallimard, 2010
- Corm Georges, Histoire du Moyen-Orient de l’antiquité à nos jours, Paris, La découverte,
2007
- Defay A., Géopolitique du Proche-Orient, PUF, coll. Que sais-je ?, 2011
- Laurens Henry, L’Orient arabe, Paris, Armand Colin, 2000
- Laurens Henry, Paix et Guerre au Moyen-Orient. L’Orient arabe et le monde 1945 à nos
jours, A. Colin, 2005
- Laurens Henry et Cloarec Vincent., Le Moyen-Orient au XXe siècle, A. Colin, 2003
- Mutin Georges, Géopolitique du monde arabe, Paris, Ellipses, 2001
Sur la question de la Syrie et du Liban :
- Cloarec V., La France et la question syrienne, 1914-1918, préface d’Henry Laurens,
Editions du CNRS, 1998
Dans la revue L’Histoire :
- Henry Laurens, Alain Dieckhoff…« Les palestiniens », n° 298 – Mai 2005, p 31-55
- Henry Laurens, «La révolution de l’or noir», n° 354 - juin 2010 p 42-49.
- Gérard D. Khoury, « Liban, naissance d’une nation», n° 327 – Janvier 2008, p 80-87.
- Shlomo Sand, «Enquête sur le peuple juif » n° 343 – juin 2009, p 8-21.
- Samy Cohen, «Israël, le vrai pouvoir des généraux » n° 330 - avril 2008, p 72-77.
- Elie Barnavi, Serge Berstein…, «La guerre des Six jours», n° 321 – juin 2007, p 32-53.
Regards historiques sur le Proche et Moyen-Orient
L’approche géopolitique a pour objet l’étude des interactions présentes et passées du
politique et de l’espace géographique. Avec la naissance de l’Etat, l’espace n’est plus seulement
façonné et cloisonné par la diversité du milieu naturel et par celle du peuplement mais aussi par
l’exercice de souverainetés étatiques concurrentes. L’espace devient alors théâtre, enjeu du
déploiement de la puissance et des rivalités.
Espaces en jeu :
- Diapo 2 « Proche-Orient » : correspond à l’ancien « Levant » désignant les régions de l’Est du
bassin méditerranéen c’est à dire l’Egypte et les pays du croissant fertile (Syrie, Liban, Irak,
Jordanie, Israël) : dépourvu de frontières naturelles, d’unité physique ou humaine, le ProcheOrient se définit comme un terrain investi de représentations symboliques (lieux saints, foyer de
civilisation…) et siège d’enjeux stratégiques pour les puissances européennes ;
- Diapo 3 « Moyen-Orient » : en raison du déplacement et de l’extension des enjeux vers le golfe
arabo-persique, l’expression anglo-saxonne s’est imposée. Elle désigne l’ensemble des pays de
l’Asie de l’Ouest et du Sud-Ouest qui s’étendent de la Turquie à l’Iran (voire l’Afghanistan) et du
Sud du Caucase à la péninsule arabique.
Ces dernières années, avec le rôle central du conflit israélo-arabe et, plus particulièrement, du
conflit israélo-palestinien, la notion de Proche-Orient est réemployée : signe qu’il s’agit d’un lieu de
cristallisation des enjeux internationaux.
Supports d’étude: Diapo 4 et 5
Des axes à replacer dans une approche systémique en privilégiant quelques cas
significatifs en s’appuyant sur des cartes :
- une région à forts enjeux ;
- une histoire politique et diplomatique complexe ;
- la montée de l’islamisme politique
NB – Schéma systémique à partir des supports d’étude présentés dans la fiche ressource
qui fournit un « cadre », une « démarche » pour traiter différents cas. Chaque cas précis
s’inscrit dans un « temps court » à replacer dans un « avant » et un « après », moyen de
couvrir un « temps long » et différentes temporalités, une caractéristique du programme.
Entrée en matière: Diapos 6 et 7
Partir d’une thèse et d’une carte qui ont connu un certain succès : le « Choc des civilisations » de
Samuel Huntington.
S. Huntington était (1927-2008) un professeur de sciences politiques à Harvard. Il publie un
article en 1993 dans la revue Foreign Affairs, puis un livre en 1996 The clash of civilizations and
the remaking of the world. Dans cet ouvrage Huntington émet l’hypothèse que les guerres vont se
dérouler dans un nouveau contexte. Auparavant, les princes s’affrontaient à la recherche du
pouvoir, puis les Etats-nations, les idéologies. Ainsi, selon Huntington : « Dans ce monde nouveau, la
source fondamentale et première de conflit ne sera ni idéologique ni économique. Les grandes divisions au sein de
l'humanité et la source principale de conflit sont culturelles. Les États-nations resteront les acteurs les plus puissants
sur la scène internationale, mais les conflits centraux de la politique globale opposeront des nations et des groupes
relevant de civilisations différentes. Le choc des civilisations dominera la politique à l'échelle planétaire. Les lignes de
fracture entre civilisations seront les lignes de front des batailles du futur».
Huntington définit la civilisation par des éléments objectifs comme la langue, l’histoire, la
religion, les coutumes, les institutions et par un processus subjectif d’identification de ceux qui
partagent ces éléments objectifs.
A partir de ces critères, l’auteur dresse une liste des civilisations majeures : occidentale
(judéo-chrétienne), slave (orthodoxe), latino américaine (chrétienne mais renouveau des cultures
indigènes), confucéenne (souvent divisée en deux : bouddhiste et confucéenne), hindouiste,
japonaise (shintoïsme), islamique, africaine (à partir de la religion dite « traditionnelle »).
Les attentats du 11 septembre 2001, suivi de l’intervention en Afghanistan en 2002 et de la
guerre en Irak en 2003 ont été perçus comme un affrontement généralisé entre le monde
occidental et les musulmans, redonnant ainsi une certaine vigueur à la thèse de Huntington.
Hors en juxtaposant sur une même carte les « civilisations majeures » de Huntington et les
conflits dans le monde, cela invalide la thèse de Huntington : de très nombreux conflits se trouvent
à l’écart des zones de « choc des civilisations », les lignes de fracture passent à l’intérieur de
chaque civilisation.
Problématiques/ enjeux : Diapo 8
Le Proche et Moyen-Orient sont traversés par ces tensions et ces conflits.
La thèse de Huntington ne permettant pas de fournir des clés de lecture historique et
géographique (titre du thème 1 introductif de géographie Terminale ES/L : « clés de lectures
d’une monde complexe » et reprise de l’intitulé du programme histoire-géographie en terminale S :
« des clés historique et géographique pour lire le monde ») de cet espace, quels facteurs font
de la région un foyer particulier de conflits ?
 La question religieuse a pu façonner bon nombre de conflits par le passé (croisades,
protestants/catholiques en Irlande du Nord, ex-yougoslavie). Mais aujourd’hui cette
question n’est plus un élément déclencheur de conflits mais plutôt un vecteur de
consolidation de tensions existantes. L’instrumentalisation du facteur religieux est un risque
perpétuel d’accentuation des tensions. Faire percevoir les origines complexes des
nombreux conflits qui traversent la région.
Comment comprendre que des conflits qui se jouent sur des territoires de quelques
centaines de m² (le mur des Lamentations surmonté de l’esplanade des mosquées), de
quelques dizaines de km² (365 km² pour la bande Gaza) voire quelques milliers de km² (Israël
20 770 km²) et qui n’entraînent pas des hécatombes (les conflits en Afrique ou la guerre des
cartels au Mexique sont plus meurtriers) soient des foyers de tensions susceptibles de
menacer la stabilité de l’ordre mondial ? Pourquoi ces conflits ont-ils une telle résonnance
dans le monde ?
 La gravité des conflits n’est ainsi pas corrélée à la superficie du territoire en jeu mais cela
tient à l’importance de l’enjeu que représente le territoire. Cela renvoie ainsi aux
représentations que les protagonistes se font du territoire en conflit. Les territoires sont
« imaginés », chargés de valeurs transmises de génération en génération et sacralisées
par l’école et les médias. Les pouvoirs politiques utilisent et manipulent ces représentations
pour atteindre leurs objectifs stratégiques. Faire comprendre pour quelles raisons leurs
conséquences se font sentir très au-delà des limites géographiques de cet espace.
Le proche et Moyen-Orient occupe ainsi une place centrale sur l’échiquier géopolitique
mondial où s’affrontent des visions multiples et contradictoires des acteurs (locaux et
mondiaux) qui combinent des enjeux stratégiques, économiques et sociaux, culturels et
identitaires.
Proposition de mise en oeuvre :
Une étude de cas introductive
Un conflit : la guerre Iran-Irak (1980-1988)
Tableau à construire (Clés de lecture/enjeux à réinvestir à partir du travail conduit en géographie)
et à renseigner à partir des documents fournis afin de démontrer que la région est au cœur
d’enjeux et d’une histoire politique et diplomatique complexe ayant une résonnance à différentes
échelles
Enjeu géopolitique,
géostratégique
Enjeu géoéconomique
Enjeu géoculturel
Frise Chronologique
Discours
de
Khomeiny et de S.
Hussein
Carte
Tableau stat
Extrait de Foreign
Affairs
1979
1980 1981
1982
Sept 1980 : S. Hussein
attaque l’Iran
Fev 1979 : Révolution
islamique en Iran
Tensions frontalières autour de la
rivière Chatt al-Arab
1983
1984
1985
1986
Début des attaques sur
les
installations
pétrolières.
Début
d’utilisation
d’armes chimiques
1987
1988
1989
Août 1988 :
cessez le feu
Juillet : tentative de l’Iran
pour prendre le contrôle
maritime
Interventions US pour
assurer le trafic maritime
1990
Août 1990 :
2 - Invasion du
Koweït
14 - Retour aux
accords
d’Alger
pour l’Irak
Saddam et son gouvernement illégitimes veulent revenir à la période d’avant l’islam, temps de
l’ignorance, […] pour faire prévaloir le seul pouvoir des Arabes en ignorant l’influence de l’islam.
Ces gens ne croient pas à l’islam. […] Armée irakienne, rejoins ton peuple comme l’armée
iranienne a rejoint le sien. Tu es responsable devant Dieu. Aucune excuse ne justifierait que tu
fasses la guerre contre le peuple iranien et l’Iran musulman. Ce serait une guerre contre le
Prophète Muhammad. L’armée irakienne accepterait-elle de faire la guerre contre le Coran et le
Prophète ? L’Iran est aujourd’hui le pays du messager de Dieu. Sa révolution, son gouvernement
et ses lois sont islamiques. Nous voulons fonder un Etat islamique qui réunisse l’Arabe, le Persan,
le Turc et les autres nationalités sous la bannière de l’Islam.
Khomeiny, Discours radiodiffusé, avril 1980.
Nous avons pris la décision de recouvrer la pleine souveraineté […]. Nous déclarons au monde, à
la nation arabe que […] que la religion n’est qu’un voile pour dissimuler le racisme et la haine
millénaire des Persans à l’égard des Arabes. Elle est brandie pour attiser le fanatisme et la haine
et dresser les peuples de la région les uns contre les autres, servant ainsi consciemment ou non
les plans mondiaux du sionisme.
Saddam Hussein, Discours, 16 septembre 1980.
Claudia Wright, "Les Implications
de la Guerre Iran-Irak"
Pays en dehors
du Proche et
Moyen-Orient
Soutien à l’Iran
Chine, Corée du Nord,
Etats-Unis (avant 1983),
entreprises occidentales
françaises, suédoises,
britanniques.
Syrie, Israël
Soutien à l’Irak
URSS,
France,
Brésil, Afrique du
Sud, Italie, RFA,
Royaume Uni, EtatsUnis (après 1983)
Arabie
Saoudite,
Egypte
"... ceci a été et reste, beaucoup plus
que "juste une autre guerre" dans la
série des conflits régionaux qui court Pays du Proche
depuis une quarantaine d’années. Il a et Moyen-Orient
déjà laissé des cicatrices durables et
un sens beaucoup plus aigu de la vulnérabilité, des divisions dans la zone. À l'Ouest, cette
démonstration peut seulement intensifier la préoccupation déjà intense de la stabilité de
l’approvisionnement pétrolier ; aux nations de la région, l’intensification des antagonismes
apparaît comme un problème majeur. C'est en effet comme la situation avant 1914 avec la série
de conflits et de tensions dans les Balkans - avec l'énorme différence que les Balkans n'étaient
pas alors vitaux en termes économiques (…). Par ailleurs, il est concevable que la guerre et sa
conséquence démontreront aux deux superpuissances que les risques d’intervention dans la zone
peuvent être plus grands que les avantages. (…) La principale conclusion reste que la guerre a
été un désastre pour la région et souligne la dépendance précaire et continue du reste du monde
par rapport au Moyen-Orient.
Foreign Affairs (États-Unis), hiver 1980/1981, p. 303.
En rouge dans le tableau, éléments n’apparaissant pas dans les documents mais permettent de
mettre en lumière
Enjeu géopolitique,
géostratégique
Enjeu géoéconomique
Enjeu géoculturel
Frise
Chrono
Volonté
de
contrer
une
puissance régionale rivale
1984 – attaques sur les
installations pétrolières dans
les deux camps.
1987 - Affrontements armés
entre les Etats-Unis et l’Iran
concernant la liberté de
navigation des pétroliers dans
le golfe Persique.
Volonté de contrer un pouvoir
islamique rival
Discours
de
Khomeiny
et
S.
Hussein
Rivalités
et
jeux
de
puissance :
L'ayatollah
Khomeiny
proclame
la
république
islamique après le départ forcé
du souverain déchu, Shah
d'Iran, en février 1979. Il
appelle dès 1980 les Irakiens à
renverser
le
régime
de
Saddam Hussein arrivé au
pouvoir un an plus tôt. Son
objectif est de promouvoir le
mouvement
islamique
à
travers tout le Proche-Orient.
