WIKIPEDIA - 17 octobre 2008
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%B4mage
CHÔMAGE
Le chômage peut être défini comme l’inactivité d’une personne souhaitant travailler. Cette définition
du chômage connaît de nombreuses variantes et son concept donne toujours lieu à des controverses
théoriques et statistiques.
Le chômage est souvent considéré comme résiduel et volontaire jusqu’au début du XXe siècle. Lors de
la Grande Dépression des années 1930, le chômage devient par son ampleur un des problèmes sociaux
et économiques les plus centraux des pays développés. La détermination du niveau de l’emploi devient
également avec cette crise économique une des questions les plus fondamentales de la réflexion
économique. Le chômage demeure, dans la réflexion économique actuelle, un sujet de confrontation
politique : ses causes ou les politiques aptes à lutter contre lui, ne font ainsi pas consensus.
Associé à la pauvreté, à la précarité et l’exclusion, il est aussi au premier plan du débat politique
depuis la fin des Trente Glorieuses dans quelques pays d’Europe occidentale, où il a atteint des niveaux
très élevés ; le chômage transforme la structure sociale de la société, bouleverse la vie des plus
touchés, tout en suscitant l’inquiétude de nombreux actifs.
Le chômage n’est pourtant pas considéré comme un élément majeur du débat économique et politique
dans les pays qui sont proches du plein emploi.
Le chômage est sujet d'oppositions entre les écoles de pensée économique, et entre les modèles
économiques et sociaux des différentes nations. Difficile à appréhender lorsque le travail au noir est
très important, son importance variant beaucoup d’un pays à l’autre.
Caricature politique américaine de 1837
Définitions du chômage
Contexte historique de la notion
La notion de chômage est intrinsèquement liée à l’idée de salariat, c’est-à-dire d’un contrat entre un
travailleur et un employeur. Est chômeur l’individu qui souhaite vendre sa force de travail à un autre
individu mais ne trouve pas preneur aux conditions qu’il exige. Or si le travail salarié s’est désormais
imposé dans les sociétés occidentales contemporaines, il reste une réalité historique, fruit d’une
évolution du système économique.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’activité économique des individus est partagée entre le travail rural, à
domicile et indépendant, et le travail salarié en usine. Nombre de personnes cumulent les deux types
d’activité et les paysans s’adonnant à une production agricole dans une optique d’autoconsommation
restent longtemps nombreux. Il existe déjà des formes de sous-emploi : saisonnier dans le cas du
secteur agricole ou conjoncturel à l’occasion des ralentissements d’activité. Il est toutefois difficile de
parler de chômage dans un contexte économique où le rapport salarial reste une exception.
Des historiens de l’économie ont souligné que le chômage était finalement une invention de la fin du
XIXe siècle allant de pair avec la constitution de la classe prolétaire urbaine. C’est à cette époque que
« la frontière travail/non-travail devient une coupure nette entre deux mondes et est vécue comme
telle, d’autant qu’elle est séparation de lieu, entre lieu de travail et lieu d’habitat. »
Les différentes définitions statistiques
Dans de nombreux pays, la statistique du chômage connaît la cohabitation d’une définition
internationale proposée par le Bureau international du travail (BIT) et de définitions locales propres
aux organismes nationaux.
Selon le BIT, est chômeur toute personne (de plus de 15 ans) qui remplit les critères suivants :
« être sans travail », c’est-à-dire ne pas avoir d’activité, même minimale, pendant la semaine de
référence ;
« être disponible pour travailler », c’est-à-dire être en mesure d’accepter toute opportunité d’emploi
qui se présente dans les quinze jours, sans qu’une tierce obligation soit une entrave au retour à
l’activité ;
« rechercher activement un emploi, ou en avoir trouvé un qui commence ultérieurement ».
taux de chômage =
chômeurs au sens du BIT
population active
Pour être chômeur selon le système statistique européen Eurostat, il faut avoir été sans travail durant
la semaine de référence (soit moins d’une heure hebdomadaire d’activité) et avoir fait des démarches
spécifiques en vue de retrouver un emploi, sans forcément s’être déclaré comme chômeur auprès de
l’administration.
Aux États-Unis, le Bureau of Labor Statistics compte comme chômeurs les personnes n’ayant pas
d’emploi, en ayant cherché un activement durant les 4 semaines passées, et disponibles pour
travailler.
En France, l’indicateur de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) fournit le chiffre des demandes
d’emplois en fin de mois (DEFM). Il s’agit des « personnes sans emploi immédiatement disponibles,
tenues d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi, à la recherche d’un emploi à durée
immédiate et à temps plein » (catégorie 1 de l'ANPE, voir Chômage en France.)
Ces différentes définitions impliquent que les mesures du chômage varient d’une statistique à l’autre
selon les pays, les méthodes ou les organismes comptabilisateurs. Ainsi, en France, les personnes au
chômage non inscrites à l’ANPE seront recensées par le BIT. Inversement, les demandeurs d’emplois
exerçant une activité inférieure à 78 heures par mois peuvent être comptabilisés par l’ANPE s’ils
remplissent les autres critères.
