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ECOLE DOCTORALE « CULTURES ET SOCIETES »
Thèse de doctorat en cotutelle d’Université Paris-Est et Università di Pisa
HISTOIRE
Angelo MORABITO
LA CONSTRUCTION NATIONALE ITALIENNE DANS LE MIROIR FRANCAIS
Représentations croisées des « Pères de la Patrie italienne » en France
du Printemps des Peuples à la Grande Guerre (1848-1914)
Thèse en cotutelle dirigée par Catherine BRICE/Alberto Mario BANTI
Soutenue le 8 décembre 2012
Jury :
Massimo BAIONI (Université de Sienne), rapporteur
Alberto Mario BANTI (Université de Pise), co-directeur
Catherine BRICE (UPEC) Directrice
GillesCOUT (Ecole Normale Supérieure de Paris), rapporteur
1
Remerciements
Un travail comme la présente thèse est avant tout redevable à la lecture de nombreux travaux
qu’on retrouvera dans la bibliographie. Les auteurs qui m’ont le plus inspiré sont cités dans
l’introduction et reviennent régulièrement dans le corps du texte. Au-delà de ma dette intellectuelle à
l’égard des livres lus, je voudrais remercier plusieurs personnes qui m’ont permis à un moment ou à un
autre de réaliser ce labeur. Le premier remerciement va à Philippe Boutry dont j’ai suivi les cours lors
de ma lointaine licence, qui a dirigé ma maîtrise et mon DEA et qui m’a ensuite orienté vers Catherine
Brice pour guider le présent travail. Je remercie chaleureusement cette dernière d’avoir accepté de
diriger mes recherches. Ses conseils thodologiques et bibliographiques m’ont été précieux et m’ont
permis d’avancer dans les moments je me sentais bloqué dans mon travail. Je lui exprime donc
toute ma gratitude. Je remercie également vivement Alberto Mario Banti qui m’a fait l’honneur
d’accepter de codiriger ma tse.
J’ai eu l’occasion de présenter certains points du présent travail au cours de différents
colloques qui m’ont permis, par la discussion avec les personnes présentes, d’approfondir certains
points. Je remercie donc vivement Laurent Reverso, Sylvie Aprile, Gilles Pécout et Elsa Chaarani pour
m’avoir invité à exposer mes idées en ces différentes occasions. Je remercie enfin Gian Luca Fruci qui
m’a fait parvenir plusieurs de ses écrits dont un inédit et fourni plusieurs conseils bibliographiques, qui
m’ont été fort utiles.
Bien entendu, je suis le seul responsable des idées ici exposées et des éventuelles erreurs qui
se seraient glissées sous ma plume.
Au point de vu personnel, je voudrais remercier mon amie et ancienne institutrice Françoise
Labat qui a relu une grande partie de ce texte. Je voudrais remercier également mes parents qui m’ont
soutenu tout au long de ces années. Je ne peux évidement terminer ces remerciements sans citer mon
épouse Nora dont les encouragements ont été constants et qui a eu la patience de me voir souvent
partir étudier dans les moments mon activité professionnelle m’aurait permis d’être pourtant
disponible. Enfin, je voudrais citer mes trois enfants, Alexandre, Elisa et Julia qui auraient surement
préféré avoir un père davantage présent par moments.
Pour tout un tas de raisons, je dédie cette étude à la double mémoire de mon oncle Placide et
de ma sœur Sylvie.
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INTRODUCTION
LA CONSTRUCTION NATIONALE ITALIENNE
DANS LE MIROIR FRANÇAIS
:
DE L’INTERET DES REGARDS CROISES
3
La question nationale dans les débats politiques français et italiens depuis 1945 :
du silence d’après-guerre à la centralité contemporaine
Durant la deuxième moitau moins du XIXème siècle et la première moitié du XXème,
la légitimation politique passait partout en Europe par la référence à l’idée de nation. Elle fut
cependant abandonnée au sortir de la Seconde Guerre Mondiale du fait des massacres sans
nom de la période dont sa forme exacerbée, le nationalisme, était responsable. Dès lors, l’idée
de nation ne fut plus appréhendée comme le cadre de référence de l’exercice de la démocratie
mais ne fut plus perçue que comme une pathologie politique liée à des mouvements
extmistes. Le dépassement du cadre national fut alors puissamment senti sur le continent
comme une nécessipour prévenir tout risque de retour à de sanglants conflits, en rendant les
peuples interdépendants les uns des autres. C’est dans ce contexte que la construction
européenne fut lancée en Europe de l’ouest, portée par des dirigeants mocrates-chrétiens
(Adenauer, Monnet, Schumann, de Gasperi) partageant des férences religieuses communes
et par définition supranationales qui les incitaient à créer des systèmes politiques dépassant les
cadres nationaux hérités du XIXème scle. Cette dévalorisation de la thématique nationale au
sein des élites dirigeantes des différents pays européens se retrouva dans tous les Etats qui
s’étaient constitués autour de l’idée nationale, que ces Etats soient anciens comme en France
ou qu’ils soient d’origine plus récente comme en Italie.