Carte
Saddam
Hussein
redoute
l'ascension de Khomeiny et
son regain de popularité dans
le monde musulman.
Saddam Hussein souhaite luimême prendre le leadership
dans le monde arabe en
faisant disparaître ce régime
islamique.
Instabilité et contestation
des frontières :
Les frontières relèvent du
découpage
fait
par
les
occidentaux (européens) après
le démantèlement de l’empire
ottoman.
Plusieurs
désaccords
frontaliers :
- obtenir le déplacement de la
frontière sur la rive orientale
du
Chatt-el-Arab
pour
assurer
une
meilleure
sécurité à la région de
Bassorah ;
- obtenir la restitution des
trois îles du détroit d'Ormuz
annexées par le Chah en
1971 et soustraire ainsi le
détroit à une exclusive
emprise iranienne
Rivalités
et
jeux
de
puissance :
Les deux pays souhaitent
exercer un leadership sur cet
espace mais d’autres acteurs
sont en jeu : Arabie saoudite
Diversité
ethnique
et
religieuse :
Opposition entre Perses et arabes
(« une
haine
millénaire »),
Sunnites et Chiites («ces gens ne
croient pas à l’Islam », « la
religion n’est qu’un voile »).
Le nom donné à ce conflit
témoigne de cette opposition
religieuse :
- en Irak sous le nom de
Qādisiyyah de Saddam en
référence à la conquête de
l'Iran par les Arabes au VIIe
siècle.
- en Iran sous le nom de Guerre
imposée ou Défense sacrée.
Les
contre-offensives
iraniennes
sont
nommées
Kerbela 1, 2, etc., évoquant le
combat des premiers chiites
contre le pouvoir sunnite.
Un
carrefour
maritime
stratégique
qui
permet
l’acheminement des produits
pétroliers
Les désaccords frontaliers
sont également le moyen de
contrôler le détroit d’Ormuz. Le
6 Mars 1975, l’Iran et l’Irak
signent les accords d’Alger
pour résoudre les tensions
entre ces deux pays au niveau
de la région du Chatt-al-Arab.
Ces traités assurent une
navigation libre dans cette
région et donne donc un accès
aux ports irakiens et iraniens.
De plus, ces traités modifient
légèrement les frontières entre
ces deux pays au détriment de
l’Irak.
Réserves d’hydrocarbures :
L’espace en jeu est une
importante
réserve
d’hydrocarbures en Irak et en
Iran sans oublier le Golfe
Persique.
La
province
iranienne
du
Khuzestan,
Diversité ethnique : Véritable
mosaïque ethnique avec Arabes
et perses mais aussi Kurdes et
turcophones.
Le peuple Kurde est sans Etats et
se
retrouve
sous
des
souverainetés
différentes (Irak,
Turquie, Iran).
L’Irak souhaite mettre la main sur
le Khuzestan, peuplée d'arabes
(Arabistan pour l'Irak) et l'annexer.
Diversité religieuse : ici aussi
une grande diversité avec les
deux grands courants de l’Islam
auxquels il faut ajouter les
chrétiens.
Cette
diversité
religieuse avec la diversité
ethnique et aucune de ces
diversités ne cadre avec les
découpages territoriaux.
Par ailleurs, les villes saintes du
Chiisme (Nadjaf et Kerbala) se
trouvent au cœur d’un territoire
(Irak) contrôlé par les sunnites.
(contestée par l’Iran au sujet
du contrôle des lieux saints,
Médine
et
la
Mecque),
Turquie.
Tableau
stat
Les Etats-Unis, après avoir
avoir accepté cette révolution
islamique,
apportent
leur
soutien à l’Irak.
L'investissement
de
l'ambassade américaine à
Téhéran par les étudiants de la
ligne de l'Imam, la longue prise
d'otages qui s'en suivit et
l'échec de l'opération destinée
à libérer les employés fut le
premier acte d'une guerre
larvée entre ces pays.
Rivalités
et
jeux
de
puissance :
L'Arabie saoudite et les autres
monarchies de la péninsule
arabique ont largement financé
l'effort de guerre irakien, par
crainte
d'une
contagion
révolutionnaire
vers
leurs
propres populations chiites. Le
contentieux de dettes de
guerre a d'ailleurs été une des
causes de l'invasion du Koweït
par l'Irak en 1990.
La Syrie, au contraire, a tenté
d'affaiblir l'Irak en coupant
l'oléoduc reliant Kirkouk au
port syrien de Lattaquié. Les
exportations irakiennes de
pétrole auraient été ruinées
sans l'ouverture d'une nouvelle
ligne par la Turquie.
L'Égypte a aidé indirectement
l'Irak en lui fournissant deux
millions de travailleurs pour
remplacer
ses
hommes
mobilisés et a collaboré
activement
dans
le
développement de matériel
militaire.
Influence
des
grandes
puissances :
Les
grandes
puissances,
inquiètes de l'apparition de la
république
islamique
iranienne, voyaient en l'Irak un
pays qui pourrait évoluer vers
la laïcité et le modernisme,
faire contrepoids à l'Iran. C'est
pourquoi elles ne s'opposent
pas dans un premier temps à
l'offensive irakienne, allant
jusqu'à la soutenir ensuite.
C'est en particulier le cas de
l'URSS, de la France et des
États-Unis.
L'investissement
de
réclamée par l’Irak, est riche
en pétrole.
Dans
une
perspective
régionale, les pays arabes
producteurs de pétrole voient
d'un mauvais œil la révolution
islamique iranienne de 1979
qu'ils considèrent comme un
facteur
de
déstabilisation
économique,
politique
et
social.
Les
tensions
portent
également sur la ressource en
eau entre Irak/ Turquie/ Syrie.
Extrait de
Foreign
Affairs
l'ambassade américaine à
Téhéran par les étudiants de la
ligne de l'Imam, la longue prise
d'otages qui s'en suivit et
l'échec de l'opération destinée
à libérer les employés fut le
premier acte d'une guerre
larvée entre ces pays.
Bien que leurs relations
diplomatiques soient gelées
durant cette période, l'affaire
Iran-Contra prouve que des
contacts et des rencontres
eurent tout de même lieu entre
les gouvernements de ces
nations quand leurs intérêts
étaient convergents.
Un conflit qui renvoie au temps
des indépendances avec des
territoires issus de la volonté
des occidentaux (« depuis une
quarantaine d’années »).
Les grandes puissances qui
interviennent, s’affrontent sur
un nouveau « terrain » de la
guerre froide mais où leurs
gains sont parfois minimes par
rapport aux risques encourus.
Un conflit qui témoigne du
souci
de
stabiliser
l’approvisionnement pétrolier.
Une situation explosive en
raison des intérêts vitaux de
cette région pour les pays
occidentaux.
Un conflit qui témoigne de la
situation de dépendance des
pays occidentaux pour leur
approvisionnement en pétrole.
Un conflit qui témoigne
divisions dans cet espace.
des
Une zone explosive en termes de
« nations » comme ce fut le cas
dans les Balkans avant 1914.
Faire le bilan du travail sur la guerre Iran-Irak dans sa globalité ou insérer les différents
points/enjeux au début de chaque partie consacrée aux enjeux du Proche et Moyen-Orient.
1° - REGARDS SUR LE PROCHE ET MOYEN-ORIENT, UNE REGION AU
CŒUR D’ENJEUX GEOPOLITIQUES, GEOSTRATEGIQUES
1.1 – Influences anciennes, Etats « neufs » et frontière contestées (19141948)
Un cas - La naissance du Liban
 Démembrement de l’empire ottoman (Rappel Iran-Irak) : De nombreux pays
ont vu leur configuration territoriale se préciser au lendemain de la 1° guerre
mondiale avec le démembrement de l’empire ottoman : application des
accords Sykes-Picot conclu secrètement entre la France (Syrie, Liban) et la
Grande-Bretagne (Palestine, Transjordanie, Irak).
 Influence des puissances coloniales européennes, politique des mandats et
premières rancœurs (Rappel Iran-Irak)
 Premières indépendances et premières tensions
o
o
o
o
Arabie Saoudite et Irak (1932)
Egypte (1936)
Liban et Syrie (1943-1946)
Israël (1948) (simple évocation car traité plus en détail par la suite)
 Fragilité de la notion d’Etat :
o
o
o
o
pas de réelle tradition démocratique
importance d’un groupe communautaire religieux, ethnique ou tribal
des revendications populaires
La Turquie : un cas original (1923) qui échappe à la domination directe
des européens et qui connaît une évolution démocratique du pouvoir
1.2 – Luttes d’influence et rivalités : poids des grandes puissances et
ambitions des puissances régionales (1948 à nos jours)
 Ambitions des puissances régionales : nationalisme turc des années 20,
panarabisme, Syrie/Liban, Irak/Koweït, Syrie/Irak, rôle des monarchies du
Golfe /Iran, Irak, (Rappel Iran-Irak)
 Le Proche et Moyen-Orient dans la guerre froide
o Un jeu à trois (1945-1956)
o Un jeu à deux (1956-1991)
 L’hégémonie américaine (1991-aujourd’hui) : Afghanistan et guerre d’Irak
« remettent en selle » l’Iran
1.3 – Israël, Palestiniens dans le Proche et Moyen-Orient
Seconde étude de cas :
La question d’Israël, nœud gordien du Proche et Moyen-Orient ?
1967 : un tournant ?
Pourquoi 1967 ? Avant on ne demande rien à Israël sinon de
disparaître ; après 1967 on lui demande de rendre les territoires qui
deviennent une monnaie d’échange pour établir la paix.
Moyen ainsi de traiter de :
 la création de l’Etat d’Israël et des conflits qui ont suivi (influence internationale)
 la présence des lieux saints des grands monothéismes
 la question spécifique de la question palestinienne
 la fragilité de la notion d’Etat (démocratie en guerre)
Occasion de revenir sur :
 la diversité ethnique et religieuse
 l’influence des grandes puissances
 la question des ressources (eau, pétrole)
 la question des rivalités et jeux entre puissances
L’histoire du Proche Orient peut être lue à la lumière de la guerre des Six-jours.
Au milieu des années 60 reprise des tensions avec notamment la création de l’OLP en 1964.
Rappel des faits :
7 avril
14 mai
16 mai
22 mai
5 juin
6 juin
7 juin
8 juin
9 juin
10 juin
22
novembre
Israël abat six MIG égyptiens au-dessus du lac
de Tibériade
Unités de l’armée égyptienne pénètrent dans
le Sinaï prétextant une menace israélienne sur
la Syrie.
Nasser exige le départ des Casques Bleus du
Sinaï.
Nasser annonce la fermeture du détroit de
Tiran aux navires israéliens.
l’aviation israélienne détruit en trois heures,
l’ensemble de la force aérienne égyptienne.
Les chars pénètrent dans le Sinaï
Avancée israélienne dans le Sinaï et en
Cisjordanie.
Bataille de blindés dans le Sinaï. Prise de la
Cisjordanie et de la bande de Gaza. La
Jordanie accepte le cessez-le-feu.
Les israéliens atteignent le canal de Suez.
L’Egypte accepte le cessez-le-feu.
Prise du Golan
La Syrie s’incline. Fin de combats
Résolution 242 de l’ONU
Des conséquences multiples pendant quarante ans :
 Pour Israël :
 Passif : découverte de l’Israël biblique (la Cisjordanie : Judée et Samarie) qui
donne une nouvelle interprétation au sionisme centrée sur la Terre plutôt que sur
le peuple (donc colonisation des territoires occupés).
 Actif :
o conquête du Sinaï qui permet la paix avec l’Egypte
o conquête du Golan qui permettre la paix avec la Syrie
o conquête de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, une chance de
règlement du problème palestinien.
 Les terres arabes conquises sont donc un billet d’entrée dans
le club des nations du Proche-Orient. Avant on ne demandait
rien à Israël sinon de disparaître. Après on lui demande de
rendre des territoires qui sont une monnaie d’échange pour
établir la paix. Toutefois, au sommet de Kartoum le 1er septembre
1967, les dirigeants des pays arabes prennent une résolution en
trois « non » ;’Non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance
d’Israël, non à la négociation avec Israël ».
 Pour les Palestiniens : étant sous domination israélienne, la demande d’un Etat
palestinien est désormais envisageable alors que ce cela était impossible sous
domination jordanienne ( septembre noir de 1970 en Jordanie).
 Pour le Monde arabe :
 Le drame du peuple palestinien devient celui de tous les arabes.
 Frustration, colère, rejet de l’occident qui alimente le mouvement islamiste.
Comment en arrive-t-on là ? Du modernisme au rejet occidental ?
La guerre des Six jours marque une rupture et met fin au courant réformateur. C’est
désormais le « traumatisme du désespoir ». Pourquoi ?
- la faiblesse arabe a été mise à nue
- prise de conscience de l’ampleur des manques/ Israël
- Panarabisme, Progressisme, Nasserisme sont sanctionnés par l’échec :
« Les leaders arabes encouragent leurs peuples dans leurs désirs et leurs rêves et leur
dissimulent tout ce qui pourrait provoquer leur colère, jusqu’à ce qu’un inévitable nouvel
échec se produise » - Radio-Tunis, 15 septembre 1967
 Du sionisme à la création de l’Etat d’Israël
La Palestine est sous mandat britannique. Le ministre des Affaires étrangères, Lord Balfour, se
déclare, en 1917, favorable à l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif.
Cette déclaration va à l’encontre des promesses faites aux arabes de créer un grand royaume
incluant la Palestine.
 Création d’Israël et premier conflit :
En 1945, l’idée de créer un Etat d’Israël suscite des tensions. Mais l’arrivée de nouveaux migrants
(la Palestine compte alors 1 200 000 arabes et 560 000 juifs), la révélation de la Shoah encourage
le sionisme.