Chômeurs au sens du BIT et inscrits à l’ANPE en France en mars 2001 (en milliers de personnes)
Chômeurs au sens du BIT (2 285)
non inscrits à
l'ANPE (266) inscrits et cherchant
un emploi (2 019) Inscrits
occupés (974)
Inscrits ne cherchant
pas d’emploi (547) Inscrits non
disponibles (161)
Inscrits à l’ANPE (3 701)
Limites de l’outil statistique
Selon les pays, l’économie informelle (dite « noire » ou « grise ») génère des actifs non déclarés qui
peuvent être par ailleurs comptabilisés comme chômeurs (pour permettre le cumul allocations-
salaires).
Il est également difficile de comparer les chiffres de périodes différentes, car la définition elle-même a
évolué considérablement dans le temps. Il est donc très délicat de comparer le taux de chômage dans
le temps.
Il faut noter également que la population des actifs occupés est en augmentation dans la plupart des
pays. Ainsi, en France par exemple, il y avait 19,9 millions d'actifs occupés en 1960, 23,4 millions en
1980, et 26,7 millions en 2000, une augmentation absolue deux fois plus importante que celle du
nombre de chômeurs (négligeable en 1960, 1,8 millions en 1980, 3 millions en 2000).
Le chômage : approche descriptive
En France et dans l'Union européenne
Article détaillé : chômage en France.
Article détaillé : chômage dans l'Union européenne.
Historique
Migrant Mother, Dorothea Lange, États-Unis, 1936
Le chômage, défini comme une inactivité subie, existe déjà dans les sociétés traditionnelles, mais son
inexistence statistique – en France, la première statistique date du recensement de 1896 - le rend
difficilement quantifiable avant le XXe siècle. On peut toutefois avancer le chiffre probable de 6 % à
8 % de chômeurs dans la première moitié du XIXe siècle, ce qui permet à Karl Marx de décrire une
« armée industrielle de réserve » dans Le Capital (1867).
Après avoir décru à la Belle Époque, le chômage réapparaît après la première guerre mondiale à la
suite des crises de reconversion et malgré la forte croissance des années 1920. Il atteint des taux aux
alentours de 10 % au Royaume-Uni et en Allemagne. Une hausse spectaculaire suit la crise
économique de 1929, sauf en URSS : le chômage atteignant des pics de 25 % aux États-Unis et de
33 % en Allemagne. Seule l’Allemagne réussit à résoudre réellement le problème dans un contexte
politique particulier, le nazisme qui s’installe grâce au désastre économique et au nationalisme
allemand.
Les Trente Glorieuses qui suivent la Seconde Guerre mondiale sont marquées par un chômage très
faible avoisinant les 2 % en Europe occidentale, les 4 à 5 % en Amérique du Nord et les 1 % au Japon.
Le chômage commence à croître dès la fin des années 1960, et connaît une hausse particulièrement
significative suite au choc pétrolier de 1973. Dix ans plus tard, il touche 8,3 % de la population des
pays de l’OCDE. La révolution conservatrice au Royaume-Uni et aux États-Unis avec les élections de
Margaret Thatcher et de Ronald Reagan conduisent à une baisse du chômage dans ces pays, une
baisse importante du chômage est aussi constatée en Allemagne fédérale jusqu’à la réunification.
En 1994, le chômage toucherait 7,8 % de la population active dans les pays de l’OCDE. Depuis, il a
connu une baisse importante aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans d’autres pays d’Europe comme
l’Irlande ou l’Espagne. Il reste endémique en France, ainsi qu’en Allemagne depuis le rattachement des
Länder de l’Est.
Limites de la définition du chômage
Au quatrième trimestre 2004 selon l'OCDE le taux de chômage normalisé pour les hommes de 25 à
54 ans était de 4,6 % aux États-Unis et de 7,4 % en France. À la même période et pour le même
groupe, le taux d'emploi était de 86,3 % aux États-Unis et de 86,7 % en France.
On constate donc un taux de chômage 60 % plus élevé en France qu'aux USA, alors qu'un nombre plus
important d'individus travaillent dans le premier groupe — ce qui est contre-intuitif si on s'attend à ce
que le niveau de chômage reflète la situation du marché du travail.
Il faut donc bien se garder d'interpréter sans précaution les chiffres du chômage. En effet, la définition
du chômage repose sur la distinction fragile entre non-emploi d'un actif potentiel d'une part et
l'inactivité d'autre part. Malgré les efforts de définition et de normalisation, cette mesure reste
extrêmement subjective et donc facilement influençable par différentes politiques n'améliorant sans
doute pas véritablement la situation du marché du travail.
L'OCDE recommande l'utilisation du taux d'emploi plutôt que du taux de chômage pour juger de
l'efficacité du marché du travail et des politiques de l'emploi.
