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raidissement aussi,
du
beurre fondu a
et6
verse,
B
deux reprises, dans
le
nez
de la d6funte. Ces operations sont accompagnees, longtemps, de pleurs
et
de
chants
funkbres.
Puis
le calme se fait peu
B
peu. La fille aîn& de Wozina, qui
pleurait toujours au dehors, est ramenee
B
l'interieur par une vieille parente
qui
lui
met la main sur la bouche et la gronde
:
<<A
quoi bon pleurer
?B.
La
paillotte est remplie de femmes couchees par terre ou sur
le
lit, souvent avec
un enfant
en
bas fige. Elles
y
resteront jusqu'au matin tandis que deux
vieilles femmes continuent de masser le corps de la morte, de plier et deplier
ses membres. Cependant, un homme est parti
B
cheval vers un campement au
sud pour annoncer le deces, tandis qu'un autre
B
dos
de
chameau vers
le
nord accomplissait la m&me mission. Il importe
en
effet que l'assistance soit
nombreuse
B
l'enterrement.
A l'aube, un homme de la famille a pris les mesures de la morte avec une
corde et s'en est alle avec trois autres hommes creuser la tombe.
L'emplacement est choisi de preference
il
proximite d'autres tombes.
Il
peut
y
avoir autour d'un campement plusieurs sites mortuaires, dans des zones
broussailleuses, car les branches d'epineux sont utilisees pour recouvrir les
tombes en prevention des predateurs. L'orientation par rapport au
campement est indifferente et la distance peut &tre assez faible. Dans le cas
present elle n'excede pas une centaine de mktres.
L'emplacement retenu est balaye et un rectangle trace sur le sol,
de
guEre
plus
d'un
mktre de large et de longueur' suffisante, en direction nord-sud. Au
moyen d'une pelle ce rectangle est creuse sur une profondeur de
50
cm
environ, puis
un
second trou de moindre largeur
(35
cm) est creuse au fond
du premier sur le cGtC est. C'est
lii
.que viendra loger le cadavre,
B
une
profondeur totale
d'un
m&re environ. Le sable tire
du
trou est verse
sur
les
cGt6s est et ouest de la tombe. Des branches
de
bois d'un mktre de longueur
sont rassemblees et posees au nord
du
trou, de meme que des tiges fraîches
de
g?
3
i
(Panicum
turgidum).
Un
homme apporte la paille d'une vieille
paillotte effondree et deux femmes deposent sur place leurs canaris d'eau.
Cependant on -procede
B
la toilette mortuaire. Dans un espace interieur
limite, sous la paillotte, par une natte et une couverture,
il
l'abri des regards,
de vieilles femmes font
une
premikre toilette mortuaire
:
au-dessus d'un trou
creuse dans le sol
de
l'habitation, elles lavent
B
l'eau chaude tout le bas du
corps, depuis les hanches. En m&me temps,
un
abri provisoire est construit
au dehors prks de l'entrk de la paillotte,
du
c6te nord-est. Dans cet abri la
vieille esclave de la famille qui proc&dera
B
la toilette mortuaire a creuse un
trou qu'elle a recouvert de tiges de
g?
H
i
(Panicum
turgidum).
Un groupe
de femmes est assis prks de la paillotte de l'autre c6t6 de l'entrk, au sud-est.
Un paravent installe entre elles et le seuil de l'habitation masque les
operations
B
leurs regards. Les hommes, pour leur part, sont absents
B
l'exception de deux vieillards qui, prks d'une tente voisine, cousent
le
linceul
de
percale blanche ainsi que le gant utilise pour les dernikres ablutions.
Les femmes qui prksident
B
la premiere toilette mortuaire enveloppent
le
corps de son vêtement puis d'une couverture et le portent dans l'abri au
dehors. AussitGt une couverture est abaissee pudiquement sur l'entree de ce
lieu
où
sont prodigues les derniers soins.
Un
savon, un canari d'eau chaude,