Londres propose deux plans, en vain, et se tourne vers l’ONU qui fait un plan de partage :
- création de deux Etats
- Jérusalem, ville internationale
Alors que la GB remet son mandat, Ben Gourion proclame l’Etat d’Israël ce qui entraîne la
première guerre Israélo-arabe :
- les armées arabes (Liban, Syrie, Transjordanie, Egypte) pénètrent en Palestine et
envahissent rapidement le territoire durant le mois de juin 1948 ;
- A partir de Juillet 1948, la contre-offensive israélienne est lancée.
- Les opérations militaires tournent à l’avantage d’Israël en janvier 1949 ce qui permet de
mettre en place des accords.
 Les accords définissent un territoire israélien dont la surface est de 40%
supérieure à celle prévue par le plan de l’ONU. La question palestinienne se
pose alors : 750 000 palestiniens se réfugient dans les pays arabes voisins.
Conséquences de ce premier conflit :
- Nouvelle agression de l’occident, une dernière séquelle de la période coloniale.
-
Espoir de libérer la Palestine en menant une politique anti-impérialiste à l’extérieur (en
se tournant vers l’URSS) et une politique de modernisation à l’intérieur.
Volonté de constituer des Etats-nations modernes (Egypte, Iran, Turquie). Le
modernisme est la réponse des élites urbaines occidentalisées.
Volonté de développer une idéologie panarabe (qui est à l’origine du mouvement Baas
et du Nasserisme). Volonté de fonder cette unité arabe sur l’idée de nation (idée
occidentale). L’unité de langue et de civilisation remplace l’unité religieuse
(abolition du Califat en 1922 par M. Kemal Atatürk)  un nationalisme arabe laïc
 Guerres indécises, paix improbable : 1970’s à nos jours : le Proche-Orient dans
l’impasse ?
2° - REGARDS SUR LE PROCHE ET MOYEN-ORIENT, UNE REGION AU
CŒUR D’ENJEUX GEOECONOMIQUES
2.1 – Le Proche et Moyen-Orient : une position de carrefour
 Le contrôle des routes d‘approvisionnement : Suez – 1956
 Rappel Iran-Irak
2.2 – Hydrocarbures et exploitation pétrolières
 Les hydrocarbures, enjeu pour les grandes puissances : poids des « majors »
et des grandes puissances (Rappel Iran-Irak)
 Hydrocarbures et Etats : une chance, une arme ? (Tintin au pays de l’or noir)
2.3 – Des ressources (hydrocarbures et eau), sources de tensions
 Les aménagements du Tigre et de l’Euphrate
 Guerre du Golfe : 1990-1991 (rappel car vue en première)
 2003
3° - REGARDS SUR LE PROCHE ET MOYEN-ORIENT, UNE REGION AU
CŒUR D’ENJEUX GEOCULTURELS
3.1 – Une mosaïque linguistique et ethnique : question identitaire et
revendications nationalistes
3.2 – Une grande diversité religieuse : vers une confessionnalisation des
identités et des conflits
 Présence des lieux saints des trois grands monothéismes
o Place particulière de Jérusalem (cf question 1 du programme +
travail sur Israël-Palestiniens dans le PMO)
o Médine et La Mecque sous contrôle saoudien et contesté par
l’Iran
 Des groupes religieux et des territoires marqués par la diversité : inexistence
de bloc monolithique (Rappel Iran-Irak)
3.3 – Fondamentalisme religieux, Islamisme politique
 Un mouvement ancien : les Frères musulmans
 Une idéologie réactivée par
o L’échec du réformisme
o L’interventionnisme américain
Travail à partir de l’article de l’Histoire n° 327 – Janvier 2008 « Liban, naissance d’une nation» Gérard D
Khoury p 80-87
Guerres régionales et rivalités internationales depuis les années 70 réveillent les vieux démons des
origines de la création du Liban. Certains soutiennent qu’il a été créé artificiellement par la France, d’autres
estiment qu’il a été pris sur l’espace « naturel » et « historique » de la Grande Syrie (Bilad al-Cham : appellation
des géographes arabes des VIII-IXème siècle qui désigne un vaste ensemble naturel compris entre le mont
Taurus au nord, le Sinaï au Sud, la mer méditerranée à l’Ouest et l’Euphrate à l’Est). Dans sa genèse, sa
définition, son extension, quel rôle ont joué d’une par les mouvements nationalistes, de l’autre les puissances
européennes (en particulier la France) engagées dans la région ?
La France a une relation privilégiée avec l’Empire ottoman depuis l’alliance politique entre François I et Soliman le
Magnifique en 1535 avec notamment le régime des Capitulations (clauses de protection sur les lieux saints et sur
les chrétiens d’Orient). Des rapports économiques et culturels se nouent ainsi (au collège royal, fondé en 1529,
des hommes du Levant viennent enseigner les langues sémitiques et sensibiliser les Français aux cultures
d’Orient).
De 1861 à 1915, suite aux conférences de Beyrouth (1860) et Constantinople (1861), un régime spécial
d’autonomie est instauré au Mont-Liban, régi par le droit international, dans le cadre de l’Empire ottoman. Le
gouverneur est chrétien mais non libanais ; un conseil administratif composé de douze membres, représentant de
façon proportionnelle les confessions, contrôle les principaux services publics. Il s’agit de l’ébauche d’un Etat
démocratique mais avec une domination chrétienne (en 1914, 75% de chrétiens au conseil). Ce système garantit
54années de paix avant l’entrée en guerre des ottomans aux côtés des allemands qui met fin au gouvernorat et au
régime des Capitulations.
La défaite de l’Allemagne entraîne cette de l’Empire ottoman. Les accords entre Mark Sykes et François GeorgesPicot en 1916 prévoient la création d’un Etat arabe indépendant ou une confédération d’Etats arabes
indépendants avec en contrepartie l’octroi pour la France et la GB de zones d’administration, d’influence et
d’intérêt dans les provinces arabes de m’empire ottoman : le but est de convaincre le chérif Hussein (Hachémite,
gardien des Lieux saints de La Mecque) d’entrer en guerre auprès d’eux contre les grecs. C’est son fils Faysal qui
conduit cette révolte arabe. Les anglais, après une offensive victorieuse en Palestine et l’entrée des alliés à
Jérusalem, prévoient, par la déclaration Balfour (2 novembre 1917), la création d’un foyer national juif en
Palestine.
Le président Wilson est critique à l’égard de cette diplomatie du secret et préconise l’envoi d’une commission
d’enquête pour connaître le désir des populations en vertu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Que
veulent les Arabes ? A la veille de la 1° GM, trois grands courants nationaux se dégageaient :
- Mouvement des nationalistes du Mont-Liban, maronite, favorable à l’indépendance et à l’extension du
territoire ;
- Nationalisme arabe, qui s’appuie sur le mouvement des intellectuels syro-libanais (Nahda : renaissance),
souhaite une réelle indépendance des provinces arabes de l’empire allant du Hedjaz au Taurus ;
- Projet de la Grande Syrie ou de « Syrie intégrale » lancé par les coloniaux français, ayant le souci de
contrôler cette région : cette idée est reprise par Antoun Saadé et le Parti Populaire Syrien créé en 1932
et par le parti Baas syrien à partir de 1970 avec l’arrivée au pouvoir d’Hafez al-Assad
Rien, dans les accords secrets, ne prévoyait la délimitation des territoires. En 1919-1920, britanniques et Français
s’affrontent pour harmoniser leurs intérêts tout en s’efforçant de tenir leurs promesses. Les anglais imposent, en
octobre 1918 le gouvernement arabe de l’émir Faysal à Damas après avoir chassé des émirs favorables à la
France. Les anglais incitent l’émir à se rendre à la conférence de la paix à Paris dès novembre 1918, mettant les
français devant le fait accompli. Début décembre, Clémenceau s’assure le soutien anglais pour l’obtention de
parts allemandes (25%) dans la Turkish Petroleum Company. Durant 1919, Clémenceau, par anticolonialisme,
cherche à trouver une entente avec l’émir Faysal pour respecter les accords Sykes-Picot. L’accord provisoire
Faysal-Clémenceau est signé le 6 janvier 1920 : Faysal doit renoncer à un grand royaume arabe et reconnaître
l’existence d’un Liban indépendant et souverain, la France reconnaît l’indépendance et la souveraineté de la Syrie.
Mais l’hostilité de Robert de Caix aboutit au rejet progressif de l’accord.
Les accords de San Remo, le 24 avril 1920, attribuent les mandats sur l’Irak et la Palestine à la GB et sur la Syrie
et le Liban à la France. Faysal y est réticent et les relations se tendent avec la France (général Gourraud, haut
commissaire au Levant) jusqu’à la défaite de Mayssaloun le 24 juillet 1920 qui marque l’élimination politique de
Faysal. La création d’un grand Liban avec la clientèle française marque un tournant dans la politique française et
le début du déclin de son influence au Proche-Orient.
La fragmentation de la Syrie révolte les nationalistes arabes. Le territoire du Grand Liban est agrandi au-delà des
demandes des nationalistes libanais : c’est l’origine des révoltes jusqu’à l’indépendance en 1943. Le pacte islamochrétien permet de vivre dans une certaine harmonie jusqu’en 1975. Les tensions persistent avec la Syrie
(indépendante en 1946) qui reconnaît les frontières du Liban sans entretenir de relations diplomatiques. Un
contentieux vif après plus de 80 ans en raison de la fragilité des jeunes Etats et des tensions constantes dans la
région.
Une nation libanaise s’est construite autour des chrétiens maronites avec le soutien de certains druzes, grâce aux
conflits qui a permis parfois de souder cette communauté.
Travail à partir de l’article de l’Histoire n° 354 – Juin 2010 « La révolution de l’or noir» Henry Laurens p 4249
Pendant longtemps, la péninsule est apparue comme une terre de pauvreté. Lieu de passage vers les Indes, les
britanniques des protectorats afin de préserver cette route. Un lutte d’influence s’établit entre ottomans et
britanniques. Ces derniers contrôlent la région entre Bagdad et Bassorah, Aden (depuis 1839) et les territoires
voisins (Yemen Sud) : maîtres de toutes les mers bordières de la péninsule.
L’autre ressource était l’huître perlière ruinée dans l’entre deux guerre par la concurrence japonaise. Dans les
années 30, en Arabie Saoudite, le seul revenu important était les taxes imposées sur le pèlerinage aux villes
saintes de la Mecque et Médine.
La découverte du pétrole
L’exploitation de pétrole débute en Irak en 1927 et dans les années 30 dans la péninsule arabique. Les
concessions sont accordées entre 1930 (Bahrein) et 1939 (émirats de la côte de la trêve, actuels EAU) et sont
détenues par 7 grandes « majors » pétrolières : 5 sociétés américaines, 1 britannique (British Petroleum), 1 anglonéerlandaise (Shell). Invoquant des investissements lourds, elles obtiennent des contrats avantageux : durée de
60 à 94 ans, versement d’un louer annuel et une redevance (royalty) d’environ 12% de la valeur de la production.
Pratiquant un intégration verticale, les majors s’entendent sur le prix (prix di « affiché ») en fonction de la qualité
du produit et de la distance à parcourir.
La mainmise américaine
Dans les années 30, la production des pays du Golfe (Irak exclu) représente une faible part de la production
mondiale (moins de 1%). Durant la 2 ème GM, les Etats-Unis prennent conscience de l’importance du bassin
saoudien et réorganisent leur dispositif avec la mise en place en janvier 1944 de l’Arabian American Oil Company
(Aramco). Ce pétrole du Moyen-Orient est destiné au marché européen, jusque dans les années 60, afin de
mettre en œuvre la reconstruction économique (Plan Marshall) et de préserver les réserves américaines.
Cette industrie pétrolière crée des enclaves de modernité. Les majors constituent des Etats dans l’Etat. Les Etats,
manquant de personnel, font appel à des Indiens, à des arabes (libanais, égyptiens, palestiniens) pour assurer la
modernisation. Durant les années 40 et 50 de grandes fortunes se forment (Ben Laden, Hariri).
Début des années 50, les Etats renégocient et obtiennent de taxer à hauteur de 50% des revenus sur la base des
prix affichés. L’Arabie Saoudite passe ainsi d’un revenu de1.5 million de dollar en 1939 à 20 en 1947, 112 en
1950, 260 en 1954. Croissance plus rapide au Koweit : 800 000 en 1946, 4 en 1950, 217 en 1954.
La bataille de l’OPEP
La crise de Suez entraîne un relèvement des prix affichés mais en 1959-1960 la tendance s’inverse en raison du
retour à la normale et de la hausse de la production. Les pays exportateurs constituent à Bagdad, pour s’y
opposer, l’Organisation des Pays exportateurs de Pétrole : 13 pays qui contrôlent au début des années 70 plus de
85% des exportations mondiales de pétrole.
Les pays producteurs remettent en cause le système de concessions soit par des nationalisations (Algérie, Libye,
Irak) soit par des prises de participation croissante. L’essentiel de la production est désormais assuré par des
compagnies nationales alors que la commercialisation passe toujours par les majors. La hausse de la rente
pétrolière (1973) favorise des investissements et des dépenses somptuaires.
Des sociétés rentières
L’industrie pétrolière suscite des flux migratoires importants qui créent une société stratifiée. La population locale
bénéficie de la rente : absence de taxation, emplois réservés aux locaux, dons de terres et de maisons,
« emprunts » non remboursables et interdiction faite aux étrangers de posséder des entreprises, voire des
maisons. La redistribution de la rente se fait au détriment de toute culture du travail.
L’imbroglio régional
Les pays du Golfe, à la fois riches et faibles, se sentent toujours menacés (Egypte, Iran, Irak). Dès 1945, le Golfe
a été défini comme un intérêt « national » américain. Cette indispensable protection US a un revers : l’indéfectible
soutien des USA à Israël.
Le second choc pétrolier conduit à l’abandon du prix « affiché » pour le prix dit « spot » (définition par l’offre et la
demande). La baisse de la conso, développement de nouveaux sites de production  contrechoc (le cours du
baril chute de 27 dollars à 7. Quotas de production pour enrayer la chute : non respecté par certains  invasion
du Koweit.