C’est ainsi qu’en France les partis ou mouvements qui dominèrent la sphère politique
hexagonale après 1945 tiraient leur gitimité des combats de la Résistance, considérée
comme mythe fondateur. Si le général de Gaulle insistait énormément dans ses discours et ses
écrits sur l’idée de nation, cependant c’est en tant que restaurateur de l’ordre républicain (par
la Résistance d’une part, par la constitution de la Vème République d’autre part) qu’il tirait
l’essentiel de sa légitimité. La gauche était quant à elle dominée par le parti communiste qui
se présentait comme le parti des 75 000 fusillés. Or si le Parti Communiste rencontra en
certains moments de son histoire la cause nationale1, les idéaux internationalistes qu’il
proposait n’étaient par définition pas centrés sur la nation. Gaullistes et communistes
pouvaient se combattre sur le terrain politique, ils n’en dominaient pas moins le champ
politique sur des bases similaires : la communion dans les souvenirs partagés des combats de
la Résistance2. Or au milieu des années 1970 la prédominance des gaullistes et des
communistes sur la sphère politique tendit à s’amoindrir, ce dont témoigne entre autre
1 Lors du Front Populaire ou lors de la Résistance
2 Pierre Nora, “Gaullistes et communistes” in Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire, Paris, Gallimard,
Collection Quarto, 1997, T. 2, p. 2489-2532
4
l’élection au poste de président de la République de Valéry Giscard d’Estaing, premier
homme à ce poste à ne pas appartenir à la mouvance gaulliste depuis la fondation de la Vème
République. De même à gauche le progressif déclassement du parti communiste par le parti
socialiste moigne d’une déprise des mythes fondateurs de la Résistance sur lesquels la vie
politique se fondait jusque 3. Or ces derniers ne furent pas réellement remplacés par d’autres
mythes mobilisateurs. La construction européenne aurait pu servir à cet effet, mais on constate
qu’il n’en fut rien. L’élargissement de 1973 se fit dans une relative indifférence comme en
témoigne la faible participation au référendum organisé par Georges Pompidou sur cette
question4. La première élection du parlement européen au suffrage universel de 1979 ne
suscita pas non plus de réels enthousiasmes, et par la prose de Jacques Chirac dans son texte
connu sous le nom « d’appel de Cochin »5, elle fut l’occasion de réaffirmer l’attachement à
des valeurs nationales, qui réapparaissent alors dans le discours politique et qu’il présentait
comme menacées par les tenants du supranationalisme européen. Par ce texte, Jacques Chirac
tentait de capter à son bénéfice le retour depuis la deuxième moitié des années 1970 de la
thématique nationale dans le discours politique. Ce retour s’explique par la crise économique
de la période et la réapparition du phénomène du chômage qui conduisit à une remise en
cause par une partie de l’électorat du système politique traditionnel. Dans ce contexte de crise,
la thématique nationale refit surface, pour critiquer un cadre qui semblait frappé
d’obsolescence ou au contraire pour en appeler à sa réaffirmation vigoureuse. C’est ainsi que
la légitimité de L’Etat-Nation fut contestée par les mouvements indépendantistes comme ceux
qui refirent alors surface en Corse ou en Bretagne. A l’inverse, le Front National commençait
quant à lui sa longue carrière avec la première candidature de Jean-Marie Le Pen aux
élections présidentielles de 1974. Si les résultats qu’il obtint alors furent dérisoires, inférieurs
à 1%, il réussit cependant à s’affirmer progressivement comme un acteur central du jeu
politique au cours des années 1980. Sa qualification au second tour de lélection présidentielle
de 2002 prouve que les thématiques qu’il portait rencontraient un écho puissant au sein d’une
frange importante de l’électorat. Ces thématiques ont ensuite été réutilisées par la droite de
Gouvernement, le candidat Nicolas Sarkozy en faisant en 2007 un argument central de son
discours. Ceci aboutit après son élection à la création en 2007 d’un « ministère de
l’immigration et de l’identité nationale » qui a suscité de nombreuses polémiques. L’ensemble
3 Pour le détail des vicissitudes politiques de la période, cf. Jean-Jacques Becker, Crises et alternances, 1974-
1995, Nouvelle histoire de la France contemporaine, Tome 19, Paris, le Seuil 1998, 631p.
4 Cf Serge Berstein et Jean-Pierre Rioux, La France de l’expansion. L’apogée Pompidou, 1969-1974, Nouvelle
histoire de la France contemporaine, T18, Paris, Le Seuil, 1995, pp. 92-94
5 Cf Jean-Jacques Becker, Crises et alternances, 1974-1995, op. cit. pp. 159-163
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