Comparaisons entre pays
Article connexe : Taux de chômage.
Taux de chômage par pays en pourcentages d’après la CIA en mars 2006
Aux États-Unis, le marché du travail est caractérisé par une logique de flexibilité. Les salariés sont
payés selon leur efficacité supposée, et les emplois précaires se multiplient autant dans le secteur
industriel et que dans le tertiaire, permettant aux travailleurs non qualifiés de rester
compétitifs.http://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le:R%C3%A9f%C3%A9rence_n%C3%A9cessaire/Explication
D’après Philippe d'Iribarne, les emplois précaires sont plus facilement acceptés car la hiérarchie
sociale et l’honorabilité sont moins problématiques.
Le pays est donc marqué par un chômage frictionnel important mais relativement stable.
La part du chômage de longue durée, c’est-à-dire supérieur à un an, est de 6,1 % en 2001.
Des pays scandinaves comme la Suède sont marqués par une très forte solidarité entre citoyens et des
aides très importantes aux travailleurs les moins employables. En revanche, les chômeurs sont tenus
d’accepter les emplois qui leur sont proposés. Dans le cas du Danemark, l’entreprise qui licencie ne
verse pas d’indemnités.
L’assurance chômage n’est pas obligatoire ; elle est gérée par plusieurs caisses privées. En cas de
perte d’emploi, le chômeur touche 90 % de son ancien salaire pendant quatre ans au plus. L’indemnité
n’est pas dégressive. Elle est versée à 100 % si la personne a travaillé au moins 52 semaines au cours
des trois dernières années. Cette politique provoque des dépenses importantes pour l’État. Les
chercheurs d’emploi sont aussi aidés par les municipalités. Ils doivent accepter les stages et les
formations proposés.
Dans la plupart des pays européens, le haut niveau de protection sociale vient répondre à l’importante
identification des individus à leur emploi et à leur poste dans la hiérarchie professionnelle. Le taux de
chômage est très élevé, et la part du chômage de longue durée importante : 43,7 % dans l’Europe des
15 et 37,7 % en France, toujours en 2001. Selon Philippe d’Iribarne, c’est cette logique sociale qui
explique la différence d’attitude entre les pays industrialisés.
Dans nombre de pays en développement, le chômage est une notion peu pertinente. Statistiquement,
il peut atteindre des taux officiels dépassant souvent les 30 %, mais la mesure du chômage néglige les
activités économiques indépendantes et familiales destinées à l’autoconsommation et représentant la
source essentielle de richesse pour des populations mises à l’écart de l’économie capitaliste. Dans les
pays les plus pauvres, ce travail indépendant représente 37 % de l’activité en zone urbaine, et bien
davantage en zone rurale.
L’expérience du dernier quart de siècle a montré que certains pays jadis pauvres pouvaient résoudre le
problème du chômage. Les dragons asiatiques (Corée du Sud, Taiwan, Singapour, Hong Kong)
notamment, mais aussi l’Irlande par exemple, ont réussi à éliminer le problème de l’emploi et
connaissent des taux de chômage faibles. Dans la plupart des cas le chômage a été réduit par une
stratégie d’intégration des pays au commerce international et leur spécialisation dans des activités
nécessitant beaucoup de main-d’œuvre, tandis que les stratégies de substitution d’importation
n’auraient que peu d’effet.
Dans de nombreux pays, notamment en Afrique, l’instabilité politique et économique constitue un
découragement à l’investissement des entreprises et explique une large part du chômage.
L’accroissement constant de la population active du fait de la forte natalité aggrave le problème. Dans
le cas de ce continent, la centralisation dirigiste des décisions relatives à la production agricole dans les
capitales où règne la corruption constitue un obstacle essentiel à l’essor de l’emploi agricole rural. C’est
pourtant l’agriculture qui pourrait fournir l’essentiel du travail manquant.
Le halo du chômage
Le « halo du chômage », d’après J. Freyssinet. Quelques exemples de situations intermédiaires
D’après les définitions statistiques, chaque individu peut rentrer dans l’une des trois catégories
suivantes :
Chômeur s’il remplit les critères de la définition,
actif occupé s’il travaille effectivement,
inactif s’il ne travaille pas et ne remplit pas les critères de définition du chômage (exemple : les
retraités, les enfants, les étudiants …).
La crise économique entamée dans les pays occidentaux à partir des années 1970 a contribué à créer
de nouvelles situations rendant cette catégorisation parfois incertaine.
On remarque d’abord qu’un certain nombre de personnes se trouvent entre une situation d’inactivité et
de chômage (cf. zone 3).
Parmi elles, beaucoup désirent travailler mais ne sont pas comptabilisées parce qu’elles ont trop peu
de chance de retrouver un emploi (et sont donc dispensées de recherche d’emploi) ou parce qu’elles
ont renoncé, par découragement, à rechercher un emploi.
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