La diplomatie du pétrodollar
Dubaï, place financière mondiale doit accepter une certaine dépendance/Abu Dhabi après crash immobilier de
2009. Les autres émirats investissent massivement dans l’éducation supérieure et dans la culture. Les chaines
d’informations satellites (Al Jazira, Arabiyya, Abu Dhabi TV) mettent fin au monopole occidental de l’info.
Après le 11/09, les Etats-Unis ont dû progressivement évacuer leurs bases dans le royaume et se replier sur la
Qatar et le Bahrein.
Pays du Golfe sont des enjeux et des acteurs sur la scène politique : Koweït, défenseur des intérêts palestiniens,
Arabie Saoudite volonté d’établir un front arabe face à l’Iran.
Travail à partir de l’article de l’Histoire n° 330 – Avril 2008 « Israël : le vrai pouvoir des généraux» Samy
Cohen p 72-77
De tous les pays démocratiques, Israël est celui dont l’armée (Tsahal, acronyme pour « armée de défense
d’Israël ») dispose de la plus grande influence au sein de la société. Cette armée a pu jouir d’une popularité
exceptionnelle en raison de l’Etat de guerre prolongé et parce qu’elle apparaît comme un rempart ultime contre la
destruction de l’Etat. Mais cette conviction est en train de changer et son prestige est davantage contestée par
une partie de la société civile (mères de soldats, réservistes…).
Néanmoins, les généraux demeurent des figures respectées et promises aux plus hautes fonctions au sein du
gouvernement. Un différend entre le Premier Ministre et le chef d’état major général de l’armée se solde rarement
par l’éviction de ce dernier. Les généraux interviennent dans le débat public et peuvent ainsi critiquer les décisions
du gouvernement sans encourir de sanction et sans rien ôter à l’autorité du gouvernement.
Les premiers ministres parviennent à imposer leur volonté dans les débats à caractère stratégique : le pouvoir
politique demeure l’acteur dominant. En 1956 (retrait des troupes de Sinaï), en 1977 (accord pour rencontrer
Anouar al-Sadate), en 1993 (préparatifs des accords d’Oslo), en 2000 (retrait des troupes du Sud-Liban) le
pouvoir politique s’est heurté à l’opposition du chef d’état major mais ce dernier a toujours fini par plier. Le pouvoir
civil a toujours conservé la capacité de refuser les propositions de l’armée ou de prendre des décisions sans
demander au préalable l’avis des militaires.
Cela tient plus à la qualité du leadership politique que du comportement de Tsahal. Bon nombre des premiers
ministres étaient eux-mêmes des militaires prestigieux : Yitzhak Rabin, Ehud Barak, Ariel Sharon. De nombreux
ministres de la Défense étaient des généraux, comme Moshe Dayan, Benyamin Ben Eliezer. Un fois au pouvoir,
ces anciens généraux se conduisent comme des dirigeants politiques ordinaires. En Israël, la légitimité politique
s’acquiert souvent sur le champ de bataille. Même les militants de gauche font davantage confiance à un militaire
auréolé d’un passé militaire glorieux qu’à un civil. En 2006 (seconde guerre du Liban), Ehoud Olmert (premier
ministre) et Amir Peretz (ministre de la défense) ne pouvaient faire valoir un passé de combattant courageux, et
aucun d’eux ne voulait prendre le risque de passer pour un velléitaire. Ils ont ainsi voulu saisir l’occasion de se
présenter comme de véritables chefs de guerre dont la détermination de restaurer la dissuasion de l’armée et
ramener les soldats à la maison. Ils ont ainsi pensé aux bénéfices politiques qu’ils pourraient tirer suite à cette
guerre.
Travail à partir de l’article de l’Histoire n° 321 – Juin 2007 « 5 juin 1967 : Israël attaque» Elie Barnavi p 3242, « Du côté des Arabes : l’insupportable défaite » Mohamed Charfi p 50-52
Rappel des faits (cf chrono p 32-40)
Quelle place accordée à la résolution 242 ?
Pour Israël le document offre un cadre de négociation directe entre lui et ses adversaires afin d’aboutir à un
accord sur des frontières « sûres et reconnues ». Ce document doit permettre de mettre en œuvre des accords de
pays formels.
Pour les voisins arabes, la restitution inconditionnelle des territoires perdus doit constituer le point de départ d’un
éventuel processus de négociation.
Que faire des ces territoires ?
Israël a deux options :
- Retrait spontané et inconditionnel afin de montrer qu’Israël cherche non à s’agrandir mais à assurer sa
sécurité, la paix et son insertion dans l’espace régional. Israël dispose d’atouts pour faire ce choix : armée
puissante, adversaires démoralisés, sympathie de l’opinion publique mondiale (choix défendus par une
minorité) ;
- Tenir ces territoires en attendant des temps meilleurs. Mise en place d’une occupation souple et la moins
visible possible : en Cisjordanie, maintien du système administratif, juridique, municipal et scolaire ; libre
passage des hommes et des marchandises entre Jordanie et territoire occupés ; mise en place d’un
régime « libéral » qui a des retombées économiques (infrastructures, plein emploi, élévation du niveau de
vie…). Mansuétude israélienne conditionnée à une « acceptation » de l’occupation
Des conséquences multiples pendant quarante ans :
 Pour Israël :
 Passif : découverte de l’Israël biblique (la Cisjordanie : Judée et Samarie ; vieille ville de
Jérusalem) qui donne une nouvelle interprétation au sionisme centrée sur la Terre plutôt que
sur le peuple et avec le lancement de la colonisation des territoires occupés.
 Actif :
o conquête du Sinaï qui permet la paix avec l’Egypte
o conquête du Golan qui va permettre la paix avec la Syrie
o conquête de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, une chance de règlement du
problème palestinien.
 Les terres arabes conquises sont donc un billet d’entrée dans le club
des nations du Proche-Orient. Avant on ne demandait rien à Israël sinon
de disparaître. Après on lui demande de rendre des territoires qui sont
une monnaie d’échange pour établir la paix. Toutefois, au sommet de
Kartoum le 1er septembre 1967, les dirigeants des pays arabes prennent une
résolution en trois « non » ;’Non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance
d’Israël, non à la négociation avec Israël ».
 Pour les Palestiniens :
 Humiliation des dirigeants arabes conduit à une émancipation de leur combat
 étant sous domination israélienne, la demande d’un Etat palestinien est désormais
envisageable alors que ce cela était impossible sous domination jordanienne à moins de faire
de la Jordanie une entité palestinienne ( septembre noir de 1970 en Jordanie).
 Pour le Monde arabe :
 Mort du nassérisme (nationalisme panarabe et progressisme tiers-mondiste prosoviétique. Le
seul projet unificateur de l’oumma est l’islam radical.
 Le drame du peuple palestinien devient celui de tous les arabes.
La guerre des Six jours marque une rupture et met fin au courant réformateur. C’est désormais le
« traumatisme du désespoir ». Pourquoi ?
- la faiblesse arabe a été mise à nue
- prise de conscience de l’ampleur des manques/ Israël
- Panarabisme, Progressisme, Nasserisme sont sanctionnés par l’échec :
« Les leaders arabes encouragent leurs peuples dans leurs désirs et leurs rêves et leur dissimulent
tout ce qui pourrait provoquer leur colère, jusqu’à ce qu’un inévitable nouvel échec se produise » Radio-Tunis, 15 septembre 1967
Travail à partir de Alexandre Defay, Géopolitique du Proche-Orient, PUF, Que
sais-je ? 2011 (5ème édition)
Un espace « surreprésenté »
Représentations israéliennes
Le sionisme, à ses débuts (fin XIXème siècle), est marqué par l’indifférenciation territoriale. Les
sionistes demandent que l’identité nationale juive corresponde à une identité politique (Etatnation) mais dont le choix territorial reste ouvert : la Palestine est certes privilégiée mais d’autres
envisagent l’Ouganda, l’Argentine, Madagascar ou la Syrie.
Mais la Palestine n’est pas « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » (Lord Balfour) :
elle est peuplée d’Arabes opposés au projet sioniste. L’entreprise sioniste doit donc se doter de
représentations du Proche-Orient qui vont évoluer au gré du contexte :
- Contestation qu’un autre peuple puisse émettre une revendication de souveraineté : on
dénie à la population arabe de Palestine toute capacité à constituer un peuple (Chaim
Weizman, président de l’organisation sioniste mondiale et premier président de l’Etat
d’Israël)
- Le peuple palestinien n’existe pas puisqu’il appartient au peuple arabe, et ce dernier
dispose de beaucoup de pays vastes pour constituer un territoire national. Le peuple juif
renvoie à tous les juifs et pas seulement ceux présents en Palestine : tous sont ainsi
habilités à faire valoir leur droit national, le droit au « retour » sur leur terre, la seule
qu’ils puissent revendiquer, « Eretz Israël » (Ben Gourion).
La représentation sioniste du Proche-Orient repose sur une conviction et une ambiguïté :
o Conviction : seuls les juifs disposent d’un droit national sur la terre d’Israël. Les
arabes présent peuvent exercer une souveraineté mais en dehors de l’Etat
d’Israël ;
o Ambiguïté : comment revendiquer un vaste territoire sans remettre en cause sa
nature juive ?
Trois constats :
- L’Etat d’Israël n’a pas convaincu tous les juifs de le rejoindre : la poursuite de
l’expansion territoriale risque de compromettre la nature juive de l’Etat (jeu des rapports
de force démographiques).
- Il existe un « fait palestinien » (1967 guerre des Six jours, création de l’OLP en 1969 et
admission comme observateur à l’ONU en 1974) et un sentiment national palestinien
qui ne se réduit pas à celui d’appartenir au « monde arabe ».
- La société israélienne est clivante (rural/urbain, séfarades/ashkénazes…) et l’élément
d’unité dans les moments de crise est uniquement la peur partagée de la disparition.
Fin des années 90 (Intifada, accords d’Oslo, élection d’Ehud Barak), changement de la
représentation israélienne du Proche-Orient : seul un partage de la Palestine mandataire entre
Israël et un Etat palestinien peut garantir la pérennité et la sécurité de l’Etat juif : « la paix contre
les territoires ».
Mais la situation plus troublée au début des années 2000 (contradictions politiques, échecs sur les
négociations des statuts des territoires) a trois conséquences :
- Israéliens renouent avec les angoisses du rejet, de la disparition ;
- Morcellement politique de la société israélienne ;
- Une large part de la population reste convaincue que le partage est inévitable voire
souhaitable (en 2003, selon les sondages préélectoraux, 60% des Israéliens favorables
à la création d’un Etat palestinien et 63% à un démantèlement des colonies) mais
quand ? sous quelle forme ? sur quels territoires ? …
Une représentation confuse de la question palestinienne en raison des actes politiques, des choix
électoraux depuis 2006 : victoire du Hamas, provocations du hezbollah (enlèvements, tirs de
roquettes), répression israélienne (Intervention au Liban, assassinats plus ou moins ciblés,
opération « plomb durci » dans la bande de Gaza début 2009).
Représentations arabes
Longtemps marquées par le panarabisme avec pour but de créer un Etat rassemblant toutes les
populations arabes et faisant preuve de modernité (contrepied des propos dévalorisants de
l’Occident).
Souhait qui se heurte :
- Frontières décidées par les puissances européennes
- Indépendants, les Etats ne veulent pas abandonner
les instruments de leur
pouvoir : ligue arabe (22 mars 1945) symbole, a priori, du panarabisme, consacre le
morcellement en Etat. Autres tentatives d’union : vœu pieu ou échec (République arabe
unie créée en 1958 entre Egypte et Syrie, dissoute en 1961.
Echec du panarabisme donne naissance à une représentation palestinienne spécifique.
Représentations palestiniennes
Elles s’établissent après la première guerre mondiale sur la base de la revendication du territoire
de la Palestine mandataire et du refus du sionisme.
Représentation dominante (jusqu’en 1948) : un Etat unitaire sur toute la Palestine où seraient
traités en citoyens égaux juifs et arabes (question : citoyenneté seulement pour les juifs présents
avant la déclaration Balfour ?).
Après 1948, focalisation sur la destruction d’Israël : obstacle à la création d’un Etat unitaire et
démocratique. Mais cette logique de guerre ne suffit pas à fonder une identité notamment pour
ceux qui vivent dans les pays arabes voisins.
Donc à partir des années 60 (1968) définition plus précise (article 4 de la seconde charte de
l’OLP) avec sacralisation de la Terre, du Retour et du droit du sang (emprunt aux idéologues
sionistes). Représentation symétrique des israéliens qui débouche sur une nouvelle conception du
futur Etat palestinien qui sera aux côtés de l’Etat juif (débouche sur les accords d’Oslo).
Représentation brouillé à partir de 2000 : retour de la violence (deuxième intifada), situation
économique désastreuse, perte de crédit de l’Autorité, audience croissante des islamistes
(Hamas) en opposition avec le Fatah.
Représentations arabes dans le reste du Proche-Orient
Après 1948, deux thèmes majeurs :
- Unité arabe
- Disparition de l’Etat juif (corps étranger en « terre arabe »)
Conception battue en brèche, sauf pour S. Hussein, par les défaites multiples, l’échec de la RAU,
l’émergence de nationalismes étatiques, le poids grandissant des USA…
Les Etats intègrent, plus ou moins rapidement, l’urgence de régler le conflit israélo-arabe à l’aune
d’un rapprochement avec les Etats-Unis. L’Egypte est la première à franchir le pas. Mais la
condamnation de cet acte retarde l’action des autres Etats. Ambiguïté entre le discours étatique et
le discours « médiatique » (contrôlé par l’Etat) qui grandit sur un discours antisémite.
