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1. Introduction
A la base de ce travail, il y a deux constats. D’une part, l’évolution du climat et
l’épuisement progressif des ressources nous conduit à diminuer de plus en plus notre
consommation énergétique et d’autre part, l’évolution de la situation dans les stations alpines
jusqu’à un point de rupture aujourd’hui.
L’objectif de ce travail est de réunir deux problématiques dans une même vision, de faire
en sorte qu’elles se répondent l’une à l’autre et s’enrichissent mutuellement pour faire
émerger une démarche projectuelle adaptée au mieux à la construction durable en montagne.
Bien que cette étude tiendra compte de lois universelles et d’éléments caractéristiques de
la construction dans l’ensemble de l’arc alpin, une part importante du travail sera orienté sur
des spécificités du cas suisse, contexte de base pour le projet de master qui suivra.
Il semble que nous sommes arrivés ces dernières années à un carrefour au niveau duquel
trois directions correspondant à autant de visions pour la Suisse de demain se présentent à
nous. Il y a bien sûr le statu quo, qui au vu notamment des votations sur les résidences
secondaires, apparait de plus en plus insoutenable pour la population. La seconde voie,
esquissée notamment par Herzog et de Meuron dans leur étude sur le territoire Suisse1,
propose quant à elle une Suisse emmenée par ses métropoles, délaissant quelque peu ses
« friches alpines », qui sans l’aide des péréquations financières déclineraient en partie, laissant
la place pour un retour du « naturel ». Mais est-ce vraiment opportun, dans un pays comme la
Suisse, longtemps fondé sur le mythe de la vie alpine et qui plus est confronté à une crise du
logement sans précédent, de laisser ainsi de côté plus de 60% de son territoire et de risquer un
exode rural de près de 20% de sa population2 ?
Pour ces raisons, et aussi parce que provenant d’un village de montagne, je considère que
ces régions offrent un modèle de vie particulier que l’on ne saurait retrouver en ville, je
souhaite dans ce travail explorer une troisième voie : celle d’un développement alpin maîtrisé,
représentatif d’une économie orientée vers la durabilité, loin de la spéculation intensive sur le
foncier. Vision utopique ? Peut-être. Dans certains cas peut-être pas tant que cela. Mais elle
m’apparait surtout nécessaire si l’on souhaite continuer d’avoir une vie dans les montagnes.
Au fond, nos stations se confrontent aux mêmes problèmes que nos villes : une croissance
spatiale à contenir, une flambée des prix à gérer. Densité et mixité alliées à l’efficience
énergétique et qualités spatiales; des réponses valables en ville, pourquoi pas en montagne ?
Les stations et villages de montagne ont, à mon avis, des attributs plus que convaincants
pour rester des lieux de vie appréciés. Le logement abordable et le travail sont deux éléments
fondamentaux pour que cela soit possible. L’emploi, problématique intéressante si l’en est, est
plus du ressort des économistes et géographes, raison pour laquelle ce travail ne fera
qu’effleurer la question. Le logement, en revanche sera au cœur des réflexions.
1.1 Construction bioclimatique : généralités
La construction bioclimatique est un domaine de l’architecture et de l’ingénierie en
expansion, notamment pour répondre aux dérèglements climatiques que le monde scientifique
attribue en partie aux activités humaines. Elle est le résultat d’une démarche qui dès le départ
1 Die Schweiz : ein städtebauliches Portait, ETH studio Basel 2005
2 Office fédéral de la statistique, 2000