Représentations dans les Etats de la périphérie
Affrontement au Proche-Orient présenté comme symbole de l’affrontement Islam/Occident mais
les Etats doivent composer avec leurs paramètres :
- Arabie saoudite doit se montrer moins belliqueuse ;
- Emirats, idem ;
- Turquie : poussée islamiste et aucune affinité avec le monde arabe ; analogies avec le
sionisme (modernité, laïcité) conduisent à une reconnaissance d’Israël dès 1949 et des
accords de coopération militaire (1996) et éco (1997) ;
- Iran : avant M. Ahmadinejad position identique à l’Arabie Saoudite, depuis radicalisation.
Représentations des « puissances »
Fascination entre attrait et répulsion :
- Attrait pour le berceau de la civilisation qui se mue en appropriation, pour le contrôle des
routes terrestres et maritimes vers le Moyen et extrême Orient, pour les richesses
énergétiques ;
- Répulsion pour une région source d’obscurantisme, de despotisme, de violence.
Préjugés pour ces « satanés arabes », qui « leur coup fait disparaissent sans laisser de
traces » (Hergé, Tintin au pays de l’or noir), réactivés après l’hostilité des Etats arabes à
la création de l’Etat d’Israël. Après la Shoah, Israël perçu comme un territoire qui fait
fleurir le désert, la démocratie. Opposition modernité/obscurantisme.
Mais des différences entre Europe et Etats-Unis.
Représentations en Europe
Conception moins monolithiques, prise en compte d’une question palestinienne en dépit de la
violence qui apparaît toujours comme un stéréotype. Cause palestinienne prise en compte dans
les ambassades et condamnée par les relais d’opinion d’Israël en Europe. Dans les 70’s, l’idée
d’un Etat palestinien s’impose. Déclarations de Y. Arafat conforte l’Europe dans cette position et
après 1993 soutien à la nouvelle Autorité palestinienne. Après la reprise des violences, européens
misent sur la « feuille de route » (2003). En revanche interrogation sur le rôle des Nations-Unies,
des Etats-Unis et d’eux-mêmes dans cet espace.
Représentations américaines
Début XXème siècle, mêmes préjugés que l’Europe pour aborder cette question. Espère tirer
profit des ressources pétrolières.
Après 1945, région perçue comme au cœur d’enjeux cruciaux pour établir puis maintenir sa
suprématie. Dès lors britanniques et français ne peuvent conduire qu’une politique subordonnée à
la leur : 1956 Suez et 2003 Irak. Autre différence, depuis 1967, soutien inconditionnel à Israël
(2003 aide financière de trois milliards de dollars) avec le souci de donner des gages aux alliés
arabes afin d’établir une paix « juste et équilibrée ». Accommodement rendu plus facile avec la
disparition de l’URSS : ils sont désormais les maîtres du jeu (à nuancer au regard de la situation
en Syrie).
Représentations en Russie et en Chine
Second rôle mais volonté de revenir sur le devant de la scène : leaders du mouvement Hamas,
vainqueurs aux élections, invités à Moscou.
Un espace « surpolitisé »
Un espace morcelé (1914-1948)
Les britanniques font miroiter au chérif de La Mecque, Hussein, la perspective d’un grand Etat
arabe dont il prendrait la tête tout en négociant secrètement avec la France la répartition de leurs
rôles respectifs  accords Sykes-Picot (1916) : Liban et Syrie pour la France, Transjordanie et
Mésopotamie pour la Grande-Bretagne, la Palestine entre le Jourdain et la mer serait sous une
administration internationale.
1917 est marqué par deux événements qui vont faire du PMO un enjeu mondial :
- Entrée en guerre des Etats-Unis amène France et GB à revoir leurs visées impérialistes
alors que certains nationalistes voient dans les Etats-Unis un recours ;
- Déclaration Balfour, moyen d’éviter l’internationalisation de la Palestine et de d’éloigner
les français du canal de Suez
Conférence de la paix à Versailles = fin des espoirs de Faysal (fils de Hussein, chérif de La
Mecque) de constituer un grand royaume arabe (photo de Faysal à Paris dans de nombreux
manuels) car divisions arabes et retrait US laisse les mains libres aux anglais et aux français 
mise en place du régime des mandats lors de la conférence de San Remo (avril 1920) où les
enjeux sont le pétrole et la question palestinienne posée par la déclaration Balfour.
- Question pétrolière résolue facilement : la France renonce à ses prétentions sur le
vilayet de Mossoul contre un accès au pétrole irakien (avec ses 23.75% de la Turkish
Petroleum Company, elle crée en 1924 la Compagnie française des pétroles, ancêtre du
groupe Total) ;
- La France cède : la GB exerce un mandat sans partage sur la Palestine. Le ProcheOrient est alors morcelé (à l’opposé des aspirations arabes) par des frontières, fruits des
négociations/marchandages franco-britanniques. Diplomatie et manière forte sont
utilisées pour imposer ces négociations :
o Manière forte : La GB mate l’insurrection en Irak à partir de mai 1920. Les
français anéantissent l’éphémère royaume arabe et chasse Faysal du pouvoir
(prise de Damas en Juillet 1920).
o Diplomatie : Les britanniques lui proposent alors le trône irakien et à son frère,
Abdallah (privé du trône irakien) l’émirat de Transjordanie (territoires à l’est du
Jourdain et sud syrien qui ont été retranchés de la Palestine « historique »). Les
Français apportent leur soutien aux chrétiens du Levant.
Mise en place d’un grand Liban. Forte minorité musulmane (45% de la pop en 1921) = source de
conflits quand les poids démographiques vont s’inverser. Grande Révolte (1925-1926) fortifie un
nationalisme marqué d’islamisme qui se radicalise au vu de la situation en Palestine.
Apparition d’une crise en Palestine : inquiétudes et protestations débouchent rapidement sur des
heurts violents entre Arabes et Juifs (Jérusalem en avril 1920 et Jaffa en mai 1921). Les
britanniques louvoient et finissent par préconiser la création de deux Etats. Ce plan Peel de 1937
est rejeté par les Palestiniens et les Arabes (la Palestine appartient à tous les arabes  cf les
représentations). Le livre blanc de mai 1939 (projet binational) est rejeté par les deux parties.
L’échec des puissances : découpage étatique = frustrations. Montée de l’islamisme avec les
Frères musulmans en 1928 qui repose sur l’antisionisme et l’anti-occidentalisation des sociétés
musulmanes. Ressentiment à l’égard des puissances mandataires (grand Mufti de Jérusalem
opère ainsi un rapprochement avec l’Allemagne nazie). Perte de crédit des européens contribue à
l’implication croissante des Etats-Unis : prennent pied dans la péninsule arabique (concessions
pétrolières), liens étroits avec Ibn Saoud (conquiert l’Hedjaz en 1925 et crée l’Arabie saoudite en
1932). Le mouvement sioniste joue également la carte américaine. Les Etats-Unis, dans le conflit
mondial, prennent conscience de l’importance vitale de cette région pour leurs intérêts.
La shoah : nécessité de fonder un Etat pour protéger le peuple juif. Arabes considèrent que l’on
ne résout pas une injustice par une autre injustice mais leur discours est inaudible au lendemain
de la 2ème GM. La GB, incapable de résoudre la situation, s’en remet aux Nations Unies. La
population a fortement augmenté (croissance naturelle et immigration : 1944, 1 800 000 habitants
dont 530 000 juifs.
Israël : (scanner carte p 71) l’ONU adopte un plan de
partage qui accorde 55% du territoire de la Palestine
mandataire au futur Etat juif. Agence juive accepte mais
les arabes palestiniens refusent. Camp arabe affaibli,
divisé : le roi Abdallah de Jordanie souhaite étendre son
royaume en annexant la partie de la Palestine que le
plan de partage accorde aux arabes alors que le grand
Mufti de Jérusalem milite pour une Palestine unitaire sur
toute la Palestine mandataire. Il pense pouvoir le faire
par la force en repoussant les juifs (contrôle des voies de
comm.) mais c’est l’inverse qui se produit : exode des
palestiniens devant les succès militaires de la Haganah
(avant la proclamation de l’Etat d’Israël).
La Nakba (catastrophe en arabe) : Les Etats arabes
entrent en guerre le 14 mai. Les revers militaires
entraînent de nouveaux départs : 600 à 760 000
palestiniens sont réfugiées à la périphérie.
Sur les 26 millions de dunam (1 dunam environ 1000 m²)
que comptait la Palestine mandataire, la colonisation
juive en avait acquis, début 1948, 1.5 million ; l’exode en
procure 18.5 millions.
Les pays arabes affaiblis, divisés, humiliés, acceptent de
négocier l’armistice. Désaccord sur la vision future de la
Palestine, d’Israël et des réfugiés.
Un conflit destiné à se perpétuer : Israël pour exister et s’étendre, le monde arabe pour
revendiquer la cause palestinienne.
La confrontation Est-Ouest : Proche Orient est une zone sensible (position géographique et
ressources pétrolières) et une zone fragile (instabilité des régimes arabes, rivalités régionales).
Un espace déchiré (depuis 1948)
 Les déchirures politiques
o Possible, impossible démocratie
Israël et Etats arabes s’engagent sur des voies différentes :
- Institutions démocratiques, suffrage universel, séparation des pouvoirs, régime
parlementaire (Knesset, pv législatif, élit le président et investit le gouvernement),
indépendance de la justice : démocratie de type occidental ;
- Instabilité, violence des les indépendances proclamées. Les constructions étatiques
arabes, imposées par les puissances mandataires, reposent sur des fondements
vulnérables :
 Hiérarchies sociales traditionnelles bouleversées par l’exode rural et
contestées par de nouvelles hiérarchies issues de la modernité éco
 Diversité confessionnelles et existence de minorités ethniques
 Aspirations panarabes que veut incarner le parti Baas fondé par deux
syriens (Michel Aflak, chrétien et Salah al-Bitar, musulman) en réalisant
l’unification de la « patrie arabe » et en la la faisant prospérer par un
socialisme autochtone (rejet de la lutte des classes et de l’athéisme). Cette
volonté conduit à l’édification d’Etats forts et rivaux.
 De coups d’Etat en coups d’Etat, le Proche-Orient passe aux mains des
régimes autoritaires contrôlés par l’armée : radicalisation de ces régimes
avec l’arrivée de fortes personnalités (Hafez al-Assad en 1970, S. Hussein
en 1979)
o Impossible, possible paix
1967 modifie la donne géopolitique. Nasser, vu comme le héros de la cause arabe, se heurte à la
méfiance des autres dirigeants. L’Arabie saoudite combat le nassérisme au nom de l’islamisme.
La Syrie lui reproche son attentisme alors que Nasser doit compter avec de nouveaux militants
palestiniens (le Fath, notamment créé fin 50’s par Yasser Arafat) qui ne veulent plus faire
dépendre la question palestinienne de la réalisation de l’unité arabe. Nasser doit également
compter avec l’intérêt croissant des grandes puissances pour le Proche-Orient.
Dans un climat de tensions grandissant (incidents de frontières, attaques de commandos
palestiniens), Nasser adopte une stratégie de provocations à l’égard d’Israël :
- Renforcement des troupes dans le Sinaï
- Obtient le départ des casques bleus
- Remilitarise Charm al-Shaykh
- Fermeture du détroit de Tiran à la navigation israélienne : casus belli pour Israël
Moyen de provoquer une action d’Israël et d’obtenir un arbitrage des Grands qui lui soit favorable.
La France décide de ne pas soutenir celui qui attaquerait en premier et il appartient grands de
trouver une solution. Washington considère qu’il s’agit également d’un casus belli.
Attaque d’Israël le 5 juin, victoire écrasante en six jours. Position dominante d’Israël qui, par
l’occupation, transforme les relations israélo-palestiniennes et modifie le rôle des grandes
puissances : Les Etats se substituent à la France pour la livraison d’armes et l’URSS renforce ses
positions dans les pays arabes progressistes.
Les mouvements palestiniens (OLP réorganisée avec entrée du Fath en 1968) adoptent une
stratégie autonome utilisant le terrorisme à l’échelle planétaire ce qui accrédite l’idée d’un fait
national palestinien mais fragilise les pays qui leur servent de base arrière (Etat dans l’Etat). La
Jordanie démantèle les structures palestiniennes (« septembre noir ») afin de rétablir un pouvoir
sans partage sur son royaume.
Mort de Nasser = fin du rêve panarabe.
Anouar al-Sadate décide avec la Syrie d’une guerre « totale » avec Israël. Guerre du Kippour
lancée le 6 octobre 1973 qui surprend Israël mais qui réagit grâce au soutien US (reprise du
Golan, avancée vers Damas, traversée du Canal de Suez pour encercler l’armée égyptienne).
Cessez le feu le 25 octobre. Israël prend conscience que sa politique intransigeante l’expose à
des conflits à répétition et le fait dépendre des Etats-Unis. Ces derniers et l’Europe mesurent
combien ils dépendent des réserves du Moyen-Orient. Dans ce contexte, Israël accepte les
propositions de paix de l’Egypte. Accord condamné par les autres Etats arabes car prendre une
telle initiative leur serait fatale car difficultés intérieures, révolution iranienne et nouvel acteur
incontournable, l’OLP.
o
o
o
o
Guerre civile libanaise
Colonisation des territoires occupés
L’intifada
Les conflits périphériques
 Les déchirures économiques
Quasi absence d’échanges commerciaux intra-régionaux (Israël/Etats arabes et entre Etats
arabes.
Israël est le « géant » économique de la région entouré de voisins peinant à sortir du mal
développement. Première ressource d’Israël : forte croissance démographique (900 000 habitants
en 1948, 7 740 900 en 2011) en raison de l’immigration.
4,5% du PIB pour la recherche.
Pays hautement développé avec des cadres biens formés, des valeurs et des méthodes
occidentales, main d’œuvre bon marché dans les Territoires, fort PIB en ppa (30 000 dollars), 6.1
% de la pop active dans les TIC (deuxième place derrière la Suède).
IDH (2010) : 15ème rang
Maitrise de l’eau par des prouesses techniques (dessalement) et par accaparement des
ressources régionales (source de discorde).
Etats arabes avec forte croissance démo (accroissement naturel supérieur à 2.5% sauf en
Egypte) : confrontés à des problèmes de scolarisation alors que les budgets sont grevés par les
dépenses militaires (entre 8 et 11% du PNB sauf en Egypte à 4.8% ; France, 2.7%).
Analphabétisme important (entre 40 et 50% en Egypte et en Irak) ou sensible (10-20% ailleurs)
avec forte inégalité hommes/femmes. Manque d’emploi en milieu rural donc fort exode vers les
villes qui connaissent une croissance considérable et souvent mal maîtrisée.
PIB faibles : 10 400 dollar pour le Liban et 5 400 pour l’Egypte en 2007. Jordanie fait mieux que la
Syrie (4 700/4 500) : signe que les difficultés tiennent davantage à des facteurs socioculturels
qu’à à des données naturelles.
Economie palestinienne dépendante des cycles politiques entre Autorité palestinienne et Israël.
IDH (2010) : Jordanie (82ème), Egypte (101ème), Syrie (111ème).
Progrès technologiques et réduction des gaspillages font que la compétition pour la maîtrise de
l’eau tend à être, à plus ou moins long terme, plus un enjeu symbolique de puissance
(Syrie/Irak/Turquie) qu’un enjeu vital pour la survie économique.
Un espace vassalisé (depuis 1948)
Depuis la fin du califat arabe, le Proche-Orient n’a plus jamais été maître de son destin.
 Un jeu à trois (1945-1956)
Après 1945 les Etats accèdent à l’indépendance mais les puissances occidentales entendent
exercer une influence tant la région est devenue importante en matière d’hydrocarbures (quantité
importante et faible coût d’exploitation) et de communication (routes maritimes et
terrestres/oléoducs  tapline permettant de convoyer le pétrole saoudien vers la méditerranée en
service en 1950).
Jeu à trois entre la France, la GB et les USA. GB dispose de bases militaires, la France cherche à
retrouver sa place d’antan (difficile). Les USA tirent profit de leu position anticolonialiste, mise en
place de la VI flotte et installés en Arabie Saoudite.
URSS à l’écart car absence de parti communiste pour relayer son influence et les occidentaux font
barrage par un système d’alliance : OTAN, OTASE, Pacte de Bagdad (endiguement).
 Un jeu à deux (1956-1991)
Nasser fait entrer l’URSS dans le jeu proche oriental pour contrebalancer l’influence occidentale.
Les puissances européennes, avec cette entrée et la crise de Suez, sont marginalisées, laissant
face à face les deux puissances.
Le soutien inconditionnel des USA à Israël après 1967 ruine leur capital de confiance auprès des
Etats arabes. Les USA sont désormais responsables de tous les maux : humiliations militaires,
difficultés éco. Les opinions publiques contestent, critiquent les USA : discours alimenté par les
mouvements islamistes.
 L’hégémonie américaine (depuis 1991)
Enjeu : les intérêts pétroliers et la nécessité de préserver l’intégrité des monarchies du Golfe 
guerre du Golfe. Prise de conscience lors de ce conflit de l’importance du conflit israélo-arabe qu’il
faut résoudre.
Les accords d’Oslo : reconnaissance mutuelle entre Israël et OLP (photo du 13 septembre à
Washington), « déclaration de principe » qui fixe à 5 ans la résolution du conflit par un transfert
d’autorité à un gouvernement palestinien et par extension territoriale de ses compétences sur la
Cisjordanie et la bande de Gaza. Septembre 1955 accords Oslo II qui partagent les Territoires en
trois zones (A : responsabilité exclusive de l’Autorité, B : sécurité assurée par Israël, le reste pour
l’Autorité, C : responsabilité exclusive pour Israël cf carte p 19 doc photo n°8086 « Géographie
des conflits)
Espace des ambiguïtés (réflexion centrée sur Israël)
Travail à partir de Georges Corm, Histoire du Moyen-Orient. De l’antiquité à
nos jours, Paris, La découverte 2007
Le Moyen-Orient moderne (p 69)
1 – Fin des empires et irruption des puissances occidentales
 Décadence de l’Orient, renaissance de l’occident
Depuis 1798, rupture dans l’Histoire du Moyen-Orient : celle –ci est désormais rythmée par
l’histoire européenne, israélienne et américaine. Le Moyen-Orient est l’ojet de craintes et
convoitises occidentales.
Pas de volonté d’établir une nouvelle synthèse de civilisation d’un rang supérieur mais volonté de
tirer des avantages stratégiques et économiques :
- Hier : Egypte, grenier à blé de l’empire romain
- Aujourd’hui : Moyen6orient, réservoir de matières énergétiques.
 Trois grands modèles de résistance à la domination européenne (p 75)
Modèle turc : idéologie laïque et nationaliste des officiers Jeunes Turcs et kémalisme. Modèle
influencé par la révolution française et la conception jacobine d’un Etat nation compact. Influence
également du nationalisme ethnique et linguistique développé en Allemagne. Cela favorise
l’homogénéisation du peuplement du plateau anatolien et garantit une stabilité et une puisssance.
Fin XXème siècle, le kémalisme est terni avec :
- Croissance du fondamentalisme islamique
- Influence de la démocratie libérale européenne  acceptation de mouvements
identitaires religieux ou ethniques
- Fatigue de l’opinion/aux interventions des militaires
Modèle iranien :
- Aspirations modernisatrices, institutions politiques modernes
- Marqué par le nationalisme à l’européenne
- Pas d’homme fort à l’autorité incontestée et donc mélange contradictoire :
conservatisme/progressisme chez les religieux, anti-impérialisme et révoltes sociales 
explosion de 1979 : révolution islamique qui tente de concilier tous ces courants 
contrôle du juriste religieux.
Modèle nassérien :
- Elimination politique de la grande féodalité terrienne et de la grande bourgeoisie
- Parti unique
- Nationalisation des intérêts des grandes sociétés occidentales
- Anti-impérialisme
- Lutte contre l’Etat d’Israël
- Lutte pour la suppression des barrières étatiques artificielles
2 – Le moyen Orient sous domination européenne
 La domination franco-anglaise directe sur le monde arabe (1919-1956) (p 87)
France et Angleterre visent à un démembrement en petites entités politiques sous leur domination
 accords Sykes-Picot (mai 1916). GB fait une double promesse contradictoire  déclaration
Balfour et constitution d’un royaume arabe dans les territoires du croissant fertile et de la
Mésopotamie. Promesses qui vont à l’encontre des accords Sykes-Picot  problème au niveau
de la Syrie avec Fayçal (cf notes sur « Liban, naissance d’une nation ») : chassé de Damas il est
installé en 1921 à Bagdad et son frère Abdallah en Transjordanie en 1924. Mise en place d’un
grand Liban et d’une Syrie divisée (cf carte sur « Liban, naissance d’une nation »).
Les Anglais s’assurent le contrôle de l’Irak et de la Palestine. Discrédit des Hachémites avec
installation des Saoud sur le Hedjaz et les lieux saints  création d’un royaume d’Arabie saoudite
en 1932.
Aspirations
des
nationalistes
arabes
« modernistes » sont frustrées partout durant
la période des mandats.
Mise en place d’entités multiples aux régimes
divers : républiques en Syrie et au Liban,
royautés constitutionnelles en Transjordanie,,
en Irak, en Egypte, royauté de type islamique
en Arabie Saoudite. Pas d’application des
principes démocratiques énoncés par la
France et la GB.
En Palestine, anglais confrontés à l’agitation
des immigrants juifs et à celle des palestiniens
(inquiétude face à ces arrivées massives et ce
repli sur sa communauté).
GB s’en remet à l’ONU  plan de partage,
échec, première guerre et guerre perpétuelle
(pour exister ou pour revendiquer une cause).
Instabilité politique, discrédit des régimes mis
en place par la France et la GB.
Instabilité en Iran  Mossadegh, intervention US, ressentiment profond de l’opinion publique à
l’égard des Etats-Unis.
Seule la Turquie parvient à mettre en place un Etat solide. Mustapha Kemal parvient à mettre hors
de son territoire les armées européennes occupantes (anglaise, française, grecque, italienne).
1923 suppression du Califat, mise en place de la laïcité, latinisation de l’alphabet : tourne le dos
au passé ottoman et musulman, volonté de moderniser la Turquie sur le modèle européen.
Rempart de l’occident face à l’avancée de l’Union soviétique.
3 – Le Moyen-Orient saisi par la guerre froide, le pétrole et le conflit israélo-arabe. (p 93)
 La rivalité américano-soviétique en Orient
Le Moyen-Orient est un carrefour de communications vital pour le déploiement de troupes
militaires vers l’Inde et l’Extrême-Orient où l’URSS effectue des percées. Ces percées s’effectuent
également au Moyen-Orient.
Le développement de l’industrie pétrolière fait de la région le plus vaste réservoir mondial.
Pétroles irakien et iranien contrôlés par les Européens ; les Etats-Unis ont obtenu le monopole
pour l’exploitation des réserves saoudiennes. Années 60 découverte des réserves dans les
émirats. Construction d’oléoducs.
1956 : symbole du basculement d’Israël dans le camp occidental. URSS soutien de l’Egypte.
Positions politiques et militaires sont ruinés (passage d’une guerre à trois à une guerre à deux).
Menées contradictoires des deux grands empêchent tout forme de coopération régionale.
 Les débordements du conflit israélo-arabe et l’épopée nassérienne
o Coups d’Etat en Egypte et en Syrie, et tentatives d’alliance militaire
Défait de 1948 entraîne la chute des gouvernements de Syrie (1949/) et en Egypte (1952) : les
militaires prennent le pouvoir avec le soutien des puissances occidentales. Les Etats-Unis
pensent alors pouvoir mettre sur pied des alliances antisoviétiques. L’Egypte refus toute idée de
pacte militaire avec l’Occident tant que la question d’Israël n’est pas réglée (reconnaissance,
retour des réfugiés…) La guerre froide s’installe également entre Etats arabes.
o La guerre de juin 1967
1967 : fin de la puissance nassérienne et recul progressif de l’influence soviétique en raison de la
déconfiture des régimes égyptien et syrien. Nasser accepte le dialogue avec les Etats-Unis 
condamnations de la part des mouvements armés de résistance palestinienne (OLP créée en
1964)
o L’émergence des mouvements armés palestiniens
En Jordanie, avec une tentative de prise de pouvoir en 1969 ; le Front populaire pratique
également les détournements d’avions en Jordanie, en Ouganda et les attentats (JO Munich
1972). Chassés de Jordanie (Septembre noir), les mouvements de résistance palestinienne se
réfugient au Liban. Actions palestiniennes suscitent réactions israéliennes  période de
déstabilisation grandissante pour la République libanaise  alliance des partis dits
« progressistes » (PC, Organisation des communistes libanais…) avec les partis constitutifs de
l’OLP et soutenue par Moscou.
Général Hafez al-Aassad prend le pouvoir en 1970 et élimine l’aile gauchisante du parti Baas. Au
même moment, S. Hussein prend le pouvoir et élimine les forces nassériennes et communistes.
Volonté, pour les deux, d’exercer un leadership anti-impérialiste et antisioniste. Rivalité, pour
assurer l’unité, qui complique toute coordination au sein de la ligue arabe.
o La guerre d’octobre 1973, la montée en puissance de l’Arabie Saoudite et
l’éclatement du Liban
Anouar al-Sadate veut ouvrir l’Egypte aux capitaux étrangers : 1972, chasse les experts
soviétiques ; octobre 1973, rupture du statu quo militaire en vigueur sur le canal de Suez alors que
la Syrie un attaque dans le même temps ; embargo sur le pétrole faisant de l’Arabie Saoudite une
puissance financière. Egypte accepte un cessez le feu suivi ensuite de la Syrie au printemps
1974.
Dès 1975, le conflit israélo-arabe se déroule sur le territoire libanais. Les mouvements de
résistance palestinienne, soutenus par les pays arabes, constituent un Etat dans l’Etat. Etat
libanais discrédité par l’ampleur des représailles israéliennes.
1983-1990, état d’anarchie au Liban. Accords de Taef conclu en octobre 1989 maintiennent les
présences syrienne, israélienne et iranienne.
o L’inexorable montée du fondamentalisme islamique au Moyen Orient, la
révolution iranienne et la guerre Iran-Irak
Montée des fondamentalismes depuis 1967, encouragée par les USA pour contrer l’URSS 
création de la Conférence de l’Organisation des Etats islamiques (COEI) qui a pour bit de lutter
contre l’athéisme marxiste, d’affirmer les valeurs islamiques et promouvoir la solidarité entre les
Etats islamiques.
Succès de cette politique incite les USA à favoriser une prise de pouvoir par les fondamentalistes
à Téhéran lorsque le régime du Shah vacille. Retour de Khomeiny (exilé en France) qui se lance
dans une surenchère islamique à l’échelle régionale et internationale  prise en otage de
diplomates américains.
Avec Saddam Hussein, l’Irak acquiert un statut de puissance régionale. Hussein bénéficie de la
sollicitude des occidentaux car apparaît comme moderniste et un nationaliste laïque (différent de
la situation dans la région). Attaque l’Iran, au plus grand profit des pays du Golfe et soutenu par
les ccidentaux, un pays plus grand et plus puissant. Guerre longue, meurtrière et coûteuse pour
les deux pays.
4 – La première guerre du Golfe et ses effets
o Mise sous tutelle de l’Irak
Irak en 1988 surendetté et surarmé  tensions avec le Koweït puis invasion. Intervention US et
des troupes alliés légitimée par une série de résolutions des Nations Unies. Irak survit à sa défaite
mais Moyen-Orient plus fragilisé. Crainte d’un regain d’influence chiite et crainte (pour la Turquie)
des revendications kurdes.
Groupes de terroristes se réclamant de Ben Laden deviennent de plus en plus agissants : Bosnie,
Kosov, Tchétchénie. Seconde moitié des 90’s, se retournent contre les Etats-Unis (attentats sur
les ambassades au Kenya et en Tanzanie en 1998).
o L’impossible émergence d’un Etat palestinien
Accords d’Oslo ne débouchent pas sur une évacuation des territoires occupés.
Question du statut de la partie arabe de Jérusalem, celle du droit au retour des réfugiés
palestiniens, sort des colonies israéliennes sont les problèmes majeurs.
Situation bloquée par les USA à l’ONU (aucune condamnation à l’égard d’Israël) et absence de
soutien pour la population palestinienne.
5 – Le nouveau Moyen-Orient sur le mode américain : hégémonie, démocratie et terrorisme
o La démocratisation par la force ?
Succès de la thèse de Huntington dans les milieux néoconservateurs confortée par le 11/09.
Engagement US sur la volonté de reconstruire le Moyen6orient sur des bases démocratiques et
stables tout en soutenant les régimes arabes à éliminer les mouvements islamistes en bafouant
les droits de l’Homme.
o La crise irakienne : guerre préventive et occupation
2003 : nouveau et grave traumatisme pour la région. Invasion et pillage des administrations d’Etat
et du patrimoine archéologique et culturel, dissolution de l’armée, de la police et des services de
sécurité : volonté d’empêcher que l’Irak puisse un jour redevenir rapidement vraiment
indépendant.
Colonisateur américain a joué des divisions communautaires, ethniques et régionales pour asseoir
sa domination et imposer son arbitrage : guerre civile larvée entretenue entre sunnites et chiites,
rivalités entre Kurdes, Turcomans et arabes.
o Le vide de puissance au Moyen-Orient
Début XXIème siècle, PMO soumis à des turbulences permanentes aux causes complexes et
multiples :
- Traumatisme colonial et démantèlement de l’empire ottoman
- Politique anglo-saxonne d’hégémonie
- Incapacité des régimes arabes à constituer un noyau organique pour faire face aux défis
extérieurs : désunion sur la question palestinienne, sur la révolution islamique en Iran
Tout n’est pas sombre :
- Le pétrole source de profits et de puissance y compris pour les petits émirats dirigés par
un chef de tribu autocratique ;
- Réussite du conseil de coopération du Golfe : harmonisation des politiques de sécurité,
économiques, prévision d’une union monétaire après concrétisation de l’union
douanière
Mais en dépit des richesses pétrolières, les performances du Moyen-Orient restent faibles/aux
autres régions du monde.
Trois Etats, seulement, présentent les caractéristiques d’un Etat fort : Israël, la Turquie, et l’Iran.
Mais ces Etats sont menacés par divers défis : politique d’expansion et de colonisation pour Israël,
problème kurde, isolement sur le plan international et tutelle religieuse qui ne fait guère
l’unanimité.
Moyen-Orient, une construction introuvable.
Moyen-Orient = zone de tempêtes où les puissances occidentales sont totalement impliquées
économiquement, politiquement et militairement. Sans changement d’attitude des grandes
puissances, difficile de mettre un terme à cette géopolitique cruelle (colonialisme, terrorisme,
répressions…)
Le pétrole, une chance ?
Pétrodollars et islamisation
1973 puis 1979, pétrodollars concentrés aux mains de l’Arabie Saoudite et du Koweït (faibles
populations) au service de la solidarité islamique anticommuniste. Création d’un grand nombre de
millionnaires qui bouleverse les structures économiques et sociales de la région : ère des émirs et
des Cheikhs qui financent institutions pieuses islamiques et intense propagande pour l’idéologie
wahhabite. Mais cette influence se conjugue avec celle de l’Iran qui se pose en défenseur des
opprimés (effets les plus visibles au Liban avec le Hezbollah).
Course à l’islamisation, grâce aux pétrodollars, qui ne favorise pas une industrialisation :
délaissement de l’agriculture (sauf en Syrie), polarisation des efforts industriels sur le raffinage et
la pétrochimie, développement du secteur touristique.
Bilan négatif de l’ère pétrolière
Contre choc pétrolier de 1985 = Moyen-Orient redevient un nain économique. Avec la reprise des
cours, la place du Moyen-Orient demeure marginale dans la production et le commerce mondiaux.
(2004 avec les pays du Maghreb, exportations sont de 520 milliards sur un total mondial de 9000
soit à peine 6% des échanges mondiaux : montant inférieurs aux échanges réalisés par la
Belgique et les Pays-Bas).
S’agissant du PIB/hab : en 2005 3970$ (maghreb inclus) mais des écarts importants (8 300$ en
Libye, 15 332$ en Arabie Saoudite, 21 395 au Barheïn, 53 512$ au Qatar). Ecarts tout aussi
important pour les Etats non pétroliers : Yemen 649$, Egypte 1 019$, Turquie 5 012$, Liban
6 028$ et Israël 19 878.
Bilan globalement négatif même si hausse, mais inégale, des niveaux de consommation et de
bien être. Economies fragiles (sauf Turquie), structures industrielles ne permettent pas de créer
des emplois suffisants et d’exporter. Montée du chômage chez les jeunes contribue à la montée
des fondamentalismes. Economie de rente, niveau du pétrole détermine les taux de croissance.
Economie de rente ne favorise pas l’accélération de réformes démocratiques : oligopole de grands
groupes familiaux qui disposent d’un poids politique qui leur confère privilèges immunités
notamment fiscales.
Les
premiers
penseurs
islamistes
apparaissent dans l’entre deux guerres: La
doctrine des « Frères musulmans» (créée en
1928) a été fixée par leur fondateur Hasan alBanna (1906-1949) et son disciple Sayyed
Qotb (1906-1966). Cette confrérie égyptienne
s'est dotée d'une organisation internationale,
avec des branches dans plusieurs pays. Il
s’agit d’une réponse aux maux du monde
arabe, d’une alternative à la voie moderniste.
Quel est le fondement de l’Islamisme ?
- une pensée politique originale : ils
souhaitent la réunification du religieux
et du politique et font pour cela une
lecture politique du Coran en se servant
des concepts des idéologies occidentales
« l’Islam est notre constitution ».
1- Je crois que tout est sous l'ordre de Dieu ; que Muhammad est
le dernier des prophètes adressé à tous les hommes (…) que le
Coran est le Livre de Dieu.
4 - Je crois que le musulman est responsable de sa famille, qu'il a le
devoir de la conserver en bonne santé, dans la foi, dans les bonnes
mœurs. Je ne ferai pas entrer mes fils dans une école qui ne
préserverait par leurs croyances, leurs bonnes moeurs. Je lui
supprimerai tous les journaux, livres, publications qui nient les
enseignements de l'Islam, et pareillement les organisations qui
nient les enseignements de l'Islam, et pareillement les organisations,
les groupes, les clubs de cette sorte.
5 - Je crois que le musulman a pour devoir de faire revivre la gloire
de l'islam, en promouvant la renaissance de ses peuples, en
restaurant sa législation. Je crois que le drapeau de l'islam doit
dominer l'humanité, et que le devoir de tout musulman consiste à
éduquer le monde selon les règles de l'islam ; je m'engage à
lutter tant que je vivrai, pour réaliser cette mission, et à lui sacrifier
tout ce que je possède.
6 - Je crois que tous les musulmans ne forment qu'une seule
nation unie par la foi islamique et l'islam ordonne à ses fils de faire
le bien à tous ; je m'engage à déployer mon effort pour renforcer
le lien de fraternité entre tous les musulmans, et pour abolir
l'indifférence et les divergences qui existent entre leurs
communautés et leurs confréries.
7- Je crois que le secret du retard des musulmans réside dans leur
éloignement de la religion, que la base de la réforme consistera à
faire retour aux enseignements de l'islam et à ses jugements,
que ceci est possible, si les musulmans œuvrent dans ce sens et que
la doctrine des Frères Musulmans réalise cet objectif. Je m'engage à
m'en tenir fermement à ces principes, à rester loyal envers
quiconque travaille pour eux, et à demeurer un soldat à leur
service, voir à mourir pour eux.
Le credo des Frères musulmans (sans date). Cité dans Dictionnaire
mondial de l'islamisme, « Les Cahiers de l'Orient », Plon, 2002.
Quels sont les objectifs des Frères
Musulmans ?
- Restaurer l’unité primitive de l’oumma
(communauté des musulmans) des
« pieux ancêtres » (salaf) c’est-à-dire au
début de l’Islam, époque de Mahomet et des cinq premiers califes Rashidun (« Biens
Dirigés ») mais qui n’a jamais existé (mythe, une utopie, à laquelle on se raccroche
néanmoins).
- Faire disparaître les disparités, les inégalités entre les communautés musulmanes. Ils ont
une attitude panislamique et souhaitent la réhabilitation du califat pour reconstruire l’unité
de l’oumma.
- Restaurer la gloire de l’Islam : tourner le dos à cette période de décadence qui a vu le
triomphe des puissances coloniales, occidentales.
- Propager le message de l’Islam pour faire de tous des musulmans
Pourquoi peut-on parler du mouvement islamiste comme d’un mouvement totalisant ?
- Les terres non-musulmanes sont des terres de conquête : il faut convertir.
- Le don de sa personne au profit de la masse (« sacrifier tout ce que je possède »)
- La suppression des journaux, livres, organisations qui sont contraires à l’Islam
- Religion et politique ne sont pas distinguées
Comment explique-t-on le retard des pays musulmans ?
- Le retard est lié à un éloignement de la religion : il faut un retour aux écritures, à leurs
jugements
Le premier islamisme est :
- une idéologie politique totalisante anti-occidentale qui se développe dans un
contexte difficile (colonisation, suppression du califat par Atatürk, modernisation du
monde arabe, début de la transition démographique, bouleversement des sociétés
traditionnelles).
- Une idéologie qui s’applique à toute la société. L’Etat islamique supprimera, ainsi,
les différences sociales, ethniques, tribales, religieuses, nationales…et restaurera
l’unité primitive de la communauté.
- marginal jusqu’en 1967, ensuite il devient un refuge. 1967 est un divorce avec
l’occident, la modernité et la laïcité.
Point sur Islam, Islams ?
Cartes du monde musulman. S’agit-il d’un monde
idéologiquement, économiquement) ? Cartes sur diapos
unifié
(géographiquement,
 Une diversité géographique :
- la majorité des musulmans vit à l’Est du Pakistan (Asie centrale)
- 30% des musulmans se trouvent dans le sous-continent indien
- 20% en Afrique subsaharienne
- 17% en Asie du Sud-Est
- 18% dans le monde arabe
- 10% en URSS et en Chine
- On dénombre ensuite des minorités musulmanes dans quasiment tous les états du
monde
NB : il apparaît que tous les musulmans ne sont pas arabes. Ces derniers sont mêmes
minoritaires : 230 millions de musulmans arabes sur une communauté de 1,3 milliards
d’individus.
 Une diversité idéologique L’Islam (de la racine arabe Salam qui signifie paix, salut, est une soumission à
Dieu) a été révélé à Mahomet au travers du Coran au VII siècle après Jésus Christ.
L’Islam est la dernière religion universelle apparue à la suite du judaïsme et du christianisme. L’Islam se veut
une religion de réconciliation avec Dieu. La nouvelle religion vient « sceller » (parachever) le message des deux
précédentes religions. Le prophète et le livre sacré viennent mettre fin aux luttes tribales entre Arabes, et font de ces
derniers une nation en leur donnant une langue unifiée, l’arabe. L’Islam prône que l’être humain est doté du libre
arbitre nécessaire pour obéir ou non aux commandements divins, face auxquels il se trouve seul, sans clergé
intercesseur entre lui et Dieu.
A la fois religion et Etat, l’Islam, au travers de la loi islamique (chariah) est présent dans tous les aspects de la
vie publique et privée du musulman.
Mais l’Islam n’est pas unifié, on dénombre plusieurs courants :
- SUNNISME : Courant majoritaire de l'islam qui s'appuie sur la Sunna (usage, coutume qui correspondent
aux actes et paroles de Mahomet). Ils représentent 90% de la communauté musulmane.
On peut distinguer quatre grandes doctrines et écoles d’interprétation au sein du mouvement sunnite :
o Les Hanafites (de Abu Hanifa, mort en 767) : ils accordent beaucoup d'importance au
jugement personnel du croyant lorsqu'il s'agit de déterminer ce qu'il faut faire ou ne pas
faire. Ainsi, ils peuvent être. Considérés comme les moins rigides dans leur interprétation
de l’islam. Ce sont pour la plupart, les musulmans de Turquie, d'lnde, du Pakistan,...
o les Malikites
(de Malik ibn Anas mort en 796) : (ils se basent sur le droit musulman
en vigueur à Médine du
temps du Prophète Mahomet (VII ème siècle). Ils accordent
également une forte importance à l'opinion personnelle et se retrouvent principalement en
Afrique du nord et au Soudan.
o Les Shafiites (du juriste musulman AI Shafii, mort en 820): leur doctrine accorde
beaucoup d'importance au droit musulman. Cette doctrine se retrouve dans le Golfe et en
Indonèsie.
o Les Hanbalites (de Ahmad ibn Hanbal, mort en 855): ce sont les plus rigoureux et les
plus conservateurs dans leur vision de l’Islam. Leur doctrine repose sur une interprétation
littérale stricte du Coran. Ce mouvement se retrouve en Arabie Saoudite.
- CHIISME : Il n’y a ni concile ni autorité pontificale en Islam pour déterminer ces positions dogmatiques, et
l’idée de majorité n’est pas plus l’équivalent d’orthodoxie que celle de minorité n’est l’équivalent
d’hétérodoxie.
Le Shiisme (Shia d’Ali : parti d’Ali) prétend défendre le droit au califat, dès la première guerre civile (656660), du cousin germain et gendre du prophète, Ali en raison de ses mérites (premier converti mâle,
combattant). Après sa mort, les schiites reconnaissent la transmission de ses prérogatives à ses fils
Hasan et surtout Husayn massacré à Karbala qui confèrent aux survivants de sa lignée les privilèges sur
l’imamat (et non califat car ses grâces dépassent le champ politique et touche au religieux). En effet, si
Mahomet a fait descendre le coran, il revient aux imams d’en interpréter le sens
Les imams alides :
(d’origine divine).
En somme, la révélation n’est pas close avec la mort du prophète. Le shiisme
1 Ali
insiste sur l’égale dignité des envoyés de Dieu (Adam, Noë, Abraham, Moïse,
Jésus) et s’ouvre ainsi davantage sur l’héritage des autres religions. La distinction
2 Hasan
entre l’obvie et le secret a fait naître une élite seule capable de révéler ses vérités
initiatiques : ainsi, un clergé se met en place avec les imams et les mollahs qui
3 Husayn ( en 680)
sont de véritables intercesseurs entre les hommes et Dieu.
L’hérédité de l’imamat n’était réglé par aucun principe simple (par ex :
4 Ali
primogéniture masculine) si bien que les scissions sont nombreuses. La plus
importante intervient après la mort du sixième imam chiite Dja‘far al-Sadik en 765.
5 Muhammad ( en 731)
6 Dja’far ( en 765)
7 Isma’il
Une querelle de succession éclata entre ses deux fils Isma‘il et Musa al-Kasim. Les ismaéliens arrêtèrent
la lignée des imams avec ismaël (7° imam de la dynstie alide d’où le nom de septimains). Le mouvement
des partisans d’Isma‘il ou ismaéliens, ne devint actif qu’à la fin du IX e siècle, sous une double forme,
qarmate (après 880) et fatimide (909-1171).
D’autres scissions affectèrent le camp ismaeliens :
- exil en Syrie des partisans de la divinisation  origine de la secte de Druzes
- à la mort du calife Mustansir, son fils fut écarté du pouvoir et emmuré. Emporté par ses
partisans en Orient  fondation du mouvement des assassins.
Les musawiyya, au contraire, prétendaient que le successeur légitime de l’imam défunt était un autre de
ses fils, Musa (numéro 8 et ne reconnaisse pas ismael) qui est leur septième imam. Cette branche
débute l’occultation après la mort du 12° imams  duodécimains.
 Une diversité économique et sociale
D’un point de vue économique et social, il apparaît que les pays qui comptent une forte population
musulmane sont confrontés à des difficultés :
- l’IDH est très largement plus faible
- le PNB est lui aussi faible
En somme, ces pays sont confrontés aux mal développement et appartiennent aux pays du Sud.
Mais, comme vu en géographie, ce Sud est multiple. Ainsi, les situations rencontrés par ces Etats
sont variables : les niveaux de développement et les richesses produites sont variables. Il y a là
aussi une certaine diversité.
La République Islamique d’Iran, une utopie ? Un symbole de l’échec de l’islamisme ?
Quels signes témoignent du caractère islamiste, totalisant de cette révolution ?
La révolution iranienne de 1979 menée par l'ayatollah
Le gouvernement
islamique
soumisfondateur
à la loi de
Khomeiny
est considérée
commeest l'acte
de l’islam qui n’émane ni du peuple ni de ses
l'islamisme
contemporain:
elle
instaure
un
régime
d'idéologie
représentants, mais directement de Dieu… Gouverner signifie uniquement mettre à effet les lois
islamiste.
Ce discours
préfigure
fatwa
le Ces
15 février
coraniques,
autrement
dit,lales
loislancée
divines.
lois doivent être obéies et exécutées par tous, sans
1989 exception,
contre l'écrivain
musulman
d'origine
pakistanaise,
et sans contestation. La loi divine s’applique au chef et au subordonné, à l’employeur et à
Salman Rushdie, pour son œuvre les Versets sataniques. Ce
l’employé.
décret juridique du droit coranique équivaut à une
condamnation
Ayatollahà mort.
Khomeiny, Principes politiques philosophiques, sociaux et religieux, Editions libres-Hallier,
1979.
1979 :
s’agit
d’une
révolution
marquée par son anti-américanisme,
son opposition à l’Arabie Saoudite
(sunnite), son tiers-mondisme (il
s’agit de régler tous les problèmes
des déshérités du monde). Il s’agit
bien d’instaurer les lois divines : c’est
une théocratie où le pouvoir émane
de Dieu. Le pays est conduit par un
Guide suprême (ayatollah). Cette
révolution est universelle : le monde
entier est conçu comme le Dar al
islam (pays/territoire de l’Islam) Il
s’agit de reconstituer l’oumma. Il
s’agit
d’un
régime
autoritaire,
totalisant où les opposants doivent se
taire.
"Si nous avions brisé les plumes empoisonnées de la presse
corrompue, fermé toutes les publications conspiratrices et
pourries, traduit en justice leurs responsables, si nous avions
encore interdit, pour commencer, tous les partis politiques qui
complotent contre la Révolution, pendu leurs dirigeants à des
potences dressées sur les places publiques, nous n'aurions
pas connu les difficultés auxquelles nous faisons face
aujourd'hui (…). Il faut créer un parti unique, car il ne peut y
avoir qu'un seul parti, celui des déshérités, celui de Dieu, au
sein duquel tous les problèmes des opprimés du monde
pourraient être réglés. C'est en effet à eux que reviendra la
terre quand ils l'auront emporté sur leurs oppresseurs. Les
journalistes, écrivains, intellectuels ont abusé de la liberté qui
leur a été accordée. Nous voulons qu'il ne soit plus
désormais permis à ces gens d'écrire quelque part (…). Ils
sont en train d'essayer de dicter la voie que devrait
emprunter le peuple, mais ce dernier sait ce qu'il veut. Ces
gens-là devraient se souvenir qu'ils ne représentent que
Cette
entraîne
un reclassement des alliances dans la région :
deux révolution
pour cent de
la population.
-
USA perdent l’Iran et son pétrole mais gagnent l’Egypte.
Le fondamentalisme plutôt pro américain.
L’URSS plutôt perdante, intervient en Afghanistan.
Discours de Qom, 17 août 1979, Pensées politiques de
l'ayatollah Khomeiny, 1980.
-
Opposition Arabie Saoudite – Iran.
Qu’en est-il 10 ans plus tard ? De l’islamisme au nationalisme
Un échec de par la nature du projet : ce projet est contradictoire et impossible à réaliser car si il y
a un Etat c’est qu’il y a primauté du politique sur le religieux et donc une forme de sécularisation
qui est contraire à l’idée d’islamisme.
-
-
depuis 1988, l’Iran mène une politique étrangère fondée sur ses seuls intérêts
nationaux. La nationalisation du mouvement iranien s’explique par la pratique du pouvoir
qui conduit à l’identification avec un Etat nation et avec un espace politique
spécifique, et donc au pragmatisme et au réalisme. En Iran l’islamisme s’apparente à
un nationalisme et la politique extérieure iranienne est une real politik…
l’islamisme iranien se traduit par une victoire du politique sur le religieux. La
constitution iranienne organise une double souveraineté : Dieu par l’intermédiaire du Guide
(celui qui est conscient de son temps) et le peuple puisque la constitution a été votée. Par
ailleurs, la Charia cède le pas à la politique : en 1988 le Guide Khomeiny déclare au
président qu’il est légitime de suspendre une obligation religieuse si la raison d’Etat
l’exigeait. Enfin, quant au guide actuel l’Ayatollah Khamenei, élève de Khomeiny, il a été
choisi par des hommes politiques et il n’était pas ayatollah, source d’imitation… Le pouvoir
est « partagé » : la sécularisation est passée par là.
L’échec de l’islamisme ?
Le cas iranien n’est pas isolé. Ailleurs, il en va de même, l’islamisme néo fondamentaliste a
échoué son expansion en Bosnie, en Algérie et en Egypte. La violence extrême a détaché la
bourgeoisie pieuse de ces mouvements ; le pouvoir autoritaire traditionnel (responsable en partie
de cette violence ??  moines de Tibéhirine en 96 ?) a repris en main la situation et espère dans
le développement de l’économie de marché pour dissiper le danger…
Ainsi, pour généraliser, les grands mouvements islamistes :
- ont abandonné l’internationalisme : ils ont voulu islamiser une société concrète (et non
l’oumma en général) à partir de la prise du pouvoir d’Etat.
- sont rentrés dans le jeu politique comme force nationale (programme : lutte contre la
corruption, conservatisme et nationalisme). Dans ce contexte les mouvements
islamistes se recentrent et cherchent l’alliance avec les partis du centre laïc (texte 5 p
125)→ cf la Turquie , le parti Fazilet (Vertu) d’Erdogan, rempaçant le parti Refah
(prospérité) d’Erbakan ; ce parti s’apparenterait aux chrétiens démocrates, d’où le terme de
« musulmans démocrates ». Ainsi pour cet auteur l’islamisme aboutirait à la démocratie !
Mais attention les islamistes ne sont pas démocrates par idéologie : ils s’efforcent de
structurer la scène politique nationale de leur pays en mobilisant des catégories sociales
exclues du jeu politique et en offrant une alternative idéologique.
Autres textes disponibles
François Schlosser, «Un nouveau calife à Bagdad »...Prudent, avisé et calculateur, pourquoi a-t-il
(Hussein) pris le risque de cette guerre ? D'abord, parce qu'il fallait, de toute manière, pour restaurer l'Irak
dans ses dimensions historiques, lui rendre ces petits bouts de territoire que le chah d'Iran, quand il était au
sommet de sa puissance, lui avait arrachés. Ensuite, parce que le nouveau régime islamique de Téhéran,
depuis des mois, appelait les chiites irakiens à la révolte. C'était pour l'Irak, dont la majorité de la
population est de rite chiite, un danger mortel. Et sur cette question, Saddam Hussein ne badine pas (...)
En prenant ces objectifs à son compte, Saddam Hussein se taille, à coups de canons, un profil de grand
dirigeant arabe, tout en réalisant sur le terrain son propre dessein national. Reste à savoir si les dirigeants
irakiens n'ont pas sous-estimé la capacité de résistance de l'ancien géant militaire iranien. Et si la fortune
des armes finit par sourire vraiment à Saddam Hussein, beaucoup dépendra de la manière dont il saura se
dégager de cette guerre, c'est-à-dire la terminer.»
Le Nouvel Observateur (France), 29 septembre 1980, p. 24
Yves Cuau, «Iran-Irak : la guerre jusqu'où?»
«...Guerre totale ou pas, Bagdad crée une situation nouvelle et terriblement complexe. On voit mal
l'Armée irakienne victorieuse s'enfoncer profondément en territoire iranien, même dans ce
Khouzistan que les Arabes nomment Arabistan, parce que la moitié de sa population est arabe, de
confession sunnite, et qu'elle souffre depuis des siècles de la «colonisation» persane, mais on
imagine mal aussi le terrible ayatollah Khomeiny accepter le moindre compromis, malgré les
revers évidents de ses troupes. Avec le quart de l'ancienne aviation impériale, la moitié de sa
marine et le tiers de ses blindés, il peut encore, sans doute, entraîner tous les États riverains du
Golfe et les grands pays industrialisés dans une sorte de suicide collectif. Le drame est que le
conflit arabo-persan (le premier conflit au Moyen-Orient dans lequel Israël ne soit pas impliqué)
semble irréductible entre ses protagonistes et n'offre actuellement que très peu de possibilités
d'intervention aux grandes puissances, malgré la neutralité déclarée de Washington et de
Moscou.»
L'Express (France), 4 octobre 1980, p. 34-36
Bob Levin, "Les buts de Guerre Ambitieux de l'Irak"
"... Selon l'Irak, tout ce qu’il espère gagner de la guerre avec l'Iran est une longue tranche de lit de
rivière et quelques petites pièces de terre ferme. En fait, le Président irakien Saddam Hussein
combat pour des intérêts beaucoup plus grands. Après des années comme allié soviétique et un
rejeté du monde arabe, Saddam Hussein essaye d'établir son pays comme une puissance
majeure, indépendante (...) (en occupant un vide). L'Égypte est isolée des autres états arabes par
sa participation dans le processus de paix de Camp David. La Syrie est embourbée avec des
ennuis internes et l'Iran (…) est dans le trouble. L'Irak est un candidat prometteur pour marcher
dans l'infraction (...) La guerre avec l'Iran est un long chemin déterminant si l’Irak, par son effort,
peut réaliser l'hégémonie dans le monde arabe. Saddam Hussein a bien choisi son moment,
frappant à la fois quand le révolutionnaire l'Iran est faible, et quand pas même les deux
superpuissances sont enclines à l'arrêter. Mais maintenant Saddam Hussein doit gagner sa
guerre. S’i il échoue, les forces politiques opposées pourraient le priver d’une autre chance.
Newsweek (Etats-Unis), 6 octobre 1980, pp. 37-38
Bob Levin, «Iraq's Ambitious War Aims»
«...According to Iraq, all it hopes to gain from the war with Iran is a long slice of riverbed and a few
small patches of dry land. In fact, Iraqi President Saddam Hussein is playing for much higher
stakes. After years as a Soviet client and a radical outcast of the Arab world, Hussien is attempting
to establish his country as a major, independent power (...) The vacuum is for the filling. Egypt is
isolated from the other Arab states by its participation in the Camp David peace process. Syria is
bogged down with internal troubles, and Iran, once the policeman of the Persian Gulf, is in turmoil.
Iraq is a promising candidate to step into the breach (...) The war with Iran will go a long way
toward determining just how successful Iraq will be in its effort to achieve hegemony in the Arab
world. Saddam Hussein has chosen his moment well, striking at a time when revolutionary Iran is
weak and when not even the two superpowers are willing or able to stop him. But now Hussein
must win his war. If he fails, the treacherous currents of Iraqi politics may deprive him of another
chance.»
Newsweek (Etats-Unis), 6 octobre 1980, pp. 37-38
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